Chapitre 8 Tremblement
- Nous sommes dans une impasse...
Benedictus était rarement aussi pessimiste. Il tournait en rond devant Toma qui ne comprenait pas les dires de son maitre. Planté droit comme un piquet dans la bibliothèque personnel de Benedictus, il attendait patiemment la suite du plan de maitre. C'était du moins ce qu'il pensait avant d'arrivée dans la pièce. L'archevêque l'avait fait demandé juste après sa visite auprès d'Hamza.
Depuis qu'il avait appris que le prêtre Ombre avait été le "démon" qui avait ensorcelé son frère, il ne souhaitait qu'une seule chose, le torturer pour tout ce qu'il avait fait. Après tout il lui avait voler son frère, en quelque sorte sa vie, et puis... son cœur. Toma était lui même en proie à une douloureuse torture, celle d'un amour à sens unique.
Comment puis je admirer cet homme qui m'a tout volé... pensa brièvement Toma avant de revenir sur l'Archevêque .
- Pourtant vous m'aviez dit que vous aviez trouvé la solution pour le faire revenir vers la Lumière? Je ne comprend pas!
Benedictus eut un rictus défaitiste. Il caressa les livres de sa bibliothèque, puis s'arrêta brusquement.
- Pour combattre le mal, il faut apprivoiser le mal... Je ne vois plus que cette solution...
- La Lumière n'était pas assez forte pour le faire revenir vers nous?
Benedictus sourit à son élève, comme s'il se moquait de cette naïveté. Il pencha vers l'avant un ouvrage sur lequel il s'était arrêté. Puis un cliquetis résonna dans toute la pièce, avant qu'un mécanisme se mette en marche et qu'une partie du rayonnage de la bibliothèque ne s'ouvre.
Toma, hébété, regarda la bibliothèque bouger d'elle même.
- Toma... Mon cher Toma, je me dévoile un peu devant toi. Je sais que tu es digne de confiance... Laisse moi te montrer le chemin.
Benedictus attrapa une torche qu'il alluma. Les flammes illuminèrent le visage de l'Archevêque un bref instant . Toma fut troublé, car au lieu de voir la face d'un homme dévoué à la Sainte Lumière, il crut apercevoir dans son regard quelque chose de maléfique. Il se frotta les yeux, les cligna pour retrouver une vue normale, puis regarda de nouveau son maitre. Celui ci était redevenu ordinaire, un vieil homme dont le temps avait fait quelques ravages sur sa peau.
- Viens, descendons, je dois consulter des ouvrages, disons plus obscur...
- Maitre?
- Fais moi confiance, si je te montre ceci , c'est que je n'ai aucune doute sur toi...
Benedictus avança sa main vers les escaliers dérobés avant de poser un pied sur la première marche. Il se retourna vers Toma l'invitant du regard à le suivre. Le jeune prêtre lui emboita le pas non sans crainte.
L'escalier était en colimaçon, avec une corde de marin en guise de rampe. Toma s'accrocha à elle, comme un capitaine de bateau pourrait s'accrocher à la lumière d'un phare dans une nuit sombre et tempétueuse. Benedictus était plus en avant et marchait avec aplomb. Il se mit à parler.
- La Sainte Lumière est là pour nous guider, mais il arrive parfois qu'elle ne soit pas le remède à certains de mes problèmes. J'ai , lors de mes nombreux voyages, commencé une collection de livres et grimoires afin de m'apporter quelques solutions à d'épineuses difficultés.
Toma l'écouta sans dire un mot. Il avait l'impression que Benedictus se justifiait d'avoir un tel secret.
- Au cours de l'un de mes déplacements, j'ai trouvé un livre très intéressant... Mais profane! Je ne pouvais décemment pas le mettre dans ma bibliothèque que tu connais bien.
Toma se retourna de réflexe vers l'entrée du passage secret. Il subsistait juste une petite lueur depuis sa position. Il avait l'étrange impression de tomber dans un piège, comme un vulgaire papillon qui se serait collé dans la toile gluante d'une araignée.
Soudain, sa tête fut douloureuse. Une migraine d'une rare violence envahit tout le crane. Il hurla en guise de réponse à cette attaque. Il se prit la tête en étau avec ses mains, priant de toute ses forces pour que la douleur disparaisse... En vain, la Lumière ne semblait pas lui répondre.
- Archevêque!!! s'écria Toma désespéré
- Tu sais Toma, je t'ai longtemps observé... J'ai mis un certain temps à comprendre de quel coté tu étais.
- Arrgggg!!! Je vous en prie, j'ai mal, je ne sais pas ce qu'il m'arrive!!!
- Nos maitres ne m'avaient pas spécialement envoyé de message te concernant... Alors j'ai du me débrouiller seul. Et j'ai eu raison de faire confiance à mon instinct.
Toma entendit le bruit d'une porte qui se refermait, doucement, lourdement. Il devina alors que c'était le passage qui se refermait. Malgré la douleur, il commença à remonter les marches, s'agrippant au plus fort à la corde. Plus il montait, plus la lumière baissait d'intensité, puis soudain le noir complet. Toma sanglota alors, comprenant qu'il était pris dans un traquenard, avant qu'une Lumière si éblouissante le fit tomber soudainement à la renverse.
Quand Toma ouvrit ses yeux, il était dans une petite pièce, dont les murs croulés de livres en tout genre. Au centre, un ambon présentait un livre ouvert dont Benedictus caressait délicatement les pages. Il voulut se relever du sol, mais se trouva brusquement allongé de force sur un autel. Il agonisait d'un mal qui semblait maintenant ronger tous les os de son corps. Les murmures, qu'il avait réussi jusqu'à présent à s'en défaire, s'imposèrent dans son esprit, nourris d'une puissance nouvelle.
Toma tourna la tête vers Benedictus qui levait les mains vers lui, et psalmodiait des mots étranges, déroutants, des phrases incompréhensibles au premier abord, qui subitement prirent tous leurs sens dans la tête du jeune prêtre. Il hurla encore plus fort quand il fut envahit par une force dévastatrice, gagnant en intensité qu'elle en était difficilement supportable . Une force qui allait de dévorer. Il était en train de perdre le peu de raison qui subsistait en lui.
- Haaa, je vois, Il est en toi, tu es l'un de ses messagers. Je l'aurai jamais deviné... heureusement les rumeurs et bruits de couloirs m'ont amené à toi. Toi qui était sujet à des cauchemars et des murmures ... C'est le début de la fin et le début d'une nouvelle ère. Et tu vas m'y aider... A travers, je vais toucher mon but.
A travers toi, nous allons renaitre! Grace à toi, nous allons régner de nouveau sur Azeroth !
.......
Toma hurla. Puis il cligna des yeux, découvrant le plafond d'une pièce qu'il reconnut immédiatement. Il devina qu'il était dans sa chambre grâce aux boiseries qui bornaient de part et d'autres le plafonnier. Fiévreux et transpirant, il se releva malgré tout. Dehors, les oiseaux sifflotèrent près de sa fenêtre avec l'aube naissant. Il était sain et sauf et il n'avait plus mal.
Il s'essuya le front, et soupira de soulagement.
- Monsieur Toma?
Un homme était rentré dans sa chambre avec mille précautions. Wilfried le majordome de la maison l'avait surement entendu hurlé.
- Pardon Wilfried, encore un cauchemar...
- Encore un...
Il s'approcha doucement, et caressa la tête du jeune maitre.
- La Croisade Écarlate ?
- Non, pas cette fois ci
Il sourit à cette main protectrice, et inspira tranquillement. La présence de Wilfried le rassura. Il ne délirait plus, il en était certain. Après avoir repris quelques peu ses esprit, une chose se mit à le tourmenter, et une question lui brula les lèvres. Comme pour se rassurer, il la posa à l'homme de confiance en face de lui :
- Suis je un homme mauvais? demanda t'il à son majordome
L'homme qui s'était éloigné du lit pour apporter un verre d'eau, se trouva déstabilisé par la question.
- Pourquoi demandez vous une telle chose? Vous êtes devenu un jeune homme respectable, et vous êtes quelqu'un de bon.
Toma se frotta le visage par dépit. Le cauchemar l'avait beaucoup trop perturbé. Il repensa alors à son frère et à Hamza. Il fallait qu'il en est le cœur net. Il devait connaitre la vérité, et Wilfried serait peut être à même de lui apporter.
- Dites, vous savez quand mon frère est parti... Je me suis toujours demandé si c'était pas de ma faute, quelque part...
Un verre d'eau fut tendu face à lui.
- Vous avez rêvé de votre frère? demanda Wilfried
- Non, pas tout à fait, non j'ai rêvé un prêtre qui s'appelle Hamza Samson.
- ho!
Toma leva les yeux vers son serviteur, interloqué par la surprise de son majordome.
- Vous le connaissez?
- Monsieur, je l'ai rencontré qu'une seule fois, mais je le connaissais à travers les histoires que racontait feu votre frère. Ils étaient tous les deux amis.
- Ha?? J'ai des doutes.
- Vous devriez pas, Hamza était quelqu'un sur qui Rohakan pouvait compter, il était presque un frère pour lui. C'est un ange.
- Non... Il n'est qu'un démon.
Wilfried se tut, il fronça les sourcils, ne comprenant pas les dires de Toma et reprit :
- Monsieur, croyez moi, Hamza est tout sauf un démon. Peut être s'est il égaré, je n'ai pas tous les tenants et les aboutissants, mais dans tous les cas il faut l'aider, car Rohakan, vivant, je suis sur qu'il l'aurait fait s'il l'avait pu.
Toma écarquilla les yeux, puis observa son majordome. Il était si sur de lui, que cela mit du baume au cœur de Toma.
- J'essaierai... dit il
- Voilà vous l'avez votre réponse, vous êtes un homme bien!
- Wilfried que ferais je sans vous?
- Comme beaucoup ici, pas grand chose, répondit il avec un œil malicieux.
Toma sourit à la réflexion du majordome, puis se leva et alla ouvrir les fenêtres de sa chambre pour aérer.
- Ha monsieur, l'Archevêque est venu hier soir tard dans la nuit voir votre père, mais il a aussi remis ceci pour vous.
Wilfried déposa sur la table de la chambre, un livre dont la couverture était noire.
- Il m'a dit que cela devrait vous aider dans votre quête et il me semble qu'il y a un mot pour vous à l'intérieur.
Toma se statufia à la vue du petit grimoire. Le cauchemar revient en mémoire du jeune homme et il se mit à trembler sans raison. Puis il se reprit et hocha la tête avec désintéressement.
- Aussi, ce matin votre sœur et votre beau frère sont là pour le petit déjeuner. Je pense qu'il serait important de passer du temps avec eux, même si vous n'êtes pas en très bon terme.
- Je note Wilfried. Merci pour tout.
- De rien Monsieur.
Le majordome était sur le point de partir quand Toma annonça :
- Dites à mon père que je vais très certainement partir pour quelques jours qu'il ne s'inquiète pas de mon absence, mais je pense que Benedictus a du lui dire quelque chose à ce sujet.
- Pas que je sache, mais je lui ferais par de votre absence.
Quand la porte claqua, signe que Wilfried était parti, Toma s'approcha doucement du livre posé. Il le prit dans ses mains, l'observa sous toutes les coutures. Il ne portait ni de titre, ni de numéro de tome. Une enveloppe glissa du livre et tomba par terre . Comme l'avait signalé Wilfried, un mot avait été mis à l'intérieur, et Toma reconnut immédiatement l'écriture de Benedictus. Il se pencha pour ramener la lettre, et attrapa un coupe papier pour desceller le cachet. Il prit le papier et l'ouvrit en deux. Un seul mot subsistait sur la missive.
CRÉPUSCULE
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