Partie 23
Le lendemain je ne suis pas sorti de la chambre de la journée et j'ai appelé ma mère et les membres de ma famille. Maman Fanta est rentrée le soir accompagné par son amie et le mari de cette dernière. Ils sont restés un moment, me reprochant de ne pas être venu passer les fêtes avec eux. Quand ils sont partis, maman Fanta m'a tout de suite demandé ce qui n'allait pas et je lui ai expliqué la visite de Rassoul. Elle m'a demandé ce que je voulais faire et je lui ai répondu que je n'avais pas changé d'avis. Elle m'a demandé de bien réfléchir car elle avait l'impression que je tenais encore à mon mari.
Les jours suivants, Rassoul m'a encore appelé pour me demander de l'accompagner à Toubab Dialaw. J'ai rigolé en lui disant qu'il n'avait vraiment rien compris. Il a fait comme cela tous les jours ensuite, il venait à la maison. Je lui disais invariablement que je voulais juste qu'il me libère. Mais il ne me répondait jamais, disant que ça s'arrangerait entre nous. Donc tantôt c'était des invitations au restau, chez lui que je refusais toujours au début. Comme il lui restait encore des jours de congés, il venait souvent à la maison et restait pour discuter. il essayait toujours de m'embrasser et je dois avouer que parfois je le laissais faire, mais on ne faisait rien de plus. Quand il n'y avait personne à la maison, disons que je m'enfuyais à temps à son plus grand désarroi. Il disait qu'il ne supportait plus de me voir et de ne pas pouvoir faire ce qu'il avait envie de faire et que j'étais sa femme.
Sans trop savoir comment ça s'est passé, on s'est réconcilié. Il ne parlait pas de retourner vivre avec lui, et c'était tant mieux car j'aurais refusé car je savais que rien n'avais changé du côté de sa famille. mais j'étais contente de le voir courir derrière moi et me supplier de changer d'avis. Il me disait qu'il avait l'impression que j'étais sa copine et qu'il devait me courtiser. Quand il devait venir, je me faisais toute belle et quand je voyais ses yeux briller, j'étais toute contente. Il me couvrait de cadeaux et surtout était tout miel. Je vivais l'instant présent tout en sachant que ça ne durerais pas. Je le sentais au fond de moi sans cependant pouvoir lui dire que je ne voulais plus qu'il vienne.
Un jour maman Fanta nous a surpris en train de nous embrasser à l'entrée alors que je le raccompagnais. Elle m'a alors appelé et m'a demandé ce que je voulais faire et que je ne devais pas retourner comme ça avec mon mari, comme si de rien n'était. Je lui ai alors avoué toute mon incertitude par rapport à mon mariage. Elle m'a dit qu'elle me comprenait, mais que cette situation n'était pas durable. Je savais tout ça. je savais que rien n'avait changé. J'étais persuadé qu'il n'avait jamais rien osé dire à sa mère sur le problème et donc rien n'avait changé. Mais j'essayais de me convaincre que je ne devais pas baisser les bras, que je l'aimais et qu'on trouverait effectivement une solution. De son voyage, il m'avait ramené plein de choses : des parfums de classes, des chaussures, des habits. J'en ai donné une bonne partie à Adja qui était toute contente, mais ne cautionnais pas trop le fait que je veuille encore retourner avec Rassoul. Je lui fis part de mon hésitation et de mon mal être et finalement elle fut un peu plus indulgente. En plus, je n'avais pas prévenu mon oncle du retour de Rassoul et j'avais même honte de lui dire qu'on se voyait.
Un jour, un mois après son retour, j'ai accepté d'aller diner avec lui au restau et je n'ai pas lésiné sur la sape. Moi-même je savais que j'étais très jolie et on n'est pas resté longtemps. Il a payé un plat qu'on n'a même pas consommé tellement il était pressé qu'on parte. Il m'a proposé d'aller chez lui, et j'ai accepté. Ça faisait trop longtemps et il me manquait vraiment. Il m'a presque déshabillée à l'entrée ensuite, il était tellement pressé qu'on a fait l'amour sur le canapé du salon. ca a été merveilleux. ensuite, on est allé dans la chambre et là, il a été doux et a pris son temps. on se regardait dans les yeux et j'ai passé de bon moments entre ses bras. Je suis rentrée tard et il a fallu que je négocie ferme car Rassoul ne voulait pas que je parte. mais j'ai réussi à le convaincre de me ramener. Heureusement que maman était déjà couchée. Le lendemain, je lui ai dit qu'on a duré au restaurant, et elle m'a jeté un regard bizarre.
Je ne savais pas quoi faire et Rassoul aussi ne disait rien qu'en a mon éventuel retour. Il semblait se complaire à venir me voir, rester discuter, s'embrasser et se câliner et parfois se retrouver chez lui pour faire l'amour comme de jeunes ados qui se cachent, avant de rentrer. Je m'en voulais même d'être aussi faible devant lui.
Maman Fanta était convaincu qu'on allait se réconcilier, et elle me disait qu'elle n'irait plus jamais chez mère Oussey après ce qu'elle avait dit et fait. Je lui assurais que non, mais elle ne répondait rien.
Un soir, presque 2 mois après son retour, il m'a appelé pour me dire que pa Ablaye était malade et qu'il a du l'hospitalisé. J'ai eu peur. Pas Pa Ablaye. Je l'appelais souvent et lui aussi me disait toujours que je devais me réconcilier avec Rassoul. Pa ablaye était mon père et je ne voulais pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. Le lendemain, j'ai appelé Rassoul pour lui dire que j'étais à l'hôpital et que je voulais voir Pa Ablaye et il m'a indiqué la chambre. Malheureusement, quand je suis arrivée, j'ai trouvé Mère Oussey, Kiné. Heureusement, Sokhna était là. J'ai lancé un bonjour et j'ai salué Sokhna chaleureusement. Sans un regard vers les deux sorcières, je me suis approché de Pa Ablaye. Il était content de me voir et m'a dit que je lui manquais trop. Il a pris ma main et m'a demandé de m'assoir à coté de lui. Kiné y était et il lui a demandé de se lever. Elle m'a lancé un tchipp retentissant avant de se lever à contrecœur. Je suis restée à discuter avec lui et Sokhna. Quand les deux là parlaient, je me taisais et les laissait faire. L'heure des visites étaient terminées quand Rassoul s'est pointé. Il m'a regardé, puis sa mère, puis sans un mot, est venue au chevet de son père. J'ai vite compris qu'il ne voulait pas que sa mère sache qu'il venait me voir et se réconcilier.
- Rassoul, toi et Diouldé, je vous demande de vous réconcilier. Diouldé est une femme bien, tu ne trouveras jamais une comme elle. disait Pa Ablaye, la voix empreinte d'émotions.
Sokhna l'a appuyé en disant pleins de bonnes choses sur moi.
- toi occupe toi de ta santé au lieu de t'occuper des problèmes des autres, répliqua mère Oussey sur un ton belliqueux
- Oussey tais-toi. Tu devais soutenir ton fils au lieu de ça tu fais tout pour le séparer de sa femme. Ce n'est pas ton rôle.
- je suis sa mère. Je sais ce qu'il y a de mieux pour lui. Une bonne femme ça se reconnait.
J'ai regardé Rassoul pensant qu'il allait la remettre à sa place.
- maman s'il te plait. Ce n'est pas le lieu pour se disputer dit-il finalement.
Mais c'était trop beau pour finir comme ça. Sans un mot, je me suis levée pour sortir, Kiné sur mes talons.
- djiguène dafay ame diome. Courir comme ça derrière un homme. Sans honte.
- il faut le dire à ton frère. C'est lui qui me court après, répondis-je du tac au tac.
Rassoul était juste à côté avec sa mère. Je l'ai regardé et il a pris un air exaspéré
- Kiné arrête. Pourquoi tu cherches toujours des problèmes.
- il faut parler avec celle là, répondis Mère Oussey. Elle n'avait rien à faire ici. dèfe louné wèngue ba paré di ame loye wak (tout le monde a vu ce qu'elle avait fait et elle ose parler).
Je bouillais de rage et j'avais juste envie de lui fracasser la tête. J'ai regardé Rassoul et il avait un air dépassé. Il n'a rien dit sur le moment. comme d'habitude
- vous ne vous fatiguez jamais. Sortez-moi de vos bouches sorcières que vous êtes. Vous êtes d....
J'ai enchainé des insultes aussi salaces les unes que les autres. Elles étaient étonnées. Je m'étonnais moi-même d'oser sortir de telles grossièretés.
- mais Diouldé tu va te taire oui. TU LA FERME
il avait crié fort et se tenait devant moi comme sur le point de me frapper. de toute façon, je n'en pensais pas moins et avant de finir, craignant les représailles, je me suis enfuie et Kiné n'a pas tardé à répliquer. Mais j'entendais juste les échos. j'étais déjà à la porte. Je tremblais de rage et les larmes coulaient. Je les essuyais et j'ai aperçu Rassoul sortir de l'hôpital. J'ai arrêté le premier taxi et je suis entrée. Le taximan m'a demandé ce qui n'allait pas mais je ne pouvais répondre. J'étais trop sous le choc. Une fois à la maison, Rassoul a commencé à appeler, mais je ne prenais pas. Je me suis douchée, changée.
Ensuite, je me suis rendue chez mon oncle pour lui faire savoir que Rassoul était de retour et que je voulais qu'il continue le processus pour le divorce. Quand il m'a demandé depuis quand il était venu, j'ai baissé la tête et j'ai répondu qu'il était là depuis deux mois. Il m'a à nouveau demandé pourquoi je ne suis pas venu depuis et je n'ai rien trouvé à dire. il m'a bien sermonné avant de me dire qu'ils iraient à nouveau chez Rassoul. Je lui dis que Pa Ablaye était malade, mais qu'il sortirait dans deux jours. Après cela je suis allé me poser sur la corniche, face à la mer. J'étais dans une profonde tristesse et j'avais le cœur gros. . Je ne savais pas quoi faire. je suis rentrée tard et j'ai trouvé tata Fatou qui était venu rendre visite à maman Fanta. Mais cette dernière n'était pas encore rentrée. Elle m'a demandé des nouvelles de Rassoul car elle ne savait même pas qu'il était rentré et j'ai éclaté en sanglot. Je lui ai tout expliqué, son retour, nos pseudo réconciliations et cette dispute ce matin à l'hôpital.
Avant que je ne finisse, maman Fanta était rentré et m'a trouvé en train d'expliquer la dispute et m'a demandé de reprendre. J'étais en larmes.
- mais tu espérais quoi Diouldé ? me demanda-t-elle quand j'ai fini de parler. Tu pensais que Oussey allait changer d'avis ? Que Rassoul allait lui tenir tête et t'imposer ? Arrête de rêver ma fille. Rassoul sera toujours du côté de sa mère. Tu ne peux pas tous les deux jours te mettre dans cet état à cause de sa mère et deux jours plus tard te retrouver à roucouler avec lui. Je t'ai prévenue quand j'ai vu que vous vous étiez réconcilié.
- laisse la Fanta. Elle est jeune et amoureuse de son mari. On ne peut pas lui en tenir rigueur, mais il faut prendre tes responsabilités. Soit tu te décide à vivre avec lui mais il faut toute ta vie supporté ça. Sinon, tu te sépare et tu vie ta vie. Tu es jeune et belle, tu pourras refaire ta vie facilement
Je leur ai dit que je suis déjà allé voir mon oncle et que ce dernier attend juste que Pa Ablaye sorte de l'hôpital. Elles sont encore restées à me rassurer quand à mon avenir et tata Fatou est rentrée. Je suis restée avec maman et on est allé dans sa chambre
- ma fille je te comprends. L'amour nous amène parfois à faire des choses insensées. Tu aimes Rassoul. C'est normal que tu lui pardonne certaines choses. J'ai été comme ça avec Farah. Je ne voyais pas tout le mal qu'il faisait et je l'ai toujours pardonné. Toi aussi je sais que tu espère toujours qu'il va changer, que tu passeras avant tout, mais la vie n'est pas toujours comme on l'espère.
Tata Fatou aussi a apporté son grain de sel disant que je n'étais ni la première ni la dernière à divorcer. Elle avait raison. J'avais cru que je pourrais surmonter l'obstacle mère Oussey, que dorénavant avec tout ce qui s'était passé, Rassoul me soutiendrait, qu'il ne laisserait plus personne me dire de ces méchancetés sans réagir. Mais non. Retour à la case départ. Il ne changera pas.
- Diouldé, je sais que tu es fachée et tu as envie de divorcer rapidement, mais es tu sure de ne pas être enceinte ? demanda maman Fanta doucement
Je l'ai regardé avec de gros yeux. Mon Dieu je n'y avais pas pensée. Je ne prenais plus la pilule et on a été ensemble trois fois. Mais comment maman Fanta le savais ? je ne lui avait rien dit. Je l'ai donc regardé sans rien dire
- ne me regarde pas comme ça. Tu penses que je suis folle ? tu crois que quand tu me disait que tu allais au restaurant avec ton mari, toute jolie, je ne savais pas que vous aviez envie de vous retrouver. Ne fais pas ton innocente.
Tata Fatou a éclaté de rire disant que vraiment j'étais trop amoureuse de Rassoul. Je n'avais pas le cœur à ça et j'ai réfléchi rapidement.
- je ne sais pas maman. La dernière fois c'était il y'a une dizaine de jours.
- dans ce cas, tu ne peux pas demander le divorce sans savoir si tu es enceinte ou pas. il faut l'expliquer à ton oncle.
J'ai à nouveau éclaté en sanglot, mais cette fois pas pour les même raisons. Non, je ne pleurais plus pour Rassoul, mais pour moi. Mon oncle allait me tuer ou me manger vivante si je lui disais que j'étais enceinte de Rassoul alors qu'il était engagé pour le divorce. Oui j'ai versé de chaudes larmes en pensant à mon oncle.
- arrête de pleurer Diouldé, dis lui juste d'attendre une semaine, si tes règles ne viennent pas, fais un test. Et si tu es enceinte, on verra quoi faire.
Pourquoi ma vie n'était pas simple ? Pourquoi j'ai accepté de coucher avec lui alors qu'on n'avait pas réglé nos problèmes. Je m'en voulais à mort, mais c'était trop tard et je ne pouvais pas revenir en arrière.
Plus tard tata Fatou est rentré et je suis restée avec maman Fanta à discuter. Elle faisait tout pour me rassurer et me dire de ne pas m'en faire car elle sera avec moi.
Le lendemain, quand maman fanta est partie, je suis allé dans la cuisine pour discuter avec Touti quand Rassoul est arrivé. Ouzin le gardien est tranquillement me dire que mon mari était venu. J'avais envie de lui lancer une poêle à la figure. Je suis allé au salon et je l'ai trouvé tranquillement installé.
- Rassoul.
Je me suis assise un peu loin de lui sans rien dire
- écoute, ce qui s'est passé hier est vraiment regrettable. Je ne sais pas pourquoi vos relations ne peuvent pas être plus calmes.
Il a continué à parler disant que j'avais exagéré en insultant sa mère et à expliquer en disant qu'il voulait que ma relation avec sa mère s'apaise et pour cela il avait décidé d'organiser une petite réunion de famille ou tout le monde pourra parler et repartir sur des bases claires. Je l'ai écouté sans l'interrompre. Quand il a fini, j'ai juste souri
- tu as raison Rassoul. Entre moi et ta famille ça ne va pas. Et je suis désolé de te dire que ça n'ira jamais. Je n'en peux. J'ai parlé à mon oncle. Il dit qu'il n'attend que la sortie de Pa Ablaye pour venir te demander de me libérer de ce mariage.
Il a sursauté et m'a regardé longuement
- écoute Diouldé, je viens de te dire qu'on va régler ça, qu'on va
Je me suis mise à crier.
- je ne veux pas, je ne veux plus Rassoul, je ne supporte plus ça. Je ne te supporte plus, ni toi ni ton comportement irresponsable. Tu peux supporter qu'on m'insulte devant toi sans rien dire sous prétexte que c'est ta mère et quand je rends la pareille c'est la fin du monde. Tu penses que je n'ai pas de mère ? Tu penses que je dois toujours tout supporter. Tu pense que je suis une merde qu'on peut tout faire subir et que de toute façon, elle reviendra. Eh bien non. C'est fini.
- Diouldé calme toi
Je me suis levée hors de moi et je me suis mise devant lui pour encore crier.
- Non, j'ai été folle de penser que tu changerais, mais en fait, rien n'avais changé. Tu n'as même pas osé dire à ta mère que tu venais ici tous les jours me voir. Tu es un lâche et un irresponsable et ta mère est...
Il s'est levé et la gifle est partie.
- Ne me parle plus comme ça.
Je me suis calmée d'un coup comme si j'avais reçue un bol d'eau froide. Je tenais ma joue et je le regardais interdite. Il venait de me gifler. Je l'avais peut être cherché en l'insultant, mais il n'avait pas le droit. Même lui semblait surpris par son geste
- excuse-moi. Mais tu es allé trop loin.
Sans trop réfléchir, j'ai commencé à le frapper. Mais il m'a vite maitrisé en tenant mes mains. Il était trop fort et quand j'ai arrêté de me débattre il m'a lâché. Sans un mot, je suis allé m'enfermer dans ma chambre. J'avais la marque de ses doigts toute rouge sur mon visage. J'ai essayé tant bien que mal de me calmer et après une bonne heure, je suis sortie. Il était parti.
Quand maman Fanta est rentrée, elle a remarqué la marque et quand je lui ai expliqué, elle s'est énervée en disant que cette fois ci c'en était trop.
J'étais encore prostrée. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Je n'arrivais pas à pleurer. J'ai du appeler mon oncle et lui mentir en lui disant que Pa Ablaye devait encore rester quelques jours de plus à l'hôpital et qu'ils devaient attendre quelques jours. En attendant mes règles, j'étais angoissée. De vraies crises. J'étouffais, je suais, je tremblais subitement sans raison et je ne contrôlais plus rien. Heureusement que ça ne durait pas longtemps. Mes règles sont venues le jour où je les attendais et je n'ai jamais été aussi heureuse de les voir et le jour même, j'ai appelé ma mère pour la prévenir de ma décision définitive. Je suis aussi allé voir Ibrahima pour tout lui expliquer.
J'avais peu de nouvelles de Rassoul car mon portable était la plupart du temps éteint et je l'allumais uniquement pour appeler. Mais je recevais ses messages, des messages ou il s'excusait encore et encore et me suppliait de répondre à ses appels. Je supprimais tout et je ne voulais pas lui parler. Pour dire quoi ?je ne voulais plus, je ne pouvais pas. J'avais toujours eu peur qu'on finisse comme ça. Avec pleins de rancœur et de déception.
Après avoir vu mes règles, je suis allée jusque chez mon oncle accompagné de maman Fanta et on a encore discuté avec lui, le convainquant au maximum que le divorce était la eilleure chose à faire au vu du comportement de Rassoul et de sa famille. Il a rallié notre cause cette fois ci sans me sermonner. Donc un dimanche, il m'a appelé pour me demander de prévenir Rassoul et son père qu'il viendrait dans l'après midi chez lui. J'ai donc appelé ce dernier à contre cœur. Je l'ai fait à contre cœur
- ha enfin tu m'appelles.
- écoute c'est juste pour te dire que mon oncle sera chez toi ce soir.
- attend le tu verras pourquoi.
- si c'est pour le divorce, ne me fais pas ça. pas avant d'avoir discuté, d'avoir mis les choses au clair. Je t'aime
- dis le à ta mère.
J'ai raccroché et quand il a essayé de rappeler j'ai éteint le téléphone. J'avais un peu de peine pour Pa Ablaye. J'aurai aimé l'appeler pour le prévenir et lui expliquer, mais bon finalement j'ai laissé tomber. J'ai mal vécu cette journée de dimanche. Mon cœur battait à chaque fois que mon téléphone sonnait. J'ai été traversé par toutes sortes de sentiments surtout que je savais que mon sort était en train d'être discuté. C'était bizarre. Maman Fanta, sentant mon désarroi a essayé de me rassurer en disant que c'était la bonne décision à prendre. Vers 19 heures c'est Ibrahima qui m'a appelé pour me dire que c'était fini et que Rassoul avait dit devant des témoins qu'il m'avait libéré. Je l'ai remercié et je suis allé voir maman qui regardait la télé dans le salon. J'avais la gorge tellement nouée que je n'arrivais pas à sortir un mot. Elle a compris et m'a prise dans ses bras. Je l'avais voulu et demandé, mais j'avais le cœur complètement en morceau. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Finalement maman était vraiment inquiète et a demandé à Adja de venir me tenir compagnie car ça n'allait pas. Heureusement qu'elle est venue avec sa dose de bonne humeur. Mais je ne pouvais sortir un seul mot. J'avais cette impression d'avoir gâché ma vie, je ne pouvais même pas exprimer tout ce que je ressentais. Rassoul a appelé et c'est Adja qui a décroché et lui a demandé gentiment de me laisser. Je l'ai entendu lui dire qu'elle était vraiment désolée pour ce qui nous arrivait. Ensuite elle est revenue pour me dire que Rassoul aussi n'allait pas bien. Je m'en foutais royalement. Tout ceci c'était de sa faute.
Heureusement que j'étais bien entouré. Adja travaillait mais venait chaque jour. Tata Fatou aussi était toujours là et Coumba ne cessait d'appeler. Il y avait des jours avec et des jours sans. Dire que j'ai automatiquement tourné la page serait totalement faux. Non, chaque matin, je pensais à Rassoul, je me demandais qui lui préparait son petit déjeuner, je l'imaginais seul dans son lit, dans notre lit. J'ai déprimé la première semaine. Je pensais ne pas pouvoir m'en sortir. Mais la claque est venue de ma mère. Elle a appelé un jour et maman Fanta lui a dit que je déprimais à cause du divorce. Elle m'a fait du un rentré dedans mémorable. Elle m'a crié dessus en disant que je n'avais aucune honte. Comment je pouvais me laisser dépérir pour un homme qui a accepté qu'on dise des insanités sur moi sans rien dire, elle m'a demandé si maman Oussey valait mieux qu'elle. J'étais sans voix et elle a continué à râler râler. Finalement le jour même je me suis faite une raison à la grande joie de maman Fanta. je me suis faites belle et je suis allée au restaurant avec Adja.
J'ai du rester une dizaine de jours sans nouvelle de mon ex. mais un soir, il m'a appelé. Je ne voulais pas prendre mais finalement je l'ai fait. Il m'a expliqué qu'il ne voulait pas le faire, mais mon oncle l'avait acculé et il n'avait pas le choix. Mais il était contre et m'a dit qu'il ferait tout pour qu'on se remette ensemble. Il a ensuite continué à me raconter ses états d'âme, son mal être depuis que je ne suis plus à ses côtés. Il m'a avoué qu'il ne se reconnaissait plus et ne supportait pas cette situation. Je n'ai rien répondu, et avant qu'il ne termine j'avais raccroché sans un mot. Le lendemain, je suis allé me chercher un autre numéro et j'ai détruit mon ancien. J'avais envie de tourner la page. De recommencer ma vie. J'avais 25 ans bientôt 26 et j'avais l'impression d'en avoir 50 tellement je me sentais fatiguée de vivre. Tout était terne et je ne voyais pas le bout du tunnel.
J'ai finalement accepté un stage non rémunéré uniquement pour ne pas rester à la maison et aussi sous l'instance de maman Fanta. C'était un bureau d'étude qui s'occupait d'architecture et je devais être assistante. Le cabinet se situait en ville et ce petit boulot m'a permis de revivre un peu. J'ai trouvé des gens très sympathiques et comme je me présentais à nouveau comme Mlle Diallo, les avances ne manquaient pas. M'intéresser à un autre homme était la dernière chose à laquelle je pensais. Je m'étais faite une raison et était décidée à ne plus laisser aucun homme m'approcher. Donc, autant j'étais sympathique avec tout le monde, autant je restais froide dès qu'un homme venait ou essayait de me faire des avances. Je ne me laissais pas approcher. Le travail n'était pas trop compliqué et je m'y sentais bien même s'il n'y avait pas d'argent. Il m'a fallu quand même 2 bons mois au moins pour me ressaisir complètement et me réveiller le matin sans avoir cette angoisse, cette amertume au fond du cœur. Un moment, maman Fanta a commencé à me parler d'avocat et de tribunal. Mais je ne me sentais pas encore prête pour ça. Non, j'avais besoin de temps pour digérer tout ça.
Deux mois plus tard, maman Fanta a du partir en catastrophe en France car Rama venait d'accoucher et ne s'en sortait pas bien avec son bébé. Elle m'a proposé de venir avec elle et j'ai déposé pour avoir un visa. Mais malheureusement, on me l'a refusé car je ne donnais pas suffisamment de garantie quand à mon retour. Ils avaient bien raison d'ailleurs. Si j'y étais allé, je ne vois pas ce qui aurait pu me pousser à revenir. J'avais tellement envie de changer de vie, de m'éloigner de tout ça. Mais finalement, elle m'a confié sa maison et a longuement discuté avec moi avant de partir. Elle m'a à nouveau parlé de tonton Farah, de Rama et aussi de Malick. Pour ce dernier, elle m'a parlé de son intention de le remettre avec Awa qui était la mère de sa fille et était une fille bien. Elle hésitait à me laisser seule et voulait qu'Adja vienne avec moi. Je la rassurais et lui fit savoir qu'elle pouvait partir tranquille car j'allais beaucoup mieux et que je surmonterais les choses. Elle a néanmoins demandé à Saly, la fille qui gérait sa boutique de venir vivre à la maison. C'était un joli brin de fille très coquette et aussi très responsable. Elle habitait la banlieue et maman pour la soulager, lui a proposé de venir habiter à la maison. Elle était très sympathique, un peu problématique sur les bords, mais comme on se croisait rarement, ca allait.
Pour ne pas trop penser à ma situation, en plus de mon travail, je m'étais aménagée de petites plages de loisir avec Adja. Dans l'immeuble qui abritait nos bureaux, il y avait aussi une petite société d'import export. Le directeur, Mr Niang, la première fois que je l'ai croisé, m'avait impressionné tellement il était mignon. Il a fallu que je regarde à deux fois. Surement amusé par mon petit cinéma, il m'a souri et m'a demandé si on se connaissait. Gênée, j'ai secouée la tête avant de m'enfuir. Malheureusement, on se croisait souvent, et il s'adressait à moi dans une langue que je ne connaissais pas. Comme je ne répondais pas, un jour qu'on s'est croisé dans l'ascenseur, il m'a demandé si je parlais créole. J'ai bien entendu répondu que non et il m'a expliqué qu'il croyait que j'étais capverdienne. C'est à partir de là, qu'on a pris l'habitude de discuter un peu quand on se croisait. Il s'appelait Badou et était chef d'entreprise. Il avait des hectares de culture et ne faisait que du bio destiné à l'exportation. C'était un jeune homme très dégourdi et aussi très gentille. Il voulait m'inviter au restaurant mais je refusais toujours. Je lui avais dit que je n'étais pas mariée, mais je n'ai pas voulu lui expliquer que je venais de divorcer et que je n'avais pas vraiment envie de sortir avec qui que se soit.
Je ne sais pas pourquoi mais même 3 mois après le divorce, je n'avais pas encore assimilé ma situation. Dans ma tête, dans mon subconscient, quand un homme m'approchait ou me faisait des avances, j'avais cette sensation bizarre que je trompais Rassoul, que je faisais quelque chose de mal. Je n'y pouvais rien. Je me braquais complètement. Et puis je me suis dit que c'était trop tôt et qu'avec le temps ça me passerait.
Mais il insistait. A l'heure de la pause, il venait avec un sachet contenant deux repas. Il s'installait tranquillement sur la table et sortait les repas. On mangeait en discutant et heureusement que mon patron sortait manger. A son retour, Badou avait disparu. Heureusement qu'il ne venait pas chaque jour car il avait parfois des rendez vous à l'extérieur mais il me faisait livrer mon repas tous les jours. Il était adorable et j'ai vite compris que c'était un homme très dégourdi et entreprenant. Il avait un carnet d'adresse impressionnant, allant des politiciens, aux artistes en passant par des gars que je ne voyais qu'à la télé. On est resté presque 2 mois comme ça à déjeuner ensemble. Je parlais peu de moi et il me le reprochait. C'était toujours lui qui parlait et je lui disais que ma vie n'avait rien d'interessant. Je ne lui avais pas dit que j'étais divorcé alors que lui m'avait expliqué qu'il était marié à une américaine, mais que ça n'avait pas marché et que depuis bientôt 5 ans il avait divorcé. Il n'avait pas d'enfants et voulait refaire sa vie. Il me disait avec des mots à peine voilés qu'il voulait qu'on essaye. Mais je faisais l'idiote qui ne comprenait rien. J'avais besoin de temps, je ne me sentais pas encore prête.
Moi, après le divorce, j'avais du mal à dormir et j'étais obligé de prendre des médicaments pour me calmer, pour dormir et même pour me nourrir. J'en prenais pour avoir un peu d'appétit, car je pouvais rester des jours sans rien manger, me contentant de grignoter des biscuits. Eh oui, ce divorce m'avait complètement perturbé. Il y avait beaucoup de choses que je n'osais pas dire. Je ne parlais à personne de mes insomnies, de mes angoisses, de mon manque d'appétit. Mes vieux démons revenaient à la surface. Ce repli sur moi, ce manque de communication. Je m'en rendais compte et je ne faisais rien pour m'en sortir. Tout le monde me demandait comment j'allais et je faisais toujours un grand sourire pour dire que tout allait pour le mieux. Je ne voulais pas que les gens s'apitoient sur mon sort. Avec le temps ça s'est calmé. Déjà mes crises d'angoisse avaient disparu après 3 mois, et j'ai arrêté le médicament pour l'appétit car j'avais pris quelques kilos. Ce qui ne me déplaisait pas.
Quand à Rassoul on ne s'est plus revu, mais il m'appelait de temps en temps pour me demander si je ne manquais de rien et si on pouvait discuter. Je lui répondais toujours non, mais parfois, il passait à la maison en mon absence et laissait de l'argent à Touti pour moi. Je n'y touchais jamais et quand il appelait, je ne lui disais rien. Nos communications étaient bizarres. Je ne parlais que par monosyllabes. Et lui s'étendait, parlait beaucoup. Je me contentais juste de l'écouter, puis de raccrocher. Il est passé par toutes les étapes avec moi, des supplications aux menaces, en passant par l'amadouement, ou même l'énervement. Je ne disais rien. Je ne répondais rien. Un moment, il a décidé de me laisser du temps et je suis resté un bon moment sans avoir de ses nouvelles. Au bout de 6 mois, il ne s'était toujours pas découragé et moi, je voulais évoluer sans lui.
J'avais souvent des nouvelles de Sokhna et de Pa Ablaye. Ce dernier voulait que je vienne le voir, mais je disais à Sokhna que je ne voulais pas rencontrer mère Oussey ou Kiné. Donc un jour, Sokh m'a appelé pour me dire que les deux sorcières étaient parties à une cérémonie à Thiès et je suis allé voir Pa Ablaye. J'avais mis dans une enveloppe tous l'argent que Rassoul m'avait donnés durant les 6 derniers mois. C'était en semaine et j'y suis allé à la descente et quand je suis arrivé, il faisait un peu tard. Sokhna m'a enlacé et serré tellement fort que j'ai failli m'étouffer. Quand à Pa Ablaye, c'était le top. J'étais tellement contente de le voir et aussi tellement désolée que ça soit dans ces conditions que je me suis mise à pleurer. Lui aussi a verser quelques larmes et il m'a demandé comment j'allais. A lui je pouvais tout lui dire. Il a toujours été là pour moi
- je survis Pa. Dire que cette situation m'enchante n'est pas la vérité. Tout ce qui s'est passé me fait tellement mal. Je n'aurais jamais imaginé que ça puisse se passer comme ça entre moi et Rassoul. Mais l'homme propose et Dieu dispose.
- ça se voit que vous vous aimez encore. Rassoul ? pas plus tard que la semaine passée est venue me dire qu'il voudrait qu'on vienne te parler et te convaincre de revenir avec lui. et c'est pourquoi je voulais te parler.
Je souris et lui pris les mains.
- Si ça ne dépendais que de toi, on serait heureux. Mais toi-même tu sais que maman Oussey ne me supporte pas. Non Pa, je ne reviendrais pas sur ma décision. Prie pour moi que je trouve un autre homme et que je sois heureuse.
- je veux que tu sois heureuse, mais avec mon fils.
On a encore continué à discuter pendant longtemps et finalement, il a compris que je ne voulais pas changer d'avis. Je lui ai remis l'enveloppe d'argent
- Tiens pa. C'est l'argent que Rassoul m'a donné ces derniers mois. Ce n'est pas de la fierté, c'est juste que j'éprouve beaucoup de scrupules à prendre cet argent alors qu'on est plus ensemble. Prend le et utilise le comme tu veux. Tu n'es même pas obligé de lui dire que je te l'ai donné
- Non Diouldé, c'est ton argent. Même si tu n'es plus sa femme, il peut te donner de l'argent
- si tu ne prends pas, je vais le donner à Sokhna. Je n'en veux pas.
- moi aussi je n'en veux pas
- dans ce cas garde le moi.
On était en train de voir comment utiliser cet argent, quand j'ai entendu sa voix dans la cour en train de saluer la bonne. On ne s'était pas vu depuis bientôt 7 mois et mon cœur s'est mis à battre. J'avais envie de passer par la fenêtre du salon ou de disparaitre tout simplement. Il était très surpris de me voir et après un bref coup d'œil, j'ai baissé la tête. Il a salué et quand j'ai tendu la main, il l'a gardé. J'ai été obligé de le lever la tête. On s'est regardé un bon moment alors qu'il parlait à son père. Je me suis levée et j'ai retirée ma main
- j'allais partir, dis-je en prenant mon sac.
Il m'a lancé un regard désapprobateur, mais je ne l'ai pas calculé. Pa Ablaye a essayé de me retenir, disant qu'il voulait que je reste et qu'il nous parle, mais je me suis empressée de dire que j'avais des courses à faire. J'étais déjà à la porte quand Rassoul m'a rattrapé.
- attend je te dépose.
- Non, répondis-je un peu trop rapidement. C'est bon. Je peux rentrer toute seule
Sans m'écouter, il est monté et a ouvert la portière de sa voiture. Il en avait une neuve et les toiles n'étaient même pas encore enlevée. Je suis montée et j'ai regardé par la vitre. Personne n'a parlé pendant un long moment
- tu pars à Nord foire ?
- oui.
Je ne m'étais même pas retournée. Il a commencé à me poser des questions sur mon travail, sur ma santé, m'a complimenté en disant que j'avais bonne mine. J'avais un peu grossi et donc effectivement j'avais bonne mine. Mais c'était juste des aspects extérieurs.
- j'ai acheté une nouvelle voiture, dit-il brusquement en sautant du coq à l'âne, surtout parceque je répondais à peine
- c'est bien. Elle est jolie. Félicitations
Encore un silence. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais juste envie de pleurer à cet instant. Que de regrets. Il était là, à coté de moi et je n'osais même pas le regarder, encore moins le toucher. Oui j'avais envie de pleurer. Et cette route qui ne semblait pas vouloir finir. Je sentais son regard sur moi. Mais je gardais encore le silence.
- Diouldé ?
Il avait posé sa main sur ma cuisse et j'ai sursauté en le regardant. Il semblait absorbé par la route.
- tu me manques beaucoup tu sais.
-....
- et je t'aime toujours autant
- ...
Je ne savais pas quoi dire. Comme lui, j'ai regardé la route sans rien dire. On était arrivé et j'ai essayé d'ouvrir la porte, mais elle était verrouillée.
- Rassoul s'il te plait.
- répond moi d'abord.
- a quoi veux tu que je réponde lui demandais je en me tournant vers lui ?
Il me regardait fixement et tout me revint en tête d'un coup. Nos bons moments, nos câlins, les baisers. Et cette envie de pleurer encore. Il fallait que je sorte de cette voiture. Il a baissé la tête et j'ai senti une profonde tristesse l'envahir
- c'est dur Diouldé. Tu ne peux pas savoir. J'ai la sensation que je touche le fond sans toi. je survis à peine. Je t'en supplie réfléchis à nous deux
Il ne me regardait pas mais semblait observer un point derrière moi.
- qu'est ce qui a changé Rassoul ?
Il ne répondait rien et les larmes ont commencé à couler. Je ne voulais pas qu'il les voit et je me suis tournée à nouveau et j'ai encore essayé de déverrouiller en forçant un peu. N'y arrivant pas, je suis restée dans cette position, lui tournant le dos et attendant. Les larmes coulaient et j'essayais de contrôler ma respiration pour ne pas qu'il s'en rende compte. On est resté comme ça un bon moment, puis j'ai entendu le déclic et j'ai ouvert. Je me suis précipité et j'ai sonné. Il n'avait toujours pas démarré la voiture, et personne n'était venu pour ouvrir. J'essuyais rageusement mes larmes en appuyant nerveusement sur la sonnette. Mais personne. Je l'ai entendu descendre et j'avais envie de piquer un sprint et de m'enfuir.
- Il n'y a personne, demanda t'il doucement
Je n'ai pas répondu. Je ne me suis pas retourné. Il est resté juste derrière moi. Je me suis retourné et je l'ai regardé
- Rassoul, je t'en supplie, je veux que tu me laisse tranquille. Je ne veux plus avoir de problèmes, ni avec ta mère ni avec Kiné, ni même avec toi. C'est aussi dur pour moi, ne pense pas que c'est facile pour moi. Mais j'ai pris ma décision et je ne compte pas revenir dessus. Ca ne peut plus marcher entre nous Rassoul. Et tu le sais. C'est allé trop loin. Je ne veux plus revivre tout ça. Comprend moi s'il te plait. Essaie de refaire ta vie, j'en ferais de même de mon côté. C'est mieux.
J'ai parlé d'une traite et il me regardait sans rien dire.
- je ne vais pas passer ma vie à te courir derrière Diouldé. Réfléchis à ce que tu dis.
- c'est du tout réfléchis.
J'ai essayé de rester stoique, je pensais qu'il n'était plus en mesure de me faire aussi mal. Que j'avais surmonté cette peine, mais non. Ca faisait toujours aussi mal. Ensuite, il a haussé les épaules avant de partir. J'ai à nouveau appuyé sur la sonnette et cette fois Touti est venu ouvrir. Elle semblait gênée, mais je n'ai pas fait trop attention et je suis partie me coucher. je ne voulais pas pleurer, je ne voulais plus pleurer. Cette nuit, j'ai décidé de vraiment tourné la page et de passer à autre chose. J'ai passé 7 mois à me morfondre, c'était suffisant. J'ai augmenté ma dose de somnifères et je me suis endormi.
Le lendemain, en déjeunant avec Badou, j'ai accepté d'aller au restaurant avec lui le samedi. Il était tellement surpris qu'il m'a demandé à plusieurs reprises si j'étais sérieuse. J'en ai parlé à Adja qui était toute contente que j'accepte enfin de sortir avec un autre homme.
Il est venu me prendre tout charmant, bien habillé et sentant très bon. Il m'a complimenté sur ma tenue et on est allé dans un restaurant huppé. Il était apparemment très connu car le gérant du coin est venu personnellement discuter avec lui. Il y a eu aussi ce célèbre artiste qui passait et qui s'est arrêté à notre table. J'étais un peu intimidé, mais il était sympa et n'a cessé de dire à Badou qu'il avait une perle. Il était très heureux que j'accepte enfin de diner et c'est en discutant que je lui ai dit que, moi aussi j'avais divorcé récemment et il ne m'a pas cru. Il disait que je n'en avais pas l'air. Il a voulu savoir pourquoi, mais je n'étais pas disposé à répondre et il n'a pas insisté. J'ai malgré tout passé une bonne soirée à discuter avec lui et il était plein d'humour. Ensuite il m'a proposé d'aller regarder un orchestre d'acoustique mais j'ai décliné en disant que ça sera pour la prochaine fois et il m'a donc raccompagné. Je l'ai trouvé très galant et je l'ai remercié pour la soirée. Dès que je suis rentrée dans ma chambre, il m'a envoyé un message pour me dire qu'il avait passé une merveilleuse soirée et qu'il espérait qu'on pourrait renouveler cela bientôt. Je n'ai pas répondu. Je n'étais pas très sur de vouloir entamer quelque chose.
La semaine suivante, il ne cessait de m'appeler et malheureusement n'avait pas trop le temps pour nos déjeuners. Un soir, alors que je venais de terminer, il m'a demandé de venir à son bureau. C'était la première fois que j'y entrais et la secrétaire m'a introduit. Il s'est levé et m'a enlacé. Il s'est penché et j'ai eu un mouvement de recul très violent. Je l'ai repoussé.
- mais qu'est ce que tu fais ? Demandais-je en me dégageant
- hooo doucement ma belle. Je voulais juste te faire la bise. Ce n'est pas interdit.
J'étais un peu gênée, mais je ne l'ai pas laissé faire. Je suis resté un moment avant de prendre congé. Il m'a raccompagné jusqu'à la porte
- désolé pour tout à l'heure. Je ne voulais pas te faire peur.
Je lui ai répondu que ce n'était rien avant de partir. Non décidemment je n'étais pas prête pour une relation. Mais il ne s'est pas découragé. Il a continué à appeler et à venir déjeuner avec moi quand il pouvait. Parfois il passait à la maison en amenant plein de friandises ou des cadeaux. Mais un mois après on en était là, même s'il disait toujours qu'il m'aimait. Un jour, alors qu'on était encore dans un de ses coins huppés, il m'a demandé ce qu'il représentait pour moi vu que je n'acceptais pas qu'il m'approche alors qu'il mourrait d'envie de m'embrasser. Je n'ai rien répondu vu que je ne savais pas. Il était là pour me faire oublier, pour passer le temps. Mais cela je n'osais pas le dire. Il était tellement gentil avec moi, me répétait qu'il était amoureux que j'avais beaucoup de peine pour lui dire tout ça. Mais j'espérais qu'il se lasserait de cette situation et laisserait tomber de son plein gré. Mais il aimait me présenter à sa sphère d'amis et recevoir des compliments.
J'ai parlé de lui à maman Fanta qui a appelé un jour. Elle était contente que je tourne la page et que j'essaie de refaire ma vie. Rassoul n'avait plus appelé depuis ce fameux jour ou il m'avait reconduit et j'ai vite compris qu'il avait décidé de passer à autre chose et sans le vouloir cela me faisait un peu de peine.
Au début du mois de Septembre maman Fanta est revenu de son voyage et j'étais très contente de la revoir après une si longue absence. Elle ne parlait que du beau bébé de rama et avait ramené de nombreuses photos. C'était un beau métis et Rama était resplendissante avec Raoul. Ils semblaient heureux et même maman Fanta a reconnu que Raoul était très gentil avec Rama. Quelques temps après, Sokhna m'a appelé pour me dire qu'elle allait se marier. J'étais tellement contente et j'ai sauté de joie. Elle voulait que je vienne à sa réception, mais je lui ai expliqué que je ne voulais pas rencontrer sa mère ou sa sœur, mais elle a insisté disant qu'elle ne me pardonnerait jamais cela. Finalement je lui ai promis de venir.
Maman aussi disait que je devais y aller et leur montrer que je ne manquais de rien. Donc le jour du mariage, j'ai demandé à Adja de m'accompagner et elle a accepté. Je suis allé au salon et j'ai fait une très belle coiffure. Ensuite j'ai mis une magnifique robe que maman m'avais ramené, plus un maquillage superbe. Oui ce jour là je devais reconnaitre que j'étais plutôt jolie. Quand je suis sortie, maman m'a regardé avec de gros yeux en disant que j'étais magnifique et m'a demandé si je voulais à nouveau charmer Rassoul. J'ai juste souri et je suis allé prendre Adja qui elle aussi s'était faite toute belle. J'avais un gros paquet. Je lui avais pris pleins de cadeaux et j'avais mis une somme d'argent dans une enveloppe. A notre arrivée, j'ai eu droit à des regards soutenus. Certains membres de la famille sont venus me dire bonjour d'autres pas. De toute façon, je ne prenais pas l'initiative. On s'est installé tranquillement à notre table et on a attendu l'arrivée de la mariée. Quand elle est venue, il y'a eu un mouvement de foule et tout le monde s'est levée. Elle était tout simplement magnifique. Il y a eu l'ouverture de bal puis la traditionnelle remise de cadeau. On attendait notre tour, quand je les ai vus. Rassoul et Anta. Ils sont arrivés ensembles et étaient bras dessus bras dessous. Ils rigolaient et semblaient complices. Je les ai regardés un bon moment sans pouvoir détacher mon regard. Il a fallu qu'Adja me pince fort pour que je détourne la tête.
- laisse tomber Diouldé. Pourquoi tu les regarde comme ça ?
Je ne savais même pas. J'étais quand même totalement perturbée. Heureusement notre tour est arrivé et Sokhna était toute contente de me voir. Je lui ai remis l'enveloppe et je lui soufflé que les cadeaux étaient avec sa copine. En parlant avec elle je sentais que Rassoul m'observait de même que Kiné, qui était au premier rang. Je lui ai fait un petit signe accompagné d'un grand sourire. Elle a détourné le regard et je suis allé rejoindre ma place. A ce moment Badou m'a appelé et je suis sortie pour répondre car il y avait beaucoup de bruit. Je lui ai expliqué que j'étais toujours à la réception et il m'a demandé si je voulais qu'il vienne me prendre. J'allais répondre quand en me retournant, j'ai vu Rassoul qui semblait m'attendre. J'ai répondu rapidement que j'allais rentrer seule et j'ai raccroché.
- tu es très belle Diouldé, dit-il alors que j'allais passer devant lui pour rentrer à nouveau dans la salle
Je me suis arrêtée et je l'ai remercié. J'allais repartir quand il m'a pris le bras.
- il faut qu'on parle Diouldé.
Je l'ai regardé un moment. Il avait froncé les sourcils et je lui ai fait face.
- pas ici, pas comme ça, dit-il en secouant la tête. Diouldé tu me manques trop.
Il s'était approché et murmurait des paroles incompréhensibles. On était à quelques cm l'un de l'autre. Je n'avais pas bougé. Il m'a pris le visage entre ses mains et a déposé un léger baiser sur les lèvres. Je l'ai repoussé légèrement
- arrête Rassoul.
- Non je ne veux pas.
A ce moment, on a appelé son nom. Il s'est écarté brusquement. Un peu trop d'ailleurs. C'était Anta.
- Rassoul je t'ai cherché partout.
Elle s'est approché et m'a pratiquement toisée. Sans rien dire. Ensuite elle a pris la main de Rassoul.
- je t'attendais pour prendre une photo avec Sokhna, dit-elle câlinement en arrangeant sa cravate.
Je n'ai pas attendu. Je suis rentrée et j'ai demandé à Adja de partir. On avait remis nos cadeaux et je ne voyais pas l'utilité de rester à supporter Rassoul et Anta ou encore Kiné. On attendait dehors tranquillement quand Anta est sortie avec Kiné sur ses talons. Elles se sont dirigées directement sur nous.
- toi, tu ne peux pas laisser tranquille Rassoul ? On dirait qu'il est le seul homme sur cette terre disait Kiné sur un ton belliqueux.
J'ai tiré Adja pour qu'on s'écarte mais elle a refusé de bouger, me demandant de la laisser.
Et c'est elle qui a répondu
- il faut dire à ton frère de nous laisser. Dis lui d'avoir un peu de vergogne et de nous foutre la paix.
J'ai tiré sur son habit. Je savais que ça pouvais dégénérer. Heureusement que j'avais trouvé un taxi et je l'ai tiré de force. Elle s'est énervé disant que j'aurai du la laisser les bastonner.
Arrivée à la maison Rassoul m'a appelé en disant qu'il tenait à ce qu'on parle. Je lui ai demandé d'aller le faire avec Anta. Il m'a dit qu'il n'y avait rien entre eux, mais je ne le croyais pas et puis je m'en foutais. Je l'ai écouté parler avant de raccrocher en lui disant que je voulais vraiment passer à autre chose. Il semblait dépité et a quand même répété qu'il m'aimait encore et qu'il pensait toujours que ça s'arrangerait entre nous. J'ai raccroché après lui avoir demandé de ne plus m'appeler.
Et il ne l'a plus fait pendant quelques temps. Je ne savais pas quoi penser de tout cela. Je me disais qu'il avait vraiment tourné la page et avec Anta. Ca me fendait le cœur. Il fallait aussi que je fasse pareil.
Avec Badou ça n'avançait pas plus que ça. Je ne voulais pas qu'il m'embrasse et ça le blessait. Mais il était toujours là et disait qu'il attendrait le temps qu'il faudra. Adja ne comprenait pas pourquoi je me comportais comme cela avec lui. Moi non plus d'ailleurs. Il était tout ce qu'une femme recherchait mais je ne me laissais pas aller avec lui.
Elle aussi avait parfois des problèmes avec Babacar. Je ne pensais pas que leur relation durerait aussi longtemps et ça m'étonnait. Mais une semaine, Adja m'a appelé en pleur disant qu'ils s'étaient disputés. Le weekend, je suis allée chez Adja car elle me disait qu'elle n'allait pas bien. Je l'ai à peine reconnu. Elle avait tellement pleuré qu'elle faisait pitié à voir. Elle m'a alors expliqué que ce dernier avait vu un message sur son téléphone et l'avait mal interprété et lui avait juste envoyé un message pour lui dire que si elle voyait un bon prétendant, elle n'avait qu'à se marier. Je l'ai réconforté comme je pouvais, lui disant qu'elle devait lui laisser le temps de digérer tout ça et qu'après s'être expliqué tout rentrerait dans l'ordre. Sa mère ne comprenait pas qu'elle se mette dans cet état pour un homme. Moi non plus d'ailleurs, surtout connaissant Babacar. Mais bon. Le soir ça allait mieux et elle a accepté de sortir avec moi pour se changer un peu les idées.
Badou avait passé la journée à m'appeler et parfois je ne prenais pas. Il voulait qu'on sorte encore, mais je lui ai dit que j'étais chez une amie qui n'allait pas bien. Il voulait venir nous prendre, mais je lui ai dit assez fermement qu'on ne sortirait pas. En raccrochant, j'ai pensé qu'il n'appellerait plus et même Adja était fâché disant que je n'ai pas été gentille et que ça lui avait fait plaisir de voir que j'essayais de tourner la page Rassoul. Vers 20 heures, elle se sentait mieux et on a décidé de sortir un peu pour aller manger. On était donc bien installé quand Demba l'a appelé pour lui dire qu'il voulait lui parler. Elle lui a indiqué ou nous étions et j'ai commencé à stresser. Revoir Demba me stressait toujours mais cette fois je me suis dis que je devais être naturelle. Avant qu'il n'arrive à notre table j'ai su qu'il était là à cause des regards insistants et des murmures des jeunes filles qui faisaient face à la porte.
Il était en jeans et veste cuir noir. Sur sa peau claire il ressemblait à un motard et était vraiment très beau. Il s'est penché pour me faire la bise. C'était bien la première fois depuis qu'on s'était revu qu'il me faisait ça. Je l'ai regardé bizarrement sans faire de commentaires et il m'a souri. Ensuite il s'est assis à côté de moi pour faire face à Adja. Sa jambe touchait la mienne et je ne savais pas si c'était fait exprès. De toute façon, il était en train de s'expliquer avec Adja et lui disait qu'il venait de raccrocher avec Babacar et que ce dernier venait de lui expliquer ce qui s'était passé. Adja aussi a donné sa version et il a pris un air fatigué disant qu'ils n'avaient qu'à se marier car il en avait marre de toujours arranger les choses entre eux. Je me contentais de sourire quand Babacar himself est entré. Adja était toute content de le voir et après être resté quelques minutes pour discuter, il s'est levé et a tiré Adja en disant qu'ils devaient se parler. Je me suis donc retrouvé toute seule avec Demba, ne sachant pas si je devais attendre Adja ou partir.
- ils vont revenir ou...
Il a éclaté de rire et est venu s'assoir en face de moi.
- tu es sérieuse en demandant cela ?
Je l'ai regardé et comme d'habitude, ses yeux marrons m'ont éblouis. On s'est mis à discuter de leur couple. Ça faisait bien longtemps qu'on n'avait pas discuté aussi librement. Je savais qu'Adja, langue pendue, lui avait déjà dit que j'avais divorcé. Et je sais que c'est pourquoi il était aussi free avec moi. Je me surprenais à rigoler quand il imitait la voix de Babacar quand il se plaignait d'Adja. En regardant la montre j'ai vu qu'il était 23heures passé et j'ai sursauté. Je n'ai pas vu le temps passé.
- il est tard je dois y aller, dis je en me levant.
Il s'est aussi levé et m'a proposé de me raccompagner. J'ai d'abord refusé, mais il a insisté et je l'ai suivie. Je ne savais pas pourquoi je faisais ça. Une fois dehors, j'ai cru qu'il avait sa voiture, mais je l'ai vu enlever son blouson et me le tendre.
- prends ça. tu va en avoir besoin. J'avais juste un jean et un débardeur. Je ne comprenais toujours pas jusqu'à ce qu'il se dirige vers une grosse moto et me tende un casque. J'ai secoué la tête
- Non Demba. Je ne suis jamais montée à moto. J'ai trop peur.
Il a fait comme s'il ne m'avait pas entendu. Sans un mot, il a rassemblé mes cheveux derrière et m'a mis le casque avant de l'attacher. Il m'a demandé ou j'allais et je lui ai indiqué le quartier. Ensuite, il est monté sur la moto et m'a fait un geste de la tête pour que je fasse pareille. Après une seconde d'hésitation je suis monté derrière lui, complètement paralysée par la peur. J'avais peur de tomber. Mais la moto était immense et très stable. Je me suis accrochée à lui et j'ai fermé les yeux. Il faisait exprès d'accélérer et je criais fort et le serrais encore plus le cœur battant. Finalement ce n'était pas trop désagréable de rouler en moto. Arrivée au quartier, je lui ai indiqué la maison et il a stoppé la moto devant la maison. Je suis descendu en titubant et il en rigolait. Je n'arrivais pas à enlever le casque et il s'est approché pour m'aider à défaire le lien. Il était proche, beaucoup trop proche. Il l'a enlevé sans me quitter des yeux. Je l'ai remercié et j'ai reculé un peu
- attend j'allais oublier.
Il s'est a nouveau approché et a défait mes cheveux pour les ébouriffer avec les doigts.
- voila. Je t'ai trouvé comme ça. et puis je faisais exprès d'accélérer pour que tu me serres encore plus.
J'ai souri et baissé la tête. J'étais gênée, je ne savais plus quoi dire, quoi faire. Je suis resté bêtement planté devant la maison à attendre qu'il parte. Au lieu de cela il était là aussi à me regarder.
- depuis quand tu as cette moto ? Lui ais je demandé
Il a haussé les épaules
- c'est une petite folie. Mais je ne la prends que les weekends. Ma fille n'aime pas que je la conduise
Sa fille. J'ai eu un pincement au cœur.
- comment elle va ?
- super bien, répondit-il en souriant.
J'ai gardé le silence un moment. Je me suis dit à cet instant que sa femme devait être bien compréhensible de la laisser sortir jusqu'à certaines heures.
- Adja m'a dit pour ton divorce, dit-il finalement. E t j'en suis désolé
- haa...
Que pouvais-je dire ?
- en fait non, je ne suis pas désolé, reprit-il
J'ai rigolé sans rien dire. Il avait déjà enfourché sa moto. J'ai tourné les talons pour ouvrir la porte. Il a attendu que je rentre pour partir. C'est une fois dans ma chambre que j'ai vu que j'avais encore son blouson....
Dès le lendemain, Demba est venu à la maison pour prendre son blouson, du moins, c'était une excuse car il m'a avoué qu'il avait fait exprès de me le laisser pour trouver une raison de revenir. Il faisait un peu tard et je ne voulais pas que maman Fanta le voit. Donc je suis sortie avec le blouson à la main et je ne l'ai pas fait entrer. On a discuté du couple Adja et Babacar un moment et n'y tenant plus, je lui ai posé la question qui me grattait la langue
- pourquoi tu as accepté que Babacar sorte avec Adja alors qu'il est non seulement marié, mais en plus il sortait avec Coumba. Tu ne trouve pas ça malsain.
Il a poussé un gros soupir et a pris son temps
- depuis quand as-tu envie de me poser cette question ?
- depuis longtemps, répondis-je
- pourquoi tu ne l'a pas fait depuis longtemps ?
Il commençait à m'énerver.
- parceque je n'avais pas envie de te parler.
Il a éclaté de rire. Au début, je voulais garder le visage fermé, mais son rire était communicatif. J'ai commencé à sourire.
- Demba tu es trop con. Je suis sérieuse. Je n'ai pas gobé cette histoire. Et toi je t'en ai voulu. C'est toi qui lui as présenté Adja connaissant la situation de Babacar. Tu es pervers sur les bords.
Il a repris son sérieux et m'a regardé.
- Coumba c'est ta copine ? Dans ce cas, il faut lui parler. Elle est sur une très mauvaise pente.
- comment ça ?
- écoute, c'est une trop longue histoire. Tu veux vraiment savoir ?
Je hochais la tête.
- remets le blouson on y va
- ca ne va pas non ? Il fait tard, ou veux tu qu'on aille ?
- suis moi tu verras
- c'est un chantage ?
Il a haussé les épaules et a souri. Mais il faisait trop tard, ma vie était assez compliquée et puis je connaissais Demba. La façon dont il me regardait ne m'enchantait pas. Donc j'ai décliné lui disant qu'on aura l'occasion d'en parler un autre jour. Il avait l'air déçu et 10 minutes après j'ai reçu un message disant que c'était dommage que je ne sois pas venu. J'ai su que c'était lui. je n'avais plus son numéro et je ne savais pas qu'il avait le mien. Il ne m'avait jamais appelé. J'ai répondu que ça sera pour une autre fois et il a répondu. On a continué à discuté par texto et je me suis endormie. A mon réveil, le dernier message disait que je devais dormir et qu'il m'embrassait. J'ai souri et je croyais avoir de ses nouvelles les jours suivants, mais rien. Quand j'ai demandé à Adja, elle m'a dit qu'il était en déplacement pour son travail en Afrique du Sud. J'ai pensé qu'il aurait pu me prévenir, mais je me suis ressaisie en me disant qu'il n'avait pas de compte à me rendre.
Quand à Rassoul, c'était une autre paire de manche. Maman insistait pour que le mariage civil soit aussi cassé et pour cela il fallait aller au tribunal. Je n'aimais pas cela, mais si je voulais vraiment tourner cette page il le fallait. Je ne sais pas pourquoi, mais au fond de mon cœur, je ne voulais pas que ça se finisse. Je gardais toujours ce petit espoir qu'il se passerait quelque chose, qu'il me reviendrait, que je retrouverais mon Rassoul. Mais comme cet espoir était mince, je me décidais à l'appeler quand même pour lui en parler. Il a parut choqué et m'a demandé pourquoi je voulais aller au tribunal. J'étais gênée. Je lui dis que je voulais juste un divorce à l'amiable et que je ne voulais rien de lui. Il s'est mis à supplier de ne pas le faire car il m'aimait toujours et ne voulait en aucun cas que ça se finisse comme ça. A partir de là, le contact a été trouvé. Il en a profité et pour m'appeler tous les jours, tous les soirs et on discutait. Au début, je répondais car je pensais qu'il me parlerait du divorce, mais non. Il s'est mis à me parlait de ses projets, de ses plans d'avenirs ou j'avais une place, de l'amour qu'il me portait. Il voulait qu'on se voie dans un endroit calme pour en parler. La nuit aidant, sa voix, ses supplications... tout un cocktail qui a fait que j'avais commencé à céder. Je n'oasis en parler à personne et à la limite je me cachais de maman pour lui répondre. Je ne voulais pas me retrouver seule avec lui, pas tant que je n'étais pas sûre de ce que je voulais. Il le savait et disait au téléphone tout ce qu'il avait envie de me faire quand on se reverrait. Je recommençais à penser à lui, il commençait à me manquer, j'attendais ses coups de fils, je ne parlais plus de divorce. Mais heureusement, je n'acceptais pas encore de le voir seul à seul. Je le connaissais. Il savait qu'il avait beaucoup d'influence sur moi et il en abusait.
J'ai vite fait de m'éloigner de Badou, sans explication. A l'heure de la pause je sortais me promener et quand il appelait je laissais sonner. Je savais que je déconnais, je savais que Badou était un homme magnifique. Mais rien. Je m'accrochais à cette nouvelle paix, ce nouvel espoir entre Rassoul et moi. Mais, comme un éclair, tout a disparu. C'était un samedi. Il m'a proposé de sortir pour aller au restaurant. Au dernier moment j'ai eu des maux de tête et j'ai reporté au lendemain. Il était déçu, mais j'avais promis que demain, on se verrait. On a discuté et vers 20 heures, il m'a dit qu'il devait aller à la clinique. Badou avait appelé et je n'avais pas décroché. Il a laissé un message pathétique disant qu'il ne me comprenait pas, qu'il ne comprenait pas ce qu'il avait pu me faire. Je n'ai pas répondu. On a eu la visite d'une amie de maman Fanta et de sa fille. On est resté à discuter et quand elles sont rentrées, on avait faim et maman voulait manger des nems. Il était presque 23 heures on a appelé saveur d'Asie pour commander. Ensuite, je suis sortie pour me rendre sur la Bourguiba pour récupérer la commande. J'ai demandé au taximan de m'attendre et comme à mon arrivé ce n'était pas encore prêt, je lui demandé de partir et je me suis assise dans un coin à attendre la commande avec les écouteurs dans les oreilles. J'ai d'abord reconnu son rire ensuite, je l'ai vu arriver avec Anta à ses bras. J'ai failli m'évanouir. Ils ne m'ont pas vu, et se sont avancés vers l'accueil. Ils étaient à hésiter sur leur commande. Ils semblaient complices. J'étais toujours sous le choc et je les regardais avec une forte envie de m'enfuir. Tout à coup j'ai entendu
- Mme Diop, votre commande est prête.
Oui, j'avais commandé sous le nom de Mme Diop en plus. Le comble. La honte. Rassoul s'est retourné et nos regards se sont croisés. Il n'écoutait plus et semblait tellement surpris qu'il ne disait plus rien. L'autre conne parlait comme une pie. Il a fallu que la dame répète encore « Mme Diop, votre commande » pour que je me lève brusquement. J'ai titubé une fraction de seconde, puis je me suis avancé sans un regard dans leur direction. Mais, il fallait que l'autre pimbèche, y mette son grain de sel.
- hii Mme Diop.
Elle a eu un petit rire ironique qui m'a réellement blessée. Elle avait raison. J'étais idiote.
- Diouldé ? Qu'est ce que tu fais là.
Je lui ai lancé un regard que je voulais meurtrier. Puis pris le sachet avant de remercier la vendeuse. Sans rien leur dire, je suis sortie et j'ai regretté d'avoir laissé partir le taxi. Rassoul était sur mes talons.
- Diouldé, je croyais que tu étais malade
Je n'avais pas envie de lui répondre. J'ai fixé la route en priant pour qu'un taxi vienne rapidement.
- je sais ce que tu vas croire, mais on était à la maison et Kiné voulait des nems. On est sorti lui en chercher. Dans son état, elle a des envies bizarres.
Elle était encore enceinte ? Je n'avais rien remarqué lors du mariage de Sokhna. C'était rapide. Mais bien fait pour elle. Je ne voulais toujours rien répondre. Dakar était tellement grand. Pourquoi il a fallu que je les rencontre. Et ces foutus taxis qui ne venaient pas.
- tu m'entends ? C'est à toi que je parle.
Je me suis retournée et je lui ai fait face.
- je t'ai entendu Rassoul. Seulement tu n'es pas obligé de me donner des explications.
Il m'a regardé un bon moment et le taxi est venu. Je l'ai arrêté et suis entrée sans prendre congé. Je l'ai juste entendu me dire qu'il m'appellerait plus tard. J'étais fâchée contre moi-même. En rage totale. Je ne me supportais pas. je m'en voulais. J'aurais voulu me gifler pour me permettre de me réveiller. Mais qu'est ce que j'espérais encore ? Que tout allait changer ? Qu'il allait me retomber dans les bars comme ça et tout effacer. Pfff.
A la maison, maman Fanta a remarqué mon trouble et m'a bombardé de questions. J'ai été obligée de lui dire que j'avais rencontré Rassoul. Au début, elle ne comprenait pas que je puisse me mettre dans cet état pour si peu. Mais je lui ai expliqué ce qui s'était passé les quinze derniers jours, nos communications. Elle était choquée et m'a passé un de ses savons...
- laisse-moi Rassoul, ma fille laisse cet homme. Il n'est pas le seul sur cette terre. Crois en Dieu et dis-toi que tu trouveras meilleur que-lui. Je comprend, c'est ton premier homme, celui qui a toujours été là pour toi car il t'a pris alors que tu étais jeune, mais grandis et ouvre les yeux. Si tu reste avec lui ça sera toujours comme ça. Cette Anta là, il finira par l'épouser car c'est ce que sa mère veut. Peut être qu'après tu auras ta place. Maintenant c'est à toi de voir si tu es prête à sacrifier toute ta vie pour attendre qu'il se décide.
Elle avait raison. Et le pire c'est que je le savais, mais je me voilais encore la face. Mais cette fois ci je crois que c'était vraiment fini. Il me fallait l'accepter. Je n'ai pas versé une seule larme cette fois. Non j'en avais assez. Quand il a appelé très tard le soir, je n'ai pas répondu. Le lendemain, j'avais promis qu'on allait se voir et je ne lui ai pas répondu de la journée. Il s'est présenté le soir à la maison et maman nous a laissé seul au salon. Il s'est plaint que je ne décrochais pas ses appels. Ce jour là, je lui ai dit tout ce que je pensais. Tous mes espoirs, et que finalement, ma décision était prise. S'il ne voulait pas du divorce à l'amiable, je prendrais un avocat et on ira devant le juge. Malgré ses protestations, je suis resté ferme. Cette fois, c'était vraiment fini.
Toute la semaine, j'ai attendu Badou en vain pour le déjeuner et pourtant je voyais sa voiture devant l'immeuble. J'ai finalement pris mon courage et je suis allé dans son bureau en fin de semaine. Sa secrétaire m'a introduit et je l'ai trouvé avec un de ses amis en train de manger. Il avait l'air vraiment étonné de me voir et m'a regardé sans rien dire. Son ami Charles m'a salué chaleureusement en me reprochant le fait qu'il ne me voyait plus ces derniers temps. J'ai sorti des excuses bidon et je suis allé tendre la main à Badou. Il m'a souri et m'a tiré à lui et m'a fait assoir sur ses genoux.
- que me vaut l'honneur de cette visite ? demanda t-il tout doucement
Je lui ai pris le visage et j'ai déposé un bisou sur ses lèvres. Il m'a regardé avec des yeux ronds. C'était bien la première fois que je faisais ça avec lui. D'habitude même pour une bise sur la joue, je le repoussais.
- je n'ai pas le droit de venir te voir ? Lui ai-je répondu.
On s'est regardé un moment, puis Charles, petit bandit, s'est levé disant qu'il allait nous laisser car il était de trop. Badou l'a presque chassé en disant qu'effectivement il dérangeait, tandis que je le retenais. Je voulais me lever, mais il m'a retenu.
Quand Charles est parti, je me suis senti tout à coup intimidé. On était seul et j'avais commencé quelque chose que je n'étais pas ure de vouloir finir. Je ne sais pas ce qui m'a pris.
- on en était ou ? demanda t-il en avançant encore son visage.
Je me suis levée d'un coup et il n'a pas pu me retenir. Il s'est aussi levé l'air dépité
- Non Diouldé. Mais qu'est ce que tu veux ? Si tu savais que tu allais t'enfuir, pourquoi es tu venu me provoquer. Regarde toi, tu es belle comme un cœur et je n'ai même pas le droit de te toucher. Tu exagère vraiment. Et puis j'en ai marre de te courir derrière.
Il avait parlé sur un ton tellement triste que je me sois approché à nouveau. Il m'a pris par la taille et cette fois je n'ai pas fui.
C'était la première fois depuis Rassoul que quelqu'un d'autre m'embrassait. Au début je n'ai pas desserré les lèvres mais il a insisté avec sa langue et finalement je me suis laissé aller. C'était bizarre. Je l'ai entendu gémir et me serrer encore plus fort. Au bout d'un moment je me suis écarté et je l'ai repoussé légèrement. Il m'a regardé avec un grand sourire.
- qu'est ce qui a changé ? Pourquoi ?
Je ne savais pas quoi répondre. En fait si, mais je ne pouvais pas lui dire que cette fois j'avais définitivement tourné la page Rassoul et je voulais passer à autre chose. Ce n'était peut être pas la meilleure chose à faire, mais j'étais là avec cette envie de fuir qui me prenait.
- est ce qu'il faut une raison pour t'embrasser ?
Il a souri et voulait recommencer, mais moi pas. Je l'ai repoussé fermement et je suis allé m'assoir. On a discuté un moment et il m'a invité à sortir le soir même. J'ai accepté et on est allé diner. Il était très tactile et je n'aimais pas. Mais je l'ai laissé faire, me convaincant qu'il le fallait si je voulais tourner la page. Après le diner, il m'a proposé d'aller en boite et j'ai aussi accepté. C'est là que je me suis rendue compte que ce n'était vraiment pas mon univers. Quand il s'est installé à « sa » table, il y a eu un défilé de toute sorte de personnes. Surtout les filles. Elles me regardaient de haut et se permettaient des familiarités qui normalement devait me déplaire, mais je les trouvais juste vulgaires et je n'appréciais pas le comportement de Badou. J'avais l'impression que tout le monde le connaissait. J'étais à côté mais c'est a peine s'il avait mon temps. Il discutait, rigolait, donnait de l'argent. Je sentais que c'était son univers et qu'il était à l'aise alors que moi j'avais juste envie de partir. Une fois dans la voiture, je lui ai dis que je n'aimais pas ce milieu et il a rigolé disant que lui non plus, mais qu'il devait y aller car la plupart de ses affaires se réglaient là bas. Je ne comprenais pas comment et je ne voulais même pas savoir.
Pendant des semaines, c'était un rythme effréné. Je me demandais comment il faisait pour tenir. Presque chaque soir, il sortait diner ou en boite avec sa petite clique d'amis. je e suivait pour m'évader et j'acceptais de temps en temps qu'on s'embrasse mais sans plus. Je n'aimais pas, mais je me laisser faire, pensant qu'ainsi j'oublierais plus facilement, que je tournerais la page plus vite. Parfois il passait à la maison et laissait beaucoup d'argent à maman Fanta. Elle était contente de me voir avec un autre surtout qu'elle semblait l'apprécier. Mais moi, je me forçais toujours.
Un weekend j'ai prétexté passer la nuit chez Adja pour ne pas le voir. J'ai tout expliqué à Adja et elle n'a pas compris mes réticences. Pour elle c'était normal qu'il évolue dans ce milieu et je devais lui donner sa chance. Donc le soir, on l'a appelé pour lui dire que finalement on voulait bien sortir. Il nous a demandé de nous préparer tôt. On n'a pas compris pourquoi si tôt, mais quand il a pris la route de la sortie de Dakar, il nous a expliqué qu'on allait s'amuser à Mbour. Adja sautillait de joie tandis que moi j'étais plutôt anxieuse. Non décidemment je n'aimais pas cela. On a fait le tour des boites et moi qui pensait qu'il n'avait des connaissances qu'à Dakar j'étais ébahi. Partout ou on passait, c'était des Badou à droite, Grand à gauche. Les filles l'enlaçaient, lui faisaient la bise. Il y a même une qui l'a embrassé sur la bouche. Mais il l'a repoussé en rigolant avant de me tirer à lui et de lui dire que j'étais sa femme. On était accueilli comme des rois partout. On a quitté vers 3h du matin et avant 5h on était rentré. Adja était en mode éblouie disant que j'avais de la chance de sortir avec un homme comme ça. Je ne disais rien. Mais même si je me forçais à m'amuser, à jouer les jalouses avec Badou, le cœur n'y était pas. Un jour en parlant elle m'a dit que Demba était de retour, mais elle a tout gaché en disant qu'elle lui avait vanté les mérites de mon nouveau chéri. J'ai crié en lui demandant pourquoi elle parlait de moi à Demba. Elle m'a juste répondu que c'était ce dernier qui ne cessait de demander après moi. J'avais quand même un pincement au cœur. Et puis l'histoire avec Coumba me travaillait. Je n'osais rien demander à cette dernière et je savais qu'elle ne me dirait rien. Mais Demba était imprévsisible.
Maman m'avait trouvé un avocat parceque d'après elle j'étais toujours mariée à Rassoul. Il avait le même nom de famille que Rassoul et notre première rencontre, je devais lui expliquer les problèmes que j'avais eus avec Rassoul. C'était bizarre de devoir comme ça devoir tout raconter à un inconnu. Mais heureusement qu'il m'a mis à l'aise, me demandant de ne rien lui cacher car c'est ainsi qu'il pourra mieux me défendre. Je lui ai expliqué que je ne voulais rien, juste un papier de divorce. Je lui ai quand même expliqué mes différents avec ma belle famille, le problème de la fausse couche, les accusations, le divorce. Il a tout noté et m'a donné un autre rendez vous en me remettant une convocation à remettre à Rassoul. J'ai hésité mais il m'a expliqué que c'était la procédure normale et qu'il n'y avait rien de trop. Dès que je suis sortie, je suis allé à son bureau. J'avais un peu peur quand même. Je voulais que tout se passe bien entre nous et qu'on se quitte en de bons termes. Dès qu'il m'a vu il m'a demandé de venir. On est allé dans son bureau et je ne savais pas trop par où commencer. C'est quand je lui ai demandé des nouvelles de sa mère qu'il a tiqué et m'a regardé bizarrement.
- ca va Diouldé ? Tu ne m'as jamais demandé ma mère.
J'ai souri nerveusement.
En fait je t'amenais une convocation. On doit répondre au juge pour le...
Je ne pouvais même pas terminer ma phrase. Je lui tendu l'enveloppe. Il a pris sa rien dire. Ensuite, il a soupiré.
- ok j'y serais.
Je me suis levée brusquement. Je m'attendais encore à ce qu'il me demande de patienter. Je suis partie au bord des larmes. N'essayez pas de comprendre. J'étais tellement mal que je ne suis pas retourné bosser et Badou m'a appelé pour me demander pourquoi je ne suis pas venue. J'ai éclaté en sanglot sans pouvoir rien expliquer et une demi-heure plus tard il était à la maison. Je m'étais un peu calmé et je l'ai trouvé au salon. Il m'a pris dans ses bras et je n'étais même pas en mesure de lui expliquer ce qui n'allait pas. Il est resté à discuter un moment avant de me proposer de sortir un peu. J'étais tellement mal que j'ai accepté. Je suis allé me changer et on est allé chez lui. Je n'étais jamais entrée et c'était une belle maison et il n'y avait que la bonne. Elle nous a servi un bon repas et après il m'a entrainé dans la chambre. Je ne savais pas ce qui me prenait. On s'est embrassé et ça s'est embrasé. Mon cerveau ne fonctionnait pas. Je pensais à Rassoul. Je me laissais faire. Il me caressait partout, gémissait, m'encourageait à continuer. Je ne réfléchissais pas. J'avais envie de noyer cette peine, d'oublier. Tout d'un coup il s'est levé pour se diriger vers son armoire. Il était tout nu et je me suis ressaisi. Moi aussi j'étais nue et à ce moment, j'ai paniqué. Il est revenu avec un petit paquet, qu'il a vite ouvert pour sortir un préservatif. Je l'ai regardé avec de gros yeux et j'ai tiré le drap sur moi. C'était bien la première fois que j'en voyais un d'aussi près. Il a essayé de me rassurer en disant qu'il fallait juste qu'il se protège. Il s'est recouché et a voulu m'attirer à lui. Le déclic. Je l'ai repoussé et il a eu un air surpris. Il m'a demandé pourquoi je le repoussais, que j'étais divorcée, qu'il n'y avait rien à préserver et qu'il avait envie de moi. Je me suis sentie comme de la merde. Sans le vouloir j'ai songé à maman Oussey. Oui, aujourd'hui j'étais une pute car j'étais là, toute nue devant un homme que je n'aimais même pas.
Sans rien demander, je l'ai repoussé plus violemment et je me suis levée et j'ai ramassé mes habits avant d'aller m'enfermer dans les toilettes. Mais qu'est ce qui m'arrivait. Depuis quand je me comportais comme ça. Il a frappé doucement à la porte pour me demander si tout allait bien. Si j'avais pu passer par la fenêtre et disparaitre je l'aurais fait tellement j'avais honte de moi. Je n'ai rien répondu et j'ai pris une douche rapide avant de m'habiller. Je suis encore resté longtemps en espérant qu'il allait retourner travailler. Puis j'ai lentement ouvert la porte. Il n'était pas dans la chambre et j'ai poussé un ouf de soulagement. Mon sac était dans le salon et je suis sortie en rasant les murs. J'ai pris mon sac et j'avais presque réussi à sortir quand il a surgi devant moi.
- tu allais partir sans me dire au revoir ?
Ah si je pouvais disparaitre.
- je suis désolée. Mais je dois y aller.
Il est resté devant moi à me regarder.
- moi aussi je suis désolé. Vraiment. Je n'aurais pas du.
Il se grattait la tête et a détourné les yeux. J'ai souri en murmurant que c'était de ma faute, avant d'essayer de me faufiler pour partir. Mais il m'a retenu par le bras. J'avais envie de crier de me laisser partir. Je ne voulais plus qu'il me touche.
- je t'en prie reste.
Je me suis dégagée.
- non, je vais partir. S'il te plait laisse-moi.
Il a hésité un moment avant de me proposer de me déposer. Il est entré pour prendre ses clés et avant qu'il ne ressorte j'étais déjà dans un taxi. Une fois à la maison, je me suis encore lavée, et lavée. Si je continuais avecBadou, j'allais sombrer. Je le savais, je le sentais. On n'évoluait pas dans le même monde. Je n'aimais pas son monde. J'avais ce besoin de m'accrocher à tout ce qui passait, mais cette bouée n'était pas la bonne.
Tout le reste de la semaine, je ne suis pas allé travailler, prétextant une maladie. Je n'allais pas bien. Mais c'était plus profond. Maman Fanta avait remarqué mon état et essayait tant bien que mal de me remonter le moral. A Adja je lui ai dit que j'avais rompu avec Badou et elle ne comprenait pas. Je ne voulais rien expliquer de plus. J'avais envie de m'éloigner de tout ça.
Le rendez vous avec le juge est vite arrivée et m'a trouvé dans cet état second. Je pensais qu'on allait discuter des modalités. Au lieu de cela, il s'est mis à nous demander de réfléchir sur le divorce, disant qu'on était jeune et qu'on pouvait surmonter les problèmes. C'est plus tard que l'avocat m'a expliqué que c'était la procédure de faire une conciliation. Il nous a demandé de revenir un autre jour.
Rassoul avait vraiment coupé les ponts. Il m'a juste salué et après s'est contenté de me jeter de brefs coup d'œil. Je ne m'en formalisais pas et je l'ai aussi ignoré. Le soir même il m'a appelé et on s'est encore parlé. Il m'a parlé de ses regrets, et pour une fois de sa mère. Il disait qu'il m'aimait plus que de raison, mais que sa mère avait aussi une place importante. Que si j'avais accepté d'être pus souple plus compréhensible, on serait heureux. Je l'écoutais sans rien dire. Il m'a avoué ne plus être en mesure d'aimer une autre personne comme moi.
C'était pathétique. Je lui ai dit que j'aurais moi aussi voulu vivre toute ma vie avec lui, mais je reconnais que je ne pouvais plus supporter le comportement de sa mère et que c'était dommage qu'il ne le comprenne pas. On a encore discuté et j'ai finalement raccroché le couer lourd. Ma vie était un véritable chaos. Je ne voyais pas le bout du tunnel.
J'avais décidé d'arrêter mon stage car le directeur ne me garantissait pas de contrat et n'acceptais pas d'augmenter mes indemnités. A Badou, je lui avais expliqué que j'avais besoin de temps et que je voulais qu'on fasse une pause pour me permettre de réfléchir. C'était une excuse bidon pour me détacher de lui. C'était aussi à cause de cela que j'avais arrêté le stage. Je ne voulais plus qu'on se croise fréquemment, je ne voulais plus évoluer dans son milieu. Mais n'empêche. Il venait de temps en temps à la maison et durant le mois de ramadan, il est venu, sa voiture chargée de ravitaillement. Il disait que c'était le « sukarou kor" de maman Fanta. Je l'ai juste remercié, mais je n'ai pas changé d'avis. Je ne voulais plus d'une autre relation.
2 mois plus tard, après plusieurs renvois, le divorce a été prononcé. C'était au début du mois de Décembre et j'étais à la maison quand l'avocat m'a appelé pour me le dire. il était content car Rassoul devait me verser une pension jusqu'à ce que j'ai un autre mari. Il m'a dit que c'était ce dernier qui a insisté pour le faire. C'était comme un miroir qu'on brise. Je devais m'y attendre, me préparer, mais ça a quand même été le choc. Eh oui, c'était vraiment fini. Je l'ai remercié et je suis sortie pour marcher. J'avais besoin de respirer, de m'aérer. Rassoul m'a appelé, mais je n'ai pas pris le téléphone. Après quelques jours ça allait mieux, et j'ai repris ma recherche de travail. Adja avait remarqué ma mine très triste et avait décidé de m'inviter au restaurant. On discutait tranquillement quand elle a reçu un coup de fil. Je croyais que c'était Babacar qui devait venir car elle lui a indiqué ou on était. J'ai donc été surprise de voir Demba arriver. Il avait rasé sa tête. Une vraie boule à zéro qui semblait le transformer. Je l'ai regardé comme si je le voyais pour la première fois. Adja avait l'air déçue
- ne me regarde pas comme ça. Babacar arrive dans 10 minutes.
Elle a souri et il s'est assis. Il m'a salué brièvement. Le vent. Il a discuté avec Adja sans m'accorder beaucoup d'importance. J'ai joué avec mon téléphone un moment et Babacar est arrivé. On a discuté un moment et je me suis levée. Malheureusement en même temps que Demba pour prendre congé. Je voulais me rassoir mais ce l'idiot de Babacar s'est exclamé qu'on était vraiment intelligent de le laisser seul avec sa chérie. Je suis sortie rapidement sans un coup d'œil vers Demba. Je marchais à la recherche de taxi quand une voiture s'est arrêté. Demba m'a demandé de monter sur un ton sec. J'ai hésité, puis je suis finalement montée. Le chemin s'est passé en silence et j'avais juste envie d'arriver rapidement. Une fois devant le maison, je suis restée dans la voiture. Il ne disait rien et moi je ne sortais pas.
- qu'est ce qui se passe Demba ? Qu'est ce que je t'ai fait ? Pourquoi tu ne me parles pas ?
- parceque je n'ai pas envie de te parler Diouldé. C'est simple non ?
Oui, très simple.
Sans un mot, je suis sortie de la voiture. Arrivée devant la porte, avant de sonner, il m'a appelé. Il était juste derrière moi.
- tu penses que ça me fais plaisir de savoir que tu sors avec un type quelques mois après ton divorce. Je pensais que tu n'avais pas la tête à ça, que tu voulais du temps pour oublier. Mais non, tu saute sur le premier mec qui se pointe.
- mais c'est quoi ton problème Demba ? Tu dis que tu n'as pas envie de me parler non ?
-....
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