TROIS - LA JETÉE
— Ce que j'ai mal au dos ! Mon matelas est vraiment pourri.
Une voix s'élève alors qu'un petit groupe descend un chemin serpentant entre des prairies. De chaque côté de celui-ci, des clôtures plus ou moins bien alignées découpent le paysage en différents enclos. A l'intérieur de ceux-ci, des moutons et agneaux se déplacent à la recherche de l'herbe la plus verte. Leurs dos sont ornés de marques de diverses couleurs.
— T'es vraiment un papi quand tu t'y mets.
— C'est le papi de la bande après tout.
Des rires résonnent alors que les quatre amis continuent leur marche. Ils finissent par s'arrêter quand ils s'aperçoivent que l'un d'entre eux n'a pas suivi.
— Bon George qu'est-ce que tu fous ? On va encore se prendre une saucée à ton rythme, c'est hyper noir dans le fond.
— C'est vraiment trop trop beau l'Irlande.
Le regard émerveillé de l'anglais s'attarde sur les paysages verdoyants qui les entourent et ne semble pouvoir s'en détacher. Ses prunelles glissent sur les petits murets, les herbivores pâturant tranquillement et finissent par s'échouer sur la mer qu'il peut apercevoir au loin.
— J'aime trop les moutons.
— Si y a que ça pour te faire avancer, je dirai à Danny de t'en offrir un comme ça tu pourras en observer tant que tu voudras et ici tu marcheras !
— Plus fan de la potentielle pluie aujourd'hui Max ?
Les yeux se contentent de se lever au ciel en réponse alors que le grand anglais les rejoint et qu'ils finissent la descente du chemin légèrement gadoueux pour se retrouver sur une route bordée de deux murs de pierre leur arrivant un peu plus haut que la taille.
— Le dernier a la mer a perdu !
Le jeune anglais décolle à peine ses mots lancés à voix haute alors que l'eau salée se trouve quelques centaines de mètres plus bas. D'où ils sont, ils ne peuvent que l'imaginer se heurtant à intervalles réguliers sur les rochers. Derrière, seul le néerlandais le suit tout en riant, l'entende de ceux-ci semblant faire accélérer celui qui compte bien gagner cette course.
Les rires se transforment bien rapidement en cri alors qu'il marche sur l'un des lacets de ses chaussures de randonnée défait et qu'il se retrouve les quatre fers en l'air. C'est à ce moment précis que les deux suiveurs se mettent à courir dans sa direction.
— Lando reviens, Max est tombé !!
Les rires de l'un résonnent tandis que le visage du suivant est plus concerné quand il voit le rouge s'étalant sur le genou, le coude et un morceau du visage du champion du monde qui parait un peu sonné par terre.
— Ça va Max, tu t'es fait mal ?
Le silence qui lui répond inquiète légèrement le pilote Mercedes. Il l'observe avec attention alors qu'à côté, le plus âgé peine à contenir ses éclats de rire. Le bras est tendu à plusieurs reprises alors qu'une grimace nait sur les traits du blessé.
— Ça va, ça va.
Les grommellements sont suivis d'un léger soupir de soulagement alors qu'il se remet sur pied en ne poussant que sur la partie droite de son corps, celle-ci semblant indemne.
— La vache, j'avais oublié comment ça piquait quand on chutait.
— Compte pas sur moi pour te faire un bisou magique ou je ne sais quoi, je ne veux même pas savoir ce que Daniel t'aurait fait en sachant que tu étais éraflé et endolori.
— Rassure-toi, je comptais pas te demander, je préfère tes sales pattes loin de mon corps.
— Il a encore de la force pour râler, c'est qu'il va bien.
Un petit coup part évité à la dernière seconde par l'ancien coéquipier. Celui-ci se met à pouffer alors qu'il reçoit un regard noir de la part du léger blessé.
— Bon on avance s'il est pas mourant ?
Les quatre amis se remettent donc en marche. Bientôt, le rivage se trouve devant eux et tous s'arrêtent pour observer la mer bleu foncé et l'écume formée là où les vagues s'écrasent sur les cailloux. L'un d'entre eux s'assoie sur un des rochers avant de se saisir de son appareil photo, prenant plusieurs photos du lieu.
— C'est vraiment trop trop magnifique. On a bien fait de venir.
L'un d'entre sort alors des barres de céréales et du chocolat d'une poche avant de la tendre aux autres.
— Parfait, je commençais à avoir la dalle.
— Le gosse a besoin de son goûter. T'en veux Max ?
— Vous essayez de me faire prendre du poids pour gagner ? Ma blessure vous suffit pas ?
Mais la main se tend rapidement pour se saisir de la nourriture alors que les prunelles bleutées brillent de malice. Les dents croquent rapidement dans le morceau de chocolat. Le silence se fait alors que l'intégralité des regards sont absorbés par la vue et les papilles tournées vers les sucreries avalées.
— On est reparti ?
— C'est un peu toi qu'on attendait avec tes photos.
Tous se relèvent pour loger la côte sur plusieurs kilomètres, s'arrêtant régulièrement pour attendre celui qui semble avoir une nouvelle passion pour la photographie.
— Vous saviez qu'il aimait la photographie comme ça ?
— Non.
— Ça doit être l'air irlandais qui lui donne des envies de photos.
— J'espère qu'elles sont bien au moins si on finit trempés à cause de lui !
Bientôt, un petit port se trouve devant eux et le regard d'Alex s'allume. Il s'approche de la jetée pour observer les bateaux amarrés. Petits bateaux de pêche se mêlent aux voiliers en fonction des endroits.
— On pourrait faire un tour en bateau un jour ? Ou prendre des cours ?
— Trop bonne idée !!
— Très mauvaise idée !!
Les voix se mêlent avant que les pro-navigations se rappellent la difficulté du trajet avec le plus jeune du groupe.
— C'est pas la fille du pub ?
— Où ?
— Quelle fille ?
— Celle qui a doublé George et qui a fait qu'il a fait la gueule un morceau de la soirée.
— Ah, elle. Où ? Je veux voir à quoi elle ressemble.
L'anglo-thaïlandais montre d'un signe du doigt une femme vêtue d'une cotte de travail bleue et de bottes assorties alors qu'elle se tient devant un bateau et semble discuter avec un autre pêcheur.
— Elle est pêcheur ?
— Pourquoi elle serait pas pêcheur ?
— Parce qu'elle a pas du tout le look d'un pêcheur.
— Parce que t'as un look de pilote de formule un peut-être ?
Des épaules sont haussées avant que le jeune homme ne se retourne vers la jetée d'où il peut entendre des rires s'élever. Il regarde quelques secondes celle qui l'a doublé sans ménagement la veille au soir alors qu'elle grimpe à l'arrière du bateau et aide au déchargement de la marchandise.
Ils se font alors doubler par une troupe de jeunes d'environ leur âge qui se précipitent en direction du port. Bientôt, ils ont rejoint le duo et serrent tous fortement la jeune femme dans leurs bras. Le brun arque un sourcil devant la scène de retrouvailles.
Bientôt, le groupe qui s'est formé remonte la route tout en bavardant bruyamment. Ils passent à côté d'eux et une partie d'entre eux leur adresse un léger sourire et une salutation polie. Ce n'est pas le cas de la jeune femme qui parait les ignorer totalement.
— Eh ben Eireann, tu dis plus bonjour ?
Le ton moqueur résonne à quelques mètres d'eux.
— C'est des anglais.
La réponse qui tombe comme une évidence laisse le quatuor perdu et absolument non accueilli dans les lieux. Quel est donc le problème qu'elle semble avoir avec eux ?
suite certainement dans 15 jours, je pars en vacances tout bientôt :)
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