Il faut que je me fasse à l'idée qu'il n'existe aucune chance que mes anciens élèves se soient améliorés : la vie commune les a certainement gâchés, et ils vivent à présent au minimum de ce qu'ils auraient pu être. Certains d'eux, les meilleurs, me paraissaient alors une promesse, et j'ai gardé un souvenir affectueux et tendre de leur visage et de leur forme naïve d'ouverture : or, si je les croise des années plus tard, je reconnais bien ce visage, mais je crois y distinguer la médiocrité de l'existence normale qui emporte et lénifie, et j'ai trop peur de les découvrir. C'est pourquoi, je dois m'épargner une déception nécessaire en me résolvant à ceci : je les ai connus au meilleur de leurs efforts, notamment parce que c'est moi qui les exigeais.