Chapitre 33 : Retrouvailles

Doliannah fut réveillée par du mouvement dans son lit. Elle ouvrit les yeux, tourna la tête et vit Nereo sortir du lit pour s'habiller. En réalité, il n'était pas aussi tôt qu'habituellement.

-Pardonnez-moi, je ne voulais pour vous réveiller, dit-il en la remarquant.

-Ce n'est rien. Quelle heure est-il ? demanda-t-elle en se levant.

-Un peu plus de huit heures. Ne vous en faites pas, nous aurons le temps de nous entraîner. Mais je dois d'abord reprendre un peu d'élixir.

En sortant de la chambre, ils virent le petit-déjeuner déjà prêt, Adonis n'était plus dans la maison mais descendu travailler dans son cabinet et Alexei aussi était en bas, dans son atelier. Les deux serkoniens mangèrent puis se préparèrent avant de sortir. Ils retournèrent sur le toit qu'ils avaient choisi pour leur premier entraînement et commencèrent le nouveau.

Nereo essaya de ne pas forcer et donc n'épuisa pas autant Doliannah que la dernière fois. Cette fois-ci, il lui apprit des coups plutôt que des esquives car la jeune Contero arrivait à éviter désormais. Cependant, le combattant serkonien restait plutôt dur et exigeant. Heureusement, Doliannah apprenait vite.

Et pendant les jours qui suivirent, le petit groupe fit la même chose. Adonis travailla et recueillit des informations sur les Illuminés, Alexei fabriqua autant d'armes, de munitions et de sérums que possible alors que Nereo entraînait Doliannah au combat sur le toit.

Évidemment, il lui apprit à se battre comme lui. Rapide, agile, faisant des acrobaties et des coups millimétrés. Doliannah qui avait récemment acquis une agilité de l'Outsider impressionnait Nereo car elle était presque plus douée que lui pour les mouvements. Ce pouvoir lui permettait de se tordre dans tous les sens, bouger plus rapidement et faire des mouvements dont elle était incapable avant.

Plusieurs fois, Doliannah faillit craquer tant Nereo exigeait beaucoup d'elle et intensifiait chaque entraînement. Il était très bon et un très bon entraîneur mais sévère. Pour la motiver, le combattant serkonien la complimentait parfois mais la plupart du temps, il criait plutôt sur la jeune Contero.

Au bout de quelques jours, Doliannah fatiguait mais Nereo continuait de rendre les entraînements plus difficiles. Il en exigeait de plus en plus, frappait de plus en plus fort avec son épée et donnait des coups plus précis et difficiles à bloquer ou éviter. La jeune serkonienne devait donc être plus agile et user de plus de puissance pour contrer mais elle progressait grandement.

Bientôt, Nereo eut l'impression de se battre contre lui-même, Doliannah lui rappelait sa propre personne. Elle bougeait comme lui, donnait les mêmes types de coups, faisait les mêmes acrobaties voire certaines plus impressionnantes. Cependant, elle n'avait pas encore la même force, bien qu'elle savait utiliser plus de puissance désormais. Le combattant serkonien la voyait plutôt comme lui dans ses jeunes années, son élève n'était pas encore aussi douée que lui.

Tous deux ne passaient plus beaucoup de temps chez le docteur, occupés par leurs entraînements intenses. Ils rentraient seulement pour les repas et la nuit. Nereo appréciait, sans l'avouer, le fait que Doliannah passait plus de temps avec lui qu'avec Alexei. Les deux hommes s'entendaient de moins en moins bien. Et la jeune serkonienne avait beau essayer de les calmer, rien ne s'améliorait.

Un soir, après une rude journée d'entraînement pour Doliannah, le petit groupe dînait ensemble. Et cette fois-ci, la jeune serkonienne revint avec une petite blessure au poignet plutôt profonde que lui avait accidentellement faite Nereo. Adonis s'en était occupé mais Alexei n'appréciait pas.

-Vous devriez vous calmer avec vos entraînements, lança ce dernier. Ceci est trop pour Doliannah. Vous l'avez blessée. Elle a besoin de repos.

-Ce n'est qu'une plaie superficielle, répliqua le combattant serkonien. Et Dolly se débrouille très bien, elle fait des progrès remarquables et n'est pas à bout de forces.

-Elle a besoin de repos, répéta le tyvien fermement. Cela fait plusieurs jours que vous passez la journée dehors à vous entraîner, il lui faut simplement une journée de repos. Et arrêtez avec ce surnom...

-Elle doit être prête à affronter les Illuminés, le coupa sèchement Nereo. Je fais attention à elle et...

-Apparemment pas, puisque vous l'avez blessée. Peut-être avons-nous eu tort de vous choisir pour l'entraîner...

-Arrêtez, vous deux ! s'écria la jeune Contero. J'en ai assez ! Vous êtes ridicules. Vous parlez sans cesse en mon nom alors que je suis juste à côté de vous ! Et comment pouvez-vous savoir ce dont j'ai réellement besoin ?

Sans ajouter quoi que ce soit, Doliannah quitta la table pour s'enfermer dans la chambre. Nereo et Alexei s'échangèrent un regard noir puis le scientifique se hâta de les laisser pour retourner dans son atelier. Le combattant serkonien débarrassa et fit la vaisselle alors Adonis en profita pour aller voir la jeune Contero.

-Que comptez-vous faire demain ? demanda-t-il calmement en refermant la porte derrière lui.

-Tout dépend de ce que vous comptez faire, répondit-elle, assise au bout du lit.

-Eh bien, je pensais... je pensais à l'enterrement de Siriae, j'en ai la possibilité.

-Dans ce cas, je ne m'entraînerai pas. Alexei sera content. Je viendrai avec vous.

Le docteur sourit.

-Merci, Doliannah. Je pense que vous avez raison, j'aurai besoin de quelqu'un pour... surmonter ce moment difficile. Et, je suis content que ce soit vous.

-C'est tout naturel. Vous étiez présent pour l'enterrement d'Epinda.

Une nouvelle fois, Adonis sourit. Doliannah en fit de même. Tous deux se souhaitèrent bonne nuit puis le docteur quitta la chambre, laissant la jeune serkonienne se coucher.

Alors que Doliannah se tournait dos à la porte, Nereo entra dans la chambre. Elle ne bougea pas et ne prétendit pas dormir. Après avoir fermé la porte, le combattant serkonien retira une partie de ses vêtements puis la rejoignit dans le lit. Il se pencha vers elle.

-Vous m'en voulez, Dolly ?

Aucune réponse. Elle lui tournait toujours le dos. Lentement, Nereo approcha sa main près de Doliannah pour finalement lui caresser la joue en dégageant le visage de cette dernière, caché par quelques mèches de cheveux. N'obtenant toujours aucune réaction, il avança sa tête pour l'embrasser mais elle l'arrêta avec sa main avant de finalement lui faire face.

-Vous préférez le tyvien mais vous ne voulez pas l'avouer, c'est ça ? lança-t-il.

-Que s'est-il passé entre vous deux ? Vous n'étiez pas comme cela avant.

-Disons que vous ne nous aviez pas donné de l'espoir à chacun.

-Je n'aurais pas dû. Mais sachez que je n'en préfère aucun, répliqua-t-elle. Vous comptez autant pour moi, l'un comme l'autre. Pourtant, vous êtes tous deux bien différents.

-Mais c'est bien le tyvien que vous emmenez chez vos parents pour leur présenter. C'est lui qui se fera passer pour votre amant, pas moi. Je ne comprends pas comment vous pouvez être attirée par lui et moi. Il est faible, tyvien, timide envers vous...

-Depuis quand être tyvien est une chose négative ? l'interrompit-elle. Alexei est simplement poli, courtois, respectueux envers moi.

-Vous insinuez que je ne le suis pas ? Ce que je veux dire, c'est que vous et moi sommes de la même île, nous avons bien plus de points communs que vous n'en avez avec lui.

-Alexei n'est pas faible et le fait qu'il soit tyvien ne me dérange absolument pas, rétorqua la jeune serkonienne. Epinda était elle aussi de Tyvia. Et je vous ai déjà expliqué pourquoi c'est lui qui m'accompagnera chez mes parents. Écoutez, Nereo, ne m'obligez pas à m'énerver contre vous, je n'en ai pas envie.

-Alors ne le faites pas. Tekov ne sait pas se battre, il ne sait pas se défendre, ce qui fait de lui une personne vulnérable, un faible. Il ne pourrait pas vous protéger. Si vous le souhaitez, Dolly, demain, il viendra à notre entraînement et vous verrez à quel point il est faible.

-Pas demain, répondit-elle. J'ai quelque chose à faire avec Adonis demain et par conséquent, nous ferons une courte pause.

-Parce que le tyvien le voulait.

-N'écoutez-vous pas ce que je vous dis ? J'ai à faire avec Adonis. Et je vous en prie, cessez de l'appeler ''le tyvien'', il a un prénom, autant que vous l'utilisiez.

Nereo ouvrit la bouche mais ne sut quoi dire. Doliannah se retourna, dos à lui, et ferma les yeux, se laissant emporter dans un sommeil profond.

Tôt le matin suivant, Doliannah rejoignit Adonis et tous deux partirent rapidement. Nereo et Alexei dormaient toujours. Cette fois-ci, ils furent dans une autre partie du cimetière.

L'enterrement fut très difficile pour le docteur qui ne put retenir ses larmes très longtemps. Cependant, la jeune serkonienne était à ses côtés. Elle le serra contre elle, versant elle aussi quelques larmes. Après tout, ce que lui avait montré l'Outsider sur Siriae lui avait fait réaliser beaucoup sur sa vie et celle du docteur. Et tout cela l'avait touchée. Adonis exprima énormément de chagrin, il aimait vraiment Siriae. Il eut du mal à rester debout, Doliannah le soutenait. Aucun mot ne lui vint à l'esprit, rien ne pourrait faire du bien à Adonis. Sauf peut-être...

-Que diriez-vous de voir Lucinda ? demanda-t-elle. Aujourd'hui.

-Mais... comment ? sanglota-t-il.

-Je peux vous emmener chez les Herro, nous entrerons dans sa chambre. Je suis certaine que la voir vous ferait du bien. Et puis, à elle aussi.

-Si vous le pouviez...

-Je le peux. Nous pouvons partir, maintenant, et lui rendre visite.

-Comment pourrais-je vous remercier d'une telle chose ? lança-t-il.

-Vous n'avez pas besoin de le faire. Je ne fais que vous aider.

En se décollant l'un de l'autre, Adonis esquissa un sourire. Il regarda une dernière fois la tombe de son épouse Siriae pendant que Doliannah cherchait au loin celle d'Epinda qu'elle finit par apercevoir, puis tous deux partirent. Ils passèrent rapidement chez le docteur pour prendre l'équipement de la jeune Contero, au cas où. Nereo n'était pas levé, contrairement à Alexei qui se trouvait dans son atelier. Adonis et Doliannah ne croisèrent donc personne et ressortirent directement pour se diriger vers le manoir des Herro avec précaution. La Garde avait doublé ses effectifs dans cette zone, les deux serkoniens durent redoubler de prudence pour atteindre la demeure. Mais ils y parvinrent.

Grâce à Doliannah, Adonis put entrer par la fenêtre de la chambre de Lucinda, dans laquelle cette dernière se trouvait encore, seule. Elle dormait, assise sur son fauteuil, semblant plus faible et plus pâle que la dernière fois. Seulement, son sommeil était léger et Lucinda ouvrit lentement ses petits yeux fatigués. En voyant son frère face à elle, Lady Herro eut un choc et resta bouchée bée, silencieuse et immobile quelques secondes. Tout comme le docteur. Doliannah assista à ces retrouvailles avec un léger sourire. Sans aucun mot, Adonis se jeta sur sa sœur pour la serrer contre lui. Et ce fut des larmes de joie qui coulèrent sur leurs joues. Tous deux étaient émus de se revoir après tant d'années.

-Je n'y crois pas, Adonis... Tu as tellement changé ! dit-elle avec un sourire.

-Toi aussi, Lucinda, fit-il remarquer. Désolé, nous n'avons pas pu te prévenir de notre venue.

-C'était mon idée, lança Doliannah. Nous venons d'enterrer Siriae, son épouse. J'ai pensé que vous retrouver ne pouvait être que bénéfique.

-Oh... Adonis, je... Toutes mes condoléances. Tu ne méritais pas de souffrir une nouvelle fois.

En voyant l'état actuel de Lady Herro, la jeune Contero ne put s'empêcher de penser qu'il subirait une nouvelle perte dans peu de temps. Et celle-ci serait dévastatrice.

-Chère amie de mon frère, reprit Lucinda, sachez que mon mari est furieux. Notre fils également. Ils vous cherchent. Un homme qui m'est inconnu m'a demandé si je vous avais vue mais je ne vous ai pas dénoncée. Il a essayé de me faire peur, Ornella est intervenue. Je n'ai pas revu mon mari, mon fils ni cet homme depuis. Ornella veille toujours sur moi, elle devrait déjà être là. Je suppose qu'elle a mieux à faire.

En retirant son masque, Doliannah la remercia.

-Qu'il est bon de te revoir ! s'écria Adonis. Après toutes ces années... J'ai voulu te rendre visite mais je n'ai finalement pas osé. Je pensais que tu ne voudrais plus me voir, avec ta nouvelle vie.

-Si tu avais su... soupira Lucinda de son habituelle voix faible. J'ai beaucoup regretté mon choix, je n'aurais jamais dû vous abandonner pour Alfredo. Si seulement les choses avaient pu se dérouler autrement. Ton amie m'a dit que tu étais devenu médecin dans ton propre cabinet, je suis fière de toi.

Doliannah écouta les deux sserkoniens parler de leur vie, de la période où ils étaient séparés. Tous deux avaient beaucoup de choses à se raconter. Adonis et Lucinda ne pouvaient cacher leur joie face à leurs retrouvailles. Il était bon de voir Lady Herro sourire, éclairer son visage si triste. Et le docteur rayonnait également, malgré le chagrin encore récent et visible.

Cependant, Ornella Herro était susceptible d'arriver à tout moment. La jeune Contero s'assurait donc de surveiller à l'aide de son pouvoir de vision.

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