Chapitre 1 : Un choix 1/4

Média de Piera_Ntl ! Un travail vraiment génial de sa part, je vous la conseille fortement ! Tu as du talent ma belle ! 

- Laure ! Lève-toi ! Je ne le répéterai pas ! Il est déjà quatorze heures... Je ne sais pas comment tu fais pour dormir autant. Me réveille ma mère en ouvrant les rideaux.

- Hum...

- C'est le grand jour aujourd'hui. Fais-toi belle pour ton test d'aptitude chérie.

- Parce qu'habituellement je suis moche ?

- Pff. Dépêche-toi, je te prépare ton petit déj'.

- Oui maman...

Je me lève péniblement et ouvre mon armoire pour prendre une chemise blanche, mon blazer bleu foncé, une jupe bleu marine et un collant fin couleur chair. Je me dirige vers la salle de bain tout en faisant attention à ne pas faire de bruit pour éviter les réflexions désobligeantes de mon père. Je me déshabille et baisse les yeux face au miroir qui reflète mes ecchymoses bleuâtres qui recouvrent mes bras ainsi que d'autres parties de mon corps. J'entre dans la douche et laisse couler l'eau le long de mon corps endoloris par les coups que m'afflige Richard. L'autre jour, il a tenté de frapper ma mère, mais je me suis interposée entre elle et lui... Elle est enceinte et je refuse que le bébé ait des problèmes de santé à cause de la violence extrême de mon père. Je frotte mon corps grâce au gant imbibé de savon qui sent une odeur florale et fruitée. Mes hématomes me font un mal de chien et me sécher n'est pas une partie de plaisir... Je passe une crème censée apaiser la douleur et accélérer la guérison de mes bleus puis je commence à m'habiller. J'agrafe mon soutien-gorge et met une culotte bleue comme la couleur de ma faction. Ce coloris utilisé à outrance me débecte au plus haut point. Mais qui a eu l'idée de mettre du bleu jusqu'aux sous-vêtements ? Logique, un Érudit bien superficiel qui croyait que l'azur devait figurer même sur les strings des gonzesses au cas où elles oublieraient leur faction. Je secoue la tête devant cette pensée qui m'offusque. J'enfile ma jupe ainsi que ma chemise d'un blanc d'une pureté presque absolue. Je sèche mes cheveux et les lisse tout en les mettant bien en place. Je passe ensuite au maquillage en appliquant une couche de fond de teint sur mon visage et met en valeur mes yeux avec du mascara et de l'eye-liner. L'apparence est très importante chez les Érudits surtout quand on est dans une famille comme la mienne. La fille du bras droit de Jeanine Matthews doit être belle et elle doit avoir de très bons résultats scolaires sinon ça ne ferai pas bonne presse à mon père. En fait, je n'ai pas le droit à l'erreur quand je suis en dehors de chez moi... Je trouve ça tellement futile de sans arrêt surveiller son apparence pour refléter notre personnalité « organisée » et « intelligente » comme dit si bien mon Richard. Cette jupe et cette chemise ne reflètent pas mon côté turbulent et aventurier. Ces vêtements créent juste une illusion et je trouve ça pathétique, mais je n'ai pas trop le choix...

- Laure ?

J'ouvre la porte à ma mère et tournois pour qu'elle m'admire et me dise ce que je dois accorder. Elle sourit tout en caressant son ventre bien rond.

- Tu es ravissante chérie. Viens manger, je t'ai préparé un bol de céréales avec quelques tartines de confiture à la rhubarbe.

Je lui donne un baiser sur sa joue tout en la remerciant pour ce petit déj' copieux qui montre bel et bien que son stress grandit de jour en jour par rapport à ma cérémonie du choix qui approche. J'embrasse mon père et m'installe devant mon bol de lait chaud avec la boule au ventre. Non pas pour le test d'aptitude mais bien pour le fait que mon père soit avec moi dans la même pièce. Je commence à manger et observe le soleil déjà bien haut dans le ciel bleu. Mes céréales sont au miel, c'est ceux que je préfère, et ça, ma mère le sait très bien. J'engloutis tout ce qu'elle m'a préparé et bois mon bol d'une seule traite. Je suis assez étrange de prendre mon petit déjeuner à cette heure-là de la journée pour une Érudite.

Mon père pose le livre qu'il était en train de feuilleter et me regarde avec son air le plus dur.

- Je peux savoir ce que tu faisais dans le secteur Altruiste hier à quinze heures ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles. Dis-je sèchement pour éviter la discussion.

- Les vidéos de surveillance ne mentent pas contrairement à toi. Maintenant, répond-moi. Que faisais-tu dans le secteur Altruiste ? Me questionne-t-il la rage montant à ses cordes vocales.

- Je me promenais... J'aime observer les Altruistes, mais je n'arrive jamais à comprendre leur dévouement total... Ça ne rime à rien ce qu'ils font.

- Tu fais vraiment n'importe quoi ma pauvre fille... On n'observe pas des êtres si inintéressants Laure. L'analyse de leur comportement n'apporterai aucun savoir pour notre survie donc cesse tes enfantillages, et explore plutôt les livres de mathématiques. Ta moyenne pourra peut-être remonter, car elle est vraiment minable !

- Oui papa. Excuse-moi. M'écrasé-je en baissant mon regard.

- Remarque, tu vas te casser comme l'ont fait tes frères donc tu n'auras pas besoin de ta tête pour te battre ou tuer quelqu'un.

- Richard. Laisse-la.

- La ferme ! Apprend à fermer ta putain de gueule Marie ! Je parle à ma fille pas à la serpillière qui me sert de femme ! Explose-t-il en se levant d'un seul coup, prêt à en découdre.

- Fiche lui la paix ! Elle essayait juste de me soutenir. La défendais-je paniquée.

- Répète pour voir.

Il se lève et commence à me faire face en plaçant ses poings le long de son corps mais ma mère lui saisit le bras.

- Elle va à son test d'aptitude. Laisse-la pour le moment chéri.

Il pousse ma mère et me saisit la gorge tout en me collant contre le mur à côté de la porte d'entrée.

- Dégage. On réglera notre petit différend ce soir.

Je me rue sur la porte d'entrée et sors de l'appartement ou plutôt de l'endroit de torture où je vis depuis vingt ans. Je chasse les larmes de mes yeux et aperçois mon ami Paul qui marche en direction des ascenseurs. Je cours derrière lui et lui tape l'épaule pour montrer ma présence.

- Laure ! Comment vas-tu ? Je l'ai encore entendu hurler. Il ne t'a rien fais ?

- Je vais bien. Je t'ai déjà dit que je ne désirais pas évoquer ce qui se passait entre les murs de chez moi. Tu vas bien toi ?

- Un peu tendu... Souffle-t-il en dégageant mes cheveux de mon cou pour constater ma peau rougit par la poigne de Richard.

- Je me doute. Dis-je en reculant d'un pas. On est tous un peu anxieux à l'approche de la cérémonie du Choix.

Il a compris que je suis fermée à toute discussion sur ce sujet précis et se résigne donc. Je le sens partagé entre inquiétude et colère mais il est mon échappatoire. Je me refuse d'énoncer une quelconque plainte face à lui. Je ne veux pas de sa pitié.

Nous marchons dans le silence jusqu'à l'arrêt de bus où plusieurs jeunes Érudits attendent patiemment. Lorsque le car arrive, deux Altruistes nous cèdent la place, ce qui me rend perplexe. Je les remercie brièvement et prend place à côté de Paul qui n'a même pas daigner leur faire don d'un « merci » ni même un regard.

- Ça ne te gêne pas toi que des gens te donnent leur place alors qu'ils sont plus vieux et qu'ils ont moins la capacité à tenir debout que toi ?

- Laure... Ce ne sont pas des gens, ce sont des Altruistes. C'est donc dans leur nature. Ils ont choisi tout ça comme nous avons choisis d'être des intellectuels. Tu te tracasses trop pour des personnes qui n'en valent pas la peine...

- Hum... Si tu le dis.

Je n'arrive pas à comprendre les pensées de Paul... Je ne trouve pas ça logique. Puis le fait qu'il me dise que ce ne sont pas des gens mais des Altruistes, ça me choque. En gros, c'est comme si on déshumanisait des hommes en leur donnant un nom qui les regroupe. Les Érudits cultivent la haine contre les Altruistes mais ça a créé chez moi une certaine admiration et surtout une curiosité car je n'arrive pas à comprendre leur dévouement. J'ai le désir profond de comprendre leur façon de vivre. Pourtant, ma faction les déteste. La cause de tout ça, c'est que les Altruistes font les lois et les Érudits pensent qu'être au gouvernement doit être du ressort de ceux qui vivent dans le savoir. Ils ont une soif de pouvoir qui vient d'une vanité omniprésente dans ma faction.

Je regarde le paysage défiler, ou plutôt les immeubles se succéder devant mes yeux, toujours autant admiratives face à ces grattes ciel de verre, de pierre et de métal. J'arrive enfin à destination et descend du bus avant Paul qui me rejoint très rapidement.

- J'angoisse, et toi tu me fais courir. Tu es culottée Laure !

- Toi, tu es d'une lenteur... Pire qu'un paresseux !

- Tu n'en as jamais vu... Souligne-t-il.

- Pas en vrai mais je te rappelle qu'on en a observé en vidéo. Je crois qu'on les étudiait pour leur vue.

- Oui, c'est exact. C'est bon, je m'en souviens. Tu as une mémoire impressionnante. N'empêche que je ne suis pas si lent que ça. C'est toi qui t'amuses à me voir te courir après.

- Tu ne fais pas si bien dire ! M'exclamé-je pour le taquiner.

J'esquisse un petit sourire à Paul et lui prend le bras car je sais que le contact tactile, même amical, détend un peu. Je l'apprécie, il est mon meilleur ami, mais ses pensées assez extrêmes me font froid dans le dos quelques fois. J'évite donc de dire ce que je pense, car ma mère m'a dit un jour que je mettais ma vie en danger en allant à l'encontre des Érudits. Le stress monte d'un cran lorsque j'entre dans la salle d'attente où plusieurs personnes attendent patiemment. La pièce est blanche, elle est tâchée des cinq couleurs des factions. Je trouve cela beau car malgré nos différences, nous ne sommes qu'un. L'unité d'une nation est pour moi la chose la plus importante pour une société. Et même si les factions nous séparent, il y a toujours un événement qui fait que nous ne pouvons pas survivre sans l'une d'entre elles. Paul est assis à côté de moi et raconte un tas de conneries pour essayer d'enlever mon anxiété, mais je crois qu'il tente surtout d'évacuer son angoisse à lui. C'est un ami d'enfance et c'est aussi le seul qui ne m'a pas laissé tomber après le départ de tous mes frères. Cependant, son attitude envers moi a changé depuis quelques temps... Disons que j'ai l'impression de ne pas être qu'une amie pour lui, et je le sens dans son comportement. C'est un peu dérangeant car, pour moi, il n'est rien d'autre qu'un ami proche et il ne se passera jamais quelque chose entre lui et moi. Il est très affectif puis le tactile est tellement présent puis anodin dans notre faction que je ne sais jamais l'analyser avec Paul. Peut-être que ce n'est que de l'amitié, mais bon, je préfère garder mes distances avec lui.

- Paul Riney.

Paul me caresse la main et me fait un sourire forcé lorsqu'il part pour entrer dans la pièce où il passera son test. La femme qui l'a appelé me dit vaguement quelque chose, mais je n'arrive pas à me souvenir si j'ai déjà eu un quelconque contact avec elle. C'est une Altruiste, et j'ai très peu de relation avec eux... Je réfléchis pendant quelques minutes, et soudainement je me rappelle que la femme que j'ai vu est l'épouse d'Andrew Prior, l'un des deux leaders des Altruistes. Il me semble qu'elle s'appelle Nathalie et qu'elle a deux enfants qui ont à peu près le même âge que moi. Elle est brune et quelques rides apparaissent sur son visage, mais elles ne la rendent pas moins belle. En fait, ça renforce son côté sage et serein. Elle rentre dans la pièce et ferme la porte tout en me souriant. J'ai dû la regarder avec un peu trop d'insistance... Je n'ai plus qu'à attendre et cela met mes nerfs à rude épreuve. J'attends un bon moment où les secondes me paraissent être de longues heures. Les personnes défilent devant moi, toutes si différentes les unes des autres, l'unicité dans toute sa splendeur.

- Laure ...

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