Une analogie sur le climat

On fait remarquer à un homme, avant qu'il ait eu des enfants, que la taille de ses arrière-petits-fils dépendra de son régime alimentaire présent : s'il se nourrit désormais en respectant certaines contraintes, sa descendance, lui dit-on, sera plus grande. Il ignore pourquoi on admet si facilement autour de lui que c'est un tel avantage d'être grand, et il ne sait pourquoi on taxe d'inhumanité ceux qui ne souscrivent pas à cette idée ; il se demande aussi à quoi il sert d'avoir des descendants moins petits puisqu'il lui paraît qu'on peut avoir une vie agréable sans atteindre la mesure d'un géant ou même en « diminuant » d'un peu par rapport à lui ; il doute enfin des assurances « scientifiques » qui ont sans cesse montré leurs failles en matière de prédiction mais qui prétendent établir avec une précision stupéfiante ce que serait la taille de son arrière-petite-fille s'il ne prend dès à présent conscience de « l'urgence de la situation ». Concrètement, tout ceci signifie que notre homme s'interroge s'il est bien raisonnable de s'interdire de manger une plaisante variété d'aliments sur le fondement d'allégations de savants pleins de « consensus » et qui ont rarement fait la preuve de facultés réalistes, au prétexte de réduire la baisse, pourtant déjà admise pour partiellement inéluctable, de la taille de l'humanité de onze millimètres d'ici 2086.

Et l'analogie n'est pas mauvaise : la taille d'un individu aussi bien que la température terrestre dépendent d'un nombre si élevé de facteurs mal établis qu'imputer à l'un d'eux, parmi des centaines, une importance prédominante, relève tout bonnement du charlatanisme, et c'est ce que tout esprit dignement scientifique doit admettre avec évidence et honnêteté.

Je n'ai cure, si l'on m'entend bien, que la Terre se réchauffe de quelques degrés ; je ne juge pas l'hypothèse probable, notamment selon mes données psychopathologiques, et n'ai de toute façon pas engendré des enfants pour qu'ils soient absolument heureux mais pour que mon couple le soit : je leur ai donné la vie, c'est assez pour qu'ils se débrouillent avec le temps qu'il fera, et je ne me sens tenu de garantir la météorologie ni pour leur époque ni pour celles de leurs enfants, pas davantage que mes parents ne se sont souciés que le pétrole soit sur la planète en quantité limitée. Il incombe à chacun de se débrouiller des conditions en lesquelles il existe et de ne pas réclamer contre ses aïeux qui peuvent avoir eu assez à faire de leurs difficultés. C'est même justement de quoi rendre entreprenant et actif au lieu de s'épancher en jérémiades sur ce que le moment est difficile : chaque génération avant l'époque contemporaine, sans exception, a connu des douleurs inédites et des défis particuliers à relever, et il a toujours fallu déployer un esprit d'initiative afin de les résoudre ; c'est, à bien réfléchir, uniquement par ce processus que l'espèce humaine s'est développée en ingéniosité et en invention, le besoin de trouver des solutions constituant le moteur même de l'évolution. Je ne crois donc pas vouer mes enfants à une mort certaine ni témoigner d'une mentalité criminelle en les incitant à réfléchir par eux-mêmes, notamment en leur donnant l'exemple d'un esprit qui ne se fie pas aveuglément à des « spécialistes » infalsifiables au sens de Popper et qui ont tant prouvé leur incompétence ; et je n'estime pas, en la perspective où ces intelligences auraient raison, que l'abandon de deux ou trois degrés reviendrait de ma part à l'effet d'une condamnation monstrueuse et inexorable.

Mais surtout, comme dans mon analogie initiale, je ne me représente pas le mécanisme par lequel la restriction de mon mode de vie aurait l'influence désastreuse que des alarmistes figurent, cependant que nombre de faits tendent à démontrer la déficience de ce rapport : je ne proportionne pas les choses comme nos « références » veulent les établir, et me crois appartenir à une comparable « élite », donc pas inférieur à elles, qui a assez compris comment et pourquoi de telles conjectures se fabriquent. Pour imposer un régime drastique, au moins faut-il que des données soient sûres, c'est-à-dire en l'occurrence que mon comportement individuel ait bien un impact sur le climat – ou sur la taille de ma descendance –, démonstrations qui, si l'on ne se fie à aucune des formes de persuasion que dénote l'absence même de toute modalisation dans les discours officiels, sont pour l'heure passablement médiocres et controuvées.

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