NEUF - LA TOMBE MARBRÉE

— Je propose qu'on aille au pub, il faut que je trie mes photos et franchement, flemme de faire à manger.

— C'est surtout qu'on a rien à cuisiner et on trouvera rien à cette heure-ci.

— Vue l'heure, pas sûr qu'on trouve plus au pub ceci-dit.

Le quatuor est calme depuis leur retour en train. Tous se sont endormis dans celui-ci. C'est d'ailleurs également le cas des irlandais les entourant, bien moins bavards et fêtards que la veille, ce qui leur avait permis de faire un trajet récupérateur.

— C'est pour ça que t'as emmené ton ordi ? Quel geek !

— Pas geek Max. Artiste !

L'anglais se fait pousser par ses trois comparses se moquant de lui en réponse. Les ouais, c'est ça résonnent avant que quelques rires s'élèvent. Ils s'arrêtent quand il se saisit de sa sacoche et que tous se mettent en marche en direction du pub qui sert également de la cuisine traditionnelle.

Ils espèrent que la cuisine sera encore ouverte alors que l'heure se fait tardive pour la population locale mangeant extrêmement tôt. Si les trois anglais y sont habitués, c'est moins le cas du quatrième pilote qui ne cesse de grommeler que ces repas sont bien trop tôt et qui regrettent de ne pas parvenir à boire un thé à l'heure classique du goûter, tout étant déjà fermé.

Ils remontent la petite colline. Le soleil vient taper sur les étendues vertes d'herbe à perte de vue se jetant dans la mer en bas des falaises plus loin. Des moutons pâturent autour d'eux et des photos sont prises encore et encore.

— T'en as pas marre des moutons ?

— Non, c'est trop beau, on dirait des nuages. Et puis ceux à têtes noires sont vraiment trop trop choupis. Il faut que j'arrive à en prendre de plus près.

— Autant certains sont vraiment moches, autant c'est vrai que c'est des belles races ici !

Des yeux bleutés roulent dans leurs orbites alors que les louanges sur ces herbivores continuent.

— Max, tu diras à Daniel qu'on veut des moutons noirs sur sa ferme.

— Il aura ce qu'il aura, les moutons d'ici mourraient de chaud là-bas !

Tous hochent la tête alors qu'ils paraissent réfléchir à cette phrase.

— C'est vrai que j'avais pas pensé à ça. Tu sais ce qu'il a comme races ?

— J'ai l'air de m'intéresser à ses moutons ?

Ça pouffe en réponse alors que les regards profitent du soleil présent ce jour-là pour admirer le paysage qu'ils ne voient pas tous les jours sur cette partie de l'île.

— Étant donné que tu t'intéresses de près et très rarement de loin à tout ce qui touche Daniel, oui, je suis certain que tu t'y intéresses.

Un sourire amusé nait sur les lèvres de la personne visée qui reste silencieuse. Elle passe sous silence les dizaines de photos de lui pris en compagnie des moutons lorsqu'il avait dû s'en occuper plus tôt dans l'année. Bien qu'il ait fortement râlé, il avait fini par s'y faire, prenant même beaucoup de plaisir à s'occuper des petits agneaux dont il adorait les sauts.

— Je le savais.

— Tu savais quoi ?

— Prétends pas Max, on commence à te connaître.

— Ouais, on le lit sur ton visage que tu t'y intéresses.

— Okay, je m'en occupe, mais je connais pas la race, c'était pas trop le sujet quand il s'agissait de tenter de les faire rentrer et qu'on courrait derrière comme des débiles parce que Panda est un gros feignant incapable de faire son boulot de chien de troupeau.

— T'as des photos de ses moutons ? Qu'on voit à quoi ils ressemblent.

— Non ! Ils ressemblent à des moutons.

— Il en a.

— C'est sûr qu'il en a.

— Ils sont blancs et avec des poils sur la tête.

— Ça existe sans ?

— Oui, et c'est pas beau. Je lui ai dit non quand il a voulu en acheter des comme ça. Ici, j'en ai pas vus. Les irlandais ont raison de pas en avoir. Avec ça, c'est sûr que George nous casserait pas les pieds et nous ralentirait pas pour tous les prendre en photo.

— Toi Max, tu as dit non à Daniel pour quelque chose et le ciel ne nous est pas tombé sur la tête ?

— Mais arrêtez sérieux.

Les éclats de rire résonnent fortement alors que le néerlandais se met à marcher plus rapidement. En quelques dizaines de seconde, il sème ses amis dans la montée en direction du village.

— Max, le prends pas comme ça !

Bon, on a qu'à le laisser bouder devant. Pourquoi on l'a invité déjà ?

C'est de la faute de Lando, il dit de Max et Daniel, mais c'est pareil, il est incapable de lui dire non.

Les prunelles de l'anglo-thaïlandais pétillent de malice et son sourire s'élargit quand il entend le plus jeune de la troupe se mettre à grommeler.

— Il me faudra votre avis sur les photos. Je veux garder que les plus belles et j'en ai vraiment trop.

— Tu vas en faire quoi ?

— Je vais les mettre sur un compte insta de voyage et paysage. Ça fait longtemps que je veux faire ça, j'arrête pas d'en suivre, c'est trop trop stylé.

— Il va te faire concurrence Lando, fais attention !

— Tu vas vraiment faire ça ?

— Quoi ? un compte ? Ben oui.

— Non, me faire concurrence ?

Le regard aux prunelles sombres s'élargit devant la réaction du petit anglais qui parait vraiment mécontent. Si le plus grand hésite une seconde à se mettre à rigoler, il ne le fait pas quand il voit que son ami est vraiment énervé.

— Lando, tout le monde a le droit de mettre ses photos sur internet !

— Non !

Le pilote Williams ne peut s'empêcher de rire devant cette réaction. Il se fait fusiller du regard par le jeune anglais dont les yeux sont noirs de colère.

— C'était mon idée avec Daniel !

— Mais enfin, c'est pas de la vraie concurrence... C'est juste des photos. Et puis, il va peut-être pas appeler ça george.jpg

— Il pourrait le faire sur son compte perso !

Le plus vieux des anglais n'entend pas la suite de la conversation. Son regard est capturé par une silhouette se déplaçant au milieu du cimetière qui borde la route. Les tombes en pierre s'élève de façon désordonnée dans le petit lieu entourant l'église du village. Des croix celtiques ornent les différentes tombes. Et au milieu de toutes celles-ci, une jeune femme se marche. Elle est de dos et ses cheveux tombent en une tresse légèrement défaite dans son dos. Elle porte un gilet vert et un pantalon de couleur claire.

Elle finit par s'avancer vers une tombe et déposer une gerbe de fleurs blanches devant celle-ci avant de rester devant.

— Est-ce que c'est ?

Il détourne les yeux de son observation pour voir le néerlandais revenu à son niveau. Il hoche une petite seconde la tête alors qu'il reconnait la jeune femme du bar. Il sait que c'est également le cas du champion du monde. Il continue de laisser ses yeux trainer sur la scène alors qu'elle retire des fleurs paraissant fanée du lieu et réorganise les pots déposés devant. Le cimetière est recouvert d'herbe à l'exception des stèles s'élevant vers le ciel de diverses tailles et largueurs.

— T'es vraiment un enfant quand tu t'y mets Lando !

La voix résonne un peu plus fortement, attirant l'attention de la jeune femme qui se tourne dans leur direction. Ses prunelles se figent dans celle de l'anglais qui ne sait pas comment réagir et lui adresse un sourire désolé avant de bien rapidement détourner le regard. Il croise alors les yeux bleutés du néerlandais avec qui il discutait quelques secondes plus tôt qui parait aussi mal à l'aise que lui.

Ils décident de ne pas trainer et d'emboiter le pas des deux autres pilotes toujours en train de se disputer, complétement inconscients de la scène qui vient de se dérouler juste à côté d'eux. 

eh voilà pour aujourd'hui ! dans le prochain chapitre, rugby, nourriture irlandaise et nom de pub au programme ! 

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