Chapitre 45 : Calme
Doliannah se leva plutôt tard pour une fois, puis elle s'habilla et sortit de la chambre où dormait encore Nereo afin de rejoindre Adonis à la table. Elle s'assit et commença à manger, après avoir salué le docteur. Mais un silence s'installa. La mine triste, il soupira en levant la tête vers elle.
-Je sais ce que vous pensez. Tout est bien vide en leur absence.
La jeune serkonienne ne sut quoi répondre.
-Je compte travailler aujourd'hui, reprit Adonis. Pour m'occuper. Vous voulez bien être mon assistante ?
-Bien sûr.
Malgré tout, le docteur esquissa un sourire que Doliannah lui rendit. Puis ils continuèrent de manger en silence jusqu'à ce qu'arrive Nereo, peu de temps après, en s'étirant. Il les salua puis s'assit à côté de la jeune serkonienne.
-Je tiens à vous remercier pour hier, dit Adonis. C'était un magnifique endroit.
-Pour un magnifique moment, ajouta Doliannah. Vous nous avez changé les idées pendant quelques heures, ce qui nous a fait du bien. Donc merci.
Nereo sourit.
-Cela me fait plaisir que vous ayez autant apprécié, répliqua-t-il. Nous avions tous besoin de penser à autre chose.
Après le repas, Doliannah et Adonis descendirent afin d'ouvrir le cabinet et s'occuper des patients du jour. De son côté, Nereo fit la vaisselle avant de nettoyer un peu la maison du docteur puis il sortit chercher des informations sur les Illuminés, espérant trouver une piste.
Assister le docteur avait manqué à Doliannah qui apprit de nouvelles choses auprès d'Adonis, son aide devenant de plus en plus précieuse. Plus les patients défilaient, plus le docteur lui donnait de nouvelles tâches, plus son assistante lui était utile. La jeune Contero se demanda si elle aurait aimé être médecin, avoir son propre cabinet, soigner des gens. Puis elle se dit qu'elle n'aurait pas eu le niveau d'Adonis. Après tout, il avait commencé très jeune. Doliannah pensa également qu'elle n'était pas Siriae, elle était bien moins intelligente, mais le docteur l'appréciait quand même. Et elle faisait de son mieux en tant qu'assistante.
En rentrant, quelques heures plus tard, Nereo prépara le déjeuner et appela Doliannah et Adonis dès qu'il fut prêt. Tous se rejoignirent donc à la table.
-Je n'ai rien trouvé de nouveau, lança le combattant. Mais je vais poursuivre mes recherches. Oh et... je me demandais si vous accepteriez que je me rende à la maison de vos parents, peut-être que je trouverai quelque chose d'intéressant là-bas. En tout cas, sachez que la mort de Yael est connue de beaucoup désormais.
La gorge serrée, pensant aux événements du dîner chez ses parents, la jeune serkonienne accepta et lui donna l'adresse.
-Yael est-il... marmonna-t-elle. Je veux dire, comment les gens se souviennent-ils de lui ? Est-ce qu'il y a des hommages ?
Voyant sa peine, Nereo lui prit la main pour la rassurer.
-Tout dépend à qui vous demandez. Mais, Dolly, la plupart des habitants de cette ville est triste d'avoir perdu un garde si compétent. Plusieurs personnes m'ont parlé de l'aide que votre frère a pu leur apporter. Et les autres gardes ont perdu un chef, un vide qu'ils ne combleront jamais.
Doliannah esquissa un sourire. Elle espérait que le nom de Yael Contero perdurerait, que les gens se souviendraient longtemps de lui comme un grand homme, un vétéran de la Garde compétent. En revanche, personne ne pourrait savoir à quel point Yael fut un frère remarquable, aidant sa sœur, une criminelle, un assassin.
Sentant des larmes remplir ses beaux yeux verts, Doliannah se leva de sa chaise d'un bond, tentant de les retenir. Puis, elle informa Adonis qu'elle l'attendrait dans le cabinet, avant de s'y rendre. Les deux hommes échangèrent tristement un regard.
-Elle se sent vraiment coupable de sa mort, soupira Nereo. Mais elle a fait tout ce qu'elle a pu, elle a réussi à sauver ses parents et Alexei.
-Sauf qu'elle culpabilise parce que c'est elle qui a réellement mis Yael en danger, du moins, plus qu'il ne l'était déjà. Je la comprends. La pauvre a subi plusieurs pertes et elle tenait énormément à ces personnes.
-Et Dolly est encore jeune, fragile.
-Auprès d'elle, il ne reste plus que nous, lança le docteur. Nous devons la protéger.
-Et nous le ferons. Je l'aiderai jusqu'au bout, peu importe le prix. Et je vous protégerai aussi, Adonis. Elle a besoin de vous. Vous êtes important pour elle. Et je vous apprécie, vous êtes quelqu'un de bien.
Face à ce compliment, le docteur esquissa un sourire.
-C'est une femme extraordinaire. Je ne suis qu'un simple docteur. Doliannah mérite votre protection, bien plus que moi. Et elle peut survivre sans moi. En revanche, Doliannah ne doit pas être seule.
-Je ne la laisserai pas, répliqua le combattant. Mais je ferai également de mon mieux pour vous protéger. Actuellement, elle n'a plus que nous deux, vous l'avez dit. Surtout que vous avez une nièce à retrouver. Chaque vie est précieuse, docteur, vous devriez le savoir.
Adonis sourit puis termina son repas.
-Je dois vous laisser, lança-t-il en se levant, j'ai du travail avec l'Ombre de Karnaca.
Le docteur la rejoignit dans son cabinet tandis que Nereo nettoya la table avant de ressortir à la recherche d'informations.
-Tout va bien ? demanda Adonis, une fois dans la pièce.
-Oui, je dois simplement rester forte, répondit Doliannah. Je vengerai Yael et Epinda bientôt, ils pourront enfin être en paix.
-Votre quête de vengeance a commencée. Je dois, par ailleurs, vous remercier d'avoir vengé Lucinda en vous occupant d'Alfredo Herro. Après tout le mal qu'il lui avait fait... il méritait de payer.
-Les Herro n'existent plus, lança-t-elle. La seule restante est Ornella mais désormais, c'est une Calano et non une Herro. Je me demande ce qu'il va advenir des affaires de la famille, du manoir et de leurs richesses.
Nereo comprit à quel point l'affrontement contre les Illuminés avait été dévastateur en voyant l'état de la maison des parents de Doliannah, autour de laquelle étaient regroupées de nombreuses personnes. Il s'approcha et posa des questions.
-Vous n'êtes pas au courant ? s'étonna une vieille femme qui semblait triste. Les Contero ont subi une attaque. Leur fils aîné, Yael, le vétéran de la Garde, est mort. Nous ne savons pas ce qui est arrivé à Dalma et Eliseo.
-Les rues seront moins sûres sans Yael Contero, répondit un homme. Je suis certain qu'il s'est bien battu avant de mourir. Un homme courageux.
-Je ne sais pas qui a attaqué les Contero, avoua une jeune femme. Mais ils devaient en vouloir à Yael Contero, le fils aîné, c'est la raison la plus plausible.
-Un nouveau gang, répliqua un vieil homme. Et sans Yael Contero, l'arrêter sera plus difficile. Ils savaient qu'il était chez ses parents et ne lui ont sûrement laissé aucune chance.
Sans obtenir d'informations utiles, Nereo finit par continuer son chemin, vers le manoir des Herro. Quelques personnes l'avaient reconnu mais il posa simplement ses questions, n'étant pas venu pour se montrer en public. Comme pour la maison des Contero, il y avait de nombreuses personnes devant le manoir des Herro, ainsi que des gardes qui empêchaient les civils d'entrer. Une fois encore, le combattant posa des questions, faisant comme s'il ne savait rien.
-C'est horrible ! s'écria une femme plutôt aisée. Alfredo et son fils Valerio ont été assassinés, sauvagement. Certainement cette Ombre de Karnaca. Les pauvres, j'ai appris le décès tragique de son épouse, Lucinda, et la disparition de sa fille, Ornella.
-Il faut retrouver le responsable ! hurla un aristocrate. Les Herro ne méritaient pas tout cela ! La jeune Ornella est peut-être même en danger !
-Et quand nous aurions besoin d'un garde compétent pour superviser tout cela, lança un autre homme, j'apprends que Yael Contero est mort lui aussi. Ce doit être l'œuvre de la même personne.
-Non, rétorqua une femme qui l'avait entendu. La maison de la famille Contero a subi une explosion, Yael Contero a été retrouvé décapité avec autour de lui les corps de nombreuses personnes, des assassins ou quelque chose du genre. Son corps a été pulvérisé. Alors qu'ici, Alfredo et Valerio ont été tués sauvagement mais le manoir n'a rien. Les Contero ont subi une attaque organisée par un groupe mais ici, ce doit être l'œuvre d'une seule personne. Très probablement l'Ombre de Karnaca.
Nereo écouta d'autres conversations, questionna d'autres personnes présentes mais aucune nouvelle piste en vue. Il tenta d'en apprendre plus sur son chemin du retour, sans succès. Doliannah et Adonis étaient toujours dans le cabinet, en train de s'occuper de patients, alors le combattant n'osa pas les interrompre et prit un bain.
La journée se terminait. Nereo sortit de la salle de bain pour préparer le dîner. Doliannah aida Adonis à fermer et ranger le cabinet avant de remonter. Avant que le repas ne soit prêt, la jeune serkonienne eut le temps de prendre un bain et sortit juste à temps pour manger. Pendant le dîner, le combattant raconta ce qu'il avait vu et entendu, en essayant de ne pas faire pleurer la jeune Contero.
Ensuite, Nereo débarrassa la table puis rejoignit Doliannah et Adonis, assis sur le canapé, pour partager un verre de whisky, que prenait habituellement le docteur.
-Que faisons-nous ? demanda le combattant.
-Tout d'abord, je ne vous laisserai plus sortir seul, répondit-elle, c'est trop dangereux avec les Illuminés. Je sais que vous êtes fort mais ils sont nombreux. Où que vous comptez aller demain, je viendrai avec vous.
-Mais qui veillera sur Adonis ?
-Je peux également vous accompagner, répliqua ce dernier.
-Oui, nous ferons ainsi, lança la jeune serkonienne. Nous serons plus efficaces à trois.
La décision étant prise, Doliannah finit son verre, se leva pour saluer Adonis qui se leva pour la prendre dans ses bras.
-Je ne vous remercierai jamais assez, dit-il en la serrant contre lui, pour tout ce que vous avez fait pour moi. Bonne nuit, Doliannah. Nous aurons ces Illuminés.
-Bonne nuit, Adonis.
Souriant, Nereo se racla la gorge, les faisant se séparer.
-Bonne nuit.
Le docteur lui serra chaleureusement la main avant de ranger la bouteille d'alcool et les verres. Ensuite, il entra dans le bureau. Doliannah et Nereo se rendirent dans la chambre et fermèrent la porte. Elle regarda son épée posée contre le mur et l'effleura de ses doigts tandis qu'il commençait à retirer son haut.
-Nous pourrions reprendre les entraînements, proposa la jeune serkonienne.
-Absolument, acquiesça le combattant en levant les yeux vers elle. Peut-être demain, si nous avons le temps. Mais vous avez raison, nous devrions reprendre nos entraînements pour vous perfectionner. Bien que je vous trouve déjà très douée.
En disant ces mots, Nereo s'était rapproché de Doliannah et l'embrassa. Cependant, elle tourna la tête pour l'éviter, alors il se recula, surpris.
-Excusez-moi... marmonna-t-elle. C'est juste que... ce n'est pas le moment.
-Pardonnez-moi mais, puis-je savoir pourquoi ?
-Vous savez pourquoi.
-Non, je l'ignore, avoua-t-il. Est-ce à cause d'Alexei ? D'Epinda ? Des événements récents ? Vous pensez aux personnes que vous désirez venger ? À ceux que vous pensez ne jamais revoir ? Ou bien...
-Chut ! l'interrompit-elle.
Doliannah tendait l'oreille. Nereo en fit de même. Ils entendirent un léger bruit, comme une porte que l'on ferme délicatement. Puis des faibles sons métalliques. Ce ne pouvait pas être Adonis. Inquiets, les deux serkoniens prirent chacun leur épée et sortirent rapidement de la chambre pour tomber nez-à-nez avec un groupe de personnes vêtues de noir et armées. Des Illuminés.
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