1.Scott
Je sais parfaitement ce que vous vous dites. Je pourrais presque entendre vos voix résonner dans ma tête. Je peux même vous dire qu'il y a deux écoles, bien distinctes. Ceux - ou plutôt celles - qui vont tomber en pâmoison devant cette photo. Qui vont immédiatement rêver à ce qui se cache sous la veste, qui vont fantasmer sur mes muscles et mes tatouages, voire ma notoriété relative, avec l'espoir secret de devenir celle qui saura dompter le monstre d'égoïsme que je suis. Et il y a les autres. Ceux qui sauront chercher le détail. Ces personnes qui savent déchiffrer ce que la photo ne dit pas. Ces derniers sauront instinctivement lire dans mon regard et resteront loin. Très loin. Pour le salut de leur âme. Et vous, où vous situez-vous ?
J'observe le liquide sombre tournoyant dans le fond de mon verre, comme hypnotisé par le ballet des petites bulles qui dansent sur la surface agitée par les mouvements de mon poignet. Mon cerveau s'est totalement déconnecté de la logorrhée verbale de la jolie blonde assise face à moi. Cette dernière, concentrée sur son récit, ne semble même pas remarquer que j'ai décroché depuis cinq bonnes minutes. Merde, Scott, donne au moins le change le temps d'une soirée. Lorsque mes yeux se posent à nouveau sur le visage de ma compagne du jour, je ne peux retenir un demi-sourire. Le volume sonore de sa voix nasillarde diminue au fur et à mesure que le coin de ma bouche se relève. Joueur, je décide de tester ses limites. Je passe négligemment mon index sur ma lèvre inférieure avant de reposer mon verre. Je me penche alors un peu en avant, les avant-bras appuyés sur le bord de la table pour lui souffler :
— Et si on demandait l'addition ?
La belle bafouille quelques onomatopées avant de hocher la tête avec un grand sourire. Trop facile.
Je lève la main pour attirer l'attention du gringalet à lunettes en charge de notre table. Il accourt, manquant presque de trébucher sur le sac d'une autre cliente qui le fusille du regard. Mais j'imagine qu'il n'en a que faire. Sac Chanel ou pas, lui, tout ce qu'il veut, c'est s'assurer que je ne manque de rien. Un client satisfait est synonyme de pourboire. Et dans ce type d'établissement, on ne laisse pas de menue monnaie. Promptement, il nous apporte la note, sans faire de réflexion sur mon assiette laissée intacte ou la salade à moitié mangée de ma compagne. D'ailleurs, je réalise que je ne me souviens même plus de son prénom. Un truc à la mode, je crois. Lilou ? Lili ? Peu importe. Elle se dandine sur sa chaise, impatiente, tandis que j'affiche un masque d'indifférence non feinte. Pourquoi trépigner ? Je sais parfaitement comment mener la danse. Je connais chaque mouvement, chaque geste. Je maîtrise mon sujet à la perfection. Lorsque je tends ma black card au jeunot sans même regarder l'addition, les joues de la blonde s'empourprent. Ah, l'appel de l'argent. Les siècles passent, mais la nature humaine, elle, ne change pas.
Je me lève de ma chaise sans me presser, puis rajuste les pans de ma veste. Comme convenu, je glisse un billet bleu pour le serveur et tend ma main gauche à ma belle. Elle me suit sans dire un mot, mais tout en elle trahit son impatience. Sa main est à peine moite, sa respiration un brin plus rapide et son rythme cardiaque s'accélère imperceptiblement. Quand nous passons la porte du restaurant, je la sens frissonner, saisie par la différence de température entre la chaleur confortable du trois étoiles et la nuit froide d'un mois de décembre parisien. J'imagine qu'un gentleman lui proposerait sa veste. Mais je ne suis pas de ce type là. Je me fiche un peu de son confort. A peine avons-nous fait deux pas que le voiturier s'arrête le long du trottoir, à un mètre de nous. Avec l'expression d'un gamin au matin de Noël, il me tend mes clés avec un petit geste de la tête.
— Merci, Kévin. Alors ?
— Une merveille. Comme toutes vos voitures, monsieur.
J'aime bien ce gosse. Il doit avoir quoi, vingt et un, vingt-deux ans ? Chaque fois que je viens, il s'extasie en silence devant mes joujous. Je ne dois pas être le seul à venir en voiture de luxe. Mais comme chaque fois je le laisse faire un petit tour, il attend mes visites avec impatience. Il est toujours sympathique, professionnel. Pourtant, il doit bien remarquer le rythme effréné auquel j'enchaine les conquêtes. Or, il ne laisse rien paraître et ne commet jamais d'impair.
Une fois mes clés en main, j'ouvre la portière à miss longues jambes. Elle s'installe, dévoilant encore un peu plus de peau lorsque sa jupe remonte. Je suis peut-être vite blasé mais pas aveugle et je dois avouer que le galbe de sa cuisse ravive l'intérêt que je lui porte. Oh oui, je me souviens pourquoi j'ai accepté ce rendez-vous. Je claque la portière et adresse un clin d'œil complice au voiturier tout en contournant mon bolide. Une Bugatti Veyron de 2015. Ma favorite.
A cette heure, en pleine semaine, il ne me faut qu'une dizaine de minutes pour rejoindre mon appartement situé à quelques centaines de mètres de la plus belle avenue du monde. D'une simple pression du doigt, j'active le portail du parking sécurisé et m'engouffre sans hésitation dans les entrailles de l'immeuble cossu. Du coin de l'œil, je vois ma passagère tenter de cacher son excitation. Petite starlette d'une agence de mannequin quasi inconnue, elle n'est certainement pas une habituée des quartiers huppés de la capitale. Si elle a su donner le change au restaurant grâce à une bonne éducation, rien ne l'a préparée au luxe dans lequel je vis, luxe qui me passe totalement au-dessus de la tête, pour tout dire.
En descendant de la voiture, elle laisse son regard vagabonder sur les nombreux véhicules de luxe alignés le long du mur blanc. Elle semble impressionnée mais je ne lui laisse pas le temps de les examiner de plus près . J'attrape à nouveau sa main et l'entraîne jusqu'à l'ascenseur. Les portes se referment après que j'ai entré le code de sécurité. Et tandis que nous montons pour atteindre mon appartement, je laisse mon instinct reprendre le dessus. J'attire la jeune femme contre moi et, passant ma main gauche sur sa nuque, je prends possession de ses lèvres. Comme si elle n'attendait que cela depuis le début de soirée, elle sourit en répondant à mon baiser. Après réflexion, j'imagine que c'est tout ce qu'elle espérait en acceptant ce rendez-vous. Découvrir si les prouesses du grand Scott Warren sont à la hauteur de sa réputation.
Alors... que le spectacle commence.
J'aime Paris, mais je déteste la rapidité avec laquelle le bip caractéristique de l'ouverture des portes retentit. L'idéal, lorsque je suis à New York, c'est que je peux attiser le désir de ces dames dans la cabine, jouer avec leurs nerfs. Elles aiment ça, les ascenseurs. Je ne sais pas si c'est le huis-clos ou la peur d'être prises en flagrant délit mais chaque fois c'est carton plein.
Tant pis, pour cette fois on la jouera plus traditionnel. Je mets fin brutalement au baiser et entraîne ma blonde jusqu'à ma porte, dix mètres plus loin. Tandis que je glisse la clé dans la serrure, elle pose sa main sur la ceinture et me glisse à l'oreille :
— Sympa, ton immeuble. Mais dépêche-toi.
Je ris comme un con avant de lui lâcher :
— Rappelle-moi ton prénom, déjà ?
À peine la porte refermée sur nous, elle se jette à mon cou. A croire que Lisa n'est pas rancunière, puisqu'elle m'embrasse avec la même fougue que dans l'ascenseur.
Je ne suis pas spécialement le genre de type à refuser d'embrasser, mais ce n'est pas ce que je préfère. Non, moi, j'aime jouer. Je tire sur les fines bretelles de sa robe pourpre pour accéder à ses seins ronds et fermes. Lorsque je passe ma langue sur le premier, elle pose sa main sur sa bouche pour retenir un gémissement. Oh non ma belle ! Pas de ça ici ! Moi, je veux t'entendre. Je remonte lentement jusqu'à sa gorge, parsemant sa poitrine de baisers. Et quand j'arrive à sa mâchoire, j'attrape ses poignets pour les coller contre le mur pendant que je glisse mon autre main dans sa culotte en dentelle. Avec un sourire satisfait, je rencontre une moiteur qui me laisse imaginer que je reste le meilleur à ce jeu-là. En la fixant dans les yeux, j'insère lentement mon doigt, puis un deuxième. Ses prunelles, déjà brillantes, se parent de cette lueur de désir, cette étincelle qui me donne l'impression d'être un roi chaque fois que j'arrive à l'allumer dans les yeux de ma partenaire. Elle, comme les autres, est prête à céder à toutes mes volontés. Entre deux soupirs, d'une voix presque suppliante, la miss gémit :
— Encore, s'il te plaît !
Au moins, nous sommes sur la même longueur d'onde. Pendant qu'elle entreprend de détacher mon pantalon et baisser mon boxer, j'attrape un préservatif dans la poche intérieure de ma veste que je balance un peu plus loin. Je glisse le bord de l'emballage argenté entre les dents de Lisa, qui le déchire d'un coup de dents, puis je prends le temps de le dérouler sur mon sexe. Je la plaque contre le mur tout en la soulevant pour passer ses jambes autour de mes hanches. Sa robe remonte spontanément et mes mains trouvent leur place sur ses fesses douces. Une peau de pêche, un parfum légèrement fleuri et pas farouche pour deux sous, cette fille a tout pour me plaire ! Elle bascule un peu plus son bassin, qui frotte contre le mien. Je grogne un peu et mordille la peau de son cou, méthode infaillible pour accélérer encore un peu son rythme cardiaque déjà erratique. Sans prévenir, j'entre en elle d'un seul coup de rein. Si elle tentait de retenir ses gémissements tout à l'heure, cette fois elle semble en être tout bonnement incapable. Galvanisé par ses cris, je m'enfonce encore et encore, accélérant les va-et-vient quand je la sens au bord de l'orgasme. Et une fois qu'elle a jouit, je cède à mon tour au plaisir.
Parfait.
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