J'ai fini par comprendre que ceux qui tiennent à la « bonne manière » de faire les choses, qui est toujours leur manière, ou la manière familiale ou traditionnelle, ainsi qu'une manière qui correspond à des procédures surtout absurdes, sont en fait des gens habitués à ne rien faire, du moins à faire en dilettante, et qui, par conséquent, n'ont jamais reçu l'idée de performance. C'est toujours celui qui tond peu sa pelouse, ou la femme de celui-ci, qui réclame que les lames soient chaque fois nettoyées à la brosse à dents. Ceux qui ont beaucoup à faire ne se préoccupent pas de manières décoratives, ils n'ont pas à se donner à faire des choses inutiles, ils n'agissent par exemple selon un certain ordre que si cet ordre est le plus rapide ou le plus efficace, et c'est pourquoi ils sont pratiquement organisés et s'empêchent de ranger la cuisine avec les symboles et l'illogisme de la plupart des Contemporaines. Il est fréquent dans un couple que l'un reçoive l'accusation de ne pas faire les choses « comme-il-faut », mais quand cette manière ne permet pas de réaliser l'action mieux que d'autre manière, c'est seulement l'excuse de l'autre pour se sentir une autorité et un contrôle. Il est commun que ceux qui insistent pour qu'une réalisation prenne telle forme manquent tout simplement d'imagination et se contentent de se fier à des routines, quitte à les imposer à leur entourage. Il faut pourtant maintenir le diagnostic : ce sont des gens qui, au surplus de faillir en initiative et d'imposer mal à propos leurs volontés, sont peu fatigués d'agir pour ce que, fondamentalement, ils sont peu accoutumés à agir.