14 - onzième victime
Julia Kylie Smith
Si elle pouvait, elle changerait de vie pour la simple bonne raison qu'elle ne s'aimait pas et qu'elle avait l'impression que c'était aussi le cas du monde entier. Elle n'avait rien pour elle et devait errer dans les rues sans but parce qu'elle s'était faite jetée de sa famille d'accueil. Elle avait fait avec un garçon en soirée et se retrouvait avec le Sida et sans maison. La malchance était en train de lui sourire pendant la chance lui tournait le dos en partant en marche rapide et la tête relevée ainsi que les poings serrées. Elle s'imaginait les choses et les mots qui ne sont pas « vivants » de cette façon, avec des réactions humaines pour se dire qu'elle n'est pas totalement seule. Les mains dans les poches et une capuche sur la tête, elle tente de ne pas marcher des substances non-identifiées traînant sur le sol mouillée par la pluie torrentielle qui venait de tomber. Elle soupira en espérant que ces chaussures n'allaient pas percer. Elle n'avait nulle part où aller. Sa famille n'existait pas et elle pourrait toquer à la porte de toutes les familles d'accueils par lesquelles elle était passée, mais chacune d'elles lui refermeraient la porte au nez. Elle le savait déjà. Elle avait peur pour sa survie parce qu'elle avait toute la vie devant elle et ne voulait pas mourir dans la rue. Elle espérait que le bonheur pourrait venir lui dire « bonjour » quand elle serait majeure ce qu'elle n'était pas encore du tout.
Elle avait la vie devant elle, le monde à porter de mains mais elle ne se donnait pas la peine parce qu'elle n'avait pas les moyens non plus de pouvoir vivre en étant heureuse. Elle aurait aimé avoir de la musique dans les oreilles mais son monde devait se résumer à ces pensées et les bouts partiels de chansons qu'elle avait dans la tête, dans chaque coin de sa boîte crânienne. Elle baissait la tête dès qu'elle croisait quelqu'un dans la rue. Pour le peu de personnes qui passaient dans cette rue, elle se sentait étrangement seule. Elle aimerait bien avoir sa véritable famille qui l'aimait réellement et qui l'aurait comme même pardonner une connerie pareille. Elle se doutait bien que sa véritable famille ne l'aurait pas laissé faire une chose pareille mais pourtant, elle savait que si cela serait arrivée, jamais elle ne se serait retrouvée dans une pareille situation ; à errer dans la rue sans véritablement de but. Elle replaça une mèche derrière son oreille parce qu'elle commençait à venir gêner sa vision. Elle aimerait tellement que cet accident de voiture n'ait pas fauché la vie de toutes les personnes de sa famille sauf elle. Elle avait eu le droit à un destin tragique qu'elle ne méritait pas et pourtant son destin tragique allait prendre un tournant encore plus décisif et triste.
Mais elle serait libérée d'un poids trop lourd pour ses frêles épaules au moins. Elle n'aurait pas erré dans les rues et faire la manche durant tout le reste de sa vie avec la maladie qui prendrait le dessus sur elle, détruirait son système humanitaire et où n'importe quelle maladie pourrait la prendre sans qu'elle ne puisse ripostée. De plus, elle ne l'avait pas dit à sa famille mais elle n'avait vraiment pas de chance parce qu'elle avait contractée aussi un cancer du col de l'utérus. Elle se disait qu'ils l'auraient peut-être gardé dans la maison si elle avait dit pour le cancer ou alors ils auraient eu une raison supplémentaire de la mettre à la porte parce que soigner quelqu'un d'un cancer coûte énormément d'argent. Elle laissa une volute de fumée sortir de sa bouche. Il faisait tellement froid que même sa veste d'hiver n'arrivait pas à la maintenir au chaud et qu'à chaque fois qu'elle respirait par la bouche, une nappe blanche en sortait montrant la sortie de son haleine. Elle avait toujours aimé voir cette nappe blanche sortir de sa bouche mais vu dans la situation dans laquelle elle se trouvait, elle n'aimait pas du tout voir cette nappe de fumée. Elle avait déjà mal et n'avait nulle part où dormir. Elle continuait de marcher alors qu'elle s'était perdue dans les rues depuis belle lurette mais elle s'en foutait totalement.
On l'avait abandonné à elle-même sans ne lui laisser aucun moyen pour se relever. Elle était à terre et ne pouvait plus se relever, comme si elle était clouée dans le sol et qu'elle avait tous ces os cassés mais pas de plâtre ni de main pour venir l'aider. Elle ne savait pas où aller ni où elle pourrait se réfugier dans ce froid de canard. Elle aimait bien le Canada, son pays, habituellement, mais il faisait tellement froid qu'elle n'arrivait pas à apprécier cette fraîcheur d'une autre sorte que la douche froide qu'elle avait prise pour se donner le courage d'affronter sa famille d'accueil et de leur expliquer la situation. Elle avait supplié son gynécologue de ne pas leur dire, qu'elle ferait elle-même et elle se disait que c'était sûrement la plus pire erreur qu'elle n'a jamais faite de toute sa vie. Elle ferma les yeux en essayant de se rappeler du visage de sa maman, sa véritable maman pas l'une de ces dizaines fausses mamans qu'elle avait déjà vu défilée durant toute sa vie. Le malheur avait sonné à sa porte dès la première fois qu'elle avait sourit. C'était dur à admettre mais sa famille lui manquait terriblement même si elle ne les connaissait pas vraiment non plus. Mais elle les aimait plus que tout parce qu'ils avaient rendus sa vie meilleure et parfaite avant l'accident qui les a tous tués sauf elle. Son corps était inerte et fut la seule à être encore en vie quand les secours étaient arrivés.
Elle avait failli perdre ces deux jambes mais ils avaient réussit à faire en sorte à ce qu'elle les garde parce que son destin était déjà assez tragique comme ça. Elle arriva devant un grand portail noir, quelques toiles d'araignées dessus. Elle le poussa pour pénétrer à l'intérieur et comprit rapidement où elle était alors que le grincement de la porte emplissait ses tympans. Elle était dans un cimetière mais pas n'importe lequel non plus, celui où toute sa famille était enterrée dans le même caveau. Ce n'était peut-être pas par un simple hasard qu'elle avait marché dans cette direction et était arrivée devant le portail qu'elle avait poussé. Elle croyait qu'elle avait marché en étant perdue mais c'était juste son subconscient qui était en train de tenter de la sauver de la folie et de la dépression qui pointait le bout de son nez ainsi que les envies suicidaires qui se profilaient à l'horizon. Elle marcha dans les allées sans regarder où elle allait, elle connaissait le chemin par cœur et n'avait pas envie de voir tous les autres prénoms sur les tombes. Elle arriva devant le caveau qui l'intéressait et s'assit juste devant. Elle priait mentalement pour eux et en leur parlant, espérant que de là-haut, ils l'entendaient. Elle entendit le craquement de quelques brindilles, suppliant pour que ce soit quelque chose qui va la soulagée. Il arriva derrière elle alors que des larmes perlaient à ses yeux et commençaient à couler le long de ses joues.
Il avait de la peine pour cette jeune fille à qui la vie n'avait jamais sourit et où les anges n'étaient pas passés au dessus de son berceau à la naissance. Elle soupirait alors qu'elle sentit sa présence derrière elle. C'était presque si elle ne le suppliait pas mentalement de mettre fin à sa vie. Il faisait complètement noir et il faisait froid donc s'il ne la tuait pas, elle mourrait de froid. Elle ferma les yeux déjà rougies par les perles d'eau salées quand elle sentit la corde passer autour de son cou et se resserrer un peu plus à chaque seconde ainsi qu'un souffle chaud dans sa nuque, tout près de son oreille droite. Sa main gauche sur la pierre de la tombe familiale, elle priait pour que cela aille le plus rapidement possible. Il serra encore plus la prise et elle commença à manquer vraiment d'air. Elle plissa les yeux, une perle salée coulant de chacun de ses deux yeux.
Le film de sa petite enfance jusqu'au jour de l'accident défilait devant ses yeux. Il s'arrêta net et elle tomba sur le sol vers l'avant, atterrissant sur la pierre tombale. Il souleva son t-shirt pour signer son œuvre. La triskèle et « One Direction » finit, il se redressa et partit avec les mains dans les poches, son cutter se balançant dans sa poche latérale gauche de son jeans un peu trop grand pour lui. À chacun de ses pas, il sentait l'ustensile bougé dans sa poche et il souriait parce que c'était son arme préférée pour signer ses créations. Il venait de faire pour la seconde fois non pas de détruire une vie mais d'en sauver une, empêchant une jeune adolescente de tout juste 16 ans de tomber dans les décombres et de vivre une destinée et un avenir qu'elle n'aurait pas supporter.
« Promets pas la lune si tu n'as pas fusée. »
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