Chapitre 8
Tarenn s'étira longuement avant de poser ses mains sur la rambarde du bateau. Il huma l'air marin à plein nez, et observa l'horizon. Dans quelques heures, peut être moins, ils seraient de nouveau sur leur continent. Même s'il avait la sale impression qu'il s'éloignait d'Hamza.
Avant d'embarquer sur le navire accosté dans le port de Menethil, par acquis de conscience, il avait fait le tour de la ville. Il avait souhaité trouver le prêtre au détour d'une ruelle. Bien sur, il ne trouva aucune trace d'Hamza, ni même un possible passage par cette ville côtière.
Tarenn s'affaissa sur le garde fou du bateau. Il aurait bien voulu retrouver son ami par un hasard le plus complet. Il se sentit soudainement abattu. Cela faisait presque une année qu'il avait perdu sa trace, qu'il ne l'avait plus vu.
Quand ils avaient quitté les terres du Norfendre, le prêtre l'avait laissé le suivre sans trop rien dire, mais bien vite, il changea de stratégie. Au départ, Hamza le supplia d'arrêter de marcher sur ses pas. Mais Tarenn, à l'époque, ne voulait pas le lâcher. Puis le prêtre commença à disparaitre au détour d'un chemin et multiplia ses escapades solitaires. Cependant Tarenn avait toujours réussi à le retrouver.
Jusqu'au jour où Hamza utilisa une russe.
C'était dans la ville de Théramore. Il avait fait escale, surement pour se réapprovisionner. Cette journée là, il y avait un marché installé dans l'avenue principale. Quelques dizaines d'échoppes vendant des fournitures plutôt destinés à la magie. Un nombre incalculable de mages, démonistes et autres lanceurs de sort se promenaient dans la grande allée à la recherche d'un artefact, ou bien ingrédients indispensables pour une nouvelle potion. Tous avaient la particularité de porter de longues robes, le visage caché sous une grande capuche afin de préserver leur anonymat. Ainsi Hamza s'était fondit dans cette foule en accélérant le pas. Ne le voyant plus, Tarenn se mit à le rechercher. Le cœur battant à la chamade, il avait peur que quelque chose de mal ne lui tombe dessus. A peine quelques seconde s'étaient écoulés, quand il aperçut au loin ce qu'il croyait être le long manteau d'Hamza. Il fila derrière lui, et marcha à bonne distance. Hamza s'était arrêté plusieurs fois auprès de marchants, achetant quelques fournitures, et autres babioles. A la suite de ses achats, il prit la direction du maitre des griffons présent dans l'enceinte de la ville fortifiée. Tarenn le suivit s'étonnant de son choix. Hamza n'avait pas l'habitude de prendre les vols. Alors qu'il allait se transformer en corbeaux pour le suivre, Hamza ôta sa capuche afin de payer le maitre des griffons pour sa future course. Le cœur de Tarenn s'arrêta de battre. Le prêtre qui se tenait là n'était un homme, mais une femme dont les lignes de son corps ressemblaient étrangement à ceux Hamza. Tarenn se transforma en elfe, et attrapa le bras de cette dernière.
- Où est l'homme a qui appartient ce manteau!
La jeune femme se libéra de son emprise, toute en se frottant le bras, elle lui expliqua que ce manteau lui appartenait depuis très longtemps.
Tarenn comprit alors qu'il s'était fait berné.
Il chercha des yeux une frêle silhouette qui pourrait être Hamza. Ne le voyant pas dans son entourage, il remonta l'avenue des échoppes. Mais il ne trouva plus aucune trace du prêtre.
Paniqué, il prit l'apparence du corbeau et vola au dessus de la foule. Sans succès. Il se posa alors près du port, où plusieurs bateaux étaient sur le point de partir, quand d'autres s'étaient déjà éloigné dans l'horizon. Il demanda à plusieurs chefs de quai, s'ils n'avaient pas vu un prêtre, le décrivant au mieux. Mais tous se moquèrent de lui, montrant la foule de sorciers qui étaient sur la même description qu'Hamza. Dépité, il s'assit sur les marches d'un ponton, quand un enfant vint à lui. Sans parler, il lui montra un navire déjà bien loin, navigant à grande vitesse.
- Le monsieur que vous avez décrit, il est là bas, avait fini par dire l'enfant.
Tarenn se leva et s'apitoya. Le bateau était déjà trop loin pour le rattraper. Alors qu'il allait perdre espoir, l'enfant continua :
- Moi, j'aurai bien voulu monter dans ce bateau, il va à la grande capitale... Hurlevent! Je veux voir Hurlevent moi.
Puis sans attendre la réponse de Tarenn, l'enfant partit vers un autre quai dont des drapeaux installés sur des poteaux, étaient aux couleurs de l'Alliance.
Après avoir discuté avec l'un des capitaines présents sur le ponton, il embarqua lui aussi en direction des Royaumes de l'Est, dans l'espoir de pouvoir rattraper Hamza. Hélas, Ce fut la dernière fois qu'il vit le prêtre en chair et en os.
- Et bien, tu es drôlement perplexe...
Broll le sortit de sa rêverie. Il s'accouda lui aussi à la balustrade.
- Je repensais à comment j'ai pu perdre de vue Hamza, expliqua Tarenn
- Tu te tortures pour rien, tu ne devrais pas.
- Je sais, mais c'est plus fort que moi. Il est maintenant dans toutes mes pensées. Tu comprends?
Broll grommela dans sa barbe avant de se retourner pour lui aussi observer la mer. Il se tut un instant avant de reprendre :
- Nous arriverons dans à peine une heure, le vent souffle très fort et fait gonfler les voiles. Nous serons en avance sur notre planning. Quand nous serons à Cabestan, il ne faudra pas trainer, au risque d'éveiller des querelles inutiles.
- Je sais, La Horde a un bon pied à terre dans cette capitale gobeline. Et avec ce qu'il s'est passé avec Thrall... Je ne comprends pas pourquoi il a nommé Garrosh? Et où est il allé? Sommes nous sûr de cette nouvelle? Demanda Tarenn
Broll se pencha un peu plus sur la rembarre, puis se releva d'un seul coup.
- Ouais... La missive est officielle, nous n'avons aucune raison de nous méfier de cette nouvelle. Mais il va falloir être très prudent à l'avenir. Des rumeurs parlent que Thrall n'arrive plus à communiquer avec les élémentaires.
Tarenn se releva à son tour.
- Quoi? Depuis quand?
- Ce ne sont que des rumeurs Tarenn...
- Et si c'était lié aux cauchemars d'Émeraude?
- Tu pousses ton raisonnement un peu trop loin, non?
- Thrall n'est pas du genre à fuir à ses responsabilités au sein de la Horde, et il est très attaché aux éléments. Cela ne te questionnes pas ?
Broll fronça les sourcils, puis lissa sa barbe.
- Je ne l'avais pas vu sous cette angle, admit il, mais le Cauchemar est fini, nous l'avons vaincu.
- Alors pourquoi l'un des plus grand chaman que je connaisse desserte sa place de chef de guerre?
Alors que Broll allait lui répondre, un vrombissement venant du fin fond des abysses retentit tout autour d'eux.
- Qu'est que c'est que ça? Demanda Broll tout en regardant autour de lui.
Tarenn resta statique quelques instants. Il avait l'impression que le bateau tremblait, ce qui était impossible. Il leva les yeux vers la mer qu'il observa avec une certaine appréhension. Il n'y avait plus de vague. Puis il continua de lever les yeux vers les voiles. Elles étaient subitement tombées. Le vent ne s'engouffrait plus dedans, car il n'y avait plus de vent.
- Qu'est qu'il se passe? Dit il
Soudain au loin une énorme vague déferla droit sur leur navire. La vigie , une elfe de la nuit comme eux, hurla au danger. Tout autour les marins se mirent à manœuvrer. L'un entre d'eux leur suggéra de s'attacher avec une corde à l'un des mats du bateau pour ne pas basculer par dessus bord. Les deux druides se regardèrent, hésitant, puis le capitaine passa à coté d'eux.
- Je ne sais pas à quoi nous avons à faire, mais vous avez tout intérêt à faire ce qu'à dit mon équipage! Si cette vague nous percute, vous risquez de tomber!
Ils hochèrent la tête et se précipitèrent vers le premier mat. Tarenn attrapa une corde et attrapa la main de Broll pour l'emmener. Il le plaqua contre le bois et commença à l'entourer de la corde.
- Qu'est que tu fabriques Tarenn? Gronda Broll
- Je t'attache comme demandé.
- Attends, non, toi d'abord!
- Ne t'inquiètes pas pour moi, je vais le faire juste après.
Il serra le nœud qu'il avait fait quand un deuxième vrombissement sortit de nulle part retentit.
- Ho non... Regarde! S'exclama Broll en direction de la mer.
Une deuxième vague, plus grosse que la première, surgit et rattrapa la plus petite, faisant accélérer la vitesse de cette dernière.
le Capitaine hurla à toute son équipage :
- Accrochez vous par tout les moyens, nous devons rester sur le navire !!
Tarenn regarda une dernière fois Broll.
- Tarenn dépêche toi! Attache toi bordel !
L' Archidruide ferma les yeux, savant pertinemment qu'il aurait pas le temps de le faire. Il entendit le tsunami roulait vers eux, sentit les écumes volés autour de lui, et Broll qui hurlait de faire quelque chose. Il tourna la tête et rouvrit les yeux pour voir la gigantesque vague arriver sur lui.
- Adieu mon ami... Fut ses derniers mots avant qu'il ne sente les premières gouttes.
- NNNOOONNNNN!!!!! Hurla Broll
Puis le déferlement.
Son corps fut projeté instantanément. L'eau se fracassa contre son corps et l'emmena au loin, très loin. Les forces l'abandonnèrent l'espace de quelques secondes, puis un éclair illumina son esprit. Il se transforma en phoque comme il avait l'habitude quand il entrait dans l'eau. Un mince espoir de survivre à cette tempête. Basculé dans les roulements de la mer, il se laissa aller.
Surtout ne pas contrer la mer. pensa t'il
Son corps d'animal valdingua à droite et à gauche comme une poupée de chiffon malmené par une enfant gâtée. Combien de temps cela avait il duré? Cinq minutes? Une Heure? Pour lui c'était une éternité, il avait tout simplement perdu la notion du temps.
Puis le calme revint soudain.
Il rassembla ses dernières forces et se mit à nager vers l'avant.
- Je dois nager, je dois nager, la terre ferme,je dois...
A bout de force, il ferma ses paupières et laissa le courant l'emporter. Il eut une dernière pensée pour celui pour qui il avait entreprit ce voyage avant de perdre définitivement connaissance : Hamza.
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