Chapitre 6 : Chaos

Une belle fresque ornait un mur dans la chambre de la princesse. Marjorie dormait dans celle-ci. Quand elle ne sortait pas, elle préférait s'offrir du plaisir en regardant cette peinture étrange.
— Tu ne sais pas ce qu'elle signifie, hein ?
— Maître...
— Inutile de m'appeler comme ça.
Calvin entra dans la chambre et s'assit sur le lit de la demoiselle en chaleur.
— Vous ne sortez jamais de la salle du trône en général.
— Mais les temps ont changés. Désormais, je vais devoir passer à l'étape supérieure.
Le rebelle tendit sa main à sa disciple. Elle la saisit et rougit.
— Tu es la seule qui est restée comme ça. Nous sommes vampires tous les deux. Je te considère comme la plus fidèle.
— Qu'est-ce que vous essayez de me dire ?
— Tu vas devoir tuer encore plus, Marjorie.

Faustin pensait les blessures de son meilleur ami. Théo dormait encore, épuisé par les derniers évènements.
Emilie s'agenouilla devant l'asiatique.
— Il va s'en sortir, hein ?
— Bien-sûr.

Dans la ville de l'autre monde, Teddy tenait à peine debout. Il était penché vers l'avant, légèrement recroquevillé sur lui-même, couvert de sang.
Face à lui, Steven était sur les genoux, les mains posées au sol. Il fermait un œil car il s'était pris un sévère coup de poing.
— Pour un exécuteur, tu n'es pas à la hauteur... J'avais peur de vous avant de voir ton niveau.
— ASSEZ !
Teddy s'élança vers le gladiateur qui l'empala sans hésiter. Mort sur le coup, l'homme ne bougea plus d'un cil. Son sang coulait sur l'arme et sur la main du héros qui venait de remporter un rude combat.
Le décor changea. Il se retrouva devant l'église où priait Calvin. Celui-ci ne savait pas qu'il était le dissident.
— Bon retour parmi nous, jeune homme. Où étais-tu passé ? Tu es dans un bien piètre état.
Le prêtre soigna le garçon qui fixait la statue de l'empereur décédé.
— J'en ai déjà éliminé un...
Calvin fronça les sourcils.
— Il me reste encore du chemin à faire mais je vais y arriver.
— Je te le souhaite, gamin...

Il y a bien des années, trois grandes villes dans le monde ont été ensevelies par du sable. Tokyo, Miami et Paris sont devenus des déserts et personne n'a jamais su pourquoi.
Un jour, dans sa jeunesse, Calvin marchait sur le sable, sans savoir où aller. Déshydraté, il ne manquait pas de tomber toute les dix secondes. Impossible pour lui d'avancer dans des conditions aussi extrêmes.
— Depuis combien de temps es-tu ici ? sourit un homme en costard noir.
Calvin, en short et sans haut, hallucinait.
— Je suis déjà mort ?
— J'en doute. Suis-moi, petit.
Alors, totalement désespéré, il suivit l'inconnu pendant encore des heures. Ce type lui donnait de quoi boire et quelques biscuits sucrés afin de lui redonner de l'énergie.
— Monsieur...
Cependant, cela n'a pas suffi. L'adolescent tomba de la grande dune sur laquelle ils étaient. Il dévalait la pente à toute vitesse.
— Merde, soupira l'homme en se transformant en une nuée de chauve-souris.
Il alla secourir Calvin et pour le faire revenir à lui, mordit son cou. Réveillé par la douleur, il hurla et sentit le venin parcourir chaque recoin de sa tête.
— Ne t'inquiète plus. Tout ira bien mieux, maintenant.

Quelques semaines plus tard, ils avaient atteint leur destination : le sommet du Mont Blanc. Dans une caverne, en haut, se trouvait un piédestal ainsi qu'une coupe dorée.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Ce que j'attendais depuis tant de siècles. Je peux enfin partir en paix. Tu me succéderas et tu plongeras ce monde dans les ténèbres pour moi.
Calvin recula.
— Pourquoi ?
— Tu n'étais pas là lorsque les présidents sont tombés. La technologie a détruit le système hiérarchique de la plupart des pays et le monde tomba dans le chaos.
Le vampire prit un petit bout de verre et entailla l'index de son successeur. Une goutte de sang tomba dans la coupe.
— On pensait tous que cela deviendrait la plus grosse des catastrophes mais non. L'être humain n'est pas fait pour respecter des lois. On te demande de ne pas dépasser les limites. Tu veux le faire. On te demande de ne pas faire ci ou ça. Seulement, tu le feras parce que c'est comme ça que les humains et les vampires fonctionnent. L'anarchie est ce qu'il nous fallait.
— Monsieur, je ne suis pas vraiment convaincu par vos arguments.
— Pourtant, depuis que les empires ont étés rebâtit, tout est devenu si... Triste ? Le sang que vous ferez couler ira droit dans ce calice comme par magie. Toi et tes futurs serviteurs. Une fois qu'il débordera, tout explosera dans les cieux et tu pourras devenir un dieu.
Calvin s'approcha de la coupe.
— C'est tout petit. Cela arrivera vite, non ?
Son sauveur éclata de rire et s'approcha du gouffre immense derrière le piédestal.
— Ce n'est qu'un réceptacle. Voici le calice dont je te parle.

Steven était assis dans la cabane démolie de Faustin. Il attendait le rétablissement de Théo. Après des heures d'attente, il fut content de voir l'asiatique se lever.
— Mangeons un bon poisson rouge pour fêter ton réveil !
— Hors de question ! s'écria le voleur.
Il vit quelques pansements sur son corps alors que celui de son allié était intact.
— Tu n'as pas combattu ?
— Ben si, j'ai même beaucoup souffert ! Ne t'inquiète pas, tout va mieux maintenant. J'ai battu un des exécuteurs !
Théo se releva brusquement.
— Sérieusement ? Félicitation ! En tout cas, Faustin, t'aurais pu me soigner comme tu l'as fait avec lui. J'ai l'air de quoi, moi, maintenant ?
Le chevalier, gêné, se gratta l'arrière du crâne.
— Ce n'est pas moi.
— C'est le prêtre, sourit Steven.
Théo, tétanisé par la haine et la peur, regardait son ami dans les yeux.
— Il ne faut surtout pas l'approcher. Est-ce que t'as vu ce qu'il a utilisé sur toi ?
— Ouais, mes veines devenaient brillantes et violettes. Je vais mieux maintenant.
— Steven... Il ne t'a pas soigné.

Le rebelle, comme à son habitude, regardait l'horizon. Dans la nuit, une belle lumière éclairait le centre de la citadelle. C'était l'église qui brûlait.
— Qu'avez-vous fait ? demanda Bruce, assis sur le trône.
— Ce qu'il fallait. L'assassin de Teddy ne devrait plus nous poser de problème. S'il parvient à supporter ce puissant poison, il deviendra un monstre incontrôlable.
— Hahaha, vous êtes le meilleur.
Calvin se retourna et sourit.
— C'est bien pour ça que cet homme m'a confié l'avenir du royaume. Bientôt, le soleil noircira et la citadelle sera inondée de sang. 

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