Résultat électoral insubtil du Contemporain peu fin
L'issue du premier tour de l'élection présidentielle confirme comme le Contemporain est psychopathologiquement polarisé, pour ne pas dire vulgaire, pour ne pas dire caricatural, et pour ne pas dire illettré (car il faut de la finesse pour sélectionner et entreprendre un vrai livre) : ou il s'estime content d'un mandat d'imbéciles caractérisés parce qu'il en est un lui-même et qu'il veut à tout prix s'estimer « dans le Progrès » et s'affranchir du douloureux Regret ; ou mécontent, il se contente de donner son suffrage au plus patent régime d'opposition qu'il peut trouver à défaut même de consulter les positions d'intermédiaires moins insubtils, et comme en l'occurrence il y en eut deux, ce sont ces deux-là qui récoltèrent leurs voix. Vraiment, il faudra se souvenir de cette criante leçon à l'avenir, si simpliste soit-elle : c'est ou le gouvernement, ou ses détracteurs ostentatoires ; pendant longtemps, les sondeurs ne devront pas chercher plus de complication ni craindre pour leur fiabilité. Un peuple incapable de se pencher sur des critères, c'est-à-dire de promouvoir l'art, n'a rien à faire avec la spiritualité véritable et l'esprit critique de la nuance, et il est vain de lui proposer douze ou vingt candidats, car il n'en faut, comme on l'a vu, que deux ou trois pour concentrer à peu près tous ses votes. Peut-être même la faculté du Français à changer d'opinion est-elle à présent si infime et atrophiée que son bulletin est en fait toujours le même : ce serait intéressant, même capital, pour analyser ses aptitudes à quelque souplesse intellectuelle, à une moindre dialectique, de vérifier si, d'une élection à l'autre, son vote ne reste pas exactement identique de façon à s'épargner le pénible sentiment d'avoir eu tort la fois précédente ; ainsi, la différence d'un scrutin à l'autre ne dépendrait pour l'essentiel que du nombre de décès et de nouveaux inscrits parmi les électeurs et les candidats. Si c'était confirmé, à peine serait-il nécessaire de pousser les citoyens aux urnes : par soustraction et par addition on saurait prévoir le résultat, et il ne suffirait que de tâcher à influencer perpétuellement la génération nouvelle pour les scrutins à venir, de manière que, non à court terme mais dans quinze ou vingt ans, le temps qu'une génération s'installe, on change un peu d'habitude. Oui, mais même ainsi il faudrait supposer que la jeunesse est susceptible de recevoir des conseils nuancés et de prendre des décisions subtiles, c'est-à-dire de ne pas strictement s'en tenir à l'esprit vaguéal du temps qui court ; or, rien ne permet de supposer une révolution pareille dans la mentalité de celle que nous avons aujourd'hui.
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