Carmel
Il faut désormais nuit noire. Une voix féminine s'élève de la cellule d'en face, « Est-ce que c'est toi, Carmel ? »
Je ne sais pas qui sais seulement qu'elle me connaît. Pourtant sa voix m'est familière. Qui est elle ?
« S'il vous plaît répondez ! » me redemande cette voix face à mon mutisme. Je ne réponds pas malgré mon envie de le faire car je cherche au plus profond de mes souvenirs, de qui elle pourrait provenir. Dans ma tête les images défilent et j'en perds le fil. Je me remémore toutes les figures féminines que j'ai rencontré dans mon passé. Et je ne trouve pas.
D'après sa voix, la fille doit avoir à peu près mon âge, mais je ne peux pas en savoir plus. Je me décide alors à répondre. « Je m'appelle bien Carmel mais qui es-tu ? » après un moment de silence, elle répond en éclatant en sanglots « Je suis ta sœur, enfin ta demi soeur. Je m'appelle Nazra. » une seule idée me vient à l'esprit « Tu mens, je n'ai pas de soeur » encore une silence.
« C'est vrai, tu ne peux pas savoir, reprend-elle, mais je vais tout te raconter. Nous sommes seulement demi frère et sœur. Nous n'avons que notre père en commun. Il faut que je commence par le début de l'histoire.
Quand il était jeune, notre père était l'homme le plus populaire de notre cité ouvrière. Il était prometteur et travaillait dur, il avait donc de grande chances d'être un jour promu responsable et de gravir les échelons de la société. Il y avait une très jolie fille au village, qui se nommait Hina. Elle plaisait à notre père car elle était réputée comme inaccessible et il aimait les défis. Malheureusement, elle refusa ses avances, par pur orgueil.
Il décida alors de viser sa sœur,Iffia, qui était aussi belle, mais plus naïve, une fille plus facile.
Il l'a donc approchée, ils sont devenus plus qu'amis et même fiancés, il passait tout son temps chez elle et narguait Hina dès qu'il le pouvait.
Un jour où il venait pour voir Iffia, alors que leur mariage était dans une semaine, il ne trouva que Hina dans la maison.
Elle lui dévoila ses sentiments pour lui, le fit boire beaucoup et ils firent l'amour.
Le jour du mariage, alors que sa sœur et lui s'adressaient leurs vœux Hina se leva calmement et raconta à toute l'assemblée que l'homme l'avaient violée. Personne n'osa remettre en cause sa parole, sauf Iffia, qui a fuit avec son époux.
Iffia est ma mère, Hina est la tienne.
Avant ma naissance, ma mère a rendu plusieurs fois visite à la tienne, qui était enceinte. Mais à ta naissance elle s'est suicidée. Je connaissais ton existence parce que ma mère m'avait raconté cette histoire.
Aujourd'hui tu ressembles beaucoup à notre père et tu as aussi sa voix. C'est comme ça que je t'ai reconnu. »
Je suis boulversé. Tout ce que j'avais toujours pensé sur mes origines était faux. Ma mère n'était pas morte de maladie mais s'était suicidée a cause du chagrin. Et j'avais une demie sœur qui était aussi ma cousine depuis le début.
J'ai une famille. Des personnes avec le même sang que moi.
Une seule question me vient à l'esprit à ce moment là : « est ce que mon père et ma tante sont encore en vie ? »
Je la pose donc à Nazra. Elle ne me répond pas. Je lui demande si ça va. Elle me répond que sa mère est morte de chagrin en apprenant la mort de notre grand mère qu'elle n'avait pas vue depuis des années. Et que notre père a des dettes incroyables et qu'il travaille jour et nuit, dormant sur place pour gagner du temps. Elle ne l'avait pas vu depuis deux mois quand elle a été arrêtée.
« Pourquoi as tu été arrêtée ? » j'ai demandé pour savoir.
« - J'ai volé des médicaments pour une amie malade mais je me suis fait prendre. Je ne devrais pas rester longtemps ici, c'est la première fois . Et toi ?
- J'ai essayé de sortir de l'enceinte avec des amis.
- Où sont ils ?
- J'ai fait croire que je les avais enlevés. »
Un silence suit. Un « Bonne nuit retenti » je réponds la même chose et je m'allonge sur le sol froid de la prison. Je me tourne et me tords dans tous les sens, essayant de trouver une position confortable pour dormir mais c'est sans espoir. Mon esprit ne me lâchera pas.
Je réfléchis à toute ma vie. Elle n'est que mensonge.
Les grands nous mentent pour nous diriger, qu'on obéisse, qu'on reste dans leur cité sous leur commandement, soit disant pour nous protéger mais je n'y ai jamais cru.
Nos proches, eux, nous mentent aussi. Pour ne pas nous blesser pour nous protéger d'une certaine façon aussi. Sauf que cette fois ça compte. On croit des choses, on se raccroche à nos origines, aux belles histoires de nos ancêtres que nous content les gens. Mais au final, tout n'est que mensonge.
Soi même on ment aux autres, pour obtenir ce que l'on veut. Soi même on se ment, pour survivre. On se ment en croyant des choses irrationnelles aussi.
Tout nous ment. Le sol qui est froid alors que la terre nous offre à manger. L'air que l'on respire et qui a l'air pur alors qu'il est pollué de mensonges.
La vie nous ment. Elle nous fait croire qu'on peut décider quelque chose alors qu'on ne peut pas.
Wow Cher lecteur, je viens de voir depuis combien de temps j'ai pas publié et je suis vraiment désolée. J'espère que vous appréciez toujours l'histoire et que cette coupure ne vous aura pas découragé. Une très bonne année à vous tous. (Ma bonne résolution est de recommencer sérieusement à écrire)
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