Tarenn sortit de sa torpeur. Autour de lui le monde s'agitait. Il murmura dans un souffle coupé le prénom de celui qui l'avait sauvé :

- Hamza...

C'est le visage du jeune prince que l'Archidruide vit en premier. De suite, il crut apercevoir Hamza, mais bien vite, il devina la jeunesse du Prince. Celui ci s'était penché vers lui quand il avait émit le prénom de son précepteur. La main d'Anduin caressa les joues de Tarenn, peut être à la recherche d'une éventuelle fièvre. Il était d'une douceur si prévenante que Tarenn fut bouleversé quelques instants.

- Ne bougez pas Tarenn, il vous est arrivé quelque chose de grave, nous avons eu très peur de vous perdre, murmura Anduin

 Broll s'approcha à son tour, et derrière lui, Magni. Le Roi des Nains donna alors des ordres à tous les nains qui était présents dans la pièce.

- Allez chercher de quoi soigner l'Archidruide ! Et vite!

- Tu nous as fait peur , par Elune qu'est-ce qui t'a pris ? Demanda Broll, qui se soucia de Tarenn plus de ce qu'il pouvait se passer autour d'eux.

- j'ai perdu l'esprit, un cauchemar d'Émeraude, j'ai lutté crois-moi, j'ai même cru que je ne m'en sortirai pas , c'était l'enfer autour de moi.

Tarenn essaya de se relever, mais sa tête lui tournait et son cœur était au bord de ses lèvres.

- Ne bouge pas mon ami, dis Broll.

- Je vais chercher Roanne, répondit Anduin tout en regardant Magni qui lui fit un signe positif de la tête.

Tarenn observa la pièce où il était installé. Ce n'était plus la grande salle principale des nains. On l'avait transporté dans une chambre et allongé sur un lit très rustique. A sa droite, il y avait une table de chevet où était posé une bassine d'eau avec un linge trempé. Broll qui se tenait à côté de lui, attrapa ce linge, écarta quelques mèches vertes tombante et tapota le visage de Tarenn. La fraicheur qu'apporter le tissu mouillé, lui fit du bien. Broll s'attarda sur sa joue et dit :

- Tu nous as vraiment fait peur, tu étais dans un tel état, j'ai cru... Nous avons cru te perdre réellement.

-Je sais... Mais je l'ai vu Broll, j'ai vu Hamza, il m'a sauvé la vie ! s'exclama Tarenn, avant de se reprendre :

- Mais à quel prix...

- Comment a-t-il pu te sauver ? Demanda Broll intrigué

- Je ne sais pas, enfin si... Il a émis l'hypothèse que nous étions connecté et que nous avions tous les deux cauchemardé ensemble. Mais, quand je l'ai vu, j'ai découvert qu' il avait succombé aux ténèbres. Broll, je vais le perdre définitivement.

- Mon ami, ne perds pas espoir, je suis sûr qu'on trouvera une solution. Nous devons absolument retrouver tes souvenirs. ainsi, nous pourrons le retrouver et...

- C'est perdu d'avance, il me l'a dit lui-même, il est libéré, il est lui-même. Si tu l'avait vu, il avait l'air si paisible, et ...il m'aime encore, j'en suis persuadé ! Je le sais, je l'ai vu de mes propres yeux, s'il a succombé à l'appel des Ombres, c'était pour me sauver de cet enfer.

Un silence s'abattit entre les deux druide. Tarenn, malgré son esprit perturbé de son cauchemar, essaya de réfléchir à une quelconque solution.

Magni s'approcha des deux elfe de la nuit et dit :

- Tarenn, la prochaine fois que dit tu nous fais une frayeur comme ça, j' sais pas ce que je ferai d'toi, mais Crois moi, t'auras sur ta conscience ma mort d'une crise cardiaque !

Tarenn et Broll sourirent aux propos du roi des nains. Malgré sa maladresse dans ses mots, l'Archidruide devina qu'il était soulagé de le voir en forme.

Anduin entra dans la chambre suivi de près par un prêtre. Ce dernier se précipita sur Tarenn.

- Écartez-vous bon sang , il faut que je le l'ausculte, comment est-il, est-il nauséeux ? demanda le prêtre nain

Je vais bien, répliqua Tarenn,

- Ce que je vois c'est un elfe qui n'en fait qu'à sa tête , vous n'êtes pas bien, vous avez subi l'assaut d'un cauchemar d'Émeraude, seul qui plus ait !

- Tarenn est un Archidruide, il sait comment vaincre un cauchemar à lui tout seul , Grommela Broll

Rohan, le prêtre nain, s'approcha de Tarenn, tout en ouvrant un grimoire. Il tourna les pages rapidement et étendit sa main en direction du torse de l'elfe de la nuit. Un psaume sortit de sa bouche, mélodieux et la lumière baigna alors la pièce entièrement. Tarenn se sentit requinqué en l'espace de quelques secondes.Les vertiges avait disparu et la nausée l'avait quitté. quand l'incantation fut terminée, Rohan recula de quelques pas et attrapa le bras de Magni.

- Il faut que je te parle, laissons reposer notre cher Archidruide.

- Oui faisons, ça... aller tout le monde dehors ! Broll, veille sur lui, tu veux bien ?

Le druide acquiesça, tandis que les nains et le prince les quittèrent, soulagés de voir Tarenn entre de bonnes mains.

Le silence tomba brusquement. Broll s'assit finalement sur le bord du lit et continua t'éponger Tarenn avec un linge humide.

- Maintenant que nous sommes seuls, racontes moi en en détail

- J'ai vu Hamza vêtu de ténèbres, il m'a sauvée avec les ombres, avec un sort d'emprise sur l'esprit. Il était si... distant avec moi, mais en même temps il m'a demandé de l'embrasser... et quand j'ai posé mes lèvres sur les siennes, l'espace d'un instant j'étais sûr que c'était lui, l'être aimé, j'ai aimé l'embrasser, je voulais plus que cela...

Broll s'arrêta dans son geste. Il fronça des sourcils, puis enleva sa main et posa le tissu sur le bord de la bassine.

- Tarenn, des sentiments nouveaux renait en toi, mais tu as compris que le chemin allait être long et douloureux pour retrouver celui que tu aimes, n'est-ce pas ?

- Oui, je sais, je suis au courant mais il faut que j'aille l'aider. c'est mon devoir !

- Je ne veux pas être défaitiste, mais... S'il a déjà basculé dans les ténèbres, comment pourrais tu  l'aider ?

Interloqué par la remarque de Broll, Tarenn fronça les sourcils et lui répondit :

- Tu l'as suggéré toi-même, nous devons trouver quelqu'un qui puisse le sortir des ombres, quelqu'un qui est déjà passé par là . Ton idée n'était pas mauvaise concernant la demi déesse. Si nous avions ne serait-ce qu'une piste qui pourrait nous amener à elle...

- Je sais répondit Broll, Mais... il faut penser à toi. Nous devons trouver un moyen de te soigner, il faut que tu retrouves ta mémoire, et je pense que c'est la priorité.

À ce moment-là ,Broll attrapa la main de Tarenn, et l'embrassa dans le creux de la paume. Tarenn fut troublé.

- Pousse toi, je vais m'installer avec toi.

Tarenn grimaça, puis finalement laissa entrer Broll dans le lit. Il rouspéta voyant que Broll prenait toute la place. Puis conclut que le lit n'était vraiment pas fait pour deux personnes, surtout des Elfes de la nuit qui faisait au moins cinq pieds de plus que la moyenne des nains.

- Broll, gémit Tarenn, je te remercierai jamais assez pour tout ce que tu fais pour moi mais... pousse toi...

Il donna un coup de coude bien placé qui fit plier son ami. Celui ci geint faussement puis sourit .

- Te souviens tu de nos longue soirée à marcher au bord du lac de Darnassus, avec elle?

Tarenn détourna son regard qui s'était porté sur Broll. Il fixa le plafond. La tristesse l'envahit subitement et le visage Aldoria apparut bien malgré lui.

- Pourquoi tu remues le couteau dans la plaie? répliqua Tarenn

- Pour honorer sa mémoire, et la notre. Nos souvenirs communs... Je veux dire, je suis ton frère de cœur, mais j'ai aussi été ton amant...

Des frissons parcoururent tout le corps de Tarenn, et ses souvenirs se transformèrent. Il voyait Aldoria, sa bien aimée, Celle qui fut la première dans ses songes et ses fantasmes, et il revit le regard qu'elle portait sur lui et sur Broll. Aldoria disait qu'elle les aimait tous les deux de la même manière, mais Tarenn savait au fond de lui qu'il y avait une différence. Il avait accepté cet amour à trois. Ce trio aussi bien sur le terrain, dans les batailles, mais aussi dans le lit ...

- Tu veux me torturer, alors que je sors à peine d'un cauchemar qui a bien faillit avoir ma peau? Demanda Tarenn,

- Non... C'est juste que je suis nostalgique de ces moments perdus... Tu as tant changé... Quand elle nous a quitté, tu t'es éloigné de moi alors que ...

Broll se tut. Il se tourna vers Tarenn et lui prit le visage, le forçant à le regarder à son tour.

- Je sais qu'après cela tu m'a toujours considéré comme un frère de cœur, comme dans notre belle jeunesse... Et quand tu as rencontré ce prêtre, j'ai eu un pincement au cœur, car tu tournais définitivement la page de notre histoire.... Je ne l'ai pas tourné moi...

Tarenn écarquilla les yeux.

- Tu veux dire que...?

- Je ressent encore des sentiments envers toi, Je sais que tu n'as pas la tête à cela, mais je me dis que pour l'instant tes souvenirs , enfin les notre, sont plus présents que ceux que tu avais créé avec le prêtre... Alors laissez moi rêver que cela pourrait redevenir comme avant...

- Broll, non...

Le druide eut un sourire triste qui disparut très rapidement. Avec l'air le plus sérieux, Broll se rapprocha de Tarenn. Sa main effleura la joue de l'Archidruide, puis caressa sa lèvre inférieure. Tarenn sentit une angoisse montée quand Broll fut si près de sa bouche qu'il pouvait sentir le souffle poussé de son acolyte.

- Combien de fois ai je pu rêver de ce moment là ? Tu sais quand je t'ai vu lors de la bataille d'Onyxia, je n'avais qu'une envie c'était de te prendre dans mes bras, mais c'est à ce moment là que j'ai découvert ton amour avec Hamza. Que cela n'était plus possible...

Ces lèvres effleuraient maintenant celle de Tarenn, qui fut pris de vertiges. Son cœur battait à la chamade, et il ferma les yeux, ne voulant plus regarder son ami prêt à l'embrasser.

Aldoria... Pourquoi es tu parti si brusquement... pensa Tarenn.

A ce moment,  il sentit les lèvres de Broll se poser doucement sur les siennes, coupant ainsi sa respiration qui était devenu saccadée. Puis elles se descellèrent doucement. Le front de Broll se plaqua contre celui de l'Archidruide, puis il murmura :

- Je suis déchiré sur le fait de t'aider à retrouver ta mémoire, car si nous réussissons, tu ne verras plus que lui... Et je devrais disparaitre de ta vie alors que je viens enfin de retrouver la place que j'avais avec toi...

Tarenn ne put s'empêcher de lâcher une larme coulant le long de sa joue. Pourquoi, pourquoi il avait fallu qu'il est une vie amoureuse si torturée? Il plaqua ses mains contre ses yeux fermés et hurla une rage déferlante. C'était trop pour lui, beaucoup trop.

Quand il eut fini de crier, il ne sentit plus Broll à ses cotés. Pendant sa crise existentielle, le druide avait fini par le laisser seul. Il ouvrit les yeux dans la pénombre maintenant. Seule une bougie brulait pas loin du lit. La flamme vacilla quand il se leva pour regarder tout autour de lui.

Broll était parti.

Tarenn se laissa tomber de nouveau dans le lit. Il était fatigué de tout. De Broll qui avait décidé de semer la zizanie dans son cœur, d'Hamza qui n'en faisait qu'à sa tête, des Cauchemars qui continuaient de faire de la résistance, de lui même et de sa mémoire si défaillante...

Tous ces évènements étaient encore de la faute de la Légion Ardente. Sa perte de mémoire, les attaques incessantes sur Azeroth, le Cauchemar d'Émeraude, et la mort Aldoria....

Ce soir là, Broll entendit hurler Tarenn de nombreuses fois depuis son poste d'observation. Il le savait qu'il avait poussé les choses un peu trop loin, mais c'était peut être la seule opportunité qu'il aurait pour récupérer Tarenn.