SIX - LE VENT GLACÉ
— Je peux savoir pourquoi tu rigoles comme un idiot ?
— C'est papa qui m'envoie des photos de souris mortes. Je crois qu'il est pas très content de faire le catsitteur d'Ouragan... Apparemment, mon félin lui fait cadeau de rongeurs plusieurs fois par jour.
— C'est ton père qui surveille ton chat ?
— Ouais, Dan est en Australie et j'allais pas l'emmener faire du camping ! Et puis Ouragan l'aime bien. La bête lui a pas laissé le choix que de l'adopter.
— Ils étaient faits pour s'entendre entre personnes désagréables.
— Parle mieux de mon chat et de mon père !
Le silence se fait quelques secondes et des bruits de matelas couinant se font entendre.
— Tu veux voir des photos de lui ?
— Si ça te fait plaisir. Mais sache que même si tu le trouves le plus beau du monde, je n'apprécie pas le félin qui te sert d'animal de compagnie.
— Tiens regarde.
— Dégueu, mais t'es sérieux ? Je veux pas voir des souris déchiquetées dès le matin ! Déjà ton chat... Mais là je crois que je vais vomir.
Le rire d'un thaïlandais éclate dans la tente d'à côté alors que le néerlandais et le jeune anglais sont allongés sur le ventre dans leur tente, le blond tendant son téléphone pour que son ami puisse profiter des photos envoyées.
— Petite nature ! De toute façon t'inquiète pas, il t'en ramènera pas si tu dois t'occuper de lui. Il fait des sacrifices de rongeurs qu'aux personnes qu'il aime bien.
— Il doit pas en faire à grand monde vu comme il est irascible.
— Arrête de dire du mal de lui ! Il m'aime bien, il aime bien Christian, il aime bien papa et il tolère même Danny.
— Encore heureux qu'il le tolère, ils vivent dans la même maison.
— Ils dorment même dans le même lit et ils ont tous les deux droit à mes câlins comme ça y a pas de jaloux !!
Le néerlandais s'éclaffe et prend un petit coup.
— Dégueu aussi.
— Dégueu toi-même.
— Ils me fatiguent dès le matin.
— Je pensais qu'à se coucher tard, ils seraient plus calmes. Heureusement qu'on a mis ces deux gosses ensemble, je n'aurais vraiment pas eu envie d'être réveillé par des photos de souris tuées.
— On vous entends tous les deux !
Un petit pouffement se transformant en léger rire s'élève dans la tente grise et orange appartenant au champion du monde. Dans celle d'à côté, les deux pilotes lèvent les yeux au ciel, des sourires amusés peints sur leurs lèvres.
— Maintenant que vous avez réveillé tout le camping, je propose qu'on se lève.
— Pour une fois que t'as une bonne idée George !
— Bon café avant de filer à Moher ?
Des hochements de tête affirmatifs répondent à celui qui vient de s'exprimer.
— Chocolat chaud surtout.
— Oui, chocolat !
— Des vrais enfants.
Les deux consommateurs de chocolats chauds ne répondent même pas, préférant commencer à marcher en direction du pub où ils vont profiter de leurs boissons chaudes en ce début de matinée. Une fois à l'intérieur, ils sont étonnés de voir autant de visages se tourner dans leur direction.
— On voudrait juste un thé à la menthe, deux chocolats et un café long, s'il vous plait !
La voix du néerlandais est hésitante alors qu'il s'est tourné vers le barman. Il s'agit de celui qu'ils ont déjà vu à plusieurs reprises quand ils venaient à certains moments de la journée. Le soir, les serveurs sont présents en nombre mais ce n'est pas le cas en plein milieu de l'après-midi ou en début de journée.
Ils s'assoient à leur table, celle dans le coin à droit de l'entrée. Avec les jours passants, c'est presque devenu une habitude.
— Tenez les jeunes ! Alors, où allez-vous aujourd'hui ?
— Aux falaises de Moher.
— Très bon choix, c'est magnifique. Il vaut mieux les faire en partant de Liscannor, la vue est bien plus belle.
Les cerveaux tournent à plein régime pour emmagasiner les diverses informations que leur transmet le propriétaire de l'établissement sur les meilleurs plans sur le site et également pour s'y rendre.
— DÉSOLÉ POUR LE RETARD, JE TROUVAIS PLUS MES AFFAIRES !!
Des éclats de rire résonnent du groupe se trouvant de l'autre côté de la pièce et dont les visages paraissent particulièrement endormis.
— Ah ben enfin, on a cru qu'on allait fêter ton départ et faire notre fiesta d'encouragements sans toi. Ça aurait été dommage !
— On t'attend juste depuis une heure et demie.
— Désolé, vraiment vraiment.
Un sourire nait chez les touristes alors qu'ils s'imaginent à leur place.
— Je retire ce que j'ai dit tout à l'heure. Notre réveil aurait pu être pire si on s'était levés aussi tôt pour se faire poser un lapin.
Des mouvements de tête acquiescent tandis que les quatre compères restent silencieux par la suite. Ils sont absorbés par leurs boissons et le sommeil embrume encore légèrement leurs sens pour qu'ils soient aussi actifs qu'en fin de journée.
— Qu'on est tous là, j'ai une annonce à vous faire avant qu'on commence.
Le regard intrigué d'un des membres du groupe se tourne en direction des irlandais discutant de l'autre côté du petit lieu
— T'es enceinte ?
— T'es fiancée ?
— T'as enfin trouvé quelqu'un ?
— T'as acheté la maison de tes rêves sur la côte ?
— Tu reviens enfin ici ?
— Mais laissez-moi parler !
Des rires s'élèvent alors que la danseuse et musicienne de la veille tente de s'exprimer au milieu du brouhaha créé par ses amis.
— Désolée, mais non je ne reviens pas ici. J'ai eu le premier rôle de Riverdance, je commence dès mon retour de vacances.
Des applaudissements se mettent alors à résonner ainsi que des sifflements de félicitations et de joie.
— Putain la grande classe Eireann !
— Je suis tellement contente pour toi.
Les effusions de bonheur sont immenses et les étrangers sont témoins des embrassades qui suivent l'annonce. Pourtant, ils n'ont aucune idée du sujet de la promotion.
— C'est quoi Riverdance ?
— Aucune idée. Certainement un truc d'art.
— Ouais, elle a parlé de premier rôle.
— Peut-être du théâtre ?
Des hochements de visage répondent à la dernière remarque. Pourtant, le grand brun sent la curiosité le piquer. Il veut savoir ce dont il s'agit. La jeune femme est un mystère, un merveilleux mystère, un magnifique mystère quand elle se met à danser ou jouer de la musique. Et il compte bien le percer même si l'incompréhension règne quant au comportement qu'elle a envers eux.
— Bon, je profitais vraiment que vous étiez là pour vous le dire, mais je ne te vole pas la vedette plus longtemps Matthew. C'est toi la star de la semaine !
Des sourires amusés naissent sur toutes les lèvres tandis que le retardataire a les joues qui rougissent légèrement.
— Je suis pas trop une star. Et puis peut-être que je vais pas jouer.
— Arrête ton cinéma, tu vas jouer, t'as joué dans tous les matchs d'avant !
— Oui mais c'est la finale.
— Et t'es le meilleur du Kerry, évidemment qu'il va te faire jouer !
— En revanche, pas de déconcentration. T'arrête de penser à tes vaches et tes moutons, je m'en occuperai parfaitement et tu le sais très bien.
Des verres se retrouvent remplis d'une boisson sombre que les visiteurs ne parviennent à identifier.
— J'espère qu'ils tournent pas déjà à l'alcool de si bon matin.
C'est un simple chuchotement et les trois autres pilotes acquiescent d'un léger geste de la tête. Ils ne seraient pourtant même pas étonnés que cela soit le cas aux vues de l'état des troupes la veille.
— Allez, à Matthew et au Kerry.
— À MATT !!
— AU KERRY !!
— Détruis la capitale !
Des rires éclatent suite à la dernière remarque et des grandes tapes dans le dos sont échangées.
À côté, les tasses commencent à se vider. Le plus jeune de la troupe a déjà fini sa boisson sucrée et se lèche les lèvres, récupérant le chocolat les ayant par instant colorées.
— Vous pensez qu'ils parlent de quel sport ?
— Aucune idée.
— Un truc d'équipe en tout cas.
— Peut-être du rugby ? Ils sont forts en rugby ici non ?
— Me regarde pas Lando, tu le sais que je m'intéresse pas à d'autres sports.
— Max on te demande même pas, t'es focalisé f1 f1 f1. En boucle dessus le type.
— Mais...
— Bon on t'accorde qu'on préfère ça aux moments où t'es focalisé sur Danny Danny Danny.
— On y va ou vous continuez de vous moquer ?
L'amusement règne sur les traits des trois anglais alors qu'il se lève de son siège et se dirige vers la sortie sans même les attendre. Deux le suivent bien rapidement quand le dernier traine un peu.
— Bonne journée !! Et bon match ?!
Des sourires amicaux répondent à la voix du néerlandais avant qu'il ne franchisse la porte de sortie suivi par les pilotes McLaren et Williams saluant également le reste de l'assemblée alors qu'ils quittent les lieux. Le dernier du quatuor se retrouve bientôt devant la jeune femme aux cheveux châtains qui semblait avoir obtenu un poste intéressant alors qu'elle se dirige vers la table qu'il a un peu trainé à quitter. Derrière, tous sont de nouveau en train de prendre dans leurs bras celui qui doit faire briller leur comté de la discussion qu'ils viennent d'avoir et semblent excités à l'idée de cette compétition qui doit arriver, quelle qu'elle soit. Il l'observe quelques secondes alors qu'elle récupère les tasses et cuillères sans le regarder.
— C'est quoi Riverdance ?
Un sourcil étonné s'arque en réponse quand la tête se relève. Puis les yeux sombres le scannent de la tête aux pieds. Il ne sait pas quoi faire, se figeant devant l'air qui lui est adressé. Sur le visage de la jeune artiste, un air de pur dégoût s'affiche et le léger sourire du britannique disparait sur le champ. Et puis, un éclair traverse son regard et il y a lit une immense douleur qu'il ne comprend pas et qui le bouleverse.
Elle est si forte qu'il déguerpit sur le champ, ne voulant pas y faire face malgré l'absence de réponse à sa question et le fait qu'il sait qu'elle n'aurait dans tous les cas pas pris la peine de lui répondre, le laissant une fois de plus comme un imbécile face à elle.
— Le vent que tu viens de te prendre Georgie. Violent.
Il hoche légèrement la tête. Pourtant rien n'est plus violent que ce qui s'était allumé dans les prunelles de son interlocutrice quelques secondes plus tôt et qui l'avait pétrifié tant les tourments paraissaient y être présents.
je suis perplexe sur ce chapitre...
prochain chapitre, tout début des réponses sur eireann (parce qu'il est temps qu'on y arrive quand même !!) - et en totalité sur le sport incroyable pratiqué par matthew :)
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