Quel péril imbécile, et décidé sans aucun esprit de conséquence, que cette résolution de la Commission européenne de livrer des armes lourdes à l'Ukraine au nom de l'OTAN ! Il ne vient à la pensée de personne qu'une idée collective n'acquiert aucune justification au prétexte qu'elle est poursuivie par plusieurs ! On dira seulement, à la fin, comme toujours : « Puisque tous les membres étaient d'accord, nous n'avons pas particulièrement de responsabilité dans ce choix, nous nous sommes contentés de faire ce que chacun, semble-t-il, en regardant ses voisins estimait le meilleur ! » (la France n'a pas procédé autrement s'agissant de résoudre l'épidémie de Covid-19.) Il appert que personne, absolument personne, n'a vraiment regardé à la manière pratique dont on allait réaliser ce plan de livraison d'armes : il suffit qu'on ait paru en heureuse concorde avec tous les « bons » de ce conflit, qu'on ait prétendu agir quoique d'une veule façon de sorte qu'aucune nation ne soit particulièrement accusable de rien, et qu'on ait feint d'ignorer que, pendant huit ans, l'Europe et l'OTAN ont laissé sciemment mourir 14.000 Ukrainiens dont une majorité de civils dans le Donbass faute de seulement avoir reconnu, malgré les nombreux insistances et appels à l'aide, l'autonomie de ces régions ainsi que de la Crimée, pour pouvoir « à bon droit » se lamenter que la guerre russe, avec ces moins de 200 morts du côté ukrainien, est vraiment une horreur sans nom. Tout cependant, l'Europe assèche délibérément les finances de la Russie, et le rouble grâce à elle entame sa spectaculaire inflation... contre qui ? Ce ne sont ni Poutine ni ses ministres, que je sache, qui en pâtiront : c'est le peuple russe qui en souffrira – mais c'est une guerre économique, alors ça va ; on peut tuer des peuples, ça oui, à condition qu'on ne tire pas une balle ou un missile.

En attendant, qu'on me dise clairement que quelqu'un a répondu à l'un de ces questions, et je serai bientôt rassuré : qui livrera ces armes et ces chars d'assaut à l'Ukraine, et où ?

Pas en Pologne certainement où l'armée russe par le Nord s'adosse déjà pour prévenir la retraite ukrainienne. Par la Roumanie, dit-on : il faudra alors très habilement veiller à ce que ces livraisons n'aient pas de Français pour livreurs, ou ce serait une déclaration de guerre, mais ceci peut encore se faire ; seulement, croit-on que les Russes soient assez stupides qu'après ces révélations ils n'aillent bientôt se mettre en devoir de couvrir les frontières de Roumanie pour empêcher tout transfert de ce type ?

C'est bien une idée excellente que ces livraisons déclarées, ostensibles, belliqueuses ! Grâce aux déclarations de Mme Van der Leyen qui a la curieuse attitude de communiquer tout publiquement des stratégies de guerre mais qui refuse de rendre publiques ses conversations avec le PDG de Pfizer, que seront forcées de faire les troupes russes ? Eh bien ! tandis qu'elles se tenaient assez éloignées des frontières, et notamment de la Pologne pour prévenir l'Incident susceptible d'entraîner des représailles et d'incontrôlables réactions en chaînes, elles devront s'en approcher au contraire pour annihiler les tentatives de livraison européenne ! Si l'on ajoute que cette décision est sans doute largement commanditée par les États-Unis et qu'il s'agit du seul pays qui, à l'abri derrière deux océans, ne risque à peu près rien à de telles provocations, on trouvera que c'est le comble de la misère de se laisser entraîner à de si infantiles imitations : « Ce n'est pas la France qui organisa cette bêtise, non ce n'est pas moi, mais c'est l'OTAN et l'Union européenne ! Il nous fallait être solidaires, etc. » – on sait où cela mène, où cela a déjà mené.