Chapitre 2
Note :
Bonjour à tous et à toutes ! J'ai oublié de le préciser dans le premier chapitre, mais j'ai imaginé cette histoire alors qu'il n'y avait que la saison 1 de sortie. Cette fic ne tient donc pas compte d'une large partie des événements de la saison 2, et notamment à partir de l'épisode 8 inclus ^^ .
Marinette réfléchissait furieusement, une expression de profonde perplexité peinte sur son visage. Assise sur son lit, le regard perdu dans le vide, elle fronçait les sourcils tout en se mordillant machinalement la lèvre inférieure.
« Je ne comprends pas », lâcha-t-elle finalement à l'attention de Tikki. « C'est vraiment étrange. »
« Quoi donc ? », s'inquiéta son kwami.
« Adrien », répliqua aussitôt Marinette. « Je l'ai vu tout à l'heure près de chez Maître Fu et il n'aurait pas dû être là. Surtout pas à cette heure. »
« Il revenait peut-être d'une séance photo ? », lui suggéra Tikki de sa petite voix flutée. « Ou d'un de ses cours ? »
« Impossible », rétorqua Marinette en secouant mécaniquement la tête de droite à gauche. « Je connais son emploi par cœur et normalement, il aurait dû être chez lui ce soir. Il n'avait aucune raison d'être là. Absolument aucune », conclut-elle en se laissant tomber en arrière sur son matelas.
Roulant sur elle-même, la jeune fille s'allongea sur le côté et se replongea de plus belle dans ses réflexions.
La vision d'Adrien continuait de la hanter, refusant de laisser son esprit se concentrer sur quoi que soit d'autre. C'était inutile de lutter, l'adolescente en avait parfaitement conscience. Que pouvait bien faire son camarade de classe au moment où elle l'avait surpris dans les rues de Paris ? Marinette savait que cette question la torturerait tant qu'elle n'aurait pas obtenu une réponse satisfaisante.
Revenait-il de cours ?
Non. Impossible.
Leur collège était fermé depuis de nombreuses heures. Adrien n'avait pas de leçon de piano ce jour-là. Son professeur de chinois était absent pour la semaine, et il n'avait pas escrime avant deux bonnes journées.
Clairement, ses cours ne pouvaient en aucun cas être la raison pour laquelle il s'était ainsi trouvé si loin de chez lui.
Poussant un lourd soupir, Marinette continua de fouiller dans sa mémoire.
L'affection quasi-obsessionnelle qu'elle éprouvait pour Adrien la poussait à se tenir au courant des moindres faits et gestes du jeune homme. Comme elle l'avait justement fait remarquer à Tikki à peine quelques instants auparavant, elle connaissait avec une précision inquiétante les endroits où il était censé se trouver, et quand.
Mais là, son savoir éthiquement discutable lui était d'une piètre aide.
Adrien ne revenait pas de cours.
Il n'avait pas de séance photo.
Pas de rendez-vous chez le coiffeur, chez le dentiste, ou chez quelque autre praticien que ce soit.
Pourtant, il y avait certainement quelque chose.
Une explication logique qui lui échappait encore et qui justifierait parfaitement la présence de son camarade de classe à un tel endroit à une telle heure.
Mais hélas, en plus de ses connaissances, la belle imagination de Marinette lui faisait également cruellement défaut. Elle avait beau solliciter le moindre de ses neurones, creuser dans les plus profonds recoins de son esprit, seules lui apparaissaient des hypothèses plus absurdes les unes que les autres.
Pourquoi Adrien s'était-il retrouvé ainsi à errer dans Paris, à une pareille heure, sans voiture ni garde du corps ?
Revenait-il d'un rendez-vous qui aurait échappé à la vigilance de Marinette ?
Fuyait-il des journalistes ou l'un de ses nombreux fans ?
Etait-il en fugue ? Malade ? Prit d'une subite crise de démence, s'était-il trouvé en proie à une hallucination d'une telle intensité qu'elle l'avait poussée à quitter cette chambre où son père se plaisait à l'enfermer ?
Ou encore, en proie à une soudaine fringale, s'était-il mit à la recherche d'une quelconque superette ou d'un restaurant ?
Marinette se passa une main lasse sur le visage et laissa échapper un grognement de frustration.
C'était inutile. Elle avait beau se tourner et retourner le cerveau dans tous les sens, aucune explication logique ne lui venait à l'esprit.
Et pire encore. Elle venait de gaspiller son temps et son énergie à s'interroger sur les allées et venues de son grand amour, alors qu'elle avait bien plus important à faire. Il fallait qu'elle découvre ce qui était arrivé au Grand Gardien.
Mais comme d'ordinaire dès qu'il s'agissait d'Adrien, elle avait perdu tout sens des réalités.
Elle s'était concentrée uniquement sur son camarade de classe, alors qu'il n'y avait aucune chance pour qu'il soit lié d'une quelconque façon à la disparition de Maître...
Marinette se redressa brusquement, comme traversée par une violente décharge électrique.
Maître Fu.
Adrien.
Deux noms qu'elle venait d'associer par hasard et qui dansaient à présent dans son esprit, tournant et tournant telle une ritournelle obsédante.
Et suivant le fil de cette danse infernale, une nouvelle hypothèse se dessinait à présent sous le crâne de la jeune fille. Une hypothèse horrible, effrayante. Une hypothèse que Marinette tentait de faire refluer de toutes ses forces et qui s'imposait à elle malgré tout.
Une hypothèse qui éclairait tout à coup la présence d'Adrien sous un jour nouveau.
Marinette se leva d'un bond et se mit à arpenter sa chambre sous le regard inquiet de son kwami.
Arrachée à toutes ces confortables certitudes qui étaient encore les siennes quelques minutes plus tôt, la jeune fille se sentait maintenant terriblement fébrile. Son visage se faisait le parfait miroir de ces émotions qui la traversaient en ces instants de confusion, passant par toutes les nuances de couleur qu'il lui était possible d'atteindre.
Tour à tour dangereusement pâle puis le teint soudain d'un inquiétant rouge vif, Marinette continuait de faire les cents pas en réfléchissant furieusement.
Maître Fu.
Adrien.
La brusque disparition du vieil homme.
Les soudaines errances de son camarade de classe.
Ces deux évènements ne pouvaient pas être liés.
C'était impossible.
Rigoureusement, radicalement, définitivement impossible.
Marinette refusait catégoriquement l'idée que le grand amour de sa vie puisse avoir un quelconque lien avec le Papillon, et encore moins avec l'inexplicable absence du Grand Gardien. Adrien était la personne la plus gentille au monde, il ne pouvait décemment pas être mêlé à une aussi sordide histoire.
Mais pourtant...
Qu'Adrien se mette soudain à faire preuve d'un étrange comportement, alors même que Maître Fu venait de disparaître...
La coïncidence était trop flagrante pour pouvoir être ignorée.
Et peu importaient les états d'âme de Marinette. Elle était Ladybug. Elle se devait de n'écarter aucune hypothèse, pour aussi douloureuse soit-elle.
Alors, durant de longues minutes encore, la jeune fille continua de faire les cents pas dans sa chambre, décortiquant cette terrifiante hypothèse avec un acharnement qui tenait presque du désespoir. Mais chaque instant qui passait ne faisait que la plonger un peu plus profondément dans ces abysses de détresse dans lesquelles elle était en train de s'enfoncer.
Plus Marinette y réfléchissait, plus il lui paraissait improbable qu'Adrien se soit retrouvé à errer près de chez le Grand Gardien pour le simple plaisir d'une promenade au clair de lune.
Quelque chose d'étrange était à l'œuvre, c'était une certitude.
Quant à savoir quoi exactement...
L'imagination débordante de Marinette s'emballait à présent, lui faisant tour à tour envisager les pires scénarios possibles. Adrien à la recherche des précieux secrets des miraculous. Adrien sous l'apparence du Papillon. Adrien prit d'une soudaine folie meurtrière.
Elle en avait la nausée.
Une violente migraine lui vrillait à présent le crâne, lui donnant l'impression que son cerveau était au bord de l'explosion.
« Marinette ? », souffla Tikki d'une voix inquiète. « Est-ce que tout va bien ? »
A cette simple question, Marinette éclata d'un rire nerveux.
Non.
Tout n'allait pas bien.
« Je ne comprends pas », souffla-t-elle d'une voix rauque. « Je ne comprends pas ce qu'Adrien faisait en pleine nuit près de chez Maître Fu. »
« Marinette, ne panique pas... », répliqua Tikki d'une voix apaisante. « Il y a certainement une explication logique à tout ça »
« Mais laquelle ? », gémit la jeune fille, se refusant pour le moment de formuler à voix haute l'affreuse supposition qui avait germé dans son cerveau. « Il n'avait pas de cours, pas de rendez-vous, et il ne pouvait pas revenir de chez Nino vu que ce n'est pas du tout le bon trajet. », martela-t-elle avec désespoir, incapable d'interrompre ce déluge de parole qu'encourageait son esprit affolé. « Je ne comprends pas, Tikki. Je ne comprends vraiment pas... »
Coupant enfin le fil de son discours, Marinette jeta un regard désespéré à Tikki, la suppliant silencieusement de fournir une explication qui pourrait apaiser ses craintes. Mais à son grand désarroi, son kwami semblait tout aussi perplexe qu'elle.
« Oh, Marinette... », souffla Tikki d'un ton désolé.
La gorge soudain désagréablement serrée, Marinette déglutit péniblement.
« Et pour Maître Fu ? », reprit-elle finalement, incapable de parler plus longtemps d'Adrien. « Est-ce qu'on ne pourrait pas aller voir directement chez lui pour trouver un indice ? Tu peux passer à travers sa porte, non ? »
Malgré son inquiétude, la jeune fille s'était jusque-là toujours refusée de forcer l'intimité du foyer du Grand Gardien.
Mais là, les circonstances avaient drastiquement changé.
Elle devait savoir si ses inquiétudes concernant Adrien n'étaient que le fruit de son imagination fébrile, ou s'ils n'étaient que les prémices d'une découverte bien plus sombre encore. Avec un peu de chance, elle découvrirait que tout ceci n'était qu'un terrible malentendu, et que ses hypothèses cauchemardesques n'étaient que de simples divagations.
Mais Tikki secoua tristement la tête, sonnant le glas de ses espoirs.
« Maître Fu est quelqu'un de prudent », lui expliqua-t-elle. « Le Papillon possède lui aussi un miraculous, ce qui veut dire qu'il a un kwami ayant les mêmes pouvoirs que moi. Son appartement est protégé par une barrière magique. Je n'ai aucun moyen d'y entrer. »
Le silence qui s'installa entre les deux amies suite à cette révélation ne fit qu'accentuer le sentiment de malaise de Marinette. La jeune fille sentait sa poitrine se comprimer un peu plus de seconde en seconde. L'air lui semblait lourd, poisseux, irrespirable. Il s'insinuait dans sa gorge tel un liquide sirupeux, étouffait ses poumons.
L'étrange attitude d'Adrien ne pouvait pas avoir de lien avec la mystérieuse absence du Grand Gardien.
C'était impossible.
Mais le choc de la vision de son camarade de classe refusait de s'estomper, continuant de la secouer jusqu'au plus profond de ses os.
« Est-ce que... Est-ce que tu crois qu'Adrien peut être lié à la disparition de Maître Fu ? », s'entendit-elle soudain souffler d'une voix rauque.
Pour toute réponse, Tikki laissa échapper un hoquet horrifié qui glaça un peu plus le sang de la jeune fille.
« Ce n'est pas possible », martela l'adolescente avec une conviction mêlée de désespoir, sans attendre que son kwami ne reprenne la parole. « Ce n'est pas possible. »
Marinette était convaincue qu'Adrien ne pouvait pas être le Papillon.
Mais... son complice, peut-être ?
Indifférente à la détresse dans laquelle elle plongeait sa propriétaire, l'imagination de Marinette continuait à échafauder impitoyablement des hypothèses auxquelles la jeune fille refusait encore de croire.
Le Grand Gardien s'était d'ores et déjà évanoui dans la nature. Enlevé, en fuite, ou pire encore. Si Adrien s'était rendu complice de ce crime atroce, tentait désespérément de se convaincre Marinette, alors il ne devrait avoir aucune raison de rôder encore près des lieux du drame.
Bien au contraire. S'il avait quoi que ce soit à voir avec cette histoire, alors il aurait eu tout intérêt à s'éloigner autant que possible de l'habitation du vieil homme.
Mais avant de disparaître, il était tout à fait possible que Maître Fu ait dissimulé ses précieux miraculous dans les environs pour de les mettre hors de portée de personnes mal intentionnées.
Et, réalisa Marinette dans un ultime sursaut d'horreur, il était tout aussi possible qu'Adrien soit désormais à leur recherche.
Tentant d'ignorer les martellements sourds de son cœur, Marinette prit une profonde inspiration.
Elle sentait son estomac se tordre sur lui-même, exprimant toute la révulsion que lui inspirait l'idée qu'Adrien puisse être l'allié de son pire ennemi. La violente migraine qui pulsait sous son crâne et les tremblements incontrôlable qui agitaient son corps ne faisaient qu'accentuer sa sensation de malaise.
Jamais la perspective de devoir accomplir sa mission ne l'avait plongée dans un pareil état, et même les paroles réconfortantes de Tikki échouaient à lui faire reprendre son calme.
En ces instants de désespoir, Marinette avait besoin de plus que son kwami.
Elle avait besoin de parler à quelqu'un qui pourrait se mettre exactement à sa place. A quelqu'un à qui elle savait pouvoir se confier à cœur ouvert sur ces tourments que traversaient parfois les héros. A quelqu'un capable de lui arracher un sourire même dans les pires moments.
Elle avait besoin de parler à Chat Noir.
Finalement, n'y tenant plus, Marinette se tourna vers Tikki pour la prier de la transformer. Si sa chance ne l'avait pas définitivement fuie en cette sombre soirée, peut-être Chat Noir serait-il encore joignable.
Une fois métamorphosée, la jeune héroïne alla se réfugier sur son lit, se calla confortablement contre ses coussins et appela son coéquipier.
A son grand soulagement, ce dernier ne mit que quelques secondes à répondre.
« Hey », lui souffla-t-elle d'une petite voix.
« Hey », répliqua Chat Noir sur le même ton.
Ladybug posa les yeux sur l'écran de son yo-yo et sentit l'étau qui lui comprimait la poitrine se serrer encore un peu plus.
Elle avait espéré que la bonne humeur légendaire de son coéquipier lui remonterait le moral, mais Chat Noir semblait curieusement tout aussi abattu qu'elle.
« Ça tombe bien que tu appelles », lui lança-t-il, interrompant le fil de ses pensées. « Je voulais te demander quelque chose. »
« Oui ? », l'encouragea-t-elle machinalement.
« Par rapport à la disparition du Grand Gardien », poursuivit le jeune homme d'une voix hésitante, « On s'était dit qu'il faudrait qu'on note si on remarquait quoi que ce soit d'étrange, et je... Je me posais une question. »
Ne faisant plus confiance à sa propre voix tant sa gorge se nouait un peu plus à chaque seconde de la conversation, Ladybug hocha la tête pour inciter son coéquipier à poursuivre.
« Si tu voyais quelqu'un rôder dans le quartier... », reprit Chat Noir, inconscient de la détresse dans laquelle était plongée sa partenaire. « Quelqu'un qui n'aurait jamais dû être dehors à une heure pareille... Est-ce que tu considèrerais que cette personne est quelqu'un de suspect ? »
Les quelques mots de Chat Noir firent à Ladybug l'effet d'un coup de poignard en plein cœur.
Quelqu'un qui n'aurait jamais dû être dehors à une heure pareille.
Cette description ne lui rappelait que trop bien Adrien, et son étrange présence dans les rues de Paris quelques instants plus tôt.
Battant furieusement des paupières pour tenter de contenir les larmes qui lui montaient aux yeux, Ladybug crispa machinalement ses doigts autour de son yo-yo.
« T-Tu... Tu as repéré quelqu'un ? », murmura -t-elle d'une voix blanche.
Sur son écran, la jeune fille vit Chat Noir se passer nerveusement la main sur la nuque.
« Je ne sais pas... », lâcha-t-il dans un souffle, son regard fuyant le sien. « C'est juste que... On s'était dit qu'il faudrait qu'on fasse attention à tout ce qui nous paraissait anormal, et la personne que j'ai vue... Mais pourtant, Maître Fu a déjà disparu ! », s'exclama-t-il d'une voix vibrante de désespoir, relevant de nouveau les yeux vers sa coéquipière. « S'il a déjà été enlevé, alors pourquoi quelqu'un s'amuserait à revenir là où il habite ? Ce n'est pas logique ! »
La gorge de plus en plus serrée, Ladybug déglutit machinalement. Elle ne reconnaissait que trop bien cette incrédulité, ce déni, cette difficulté à réaliser que quelqu'un pourtant au-dessus de tout soupçon pourrait en réalité dissimuler une facette bien plus sombre qu'il ne le laissait transparaître au premier abord.
Ses propres pensées avaient déjà suivi le même cheminement à peine quelques instants plus tôt.
« Maître Fu a peut-être caché les miraculous dans les environs », articula-t-elle péniblement.
Ignorant le regard stupéfait que lui jeta Chat Noir, Ladybug se passa la main le long de son cou. Chaque mot lui paraissait lourd comme du plomb, gravissant péniblement sa gorge pour ne passer que difficilement ses lèvres.
« On sait tous les deux à quel point les miraculous peuvent être dangereux s'ils tombent entre de mauvaises mains », reprit-elle d'une voix sombre. « Je pense qu'avant de disparaître, Maître Fu a fait en sorte de les mettre à l'abris. »
La jeune fille marqua une légère pause, puis repris le fil de son discours d'une voix étranglée.
« Et si on voit quelqu'un traîner autour de chez lui alors qu'il n'a rien à y faire... »
« ... c'est que le quelqu'un en question est sûrement à la recherche des miraculous », compléta amèrement Chat Noir.
N'ayant pas le cœur à relancer immédiatement la conversation, Ladybug laissa un moment de silence s'installer entre son coéquipier et elle. La jeune fille tambourinait machinalement des doigts sur sa cuisse, en proie à un profond dilemme.
Chat Noir avait vu quelqu'un.
Adrien, très certainement.
Ladybug savait qu'elle devait confier à son partenaire qu'elle avait elle aussi surpris le jeune mannequin près de l'habitation de Maître Fu, et qu'il était à présent l'unique objet de ses soupçons. Mais pour l'heure, elle ne se sentait pas la force d'effectuer un pareil aveu.
Evoquer Adrien avec Chat Noir ne ferait que rendre sa terrible découverte plus réelle, plus concrète.
Et surtout, infiniment plus cruelle.
Le cœur de Ladybug s'était déjà brisé en un million de pièces. La blessure était encore trop vive pour que la jeune fille ne survive à un nouvel assaut. Parler de cet amour déchu ne ferait que lui porter l'ultime coup de grâce, elle en était certaine.
Ladybug se refusait à parler d'Adrien. Mais pour autant, elle ne pouvait décemment pas laisser son partenaire dans l'ignorance. Alors, avant que son courage ne la fuie définitivement, l'adolescente reprit la parole.
« Moi aussi, j'ai vu quelqu'un... », avoua-t-elle dans un souffle. « Quelqu'un qui n'avait rien à faire près de chez le Grand Gardien. »
Incapable de poursuivre plus longtemps, Ladybug s'interrompit brusquement.
Elle ne pouvait pas prononcer le nom d'Adrien.
C'était trop douloureux. Trop difficile.
Juste... Trop.
Mais heureusement pour elle, Chat Noir ne chercha guère à obtenir plus d'informations d'elle. Manifestement tout aussi torturé qu'elle, le jeune homme secoua la tête et laissa échapper un lourd soupir.
« Je pense qu'on parle de la même personne », lui confia-t-il tristement. « Mais je... Si ça te va, je préfèrerai enquêter d'abord. »
« Oui », approuva Ladybug avec un soulagement. « Moi aussi. »
Si elle devait mettre en évidence la culpabilité d'Adrien, elle préférait le faire à son rythme.
Le temps de se faire à cette idée inacceptable.
Le temps de ménager son cœur blessé.
Soudain, l'expression peinée qui n'avait pas quitté le visage de Chat Noir depuis le début de leur conversation se métamorphosa, les traits du jeune homme se durcissant brusquement.
« Ma Lady, soit prudente », la supplia-t-il, l'inquiétude et la détermination se lisant soudain dans son regard. « Si on a bien repéré le même suspect, alors... alors c'est une personne qui cache beaucoup mieux son jeu que je ne l'aurais jamais imaginé. Si tu remarques le moindre changement de comportement, méfie-toi. »
Le cœur au bord des lèvres, Ladybug hocha machinalement la tête.
« Oui », approuva-t-elle d'une voix tremblante. « Toi aussi, fait attention à toi. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top