Il faudrait vérifier si les reproches qu'on fait en généralités à l'autre sexe ne proviennent pas en majorité d'un défaut de soi qu'à travers ses différents couples le partenaire a chaque fois remarqué. En effet, que connaissons-nous de l'autre sexe sinon les rapports conjugaux qu'on a entretenus avec lui et lui constituant toute notre assiduité ? Une femme particulièrement frigide ne trouve-t-elle pas, par les hommes qu'elle a fréquentés, que tous sont sexuellement obsédés, et un homme spécialement désordonné ne conçoit-il pas toutes femmes comme des maniaques de rangement et de propreté ? Ainsi, on extrapole avec abus des failles qui font notre différence ; c'est pourquoi un conseil avisé d'amélioration serait de songer premièrement aux imputations qu'on adresse à l'autre sexe pour comprendre non seulement où l'on manque à le satisfaire mais quels sont ces défauts si humiliants et prégnants en soi qu'on les écarte au point de les ignorer et qu'on les inverse jusqu'à les retourner contre autrui. Si l'on doute de ce mécanisme comme trop « intellectuel », qu'on considère en pratique la logique suivante, et qu'on juge si elle n'a aucune chance de se réaliser : on incommode un premier partenaire par tel vice qu'on refuse de s'admettre ; au second partenaire qui signale ce vice, on commence à supputer combien l'autre sexe est susceptible à cet endroit et anormal par rapport à soi, parce qu'en prenant en référence ses propres usages, il est plus aisé de se reconnaître quelque appartenance catégorique que de s'engager à se corriger.