Chapitre 9 : Eurynome
Théo et Emilie priaient devant la tombe de leur meilleur ami. Les cendres de Faustin étaient enterrées sous leurs pieds.
— C'est étrange, soupira Théo. Steven n'est pas revenu depuis hier soir.
Le soleil s'était probablement levé depuis des heures mais les nuages couvraient la citadelle et comme tous les jours, il faisait sombre.
— Où est-il allé ? demanda la demoiselle.
— Il m'a parlé d'un forgeron qui vient de Paris. Il se serait installé tout près d'ici.
Plusieurs heures auparavant, avant la fin de la nuit, Hugo saisit la lance de son client.
— Steven, c'est ça ?
— Oui, monsieur.
— Voyons, pas de ça avec moi. Nous sommes à une époque où la politesse n'est plus un souci.
Il posa une braise ténébreuse sur la pointe de l'arme.
— Ta lance ne sera plus très tranchante mais elle sera efficace contre les monstres, les vampires et les anges déchus.
— Que faut-il faire pour vaincre un démon ?
Hugo sourit et leva son sourcil gauche.
— Où veux-tu trouver un démon ?
Le gladiateur expliqua au forgeron qu'il en avait entendu parler. Il savait que le nouvel empereur allait en invoquer un.
— C'est triste à dire mais rien ne peut vaincre un démon.
Steven serrait les dents.
— Mis à part sa propre arme.
L'homme leva son marteau et s'apprêta à éclater le bloc de braise contre la lame du garçon. Cependant, sans le comprendre immédiatement, il ne baissa que son bras. Sa main venait d'être tranchée.
— Qu'est-ce que...
Un homme noir marcha en direction des deux innocents. Puis, il agita sa machette pleine de sang séché.
— Fils de pute ! hurla Hugo en se levant.
Il retomba aussitôt. Derrière lui se trouvait Axel, qui venait de lui exploser les jambes avec un énorme gourdin. Les morceaux d'os et de chair gisaient au sol dans le sang qui coulait à flot. Hugo hurlait de douleur.
— Silence ! s'écria une jeune femme blonde.
Pour le faire taire, Samy lui coupa la tête. Steven, apeuré, recula et heurta un mur.
— Tu as peur, mon garçon ?
Après s'être souvenu de cette scène, le gladiateur se réveilla. Il était au beau milieu d'un village démoli. Lentement, il se releva et sentit un énorme pincement au cœur.
Il se demandait ce que c'était jusqu'à ce qu'il sente une aura monstrueuse. Cette douleur, c'était la peur.
Calvin, entièrement nu, dans la source thermale, fixait le ciel.
— Bruce.
— Oui, boss !
Il s'accroupit, l'espadon sur l'épaule et sourit.
— Amène-moi une serviette. Le combat va bientôt commencer.
— Théo va revenir ?
Le dissident commençait à avoir froid. Il attrapa la serviette, se sécha et enfila son armure de combat.
— Nous avons un autre problème actuellement.
— Je vois ça. Je ne vous ai jamais vu aussi effrayé et encore moins avec cette armure.
— Laura est très redoutable mais avec son nouvel allié, nous allons probablement perdre.
Abel se téléporta derrière le rebelle.
— Je refuse que l'on se laisse abattre par une salope pareille ! Combien avons-nous de chance de la vaincre ?
— Techniquement...
Théo se tourna vers le lac. Il fixait l'horizon comme si quelque chose le troublait. Emilie se cacha derrière un arbre, terrifiée.
« Nous n'en avons aucune. »
Un village entier fut rasé en deux secondes seulement. Le démon invoqué par Laura avançait vers la citadelle.
— Eh, toi !
Steven se tenait derrière la blonde.
— Qu'est-ce que tu fais avec ça ? Tu veux combattre le dissident ?
— Bien-sûr. Je veux prendre sa place.
Rapidement, il s'élança vers elle avec sa lance. Celle-ci s'enveloppa d'une aura toute blanche.
— Ultimate...
Le gladiateur ne termina ni sa phrase, ni son attaque. Axel s'était interposé. Le héros fut projetée si loin qu'il n'était même plus visible par le démon.
— Allons-y, Eurynome, prince de la mort. Ne perdons pas de temps.
Bruce apparut devant Théo.
— Comme on se retrouve, sale traître.
— Qu'est-ce que tu me veux ? s'écria le voleur.
Abel, Marjorie et Margaux arrivèrent à leur tour. Ils attendaient la venue du démon. Une chose était sûre : il allait passer par le lac.
— Tu devrais partir, l'ami.
Théo se retourna et vit un homme en armure avancer. C'était Calvin.
— On va t'épargner pour cette fois car on a un problème plus important. Si tu t'en vas, on s'occupera de toi plus tard.
Abel leva sa hache, la lame vers les cieux.
— Sinon, on te tue maintenant.
Steven, le visage en sang, essayait de se lever, avec difficulté. Il se trouvait dans une plaine vide, à l'abri des regards. Sans Faustin ni Margaux pour le soigner, c'était différent. Il devait se débrouiller seul.
Le lac était paisible. Il n'y avait aucun chant d'oiseau, pas de vent ni de bruit d'insecte. Tout était trop calme. Les exécuteurs attendaient l'arrivée de leur ennemi principal mais celui-ci n'arriva point immédiatement.
Marjorie se mit à genoux. Puis, Abel sentit une douleur au ventre.
— Quel est ce sentiment désagréable ? s'étonna Bruce en allumant une cigarette.
Margaux s'évanouit.
— C'est l'intimidation des démons. Leur aura est dangereuse.
Un lourd fracas fit bourdonner les oreilles de chacun d'entre eux. L'eau du lac s'évapora dans sa totalité.
— C'est elle.
Laura, la main tenue par Axel, souriait. Eurynome était à côté d'elle, immobile. Elle s'inclina face à ses adversaires.
— On aurait pu trouver une solution plus pacifique, Calvin.
— Tu ne souhaites que coucher avec moi. Cela ne m'intéresse guère. On sait tous que ce type qui t'accompagne t'as tellement fait hurler de plaisir que tu lui as mordu la langue. C'est pour cela qu'il est silencieux, hein ? Tu devrais garder ton petit chien.
Axel serra les dents et fit un pas en avant. Laura le retint et ferma les yeux, heureuse.
— Ne t'en mêle pas. Il est temps de laisser notre petit camarade s'occuper un peu. Prince de la mort... Tues-les.
Avec précipitation, sans le moindre effort physique, le démon sauta vers ses ennemis qu'il terrassa d'un simple geste de la main. Les exécuteurs s'envolèrent avec le balayage de flamme qu'il venait de provoquer. Calvin, lui, restait debout.
— Tu vas regretter de t'être attaquée à nous, sale garce.
Axel poussa un hurlement de rage et courut vers le dissident. Laura essayait de l'en empêcher mais il tenta de lui éclater le crâne avec son arme.
L'homme approcha Calvin rapidement quand Abel se téléporta devant lui.
— Zeubi.
Une lance traversa le lac et se planta dans le dos de l'allié de Laura. Il se retourna et vit Steven arriver.
Théo enveloppa ses lames de magie et murmura ces mots : Break Judgement.
Laura fronça les sourcils. Il y avait trop de monde pour elle.
— Bien. Eurynome, passons au plan B.
Il balaya le monde comme une page de livre. Ils se retrouvèrent tous dans un lieu lugubre. Les murs autour des ruines du château ensanglanté étaient constitués de tripes, d'organes encore fonctionnels et de visages déformés par le désespoir.
— Bienvenue dans les limbes.
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