Dégoût d'un homme vieilli
Tant qu'une femme éprouve dans son corps le désir de la possession, et tant qu'elle voit dans un homme en particulier l'autorité notamment physique qui lui offre l'abandon au plaisir, alors elle estime que sa soumission aux volontés puissantes de cet homme lui est jouissance, et, dans la sexualité, elle exprime la docilité parce qu'elle reconnaît l'autorité de ce partenaire. Si en quelque manière elle s'humilie pour lui plaire, elle se justifie sa servilité par le plaisir qu'elle trouve à servir un mâle qui la domine : la supériorité de cet homme lui fait une décomplexion, parce qu'elle sent une satisfaction à se livrer à qui l'utilise avec la force qu'elle lui attribue et dont elle se sent honorée, et c'est largement de cette représentation que l'orgasme lui point.
Mais l'homme changera, il changera physiquement et au regard de la femme, parce que leurs corps mêmes à tous deux changeront.
D'une part, l'âge fera perdre à l'homme une autorité autrefois émanée de sa vigueur physique, parce qu'en cette condition la femme ressent quelque pitié pour un homme atténué : certes, il n'y a plus autant pour elle de fierté à se savoir prise par un homme dont la puissance corporelle et souvent mentale a diminué. Le fantasme d'une femme jeune se destine rarement à l'endroit d'un homme âgé, parce qu'elle se voit moins d'avantages à se soumettre à qui ne lui représente pas une domination physique.
D'autre part, cette femme en vieillissant éprouvera moins le désir de la soumission, sa mentalité s'étant peu à peu réservée, par résistance et par hormones, quant aux assauts brutaux, et c'est ainsi qu'elle se comprend moins, que rétrospectivement elle se découvre une aberration, et que, plus le temps passe, plus elle juge avec incompréhension cette jeune femme qui avait des fantasmes différents du sien. Il lui devient plus simple de se figurer avoir été sous l'emprise d'une volonté extérieure et oppressive tant son ancienne volonté se rapporte de moins en moins à la sienne actuelle.
Elle ne sait plus ce qu'elle a aimé dans la possession, elle l'a oublié avec opportunisme pour sentir sa cohérence, elle éprouve une étrangeté croissante puis une honte mêlée de dégoût à la vision de cet homme et de ce qu'elle a fait avec lui, et il lui devient sûr et su qu'elle ne peut avoir consenti à ce qu'aujourd'hui elle réprouve, notamment d'un être qui ne lui représente plus un sentiment de charisme et d'envie. La décroissance à la fois de la puissance de cet homme et du désir de sexualité de cette femme crée en elle cette conclusion : il faut que ce mâle ait abusé d'elle, car de toute évidence elle ne peut l'avoir désiré, non seulement parce que son fantasme n'est plus, mais parce qu'en regardant cet homme elle éprouve combien il est impossible qu'elle l'ait souhaité.
On dispose là d'une logique qui, sans démontrer pour autant qu'il n'y a pas eu en effet un abus ou un viol, nuance leur dénonciation et peut expliquer les conditions d'une fabrication de l'accusation. Or, dans une société qui veut transformer la plainte en présomption de victime, et notamment de telles plaintes si morales et tabou, le moyen pour l'homme de prévenir la venue d'un tel retournement calomnieux est duel : ou qu'il parvienne à conserver jusqu'au bout de sa vie une puissance qui en fasse toujours un objet de fantasme éhontée et contre lequel aucune femme n'aura honte de ce qu'elle en fit, ou qu'il n'ait seulement jamais joui d'une femme plus jeune dans des gestes de possession dure et de soumission d'elle. Hormis cela, il sera toujours acculé contre celle qui prétendra qu'elle ne peut avoir aimé ça et avec lui, sur le double constat irréfragable de ce qu'elle est devenue et de ce qu'il est devenu.
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