Chapitre 19.1 : Captive

Vanessa sortit doucement du royaume des rêves. Elle sentit sa propre poitrine se soulever et s'abaisser sous le coup de chacune de ses faibles inspirations. Elle sentit également l'atmosphère qui régnait dans son environnement et cela ne fut pas pour son plus grand plaisir. Elle était transie de froid. Elle n'arrivait pas à esquisser un geste, ses muscles ankylosés et meurtris par les circonstances de la veille. Même ses paupières avaient du mal à s'ouvrir. Finalement, elle resta pendant quelques instants allongée sur ce qu'elle devina être un canapé au rembourrage éprouvé par le temps, les yeux clos, essayant de retracer les événements de la veille.

La dernière chose dont elle se rappelait n'avait rien de différent avec ce qu'elle voyait à présent : l'obscurité. Elle était descendue plus bas que terre, dans les profondeurs de quelque chose qu'elle ne connaissait pas, entraînée malgré elle par cet inconnu au regard aussi froid que de la glace.

« Je crois bien que je me suis fait kidnapper... » conclut-elle avec flegme.

Elle ne se posa pas de questions telles que « pourquoi » ou « comment ». Cela ne ferait que grossir davantage la liste déjà longue des mystères qui remplissaient petit à petit sa vie. Là, elle était tellement fatiguée qu'elle ne voulait plus penser à rien. Ses membres étaient tellement douloureux qu'elle aurait préféré ne même pas se réveiller. La seule fois où elle avait eu aussi mal, c'était durant son appendicite aigüe. Vanessa se rappelait encore avoir alerté tous les voisins avec ses cris. Mais maintenant, elle pouvait se consoler en se disant qu'elle pouvait consommer toute la farine qu'il lui plairait. Son appendice n'était qu'un petit prix à payer pour ça.

Maintenant qu'elle avait récupéré suffisamment de force avec ses divagations, elle pouvait ouvrir les yeux. Ils papillonnèrent quelques instants, tentant de distinguer les formes devant elle. Elle pensa qu'elle avait dû être plus sérieusement touchée qu'elle ne le pensait puis réalisa qu'elle ne portait pas ses lunettes. Elle amorça un mouvement de tête pour les chercher mais gémit de douleur.

Combien de temps avait-elle dormi ? Quel jour était-ce ? Elle n'avait plus sa montre sur elle pour pouvoir vérifier. Dire qu'elle lui avait été offerte par sa mère. Son torticolis lui apprit par contre qu'elle était restée dans cette position un certain temps, c'est-à-dire sur le dos, les deux mains posées sur son ventre, comme une princesse. Cette réflexion lui insuffla un faible sourire. Elle souffla doucement, digérant la douleur, et décida d'observer déjà ce qu'elle pouvait sans avoir à trop bouger.

La pièce dans laquelle elle se trouvait était plongée dans la pénombre, contribuant à rendre son exploration plus difficile. Une multitude de câbles couraient sur le plafond et sur les murs. Le canapé sur lequel elle était allongée trônait au milieu de la pièce près d'une petite table basse en bois simple.

Vanessa frissonna.

Ce froid n'était pas normal. On aurait dit que cet endroit en apparence en piteux état abritait une climatisation qui elle, était loin de suivre le même schéma. Malgré tout, cela n'effaçait pas l'odeur de renfermé qui régnait et encore moins un ronflement, comme celui d'une puissante machine. La jeune fille l'entendait distinctement derrière elle. Elle se demanda ce que cela pouvait bien être. Et si elle restait allongée comme ça, telle la belle au bois dormant, elle ne le saurait jamais.

Bien décidée à se bouger un peu, elle commença par remuer ses doigts et ses orteils. Ces derniers semblaient en parfait état de marche. Ensuite, elle essaya de soulever ses bras, ce qui s'avéra nettement plus difficile, mais pas impossible. Après quelques essais, elle parvint à mieux les gérer. Saisissant le dossier du canapé, elle s'y cramponna pour se hisser et elle arriva à se redresser en serrant les dents.

Elle n'avait fait que se relever mais de la sueur lui coula dans le dos. Elle se dit qu'elle avait réellement sous-estimé les épreuves par lesquelles elle était passée. Mais elle avait réussi. Elle eut la bonne surprise de trouver ses lunettes sur la table et s'empressa de les enfiler.

Elle put mieux voir son environnement.

Bien sûr, myope ou pas, elle constata que la pièce n'avait pas changée. Elle distingua juste plus nettement les meubles tous plus vieux les uns que les autres qui trônaient, épars, dans la salle. Vanessa réalisa qu'il n'y avait pas de fenêtre. Pour la première fois depuis qu'elle s'était éveillée, elle se demanda où elle se trouvait. Elle ne devait pas encore complètement réaliser la situation dans laquelle elle se trouvait parce qu'elle ne ressentait pas encore la peur. Pourtant, elle avait bel et bien été enlevée et elle ne savait ni par qui, ni l'endroit où ce dernier la détenait.

La totale.

Un coin où filtrait de la lumière attira son attention. Elle aperçut une porte entrebâillée. En y prêtant un plus grand intérêt, elle devina que le ronflement venait de là-bas. Cette vision se superposa à celle d'une scène d'un film d'horreur que Sam l'avait forcée à voir. Cela la perturba légèrement. Mais elle savait que pour faire avancer l'histoire de son propre film d'horreur, elle devait aller voir ce qu'il y avait à l'intérieur.

Vanessa bascula ses jambes et posa ses pieds sur le sol de ciment lisse et froid de la salle. Immédiatement, elle sentit la plante de ses pieds la piquer. Un coup d'œil la plongea dans un nouvel état d'effarement. Ils étaient décorés de multiples coupures et de boues. Elle se demanda même s'il lui serait possible de marcher. Puisant dans son reste de volonté, elle fit peser son poids sur ses jambes et se leva, non sans laisser échapper quelques gémissements de douleur.

Lentement, elle se dirigea vers la fameuse pièce. Marcher était un véritable supplice mais elle le fit malgré tout. Plus elle s'approchait, plus le ronflement devenait distinct. La jeune fille se demanda comment elle avait pu dormir à côté d'un tel boucan. Mais ce n'était pas tout. Un murmure se fit également entendre, comme si quelqu'un était en train de parler.

Elle hésita une fraction de seconde avant de continuer. Il y avait certainement quelqu'un là-dedans et cette personne ne pouvait être que son kidnappeur. Regardant autour d'elle, elle scruta à nouveau les alentours dans l'espoir de trouver quelque chose susceptible de l'aider à sortir de là, mais elle ne trouva rien. Elle n'avait plus d'autre choix que de voir ce qu'il en retournait dans cette pièce avant d'agir.

Elle continua son avancée et arriva au niveau de la porte entrouverte. Une lumière blanche filtrait à travers l'espacement et elle se pencha doucement pour jeter un œil à l'intérieur.

Elle comprit tout de suite d'où venait le ronflement. La pièce, qui devait avoir les dimensions d'un bureau normal, était saturée par de nombreux écrans sur lesquels graphiques, nombres et lignes de codes s'affichaient. Ils devaient nécessiter une quantité importante d'énergie régulée par un onduleur peut-être, d'où le ronflement. Au plafond, de gros câbles couraient également et Vanessa devina qu'il s'agissait des mêmes qui se baladaient derrière elle.

— ... need some more times...

Les yeux de Vanessa se posèrent sur l'auteur de ces mots. Trop impressionnée par les écrans, elle n'avait pas fait attention à l'homme qui siégeait juste devant, pianotant sur un clavier anormalement long tout en continuant sa conversation via une oreillette.

La jeune fille reconnut les longs cheveux noirs de l'homme de la veille. Bien que ceux-ci lui masquaient la moitié du visage, Vanessa put observer son profil, ses joues un peu creuses et son nez droit. Ses lèvres sur lesquelles elle pouvait distinguer une moustache naissante continuaient de remuer sous le rythme de la conversation qu'il menait via l'appareil électronique. Il s'exprimait dans un anglais limpide, dans lequel elle reconnaissait toutefois cet accent distinctif des américains. Vanessa se réjouit de pouvoir avoir ce genre de déductions grâce à toutes les séries sous-titrées qu'elle regardait.

La main de l'inconnu quitta son clavier pour saisir une souris et l'image d'un des écrans changea sous le coup de ses actions. Elle le vit se gratter assez furieusement le cou. Il portait un sweat-shirt et Vanessa se demanda s'il n'avait que ça. Elle n'en n'était pas encore certaine, mais il y avait de fortes chances pour que ce soit lui l'inconnu qu'elle avait vu au moment de l'incendie, près de La Bien-aimée. Question discrétion, il y avait encore du boulot, pour sa part.

Anything new ?

« A qui demande-t-il des nouvelles ? »

Sa pratique de l'anglais n'était peut-être pas très bonne, mais elle en comprenait assez pour deviner qu'il était en train de chercher des informations, et peut-être en train de les partager avec son interlocuteur. Quel genre d'activités menait-il exactement ? De toute façon, elle ne souhaitait pas vraiment le savoir.

Pourquoi l'avait-il enlevée ? Il ne semblait pas vouloir la tuer, sinon, il l'aurait fait depuis longtemps. Vanessa, désormais le cerveau parfaitement éveillé, ne put toutefois pas trancher entre le fait que sa situation actuelle soit pire ou meilleure que celle d'avant.

« Mieux vaut prévenir que guérir, comme on dit »

Elle préférait partir avant que son ravisseur ne se rende compte qu'elle était réveillée.

Elle commença à reculer lentement mais quelque chose lui frôla le pied. Elle n'eut pas besoin de beaucoup réfléchir pour deviner qu'il s'agissait d'une souris... ou d'un rat. Un cri traversa sa gorge avant même que son cerveau ne lui dise que c'était une mauvaise idée. Elle plaqua sa main sur sa bouche mais il était déjà trop tard. Elle jeta un coup d'œil horrifié vers la porte mais n'entendit rien. Au lieu de la rassurer, cela ne fit que l'effrayer davantage.

Elle se mit à reculer aussi rapidement que ses jambes abimées le lui permettaient et en se retournant, elle se heurta brutalement à un mur. Enfin, ce qu'elle crut être un mur. Devant elle, l'inconnu la fixait de ses yeux sombres. Elle bondit sur ses pieds avec un nouveau cri, de surprise et de douleur, et en voulant reculer, s'emmêla sur les câbles qui traînaient aussi au sol.

Elle se sentit basculer vers l'arrière et s'échoua avec fracas sur le sol dur et froid de la pièce, sa chute achevant de détruire son corps déjà éprouvé.

— Ah, putain...

Gémissant de douleur, elle ne vit pas l'autre s'accroupir et la regarder sans dire un mot. Quand son regard capta celui de Vanessa, elle se figea, déglutissant avec difficulté. Dans cette semi-obscurité, elle n'arrivait pas à déchiffrer l'expression de son visage mais elle ne doutait pas que lui arrivait parfaitement à lire la sienne.

Lorsqu'il avança sa main, elle essaya de s'y soustraire en reculant le plus vite possible malgré ses articulations qui hurlaient au supplice. Malgré tout, il lui saisit une jambe et la ramena à lui d'un geste brusque. Sa tête heurta violemment le sol et pendant quelques secondes, elle vit trente-six chandelles. Le froid s'infiltrant entre ses cuisses dénudées lui fit reprendre ses esprits. Sa robe était remontée et elle était sur le point de mourir de honte. Elle essaya de dissimuler ses dessous de ses mains, tout en gesticulant des pieds pour essayer de se dégager mais son ravisseur ne parut même pas s'en soucier.

Brusquement, il lui saisit les deux mains d'une seule des siennes et la releva si vite que Vanessa en eut le tournis. Elle voulut lui lancer quelques paroles bien senties mais il plaqua sa main sur sa bouche et sur son nez, l'empêchant presque de respirer.

Son visage était près du sien, tout comme l'avait été celui du docteur Clayland lorsqu'elle avait été à sa merci. A cet instant, elle aurait presque préféré que... non, non. Elle enleva cette idée de sa tête. Elle préférait encore mourir de la main de cet inconnu que de celle de ce psychologue qui devrait lui-même consulter. Les cheveux de l'homme lui chatouillaient le visage alors qu'il continuait de la fixer sans rien dire.

Vanessa n'avait aucune idée de ce qu'il comptait faire d'elle. Il n'était peut-être pas de la même bande que le psychologue, peut-être qu'il avait d'autres desseins, mais ça ne la rassurait pas du tout. Elle était immobilisée, à moitié nue, face à un homme dont elle ignorait tout, mis à part le fait qu'il était sans doute plus doué qu'elle avec un ordinateur et qu'il avait une force impressionnante.

— Je ne te ferai rien. Calme-toi... dit-il d'une voix impassible.

Vanessa n'en crut pas ses oreilles. Elle fronça les sourcils, interloquée. Son regard balaya la salle derrière lui, comme s'il lui faisait une mauvaise blague. Il était sans doute inutile de lui dire qu'elle ne le croyait pas. Il semblait l'avoir compris tout seul.

— Juste... ne crie pas... déclara-t-il soudainement.

Elle se demanda si elle devait réellement être rassurée. Mais sans autre forme de politesse, le jeune homme la relâcha et se releva, la laissant là, haletante. Vanessa le regarda s'éloigner et se diriger dans un renfoncement qu'elle n'avait pas vu jusque-là. Il y resta quelques secondes puis revint avec des vêtements qu'il jeta sans préavis sur elle.

Vanessa regarda ces vêtements informes avec étonnement.

— La salle de bain est par-là, lui indiqua son ravisseur sur un ton plus neutre, avant de tourner les talons et de repartir dans son antre.

La jeune fille resta un moment sur place, à se demander ce qu'il venait de se passer, mais décida finalement qu'elle pourrait mieux y réfléchir une fois nettoyée.

A Suivre...

©Tous Droits Réservés

____________________________________

Hello world, what's up ? (Ouais, je me la joue un peu gangsta, des fois :3) Bon sérieux, vous allez bien ? La famille et tout, les amours aussi ? Ok, j'arrête avec les question perso :v.

J'espère que ce chapitre vous a plu. Lentement mais sûrement, on en apprendra plus sur les nouveaux personnages, soyez en rassurés.

Allez, ciaossu. ;)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top