Partie 26

Awa n'a même pas daigné me répondre. Elle est partie d'un éclat de rire disant qu'elle m'avait vu en train de flirter avec mon chéri. J'ai démenti disant qu'elle n'avait rien compris. Mais elle est restée ferme disant que son cousin n'était pas une roue de secours. Tout le monde s'est mis à rigoler, mais je ne voyais vraiment pas ce qu'il y avait de drôle. En partant, j'ai juste fait un bref signe au groupe de Adja et je n'ai même pas regardé s'il m'avait répondu ou pas. Je voulais tourner la page et j'étais prête à accepter toutes les propositions. Dans la pirogue, un gars me regardait avec insistance et après avoir pincé Awa, pour qu'elle regarde, je lui ai fait un clin d'œil. Il était surpris, il a regardé derrière lui pour voir si je ne m'adressais pas à un autre et m'a fait un grand sourire. Une belle histoire d'amour aurait pu commencer si Awa n'avait pas éclaté de rire en criant, « reste tranquille mon gars, elle est fiancée ». Quand on est descendu, il est quand même venu vers nous, mais Malik lui a lancé un regard tellement méchant qu'il a fui. Tout le monde a éclaté de rire quand je lui ai demandé s'il voulait mon numéro et qu'il a secoué la tête en partant.

Le retour s'est fait dans une bonne ambiance et j'ai été le centre de toutes les moqueries et Awa m'a promis de me présenter son cousin vu que j'étais vraiment désespérée. Tout le monde était fatigué et avant 20 heures je crois que j'étais la seule encore réveillée. Je rangeais mes affaires pour ma semaine de travail quand Malik a frappé doucement avant d'entrer. J'étais étonné de le voir car je croyais qu'il dormait. Il s'est assis sur la chaise et j'étais gênée. Je voulais qu'il s'en aille. J'avais déjà vécu des situations ou un petit geste pouvait être mal interprété.

- écoute Malik, je suis désolé, mais il est tard et si on te trouve ici, ca pourra être interprété autrement. Je ne veux pas de problèmes. Si tu n'as rien d'important à me dire, on peut reporter la discussion a une autre fois.

Il s'est levé et m'a fait face.

- je tenais juste à te dire que je suis fière de toi. De ce que tu es devenue. Je suis désolée que ca se soit passé comme cela entre nous et parfois je regrette profondément car je sais qu'avec toi j'aurais été l'homme le plus heureux.

Je ne savais pas quoi dire.

- merci Malik. Awa est une femme merveilleuse et je suis sure qu'elle te rendra très heureuse.

- oui elle est merveilleuse. Toi aussi tu trouveras quelqu'un de bien Diouldé. Tu le mérite. Ce Demba me semble quand même tenir à toi. Il n'a pas cessé de te regarder durant la journée. Tu ne lui ai pas indifférente.

Que dire ? Je n'avais pas l'intention de lui expliquer le problème, j'ai donc juste haussé les épaules

- c'est compliqué.

Il n'a rien ajouté et est parti

Sa discussion m'a taraudé l'esprit. Penser à Demba était douloureux, surtout après l'avoir revue. Je ne voulais pas me résoudre à le perdre définitivement. Sans trop savoir pourquoi, je me suis habillée et je suis sortie pour prendre un taxi. Arrivée devant chez lui, j'ai perdu toute mon assurance et je voulais rebrousser chemin. Mais j'ai quand même sonné, le cœur battant et sur le point de m'évanouir. Personne ne venait ouvrir et j'ai été un peu soulagé. J'allais repartir quand la porte s'est ouverte. Il y avait une jeune fille et juste derrière la petite Saran. J'ai demandé Demba et la jeune fille qui devait être la nounou m'a répondu qu'il était sorti. La petite m'avait reconnu et a aussi répondu à la question

- il est sorti avec tata Adja et Babacar.

- merci Saran.

- tu reviendras ?

- Non je ne pense pas. Mais tu lui diras que je suis passée.

Elle a promis et je suis partie. Sur le chemin du retour, j'ai pensé à l'appeler, mais j'ai renoncé. J'étais dépitée. J'ai cru qu'il allait me rappeler une fois qu'il aura la commission, et j'ai passé la nuit à vérifier mon téléphone. Qu'est ce que je pouvais être idiote. J'ai à peine dormi et le lendemain, mon boss est venu me chercher très tôt.

Ma semaine a été merdique. J'étais un peu déprimée, je n'avais le gout à rien. Heureusement que le vendredi Awa, Malik et Fafa sont venue me rendre visite. On est allé passer le weekend à Saly et c'était magnifique. Le fameux cousin d'Awa est finalement venu et je devais reconnaitre que Daouda était un charmant jeune homme qui tout de suite a paru intéressé. Mais il était timide, et pas une petite timidité hein. Ou alors je l'intimidais. Je ne sais pas. Il n'osait pas me regarder droit dans les yeux, même si je le surprenais la plupart du temps en train de me jeter de petits coups d'œil. A la piscine, quand je venais me mettre à côté de lui, il ne parlait plus et bafouillais des réponses inaudibles. J'essayais de le mettre à l'aise, mais tout était source de gêne pour lui. Un moment, en sortant de l'eau je me suis dirigée vers lui et je lui ai demandé de me donner ma serviette vu qu'il était assis dessus. J'ai d'abord cru qu'il ne m'avait pas entendu car il est resté figé à me regarder. J'ai répété 2 fois ma question et il s'est ressaisi et m'a donné rapidement la serviette en détournant les yeux. Malik, pas sérieux du tout l'a enlacé par les épaules en lui demandant de se ressaisir

- grand concentre toi. Elle est belle et elle veut te faire tourner la tête. Mais soit fort et affronte-la.

Tout le monde a éclaté de rire sauf lui qui semblait vraiment prendre au sérieux les conseils de Malik. Mais bon. Je voulais vraiment trouver l'amour mais Daouda, non. J'avais besoin d'un homme. Un vrai. Le soir, il a demandé à me parler et pendant au moins une heure il s'est mis à me parler de son travail, de ses économies, de son avenir. Quand j'ai commencé à bailler, il s'est excusé et je suis allé me coucher. J'avais une chambre avec Fafa et Awa est venue me voir pour un compte rendu. Elle a éclaté de rire quand je lui ai raconté tout ce qui venait de se passer et m'a promis un autre cousin. Je l'ai remercié en lui demandant cette fois me laisser me débrouiller car je ne lui faisais plus confiance. Autant j'avais la grande gueule en disant à Awa que je voulais qu'elle me présente son cousin ; autant quand il est venu j'ai regretté de mettre fourré dans cette histoire. Heureusement que le gars n'était pas collant ou peut être pas intéressé aussi. Enfin, ça m'apprendra.

J'allais dormir quand j'ai reçu un message. J'ai cru que c'était Awa qui me charriait encore et je n'ai même pas lu quand le téléphone a sonné. En regardant le téléphone j'ai vu le numéro de Demba. Je l'avais supprimé mais je le reconnaissais encore. Je me suis levée d'un coup et j'ai hésité un court instant avant décrocher.

- salut.

Je n'ai pas répondu.

- tu n'as pas répondu à mon message, dit-il après quelques secondes de silence

- je ne l'ai pas vu.

Encore un moment de silence.

- je suis passé chez toi le dimanche passé. Tu étais sorti, lui dis-je finalement

- oui, Saran m'a dit. Tu voulais me parler.

- oui.

- de quoi ?

J'ai soupiré. Il savait de quoi je voulais lui parler. Il n'avait pas changé de position. Je perdais mon temps.

- ca t'as pris une semaine pour vouloir savoir de quoi je voulais te parler. Ca montre que tu ne voulais vraiment pas savoir.

- non j'étais un peu pris.

- ok...ce n'est pas grave.

- tu voulais me dire quoi ?

J'ai soupiré.

- rien Demba. Ca n'a plus d'importance.

- écoute je voulais te parler d'Adja. Elle dit que tu l'ignore totalement ces temps ci et cette situation la désole. Tu ne penses pas qu'il vaut mieux que vous fassiez la paix.

J'ai gardé le silence.

- mais on n'est pas en guerre, répondis-je sur un ton las

- alors pourquoi tu ne réponds plus à ses appels et tu ne passes plus la voir ?

- peut être parce que je n'ai pas le temps.

- écoute il faut qu'on parle ?

J'ai soupiré

- si c'est à propos d'Adja et Babacar, ce n'est pas la peine. Je n'ai plus rien à dire sur ça.

Plus doucement, presque dans un murmure.

- tu veux qu'on parle de quoi ?

Mon cœur s'est mis à battre plus fort. Il voulait quoi à la fin. J'ai passé mon temps à lui courir après ces derniers temps et il m'a complètement ignoré.

- je ne sais pas...

Il n'a rien ajouté et avant de raccrocher, il m'a promis de me rappeler. Comme à chaque fois que je l'entendais ou le revoyais, j'étais mal. Je n'ai presque pas dormi de la nuit.

Le lendemain, on s'est aussi bien amusé avec un Daouda tout aussi timide et que j'ai préféré laisser un peu car je n'avais pas trop la tête à le charmer. Le soir, Malik m'a déposé et ils sont rentrés. Ils devaient retourner sur Paris dans la semaine et on s'est quitté avec la promesse de tout faire pour venir leur rendre visite durant les fêtes de Décembre si je réussi à obtenir un visa. Ça m'a quand même fait du bien d'être sortie et j'ai abordé ma semaine avec un peu plus de punch. J'adorais mon travail, mais c'est vite devenu une petite routine et je commençais à m'ennuyer. Le vendredi est vite arrivé. Je n'avais plus eu de nouvelles de Demba et je ne savais pas trop comment l'interpréter. Le samedi soir, je suis restée toute seule à la maison car maman était partie à Louga voir une de ses amies. Le matin, je suis allé au salon et la coiffeuse me faisait des tresses quand Rassoul est entré avec Anta. Il n'a pas cherché bien loin pour trouver une coiffeuse à sa femme. Heureusement qu'il ne me restait pas grand-chose et malheureusement, ils m'ont vu à travers les miroirs. Il est venu vers moi pour me saluer tandis qu'Adja a refusé de rester disant qu'elle reviendrait l'après midi. Je m'en foutais royalement et ils sont vite repartis. Bizarrement, ça ne me faisais plus rien de le voir avec sa femme et c'était tant mieux, même si j'aurais préféré ne plus les voir. J'ai vite fini et je suis rentrée après être passé voir mon oncle qui m'a sermonné disant qu'il fallait que je me marie et tout, le blabla habituel.

Le soir je me suis retrouvé seule à la maison avec Dieynaba. On a décidé de regarder un film dans les nombreux dvd que Malik avait ramené. Dieynaba a fini par s'endormir tandis que je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Vers 22 heures, j'ai reçu un message de Demba qui me disait qu'il était à la porte et voulais que je sorte un moment. Instinctivement, je me suis arrangé devant le miroir avant de prendre mon temps. C'est quand il a appelé que je suis sortie. Il était dans sa voiture je suis entrée en lui lançant un petit salut.

- tu vas bien Diouldé ?

-oui ca va et toi ?

Pas de réponse. Un long silence.

- tu voulais me parler ? Demandais je finalement, en ayant un marre du silence.

- oui, Saran est seule à la maison, on peut y aller, je te ramène plus tard.

J'ai hésité un moment avant de hocher la tête. Le trajet s'est fait en silence. La radio était allumée et comme d'habitude il écoutait la radio nostalgie qui passait de vieux tubes français. Il chantonnait et semblait absorbé par la route. Arrivée chez lui, j'étais tout à coup intimidée e ne savais pas trop ou me mettre. Je me suis assise au salon pendant qu'il allait voir sa fille. Il est revenu quelques minutes plus tard avec du jus d'orange et deux verres et m'a servi en silence. Je l'ai remercié en prenant le verre. Il s'est mis à me regarder fixement en silence. Tout cela a commencé à me peser.

- écoute, il est tard. Qu'est ce que tu voulais me dire.

- je ne sais même plus.

Je l'ai regardé avec de gros yeux sans trop comprendre. Je me suis levée

- ok. Donc tu peux me ramener.

Il n'a pas bougé. Je suis restée debout. Il s'est levé et s'est approché de moi. Sans savoir pourquoi, il s'est penché pour m'embrasser. Je ne l'ai pas laissé faire. J'étais trop énervé contre lui. Je l'ai repoussé avant de me diriger vers la porte. Il m'a rattrapé et m'a pris le bras

- attend

- arrête Demba. Je n'aime pas ça. J'en ai marre qu'on me prenne pour une idiote. Je ne suis plus la gamine, qu'on pouvait manipuler à sa guise. Ca fais des semaines que je te demande de me parler, de me pardonner, tu as refusé, et aujourd'hui, tu veux quoi. On s'embrasse et demain, tu me jette encore parce que Babacar pense que je ne suis pas assez bien pour toi. Allez tous vous faire foutre. J'en ai marre. De tout ça.

J'avais les larmes aux yeux. Mais des larmes de colère. Je ne supportais plus cette situation.

- calme-toi Diouldé.

Je me suis calmé et je voulais sortir. Mais il était toujours debout devant la porte.

- je suis calme. S'il te plait laisse-moi partir.

- Non, il faut vraiment qu'on parle, dit-il finalement après quelques secondes de silence.

- je t'écoute.

Il a sourit. L'air dépassé.

- c'est quoi ? Un retournement de situation. C'est moi qui devais t'en vouloir après tout ce que tu as fait.

- Chaque chose à son temps. Je me suis excusée, je t'ai supplié de ne pas tenir compte de ce qu'on te raconte. Tu as refusée, j'ai compris. J'ai vécu pendant des années avec un homme qui a toujours laissé sa famille se mettre entre lui et moi. Aujourd'hui, toi aussi tu laisses des sois disant amis se mettre entre nous. C'est ton choix. Tu es libre. Moi, je n'ai plus le temps de tout ça. Je n'ai plus le temps d'espérer que malgré tout, tout ira bien. Je ne suis plus si naïve.

- c'est pourquoi tu en veux à Adja ?

- oui, Adja, je pensais qu'elle ne me voulait que du bien. Elle savait, je lui disais toujours que je t'aimais et que je ne ferais rien qui puisse détruire mon couple. Mais elle n'a pas hésité elle et son mari à aller te dire des contres vérités. Mais c'est du passé. Faites ce que vous voulez. Je m'en fous complètement.

- Eh bien, Satan sors de ce corps. La diouldé que je connais ne dirait jamais ce genre de choses.

J'ai rigolé aussi et la tension s'est un peu détendue.

- la diouldé que tu connais a décidé de ne plus se laisser faire et en a marre de souffrir.

Il a souri et m'a pris par les épaules pour me ramener au salon. Il s'est assis et m'a fait assoir sur ses genoux. J'étais fatiguée et j'avais la tête baissée.

- laisse tomber Adja et Babacar. J'ai peut être tiré un peu trop sur la corde. Mais je crois que je t'aime trop pour qu'on se perde encore une fois.

Cette fois on a parlé plus tranquillement. Il m'a raconté ses états d'âme, ses appréhensions. Il disait qu'il était vraiment convaincu que j'allais vraiment le laisser tomber. J'étais étonnée par cette révélation. Je ne comprenais pas qu'il puisse douter comme cela.

- je ne suis qu'un homme Diouldé. La première fois, tu t'es marié à un autre alors que j'étais convaincu qu'on s'aimait. J'ai cru que ca allait encore recommencer.

- mais je me suis excusé Demba. Je t'ai expliqué ce qu'il en était. A la fin tu ne voulais même plus me parler.

On est resté silencieux un long moment, chacun plongé dans ses pensées. Je me suis levée et il m'a pris la main.

- on fait quoi alors ?

- je ne suis plus dans les enfantillages Demba. Je n'ai plus envie de perdre mon temps. Tu sais ce que je ressens pour toi. Tu es responsable. Réfléchis et décide de ce qu'on doit faire.

Il s'est levé à son tour et cette fois je l'ai laissé faire. Depuis que je l'ai revue je me maitrisais de ne pas lui sauter dessus, je me retenais de ne pas l'embrasser. Il s'est approché encore plus, avant de se pencher et me frôler la bouche. Je tachais de contrôler les frissons qui parcouraient mon corps. On se fixa à nouveau un long moment et il se pencha à nouveau pour me mordre légèrement la lèvre. J'étouffais, je me suis mise sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Il me manquait tellement. Toutes les sensations qu'il provoquait en moi me manquaient, sa peau contre la mienne. Je m'accrochais à lui. Au bout de quelques minutes, il s'est un peu éloigné et a frotté son nez contre le mien. Je respirais fort, mon cœur battait trop vite.

- tu m'as tellement manqué, me souffla t-il à l'oreille.

Il a continué à laissé courir ses main sous ma robe. Mon bas ventre chatouillait délicieusement. Il passa sa langue sur mes lèvres sensuellement. Je m'agrippais à lui, l'attirant à moi. On s'est assis sur le canapé et les choses se sont embrasées.

- Papa...

On a sursauté tous les deux et on s'est écarté en arrangeant nos tenues.

- vous faites quoi ?

- ma chérie, vas te coucher.

Elle s'est approchée lentement en me regardant, le visage endormi et les cheveux ébouriffés. Son père s'est levé et l'a aidé à rebrousser chemin et je suis resté seule une bonne demi heure. J'allais partir quand il est réapparu.

- j'y vais. Il fait tard.

Il s'est approché et m'a enlacé avant de déposer un léger baiser sur mes lèvres.

- je t'aime.

Je n'ai rien dit, me contentant de le regarder avant de sortir.

Sur le chemin du retour, il m'a parlé de Babacar et Adja disant que puisqu'on s'était réconcilié, je devais mettre de l'eau dans mon vin. Je n'ai rien dit et une fois devant la porte de la maison, je lui ai répondu.

- laisse tomber pour Adja et Babacar. Je ne changerais en rien mon comportement vis-à-vis d'eux.

- mais ce sont des amis, on se voit souvent.

- c'est ton problème Demba. Et puis, il faut que les choses soient claires entre nous. Il est hors de question que je reste juste ta copine. J'ai dépassé l'âge des flirts et autres gamineries. Maman Fanta a voyagé et reviens bientôt. Débrouille toi comme tu veux mais à son retour, soit on se marie, soit on laisse tomber et tu va voir ailleurs si j'y suis. Tu as un enfant de 10 ans, et moi je suis divorcée. On ne peut pas se comporter comme des gamins. J'en ai marre de gérer des enfantillages tout le temps.

Il m'a regardé étonné

- mais ou est passé ma chérie ?

J'ai souri...

- sacrifiée à l'autel des souffrances.

Il s'est tourné vers moi.

- tu ne seras plus malheureuse ma chérie. Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve, mais je te jure que je ferais tout pour que tu sois heureuse le reste de ta vie.

J'avais le cœur lourd, les larmes prêtes à couler

- pour cela, promet moi de ne jamais laisser personne se mettre entre nous. J'ai beaucoup souffert de la méchanceté des autres. Je ne supporterais plus. Je t'aime. Plus que tout, plus que tu ne peux le penser, plus que je ne le voudrais. Ces semaines sans toi ont été une torture. Ne me refais plus ça. Plus jamais.

Il s'est approché et a posé son front contre le mien.

- je t'aime aussi et je ne laisserai plus personne se mettre entre nous.

On s'est embrassé, intensément, comme pour sceller ces promesses.

- en plus j'ai tellement envie de toi, murmura t-il.

- ça il faut encore attendre.

Je me suis éloignée

- Saran rentre dans la semaine. Tu viens passer la journée avec nous ?

- J'avais promis à mon frère de venir passer la journée avec lui, mais je viendrais en fin d'après midi.

J'ai dormi comme un bébé cette nuit, et le lendemain, j'ai appris à connaitre Saran. C'était une petite fille très éveillée qui posait plein de question. Elle me demandait si j'aimais son père, pourquoi on s'embrassait la veille, pourquoi je n'étais pas venue la voir depuis. je répondais et parfois je regardais son père pour qu'il vienne m'aider mis ce dernier s'amusait à me voir bégayer des réponses pourries.

- vous allez vous marier ?

Cette fois c'est Demba qui a parlé.

- oui ma chérie. On va se marier bientôt parce que ton père l'aime à la folie.

Elle m'a regardé bizarrement sans rien dire et est allé se coucher.

On a continué à discuter de nos projets et surtout de mon travail. Il voulait que je revienne à Dakar mais je lui ai expliqué que ma carrière comptait aussi pour moi.

- écoute c'est hors de question que tu sois à des kilomètres de moi toute la semaine alors qu'on est marié.

- mais je viens de commencer. Je n'ai même pas fait 2 mois.

Il disait que c'était juste un stage et qu'il ferait tout pour qu'on me ramène à Dakar. Avant de rentrer on est allé voir son père et j'ai eu la surprise de trouver sa sœur et sa belle mère. Elle était très froide avec moi et aussi avec Demba. Apparemment, ils ne s'entendaient pas trop. Mais son père a été très gentil et devant moi, il lui a parlé des projets de mariage, lui expliquant que ma tante reviendra bientôt et tout. Son père l'a taquiné en lui disant que s'il avait quelques années en moins, il m'aurait fait la cour car j'étais son genre. J'ai eu peur que mon statut de divorcée le gêne, mais il n'en a pas fait cas, m'abreuvant de compliments. Il nous a orienté vers un de ses cousins mais j'ai dit à Demba que je n'étais pas obligé d'aller avec lui pour cela et qu'il n'avait qu'à le faire tout seul. Je suis rentrée un peu fatiguée et énervée à l'idée de devoir voyager le lendemain. C'est quand même étonnant comme les choses pouvaient se passer vite. En venant, j'étais déprimée et triste et maintenant, je me sentais comme la femme la plus heureuse de la terre.

Le lendemain au bureau, il a repris ses mauvaises habitudes en appelant toute la journée. Tout le monde se moquait de moi disant que j'avais enfin un chéri. Ah s'ils savaient....

Le jeudi soir, maman Fanta m'a appelé pour me dire que les oncles de Demba étaient venus lui parler et que j'aurais pu la prévenir. Le crétin m'avait pourtant parlé toute la journée, mais ne m'a parlé de cela. Elle m'a alors dit d'appeler mon oncle pour lui en parler ainsi que ma mère car elle ne pouvait prendre toute seule la responsabilité de me donner en mariage.

Mon Dieu, les choses devenaient vraiment sérieuses alors. J'ai eu un instant de panique. Ensuite j'ai appelé mon oncle qui m'a aboyé au téléphone que je n'avais qu'a venir pour lui parler car il ne me donnerait pas en mariage à un couillon pour que deux jour après je vienne encore me plaindre et vouloir divorcer. J'ai raccroché en me disant que ce vieux commençait vraiment à être sénile. Demba m'a appelé par la suite et on a parlé de la visite de ses oncles et il m'a dit qu'il voulait me faire la surprise. Je lui ai dit de se préparer car le lendemain on ira voir mon oncle.

Le lendemain, j'ai appelé ma mère et je lui ai annoncé la nouvelle. Elle m'a posé pleins de questions sur lui et quand je lui ai di que son père était peule, elle était rassurée et a paru soulagée, puis m'a demandé d'aller parler à mon oncle et que c'était lui mon père. Donc j'ai quitté tôt le travail et je n'ai pas attendu mon boss. J'ai pris les transports en commun et je suis arrivée avant 17 heures. Demba est venu me chercher vers 18 heures, habillé d'un costume. J'ai rigolé nerveusement et on est retourné chez lui où il a revêtu une tenue sénégalaise. Je l'ai supplié de laisser son français dans la voiture et de parler wolof ou le peu qu'il comprenait du peul ou qu'il se taise. Je n'avais pas envie qu'on me reproche d'avoir amené une quelconque autre nationalité. Heureusement que mon oncle l'a bien accueilli. Si c'était une autre personne, il allait renoncer à m'épouser car mon oncle ne m'a pas raté. Il disait que je ne savais rien faire, je ne cuisinais pas, je ne lavais pas le linge, que je ne prenais soin que de moi. Non, mon oncle devait vraiment être interné. Demba rigolait à s'en tenir les côtes. Bien entendu il est passé par la case questionnaire et quand il a parlé de ses origines peules, ce qui a eu le don de décrisper les choses. Heureusement qu'il y avait un autre oncle, un ami à mon père qui était présent et ils ont bien discuté et finalement, il lui a demandé de venir le lendemain avec son père pour qu'il fasse connaissance.

Saran devait rentrer ce soir même avec la demi-sœur de Demba ainsi que sa tante. On est tous allé à l'aéroport et Demba était très triste de devoir laisser partir sa fille. Mais il n'avait pas le choix, car elle devait reprendre ses cours. Après son départ, je suis resté avec lui un moment avant d'aller rendre compte de tout cela à ma mère. Le lendemain, Demba m'a dit qu'il était un peu occupé et donc je suis restée à la maison à manger du chocolat et à ranger mes affaires quand vers 18 heures, mon frère m'a appelé.

- ca y'est c'est fini...

- c'est fini quoi ?

- arrête de faire l'idiote. Je suis encore chez mon oncle. On vient de célébrer ton mariage.

J'étais encore plus perdue

- quel mariage ? Ibrahima, ne me fatigue pas. Je ne suis pas ton égale.

Il a rigolé un bon coup avant de raccrocher. Et c'était le concert de sonnerie. Mes cousines, ma mère, maman Fanta. Elle aussi a été informé par mon frère et elle s'est mise à rouspéter disant qu'on aurait du l'aviser et qu'elle allait faire une grande fête. J'ai essayé de joindre Demba, mais il était toujours en communication. Je ne savais plus quoi faire. J'étais en short et débardeur bizarre, les cheveux défaits et on venait de m'annoncer que j'étais maintenant mariée à mon amour. Je tournais en rond, je sachant trop quoi faire. C'était allé trop vite.

Maman Fanta est arrivée et était toute émue. Elle a priée pour moi disant que Demba m'aimait et qu'il me rendrait heureuse. Mais elle comptait quand même organiser sa fête, même quand je lui ai dit que la maman de Demba était au Maroc, elle m'a dit que ce n'était pas grave et que ses Badiènes était au Sénégal, donc elle ne comptait pas laisser passer les choses aussi facilement. Ibrahima est passé et nous a expliqué que les parents de Demba était venu uniquement pour discuter et que c'est mon oncle qui leur a demandé d'aller acheter de la cola tout de suite. Il disait que de toute façon j'ai déjà été marié donc ce n'était pas la peine d'ameuter tout le quartier. Oui, ça c'est mon oncle tout craché.

Je discutais avec elle quand mon mari est arrivé. Eh oui. C'était maintenant mon mari, le mien, mon chéri. Je me suis levée et sans trop faire attention à maman, il m'a embrassé.

- Bonsoir Mme Sow...

Je ne sais pas comment définir le bonheur,. Est-ce cette plénitude, cette agréable sensation d'équilibre du corps et de l'esprit. Je ne sais pas. Mais je savais que j'étais heureuse à ce moment. Ce moment où je l'ai vu entrer, s'avancer vers moi. Oui, mon cœur a réagit. Je l'ai senti ce muscle se trémousser, vouloir sortir...

-Hé arrêtez de vous embrasser devant moi comme ça

C'était maman Fanta qui nous ramenait un peu à la réalité.

- toi Demba assied toi ici, je dois te parler, dit-elle sur un ton ferme qui n'acceptait aucune réplique

- maman...commençais je à protester.

- tais-toi. Demba. Je te la confie. Diouldé est ma fille, je ne veux que son bien. Elle a assez enduré dans sa vie. Tu as intérêt à bien t'occuper d'elle, je ne veux plus la voir pleurer, je veux qu'elle soit heureuse. Si je pouvais j'allais la garder auprès de moi toute ma vie, mais...

Sa voix s'est cassé et elle s'est mise à pleurer et nous a rendus triste un moment. Je l'ai enlacé en la rassurant du mieux que je pouvais. Demba l'a aussi rassuré en lui disant qu'il ferait de son mieux. J'étais blotti à coté de lui et il m'avais pris le bras qu'il serrait contre lui et le caressait de temps en temps en discutant.

Adja m'a appelé et semblait vraiment contente. Elle s'est même permise de verser quelques larmes. Je l'ai quand même remercié et elle m'a promis de venir le lendemain pour qu'on en parle. Il commençait à faire tard, et maman Fanta était toujours au salon à discuter. Demba m'a soufflé à l'oreille qu'il voulait qu'on parte, mais j'avais honte de me lever comme ça et de partir devant maman Fanta. C'est vrai qu'on était marié et je n'étais plus une petite fille mais bon. Je l'ai juste pincé et il s'est encore rassis. C'était bien la première fois que maman Fanta a discuté aussi longtemps avec Demba. Tata Fatou est également venue dès qu'elle a su la nouvelle. Ensemble on a appelé Coumba qui ne cessait de me féliciter disant qu'il était temps pour elle de se marier, car j'ai eu deux maris sur son dos. Je n'ai pas trouvé ça très drôle, mais bon...

On a diné tous ensemble et je me levais souvent pour répondre au téléphone et c'était toujours la famille, les cousines qui appelaient pour me féliciter. Lorsque Tata Fatou est rentrée, Demba m'a regardé avec insistance mais je l'ai ignoré. Vers 23 heures, maman Fanta était toujours assise à discuté et ne semblait vraiment pas disposée à aller se coucher. Demba s'est levée d'un coup

- Bon je crois que je vais rentrer.

Je l'ai regardé en fronçant les sourcils quand il m'a tendu la main. Il n'en avait cure. Il s'est tourné vers maman

- je suis désolé maman, mais je vais amener ma femme.

- haaa...Déjà ? Tu ne peux pas l'amener comme ça. Il faut qu'on fasse célèbre le mariage, qu'on...

- Ok, vous le ferez plus tard. Mais aujourd'hui, je vous l'emprunte.

Maman Fanta m'a regardé comme si elle voulait que je l'aide, mais j'ai gardé le silence, les laissant à leurs pourparlers. Finalement je ne tenais plus et j'ai éclaté de rire surtout quand maman lui a demandé pourquoi il voulait que je parte. Je me suis levée

- maman, laisse-moi-y aller, je te promets de revenir demain. Ta fête on va la faire ne t'inquiète pas.

Elle aussi a éclaté de rire et finalement, je suis allé me changer avant de mettre quelques affaires dans un sac. Dans la voiture, il a continué à me raconter des frasques de mon oncle et je ne cessais de rigoler. Une fois à la maison, il m'a souhaité la bienvenu et sans trop de préambule, m'a entrainé dans la chambre, avant de m'enlacer.

- je crois que c'est l'un des plus beaux jours de ma vie, dit-il après m'avoir regardé longtemps en silence

Je crois à cet instant que j'étais la femme la plus heureuse de la terre. Et il y a de ces moments où les mots ne suffisent pas à exprimer toutes nos pensées. J'ai songé quelques secondes à ce que je pourrais dire mais tout me semblait insuffisant. Finalement, je lui ai juste soufflé un 'je t'aime' à peine perceptible. Il s'est alors penché pour m'embrasser. Il prenait son temps, j'avais l'impression que tout mon corps me brulait tellement c'était grisant. J'ai enlevé sa chemise, et quand j'ai glissé ma main dans son pantalon pour le toucher, il a gémi et m'a saisi la main avant de m'entrainer vers le lit. Et ce fut mon tour de repousser ses mains baladeuses, qu'il remplaçait par sa bouche qui parcourait chaque centimètre de mon corps. Je me suis rapidement retrouvé toute nue dans ses bras et je l'ai aidé à se déshabiller. Et je l'ai découvert. Splendide. Un bel homme. J'ai laissé courir mes mains partout et il en faisait pareil jusqu'à ce qu'il touche la partie, le problème, la cicatrice. Il a légèrement sursauté et m'a regardé. On était couché sur le lit et il était au dessus de moi. Je lui ai pris la main doucement et je l'ai écarté de cette partie. Je l'ai regardé cherchant des mots pour expliquer tout ça, mais il avait l'air d'avoir compris et à recommencer à m'embrasser, tout en touchant à nouveau cette partie de mon corps que je ne supportais pas. Il n'en avait cure et c'était bizarre qu'on me touche sur cette partie, comme cela. J'ai vite atteint des sommets de plaisir avec ses caresses et ses baisers quand j'ai senti une vive douleur qui m'a étonné. Comme il me regardait à ce moment, il a vu que je me crispais et quand j'ai poussé un petit cri, il s'est arrêté et s'est retiré.

- tu as mal ? Me demanda t-il doucement

J'ai juste hoché la tête.

- rassure moi tu as bien été marié.

J'ai rigolé, nerveusement.

- je crois que c'est à cause de...

- ton excision ? C'est ca ?

J'ai hoché la tête et il s'est allongé à coté de moi.

- c'est vraiment bête ce genre de chose, dit-il dans un soupir. On l'a fait à ma petite sœur et c'est pourquoi j'en veux à mort à ma tante.

Ahh c'était ça la raison du malaise entre lui et sa tante.

- ça fait toujours aussi mal ?

Je me suis blotti contre lui.

- Non, pas toujours. Mais ça fais longtemps que je n'ai pas....

J'avais du mal à dire cela. Ca voulait aussi dire que j'évoquais le souvenir de Rassoul et je ne voulais pas.

Il m'a lancé un regard avide avant de se jeter à nouveau sur moi.

- donc ça veut dire que si je m'y prends comme ça...

Il s'est mis à m'embrasser partout. Je gémissais et essayant de le retenir, mais cette fois, il a plus pris son temps, m'a plus préparé. Les choses sont allées lentement, tout en sensualité, tout en douceur et je n'ai senti presqu'aucune douleur. C'était magnifique. Il était toujours à me demander si j'avais mal, si j'aimais ce qu'il me faisait...c'était touchant autant d'attention. Donc on a peine dormi et le lendemain matin, quand j'ai ouvert les yeux, j'ai vu ses magnifiques yeux clairs posé sur moi avec un petit sourire rêveur

- tu es belle quand tu dors...

J'ai souri avant qu'il ne me tire à lui. Quand je me suis blotti contre lui, j'ai senti qu'il était déjà prêt pour une autre partie.

- Non Demba, je suis fatiguée.

Il a rigolé.

- Mais qu'est ce que j'ai fait ? Dit-il innocemment.

Il n'a rien fait et on s'est mis à discuter de sa sœur, de la façon dont sa tante a insisté pour l'amener au village et l'exciser, sa réaction violente contre sa tante. Il m'a expliqué que sa sœur lui parlait souvent et qu'il sait à quel point c'est douloureux. Je l'ai quand même rassuré en lui disant que ce n'était pas toujours le cas et qu'il fallait juste du temps pour me « préparer ». Beaucoup plus tard, je me suis quand même levée et je suis allé prendre une bonne douche. Il m'a rejoint et les choses se sont vite embrasées. On est retourné dans la chambre et on y a passé toute la matinée. C'est vers midi, qu'on s'est lavé et qu'on a pu rattraper tout ce qu'on devait faire. On était installé au salon en train de prendre le petit déjeuner en se câlinant quand on a sonné à la porte. C'était Adja et Babacar. Ils étaient enthousiastes et se sont mis à nous taquiner. J'ai essayé d'être toute gentille avec eux en souriant au moins, mais ce n'était pas naturel. Un moment, alors que j'étais dans la cuisine, Demba m'a rejoins et m'a regardé. Sans rien dire, j'ai compris ce qu'il voulait me faire passer comme message.

- OK j'ai compris. Je vais être plus gentil.

Il s'est approché de moi. Sensuellement, sexuellement...est ce le fait d'avoir enfin fait l'amour avec lui qui créait cette tension, cette électricité. J'avais l'impression qu'il m'appelait, que son corps m'appelait. Il était debout juste devant moi et je me suis mis sur la pointe des pieds pour lui déposer un baiser sur les lèvres. Mais il m'a retenu et on s'est retrouvé à s'embrasser quand Adja est entrée dans la cuisine

- héé, vous exagérez. On vous attend, et vous vous embrassez comme ça...

On s'est séparé rapidement et on les a rejoins au salon. Le reste du groupe est vite arrivé et la maison s'est vite animée. La présence des autres m'a soulagé car rester avec Adja et Babacar commençait à être pesant. Demba a commandé à manger et les garçons sont sortis pour aller les chercher. J'en ai profité pour aller dans la chambre me changer et Adja m'a rejoint pour me parler.

- Ecoute, je sais que tu m'en veux encore, que tu nous en veux, mais je veux que tu saches que je suis réellement désolé pour ce qu'on a fait. Je ne pensais pas à mal je t'assure et si dans ma vie je peux effacer une chose, c'est bien ce qui s'est passé. Ton amitié me tient à cœur Diouldé. Plus que tu ne peux le penser. Cette situation me gêne au plus haut point. Je t'en supplie, pardonne moi.

Je l'ai écouté sans rien dire. Lui pardonner, pas de soucis, mais n'empêche, je ne lui referais plus confiance c'est tout.

- je te pardonne Adja. Je veux bien admettre que c'était une erreur comme tout le monde en commet. Mais je dois t'avouer que la confiance que j'avais en toi a baissé. Je ne sais pas si elle reviendra. Je ne forcerais pas les choses. Je ne suis pas hypocrite non plus. Donc, on va laisser faire les choses.

Elle m'a regardé tristement.

- je suis enceinte...de 3 mois dit-elle après quelques secondes de silence

- c'est vraie. Je suis vraiment contente pour toi.

Et c'était vrai. J'étais contente pour elle.

- ca ne se voit pas encore, mais j'ai pleins de nausée les matins, rajouta t-elle

- suis désolée. J'espère que ca ira mieux dans les mois à venir

Un nouveau silence. Je ne trouvais rien à dire. Je réfléchissais à quoi ajouter, mais rien. Je restais bêtement debout à la regarder alors qu'il y a quelques temps, je lui aurais sauté au cou et on aurait papoté des heures. C'était dommage, mais je n'arrivais même pas à faire semblant. Elle m'a regardé les larmes aux yeux.

- je suis désolé...

Je ne trouvais rien à ajouter. Je ne pouvais pas lui dire que tout allait être comme avant. Je lui faisais confiance et elle est allée tout gâcher. Mais par la suite, j'ai fait des efforts avec elle, beaucoup plus qu'avec Babacar. Quand tout le monde a décider d'aller chez Adja pour la soirée, car c'est elle qui voulait inviter pour diner, j'ai décliné gentiment. Quand j'ai vu Demba entrer dans la cuisine ou je posais les verres pour prendre sa clé, j'ai tiqué.

- tu ne compte pas partir et me laisser ici.

- bah pourquoi tu ne viens pas ?

- parcequ'on vient de se marier et que j'ai juste envie de rester avec toi

Il m'a regardé sans rien dire et est retourné auprès de ses amis tandis que j'ai continué lentement à ranger. Quand ils ont pris congé, je ne savais pas ce qu'il avait finalement décidé jusqu'à ce que je le voie juste les raccompagner à leur voiture et revenir.

- maintenant que tu m'as retenu ici, qu'est ce que tu veux qu'on fasse.

Il avait l'air un peu énervée. J'avais bizarrement une impression de déjà vécu. Hélas. Je n'étais plus prête à me laisser faire

- mais vas y alors...si tu ne vois pas l'intérêt de rester avec moi, je ne prive pas. Va rejoindre tes amis Demba. Mon ex mari faisait la même chose avec...

- ne me compare pas à lui...

Il avait presque crié et avait le visage fermé. Il avait raison. C'était malsain. Je ne trouvais plus rien à dire. c'était bizarre de se disputer maintenant, sitôt.

Je suis allé dans la chambre et j'ai commencé à plier les habits. Quand j'ai fini, je suis allé voir ce qu'il faisait et il était tranquillement installé devant un ordinateur. Je suis retournée me coucher et j'en ai profité pour passer des coups de fil à mon boss pour lui dire que je n'étais marié et que je ne comptais pas venir de la semaine. Il a compris et m'a chaleureusement félicité. Ensuite j'ai appelé Moha. Il était tellement désolé, même s'il a quand même fait semblant d'être content pour moi. Je lui ai dit que j'étais vraiment désolé mais que j'espérais qu'il trouverait le bonheur car il le méritait. C'était quelqu'un de bien. On a ensuite parlé de Coumba qui apparemment allait mieux et avait repris sa vie en main. Il devait s'y rendre le weekend prochain et j'ai promis de les appeler. Je me suis secrètement mis à espérer qu'ils se mettent ensemble ces deux là. Je tapotais sur mon téléphone quand Demba est rentré et est resté debout devant le lit. J'ai fait comme si je ne l'avais pas vu et il a commencé à faire des vas et viens dans la chambre avant de venir se coucher près de moi et sans un mot, me tirer fermement à lui.

- On va se fâcher durant notre lune de miel ? Ce n'est pas abusé ça ? dit-il en déposant un bisou sur mon cou.

- Je suis désolée, lui dis-je après quelques secondes.

- moi aussi.

- écoute, ce sont tes amis, mais je ne voudrais juste pas qu'il passe avant nous, pas avant notre couple.

- humm, tu sais j'ai été célibataire longtemps. Ce groupe a toujours été avec moi, c'était ma seconde famille. Donc je veux bien les abandonner, mais pas si brusquement. Je préfère mille fois rester avec toi que d'aller trainer avec eux, mais doucement.

Le pire c'est qu'il avait raison. Je me suis sentie un peu ridicule d'avoir réagi si rapidement et si violemment. Mais les mauvaises expériences passées ont eu raison de ma patience. Je me suis caché le visage contre son épaule

- tu dois savoir que je préfère de loin être avec toi. Eux ne peuvent pas me procurer toutes ses...

Il s'est penché alors pour m'embrasser.

Avec Demba, les choses étaient plus légères. Faire l'amour avec lui était léger. C'était plus un moment de détente qu'une simple partie de plaisir. Il n'avait aucun complexe avec le corps humain. Son corps, le mien. Tout était toujours différent. Il m'a appris à aimer mon corps, a me toucher, à le toucher, à chercher, à découvrir. Dans la bonne humeur. On parlait beaucoup, il me demandait toujours si ca allait, si ça faisait mal, si c'était bien, me chatouillait, me pinçait...

Sous ses airs très sérieux et BCBG au dehors, il était très « free ». C'est là que je me suis rendu compte que la culture se percoit dans tous les actes que l'on pose. Rassoul a toujours été gentil avec moi, mais il y avait toujours ce concept de femme soumise et qui doit respecter son mari, pas un mot de trop, pas une parole de trop, car c'était comme cela qu'il avait été éduqué, c'était ca la « norme ». Avec Demba, c'était différent. Je me permettais de lui dire que je le trouvais « idiot », « bête ». Je pouvais le regarder droit dans les yeux et lui dire que j'avais envie de lui sans que ça ne me dérange moi, avec ma réserve légendaire car avec lui, ce n'était pas la peine de prendre des gants. Il était très ouvert d'esprit et ceci a contribuer à mettre une bonne ambiance entre nous.

Toujours dans ces petites différences, je devais m'habituer à le voir se promener nu dans la chambre. Les premiers jours, je me cachais les yeux ou me couvrais la figure avec la couette, mais j'ai fini par m'habituer à ses folies car il en rigolait disant qu'entre mari et femme, il ne devait pas y avoir de gêne. Il pétait (excusez moi du terme) et disait que c'était naturel. La première fois, c'était un choc

- Demba...me suis-je écrié en le regardant étonné

- quoi ?

- mais qu'est ce que tu as fait ?

- bah rien j'ai pété...

Mon air choqué l'a fait éclater de rire.

- tu ne le fais pas toi ?

- si mais de manière plus...discrète voyons. Et on ne dis pas pété on dit faire les gaz

Il a encore plus rigolé

- péter, faire les gaz, manger bouffer, c'est la même chose...et puis, je suis dans ma chambre, on est seul....

J'ai fini par éclater de rire.

- tu es déguelasse...

Il a haussé les épaules, disant que je pouvais m'estimer heureuse qu'il ne le fasse pas souvent. Et heureusement. Oui avec lui, il fallait vite s'habituer à ce genre d'excentricité, à cette légèreté sauf pour sa jalousie maladive.

On a passé la semaine à rendre visite à nos proches. On est allé revoir mon oncle, son père et surtout la famille de sa mère établie à Dakar. C'est là que j'ai su que mon « nar » parlait « nar ». La première fois ça m'a étonné et plus tard, il m'a expliqué qu'il a grandi en cité entouré de copains magrébins donc en plus du français, il se débrouillait plutôt bien en arabe. Du côté de sa mère, tout le monde a été gentil avec moi. On me demandait quand même de me dépêcher pour comprendre leur langue. Il voulait quand même organiser une fête à mon honneur et Demba a été catégorique.

- pas de fête. N'essayez même pas d'insister.

Je l'ai regardé étonné.

- ne me regarde pas comme ça. Si tu a envie de porter cents tenues en une heure de temps, c'est ton problème. Moi les fêtes marocaines, c'est juste un truc de ouf. Non, pas question.

Ses cousines ont commencé à protester, mais il leur a juste promis d'inviter tout le monde lors du mariage civil. Du côté de son père aussi, ses tantes m'ont demandé si je comptais faire une fête, mais je leur ai juste dit que non, et que l'essentiel a été fait. Elles m'ont posé pleins de questions sur mes parents, mes origines et j'ai répondu du mieux que je pouvais.

On a appelé sa mère qui parlait un wolof impeccable et qui était très contente que son fils se marie enfin. On lui a promis une petite visite dans les semaines à venir.

Le Jeudi, on est quand même allé à Saly pour être seuls et profiter de nous et ça a été magnifique. On l'a passé entre la piscine, la mer et surtout la plupart du temps la chambre. A notre retour, Maman Fanta tenait à sa fête et Demba lui a demandé d'attendre qu'on fasse le mariage civil et ce jour là on organisera une petite réception. Je n'en avait pas particulièrement envie mais comme elle y tenait, en plus ça sera aussi l'occasion pour inviter toute la famille de Demba, donc, je me suis mise à préparer la fête. Coumba m'a promis de venir et Adja surement pour se rattraper m'appelait tous les jours pour voir comment elle pouvait m'aider.

Il fallait organiser le mariage civil et pour cela j'avais besoin des papiers de divorce. J'ai essayé en vain de joindre mon avocat et j'ai été obligé d'appeler Rassoul pour lui dire que je voulais lui parler. Je ne voulais pas lui annoncer tout ça au téléphone. Il était tout content que je l'appelle et l'a demandé de venir le lendemain à son service. Demba voulait m'accompagner, mais j'ai dit niet. Il a boudé un peu mais bon. Je tenais à lui parler toute seule. A la manière dont il m'a accueilli en me faisant la bise, j'ai compris qu'il pensait que je venais pour lui parler de nous.

- comment tu vas ma belle. Décidemment ces temps ci tu as embellie.

J'ai souri nerveusement, évitant son regard qui me regardait sans gêne.

- merci. Comment va Anta ?

Il s'est un peu crispé et a regardé ailleurs.

- elle va bien. Arrête de me parler d'elle. Tu sais que je n'aime pas parler d'elle avec toi. tu sais que toute ma vie tourne autour de toi.

Je l'ai regardé en me disant qu'il devait bien se payer ma tête en me disant ce genre de chose qui il y a quelque temps m'aurait complètement perturbé.

- écoute, je ne vais pas trop te retenir. Je tenais à te dire que je me suis mariée la semaine passée.

Un silence. Un long silence où il me regardait comme s'il ne comprenait pas ce que je venais de dire.

- tu n'es pas sérieuse ?

J'ai juste hoché la tête.

- les choses se sont passées trop vite, je n'ai pas eu le temps de t'aviser. Je ne voulais pas aussi t'en parler au téléphone.

- Non diouldé, Non, tu ne peux pas me faire cela, tu n'as pas le droit de te marier.

Il secouait la tête, me regardant comme si je venais de dire une grosse bétise. A ce moment, mon téléphone a sonné et c'était Demba. Si je ne prenais pas il allait encore me faire une de ses crises de jalousie.

- oui mon cœur, lui dis-je en décrochant

Rassoul a froncé les sourcils et s'est éloigné

- tu es encore avec lui ?

- je viens d'arriver.

- je passe te prendre

- Non, je dois aller prendre Adja, on a des courses à faire.

- Humm.. je t'aime

- à tout à l'heure...

- j'ai dit je t'aime...répétât-il en haussant le ton

- oui moi aussi je t'aime.

Il a raccroché. Rassoul était toujours de dos et n'a pas réagit quand je l'ai appelé.

- écoute, je voulais juste t'en parler. je tenais aussi à te remercier pout tout. Tu a été un mari magnifique et Anta a beaucoup de chance de t'avoir.

- Arrête de me parler d'Anta, cria t-il. Comment peux-tu te marier Diouldé ? Tu veux me faire souffrir c'est ça ? Tu veux te venger ?

J'ai souris. Je ne voulais même pas polémiquer.

- écoute j'aurais besoin de quelques papiers que tu as gardé après le jugement pour pouvoir déposer et avoir le certificat de divorce.

Il ne m'a pas répondu.

- Je reviendrais un autre jour pour les prendre.

Toujours pas de réponse. J'allais partir quand il m'a retenu par le bras.

- je t'aime Diouldé. Anta, c'est juste le choix de la famille. je voulais attendre qu'elle accouche et je t'aurais...

- arrête Rassoul, c'est bon...c'est du passé. Essaie d'être heureux avec elle et oublie-moi.

- pas question...


- et qu'est ce que tu compte faire ?

On s'est regardé. Où toisé peut être. Je n'avais plus vraiment envie de polémiquer, encore moins de négocier quoi que ce soit. Après tout ce qu'il m'avait fait, il osait encore me dire qu'il n'acceptait pas que je me marie.

- tu ne penses pas que tu exagère Rassoul. le choix de le famille mon œil. C'est ton choix à toi. Anta ne t'a jamais laissé indifférente. Même quand on était marié, vous fricotiez tout le temps, sous mon nez. Tu es assez grand pour refuser. Si on t'avait proposé Khady (une autre de ses cousines au physique moins avantageux) tu aurais refusé. Mais comme c'est Anta, ta cousine préférée, ton amie d'enfance, y'a pas de soucis.

Il me regardait comme si je blasphémais. Mais j'étais lancée

- tu pensais avoir le beurre et l'argent du beurre. Tu épouses Anta, tu attends un peu, tu me persuade à nouveau de revenir, car tu as toujours su le faire. Tu as toujours su que tu avais une influence sur moi. Tu as toujours su profiter de mes faiblesses parceque je t'aimais. Mai c'est fini tout ça.

Il a secoué énergiquement la tête

- ne dis pas ça Diouldé. Jamais je n'aimerais une femme comme je t'ai aimé. Jamais. Tu n'as pas le droit de mettre en doute ce qui s'est passé entre nous.

- je ne le mets pas en doute, mais ose tu dire en me regardant droit dans les yeux que tu ne ressens absolument rien pour Anta ?

Il m'a regardé un moment avant de détourner les yeux.

- c'est toi que j'aime.

Je n'ai pas répondu. Non. Je ne répondrais plus jamais à ça. J'ai trouvé mon amour. Je l'ai retrouvé. Et plus rien ne compte.

- j'y vais. Si tu ne me donne pas les papiers j'appellerais l'avocat. Je suis surtout venu pour te prévenir que je m'étais mariée. Soit heureux Rassoul., tu le mérites.

Il ne disait rien, me regardant avec un air tellement triste, que j'avais juste envie de le prendre dans mes bras et de le réconforter. Mais sans rien ajouter, je suis partie.

Adja voulait coute que coute m'accompagner en ville pour des courses car je devais trouver une tenue pour la fête. Mais finalement, je n'avais pas très envie d'être en sa compagnie et je suis allé flâner en ville quand j'ai reçu un coup de fil. C'était Mère Oussey. A mon grand étonnement. Elle ne m'a jamais appelé depuis la séparation et bien avant ça presque jamais.

- ma fille comment tu vas ? Tu nous a laissé maintenant.

- Non c'est juste que je n'aie pas vraiment le temps.

Elle s'est mise à me demander des nouvelles de maman Fanta, de ma mère. je répondais, mais sans trop faire attention car je ne comprenais pas vraiment pourquoi elle m'appelait.

- s'il te plait si tu as un peu de temps, peux tu passer à la maison. Rassoul vient de raccrocher avec moi. je voudrais te parler.

Mais de quoi voulait-elle bien me parler. Retourner dans cette maison, revoir mère Oussey, discuter avec elle. Je ne trouvais rien à lui répondre.

- je t'attends il n'y a personne ici. Je ne te retiendrais pas longtemps. A tout à l'heure.

Et elle a raccroché. J'ai hésité un long moment avant de monter dans un taxi. En chemin, Demba m'a encore appelé et je lui ai dit que j'étais en ville. Il était rassuré que j'ai quitté Rassoul et n'a rien demandé de plus. Durant tout le trajet, je me demandais pourquoi j'y allais. Arrivée devant la maison, j'ai encore hésité avant finalement d'entrer. J'ai eu un pincement au cœur en passant devant la place de Pa Ablaye et je suis restée quelques minutes à observer cet endroit, ou on pouvait rester des heures à discuter de politique et d'économie. J'ai prié pour lui tout en sachant et en ayant la conviction qu'il était en paix là ou il était car c'était un homme bien. Ensuite, je suis entrée et j'ai trouvé mère Oussey au salon en train d'égrener son chapelet avec un air très contrariée. Quand je suis arrivée, elle a tout arreté pour se lever et se diriger vers moi. Encore une accolade. Ce n'était vraiment pas la peine car il n'y avait personne avec nous. Donc toute cette comédie pour moi était un peu déplacée mais bon. Elle m'a demandé de m'assoir et m'a encore demandé des nouvelles de toute la famille. J'ai répondu à quelques questions, mais j'en avais un peu marre

- Maman Oussey, je suis ici tout simplement pour ne pas te manquer de respect. Mais je suis pressée. Si vous avez des choses à me dire.

Elle a pris un air désolé, et a arrangé son voile, a gigoté sur son siège un moment, semblant chercher ses mots.

- ma fille. Rassoul m'a appelé tout en l'heure. Il a beaucoup pleuré. Il m'a accusé d'avoir gâché sa vie, il m'a rendu coupable de tout. Toi aussi la dernière fois avec tes parents, vous m'avez accusé de tout.

Sa voix s'est brisée et elle a caché son visage dans son voile avant de pleurer longtemps en hoquetant de temps en temps. Je l'ai regardé sans rien dire et bizarrement sans trop de compassion. Je crois que je devenais méchante. Mon téléphone a sonné et c'était encore Demba. Je suis sortie pour répondre

- tu es toujours avec lui ?

- non je suis sortie depuis...

Il a eu l'air soulagé

- et tu es ou ?

J'ai hésité.

- je suis aux HLM

- qui habite les HLM ?

Encore un moment d'hésitation.

- je t'expliquerais quand je rentre.

Il s'est énervé

- Non Diouldé. Explique-moi. HLM c'est chez ton...

- Non c'est la maison de ses parents. Je suis venue voir sa mère. Elle m'a demandé de

- Quoi ? Bon je raccroche. A plus.

Et il a raccroché. Mon Dieu mais qu'est ce que je faisais ici. Je suis retourné au salon avec l'intention de prendre mon sac et de partir. Mais Mère Oussey essuyait encore des larmes ; elle pleurait pourquoi en fait la vieille. J'étais tellement perturbée qu'il m'a fallu un peu de temps pour m'en souvenir. Elle s'est mise à me regarder du coin de l'œil.

- Mon fils est tout ce que j'ai. Tout ce que je faisais c'était pour son bien. Tu t'es toujours trompé sur mes actions envers toi, tu..

Je l'ai interrompu.

- mère Oussey. Je ne suis pas venue pour qu'on parle encore de tout ça. Ce qui est fait est déjà fait. Ça ne sert à rien de revenir sur tout ça.

- si il faut tout clarifier pour que vous repartiez sur des bases claires.

J'étais partagé entre une envie de rire et une envie de fuir.

- je n'ai jamais voulu vous séparer. Rassoul t'aimais plus que tout. Tout ça c'est l'œuvre de Satan,..

- OHHH.

Mon cri l'a fait se taire. Au moins. J'en avais entendu assez.

- donc Satan est habillé en grand boubou et porte un voile.

Elle m'a regardé étonné que je puisse lui dire ce genre de chose.

- Rassoul a du oublier de vous dire que je me suis mariée.

- si si, il me l'a dit. Mais je lui ai dit que ce n'était peut être pas vrai et que tu le lui avais dit pour le pousser à revenir.

Là j'ai rigolé.

- et en fait vous m'avez appelé ici pourquoi ?

- Rassoul t'aime. Accepte de revenir et il sera heureux. Sinon, il me détestera et c'est mon cœur.

Elle a encore éclaté en sanglot. Je crois que je me suis pincée pour voir si je ne rêvais pas. Et c'était douloureux. Donc je ne rêvais pas.

- Eh bien Maman Oussey. Après avoir fait des pieds et des mains pour que je parte, vous voulez que je revienne.

Encore un rire. Nerveux cette fois ci.

- même si je n'étais pas mariée, je ne serais jamais revenu. Tout simplement parceque vous ne m'avez jamais considéré comme une personne humaine. Sinon, vous ne m'aurez jamais laissé dans cette salle quand je perdais mon bébé, toute seule sans personne, comme on laisse un chien dans la rue. Non si vous m'aviez considéré, pas comme votre fille parceque peut être c'est trop demandé, mais juste comme une personne humaine, vous ne m'auriez jamais fait ça.

Elle m'a regardé sans rien dire complètement perdue. J'ai rajouté que Pa Ablaye était mon seul soutien dans cette famille et comme il n'était plus là, je n'y remettrais les pieds.

Je ne trouvais rien à ajouter, je me suis levée et je suis partie.

J'avais quand même le cœur gros et en sortant j'ai remarqué qu'il faisait un peut tard. J'ai essayé de joindre Demba mais je tombais sur son répondeur. En arrivant, j'ai vu sa devant la porte et je suis entrée avec mes clés. Il suivait un match sur la télé et je suis allé me mettre à côté de lui en enlevant mes bijoux.

- salut mon cœur. J'ai essayé de te rappeler mais je tombais sur ta boite vocale.

Je me suis approché pour l'embrasser, mais il a reculé.

- tu ne penses pas que tu dois m'expliquer des trucs. Tu étais censée aller parler à ton ex mari. Et tu te retrouve chez sa mère. Je ne comprends pas Diouldé.

- parce que tu ne m'as pas laissé m'expliquer.

Il a croisé les bras

- je t'écoute.

Je me suis redressé et je l'ai regardé. Il avait froncé les sourcils et regardait la télévision. Je lui ai tourné le visage vers moi et il m'a regardé, un peu déçu.

- Demba je t'aime. Je te l'ai dis et je te le répète. Mais c'est mon passé et je n'y peux rien. Cette femme a été tellement méchante avec moi que je ne sais même pas pourquoi je suis allé la voir pour lui parler. Je crois que j'avais juste envie de lui cracher à la figure que je pouvais être heureuse. Je sais, c'est bête, mais...

- alors pourquoi tu y es allé si tu sais que c'est bête ?

Je ne savais quoi répondre.

- arrêtes Diouldé. On est marié maintenant. On ne se cache plus rien. Parle-moi. Je ne comprends pas.

Je lui ai pris les mains et j'ai commencé à lui parler des causes de mon divorce. Je lui ai expliqué comment dès le début de mon mariage, ma belle mère m'a clairement montré qu'elle ne m'aimait pas, comment toujours elle réussissait à s'immiscer dans notre couple et aussi comment mon mari se laissait faire toujours, refusant de me défendre, refusant de tenir tête à sa mère. Il m'écoutait en silence jusqu'à ce que je lui raconte les circonstances qui ont amené mon accouchement en catastrophe et par la suite la perte de mon enfant. A ce moment, il s'est levé et est allé se prendre un verre d'eau. J'étais à la même place, l'évocation de tout ça m'a un peu attristé mais je tenais à tout lui dire. Il est revenu s'assoir à mes côtés et j'ai continué là ou je m'étais arrêté, la plupart du temps sans le regarder, me contentant de jouer avec mes doigts. Quand je suis arrivée au jour de ma fausse couche et à la réaction de ma belle mère, mes larmes ont coulées. Je les essuyais tout en continuant à parler. Quand j'en suis arrivée à la réaction de Rassoul et à mon départ de la maison, il s'est adossé au siège et s'est tenu la tête.

- arrête. Je ne veux plus savoir.

Je me suis tu, je n'avais même plus envie de parler. Evoquer tout cela d'un coup m'a comme qui dirais permis de voir l'ampleur de tout ce que j'ai du supporter.

- et toi tu es resté tout ce temps ? Et tu as songé à retourner avec lui après tout ca ? Tu devais vraiment l'aimer alors.

J'ai haussé les épaules.

- je ne sais pas. J'ai appris à l'aimer car au début, ce n'était pas vraiment l'amour fou. C'était plus de la reconnaissance. Je voulais garder de l'estime pour lui car après tout on a eu à partager pleins de choses. Mais là c'est presqu'impossible. Ça s'est mal finit je n'y peux rien.

Après quelques minutes où chacun a gardé le silence, je l'ai regardé. Il fixait l'écran de la télévision, mais je savais qu'il ne suivait pas. Je me suis levée et je suis allé me mettre devant lui avant de me baisser et de mettre ma tête à son niveau.

- tu comprends maintenant ?

- Non, je ne comprends pas pourquoi tu as toujours envie d'être réglo avec ce mec. Pourquoi tu veux faire les choses bien après tout ce qu'ils t'ont fait. Pourquoi tu va voir cette....femme après tout ce qu'elle t'a fait endurer. Non, je ne comprends pas. Tu comptes fermer quand cette page ?

- elle est fermé depuis belle lurette. Sinon je ne serais pas là.

Il m'a regardé intensément, comme s'il cherchait des explications dans mes yeux. Il ne disait toujours rien et s'est levé pour aller dans la cuisine.

Il était de dos et je suis allé me coller à lui, glissant mes mains sous sa chemise.

- tu m'en veux ? Lui demandais-je doucement

Il s'est retourné et on s'est fait face

- oui je t'en veux. Je ne veux plus que tu remettes les pieds là bas. Prend le comme tu veux mais oui, je ne supporte pas de te savoir avec lui. Je n'y peux rien. Je ne supporte pas. Diouldé il faut que tu comprennes que je suis jaloux. Maladivement, mais je me soigne. Je t'aime de manière démesurée.

J'ai rigolé, mais il était sérieux.

- tu ne peux pas imaginer une seule seconde l'effet que tu as sur moi Diouldé. Je suis dingue de toi. S'il te plait, ne le revois plus.

J'ai rigolé.

- mais c'est fini entre nous. Y'a pas de raison que tu sois jaloux.

Il a soupiré me demandant si je peux lui jurer que Rassoul a bien pris la nouvelle de mon mariage. Je n'ai pas répondu.

- donc je t'interdis fermement de le voir, de lui parler. Pour les papiers de divorce, je m'en charge. Tu m'as compris ?

J'ai hoché la tête avec un petit sourire. Qu'est ce que j'aimais cet homme. Mon cœur débordait d'amour.

- pourquoi tu me regardes comme ça petite dévergondée ?

- toi aussi tu ne te rends pas compte de l'effet que tu as sur moi.

Il s'est plus collé à moi et j'ai tout de suite senti son excitation. Eh oui, il démarre au quart de tour mon très cher.

- Non, aujourd'hui je t'en veux. Tu n'auras rien, dit-il sans grande conviction.

- dans ce cas je vais te violer.

Il a rigolé et il m'a hissé sur le plan de travail de la cuisine avant de commencer à m'embrasser. Les choses comme d'habitude se sont vite embrasées surtout quand j'ai glissé ma main dans son pantalon. Je ne comprends pas comment il arrive à me faire tout cet effet. Comment est-il arrivé à me dérider à ce point. A me faire aimer son corps, le mien. Il n'avait pas de limite et surtout m'a enlevé mes complexes. C'est vrai qu'il est beau mon mari, avec un corps magnifique et ce n'est pas parce que c'est mon mari que je le dis (tient peut être bien que si aussi). Au début de mon premier mariage, avec le traumatisme de la première fois et le manque de confiance, à chaque fois que Rassoul touchait la partie excisé, j'arrêtais sa main. Donc par habitude, il a toujours évité d'y toucher. Mais Demba, ne m'a pas donné le choix. La première fois qu'il a posé sa langue sur cette partie, j'ai crié de surprise d'abord, en essayant de pousser sa tête. Mais il m'a fermement retenu les mains. Et plus tard, j'ai encore crié mais de plaisir. Moi qui croyais que cette partie ne servait à rien, j'ai découvert de ces trucs avec lui. C'était comme cela avec lui. Nos relations étaient toujours des découvertes, des surprises. Une fois, il s'est mis en tête de compter tous les grains de beauté qu'il y'a sur mon corps. Laborieux car arrivé sur certaines parties, il n'arrivait plus à se concentrer, surtout quand je me mettais volontairement à prendre des positions pour les moins...suggestives.

Et ceci a contribué à entretenir une sorte de tension sexuelle. J'avais cette impression que je ne me lasserais jamais de son corps. Je voulais toujours qu'il me fasse ses choses dont il avait le secret. Je ne comprenais pas. J'étais définitivement dévergondée.

Beaucoup plus tard dans la chambre, on s'est mis à parler de son ex à lui. La maman de Saran.

- elle c'est compliquée. Elle est tombée enceinte, je n'étais pas prête. Ma fille est née sans moi et n'empêche elle m'a pardonné quand je suis revenue. Après cela, les choses se sont compliquées. On s'est marié et quand je suis venue vivre ici, elle n'a pas voulu venir. Quand je t'ai rencontré, ça n'allait vraiment pas entre nous. Mais quand tu m'as rejetée, je suis encore retourné et j'ai essayé d'arranger les choses entre nous et elle m'a encore repris. Mais je faisais tout ça surtout pour ma fille. Elle a accepté de venir ici, mais n'est pas resté longtemps. Ça n'a pas marché. Maintenant c'est vraiment fini. Je suis obligé de garder le contact avec elle car on a une fille en commun, mais sans plus. Maintenant c'est toi ma vie.

Je l'écoutais sans rien dire. J'ai parlé à Saran après notre mariage, mais elle m'a juste dit qu'elle était contente pour notre mariage. J'ai entendu la voix de sa maman à côté, mais quand elle lui a proposé de me parler, elle a refusé disant qu'elle était occupée. De toute façon, je ne m'en formalisais pas.

Les jours suivants, j'ai été obligé d'appeler mon boss pour lui dire que j'arrêtais le travail. Demba ne voulait plus que je retourne car c'était hors de question pour lui que je reste si loin de lui. J'ai insisté mais quand je lui ai dit ce qu'on me payait, il a tellement rigolé que je me suis fâchée. Mais il a quand même réussi à me trouver un autre stage dans une banque et c'est uniquement sous cette condition que j'ai laissé tombé l'autre travail et qu'un weekend, je suis allé remercier tata et reprendre les quelques affaires qui me restaient.

Rassoul n'a pas cessé de m'appeler, mais je ne décrochais pas. Un soir, Sokhna m'a appelé pour me dire qu'Anta avait accouché. Bizarrement, j'étais contente pour Rassoul. il avait enfin un enfant. Il en rêvait et j'imaginais qu'il devait être vraiment heureux. De toute façon j'avais tourné cette page et on s'occupait tellement bien de moi que je ne voyais pas ce que je pourrais regretter.

Demba a pu finalement contacter mon avocat et a pu obtenir les papiers du divorce. On a ainsi prévu de faire le mariage civil un samedi après midi et ensuite, offrir un cocktail à tous les invités. Comme la mairie ne pouvait accueillir beaucoup de monde, c'était juste la famille au sens stricte et les invités devaient directement se rendre au restaurant qu'on avait loué pour la fête. Comme maman Fanta aussi comptait faire une fête le jour même chez elle sous forme de déjeuner ou elle invitait ses amies et sa famille. Je devais y assister avec mon mari et elle nous a offert les habits qu'on devait mettre. Moi j'avais droit à une robe en basin blanc avec des broderies très jolies tandis que Demba avait un caftan de la même couleur et très beau aussi.

Coumba est arrivée une dizaine de jour avant la cérémonie et m'a fait une énorme surprise. Alors que j'étais en ville, maman Fanta m'a appelé pour me demander de venir immédiatement car elle avait besoin de moi. J'ai fait vite et j'ai eu la surprise de voir ma Coumba m'ouvrir la porte. J'ai cru que j'allais faire un malaise. Elle m'avait tellement manqué et il s'est passé tellement de chose depuis la dernière fois qu'on s'était vu. On a passé la journée à papoter entre rire et larme. Elle s'est mise à me raconter sa descente aux enfers, ses mauvaises fréquentations, son addiction à l'alcool, les boites de nuits. Tout cela parce qu'elle s'est retrouvé un jour déprimé, elle s'intégrait difficilement, se sentait incomprise et n'a eu personne pour l'aider. C'était terrible ce qui lui était arrivé. J'en pleurais de dépit. Pendant ce temps je pensais que j'étais la seule à souffrir alors que ma meilleure amie avait besoin d'aide et je ne le décelais pas tellement mes problème avec ma belle mère et Rassoul étaient présents. Tout ça pour ça. Je lui ai promis que dorénavant je serais toujours là pour elle. Maintenant, elle allait mieux, avait changé de ville, changé de boulot et se remettait de tout cela. Elle m'a avoué que Moha aussi l'avait beaucoup aidé et je lui ai clairement dit que je la croyais bien finir avec lui. ça a eut le don de la faire rire. Non, elle le considérait juste comme un frère sans plus. Je n'ai pas voulu aborder le sujet Babacar et Adja. C'était une gêne pour moi et heureusement car elle aussi ne voulait pas en parler.

Quand Demba est venu me chercher, il était aussi content de la revoir malgré une petite gêne entre eux. L'histoire avec Babacar est certainement passée par là. Je me demandais comment gérer tout ça. Adja faisait tout pour se racheter auprès de moi et moi aussi j'essayais tant bien que mal de l'impliquer quoique je n'y arrive pas toujours. En plus avec sa grossesse elle était souvent malade donc je lui disais toujours que je ne voulais pas la déranger. Avec Babacar c'était plus compliqué. A part les salutations, je ne faisais aucun effort, malgré les reproches de Demba. Mais je lui disais que je n'y pouvais rien ? Je n'arrivais pas à être hypocrite comme lui-même si je lui répétais que je ne voulais pas que ça entache sa relation avec lui.

Ca faisait près d'un mois qu'on était marié et le mariage civil était prévu pour dans une semaine. Finalement, c'est avec Coumba que je fais la plupart de mes courses. Le choix de mes témoins a été la cause d'une grande dispute à la maison. J'avais décidé de choisir Coumba et Ibrahima mon frère. Mais Demba disait que je devais choisir Adja au lieu de Coumba et on s'est disputé pour cela. Je ne voulais pas changer d'avis et il était hors de question qu'Adja soit mon témoin. A cause de cela, il a boudé deux jours, et j'ai boudé encore plus que lui, car je ne comptais pas reculer d'un pouce. Le soir du deuxième jour, j'étais dans la cuisine en train de ranger quand je l'ai vu passer avec uniquement un boxer. Qu'est ce qu'il était sexy. Il a ouvert le frigo en m'ignorant et je n'ai pas pu m'empêcher de le regarder. Sans trop le vouloir, j'ai senti cette chaleur au bas du ventre et comme on était fâché, j'ai continué à ranger les verres collé au plan de la cuisine. Ensuite, mine de rien, il s'est approché de moi et s'est collé à moi pour prendre un verre dans la placard, prenant bien soin de rester quelques secondes dans cette position. En déposant le verre dans l'évier, il a fait exprès de me frôler la poitrine. C'était plus que je ne pouvais en supporter. Je me suis retourné pour lui faire face et il m'a fait un petit sourire espiègle. Je me suis mise à rigoler

- tu es vraiment con. Tu es fâché contre moi qu'est ce que tu as à t'habiller sexy là et à venir me provoquer comme ça.

Il a souri et m'a lancé un de ces regards qui tue.

- c'est juste pour te faire regretter femme. Regarde, admire mais ne touche pas femme.

Je ne tenais plus. J'ai éclaté de rire sans pouvoir m'arrêter et la glace s'est brisée.

On a discuté plus sereinement et plus sérieusement du choix de mes témoins et finalement, il a accepté que je choisisse Coumba ou alors, il était pressé d'arrêter les bouderies car on a vite fait de sceller la réconciliation au lit.

Le matin de la fête, je suis allé au salon me faire toute belle et j'ai vraiment été contente du résultat. En plus la robe de maman Fanta m'allait à merveille. Cette dernière avait invité toutes ses connaissances et était sur un petit nuage tellement elle semblait heureuse. Demba était magnifique dans son boubou et son père ainsi que quelques membres de sa famille étaient présents à la fête. Bizarrement je le voyais sans cesse suivre maman Fanta du regard. Un moment, j'ai chuchoté à Demba que j'avais l'impression que son père en pinçait pour ma maman Fanta. C'est vrai qu'elle était vraiment en beauté maman Fanta pour la fête. En plus elle gardait toujours ce joli visage, cette taille svelte. De quoi faire tourner la tête à un vieux toucouleur. Demba a éclaté de rire disant que j'étais complètement folle de penser cela, mais avant notre départ pour aller nous préparer pour la mairie, il m'a murmuré que je n'avais peut être pas tord car son père était...bizarre.

Après le déjeuner, on est allé à la maison pour se préparer pour la mairie. J'avais une magnifique robe en dentelle que m'avait offerte Coumba uniquement pour la cérémonie et c'était très jolie. La rencontre entre Coumba et Babacar était inévitable...et froid. Tout comme les salutations entre elle et Adja. Dire que durant ses dernières vacances elle et Adja s'étaient très bien entendus. Je refusais d'y penser pour ne pas gâcher ma journée. La salle de la mairie était remplie de collègues de Demba, son groupe d'amis, sa famille et bien sur de quelques une de mes cousines. Je ne sais pas pourquoi je ressentais tant d'émotion tout d'un coup. On était déjà marié et c'était une cérémonie purement administrative, mais regarder Demba en face de moi sans avoir les larmes qui montaient m'étaient difficiles. Et surtout quand le maire a demandé Demba s'il voulait me prendre pour épouse, m'aimer, me respecter ect..J'ai vu qu'il avait les larmes aux yeux et une boule à la gorge. Il a dégluti avant de répondre tendrement un oui, que le maire lui a demandé de répéter tellement il a parlé bas. J'en étais toute touché et j'avais envie de le prendre dans mes bras pour le réconforter. Mais le maire a enchainé et m'a également posé la même question. J'ai répondu avec un grand sourire et en pleurant sans le vouloir. Coumba m'a glissé un mouchoir et j'ai rapidement essuyé mes larmes. Oui, je voulais me marier avec lui, vieillir avec lui, partager mes peines, mes joies, ne plus jamais le quitter. Oui. C'est ce que je voulais. Après la cérémonie il fallait faire vite pour aller me changer encore et aller au cocktail. Cette fois j'avais un bustier tout en perle et une longue jupe en traine en dentelle. Finalement la fête a été belle. La salle était rempli entre les toucouleurs, les peules, les marocains, les français, un vrai melting pot. Il y a eu une ouverture de bal suivi de discours d'amis tous aussi émouvantes les unes que les autres. Coumba m'a fait pleurer avec un discours sur nos années de lycée, nos liens d'amitié et tout. Babacar aussi a fait pleurer Demba et tout leur groupe s'est subitement levé pour venir soulever Demba et courir avec lui. tout le monde a éclaté de rire. C'était une bonne ambiance. Quand la piste a été ouverte, tout le monde s'est déchainé à croire qu'ils n'attendaient que cela. J'ai dansé avec tout le monde passant du wango à la danse du ventre. C'était magnifique.

Le soir même, Demba m'a annoncé qu'on s'envolait le lendemain pour le Maroc pour une autre lune de miel et aussi pour voir sa mère. J'étais la femme la plus heureuse du monde....


J'ai adoré le Maroc. Même si mon premier voyage en avion a été périlleux. J'étais toute contente de voyager, mais n'ayant jamais pris l'avion, j'ai commencé à stresser en entrant à l'aéroport et je n'osais pas en parler à Demba car je savais qu'il allait se moquer de moi. Donc installée sur mon siège avant le décollage, j'étais tellement tendue que j'en oubliais de respirer. Un moment Demba s'est tourné pour me faire une belle déclaration, mais quand il m'a regardé, il a pouffé de rire. Le salaud a compris que j'avais vraiment peur. Après son moment de rire que je n'ai que moyennement apprécié, il a commencé à me rassurer et m'a pris la main au moment du décollage. N'empêche, j'ai cru qu'on avait laissé mon cœur au sol et j'en ai profité pour essayer de lui casser sa main qu'il m'avait tendue. Un vrai baptême de l'air.

On a été accueilli a l'aéroport par un de ses cousins et j'ai d'emblé adoré le pays, les paysages, la propreté. Il faisait encore tôt à Casa et plutôt froid, mais on a eu droit à un accueil très chaleureux et joyeux. Sa maman Latifah est venue nous accueillir à l'entré de la maison. J'ai été surprise de voir sa maman. Latifah (elle ne voulait pas qu'on l'appelle maman ou autre surnom mémérisant) était une dame encore très belle, assez mince, toujours en jellabah et très avenante. Elle devait avoir près de 60 ans mais on lui donnerait facilement moins que ça tellement elle était bien maintenu. Eh oui, j'avais une belle mère très fun et très joviale. Elle a serré son fils pendant longtemps et quand elle l'a laissé j'ai vu des larmes sur ses joues qu'elle a vite essuyées. Ensuite elle s'est tournée vers moi et m'a aussi pris dans ses bras un bon moment avant de s'écarter et de me regarder.

- eh bien mon garçon, ta femme est belle.

Demba a souri et je l'ai senti aussi un peu ému. D'après lui ça devait faire bientôt 5 ans qu'ils ne s'étaient pas vu.

- tu crois ? je ne trouve pas moi.

Je l'ai pincé bien fort et il a crié

- au moins, grâce à elle tu viens voir la pauvre mère. Fils indigne...

Tout le monde a rigolé. Il y avait quand même beaucoup de familiarité entre eux. J'avais déjà remarqué avant qu'il ne l'appelait que par son prénom et je voyais qu'il y avait une certaine complicité entre eux. Il l'avait enlacé et gardait encore ses bras autour de ses épaules. On est entré et elle m'a présenté les autres membres de sa famille. Il y avait la grand-mère et l'oncle qui ne parlaient qu'arabe, les cousins qui étaient commerçant et parlaient tous oulofs. Ils m'ont dit que la plupart de leur clientèle était sénégalaise donc ils étaient obligés de comprendre la langue. Etonnant. J'en rigolais. On a tous pris le petit déjeuner ensemble dans une très bonne ambiance. Les femmes étaient à l'intérieur et elles sont sorties plus tard pour nous saluer. Latifah m'a demandé des nouvelles du Sénégal, me révélant qu'elle y a passé presque toute son enfance car son père y était un grand commerçant.

- c'est là bas que le crétin qui sert de père à ton mari...

- Latifah, arrête...

Demba l'avait interrompu, mais elle a fait comme si elle n'avait rien entendu

-... m'a séduit et m'a convaincu d'aller vivre avec lui en France...A l'époque j'étais comme toi et tout le monde se retournait sur mon passage

- mais vous êtes toujours magnifique maman..

- pas maman...LATIFAH

J'ai hésité et après un bref coup d'œil à Demba qui a pouffé de rire, je me suis permis

- Latifah

Demba s'est levé

- c'est bon, on est fatigué et ma femme n'a pas vraiment envie de t'entendre encore une fois te morfondre sur tes années de gloire et de beauté.

Il m'a pris fermement la main et m'a obligé à me lever. C'est vrai que j'étais quand même un peu fatiguée, mais l'accueil a été tellement bien, sa maman tellement adorable que je ne voulais pas faire cesser la magie. En plus il était tellement familier avec sa mère, l'appelant par son prénom, lui faisant des grimaces. Je ne connaissais pas cela. L'ambiance était tellement bonne que je ne voulais pas bouger. Mais je l'ai quand même suivi. On nous a installés dans une petite chambre très jolie décoré avec gout. Je suis allée prendre une bonne douche avant de venir me coucher. C'était le matin, mais je tombais de sommeil.

La preuve on ne s'est réveillé qu'en fin d'après midi. Le temps de nous lever, de faire ce qu'on avait à faire, de ranger nos affaires, on était déjà dehors. Il faisait déjà froid durant cette période, mais la ville était quand même jolie. On est allé faire un tour au marché de la médina et Demba m'a pris pleins de djellaba et je devais avouer que j'adorais cette tenue. J'ai aussi découvert que les marocains adoraient les femmes. Tous les prétextes étaient bon pour qu'ils vous touchent ou vous faire des compliments avec un grand sourire. Et Demba ne supportait pas cela. Il me prenait fermement la main et on a du écourter notre promenade car je l'énervais à toujours vouloir m'arrêter et demander. Le soir on s'est tous retrouver autour du diner. L'ambiance était au top et tout le monde parlait en même temps. Parfois je ne comprenais pas et Demba essayait de me traduire ce que sa grand-mère disait. C'était tellement vivant tout cela. J'étais fatigué et je suis allé me coucher, laissant Demba et Latifah en pleine discussion. Il est venu se coucher très tard et faisait attention pour ne pas me réveiller. Il est resté assis un long moment sur le lit sans rien faire et quand je me suis retourné, il avait l'air vraiment triste. Je me suis demandé ce qu'ils se sont dit, mais il m'a souris et s'est excusé de me déranger avant de se coucher à son tour. Mais, il avait d'autres projets. Il est venu se coller à moi, me faisant sentir à travers son pantalon son désir. Mais j'avais trop sommeil. Déjà la veille on n'a presque pas dormi car il disait que c'était notre vraie lune de miel. Et aujourd'hui encore il me disait qu'on devait inaugurer la chambre. N'importe quoi.

- écoute Demba, on est chez ta mère. Et on est plutôt bruyant, toi et moi, enfin surtout toi. Je crois qu'il vaut mieux qu'on ne fasse rien durant le séjour. Ta mère est juste à côté.

Il a rigolé alors que j'étais vraiment sérieuse. Sa mère occupait la chambre juste à côté de la notre et vraiment j'avais des scrupules à faire « ça » alors qu'elle est juste à coté. En plus on entendait tout. Quand elle entrait dans sa chambre on entendait, quand elle parlait au téléphone on entendait tout. Donc vous imaginez si on devait faire ça...elle entendrait tout et

- tu crois que ma mère ne se doute pas qu'on fait des galipettes tous les deux...

Je lui ai fermé la bouche avec ma main pour qu'il se taise. Mon Dieu mais qui va me l'éduquer ? Ça devait être trop tard maintenant.

- écoute-moi, il est hors de question que je fasse des galipettes avec toi avec ta mère à côté. Comprend moi. J'aurais honte après. Tu me connais.

- on le fera silencieusement dit-il en murmurant comme s'il me disait un secret.

J'ai encore insisté, il a boudé et m'a tourné le dos. Mais je n'avais pas trop envie que sa mère nous entende. En plus j'avais besoin de me reposer, même si la curiosité me tuait car je me demandais pourquoi il avait l'air si triste en venant se coucher. Mais je ne voulais pas réveiller la bête, donc j'ai laissé tomber.

Le lendemain pourtant, je l'ai vu aller se blottir dans les bras de sa mère et y rester un bon moment comme un petit garçon. Je m'étais donc peut être fait des idées sur sa mine d'hier. Moi qui pensais qu'ils s'étaient peux être disputé, je n'y comprenais rien, mais je ne voulais même pas savoir. Après le petit déjeuner, j'ai proposé de préparer un bon thiébou dieune au grand bonheur de toute la famille, et je suis partie au marché chercher du poisson avec sa cousine Nadia. On ne se comprenait pas, mais le mime est finalement un vrai langage. Elle ne faisait pas trop d'efforts pour m'aider, mais je me débrouillais assez bien car les gens étaient très accueillants. Au retour, je me suis tout de suite mise au fourneau avec l'aide de Latifah au début, mais qui a vite disparu prétextant une visite à rendre à une de ses amies. J'étais seule dans la cuisine en train d'éplucher les légumes, quand Demba est entré et m'a enlacé par derrière pour se coller à moi et déposer un bisou sur mon cou.

- chéri Demba, tu n'as pas fini ? Ma mère est sortie, il n'y a presque personne à la maison, on peut aller rapidement dans la chambre.

Mais il est complètement fou cet homme. J'étais en train de cuisiner et il pensait encore à ça.

- qu'est ce qu'on va faire dans la chambre ?

Il m'a retourné et je me suis retrouvé en face de lui. Il s'est encore plus approché et j'ai senti un renflement dur contre mon ventre. C'est bien ça, il est complètement fou.

- ce djellaba te va à ravir ma chérie.

J'ai essayé de le repousser.

- mais tu ne vois pas que je cuisine. Tu veux que je laisse ça pour qu'on aille...

Il s'est encore plus rapproché, ses lèvres presque collées aux miennes

- je ferais vite, très vite. Taf taf, comme ça le repas sera encore meilleur car tu seras boostée.

Je n'ai pas tenue, j'ai rigolé.

- et si on le faisait ici, lui dis-je toujours en rigolant.

Le béta a pris un air sérieux et a regardé autour de lui pour voir ou il pourrait s'installer.

- sérieux ?

Je lui ai balancé une tape sur la tête.

- tu le fais exprès là. Demba sort tout de suite de cette cuisine sinon, je te coupe tes bijoux royaux.

Il a pris un air faussement apeuré, mais c'est encore approché et a commencé poser ses lèvres sur les miennes. Comment résister ? Surtout quand il a glissé sa langue et resserré son étreinte. Nadia est entrée dans la cuisine et on s'est séparé rapidement. J'étais vraiment gênée mais Demba, lui apparemment non. Il a même pris le temps de déposer rapidement un autre baiser sur mes lèvres avant de sortir de la cuisine. En passant devant Nadia, il l'a enlacé et déposé un bisou sur sa joue, avant de sortir. Elle m'a ensuite aidé à terminer et heureusement car il fallait cuisiner en quantité.

Heureusement d'autres membres de sa famille sont venus et Demba est venu me chercher pour me présenter. Et tout ce beau monde est resté pour manger. Le repas a été un succès et Latifah m'a félicité en disant que je faisais mieux qu'elle. Après le repas, les garçons sont sortis et je suis resté avec ma belle mère à discuter. Librement. Comme une mère et sa fille. Elle m'a donné plein de conseils disant que son fils n'était pas compliqué et que la veille il lui avait longuement parlé de notre relation.

- Mon fils t'aime Diouldé. Vraiment. Je crois que je ne l'ai jamais vu comme ça et j'en suis vraiment heureuse.

J'ai souris un peu gênée, ne sachant pas trop quoi dire.

- moi aussi je l'aime beaucoup.

- je sais aussi que tu as divorcé et pour être passé par là je sais que c'est difficile et après on a du mal à faire confiance.

Là je n'ai rien répondu et elle s'est mise à me parler du père de Demba. Et c'est là que j'ai su que c'était surtout la différence de culture qui est à l'origine de leur séparation. Les toucouleurs n'ont pas supporté qu'il aille épouser une femme qui ne soit pas de leur ethnie et ont tout fait pour les séparer. Mon Dieu ça me rappelait des choses. Décidemment il ya certaines choses qui ne changeront jamais. Ils se sont arrangé pour lui prendre une femme au village et l'ont mis devant le fait accompli. Au lieu de lui en parler, il prétextait de venir en vacance pour voir sa deuxième femme en cachette, jusqu'à ce qu'elle découvre le tout. Je sentais, malgré le temps écoulé, beaucoup de peine. Elle n'a pas supporté. Elle ne conçoit pas la polygamie. Son homme, elle ne le partage pas. Elle a préféré partir malgré le refus catégorique de son mari.

- il n'était pas le seul à avoir fait des sacrifices. Moi aussi j'ai bravé ma famille pour épouser un homme qui n'était pas de la même culture que moi. Mon père et ma mère m'en ont voulu. J'avais tout sacrifié pour lui, et il m'a fait cela..

Mon Dieu, comme je la comprenais. Je la comprenais tellement que je me suis mise à pleurer. Elle m'a pris les mains

- c'est du passé ma fille. Même si mon fils m'en a voulu longtemps. Il n'a pas compris que je parte et que je le laisse avec cette femme. Mais j'étais obligé.

Elle semblait vouloir me convaincre de quelque chose que je ne saisissais pas. Je lui ai dit que je la comprenais. Je n'avais pas vraiment envie de parler de ma vie passée avec ma belle mère surtout que je venais juste de la connaitre et que je n'étais pas très sure que je pouvais avoir ce genre de rapport avec elle. Elle m'a posé quelques questions sur mon précédent ménage, mais j'ai été disons un peu vague en parlant d'incompatibilité d'humeur. Heureusement qu'elle n'a pas trop insistée et on a continué à papoter de sujets et d'autres jusqu'au retour des garçons. Cette fois on est sorti en couple manger dehors et flâner un peu. Mais le froid nous a vite convaincu de rentrer. Cette nuit, comme il mangé très épicé, il a eu des maux de ventre et le peureux a passé sa nuit à gémir. Le lendemain, il allait déjà mieux et on a continué à visiter la ville. C'était magnifique. Je suis allé au hammam, j'ai fait du henné, je me suis teint les cheveux, je suis allé rendre visite à la famille de Latifah éparpillé dans la ville. Parfois j'étais bien accueillie, parfois pas, mais n'empêche. Demba était juste à côté et me serrait toujours la main et cherchait toujours à me mettre à l'aise. J'ai passé de bonnes vacances et le seul hic a été la proximité de sa mère. Mon chéri boudait, mais ça calait. Même s'il commençait à m'embrasser, à me caresser, mon esprit était à ne pas faire de bruit, et je n'étais pas réceptive et toute crispée. Donc finalement il laissait tomber, très frustré et disant que je voulais le tuer.

On est resté 4 jours à Casa à jouer aux touristes et à faire des courses. Demba m'amenait dans les grandes boutiques de luxe et ne lésinait pas sur les moyens, même s'il me reprochait de ne pas le satisfaire au lit ces derniers jours. J'ai fait le plein de sacs, de jolis chaussures et de vêtements. Une vie de princesse. Parfois Latifah nous accompagnait et moi qui pensait qu'elle verrait mal le fait que son fils dépense tant pour moi, non, au contraire, elle me poussait à prendre, m'aidait à choisir et m'a même offert un bracelet, qu'elle a payé elle-même. J'en étais toute gênée et le soir, j'ai quand même demandé à Demba pourquoi la dernière fois, il paraissait triste après avoir discuté avec sa mère. Il m'a expliqué qu'il avait été très injuste avec sa mère car pendant des années il lui en a voulu de l'avoir laissé tomber alors qu'elle avait peut être des raisons valables. Il n'a pas voulu trop s'étendre sur le sujet, mais j'ai compris. Je lui ai dit qu'il avait maintenant l'occasion de se racheter de toute façon et il a promit de le faire.

Après ces jours paradisiaques, on devait se rendre à fez le vendredi. Il tenait à ce qu'on y aille, car il voulait aller faire le ziar à son Cheikh. Il vouait une adoration à Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, le calife de la tarikhah tidjaniyah. Il a pris cet engouement de son père qui lui aussi fait partie de cette tarikhah. Quand il en parlait c'était avec passion. Demba était certes musulman et pratiquant mais pas aussi fervent que Rassoul. Rassoul se levait systématiquement le matin pour prier et tenait beaucoup au respect des heures de prière. Demba, pas toujours. Au début de notre mariage, ça m'énervait car moi aussi ca ne m'encourageait pas à le faire. Mais il me répétait que sa foi le concernait et que si je voulais je n'avais qu'à le réveiller le matin à l'heure de la prière. Mais nos nuits étaient tellement courtes que la plupart, je coupais la sonnerie du réveil et me recouchait. Et après au moment de rattraper, je lui en voulais en lui disant que ce n'était pas bien. Mais il me sortait pleins d'arguments en disant que Dieu pardonne les péchés, que c'était son ami, que de toute façon, il ira au paradis...bref des excuses débiles. Quand la prière du crépuscule tombait à l'heure d'un de leur match, il ratait la prière et ça m'énervait. Je lui faisais la remarque en lui disant que c'était à moi de faire ça et lui de me redresser et pas le contraire. Il s'énervait, mais savait que j'avais raison. Au fil du temps, il faisait des efforts et c'était tant mieux.

On a quitté Casa très tôt le vendredi car il ne voulait pas rater la prière du vendredi et surtout tenait à faire la wasifa avant la prière du crépuscule. Entre Casa et Fez c'est un long voyage en train, mais tellement plaisant en fin de compte. Latifah avait tenu à venir avec nous et on a papoté sur ses souvenirs à Dakar tandis que Demba gardait le silence et semblait tendu. Il semblait concentré et me faisait de temps en temps des sourires ou se penchait pour me faire des bisous sur la joue. On s'est arrêté à une ville quelques minutes et Demba est parti pour visiter je ne sais quoi tandis qu'on est resté à la gare à l'attendre. Après cela, il n'y a plus eu de haltes et j'ai enfin découvert Fez. Une belle ville ancienne. Pour acceder à la mosquée, il fallait passer par des sentiers sinueux et étroit et on a rencontré pleins de sénégalais qui faisaient aussi le ziar ou qui y vivaient. On a effectué la prière du vendredi à la mosquée et j'ai suivi Latifah chez une de ses connaissances tandis que Demba tenait à rester là bas. On a mangé un couscous qui n'avait rien avoir avec les couscous marocain qu'on préparait à Dakar. Mon Dieu, un vrai régal. Après 17 heures, je suis retourné à la mosquée avec un des enfants de la famille et j'ai vu Demba en plein recueillement. La wasifa avait commencé et on avait étendu un drap blanc au centre et les hommes récitaient des versets ensemble. Je me suis mise derrière et j'ai suivi. C'était bizarre comme sensation. J'avais l'impression que chaque parole pénétrait dans ma chair tellement on sentait la ferveur, la foi. A la fin, il faisait nuit et j'ai rejoint Demba. Il était toujours aussi silencieux et quand je lui ai demandé si ça allait j'ai vu ses yeux mouillés. Il m'a expliqué que ce qu'il avait ressenti était inexplicable et que ça lui avait fait un petit coup. J'ai compris. La foi ; ça ne s'explique pas. On ne trouve jamais de mots pour les exprimer. C'était trop fort.

On a été obligé de passer la nuit et Demba voulait qu'on aille à l'hôtel, ce que la connaissance de Latifah a refusé et elle nous avait déjà préparé une chambre. Je savais que Demba avait d'autres idées en tête, mais moi ça m'allait. J'étais tellement fatiguée par le long voyage. Le lendemain, on a pu quitter après avoir visité la ville et fait des achats. Comme on devait rentrer le dimanche sur Dakar on n'a pas eu le temps de visiter d'autres villes même si je tenais à aller à Marrakech. J'avais passé une merveilleuse semaine et en partant j'ai fait promettre à Latifah de venir nous rendre visite. Ça me ferait vraiment plaisir de la recevoir.

Dès qu'on a posé nos valises à la maison, Demba m'a attiré à lui et sans commentaire m'a soulevé pour aller directement dans la chambre. Une semaine de diète, en pleine lune de miel, c'était vraiment trop pour lui. Je le sentais tendu depuis hier et c'est en m'enlevant frénétiquement mes habits, qu'il m'a dit qu'il allait bientôt exploser. Mais avec moi, il fallait faire doucement et quand il a voulu y aller rapidement, j'ai eu vraiment mal. J'ai compris qu'il avait trop attendu, mais bon. Je lui ai encore expliqué que je n'étais peut être pas comme les autres et qu'il me fallait un peu plus de temps. Il s'y est remis avec joie et cette fois a été plus tendre, prenant son temps et ça s'est mieux passé.

Le lendemain, Demba devait retourner au travail, et j'ai dormi presque toute la journée. En début d'après midi, je suis allé voir maman et lui donner le cadeau que je lui avais ramené. J'en ai profité pour aller voir Coumba, mais sa mère m'a dit qu'elle était sortie. J'ai essayé de l'appeler mais elle ne prenait pas. Je suis donc sorti pour attendre un taxi et c'est ainsi que je l'ai vu descendre de la voiture de Babacar qui l'a déposé à l'autre coin de la rue surement pour qu'on ne les vois pas. j'ai été choqué surtout quand je l'ai vu faire le tour pour aller embrasser ce crétin. J'avais des envies de meurtres tout d'un coup. Je n'ai pas tenu, je suis allé vers un d'un pas décidé et Coumba a sursauté, très surprise de me voir. Je l'ai ramassé.

Je criais presque tellement j'étais énervée.

- Mais Coumba qu'est ce qui te prend ? qu'est ce qui ne va pas chez toi ?

- parle doucement Diouldé, je vais t'expliquer, tu va comprendre.

Elle a essayé de m'entrainer, mais je me suis dégagé avant de me tourner vers Babacar qui semblait vraiment gênée et dépassé

- toi tu n'as même pas honte. Si tu savais à quel point je te déteste.

Il est sorti de la voiture, en commençant à parler. Mais je ne l'ai pas écouté, j'ai vite arrêté un taxi avant de partir. Mais qu'est ce qui a bien pu se passer en l'espace d'une semaine pour que Coumba oublie que Babacar avait deux épouses maintenant et elle avait du remarquer qu'Adja était enceinte lors du mariage. Du grand n'importe quoi tout ça. Babacar m'a appelé en chemin, mais je lui ai crié dessus disant que s'il m'appelle encore une fois je vais directement parler à Adja. Je l'ai traité de PD et il n'a même pas daigné me répondre.

Coumba aussi m'a appelé mais je lui ai dit que je n'avais pas vraiment envie d'en parler et qu'elle pouvait passer à la maison le lendemain. Je voulais aller voir Adja car je lui avais ramené un petit cadeau, mais je n'en avais plus la force.

Quand je suis arrivée, j'ai trouvé Demba qui boudait car il ne m'avait pas trouvé à la maison et qu'il n'aimait pas que je sois dehors à certaines heures. Mais j'étais déjà énervée.

- Demba s'il te plait, je suis fatiguée. Je n'ai pas envie de me disputé. J'étais sortie.

- mais avertis-moi. Mais je suis rentré et je ne savais pas ou tu étais.

Il avait raison, mais je crois que j'étais trop énervée pour m'en rendre compte.

- ou pense tu que je sois allé ? J'étais chez maman Fanta

Mon téléphone a sonné et je l'ai pris pensant que c'était Coumba qui rappelait encore et j'ai été surprise de voir le nom de Rassoul. J'ai coupé rageusement le téléphone et mes geste ont du l'intriguer car il est venu prendre mon téléphone qui se mettait à nouveau à sonner. Il a vu le nom est m'a regardé.

Il a changé de visage. Il s'est crispé et je l'ai vu serré les mâchoires et se retenir.

- Réponds. Répond bordel...on t'appelle.

Il me tendait le téléphone, et je l'ai pris avant de raccrocher encore. Ça l'a encore plus énervé, et il a pris rageusement le téléphone pour le jeter contre le mur. Il s'est cassé. Il m'a regardé fixement, guettant ma réaction. Je ne disais rien et j'allais me retourner quand il a commencé à crier.

- tu étais ou Diouldé ? J'en ai marre à la fin de tout ça. Pourquoi ton ex mari t'appelle encore ? Pourquoi ?

J'ai froncé les sourcils essayant de comprendre ce qu'il voulait dire

- Diouldé, c'est la dernière fois que je te dis que je ne veux plus entendre parler de lui. Tu m'emmerde à la fin. Quoi tu étais avec lui ?

Je l'ai regardé choquée avant de me mettre moi aussi à crier

- arrête Demba. Tu exagère. Je ne supporte pas tes insinuations tu as compris. Toi aussi que ca soit la dernière fois que tu me demande ce genre de chose. Je suis mariée, mariée avec toi. Tu pense vraiment que je vais aller voir mon ex dans ton dos ? Tu me prends pour qui ?

- répond moi, pourquoi tu es comme ça sur tes gardes.

- je ne te répondrais pas. Tu es complètement fou Demba. Va te faire foutre.

Il a continué à crier disant que j'étais de mauvaise foi. Je suis allé m'enfermer dans les toilettes les oreilles bourdonnantes en essayant de me calmer. J'ai pris une bonne douche et quand je suis sortie je m'étais calmée. Je suis directement allé me coucher dans l'autre chambre. Je n'entendais aucun bruit dans la maison, mais je n'avais pas envie de bouger.

J'ai commencé à dormir quand j'ai entendu la porte d'entrer s'ouvrir et j'entendais ses pas aller vers la chambre et ensuite ressortir. Il m'a appelé mais je n'ai pas répondu. Il est alors entré dans la chambre et est venu se coucher derrière moi avant de m'enlacer. Je n'avais pas envie de résister et je me suis retourné. On se faisait face et j'avais du mal à continuer à lui en vouloir et sans trop réfléchir, j'ai avancé la tête pour l'embrasser. Il a répondu sans se faire prier. Je me suis arreté pour le regarder.

- tu étais ou ? me demanda t-il finalement calmement

- chez Coumba, répondis simplement.

Il n'a rien répondu.

- et toi tu étais sorti ?

Décidemment. C'était comme si on ne venait pas de se disputer il y'a quelques heures.

- chez Babacar.

J'ai tiqué et attendu qu'il ajoute quelque chose. Mais rien. Apparemment ce dernier ne lui a rien dit.

- tu sais que je t'aime Diouldé ?

J'ai hoché la tête en silence

- tu sais que je ne supporte pas qu'il t'appelle.

J'ai encore hoché la tête.

- tu me promets que ça n'arrivera plus.

J'ai gardé le silence avant de répondre

- toi aussi tu sais que je t'aime. Est-ce que tu me fais confiance ?

Il s'est juste contenté de déposer légèrement un baiser sur mes lèvres et de glisser ses mains sous mon pyjama, me touchant les seins dont les bouts qui ont réagi immédiatement en se dressant sous ses doigts. Traitres...je perdais mes moyens.

- arrête tes crises de jalousie, ne gâche pas les choses, s'il te plait.

Je ne réfléchissais plus car il avait penché la tête et ses lèvres ont remplacé ses mains. Je me retenais...

- Demba arrête, on discute sérieusement.

Il s'est arrêté un moment et m'a regardé.

- je suis désolé. Je t'ai dit que je suis jaloux. Je passe ma journée à penser à toi, à ton corps, à ce qu'on doit faire. Donc quand je vois ton ex t'appeler, je suis désolé, mais ça me met en colère.

- je comprends, mais fais moi confiance.

- je te fais confiance, mais...je t'aime trop.

Que répondre à ça. On s'est remis à s'embrasser et on s'est vite retrouvé nus en train de se faire des gâteries. Juste après alors que j'essayais de reprendre mon souffle, il m'a tiré à lui.

- Mme Sow, tu as le corps particulièrement chaud. Tu va bien ?

J'ai cru qu'il me taquinait et j'ai juste souri

- en plus tes seins sont...

Il a commencé à les caresser et les pétrir et je voulais l'arrêter quand il m'a brusquement retourné pour lui faire face.

- ton corps a changé mon cœur, tu es sure que tu n'es pas enceinte....

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