Nitsaam
Je m'appelle Nitsaam. Je suis le fils du justicien, un prince en quelque sorte. Je suis grand, j'ai les cheveux noirs, les yeux noirs. Je porte presque toujours ma cape noire par dessus un costume coloré. J'aime les fleurs, mais ça m'est interdit.
Je n'ai droit à rien, mais un jour je serais obligé de diriger, sans avoir pour autant de liberté.
J'ai 18 ans. Dans deux mois, j'en aurais 19. Je sais que je serais marié d'ici là. Ce serait mal vu sinon, pour un jeune homme de mon rang. Cela signifierai que je ne trouve pas d'épouse. Mais je ne veux pas me marier.
Officiellement, je connaîtrai l'identité de ma future épouse une semaine avant notre mariage, comme indique le code . Mais je pense déjà savoir qui elle sera.
Cette jeune fille, Jana, est la fille du premier juge, le deuxième plus haut dignitaire de notre société, et son anniversaire est dans deux semaines. Dans une semaine, je serais donc fixé.
Je tiens beaucoup à elle, c'est une grande amie pour moi, j'ai besoin d'elle, mais j'aime quelqu'un d'autre. Le problème est seulement que cette personne est un homme. Et les hommes n'aiment pas les hommes
Oh la petite ne m'en voudra pas, elle est même au courant je pense. Elle aime aussi un autre homme de toute façon. Elle ne peut pas l'épouser seulement parce qu'il est une semaine après elle. C'est ridicule? Bien sûr que non le code l'a dit. Et ses parents n'auraient pas voulu de toute façon, à cause de la différence de classe.
Mais est-ce qu'elle mérite? Et ce que je mérite moi ? Est-ce que les personnes que nous aimons le méritent?
Moi j'aime Carmel parce qu'il est lui-même en circonstance. Des enfants bien élevés comme Jana et moi ne savent pas donner leur avis et se faire comprendre. Nous n'en avons pas le droit, cela ruinerait notre honneur. Peut être que c'est pour ça que j'aime cet homme qui n'est rien de plus qu'un pauvre ouvrier pour la plupart des gens. Mais je n'aimerais jamais autant personne d'autre.
La petite elle, elle aime son Yale parce qu'il est le seul à pouvoir la consoler quand elle est triste, le seul aussi à faire rire, à rendre vraiment heureuse... avant j'y arrivais mais plus maintenant. Ce fils de garde est toujours là pour elle, je l'aime bien pour ça.
Pourtant si on se marie, rien ne sera comme avant. Et le jour où je deviendrais justicien nos relations actuelles deviendront impossibles. Il y a même des chances pour qu'on ne puisse même plus leur adresser la parole, elle à Yale, et moi à Carmel. Notre vie se résumera à une série de réunions officielles et nous serons presque toujours surveillés par des gardes ou des serviteurs. Même un enfant a plus de liberté.
Je dois à présent tout faire pour trouver une solution. On mérite tous les quatre de vivre libres et heureux.
Mais comment pourrais-je agir?
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