Chapitre 13 : Équipe de choc
Doliannah ouvrit la porte de chez Adonis et entra, suivie de près par Nereo Mastillo. Alexei et le docteur attendaient depuis un moment sur le divan. En voyant la jeune Contero accompagnée du combattant serkonien, ils se relevèrent et sourirent.
-Alexei Tekov.
-Enchanté, répondit le combattant en lui serrant la main.
-Adonis Calano.
-Ravi de vous rencontrer, vous êtes le docteur, n'est-ce pas ?
-Oui, et je vais m'occuper de vos blessures, si vous le permettez. Doliannah, cela vaut pour vous aussi.
En effet, la jeune serkonienne n'était pas ressortie indemne de son combat contre les trois ravisseurs de Nereo et cela se voyait. Le docteur descendit dans son cabinet suivi par Doliannah, Alexei et Nereo. Ce dernier s'assit sur la table d'examen alors que celle qui l'avait sauvé s'assit sur une chaise en face de lui. Le scientifique tyvien resta debout près d'eux tandis que le docteur préparait déjà ce dont il aurait besoin.
-Je suppose qu'ils ne se sont pas contenter du visage, lança Adonis.
-Vous suppositions sont exactes, docteur, répondit Nereo.
Ce dernier retira ses vêtements de la partie supérieure du corps avec un petit gémissement de douleur. En effet, il avait plusieurs hématomes sur l'abdomen et une plaie relativement profonde faite avec une lame sur le torse. Le docteur Calano nettoya d'abord le visage de Nereo en enlevant tout le sang avant de s'occuper des plaies. Doliannah ne put s'empêcher de le fixer et il le remarqua.
-Eh bien, ma jolie, je vous intéresse ?
Adonis et Alexei se tournèrent vers la jeune Contero qui parut gênée. Nereo lui souriait, elle détourna ses yeux de lui et regarda les deux autres hommes.
-Non... je... ne vous faites pas d'illusions, bégaya-t-elle.
-Vous pouvez me regarder autant que vous voulez, Dolly.
En entendant ce surnom, Doliannah ne put s'empêcher de fixer Nereo. Il n'y avait qu'Epinda qui employait ce surnom.
-Voudriez-vous arrêter de parler, je vous prie, grogna Adonis, j'essaie de vous soigner.
Nereo s'exécuta, il se tut. Alexei s'approcha alors de la jeune serkonienne qui le regarda, détournant ses yeux du combattant.
-Mes armes vous ont-elles été utiles ? demanda-t-il.
-Très, et elles m'ont plu, répondit-elle. Votre poison est extrêmement efficace, le poignard m'a bien servi également. En revanche, pardonnez-moi, Alexei, mais l'un des trois hommes a coupé le fil d'un de vos petits gadgets quand je l'ai utilisé.
-Trois hommes ? répéta Adonis, surpris.
-Oui, Edan Ollecto n'était pas présent dans l'appartement où j'ai trouvé Nereo. Je suis d'abord allée dans leur maison mais ils n'y étaient pas. En revanche, je suis tombée sur les domestiques et les ai laissés inconscients. Deux gardes m'ont attaquée, je les ai tués, ils me menaçaient. J'ai trouvé un papier cependant, qui indiquait l'adresse d'un appartement loué récemment par les Ollecto, je m'y suis rendue et Nereo s'y trouvait, avec Feofan Invaski, Valdo et Neptalien Ollecto mais aucune trace de Edan. Nereo m'a dit qu'il était parti la veille sans dire pourquoi, les autres ne se sont pas inquiétés, ils devaient être au courant.
-Edan vous cherchera, vous deux, répliqua le scientifique tyvien. Mais qu'avez-vous fait aux trois hommes ?
Nereo échappa un rire qui attira l'attention des trois autres personnes présentes dans ce cabinet. Ensuite, il sourit à Doliannah.
-C'était fantastique ! s'écria-t-il.
-Ils sont morts tous les trois, rétorqua-t-elle.
-Donnez-leur les détails, Dolly, ils doivent savoir ce qu'il s'est passé, vous étiez tout simplement formidable.
-Eh bien, se résigna la jeune serkonienne, Neptalien est passé par la fenêtre, projeté par mon onde de choc, j'ai lutté contre les deux autres...
-Une jolie guerrière, la coupa Nereo, pour quelqu'un qui a besoin de moi, je trouve qu'elle se débrouille plutôt bien. Les deux autres n'avaient aucune chance.
-J'ai transpercé Feofan avec l'épée de Neptalien, reprit-elle sans tenir compte de son intervention, et utilisé le liquide bleu qui a empoisonné Valdo en quelques secondes, comme vos rats. Mais c'est grâce à Nereo si j'ai réussi, il a distrait Valdo pendant que je chargeais le pistolet à tubes.
-Je n'ai rien fait. Sans moi, vous auriez trouvé un autre moyen de tuer ce rat.
-Vous avez l'air de bien apprécier Doliannah, fit remarquer Alexei.
-Avez-vous déjà vu une aussi belle jeune femme aussi coriace ? demanda Nereo.
Tous les regards se posèrent sur Doliannah qui était encore plus gênée. Elle rougit.
-Jamais, marmonnèrent le scientifique tyvien et son ami le docteur.
Ce dernier finit avec le combattant puis s'occupa des plaies bien moins nombreuses et moins importantes de la jeune Contero. En face d'elle, Nereo regardait ses vêtements couverts de sang.
-Je suppose que rentrer chez moi est trop dangereux, je me trompe ? lança-t-il.
-Avec Edan Ollecto en liberté ? Évidemment, répliqua Adonis. Vous pouvez rester ici, comme Alexei et Doliannah.
-Il y aura assez de place ? demanda cette dernière.
-Dans ma réserve, il me semble avoir un matelas, répondit le docteur en nettoyant une plaie de son assistante. Je l'installerai dans mon bureau et quelqu'un devra dormir avec vous, dans la chambre.
-Vous voulez dire dans le même lit ? s'étrangla-t-elle.
-Oui mais je ne vous imposerai personne, vous choisissez.
Sur ces mots, Adonis reposa son matériel, il avait fini de s'occuper des deux serkoniens. Tous quatre remontèrent dans la maison. La carte et les dessins étaient toujours sur la table. Le combattant serkonien remit ses vêtements ensanglantés et se laissa tomber dans un fauteuil. Le scientifique tyvien prit son stylo pour faire une croix sur trois des dessins et emmena tous les papiers dans le bureau. Ensuite, le docteur et lui allèrent chercher un matelas dans la réserve du cabinet, qui était une assez grande pièce.
-Donc je vais devoir rester avec vous pendant une durée indéterminée pour vous apprendre à vous battre, dit Nereo. Mais puis-je connaître la raison de... qu'allez-vous faire de telles compétences et de vos pouvoirs ?
-Tout d'abord, répondit Doliannah, je vais commencer par venger ma meilleure amie puis je compte devenir un assassin qui luttera pour des causes justes, pour le bien de notre île et pourquoi pas au-delà de Serkonos.
-Comment avez-vous eu la marque de l'Outsider ? Puis-je la voir ?
Doliannah retira un de ses gants pour la lui montrer. Tout comme l'avait été Alexei, Nereo fut bouche bée et garda les yeux rivés dessus.
-Il y a quelques jours, raconta la jeune Contero, j'étais encore domestique avec ma meilleure amie, Epinda, nous rêvions de partir d'ici. Pour avoir les moyens de quitter l'île, elle s'est mise à voler mais l'un des objets qu'elle a trouvé était extrêmement rare et Epinda a été assassinée sous mes yeux. J'ai tenté de rattraper son meurtrier mais il était armé, pas moi. Le docteur Adonis m'a sauvée et pendant que j'étais inconsciente pour lui, j'ai reçu la visite de l'Outsider. À mon réveil, j'avais la marque ainsi que des pouvoirs. Alexei est un ami d'Adonis qui nous a rejoints pour fournir l'équipement.
-Navré pour votre amie, répliqua-t-il. Vous deviez vraiment l'apprécier pour avoir envie de devenir un assassin pour elle. Avec moi, nous sommes trois hommes qui vous aident, vous seule, à venger la mort d'une personne.
-Mais comme je vous l'ai dit, une fois qu'Epinda sera vengée, je ferai tout mon possible pour changer Serkonos, comme Daud et le Félon masqué l'ont fait pour Dunwall.
-En tuant des centaines de personnes. Voilà une idée me plaît, cette île aurait bien besoin de changements. Je vous aiderai, je ferai donc partie de votre équipe de choc.
Doliannah laissa échapper un petit rire qui fit sourire Nereo.
-Pardonnez-moi pour mon indiscrétion, jolie guerrière, mais quel âge avez-vous ?
-Ce n'est rien, nous faisons équipe désormais, répliqua-t-elle. J'ai vingt-trois ans.
-Vous êtes si jeune. Je n'ai qu'une petite dizaine d'années de plus que vous.
À ce moment, Adonis et Alexei firent irruption, portant tous deux un fin matelas. Ils traversèrent le salon et entrèrent dans le bureau du docteur, où ils le déposèrent. Ensuite, Adonis alla chercher une couverture qu'il posa sur le matelas puis avec son ami tyvien, ils vinrent se joindre aux deux serkoniens blessés.
-Même si je dois rester dans votre maison, Adonis, il me faudra récupérer des affaires. Je ne peux pas garder ses habits ensanglantés indéfiniment.
-Assurément, acquiesça le docteur. Je m'en chargerai cet après-midi.
-Laissez-moi faire, lança la jeune Contero. Si Edan Ollecto le cherche, il ira chez lui, je préfère m'en charger moi-même.
-Et je viendrai avec elle, pour l'aider et prendre ce que je veux, ajouta Nereo.
-Hors de question ! objecta le docteur. Vous ne devez pas être vu et vous n'êtes pas en état...
-Détrompez-vous, je me sens bien, l'interrompit le combattant. Je peux marcher, parler et réfléchir, mon état n'est donc pas déplorable. Nous serons discrets et prudents.
-Êtes-vous d'accord, Doliannah ? demanda Alexei.
-Un coup de main n'est pas de refus, répondit celle-ci. Et puis, je ne saurai quoi prendre sans lui.
La décision fut donc prise. Alexei et Adonis n'étaient pas d'accord mais Doliannah l'était et insisterait s'ils continuaient de refuser. Elle irait donc avec Nereo chercher des affaires de ce dernier chez lui, après le déjeuner.
Peu après, la jeune serkonienne se rendit dans la cuisine pour préparer le repas, le combattant la rejoignit.
-Que faites-vous ? questionna-t-elle.
-Je vous aide, vous avez dit qu'un coup de main n'était pas de refus.
-Tant que vous n'êtes pas une catastrophe en cuisine...
Pendant que ces deux serkoniens blessés préparaient le repas, Adonis et Alexei mettaient la table puis s'assirent à celle-ci. Ils restèrent silencieux un moment, entendant les rires de Doliannah et Nereo depuis la cuisine.
-Elle semble l'apprécier, lança le scientifique tyvien.
-Lui aussi, répliqua le docteur.
-Je ne suis pas certain que la laisser partir avec lui soit une bonne idée. Edan Ollecto sera rapidement au courant du destin tragique qu'ont connu son frère, son cousin et son ami. Une fois qu'il saura, il cherchera Nereo, peut-être le fait-il déjà.
-Malheureusement, nous n'avons pas de pouvoirs et nous ignorons ce que veut Nereo. Il pourrait nous le dire mais si Edan se trouve chez lui, nous ne pourrons pas nous défendre. Et nous ne pouvons pas tous y aller, nous attirerions l'attention. J'ouvrirai mon cabinet cet après-midi, fais ce que tu veux.
-Je ne pense pas qu'elle puisse se défendre face à Edan Ollecto qui affrontait Nereo dans les tournois. Surtout qu'elle s'est déjà battue aujourd'hui.
-Doliannah insistera si nous refusons, soupira le docteur.
-Ou elle ira quand même...
Peu de temps après, Doliannah et Nereo apportèrent le repas et s'assirent pour commencer à manger avec Adonis et Alexei. Le déjeuner fut court, et une fois terminé, le docteur descendit travailler, le scientifique se pencha sur de nouveaux croquis et les deux serkoniens blessés sortirent. Après s'être équipée, Doliannah emmena Nereo avec elle sur le toit du bâtiment qui faisait face à la maison d'Adonis.
-Dans quelle direction devons-nous aller ? demanda-t-elle.
-Si vous voulez bien me suivre, Dolly, répondit le combattant serkonien en passant devant elle.
Tous deux marchaient sur les toits, la jeune Contero les faisaient passer d'un toit à l'autre lorsque c'était nécessaire. À chaque fois, le combattant était impressionné.
-Lorsque je me téléporte avec vous, je pense avoir vos pouvoirs, dit-il.
-Croyez-moi, ce n'est pas si simple de transporter quelqu'un avec moi, répliqua-t-elle. Je trouve que la téléportation est plus lente et il m'est difficile de vous tenir. Qui sait ce qu'il se passerait si je venais à vous lâcher ?
-Je préfère ne pas savoir.
Nereo marchait devant, il guidait Doliannah vers sa maison. Parfois, il s'arrêtait pour regarder les rues et les bâtiments, il ne connaissait pas le chemin par les toits. La jeune serkonienne ne cessait de le regarder, le combattant le savait.
-Excusez-moi, mais, que vous ont-ils fait ? demanda-t-elle alors qu'il se penchait dans le vide. Je pensais qu'ils seraient plus durs avec vous mais vous êtes en pleine forme.
-Les Ollecto ne sont pas mes amis mais je doute qu'ils souhaitaient ma mort, pas jusqu'à présent. Pendant le dernier tournoi, j'ai humilié Edan, il voulait probablement m'humilier. Maintenant que vous avez tué son frère, son cousin et son ami, je doute qu'il veuille me laisser en vie. Enfin, cela ne répond pas à votre question, finit-il par ajouter en lui faisant face. Mon visage et les blessures que vous avez vues peuvent vous apporter une réponse. Ils m'ont battu à mains nues, parfois avec des objets, ils se sont servi de leurs épées plusieurs fois, m'ont craché dessus, ont bien ri... Je suis content que vous ayez pu me sauver avant qu'ils ne me fassent d'autres choses bien plus atroces.
-Je suppose que ces salauds vous ont laissé attaché pendant trois jours, n'est-ce pas ?
-Oh ! s'exclama-t-il avec un petit rire. Je suis certain que vous ne parlez pas comme cela devant tout le monde. Oui, évidemment, ils savaient le danger que je représentais pour eux. Je n'ai pas pu boire, manger ni bouger pendant ces trois nuits mais vous êtes arrivée le matin du troisième jour. Sans parler du fait que je devais supporter leurs têtes infectes ! Heureusement que c'était vous ma sauveuse, Dolly, votre beau visage et vos compétences m'ont charmé.
-Et après tout cela, vous voilà en face de moi, debout, en pleine forme. Je vous admire, Nereo.
Ce dernier sourit puis ils se remirent en chemin.
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