Chapitre 18.2 : Chassé-croisé

Dans le hall, c'était encore la cohue mais bizarrement, les individus qui les attaquaient ne semblaient pas vouloir les poursuivre. Il voulut partir à la recherche de Vanessa mais Monica s'accrochait encore à lui comme une sangsue. David comprit qu'il ne serait jamais libéré d'elle s'il ne la mettait pas tout d'abord en sécurité. De plus, il ne voudrait pas avoir la perte de quelqu'un d'autre sur la conscience.

Les invités se précipitaient vers les ascenseurs pour les plus sots, vers les escaliers pour ceux dotés d'un minimum d'intelligence. Il s'y dirigea avec Monica. Ils arrivèrent au parking où le nombre de fuyards croissait de plus en plus. Il ne se souvenait plus de l'endroit où Georges s'était garé. De toutes les façons, il doutait fortement que chercher à s'enfuir en voiture, avec cette foule, soit une idée vraiment brillante.

Prenant Monica par les épaules, il la força à le regarder. Elle semblait complètement perdue. David claqua des doigts devant elle pour la réveiller.

— Monica ! Monica ! Ecoutez-moi. Vous savez ce que vous allez faire ?

Elle secoua la tête, ses yeux bruns larmoyants.

— Vous allez sortir d'ici et courir aussi vite que vous le pouvez. Nous ne sommes pas loin du centre-ville, n'est-ce pas ? Suivez la foule.

— Mais...

— Il n'y a pas de mais qui tienne. Vous voulez finir comme votre ami ?

Elle pâlit encore plus.

— Alors partez. Et ne vous retournez pas.

Encore tremblante, elle acquiesça et se détourna de lui. David se sentit mieux en la voyant s'éloigner. Il se dit que ce n'était pas parce qu'elle avait payé quelqu'un pour sortir avec elle que c'était forcément une mauvaise personne. Elle était sans doute attachante. Mais au moins, il n'aurait plus à se préoccuper d'elle.

Seule Vanessa comptait maintenant.

***

— Vanessa !

Alors que le monde autour de lui continuait d'évacuer l'endroit, David essayait de trouver Vanessa. Au milieu des multitudes de nuances de bleu, celui de Vanessa, de la belle couleur du ciel, restait introuvable.

Peut-être sa manière de réfléchir n'était pas la bonne. Peut-être était-elle déjà dehors, en sécurité. Il devait vérifier.

David traversa ainsi l'entrée du parking et fut accueilli par le ciel étoilé, d'une beauté en complet désaccord avec l'atmosphère qui régnait à l'intérieur. Sans vraiment prendre conscience de ce qu'il faisait, David se mit à suivre la vague humaine qui s'échappait à toutes jambes de cet endroit par l'allée principale. Il déboucha ainsi sur la chaussée. Devant lui, une vaste étendue d'arbres et plus loin, les lumières du centre de la ville de Binche. Il n'avait toujours pas retrouvé Vanessa.

De manière abrupte, David ouvrit un bouton de sa chemise. Malgré le froid environnant, il transpirait.

— Bon sang ! Où est-ce qu'elle a bien pu aller ?

Etait-elle plus loin ? Il ne connaissait pas le secteur alors il ne savait pas où chercher et encore moins où aller. Sa main se posa sur sa gorge, comme s'il était sur le point d'étouffer. S'il ne se reprenait pas, il risquait de perdre ses moyens et ce n'était pas le moment, il le savait. Il inspira doucement et rebroussa chemin.

Il n'avait aucun pouvoir, aucune capacité surnaturelle comme Vanessa ou Rebecca ou même comme tous ceux qui les attaquaient maintenant, mais il ne pouvait pas partir comme ça. Il avait déjà abandonné sa propre sœur, cela ne se reproduirait plus.

— David !

Il sursauta à l'écoute de son nom. Pouvait-il s'agir de Vanessa ?

Il chercha autour de lui et vit au loin quelqu'un accourir dans sa direction. Contrairement à toutes les personnes qui avaient assisté à la soirée, la personne qui semblait l'avoir hélé portait des vêtements de couleurs différentes. Il distingua au fur et à mesure des cheveux blonds et tiqua en réalisant de qui il s'agissait.

— Rebecca ? s'exclama-t-il. Qu'est-ce que tu fais là ?

Bientôt, elle s'arrêta devant lui, toute essoufflée. Toujours haletante, elle guetta à gauche et à droite, comme si elle était à la recherche de quelque chose.

— Où est Van ? demanda-t-elle finalement.

La poitrine de David se comprima à cette question et il revint à sa préoccupation principale.

— Je ne sais pas. On a été séparé à l'intérieur. Je dois aller la chercher.

— Laisse-moi faire, déclara-t-elle.

Il comprit tout de suite ce qu'elle s'apprêtait à faire. Rapidement, un liquide se forma quelques centimètres au-dessus de la paume de la blonde. Elle avait récupéré de l'eau par ses propres moyens.

— Pitié, montre-moi où se trouve Vanessa, murmura-t-elle.

David n'avait jamais eu l'occasion de la voir user de ses pouvoirs de prémonition. Il se demanda brièvement si cela était aussi simple mais garda le silence. Les yeux clos, l'eau scintilla doucement et David ne put s'empêcher d'être admiratif... et si frustré. Si seulement, lui aussi avait hérité de ces pouvoirs, il aurait peut-être été moins inutile.

Soudainement, Rebecca fit s'évaporer l'eau.

— Allons-y, déclara-t-elle en se détournant rapidement.

— Où ça ? s'enquit-il en la suivant.

Elle pointa le centre-ville du doigt.

— Nous la trouverons là-bas. Je ne sais pas exactement où, mais nous allons chercher. Suis-moi. Nolan est garé pas loin.

— Comment tu as fait pour arriver jusqu'ici ?

— Nous vous avons suivis.

— Tu es sérieuse ?

Rebecca poussa un soupir agacé en arrivant jusqu'à la voiture. David entra dans la Mercedes sur le siège passager, aux côtés de Nolan qu'il salua d'un signe de tête. Ce dernier lui répondit pareillement.

— Je me suis rendue compte que je détestais vraiment l'idée de vous savoir là-bas seuls en sachant qu'il allait se passer quelque chose de grave, alors on vous a suivis en voiture. On a passé toute la soirée à l'intérieur en se disant qu'on ne partirait pas d'ici sans vous. Et tout à coup, on voit une horde de personnes en habits de soirée débouler sur la route. Inutile de te faire un dessin. Il n'était pas difficile de comprendre que la soirée avait tourné au drame. Je suis sortie et je t'ai trouvé.

Alors qu'ils étaient déjà en route pour rejoindre le centre, David ne put s'empêcher d'être impressionné. Aucun d'entre eux n'aurait pu imaginer que durant tout le trajet ils avaient été suivis. Il observa Nolan du coin de l'œil. Celui-ci affichait un air impassible, comme si les deux jeunes gens ne venaient pas de discuter de ses possibles compétences en matière de filature.

David se mit à se masser les mains. Il était soulagé que l'obstination de Rebecca dont Vanessa lui avait parlée ne soit pas qu'une légende. Sans elle, il n'aurait rien pu faire. Malgré tout, il restait nerveux. Même si les pouvoirs de Rebecca leur avaient indiqué une ébauche de lieu, rien n'était dit qu'il retrouverait Vanessa en seul morceau et c'était ça qui l'inquiétait le plus.

***

Il ne leur fallut pas plus d'une dizaine de minutes pour arriver en ville. A cause de l'heure tardive, les commerces étaient fermés et les rues auraient pu être vierges de circulation si les invités de la soirée ne couraient pas dans tous les sens en quête d'aide. La Mercedes avançant doucement, David et Rebecca examinaient les alentours. Le jeune homme pour sa part, éprouva un peu de pitié pour ces gens qui n'auraient sans doute pas imaginé passer une soirée aussi... mouvementée.

Une question le tarauda malgré tout. En vérifiant les rues, il constata que nombreux étaient ceux qui avaient pu s'échapper de cet enfer. Ce n'était pas normal. Pas avec ce qu'il avait pu voir. Des êtres capables de telles choses auraient pu décimer la moitié de la salle en un rien de temps, alors pourquoi ? Quel était leur but ?

— Hey...

Il sursauta violemment. Il ne se rendit compte qu'il se mordait fortement la lèvre inférieure qu'en sentant une vive douleur à cet endroit. Il croisa le regard inquiet de Rebecca.

— Tu saignes. Attends.

Elle fouilla près d'elle et lui tendit un mouchoir. Il tamponna rapidement sa bouche et effectivement, il saignait. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas ressenti de douleur physique. Depuis sa rencontre avec Vanessa en réalité. Il pensa à quel point cela pouvait être ironique.

La tâche rouge sur le mouchoir de coton d'un blanc désormais souillé le ramena sur terre.

— Décris-moi l'endroit de ta vision.

— Que comptes-tu faire ?

— Continuer à pied.

Ses yeux d'un bleu pâle le scrutèrent quelques secondes avant qu'elle ne réponde.

— J'ai vu un parking près d'un bâtiment d'un étage. Il y a deux lampadaires. Un qui clignote et l'autre éteint. Nous cherchons une rue non loin d'une grande place pavée avec une fontaine au milieu. J'ai cru voir des arbres, mais je ne suis pas sûre. Il n'y avait peut-être pas assez d'eau. Je sais que c'est vague mais c'est tout ce que j'ai vu.

— Je vais me débrouiller. Merci.

— Fais attention.

La portière du véhicule claqua, étouffant les recommandations de Rebecca et David s'éloigna rapidement.

Il courut un long moment à travers les avenues, les rues et les ruelles à la recherche du lieu de la vision de Rebecca. Les mains sur les genoux et la tête baissée, il reprenait son souffle.

— Une place pavée... une fontaine...

Le froid de cette nuit de novembre était de plus en plus mordant. David devina qu'il devait être bien plus de trois heures du matin. Encore quelques heures et le soleil se lèverait, indifférent au spectacle que son amie la lune avait couvert. Mais il devait retrouver coûte que coûte Vanessa.

Il reprit sa course.

Au détour d'une rue, il trouva enfin ce qu'il cherchait : la grande place. Le bruit de l'eau s'écoulant de la fontaine décrépie était presque apaisant. Les chaussures de David martelèrent les pavés froids avec empressement et il chercha le bâtiment que Rebecca lui avait indiqué. A ce moment, il entendit des détonations. Pour lui, il n'y avait plus de doute, il était tout près. Encore une fois, les pouvoirs de Rebecca l'avaient mené dans la bonne direction. Il n'en avait pas douté un seul instant mais il concéda que c'était également un brin effrayant.

Il se mit à la quête de l'endroit où il avait entendu les détonations. Aux alentours, il n'y avait pas beaucoup de grands bâtiments. Il en testa quelques-uns, avant de voir au loin, un bâtiment d'un étage, un peu isolée.

Etrangement, il vit au même moment la voiture de Rebecca sortir de nulle part. Son cœur se mit à battre la chamade et ses jambes pourtant fatiguée, à le porter plus vite.

David courut aussi vite qu'il le put et tomba directement sur le parking. La voiture freina là au même moment. Toutefois, David ne la remarqua même pas.

Ses yeux d'ambre se posèrent sur le trio que formaient un homme immobilisé par terre et un autre aux longs cheveux noirs, celui-ci tenant Vanessa dans ses bras. Elle ne bougeait plus. Son sang se glaça dans ses veines et ce fut comme si quelque chose se brisa en lui.

— VAN !

Alors qu'il s'élançait vers son amie prisonnière, il distingua comme une ombre par terre et le couple disparut à l'intérieur. Le temps d'arriver à leur hauteur, il n'y avait déjà plus trace d'eux, comme si leur présence en ces lieux n'avait été qu'une illusion créée de toute pièce par son cerveau transi de froid.

A Suivre...

©Tous Droits Réservés

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Hello World! J'espère que vous vous portez bien. Ainsi se termine le chapitre 18 et les points de vue se rejoignent enfin. Qu'en avez-vous pensé ?

J'espère vous retrouver pour la suite. ;)

A bientôt.

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