Bêtise automne

Je ne sais si j'aime l'automne : les feuilles roussies et moribondes des arbres m'évoquent ces pensées qui tombent indolemment de mon esprit et dont quelquefois je ne parviens plus à remonter la source, abruptions terribles d'idées insurmontablement perdues, détestablement remisées dans quelque scandaleux et désespérant oubli de ce qui a atrocement trouvé, quelque part en loin, sa place juste, en se fondant naturellement à des strates pourrissantes d'un terreau négligé, comme un sol végétatif et humide en moi, inconscient humus dont je voudrais ne pas receler ; m'évoquent ce cliché de la saison de la mélancolie, banal et stérile, provoquant ma haineuse défiance, tandis qu'un émoi envoûtant de profonde, d'incurable, d'appelée solitude, ainsi que de feu d'hypnose et dansant dans l'âtre fuligineux, m'étreint qui m'atterre de nouveau de platitude que je préfèrerais agonir en la chassant d'office ; m'évoquent de fines jambes de femmes, alertes et fuyantes, aux manteaux charmants de fourrure chattemites, couvertes de bas et dont l'élégante parure est prétexte à de subtiles et putassières orgies ; m'évoquent une chaleur et un réconfort idéaux, lointains, puérils, disparus, diluviens, illusoires, comme issus d'étrange atavisme spécieux, mensonges attirants et écœurants tels des nostalgies d'écolier dont il faudrait mieux régler le sort au révolver que laisser entretenir cette si indécidable et fangeuse bêtise commune. J'ai surtout en automne, typiquement, l'esprit vaguéal de paralysie, comme lorsque la sève se fige, imprégné sans doute par l'omniprésente décomposition perceptible dans l'air, sans même beaucoup songer aux pluies dégoûtantes et brumeuses intoxiquées de l'odeur âcre des cheminées des gens qui, ensemble, m'étourdissent et me recentrent, qui m'incitent à fuir en moi-même cette détestable fermentation d'êtres qui croupissent d'inutilité devant des pierres en des conversations d'imbéciles ; je tends alors à m'y percloir, d'un ennui qui est peut-être également un délassement de bête ou de caverne, ou peut-être une excuse à se laisser gagner par la torpeur ordinaire, un abandon stupide et une hibernation d'animal, ou peut-être avec ça une régénérescence, retraite et préparation avant la reviviscence, mais qu'une obstination de remuement sourd, alanguide, fermement rationnelle et adulte en moi, brutal et injurieux, exige d'interrompre et de briser à grandes volées de claques intérieures battant en sursauts pour me rebattre les sangs et me faire recouvrer l'initiative et la vitalité au lieu de tant de laisser-aller digne de mépris – adonc j'écris sur l'automne ou autre chose que je ne sais vraiment si j'aime.

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