Partie 24

Demba était tellement énervé qu'il serrait les poings. Je ne comprenais vraiment pas.

- c'est tout ce que tu as à dire.

J'ai pris un air exaspéré.

- Demba je n'ai pas de compte à te rendre. Ma vie j'en fais ce que je veux.

Sans un mot, il s'est retourné pour partir. Mais je n'avais pas fini

- et puis, si tu veux savoir des choses sur moi, tu n'as qu'à me demander. Qu'est ce que tu as à toujours demander à Adja. Je n'aime pas ça. Ne parlez plus de moi dans mon dos.

Il s'est retourné

- je n'ai pas me droit de demander de tes nouvelles ?

- non, c'est ma vie. Si je voulais que tu sois au courant j'allais t'en parler. Si ça t'intéresse tant, tu n'avais qu'à me demander. A moi. Pas à Adja.

Une chose de réglé. Je n'aimais pas cette habitude qu'ils ont de parler comme ça dans mon dos. Il avait l'air gêné, mais je m'en foutais complètement. Je me suis retourné et cette fois j'ai sonné sans me soucié de lui. Avant d'entrer j'ai entendu sa voiture démarrer et nos regards se sont croisés une fraction de seconde.

Je me sentais lasse. J'en avais marre de tout ça. Je n'aimais pas être jugé surtout sur des faits que je savais complètement en ma défaveur. L'histoire de Badou était une terrible erreur. Je crois que je m'en voudrais toute ma vie. Et le pire c'est qu'il était toujours à espérer que je revienne à lui. Mais pour moi c'était hors de question. Badou c'était de l'histoire ancienne.

Cette année, le mois de Décembre s'annonçait plus joyeux. Rama, ma Rama devait venir avec son fils en début décembre. J'étais très tellement impatiente de la voir. On se parlait souvent au téléphone et durant ma période difficile, elle a été très présente, m'appelant très souvent pour me conseiller et me demander de tenir. Comme avec Malick, je lui avais dit ce que je pensais de leur comportement mais avec elle les choses se sont vite aplanies. Je la considérais comme ma grande sœur et elle a toujours été égale à elle-même.

Donc quand elle est arrivée, j'étais à la porte pour l'accueillir. Son fils avait un prénom français et un autre sénégalais. Donc il s'appelait Ousmane Philipe, ou Philipe Ousmane. Ousmane était le nom de leur père et donc maman Fanta disait que c'était son mari. Il était tout simplement adorable, avec des cheveux bouclés, une peau métissée et des joues toutes rondes. Rama avait pris un peu de poids mais était resplendissante. Comme d'habitude elle ne faisait pas dans la dentelle. Elle m'a trouvé maigre et pâle, et s'est mise à me sermonner.

- il faut te ressaisir. Tu penses trouver un autre mari dans cet état ? Et puis basta. Je t'ai dit qu'un mauvais mari c'est comme une dent pourrie. Il faut juste arracher et jeter.

J'ai secoué la tête

- Non Rama. Rassoul n'est pas mauvais. Au contraire. Si j'avais des choses à arracher ca serait sa mère et sa sœur.

Maman Fanta s'est mise à rigoler en disant à Rama que mon cœur était encore avec Rassoul et qu'il ne fallait rien lui reprocher devant moi. Je leur ai répondu que certes on avait divorcé, mais il a toujours été très bon avec moi. Mais Rama n'a pas varié. Non elle n'avait pas changé, elle parlait beaucoup, riait beaucoup, mettait l'ambiance. La maison revivait. A la maison, à part moi, il y avait Saly, la gérante de a boutique de maman et une autre de ses nièces, Dieynaba, fraichement venue de Louga pour continuer ses études. Elle était plus timide que moi à son âge et je l'aidais au maximum pour trouver des repères. Donc l'arrivée de Rama avait mis encore plus d'ambiance. Je me demandais comment elle faisait chez elle car elle n'avait pas la fibre maternelle. Mais alors là pas du tout. Les cris d'Ousmane l'énervaient et elle le balançait à la première personne qui passait à côté. Elle détestait changer les couches, donner à manger. Elle adorait le prendre quand il était tout propre, tout sage. Quand maman se plaignait, elle disait que c'était son père qui s'occupait de lui. De toute façon, Ousmane était un bébé tellement tranquille, tellement sage. Il ne pleurait que quand il avait faim, ou sommeil ou pour ses couches.

Je suis vite tombée amoureuse de lui. Oui je l'aimais. Je l'ai volé à sa mère. Il dormait avec moi, je me levai tôt pour lui donner à manger et le laver. La nuit aussi je lui préparais ses biberons et je me levais 2 fois pour lui donner à manger. Le matin, pour qu'il s'endorme, je le mettais au dos et je me promenais avec lui. Parfois on me demandait si c'était mon enfant et je répondais que oui. Il était tellement mignon que les gens s'arrêtaient pour lui faire des signes. Rama était soulagée que je lui prenne son bébé comme ça. Elle a vite fait de me donner toutes ses affaires, et me l'a laissé disant que si son père était d'accord, elle allait le laisser à Dakar comme cela elle serait plus libre pour son travail. Elle dormait la plupart du temps et le reste elle faisait du shopping. Raoul son mari devait venir vers les fêtes de Noel. J'étais donc occupé et je ne sortais que pour aller déposer des demandes dans des bureaux sous la supervision d'Adja.

Il y avait aussi mon oncle qui ne cessait de me dire qu'il était hors de question que je reste comme ça sans mari. Comme j'y allais souvent sur instruction de ma mère, j'avais souvent droit à des sermons sur l'importance du mariage. il me disait qu'il était hors de question que j'en épouse un d'une autre ethnie. Comme je ne disais jamais rien me contentant d'acquiescer pour ne pas l'irriter, un jour il me fit appeler et c'était pour me présenter Souleymane. C'était un demi vieux originaire du village de mon père et qui avait immigré vers l'Europe. Après des années à chercher fortune, il était revenu et cherchait une femme intellectuelle ou parlant français pour l'amener avec lui. Il avait déjà une femme qu'il avait laissée au pays. Malgré des années en France, son français était chaotique. Je ne comprenais pas la moitié de ce qu'il disait et s'entêtait à me parler en français. Dès qu'il m'a vu, il a dit à mon oncle que c'était moi qu'il cherchait et voulait m'épouser. Mais je n'étais plus la petite adolescente à qui on cherchait à refiler son cousin. Après tout ce que j'avais traversé, il était hors de question que je me laisse encore faire et que je me remarie comme si de rien n'était. Donc malgré l'euphorie de Souleymane et l'empressement de mon oncle, je leur ai fait comprendre que je ne voulais pas me marier maintenant. Souleymane a alors sorti ses papiers français en disant que dès qu'il m'épouse, je partirais et je pourrais travailler.

-régarde ma série...ca c'est papier faranessé, disait-il.

Ce n'est pas ce qui m'intéressait. Je leur ai donc demandé du temps pour réfléchir pour pouvoir sortir de là bas saine et sauve car mon oncle était prêt à ma taper si j'insistais dans mon refus.

Quand j'en ai parlé à ma mère, elle n'était même pas d'accord disant que ce Souleymane avait laissé sa femme au village et voulait épouser une fille qui avait l'âge de son ainée. Elle voulait que je me remarie mais pas avec ce genre de personne. Elle me promit de venir à Dakar dans les semaines à venir. Mais je n'y croyais plus. Depuis ma séparation, elle me promettait de venir, mais avec ses nombreuses activités, elle repoussait toujours. J'avais vraiment sa nostalgie, mais je ne pouvais pas l'obliger à venir. En plus elle pensait que j'allais bien car quand je l'appelais je lui disais toujours que tout était OK pour ne pas l'inquiéter. C'est peut être juste après le divorce au tribunal que je l'ai appelé en pleurant car j'étais mal. Je lui ai tout expliqué et elle m'a réconforté comme elle sait le faire avec un peu de fermeté pour quand même me faire comprendre que je ne devais pas me mettre dans cet état pour un homme. C'était une dame de fer. En plus, elle avait repris les activités commerciales d'Ibrahima. Et elle s'en sortait plutôt bien, car les affaires devenait florissantes, elle avait ouvert un nouveau commerce dans la capitale. Tout ceci faisait qu'elle n'avait pas le temps pour venir à Dakar. Ibrahima lui envoyait de la marchandise et elle écoulait et c'était ma petite sœur Fanta qui l'aidait dans ses activités. Elle aussi voulait venir, mais c'est ma mère qui la retenait près d'elle disant que c'était sa main droite et qu'elle avait besoin d'elle. Je ne l'avais pas vu depuis mon dernier voyage et ma mère disait toujours qu'elle était beaucoup plus jolie que moi. Donc je comprenais qu'elle ne puisse pas venir me voir, même si parfois je me sentais un peu abandonnée. J'aurais aimé que ma mère soit présente dans ces moments un peu difficiles même si avec maman Fanta je ne manquais de rien. Mais une mère est unique. Pour revenir à l'histoire avec Souleymane le français, je suppose que ma mère a appelé mon oncle pour lui parler de ce Souleymane. Toujours est-il que quand je suis retournée là bas, il ne m'en a plus parlé, se contentant, comme à son habitude de se disputer avec moi. Il ne cessait de me rappeler son statut de divorcée, disant que dans la famille j'étais la première à le faire et que tout cela découlait de la mauvaise éducation que j'ai reçue de maman Fanta. il mettait tout ça sur le dos de ma ère en disant qu'une Oulof ne doit pas éduquer une peule. Je ne répondais rien pour ne pas envenimer les choses. Mais comme il se faisait vieux, je ne lui en tenais pas rigueur. Et ça ne m'empêchais pas de venir le voir de temps en temps, même si a chaque fois le matin je priais le Bon Dieu de me donner le courage de l'écouter sans réagir. J'allais aussi rendre visite à Pa Ablaye de temps en temps quand Sokhna me disait qu'il n'y avait pas les sorcières à la maison.

Vers la mi-décembre, Babacar m'a appelé. J'étais surprise et j'ai pensé qu'il s'était encore disputé avec Adja. Mais il m'a juste dit qu'il voulait me voir pour qu'on parle. Je lui ai indiqué la maison et il est venu. J'ai même appelé Adja entre temps, mais comme elle ne m'a parlé de rien de particulier, j'étais dans le doute total. Ce jour là, maman et Rama étaient sorties avec bébé Ousmane. On s'est donc installé au salon. Depuis sa relation avec Adja, on ne s'est jamais posé pour parler. Je crois que je lui en voulais pour Adja et donc je me forçais à être aimable avec lui et pas toujours d'ailleurs. Mais après j'ai vu qu'il aimait vraiment Adja et faisait beaucoup d'effort pour elle. Il a quitté le Maroc pour revenir s'installer au Sénégal et Adja n'était pas vraiment étrangère à ça. Enfin bref, autant il a été cochon (pour ne pas dire vache) avec Coumba, autant il a été sérieux et responsable avec Adja. Adja, qui avait pleins de copains, s'était posé. Elle était devenue sérieuse et rangée. Même quand Babacar n'était pas là, à part pour sortir avec moi ou d'autres de ses amies, elle restait sagement chez elle.

Donc quand il est venu me parler, je pensais que ça devait être bien sérieux.

- je sais qu'on aurait du avoir cette conversation depuis longtemps, mais comme tu ne semblais pas disposé et tu avais aussi beaucoup de problèmes, j'ai préféré attendre. Je sais que Coumba ne t'a rien dit que ce qui s'était passé entre nous. Sinon, je crois que tu aurais un autre comportement avec moi ou alors tu m'auras interpellé.

- non elle ne m'a rien dit. J'ai demandé à Demba mais lui aussi ne m'a rien dit. Qu'est ce que s'est passé avec Coumba ?

- Coumba quand elle est venue en France s'est accompagnée de filles aux mœurs disons assez légères. Elle fréquentait des milieux pas très nets. Je l'ai trouvé dans un état pitoyable un jour alors que j'étais allé rendre visite à Demba en France et que je suis passé la voir.

Je ne comprenais pas ce qu'il entendait par là et je lui ai demandé d'être plus claire.

-Coumba buvait, fumait, n'étudiait plus. Elle tournait en rond et était sur le point de sombrer.

J'ai secoué la tête. Non mais qu'est ce qu'il me racontait comme ça. Je me suis souvenu de cette nuit où Coumba est revenu de boite puant l'alcool. Mais plus tard elle m'a dit que c'était quelqu'un qui lui avait renversé un verre. J'avais des doutes.

- quand on s'est revu en France, elle n'a cessé de m'appeler de dire qu'elle m'aimait et je lui disais que je me remettrais avec elle si elle acceptait de laisser tomber tout ça. Elle a accepté et j'avais cru qu'elle avait changé. Quand elle est venue ici en vacance, elle s'est remise à boire. J'ai essayé de la redresser, mais j'avoue que j'ai baissé les bras. J'en ai parlé à sa mère, mais elle m'a chassé comme un malpropre pour me dire que je disais des contre vérité et que je ne faisais que colporter des médisances sur sa fille.

C'était plus que je ne pouvais entendre. Je me suis levée pour aller boire de l'eau. Coumba. Non. C'est vraie qu'elle avait un peu changé mais de là à me faire croire qu'elle était comme ça. Non. Elle ne pouvait pas m'avoir cachée tout ça.

Quand je suis retournée au salon, je lui posé pleins de questions et à ses réponses j'ai su qu'il y avait bien une part de vérité. Tata Fatou ne m'en avait jamais parlé. Jamais.

- Pour Adja ca a été autre chose. Je ne saurais l'expliquer. Je savais que je ne devais pas à cause de sa proximité avec toi. J'ai résisté, je me suis battue avec moi-même. Demba m'a menacé, il ne voulait pas que je l'approche. Mais c'était mon satan. Je l'aimais plus que de raison. Au début j'avoue que j'ai eu honte par rapport à toi. Je savais que ce n'était pas la meilleure chose à faire, mais bon. Je l'aimais déjà. Adja est comme un rayon de soleil dans ma vie. Je sais qu'elle m'aime et qu'elle est prête à tout pour moi et sans contrepartie. Et aujourd'hui j'ai voulu que tu sois la première à savoir que je compte l'épouser.

Je l'ai regardé avec de gros yeux sans rien dire. Il a continué

- oui, j'en ai parlé à mes oncles et ils m'ont dit que la semaine prochaine, ils iront demander sa main.

Je ne trouvais plus de mot. J'imaginais Adja, quand elle saura ça. Mon Dieu j'avais envie de sauter de joie à sa place. Mais j'avais quand même une inquiétude.

- mais et ta femme ?

- je ne lui ai rien cachée de ma relation avec Adja. Je lui ai dit que j'allais me marier avec elle. Pour le moment, elle est retournée au Maroc car elle est fâchée. Mais j'espère qu'elle reviendra à la raison. Je n'ai pas eu beaucoup de chance en amour, même avec elle c'est très compliquée. Mais c'est ma femme et la mère de mon enfant et je la respecte.

Je l'ai aussi rassuré en lui disant tout le bien que je pensais d'Adja. Je me suis aussi excusé pour mon comportement, mais il a compris que je ne savais pas beaucoup de choses de sa relation avec Coumba. Il était sur le point de partir quand il s'est à nouveau assis

- Demba va me tuer s'il apprend ce que je suis en train de faire, mais j'en ai marre de le voir toujours tourner en rond et ne pas trop avancer dans sa vie.

Je ne voulais pas qu'il me parle de lui. Depuis la dernière fois j'évitais de penser à lui. Il est donc parti fâché et depuis je n'ai plus eu de ses nouvelles et c'était tant mieux. Mais il m'a demandé de le laisser continuer.

- quand il a su que tu avais divorcé, il m'a dit que la vie lui souriait et il allait cette fois ci être réglo avec toi. Il a voulu te donner le temps de digérer tout ça, ne pas te brusquer. Donc quand Adja lui a dit que tu étais avec un type plein aux as qui te faisaient vivre la belle vie, il a été déçu. Mais je t'assure que Demba t'aime. Il ne t'a jamais oublié. Même quand tu étais mariée. Son amitié avec Adja est partie du fait qu'il avait à nouveau contact avec toi. Je sais que vous vous êtes disputé, mais je crois que tu dois lui donner sa chance

J'ai souri.

- Non arrête. J'ai une impression de déjà vécu. Tu es déjà venu plaider sa cause il y a quelques années. Mais vous me mentiez. Il était toujours avec la mère de sa fille.

- ça c'est une histoire compliquée. Et ce n'est vraiment pas ce que tu crois. Mais alors là pas du tout. Tu te trompe sur toute la ligne à propos de ça.

Je l'ai coupé.

- c'est bon Babacar. Laisse tomber avec Demba. De toute façon, je ne songe pas à ça. Je n'ai plus envie d'essayer quoi que ca soit avec qui que ce soit. Pour Badou c'était une erreur et je le regrette. Et puis je ne suis pas comme Adja. Je suis trop jalouse pour être deuxième épouse.

Il m'a regardé bizarrement en fronçant les sourcils.

- on parle toujours de Demba ?

J'ai rigolé avant de changer de sujet. Je ne voulais plus parler de lui. J'étais trop euphorique pour Adja. Je lui ai demandé quand est ce qu'il comptait le dire à Adja. Il m'a menacé de me tué si je le lui disais avant lui. J'ai donc promis.

Ce jour là, j'ai attendu le coup de fil de Adja jusque tard et c'est vers 2heure du matin qu'elle m'a appelé. quand j'ai décroché, elle a commencé à crier et comme bébé Ousmane dormait à côté, je suis sortie et on a crié ensemble. Ensuite elle a commencé à pleurer et j'ai aussi pleuré. Eh oui. Les amies ça partage aussi les émotions. Elle était contente, heureuse et je partageais cette joie. Elle le méritait. Elle aimait Babacar et Babacar aussi. On a parlé très longtemps et on s'est donné rendez vous le lendemain pour organiser les choses.

Elle voulait faire les choses en grand et Babacar voulait quelque chose de plus simple. Finalement, elle a su être convaincante et ils ont convenu de faire le mariage religieux le jour même où sa famille viendrait pour demander sa main et dix jours plus tard, elle organiserait une cérémonie avec réception. Ça tombait le 01 janvier et on s'est lancé à fond dans les préparatifs. Heureusement que Raoul, le mari de Rama était venu pour les fêtes de Noel et il avait pris la relève avec bébé Ousmane. N'empêche, j'étais un peu jalouse de lui. Mon bébé m'avait un peu délaissé au profit de son père. Mais c'était de bonne guerre. Raoul était vraiment charmant. Toujours souriant, très gentil, curieux de tout et toujours à faire des compliments. Il avait un fort accent canadien et il fallait lui demander parfois de répéter avant de comprendre ce qu'il disait. Mais bon.

La veille du mariage d'Adja, alors que j'étais occupé à me faire une coiffure, Rassoul m'a appelé et disait qu'il voulait me parler. Je ne savais vraiment pas pourquoi et je lui ai dit que j'étais au salon. Je pensais qu'il avait laissé tomber quand je l'ai vu entrer. Depuis qu'on était marié je n'avais pas changé de salon et il connaissait presque tout le personnel. Il est resté derrière moi à me regarder à travers le miroir et ça m'a rappelé le temps où on était marié. Depuis le divorce on ne s'était pas revue et il se contentait chaque mois de m'envoyer un message disant qu'il avait déposé mon argent sur mon compte. Il disait toujours à a fin du message que je lui manquais. Je répondais toujours par un merci, sans plus. Il semblait stressé car je l'entendais grincer les dents. Quand j'ai fini, la sorcière de coiffeuse m'a maquillé en me soufflant que Rassoul allait être ébloui. Quand j'ai fini, je l'ai vu me regarder avec de gros yeux et il s'est levé en me disant que j'étais jolie. Il est resté quelques secondes à me regarder sans rien dire. J'adorais voir ses yeux briller quand il me regardait. On est sortie et il m'a demandé d'aller quelque part pour discuter. J'ai insisté pour savoir ce qu'il voulait me dire mais il n'a rien laissé filtré. Mais il avait un air grave et soucieux. On est allé au restau et on s'est installé à une table. Il s'est mis à me parler de tout et de rien et je me suis mise à parler de bébé Ousmane. Un sujet vaste pour moi. Il m'écoutait avec un petit sourire. Au bout de quelques minutes, je lui ai demandé de quoi il voulait me parler. Il a encore souri nerveusement, s'est passé la main sur la tête.

- dis mois Rassoul. C'est grave

- Non rien de grave. Et ta recherche d'emploi.

Je ne comprenais plus rien. Je n'ai pas répondu et je l'ai regardé avec un air perplexe.

- je ne sais pas comment te dire ça.

Il a baissé la tête et en regardant ailleurs

- en fait, je dois me marier demain.

J'ai cru ne pas avoir bien entendu. Et je ne voulais pas demander. Finalement oui, j'avais bien entendu. J'avais perdu la voix. Je le regardais et lui ne voulais pas le faire.

- écoute, je ne le fais pas pour te faire mal, je ne le fais pas parceque je t'ai oublié. Mais c'est pression familiale. Tout le monde parle disant que je dois me marier et avoir des...

Il n'a pas terminé et cette fois m'a regardé. Je lui terminé sa phrase

- des enfants. Je ne t'en ai pas donné, dis-je presque dans un murmure.

Il m'a pris les mains

- si tu m'en as donné. Un magnifique garçon. Je veux que tu saches que tu es celle que j'aime. Que j'aimerais toujours.

J'ai soupiré le cœur lourd à l'évocation de mon fils et j'ai retiré mes mains. Il passait de la musique douce et il y avait peu de clients dans le restaurant. Je voulais me lever mais je ne sais pas pourquoi je restais assise à chercher ou poser mon regard. Je devais m'y attendre. Il devait refaire sa vie. Mais j'étais quand même surprise. Son téléphone posé sur la table a sonné et j'ai vu le nom d'Anta affiché sur l'écran. Il a coupé et je me suis levée. Je n'avais pas envie de faire celle qui était heureuse pour lui. Je suis sortie sans un mot. Mes larmes coulaient sans que je ne fasse rien pour les retenir. Il faisait un peu sombre et je me suis assise sur un banc à côté du restaurant. Rassoul est venu quelques minutes plus tard. Je m'étais un peu ressaisi. Je gardais la tête baissée.

- excuse-moi Rassoul. Je suis un peu surprise. Mais je te souhaite tout le bonheur du monde. Sincèrement. Tu es un homme magnifique. Le meilleur que je connaisse.

Il m'a tiré à lui et je me suis laissé faire. On est resté comme ça un long moment. Ensuite je me suis redressée

- tu te marie avec qui ? Anta ?

Il n'a pas répondu et j'ai eu encore plus mal. Ça aurait été une autre personne, je l'aurais mieux pris.

- au moins tu n'auras plus à t'interposer entre ta femme et ta mère.

J'ai murmuré ça sur un ton pathétique. Ensuite je me suis levée sans un mot. Il en a fait pareil. Puis brusquement, il m'a attiré à lui et s'est mis à m'embrasser. Je l'ai repoussé.

- mais qu'est ce que tu fais comme ça. Arrête de t'amuser avec moi. Je ne suis pas un jouet Rassoul.

- je sais tout ça. Mais je veux que tu me comprennes. Je veux que tu saches que je le fais par obligation. Toute la famille voulait que je le fasse avant que je ne t'épouse. Mais j'ai tenu car je ne voulais que toi. Et jusqu'à présent je ne veux que toi. Mais notre bonheur passe par là Diouldé. Si tu accepte et me laisse un peu de temps, ça pourra aller entre nous. On va se remarier.

J'ai bugée à ce moment. Il voulait que j'attende qu'il se marie avec l'autre pour qu'enfin sa famille m'accepte. C'était plus que je ne pouvais entendre.

- arrête Rassoul, arrête. Si tu savais à quel point c'est difficile de toujours espérer que ça puisse marcher et que toujours oui toujours, je sois obligé de redescendre sur terre. Si dans 2 ans, tu ne veux plus te séparer de ta femme je fais quoi ?

- ça n'arrivera pas Diouldé. C'est toi que j'aime

- si dans deux ans, ta mère n'est toujours pas disposée à m'accueillir, on fait quoi ?

- je te dis que ça n'arrivera pas.

J'ai alors rassemblé le peu d'orgueil qui me restait et je me suis levée

Il s'est encore approché

- mais je t'aime. Tout s'arrangera Diouldé.

- oui Rassoul, ne t'inquiète pas. Vas épouser ta cousine, couches avec elle, fait lui des gosses et pendant ce temps, je vais attendre patiemment que ta famille te donnera son accord pour que je puisse revenir dans ta vie. C'est ça non ?

Il n'a pas répondu.

- si tu m'aime un tout petit peu, je crois que tu me laisserais vivre un peu. Laisse moi t'oublier et faire comme toi, passer à autre chose.

Il n'a rien dit. Je lui ai alors demandé de me raccompagné car demain Adja devait aussi se marier et je devais me reposer. Le chemin s'est passé en silence et arrivée devant la maison, je suis descendu sans un regard.

Heureusement que bébé Ousmane était là pour me changer les idées. Ses parents devaient sortir et j'ai joué à la baby-sitter. Je refusais d'y penser, je refusais de penser qu'il allait être avec une autre femme, l'embrasser, la caressait. Mais je n'y pouvais rien. Les images m'harcelaient, leur bonheur me faisait mal. Mais je n'en ai parlé à personne.

Le lendemain, je me suis levée très tôt pour aller aider Adja. C'était juste un mariage religieux, mais elle avait prévue une jolie tenue qu'elle allait mettre l'après midi. Elle n'avait pas prévenu grand monde et voulait surtout que les gens viennent à la réception qu'elle comptait organiser. Donc il n'y avait que quelques membres de sa famille et je l'ai aidé à s'habiller et une de ses cousines coiffeuse l'a coiffé et maquillée. Elle était toute jolie. J'en avais les larmes aux yeux. Elle ne voulait pas me regarder car elle disait que j'allais la faire pleurer. Après 17 heures, les hommes sont revenus de la mosquée. Adja était toute émue et pleurait dans les bars de sa mère et de ses sœurs. Je suis sortie un moment car il y avait un trop plein d'émotion et je me suis retirée discrètement pour essuyer discrètement mes larmes. J'ai vu un groupe d'hommes approcher et j'ai été surprise de voir Babacar. Il était venu à son propre mariage religieux. Il fallait être Babacar pour le faire. c'est Adja qui allait être contente. je voulais retourner pour lui dire quand j'ai vu Demba à côté de Babacar. Pfffff. Qu'est ce qu'il était beau dans son bazin tout blanc, qui contrastait avec sa peau claire. Il ressemblait plus à un arabe à ce moment. Il riait et était tellement beau que c'en était douloureux de le regarder. Nos regards se sont croisés un long moment. Je les ai vu s'arrêter un moment pour saluer un homme qui venait d'arriver et que j'avais l'impression de connaitre. Mais il me tournait le dos et je ne voyais pas son visage.

Quand il s'est retourné, j'ai ouvert grand les yeux. Pour une surprise c'en était une. C'était Moha. Je n'ai pas tenu, j'ai couru vers lui et lui aussi a crié mon nom. On s'est enlacé un long moment. Je ne l'avais plus revu depuis son départ après le lycée. Et je n'avais plus eu de ses nouvelles depuis mon retour en Guinée. Je n'avais plus ses coordonnées et le temps aidant, je n'avais plus de ses nouvelles. J'étais tellement contente de le voir que j'en oubliais Adja. On parlait en même temps, on ne s'écoutait pas, on riait. Les gens nous regardaient. Il avait vraiment changé. Le jeune homme frisquet avait fait place à un homme bien en chair et très charmant. C'est Babacar qui a mis fin à nos retrouvailles en disant qu'il devait aller dire bonjour à sa femme. On a tous rigolé et Moha m'a dit qu'il était arrivé il y a deux jours et que Babacar l'avait invité à son mariage. Moi qui croyais qu'il n'avait pas gardé le contact. J'étais encore plus surprise. J'ai vite fait de laisser le groupe pour aller annoncer à Adja que son mari était là. Mais d'autres personnes m'avaient déjà devancé et elle est sortie l'accueillir avec un baiser sous les applaudissements. C'était vraiment beau et je souriais bêtement. A ce moment, je me suis dit que Rassoul aussi devait être marié avec sa Anta. Mais je n'eus pas le temps d'y penser. J'étais occupé à aider Adja pour les photos, ensuite ça a été la discussion avec les vieux. J'ai présenté Moha à Adja en lui disant que c'était un ami depuis le lycée et qu'il avait connu Babacar et Demba depuis cette période. Ensuite, il m'a tiré pour qu'on discute un peu. il m'a expliqué qu'il était maintenant à Londre et y travaillait. Il savait que j'étais marié mais n'était apparemment pas au courant que je ne l'étais plus. Je n'avais pas le temps d'y répondre et puis je sentais le regard de Demba sur nous. Il était assis dans un coin de la cour mais ne cessait de nous regarder. Finalement Babacar est venu le chercher car ils devaient partir. On avait pleins de choses à se dire et finalement, on a échangé nos numéros.

Il commençait à faire tard et j'avais les pieds en compote à force de faire des vas et viens. J'allais prendre congé quand j'ai vu Adja préparer un petit sac. Quand je lui ai demandé, elle m'a dit qu'elle allait rejoindre son mari et que je devais l'aider à sortir sas que les autres sans rende compte. . J'étais ébahie par autant d'audace de sa part, mais bon de la part d'Adja ça ne me surprenait pas. Un moment, son téléphone a sonné et elle a fait comme si elle m'accompagnait. Dehors, il y avait Demba dans sa voiture. Elle m'a demandé de l'accompagnée et je l'ai suivi dans la voiture.

Il l'a déposé dans un appartement bien décoré. On est resté un moment, mais je tombais de sommeil. Je baillais à m'en fendre la bouche. Finalement on a pris congé laissant les deux amoureux seuls. Je me suis donc retrouvé seule avec Demba. Il ne m'avait pas adressé la parole et on est descendu. Babacar était tout content et ils ont vite fait de nous chasser. Demba ne m'avait pas adressé la parole à part pour me saluer. On s'est retrouvé dans la voiture et personne ne parlait. Mais j'étais tellement fatiguée que je n'en fis pas cas. Arrivée devant la maison, je l'ai remercié et j'allais sortir quand il m'a appelé

- diouldé. Je suis désolé pour la dernière fois. Je n'avais pas à te parler comme ça.

Je l'ai regardé un moment

- ce n'est rien. C'est oublié.

Il n'a plus rien dis et

- je suis désolée de t'avoir parlé comme ça aussi.

Il a souri.

- j'en ai pris pour mon grade. Tu n'as pas été tendre avec moi.

J'ai également souri.

- tu le méritais aussi.

- c'est vrai.

On a gardé le silence un moment.

- écoute, même si c'est compliqué entre nous, on peut au moins essayer de se comporter en personne civilisé et rester ami, dit-il finalement en me regardant.

- c'est toi qui ne voulais pas me parler. Mais tu sais que moi je suis civilisée.

Il a éclaté de rire.

- c'est moi qui suis passé par là. Je t'ai façonné à mon image ma belle. N'oublie pas ça. Mais trêve de polémique...

Il s'est tourné vers moi avec un grand sourire

- Ami ?

Je l'ai regardé, puis en haussant les épaules, je lui ai tendu la main

- ami.

J'allais sortir en disant au revoir, mais il fallait qu'il ait le dernier mot

- et plus si affinité...


Ce soir là, j'étais tellement fatiguée que je pensais ma journée terminée. Mais non, c'était trop beau. Juste au moment d'aller me doucher, j'ai reçu un appel. C'était Coumba. Je ne lui avais rien dit encore à propos de ma conversation avec Babacar. Il était presque minuit et deux heures ou une heure de plus chez elle. Mais elle disait qu'elle avait besoin de parler à quelqu'un. J'étais tellement fatiguée que je me suis contenté de l'écouter. Elle disait son mal être suite au mariage de Babacar et se sentait trahie. Je ne voulais pas polémiquer car je n'avais pas les idées claires. Elle m'a retenu au moins une heure. J'entendais des bips et c'était Demba qui essayait de m'appeler. Mais je n'ai pas coupé et c'est quand je n'ai plus tenu que je lui dis que je la rappellerais le lendemain. J'avais renoncé à me doucher quand mon téléphone a encore sonné. C'était Demba.

- depuis près d'une heure j'essaie de t'appeler, mais tu étais en communication, disait-il sur un ton nerveux.

C'était plus que je ne pouvais en supporter. J'étais trop fatiguée

- Demba tu m'appelais pourquoi ?

- tu parlais avec qui ?

Je lui ai raccroché au nez. J'étais trop fatigué pour supporter une crise de jalousie. Je voulais éteindre mon téléphone, mais j'avais peur qu'Adja m'appelle. Donc je l'ai laissé allumé. J'avais commencé à dormir quand il a encore sonné et j'ai décroché. Et cette fois je me suis réveillée. C'était la mère d'Adja. Elle criait au téléphone, et était proche de la crise d'hystérie.

- Ou est Adja. Vous êtes sortie ensembles. Elle n'est pas revenue. Vous avez intérêt à revenir tout de suite, sinon vous allez avoir des problèmes avec moi.

Je me suis assise sur le lit, le cœur battant. J'ai essayé d'expliquer, mais je bafouillais. Elle a encore criée et a raccroché complètement énervée. Je tremblais et je savais qu'il était insensé d'essayer de joindre Adja. J'étais déjà passé par là, et elle devait être dans de beaux draps. J'en avais des frissons rien qu'en y pensant. Je lui ai juste envoyé un texto pour lui dire que sa mère la cherchait partout. C'est Babacar qui m'a répondu en me disant d'aller me coucher car ils étaient occupés à faire des choses de grands. J'ai souri. Cette fois j'allais déconnecter le téléphone quand il a encore sonné. Sans regarder j'ai décroché pensant que c'était Adja qui m'appelait. Quand j'ai entendu la voix de Rassoul j'ai halluciné. Il était presque 2 heures du matin. Il devait être avec sa femme et il osait m'appeler.

- C'est toi rassoul ? Demandais-je pour m'en assurer

- oui c'est moi. J'espère que je ne te réveille pas ?

- non je ne dormais pas. Y'a un problème ? Pourquoi tu m'appelle à cette heure ?

Il a soupiré. Puis un long silence ou j'entendais sa respiration.

- je ne sais pas. J'avais besoin de te parler.

- De quoi ? Tu t'es marié non ? Comment va Anta ?

- ce n'est pas pour parler d'elle.

J'ai presque crié

- mais elle est avec toi non ?

Encore un silence. J'ai compris. J'ai raccroché le téléphone et je l'ai éteint. J'avais trop sommeil pour réfléchir à tout ça et mon esprit était surtout tourné vers Adja. J'allais me transformer définitivement en mort vivant si je ne dormais pas.

Le lendemain, Rama m'a amené mon bébé vers 6 heures du matin. Elle voulait dormir. J'ai protesté un peu mais quand Ousmane m'a tendu les bras avec un grand sourire, je n'ai pas résisté. Moi aussi j'étais un vrai zombie, mais je l'ai pris, lui ai donné à manger et je l'ai mis au dos. Quand il s'est endormi, j'en ai profité pour me laver et j'ai allumé le téléphone. Il s'est mis à sonner tout de suite. C'était Adja avec une petite voix qui me demandait de venir. Je lui ai parlé du message de sa mère mais elle a commencé à pleurer et j'ai paniqué. J'ai averti maman et je suis partie. C'est Babacar qui m'a ouvert

- tu es venue. Depuis 6 heures on essaie de te joindre.

- qu'est ce qui se passe. Elle m'a fait peur. Pourquoi elle pleure ? Elle est blessé c'est ça ?

Il a secoué la tête, l'air un peu embarrassé.

- non, elle est compliquée Adja. Elle fait des montagnes d'une petite broutille. Elle est dans la chambre. Vas lui parler

Quand je suis entré, il y avait un terrible désordre dans la chambre et c'était compréhensif. Elle était recouverte d'une couverture et je me suis approché pour m'assoir à coté d'elle. Ensuite je me suis penchée tout doucement et j'ai soulevé lentement la couverture. Elle pleurait encore et je l'ai rassuré autant que je pouvais avant de lui demander ce qui n'allait pas.

- rien n'est venu...

Je n'ai pas compris et comme elle s'était remise à pleurer, je n'ai encore rien compris. Je l'ai laissé et je suis allé rejoindre Babacar au salon. Il était anxieux et je lui ai demandé ce qui n'allait pas.

- elle se complique la vie. Adja je l'aime comme elle est. Si l'avais trouvé dans la rue, je l'aurais aimé et pris comme elle est. Je la connais, elle n'est pas mauvaise.

Je ne comprenais toujours pas.

- qu'est ce qu'il ya Babacar

- elle est dans cet état parce qu'elle n'a pas saignée. Je lui ai dit que parfois c'est des choses qui arrivent, mais elle s'est mise à pleurer disant que je pouvais douter d'elle.

Je ne trouvais plus les mots. Je ne savais pas quoi dire. J'étais bouche bée, mon cerveau refusant de fontionner.

- on est ensemble depuis combien de temps. Si elle était comme ça, on aurait couché ensemble depuis longtemps. Mais elle a toujours dit qu'elle voulait attendre qu'on se marie.

- je vais lui parlé.

-j'ai passé la nuit à lui parler disant que ça n'avait aucune importance pour moi. Mais elle ne veut rien savoir. J'attends un peu et je vais appeler sa mère pour lui parler et dire que j'ai trouvé ma femme comme elle se doit. Et c'est vrai. Je suis un homme. Je sais qu'elle n'est pas mauvaise.

Je suis retournée voir Adja et cette fois je lui ai parlé. Elle a arrêté de pleurer et je l'ai aidé à se lever. Malgré tout, elle avait mal et grimaçait. Elle s'est douchée et habillée. On discutait et je la taquinais que sa nuit de noce et l'appel de sa mère. Elle avait commencé à sourire quand Babacar est entré. Il avait le téléphone collé à l'oreille et le lui a tendu en disant que c'était sa maman.

Elle a parlé à sa maman en pleurant. J'avais vraiment pitié d'elle. Je savais aussi que malgré les apparences elle tenait beaucoup à sa virginité et disait que c'était le plus beau cadeau qu'elle pouvait donner à son mari. Donc j'étais désolé pour elle. Babacar m'a demandé de les laisser seul et je suis sortie m'étendre sur le canapé du salon. J'avais des maux de tête et le cerveau en ébullition. Je dois avouer qu'à l'époque, je pensais vraiment que lors de la première relation il fallait saigner. Donc tout ceci m'avait intrigué, mais je n'en avais rien laissé paraitre. J'ai attendue une demi-heure et comme ils ne se décidaient pas à sortir je suis partie en fermant la porte et en glissant la clé. Une fois à la maison, je leur ai envoyé un texto. Babacar m'a appelé pour me dire qu'ils partaient à Saly pour continuer leur lune de miel et qu'ils m'appelleraient à leur retour. J'ai parlé à Adja qui allait mieux et avait même retrouvé sa langue pendue. Après leur coup de fil j'étais trop fatiguée et j'ai dormi toute la journée.

En fin d'après midi Moha m'a appelé et je lui ai indiqué la maison pour qu'on discute. Je n'avais pas la force de sortir. Ça faisait vraiment plaisir de le revoir. On s'est rappelé le bon vieux temps, le groupe qu'on formait, les profs, les bêtises. On en rigolait aux larmes. Lentement ceci nous a amené à parler de Coumba. Je pensais que Moha ne savait rien, mais j'ai été étonné.

- J'ai coupé les ponts avec Coumba. Elle a tellement changé. On n'était pas dans la même ville mais j'avais souvent de ses nouvelles. Quand je suis allé lui rendre visite une fois j'ai su que ça n'allait pas pour elle. Elle m'a dit qu'elle avait des problèmes d'argent et je lui ai remis toutes mes économies. Elle s'est surement dit qu'elle tenait sa vache laitière. Elle m'appelait tout le temps pour pleurer et se plaindre et je me saignais pour l'aider.

J'étais ébahie, étonnée par tout ça.

- mais une de ses connaissances m'a appelé pour me dire qu'elle utilise l'argent pour son shopping et pour des bêtises. Je me suis déplacé pour lui parler elle m'a envoyé balladé en m'insultant et en me traitant de tous les noms d'oiseaux. Elle me doit tellement d'argent que je n'ose pas en parler. Après cela j'avais décidé de ne plus lui parler, mais elle m'a appelé en pleurant en disant qu'elle voulait rentrer car elle devenait folle. Je lui ai payé le billet et donné de l'argent, allant jusqu'à annuler mes propres vacances car je savais qu'elle était sur une mauvaise pente.

Toutes ces révélations me laissèrent sans voix. On a encore discuté d'elle et finalement on a convenu de ne pas la laisser comme ça et qu'il fallait qu'on l'aide. On a essayé de l'appeler mais en vain. J'étais complètement désespérée par le cas de Coumba. Mais Moha lui semblait préoccupé par autre chose

- parlons de toi Diouldé. Coumba m'avait dit que tu étais mariée. J'étais complètement désespéré en apprenant ça. Mais hier Babacar m'a révélé que tu ne l'étais plus et que tu avais divorcé. Je me demande qui est cet homme qui est assez fou pour te laisser partir. Il est aveugle ou quoi ?

Décidemment il ne changeait jamais. J'ai juste souri

- hé oui. La vie est parfois bien compliquée. Mais bon, je rends grâce à Dieu.

Il est venu s'assoir à côté de moi.

- écoute, je ne sais pas par ou commencer. Tu vas encore penser que je ne suis pas sérieux, mais te revoir a réveillé en moi des sentiments que je croyais enterrés. Tu es tellement...pffffff

J'ai souri. Sans rien ajouter. Je ne savais pas quoi dire. Comment lui faire comprendre que je ne voulais plus m'engager dans une relation. Il n'a pas insisté devant ma réaction

On était côte à côte à discuter quand j'ai entendu la voix de Demba qui disait bonsoir. Je n'avais pas entendu sonner et j'étais surprise de le voir. Lui aussi était surpris de voir Moha et ne cachait pas son embarras. Il a salué brièvement Moha qui s'était levé et s'est baissé pour me faire la bise. Lentement, si lentement qu'il a eut le temps de me regarder fixement. Le temps que je puisse voir dans ses beaux yeux qu'il n'aimait pas la situation qu'il avait trouvé. Moha a du se sentir un peu de trop, car il a pris congé et je l'ai raccompagné. On est encore resté un moment à la porte, car il voulait qu'on aille diner le lendemain. Mais je lui disais que j'allais y réfléchir. Je n'avais pas trop envie qu'il insiste.

J'allais retourner au salon quand j'ai entendu bébé Ousmane pleurer. Il était avec sa mère qui comme d'habitude ne faisait aucun effort pour le calmer. Je l'ai donc pris et lui ai préparé un biberon avant d'aller au salon le lui donner.

- excuse-moi d'avoir été longue, dis-je en entrant.

Demba a tenu à prendre bébé Ousmane et heureusement que ce dernier a accepté. Il m'a demandé le biberon et le lui a donné tout naturellement. Il aurait pu être son fils et avait son teint et un peu les mêmes cheveux.

- tu te débrouille plutôt bien

Il se contenta de sourire.

- tu as eu d'autres enfants ? Lui demandais-je timidement

Il m'a regardé avant de répondre

- Non, pas encore. Mais j'espère en avoir bientôt.

Il y a eu un petit instant de silence. Bébé Ousmane prenait son biberon en regardant Demba.

- tu sais Diouldé, pour avoir un enfant, il faut une famille.

- mais tu m'avais dit que tu étais mariée

- je ne le suis plus.

Il avait répondu rapidement sans me regarder.

- depuis quand ?

Cette fois, il a levé le regard sur moi.

- depuis bien longtemps.

Bébé Ousmane avait fini le biberon et il l'avait soulevé pour le mettre sur ses épaules, tout en lui caressant le dos. C'était mignon de les voir.

- Diouldé, je ne suis pas là pour m'amuser. J'ai dépassé l'âge de le faire.

Il me regardait fixement.

- je suis là pour toi. Encore une fois. Je t'ai perdu une fois, je ne compte plus le faire. Je n'ai pas envie de tourner en rond, de perdre tu temps en des futilités. Je t'aime Diouldé.

Mon cœur a commencé à battre très fort. Moi qui croyais que ce muscle ne ressentirait plus ce genre de sensation. Il parlait doucement, calmement pour ne pas réveiller bébé Ousmane, mais il mettait toute l'intensité de ses paroles dans son regard. Il me fixait, me sondait. J'étais troublée. Demba. Je me demande si je suis arrivée à l'oublier après toutes ses années. C'est bizarre qu'il arrive aussi facilement à me perturber, à me troubler. Je me forçais à supporter ses yeux, à regarder ses lèvres me murmurer des paroles qui aurait fait chavirer le cœur de n'importe quelle femme, et qui me faisaient peur. Oui, je n'avais plus de droit de me laisser aller, plus le droit de donner mon cœur. Je n'avais plus la force de supporter une autre déception. J'en mourrais. Je ne veux plus ressentir cette souffrance, ce désespoir. Je le regardais donc sans rien dire.

- Demba, je t'en prie. Pas ça.

- je suis désolé. Je voulais te donner du temps, je voulais qu'on apprenne à se connaitre à nouveau, que tu réapprennes à m'apprécier comme avant. Mais j'ai cette impression que tu vas encore me filer entre les doigts. Je ne veux pas.

J'ai baissé la tête. J'étais fatiguée d'un coup.

- il s'est passé tellement de choses entre temps. Tu ne penses pas qu'il faut d'abord que je saches. Pour une fois dis-moi ce qui s'est réellement passé quand on était ensemble.

Il s'est assis en face de moi. je voulais savoir. Ce n'était pas une condition. Je ne savais pas ou j'allais avec lui, mais je me posais trop de questions depuis trop d'années

- ce qui s'est passé ? C'est juste que ma vie était compliquée. J'avais une petite fille que j'aimais par-dessus tout. Je venais de rencontrer la femme la plus belle et la plus merveilleuse que j'ai jamais connue. Mais elle était jeune, fragile et j'avais peur qu'elle ne me fuit si elle savait que ma relation avec la mère de ma fille n'était pas encore totalement finie, mais qu'elle battait juste de l'aile. J'avais décidé d'y mettre un terme et de me consacrer à elle. Je l'ai demandé en mariage, je la savais amoureuse de moi. Je comptais la présenter à mon père quand tout ceci serait arrangé. Je l'ai quitté rassuré et amoureux pour aller voir ma fille et me séparer définitivement de ma femme. Et à mon retour c'était le chaos. J'avais l'impression que mon beau château de carte s'était effondré.

- tu étais marié à l'époque ?

- oui. J'étais marié. Mais on se faisait plus de mal que de bien. Ça avait fini par atteindre des extrêmes. Elle avait toujours refusé de me suivre et je ne supportais plus de vivre loin de ma fille. J'ai donc déposé cette année les papiers pour le divorce.

- mais vous viviez ensemble. Je t'ai appelé Demba. C'est elle qui a répondu. Tu m'as menti tout ce temps.

- on ne vivait plus ensemble. Elle avait déménagé. Ma fille était malade et elle était venue ce jour là.

- j'ai essayé de t'appeler plusieurs fois. Tu promettais de me rappeler tu ne le faisais jamais.

Il a baissé la tête.

- je ne me le pardonnerais jamais. Je suis désolé de t'avoir menti. Je pensais te faire fuir en te disant la vérité. J'ai tourné cela dans ma tête tellement de fois. J'étais absorbé par la maladie de ma fille. C'était assez grave. J'allais tous les jours à l'hôpital. J'étais fatigué. Et toi tu ne m'a pas attendu. Tu es partie.

- oui. Je n'avais pas le choix. Il le fallait.

- j'ai cru devenir fou. Je ne comprenais pas. Je ne savais pas ou te joindre.

Je savais. Il m'avait expliqué tout ça. J'étais quand même choqué qu'il m'aie caché qu'il était marié à l'époque.

- tu as divorcée ?

- oui, mais pas juste après. Après que j'ai su que tu ne me laisserais pas une chance, j'ai décidé d'essayer de fonder une famille, t'oublier. Donc ma femme a accepté de venir ici avec ma fille. Mais ca n'a toujours pas marché. Le divorce s'est fait un an après sa venue. Maintenant c'est fini. Au moins maintenant c'est clair. J'ai le droit de prendre ma fille les vacances scolaires et avec sa mère on s'entend bien.

Un long silence.

- je tenais à repartir avec toi sur des bases très claires. Je certifie sur l'honneur que tout ce que je viens de te dire est la vérité.

Toujours le bon mot pour dégriser une situation...j'ai souri. Il a rigolé. Je ne savais pas quoi lui dire de plus. Au moins cette fois il avait été sincère. Du moins je l'espérais. Rama est venu à ce moment pour prendre le bébé. Elle a reconnu Demba mais avait oublié son nom. Donc j'ai refais les présentations et elle est resté quelques minutes à discuter tout en glissant pleins de sous entendus très drôle sur mon statut de nouveau célibataire. Elle est partie en me faisant un clin d'œil pas discret du tout. Je suis allé prendre de l'eau et a mon retour, il était toujours debout au salon, les mains dans les poches. Je me suis assise et il en fait de même. Je ne savais pas quoi lui dire. Nier qu'il me perturbait n'avançait à rien. Mais je n'étais pas prête. Même si au fond, une petite voix me soufflait que Rassoul était dans les bras d'Anta et que moi aussi je devais faire ma vie. J'avais peur.

- écoute Demba, c'est tellement compliquée pour moi ces temps ci. Je ne veux rien te promettre. Je ne veux pas m'engager. Et puis tu viens de m'avouer que tu m'a menti tout ce temps, et je dois te faire confiance à nouveau comme ça.

Il m'a regardé sans rien dire.

- mais tu es disposé à essayer au moins ?

Je ne savais pas quoi dire. J'ai juste haussé les épaules. Il en a fait de même en souriant.

- au moins ce n'est pas non.

J'ai gardé le silence. Non je ne voulais pas fermer totalement la porte, même si j'avais beaucoup de doute.

- il fait tard je crois que je vais rentrer.

Il s'est levé et je l'ai raccompagné. A la porte, il s'est penché pour me faire la bise et m'a effleuré la joue avec ses doigts. Je l'ai regardé, il m'a souri.

- entre amis on se fait de petits câlins.

Je n'ai rien dit, il s'est encore plus rapproché. Je sentais son souffle. Il allait se pencher, mais je l'ai repoussé.

- arrête Demba. Je viens de te dire que je ne veux pas m'engager dans une relation. N'essaie pas de forcer les choses.

Il n'a rien dit et est parti.

Trop de choses se bousculaient dans ma tête mais je n'ai pas eu le temps d'y songer que Rama me tombait dessus disant que Demba était vraiment charmant et qu'il ferait un excellent mari. Elle m'a dit qu'elle ne comprenait pas pourquoi je l'avais laissé tomber pour aller avec Rassoul. Je me contentais de sourire. C'était un trop long débat. Mais maman Fanta qui était dans les environs n'a pas apprécié disant qu'il y avait Badou qui venait et que je ne devais pas me disperser.

- une fois divorcé, les hommes pensent que tu es plus accessible, plus facile.

Je lui ai dit qu'avec Badou c'était fini et que j'avais fait une erreur. Pour Demba j'ai du avouer qu'il ne me laissait pas vraiment indifférente, mais que je ne voulais plus m'engager. On est resté à discuter longtemps et même Raoul s'y est joint en disant qu'il m'aurait bien pris comme deuxième épouse puisque c'était permis. Il s'était converti, mais je ne l'avais jamais vu prier. Rama n'osait pas ne pas le faire. Maman Fanta était très stricte sur ça. Elle réveillait tout le monde le matin et à l'heure des autres prières, elle faisait le tour de la maison en agitant son chapelet, et on comprenait. Demba a encore appelé et on a discuté un long moment. Avant de raccrocher, il m'a soufflé qu'il m'aimait mais je n'ai rien répondu. Ça faisait du bien, je me sentais un peu revivre. Demba, je l'avais aimé. Mais en étant avec Rassoul, j'ai eu cette impression qu'il était le seul homme sur terre. Qu'après lui, je ne serais plus en mesure d'aimer un autre. Et cette sensation m'a suivi pendant longtemps et c'est pourquoi j'ai toujours espéré qu'on allait se réconcilier. Maintenant que je savais que c'était mort, je regardais ma relation avec Demba comme une situation de sortie de crise. Avec Badou, je ne savais pas ce qui m'était arrivée. Finalement je l'ai mis sur le compte de mon mal être du moment. Il appelait souvent et espérait toujours qu'il pourrait se passer quelque chose entre nous. Décidemment, il n'avait encore rien compris.

Demba est parti le lendemain et il est passé à la maison avant de partir. Adja avait coupé son téléphone et personne n'arrivait à la joindre. Elle m'avait juste envoyé un texto pour dire qu'elle allait repousser sa réception de quelques semaines pour pourvoir mieux la préparer. Avec Moha on est allé voir tata Fatou pour lui parler de Coumba. Elle a éclaté en sanglot, disant qu'elle savait tout. Qu'elle a fait le tour des marabouts mais ils n'ont fait que lui bouffer son argent sans résultat. J'ai eu pitié d'elle. Elle était tellement bonne, tellement gentille. Elle a toujours été présente pour moi, c'était ma maman de cœur. Elle m'aimait sans retenue et j'en étais. Si je m'étais une seule seconde douté qu'elle vivait cela, j'allais la soulage, l'aider en parlant avec Coumba. Au lieu de cela je venais de me rendre compte que je vivais presque en vase clos avec Rassoul. il n'y en avait que pour lui et sa famille. J'en ai pleuré de dépit. J'avais mal pour tata Fatou. Elle disait qu'elle voulait que Coumba revienne au Sénégal, mais elle refusait, disant qu'elle voulait trouver du travail. On lui a promis de lui parler, de ne plus la laisser tranquille jusqu'à ce qu'elle revienne. Moha lui a même promis de passer par la France avant de rentrer pour lui parler. Elle avait le cœur plus léger avant notre départ.

Sur le chemin du retour, je gardais le silence. Je me rendais compte que des gens vivaient des situations plus compliqués que la mienne et continuait à vivre. et moi qui pensait que j'étais la plus malheureuse de la terre. Je ne sais pas pourquoi mais le problème de Coumba m'a secoué et m'a fait me rendre compte que je devais rendre grâce à Dieu et arrêter de déprimer. J'étais plongé dans mes reflexions au point que je ne voyais même pas qu'on prenait le chemin de la ville. Moha m'a dit qu'on allait diner ensemble car il voulait me parler. Je savais ce qu'il voulait et je l'évitais. Je ne voulais de cette discussion entre nous. Comme je m'y attendais, il disait qu'il m'aimait toujours, qu'il n'avais plus l'intention de m'épouser si j'acceptais. Il avait un travail stable et comptais en même temps continuer ses études. Il avait plein de projet d'avenir et je l'écoutais en souriant. Quand il a fini, je lui ai fait savoir que j'étais une femme divorcée et qu'il était jeune et méritait une fille toute fraiche et que je n'étais pas sure que sa famille épouse une femme comme moi en première noce. Il n'a pas compris et m'a demandé ou se situait le problème.

- qu'est ce que ma famille à avoir là dedans. Ca sera entre toi et moi.

Je secouais la tête

- en dehors de tout ça. je ne veux pas. je ne veux plus m'engager dans une relation. C'est pas dans mes priorités.

Il a baissé la tête.

- c'est encore à cause de Demba. La dernière fois c'était avec lui et cette fois aussi ton cœur est avec lui. mais il n'est pas bien. Quand vous sortiez ensemble, il était marié, il te mentait, te trompait.

J'ai souri.

- oui, il m'a tout dit. Mais cette fois ce n'est pas à cause de lui. Cette fois, c'est juste que je sors d'une relation très compliquée ou j'ai laissé pas mal de plumes. Donc comprend moi.

- je te comprends, mais je tiens à toi. je ferais tout pour toi. Donne-moi une chance.

Je ne savais plus quoi dire. Je ne voulais pas le repousser brusquement, mais autant je pouvais réfléchir d'une possibilité avec Demba autant je ne m'envisageais pas du tout avec Moha. Ma vision de lui en tant qu'ami et frère n'avait pas changé, même si j'ai senti une grande maturité, une vision très claire de ce qu'il voulait. J'étais dans le doute. Pourquoi fallait-il que tout ceci m'arrive à ce moment. L'avantage c'est que ça m'évitais de penser à Rassoul. Je m'étonnais d'avoir réussi à dépasser les choses comme ça. Demba n'y était pas étranger. Chaque soir on discutait et il arrivait à me faire rire et j'en oubliais mes problèmes.

Adja est rentrée 5 jours plus tard toute rayonnante. Elle m'a appelé et je suis allée chez elle. Sa mère m'a chargée disant que j'étais sa complice dans sa fuite. Babacar lui avait remis un téléphone portable dernier cri plus une somme d'argent comme cadeau pour la lune de miel. Les mamans et les tantes étaient là et on la félicitait d'avoir bien attaché son pagne. J'étais contente et fière pour elle. Elle avait finalement décidé d'organiser sa réception vers la fin du mois de janvier. En attendant pour le 31 Décembre, elle allait faire un diner intime avec seulement ses amis proche. Elle était encore chez elle et faisait des vas et viens entre l'appartement de Babacar et chez elle. Elle était obligée de se cacher pour y aller car son père ne supportait pas de la voir aller chez son mari. Un vrai jaloux.

Alors qu'on préparait le diner, elle m'a demandé des nouvelles de Rassoul. J'ai rigolé en lui disant qu'il s'était marié. Elle ne m'a pas cru, tellement je le disais avec légèreté. J'ai juré et elle m'a demandé la quand, le comment, le pourquoi. Je lui ai dit ce que je savais et pour le reste j'ai donné ma langue au chat. Elle était étonnée que je le prenne ainsi.

- Diouldé la pleureuse, tu me dis ça comme. Ton cher mari épouse sa cousine et tu n'en parle même pas. On t'a changé en mon absence ?

- j'en ai assez d'en parler. J'ai décidé d'oublier. C'est juste que maintenant, je sais que c'est vraiment fini.

Elle s'est mise à applaudir en m'encourageant. Et puis elle s'est mise à me parler de Demba.

- puisque tu as tourné la page de Rassoul, pourquoi tu ne songerais pas à te remettre avec Demba. Babacar est toujours convaincu qu'il t'aime. Moi je ne sais pas trop. J'ai toujours l'impression que tu n'as pas envie de lui parler ou que tu lui en veux. Moi je sais que tu ne lui ai pas indifférents. Il te regarde d'une façon...

- ton Demba ?

- moooo, colle-moi la paix. Il ne m'a jamais regardé.

J'ai hésité à lui dire les dernières nouvelles. Finalement au retour, je lui ai tout expliqué. La visite de Demba, notre discussion. Elle était contente et me voyait déjà marié à lui. Je lui ai expliqué mes craintes, je lui ai parlé de Moha. Mais elle ne m'écoutait même pas disant que Moha n'avait pas sa place avec moi. Elle le trouvait trop jeune. J'ai quand même pu obtenir d'elle qu'elle ne dise rien à Babacar, le temps que je me décide.

Le 31 Décembre, toute la famille a décidé d'aller à Saly pour y passer la fête. Moi comme j'avais promis à Adja d'être présente, je n'ai pas pu y aller avec eux malgré l'insistance de Rama. Moha avait beaucoup insisté pour qu'on passe la soirée ensemble, mais je lui ai expliqué le programme et je lui ai proposé de venir nous rejoindre. Il ne m'a rien dit de précis, disant qu'il préférait passer la soirée seul avec moi. Mais je ne voulais pas et j'avais une très bonne excuse pour ne pas l'accompagner. En plus, Demba m'avait assuré qu'il serait là pour le 31 Décembre, mais je n'avais plus de ses nouvelles. Je devais être parano, mais j'ai pensé qu'il était peut être avec on ex femme. Tous mes doutes le concernant sont revenus à la surface. Et comme je filtrais mes appels à cause de Rassoul qui ne cessait de m'appelait, je ne prenais que les numéros que je connaissais.

Eh oui, Rassoul m'appelait plusieurs fois par jour, et plusieurs fois par jour je raccrochais le téléphone ou ne décrochais pas du tout. Je n'avais pas envie de lui parler. Pas parceque j'étais fâchée, mais juste parce qu'il commençait sérieusement à m'exaspérer. Quand je décidais quand même de décroché c'était juste pour l'entendre me dire que je lui manquais et qu'il avait juste envie de me parler. Je n'avais pas particulièrement envie de lui parler, mais je faisais parfois de petits efforts.

Le jour de la fête, j'ai passé la journée avec AAdja à récupérer des commandes pour le diner. J'ai demandé à Babacar si Demba était de retour, mais il n'en savait rien disant qu'il devait passer par je ne sais quel pays pour un petit travail, donc il n'avait pas de ses nouvelles. Donc je me suis préparée un peu déçue. J'avais mis une petite robe de Rama. J'avais pris un peu de poids et la robe m'allait à merveille. J'avais juste tiré mes cheveux en arrière en queue de cheval plus un maquillage assez simple. Les invités commençaient à venir. Il y avait quelques amis de Babacar et des cousines et amies d'Adja. En tout une dizaine de personnes. L'appartement était assez spacieux et tout le monde était bien installé et la plupart était venu en couple. J'étais occupé dans la cuisine à préparer les boissons quand quelqu'un m'a enlacé par derrière et déposé un bisou sur mon cou. J'ai sursauté, plus par caprice que par surprise car dès qu'il avait posé les mains sur moi, je l'avais reconnu. Je me suis retournée et il était face à moi, tout près, trop proche, tout sourire, trop beau. Je ne cherchais même pas à bouger, je suis restée à l'observer. J'ai pensé une fraction de seconde qu'il allait m'embrasser.

- salut ma princesse. Tu m'as manqué.

- c'est vrai ce gros mensonge ? Lui ais je répondu avec une petite moue.

Il a rigolé en s'écartant.

- je savais que tu allais me reprocher de ne pas t'avoir appelé ces derniers jours, mais j'ai eu un emploi du temps tellement chargé

Je l'ai interrompu.

- Non du tout. Je ne te reproche rien. Tu n'as aucun compte à me rendre Demba.

J'étais tout sourire en disant cela et je suis sortie tranquillement avec mon plateau de canettes. Il m'a suivi et je suis retourné m'assoir près d'une cousine d'Adja. Il est allé voir Babacar et de là ou il était, ne cessait de me regarder. A un moment, juste avant de servir le diner, Moha a finalement appelé et je lui ai indiqué la maison. Il est arrivé et s'est mis à côté de moi. On a diné en discutant et en rigolant. A minuit, on s'est tous souhaité la bonne année et je suis sortie dans le balcon pour essayer de joindre maman fanta ou Rama en vain. Ça ne passait pas.

- Bonne et heureuse année.

Je me suis retourné et c'était Demba. Encore. Il s'est approché et j'ai pensé qu'il voulait me faire la bise, mais il a posé ses lèvres sur les miennes. J'ai voulu le repousser, mais je n'avais pas la volonté. Ses lèvres étaient trop douces. Je me suis approchée encore plus et il a accentué la pression de ses lèvres. J'ai entrouvert légèrement la bouche et je lui ai mordillé la lèvre avant de me reculer.

- bonne année à toi.

Il a hésité entre m'embrasser et se reculer, et j'ai tranché. Je me suis reculé et adossé au mur. Il est resté en face de moi à m'observer.

- tu m'as manqué. J'ai passé mon temps à penser à toi.

Je n'ai pas répondu, me contentant de sourire. A ce moment Moha est arrivé. Ignorant totalement Demba,

- hé toi, je te cherche partout depuis tout à l'heure. Viens le bébé de l'année passe à la télé.

J'étais en face de Demba qui m'a jeté un de ses regards. Et Moha qui me tendait la main. J'ai hésité. Puis j'ai pris la main de Moha et j'ai contourné Demba. Il m'a ignoré tout le reste de la soirée, et il y avait des filles qui lui tournaient autour. Mais je voyais bien qu'il se contentait de sourire sans plus. J'étais un peu gênée par mon comportement et je voulais lui parler, mais Moha ne me lâchais pas. Il voulait qu'on parte ensemble, mais je n'osais pas trop quitter la soirée avec lui. Ca serait un peu exagéré par rapport à Demba. Je n'avais pas vraiment envie de le vexer plus que ça. Je suis donc resté jusqu'à ce que presque tous les invités soient partis. Moha était toujours à m'attendre. J'ai aidé Adja à ranger, Moha était toujours là à m'attendre. Demba discutait tranquillement avec Babacar et parfois nos regards se croisaient. Finalement, comme il faisait tard et Moha ne se décidait pas à partir sans moi, j'ai pris mon sac pour sortir. Moha aussi était prêt et je suis retourné dans le salon pour dire au revoir. J'ai trouvé Babacar et Demba et ce dernier n'a pas daigné lever les yeux. Babacar voulait que Demba me raccompagne, mais j'ai précisé que j'y allais avec Moha. Il paraissait étonné mais n'a pas fait de commentaire tandis que Demba gardait la tête baissée. Je suis donc sortie avec Moha qui voulait me prendre dans ses bras. Je l'ai repoussé un peu énervée par toute cette situation. On est resté dans le froid à attendre un taxi pendant au moins une bonne demi-heure. Ça caillait et je grelottais et les taxis venaient mais ne s'arrêtaient pas. Demba est descendu pour rentrer et nous a trouvé toujours en train d'attendre un taxi. La honte. Il nous a demandé de monter et qu'il allait nous déposer. Je suis montée à l'arrière et Moha devant. Il lui a indiqué chez lui et ils se sont mis à discuter du manque de taxi durant la fête. Une fois près de chez lui, il a demandé à descendre et je suis sortie pour m'assoir à l'avant. Le trajet s'est fait dans le silence total. Je ne savais même pas quoi dire pour arrêter ce silence pesant. Il m'en voulait et il avait raison. Je n'ai pas été cool avec lui.

Arrivée devant la maison, je me suis tournée vers lui.

- merci. Sans toi je serais morte de froid.

Il a juste souri, puis a pris une boite derrière son siège et me l'a tendu.

- c'est pour toi.

J'ai ouvert. C'était des chocolats. Il n'avait pas oublié que j'adorais les chocolats. J'ai pensé à cet instant que Rassoul n'a jamais su que j'adorais les chocolats et ne m'en avait jamais donné. J'ai vite repoussé cette pensée.

- merci. C'est vraiment gentil Demba.

Il a soupiré sans rien dire. Moi aussi je ne savais pas trop quoi dire et je suis sortie de la voiture après un bref au revoir. . Il n'y avait personne à la maison et j'avais le trousseau de clé. J'ai essayé mais je ne trouvais pas celle qui ouvrait la porte principale. Demba est descendu.

- il y a un problème ?

- en fait y'a personne à la maison et je ne trouve pas la clé.

Il a pris le trousseau de clé et a essayé toutes les clés et finalement elle s'est ouverte. Je l'ai remercié et il m'a accompagné à l'intérieur

- tu n'as pas peur de rester ici toute seule ?

- je ne voulais pas déranger Babacar et Adja. Mais Rama et maman reviennent demain.

On était au salon et j'ai posé mon sac sur un fauteuil avant de me mettre devant lui. Il était debout à m'observer, les mains dans les poches l'air soucieux

- ca va ? lui demandais je finalement

- Non, da ngama sonal diouldé. (tu me fatigues)

Demba avait un wolof chaotique. Il le parlait pour me faire rire. Donc j'ai souri.

- je ne sais pas comment te prendre. Je ne te comprends pas. Je t'ai dit que je suis prêt à t'attendre toute ma vie mais je voudrais être sure que tu prendras ce temps avec moi. On n'est plus des enfants. Tu dois savoir ce que tu veux. Dis le moi que je saches à quoi m'en tenir.

Je ne savais pas quoi dire. Ce que je voulais ? Oui je le savais. J'avais envie d'être avec lui. Pourquoi je me comportais comme si je voulais le contraire, je ne sais pas. Peut être des enfantillages. Son discours me gênait et me faisait me rendre compte qu'effectivement c'était des enfantillages. J'ai donc baissé la tête.

- moi je t'aime Dioudé. Mais je ne peux pas te forcer à être avec moi. je veux juste savoir à quoi m'attendre.

- je ne sais pas Demba.

Bien sur que je voulais essayer, mais j'avais des problèmes pour le lui dire. On est resté comme ça un bon moment. Ensuite il s'est avanceé doucement et naturellement on s'est embrassé. J'avais oublié cette sensation. J'avais embrassé Badou mais j'avais toujours envie que ça finisse vite. Mais avec Demba c'était autre chose. Je ressentais ces milliers de bulles qui explosaient dans mon ventre quand sa langue s'est frayé un chemin entre mes lèvres. J'ai gémi et mis mes bras autour de son cou. Il m'a encore plus serré et ca a été le déluge de sensations. On s'est embrassé à en perdre le souffle. Quand je me suis éloigné, j'avais la tête qui tournait et il a posé son front contre le mien.

- j'avais oublié comme c'était bon de t'embrasser, me murmura t'il.

J'ai souri et je me suis légèrement éloignée. Il me tenait toujours bien fermement comme s'il avait peur que je ne parte. Mais à ce moment mes talons me faisaient mal et je les ai enlevés. Je suis redescendu de quelques centimètres, non de plusieurs et il a éclaté de rire.

- tu avais envie de faire ça depuis quand ?

- quoi ? T'embrasser ou enlever les talons ?

Il a encore éclaté de rire et cette fois je me suis assise sur le fauteuil. Il s'est mis en face et a soulevé mes pieds pour les masser.

- il y a quoi entre toi et Moha ?

- rien. C'est juste un ami.

Toujours avec un air sérieux, il m'a demandé si lui me considérait comme telle. J'ai été obligé de lui dire que non et qu'il voulait qu'on sorte ensemble. Il a gardé le silence et a arrêté de me masser les pieds.

- et moi, tu me considère comme quoi ?


Je ne trouvais pas quoi répondre. Et d'ailleurs je me posais la même question. Il ne me laissait pas indifférents, il ne m'a jamais laissé indifférent. Mais je m'étais toujours interdit de penser à lui durant toutes ces années. C'était pour moi malsain. Mais aujourd'hui, je pouvais à nouveau me permettre, sans culpabiliser.

- toi tu es mon ami.

Il a rigolé.

- les amis ne s'embrassent pas.

Il n'a pas insisté et on a parlé d'autre chose. Cette soirée de St Sylvestre a été merveilleuse. Je suis allée me doucher et me changer. Ensuite, j'ai préparé une bonne tisane et on s'est installé au salon pour discuter. C'était bizarre. On s'était quitté un 31 Décembre, il y a quelques années de cela, et c'est encore un 31 Décembre qu'on se retrouve. Il s'était passé tellement de choses.

- tu as été heureuse pendant toutes ces années ? me demanda t-il brusquement

Il m'a regardé, semblant chercher la réponse dans mes yeux.

- il y a eu séparation donc forcement mésentente. Mais oui. J'ai été heureuse. Mon mari m'aimait beaucoup.

Puis plus doucement, j'ai murmuré sur un ton pathétique

- on s'aimait.

- Et maintenant ?

Je l'ai regardé. Je ne savais pas quoi dire.

- maintenant c'est fini Demba. Et je n'ai pas envie de revivre le passé. Je veux tourner cette page.

Encore un regard, encore un sourire, encore des paroles tues. Mais il y avait une complicité naissante ou qui n'avait jamais disparu.

- et toi ? Ne me dis pas que tu es resté sagement à attendre.

- si je te dis oui, me répondit-il en rigolant.

- ton nez s'allongera....

C'était son expression. Je m'en souvenais, on a rigolé. Tout revenait si naturellement.

- bah non alors, dit-il en haussant les épaules. Avec mon ex on a essayé de recoller les morceaux, mais sans succès. Parfois quand c'est fini, il faut accepter et passer à autre chose. Mais bon, pour la plupart, c'étaient des histoires sans lendemain.

Il n'a pas voulu s'étendre, je n'ai pas insisté. Je m'étais assise à une distance assez respectable. Il n'a rien fait pour s'approcher et est sagement resté dans son coin a boire son thé. On a discuté et il me parlait surtout de sa fille. C'était un sujet passionnant pour lui. Elle venait au Sénégal pour les grandes vacances scolaires et adorait le pays. Mais à chaque fois, c'était toujours un déchirement pour eux de devoir se séparer. Il rêvait d'être avec elle une bonne fois pour toute et c'est pourquoi il songeait sérieusement à retourner vivre en France, et d'être plus présent pour elle.

- c'est à cause de mon père que je ne voulais pas retourner en France. Il est de santé un peu fragile et je suis son seul soutien ici. Mais vivre 9 mois sans voir ma fille aussi c'est un peu difficile.

Ça se voyait qu'il l'adorait et cette séparation lui pesait. Mais sa carrière prenait un nouvel envol et il avait beaucoup de responsabilités et rechignait aussi à tout laisser tomber. Il espérait juste une affectation en France puisque la banque avait son siège là bas. Mais ça ne n'était pas du tout évident et il fallait vraiment faire ses preuves. Je ne savais quoi lui dire. C'était un choix assez difficile. Je l'écoutais parler, sans dire grand-chose et à un moment, je me suis endormie.

A mon réveil, il faisait jour, et il n'y avait personne avec moi. C'était bien un des rares matins ou je me réveillais sans penser à ce que Rassoul devait être en train de faire. Avec ce bien être, cette plénitude. J'ai pensé à Demba et je l'ai appelé, mas ça a sonné dans le vide. Il devait être en train de dormir le pauvre.

Dès le soir la maison s'est de nouveau remise à vivre. Maman et la petite famille était de retour de même que Dieynaba et Saly. On s'est touts retrouvé au salon à discuter. Saly racontant comment elle a failli être prise en flagrant délit de tromperie par un de ses copains, Rama comment elle avait laissé bébé Ousmane à maman pour aller danser toute la nuit. J'en riais aux larmes. Demba m'a appelé et m'a proposé de venir me prendre pour aller manger et j'ai accepté. Mais je ne pensais pas qu'il viendrait à moto. J'avais mis une robe, mais il m'a obligé à aller mettre un jeans et on est partie. J'avais l'impression d'être revenu des années en arrière. On est allé manger tranquillement et il m'a promis de déposer mon dossier dans quelques sociétés ou il connait le patron. On n'est pas resté tard car maman boudait un peu quand je lui ai dit que je sortais manger avec lui. Je ne savais pas pourquoi elle semblait ne pas l'apprécier. Les cadeaux de Badou devaient être passés par là. Donc une fois à la maison, il m'a raccompagné jusqu'à la porte et a semblé hésité un moment. Ensuite il m'a demandé si on était toujours ami et j'ai répondu que oui et il a sagement déposé un bisou sur mon front avant de partir. J'ai éclaté de rire, mais il a gardé tout son sérieux et m'a fait un geste de la main.

Les jours suivants, on ne se voyait pas souvent, mais on était souvent au téléphone. Je ne sais pas pourquoi et je ne sais pas si toutes les femmes divorcée ont cette image, mais j'avais ce sentiment que j'étais une valeur dévaluée. (je ne trouve peut être pas le bon terme). Que le fait d'être divorcée diminuait cette capacité d'être à nouveau attirante, d'être aimé à nouveau tout simplement parcequ'un homme ou sa famille avait décidé que vous n'étiez pas assez bien pour lui. J'avais cette impression que les gens ou les hommes me considérait plus comme une chose dévalorisée. C'était bête, idiot, mais j'avais ce ressenti. Oui à cette époque j'avais une toute petite estime de moi-même. Et je crois que c'était la raison pour laquelle à un moment, juste après la première séparation, je faisais tout pour croire que ça pouvait coller à nouveau avec Rassoul. Son mariage a donc été un déclic et Demba un détonateur. Il aimait me dire qu'il m'aimait, sa façon qu'il avait de me regarder faisait parfois monter des bouffées de chaleur et je me sentais revivre. Je prenais à nouveau soin de moi. Quand il devait venir, je me maquillais m'habillait et j'avais l'impression d'être retourné des années en arrière du temps.

Avec Moha c'était un peu plus compliqué. Il ne cessait d'insister disant que j'étais la femme de sa vie. Un jour, il est venu me prendre et je suis allé dire bonjour à sa mère. Depuis le départ de Moha je n'y avais pas mis les pieds et elle était très contente de me revoir ainsi que ses sœurs. Quand à Moha il me présentait déjà comme sa femme et ses sœurs l'encourageait en disant qu'il n'avait qu'à se dépêcher. J'étais vraiment gênée et le soir même j'ai tenu à préciser à Moha qu'entre nous il ne pouvait y avoir qu'une franche amitié et que je ne voulais pas que cela change. Mais allez faire comprendre raison à Moha ...c'était mission impossible. Il mettait mon refus de m'engager avec lui sur le compte de mon récent divorce et voulait me donner le temps. Il devait rentrer bientôt mais me promit de revenir durant les grandes vacances. Finalement j'ai laissé tomber et je l'ai laissé croire ce qu'il voulait. De toute façon c'était soit cela, soit lui changer de cerveau, et cette dernière option s'avérait un peu compliqué. Mais bon, je le considérais comme un ami et je faisais tout pour ne pas trop chiffonner notre amitié.

Heureusement que j'étais très prise par l'organisation de la réception d'Adja et je n'avais pas trop le temps. Surtout aussi que j'aidais Rama et Raoul à faire leurs courses car ils devaient rentrer dans la semaine. J'avais beaucoup de peine de devoir quitter mon bébé Ousmane car il allait me manquer et la tristesse fut d'autant plus grande que toute mon envie de materner avait refait surface. Donc leur départ fut un déchirement. C'était l'enfant d'autrui, mais je l'aimais et personne n'a compris les larmes que je versais. Je pensais au bébé que j'avais perdu, au visage qu'il aurait eu, à l'amour que je lui aurais donné.

Le soir de leur départ j'étais donc toute triste et seule à la maison car maman aussi était partie avec eux car elle voulait aller en Chine prendre de la marchandise. Saly était sortie avec son copain et Dieynaba révisait dans sa chambre. J'étais toute seule au salon a regardé la télé quand j'ai reçu un message de Demba disant qu'il était à la porte. Je suis sortie lui ouvrir et il était devant la porte. Il m'a demandé de venir faire un tour avec lui, mais je lui ai juste dit que j'étais fatiguée et que je n'avais pas envie de sortir. Il est resté avec moi et cette nuit, je lui ai parlé du bébé que j'avais perdu et j'ai beaucoup pleuré. Il avait également beaucoup de peine pour moi et est resté très tard. Il disait que j'en aurais d'autres avec lui et ceci me faisait sourire.

- entre amis on ne se fait pas des enfants, lui ais dit en essuyant mes larmes.

- on sera plus que des amis alors....

Il a enchainé sur une blague qui m'a fait tordre de rire et j'en ai vite oublié ma tristesse.

Après le départ de Rama, Adja m'avais carrément réquisitionné et on s'occupait de sa fête qui devait être grandiose. Je devais contacter Badou pour qu'il vienne avec son ami, le musicien qui était très en vogue. Adja insistait pour cela, mais je lui disais qu'il était hors de question que je contacte Badou pour une quelconque raison. Elle a finalement laissé tomber et a décidé de l'appeler elle-même. Elle voulait que tout soit parfait. Comme j'avais du temps, on passait la journée à faire les courses ou à téléphoner. Parfois on se prenait la tête car elle disait que je n'en faisais qu'à ma tête ou que je laissais trop de liberté aux traiteurs. On restait parfois une journée fâchée l'une contre l'autre et le lendemain elle avait besoin de moi et on s'insultait avant de recommencer les préparatifs.

Je devais faire partie des demoiselles d'honneur, mais c'est ce crétin de Demba qui m'a découragé. Il était présent le jour ou on en parlait et il a éclaté de rire. Ensuite avec un air idiot,

- si toi tu es une demoiselle, moi je suis le pape...

Si j'avais un marteau, je lui aurai écrasé la tête avec. Adja et Babacar ont tellement rigolé que j'étais définitivement vexée. Je ne voyais vraiment pas en plus ce qu'il y avait de drôle.

- tu es vraiment con. De toute façon la couleur qu'elles ont choisi ne me va pas au teint donc je renonce.

Ils ont encore tous éclaté de rire et moi, j'ai préféré les ignorer. Adja pensait que je rigolais mais non. Et puis bon, ces jeunes cousines voulaient toutes être demoiselles d'honneur, donc elles ont été contentes que je me désiste.

Quand il me ramenait, je faisais un peu la tête et arrivée devant la maison, il m'a tiré à lui en me demandant de lui faire une bise. J'ai tourné la tête

- tu n'es quand même pas fâché pour si peu, ma jolie demoiselle.

J'ai encore un peu boudé, mais bon j'ai vite laissé tomber. J'étais loin d'être une demoiselle aussi.

Un soir, à quelques jours de la fête, on était à la maison avec Adja à faire des calculs quand Rassoul est arrivé. On ne s'était pas revu depuis qu'il m'avait annoncé son mariage et je devais avouer que bizarrement je l'avais presqu'oublié. J'en au un peu honte et j'ai mis cela sur le compte de toutes mes activités. Adja aussi était étonné de le voir et m'a lancé un regard accusateur. N'empêche elle l'a salué chaleureusement et Rassoul l'a félicité pour son mariage. Adja en a fait de même tout en laçant des piques acerbes

- on a vu ce que tu as fait. Les cousines sont faites pour les cousins non ? C'est l'adage qui le dit et tu l'as appliqué.

Je lui ai lancé un regard qu'elle a ignoré. Si je pouvais lui couper la langue celle la.

Rassoul m'a regardé complètement gêné, cherchant surement du secours. Mais j'ai juste haussé les épaules sans rien dire.

- mais on ne t'en tiens pas rigueur. On n'est pas vilaine, encore moins méchante, donc on trouvera un bon mari.

- ADJA...

Mais elle doit avoir des grands mères griottes cette fille. Cette fois elle s'est arrêtée et a pris congé. Sur le pas de la porte, elle m'a reproché le fait que je laisse Rassoul venir me voir. Je lui ai juré que c'était la première fois et que je ne savais même pas ce qu'il faisait ici. On s'est un peu disputé et elle est partie.

Je suis allé trouver Rassoul au salon. J'ai pris des nouvelles de Pa Ablaye et il m'a dit qu'il passait son temps à me réclamer. J'ai promis d'aller le voir un de ses jours et je lui ai demandé pourquoi il est venu. Il m'a sortir un chèque pour me dire que c'était pour me remettre l'argent. C'était un mauvais prétexte et de toute façon, je lui ai encore répété que je ne voulais pas cet argent et donc je n'allais pas le prendre. Il a insisté et finalement, il m'a dit qu'il le déposerait sur mon compte.

- écoute, tu as de la famille, d'autres responsabilités, en plus avec ton mariage tu as du faire pleins de dépense, donc je t'en prie garde ton argent.

Il m'a regardé comme s'il ne comprenait pas ce que je disais. Puis après un long silence, il a soupiré

- c'est toi que j'aime. C'est à toi que je pense, c'est avec toi que je veux être. Je vais arrêter tout ça. c'est trop.

C'était bizarre.il y a quelques temps ces paroles m'auraient transporté, m'auraient fait espéré des lendemains plus stables avec lui, m'auraient fait chaud au cœur. Aujourd'hui, j'avais juste envie qu'il arrête, qu'il ne me dise plus ce genre de chose. Etait-ce son mariage, ma nouvelle relation avec Demba, ma décision de tourner la page.

- écoute Rassoul, je te demande s'il te plait de ne plus me dire ce genre de chose. Ta femme n'apprécierait pas. Et je ne veux plus de problèmes. Vas t'occuper d'elle.

Il ne m'écoutait même pas et j'avais gardé le silence. Au bout d'un moment, il est parti, tout triste. J'avais de la peine pour lui. Mais ce n'était tout simplement plus possible. Je voulais aller de l'avant. Demba faisait battre mon cœur à nouveau et me redonnait un peu d'espoir. Je voulais m'accrocher à ça.

Les jours ont passé vite et la réception est arrivée. J'étais déjà fatiguée avant la fête et le jour même j'ai du prendre des médicaments pour tenir. J'ai réquisitionné Demba pour les quelques courses qu'il y avait à faire et pour venir chercher Adja au salon de coiffure avec pour aller à la fête. J'avais opté pour un bustier bleu et une jupe blanche en soie tout simplement magnifique. Elle était toute en perle et la jupe était longue et évasé en bas. J'étais trop fatiguée pour les coiffures compliquées et malgré l'insistance d'Adja, j'ai juste fait un brushing et j'ai relevé cela en un chignon bien travaillé. Le photographe a fait rire tout le monde car il ne cessait de me prendre en photo au point de m'agacer.

Quand on a fini j'ai appelé Demba et quand il est venu il était à tomber. Il portait un smoking blanc avec un nœud papillon et était très mignon. Lui aussi semblait subjugué. Il m'a regardé avec de gros yeux et ne trouvait pas de mots. Devant tout le monde, il a déposé un baiser sur mes lèvres avant de murmurer que j'étais vraiment jolie. Adja était toute contente et après encore une demi heure à encore l'attendre, on est finalement parti. Les invités étaient déjà sur place et on n'attendait que la mariée. Demba est entrée avec elle et plus tard Babacar est venue. La soirée était belle et je faisais des vas et viens incessants pour aider à récupérer et ranger les cadeaux, tantôt pour aider les serveurs. Tout le monde m'appelait et tout à coup il ya eu un petit mouvement et le célèbre chanteur est entré. J'ai su que finalement Adja avait réussi à joindre Badou et je me retournais quand je suis tombé sur ce dernier. J'avais juste envie de fuir, mais il m'a enlacé et fait la bise. Je me suis forcée à sourire et à lui demander de ses nouvelles. Heureusement, qu'une cousine d'Adja m'a tirée en disant de répondre à Adja. Je me suis donc excusé et je me suis enfuie. J'étais toute débordée quand Demba est venue vers moi et m'a tiré dehors. Je pensais qu'il allait me dire quelque chose d'important, mais il a relevé mon bustier d'un geste nerveux.

- ta tenue est jolie, mais un peu trop ajustée. Tout le monde te regarde. Je n'aime pas ça.

J'ai souri et je l'ai regardé. Tout en soutenant mon regard, il a encore pris son temps pour relever mon bustier.

- voilà. C'est mieux comme ça.

Il s'est approché et a voulu m'embrasser, mais j'ai poussé mon visage en lui disant qu'il allait me gâcher mon rouge à lèvre.

- mais tu me dois un baiser dans ce cas.

J'ai promis et il s'est un peu éloigné.

- c'est qui celui avec qui tu parlais tout à l'heure ?

- j'ai parlé avec tellement de monde. Je ne sais pas de qui tu parles.

Il n'a pas insisté et m'a laissé retourner à l'intérieur. Il y avait de la bonne musique et tout le monde dansait. C'était un peu calme et je m'étais assise dans un coin quand Badou s'est dirigé vers moi. J'avais encore envie de fuir, mais je ne trouvais pas d'issue

- la belle. Tu m'as abandonné maintenant.

J'ai souri et il m'a fait la bise. Encore, Un peu trop prolongé. Un regard trop appuyé sur mon décolté, m'a plongé dans une énorme gêne. Après tout ce qui c'était passé, je ne trouvais rien à lui dire. Comme on ne s'entendait pas, il m'a demandé d'aller dehors pour qu'on discute. J'ai hésité un moment, avant de refuser de le suivre. Il a encore insisté mais je n'avais aucune envie de lui parler. Je ne sais pas pourquoi je ne le supportais plus. Heureusement que Demba est venu me chercher et bizarrement, de toute la soirée, il ne m'a plus lâché. Même quand on m'appelait il me suivait. Un vrai pot de colle. Les invités ont commencé à partir et un moment, Badou est revenu pour me dire qu'il partait. Demba était juste à coté et me tenait la main. Ils se sont regardé et il n'a pas daigné lui parler. un combat de coq en perQuand la salle a commencé à se vider, on est encore resté un moment à embarquer les cadeaux dans la voiture. Quand tout le monde est partie, Demba m'a proposé de me raccompagné. J'étais très fatiguée, je suis montée dans la voiture. Arrivés devant la maison, il m'a retenu réclamer ce que je lui devais. J'ai fait celle qui ne comprenait pas et il m'a tiré à lui pour m'embrasser. Depuis la nuit du diner on ne l'avait pas fait et j'en avais envie autant que lui. comme la dernière fois, je m'accrochais à lui.

- tu sais que je t'aime, me murmura t-il un peu essoufflé.

J'ai souri sans rien dire. Je ne me sentais pas encore capable de dire cela à un autre homme. Même s'il ne me laissait pas indifférente. Heureusement qu'il n'a pas insisté et m'a raccompagné et je lui ai promis de passer le voir chez lui.

J'étais vraiment fatiguée. J'ai dormi toute la journée du lendemain et le soir, Demba est passé me prendre. Je savais qu'il avait déménagé mais je n'imaginais pas qu'il avait acheté une maison. Il m'a expliqué tout ça dans la voiture et la maison était très jolie. Simple mais joli. Il m'a fait visiter, m'a montré la chambre de sa fille, une belle chambre toute rose. J'en ai profité pour regarder ses photos. Elle avait grandi et était toute jolie. Elle ressemblait à son père et avait les mêmes yeux.

Ensuite, on est allé au salon pour manger. Mais je n'avais vraiment pas faim et on s'est blotti dans les bras l'un de l'autre à discuter. Il m'a encore demandé si j'étais prête à m'engager avec lui et cette fois je lui ai répondu que oui. Que j'étais prête à nouveau à lui faire confiance. Bien entendu, on s'est embrassé. Je n'en avais jamais assez de ses lèvres. J'ai laissé courir mes mains sous son teeshirt et il a ouvert mon chemisier. Quand il a écarté j'ai instinctivement recouverte la poitrine de mes mains avant de me coucher sur la sofa. Il a rigolé avant de se coucher a coté en me tirant à lui.

- Ce n'est pas la première fois que je te vois comme ça. Même si je dois reconnaitre que tu n'es plus la jeune fille toute frêle que j'avais connu.

Depuis ma première grossesse, mes seins s'étaient développés et malgré le fait que je n'ai jamais allaité, ils n'avaient pas trop dépéri. Et puis j'avais pris un peu de poids donc oui, j'avais quand même une belle poitrine. Il a écarté mes mains et a regardé sans gêne avant de se pencher pour les embrasser. J'ai poussé un cri. C'était trop. Je l'ai écarté. Il s'est remis à m'embrasser. J'avais le cœur qui battait très fort, les sens en alerte. Il allait me rendre folle. Ses baisers avaient un gout sucré, ses lèvres étaient douces. C'était trop. Je me suis levée d'un coup et a voulu me tirer à nouveau. Je me suis assise et il m'a reboutonné le chemisier.

- je crois qu'il vaut mieux que tu partes sinon, je ne suis pas très sur de pouvoir résister.

J'ai souri.

- moi non plus, je ne suis pas très sure de pouvoir résister. Donc mieux vaut que je parte.

Il s'est approché et plus doucement, presque en murmurant

- dans ce cas, on pourrait...

Je l'ai regardé comme s'il avait blasphémé.

- c'est hors de question. On ne fait pas ça quand on n'est pas marié.

Il a ris un air déçu et a déposé un bisou sur ma joue.

- dans ce cas, il faut qu'on se marie vite, car je ne pourrais pas résister tenir longtemps si tu es à mes côté comme ça.

Je n'ai pas répondu. Le mariage me faisait peur, je n'avais aucune envie de m'engager à nouveau. Non, je ne voulais pas, je ne voulais plus. Mais je n'osais pas exprimer mes doutes, mes craintes. Donc j'ai juste souri avant de prendre mon sac.

Je devais aller à son travail le lendemain pour lui remettre mon cv. On en a profité pour déjeuner ensemble et j'avais l'impression de revivre. Il avait toujours ce sens de l'humour, cette capacité à prendre les situations très à la légère. Il m'a demandé sa commission pour la recherche d'emploi et je lui ai répondu qu'on en discuterait plus tard.

On discutait tranquillement quand une jolie jeune fille est venue tranquillement s'assoir à notre table. Je l'avais reconnu. C'était un mannequin très en vogue à l'époque et qui apparaissait dans pas mal de publicité. Elle m'a salué brièvement avant de se tourner vers Demba et lui demandé pourquoi il l'avait zappé depuis quelques temps. Je me sentais subitement de trop, mais je ne voulais pas partir. C'était comme si je boudais et vraiment, j'avais dépassé ces choses là. Donc j'ai écouté tranquillement Demba lui expliquer qu'il n'avait plus son numéro et que de toute façon elle ferait mieux de partir car il était en train de déjeuner. La fille s'est encore plus énervée et moi je commençais à en avoir un peu marre, mais je suis resté bien assise à siroter mon verre. Ils se sont encore disputé un moment et la fille est finalement partie, rouge de colère disant qu'il allait lui faire payer cher son comportement avec elle. J'étais un peu perturbée par tout ça même si je ne voulais pas le montrer. Je lui ai fait un grand sourire avant de lui dire que la vie de play-boy n'était pas simple. Il s'est mis à m'expliquer que cette fille ne cessait de lui courir après, et qu'il avait essayé par tous les moyens de lui faire comprendre qu'il n'était plus intéressé. Je l'ai écouté sans rien dire avant de prendre mon sac et de partir.

Le soir il m'a appelé mais j'ai préféré ne pas prendre et j'ai éteint le téléphone. Les jours suivants aussi. J'avais besoin de réfléchir à tout ça. Je n'étais plus une petite fille et je n'avais pas trop envie de gérer des détails. Je sortais de quelque chose d'assez compliqué et je n'avais pas besoin de revivre de genre de choses sous n'importe quelle forme.

Le weekend, alors que j'étais seule avec Dieynaba à la maison, il a appelé. Je ne voulais pas prendre et j'allais me coucher quand j'ai entendu sonner. Je savais que c'était lui et je suis allé ouvrir. Dieynaba est allé se coucher pour nous laisser seuls.

- pourquoi tu ne veux pas prendre ton téléphone ? Tu m'en veux c'est ça ? C'est à cause de la fille au restau ?

Je ne trouvais rien à lui dire. Je ne savais même pas ou j'en étais. Je ne savais pas pourquoi. Je le regardais sans trouver de mots.

- Demba, ce n'est pas ça. C'est juste que je suis fatiguée. Je suis sortie d'un truc un peu difficile et je n'ai plus envie de me compliqué la vie. Les problèmes, les tiraillements, les crises de jalousie, je n'entre plus dans ces délires.

- moi aussi Diouldé. J'ai envie de me poser. Avec toi. Regarde moi, tu crois vraiment que je te mens.

Je l'ai regardé.

- il y'a quelques années tu me mentais et tu avais le même regard. Qu'est ce qui a changé ?

Cette fois c'est lui qui ne trouvait plus ses mots. Il m'a regardé d'un air désolé.

- je t'aime. Même à l'époque je t'aimais. Beaucoup de choses ont changé. Tu es allé faire ta vie avec un autre, j'ai fait pareil. Ce qui n'a pas changé c'est que je veuille toujours construire ma vie avec toi. Et cette fois je ne suis pas prêt à te laisser partir.

Je ne disais rien. Quoi penser de tout ça.

- Moi je ne suis pas prête à souffrir à nouveau. J'ai assez donné.

Je parlais doucement. J'étais fatigué.

- je m'en fous. Ce que tu as vécu est derrière toi. Maintenant tu es avec moi. Ne pense pas que c'est tes petits caprices qui me feront reculer. Non Diouldé. Tu es avec moi un point c'est tout.

Il criait presque. Je l'ai regardé sans rien dire

- Tu penses que toutes ces années ont été faciles pour moi. Non, pas du tout. Mais je ne passe pas mon temps à me morfondre et à faire chier le monde. Je sais ce que je veux et j'avance sans être tout le temps à regarder dans le rétroviseur. Maintenant, c'est à toi de voir. Que tu le veuille ou non, je suis dans ta vie. Donc arrête les scénarios dramatiques et mets toi dans le crane que tu m'auras dans les pattes pour le restant de ta vie.

Il avait parlé d'un trait et quand il a fini, j'ai éclaté de rire.

- être avec toi c'est forcé ? lui demandais-je finalement

- quand c'est toi oui. Et puis tu m'énerves. Je m'en vais.

J'étais pliée de rire. Il s'est quand même penché pour m'embrasser. Un long baiser fougueux. Quand il s'est relevé, j'avais mal aux lèvres et à la porte, il s'est encore arrêté.

- j'ai un petit voyage à effectuer, mais à mon retour on reparlera de tout ça.

Je lui ai souri et il m'a pris dans ses bras pour me murmurer qu'il m'aimait.

- moi aussi je t'aime Demba Sow.

- tu as interet...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top