Des femmes maîtresses sans sympathie

L'esclave tombe rarement amoureux de sa maîtresse : il peut vouloir en pensée se venger d'elle ou la transfigurer en la rendant meilleure, mais il ne saurait l'admirer assez pour l'aimer durablement, et ses engouements pour elle ne sont au mieux qu'impulsions. C'est notamment que la rudesse de la femme comporte quelque chose de castrateur qui bannit l'affection, tandis que l'esclave, comme tout humain, a besoin de s'estimer, ce qu'il ne peut faire qu'en rapport avec le travail qu'il fournit. Comment pourrait lui plaire celle qui ne fait qu'ordonner, encore que de méchante humeur, lui qui n'accorde son respect qu'à ceux qui agissent, puisqu'il ne peut se targuer que de cela, et qui agissent même plutôt avec agrément ou placidité ? Qui s'enferme au rôle du maître malingre et aigre à défaut d'être en capacité d'accomplir, attire le dédain des subalternes qui ont nécessité à sentir la supériorité dans le faire. Il est ainsi toujours nécessaire pour un commandant de prouver sa compétence par un exercice concret de ce qu'il ordonne.

Il faut insister : une femme froide, pincée, rancunière, autoritaire, sinistre, ne saurait, si elle est surtout inactive, bénéficier d'avantages relatifs à ces termes d'autorité qui passent bien en d'autres circonstances pour des vertus de contrôle ; c'est que la maîtrise suppose le savoir-faire, tandis qu'on s'érige souvent en maître seulement par faiblesse de l'esclave sans en avoir acquis le droit moral ni avoir constitué un exemple. Une telle femme n'acquiert qu'une virilité de posture qui est tout ce qui dégoûte ou encombre un homme, esclave ou maître, parce qu'à défaut de former une auxiliaire efficace, on demande au moins d'une femme (ou d'un homme) qu'elle soit décorative, c'est-à-dire d'une certaine fraîcheur ou de quelque enjouement, ce qui, même chez l'esclave, peut constituer ses récompense et satisfaction.

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