Partie 18

Je raccrochais le sourire aux lèvres. On avait beaucoup parlé et il m'a fait rire en disant que je le faisais souffrir et qu'il avait un cœur d'indous. Il avait promis de venir le lendemain pour qu'on discute et dans ma tête je me disais qu'une fois qu'il serait là, je lui dirais que je vais rentrer. De toute façon, il a du comprendre que j'étais dans les dispositions. Je souris à cette perspective et finalement je me dis que ça aurait été un mal pour un bien. Ça nous permettra de remettre les compteurs à zéro.

Juste après le coup de fil de Rassoul, j'allais rejoindre maman Fanta au salon et elle était toujours au téléphone avec Malick. J'attendis donc qu'elle finisse quand elle me tendit le téléphone, me demandant de dire bonjour. J'hésitais un moment avant de prendre le téléphone

- allo Diouldé ? Comment tu vas

Ah la voix de Malik. Je l'avais presque oublié

- oui Malick, je vais bien et toi ?

- aussi. Tu me manques beaucoup tu sais

Je ne sus plus quoi répondre et restais silencieuse

- et Awa, comment elle va ?

Cette fois ce fut à lui de rester silencieux et je regardais maman qui secouait la tête. Apparemment j'ai posé la mauvaise question. Mais bon je ne savais rien de sa vie et maman Fanta n'avais pas accepté de m'en parlé.

- elle va bien....dit-il finalement après quelques secondes d'hésitation. Je suis désolé pour ton bébé. Maman m'a dit que tu l'avais perdue

- merci Malick c'est gentil.

Je n'avais plus rien à lui dire et finalement je lui lançais un rapide au revoir avant qu'il ne me pose d'autres questions et rendit le portable à sa mère. Elle aussi raccrochait rapidement.

- je ne voulais pas t'en parler, mais Malik et Awa ont divorcé.

Je ne savais quoi dire. Awa était tellement gentille avec moi.

- c'est dommage. Awa était gentille.

Elle gardait le silence, et semblait complètement perdue dans ses pensées.

- maman, je voulais te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi. Sans toi, je me demande ce que j'aurais fait.

Elle baissait la tête et soupira

- ne me remercie pas. Je crois que toute ma vie ne pourra pas suffire à me faire pardonner

- ne dis pas ça maman, je n'ai pas à te pardonner. Après tout ce que tu as fait pour moi, je crois que je ne t'en ai jamais vraiment voulu. C'est surtout tonton ffff

Je n'arrivais pas à prononcer son nom. J'hésitais

- tu dois pourtant. Après ton départ, je crois que j'ai oublié d'être humaine. J'ai dit tellement de méchanceté sur toi. Si Rassoul ne t'aimait pas tant, je crois qu'après tout ce que je lui ai dit sur toi, il ne t'adresserait plus la parole. Il y a aussi eu Demba...

Mon cœur s'est mis à battre à l'évocation de son nom, mais je ne voulais plus qu'elle parle de tout ça.

- ce n'est pas la peine d'en parler

- je t'en parle parcequ'après cela, il s'est passé tellement de choses. Malik a divorcé, comme je viens de te le dire.

Elle semblait vraiment affectée et me racontait enfin les choses.

- Malik après l'incident avec Farah semblait un peu coupable et dès les premiers jours, voulait que j'aille te parler. Mais Farah ne cessait de me bourrer, de dire des choses terribles sur toi et je l'avais cru. Mais je ne devais pas. Il a gâché ma vie.

Elle se mit à me raconter que Malik a divorcé avec Awa pour cause de violence et qu'avec les lois françaises, elle avait obtenu la garde de la petite Diuldé qu'elle a envoyé ici chez sa mère pour que son père ne la voie plus.

J'étais ébahie, mais bon je n'insistais pas.

- ne crois pas que c'est tout. Rama a quitté le Canada pour suivre son copain qui avait trouvé du travail en France. J'ai cru devenir folle. Elle est allé le rejoindre en laissant tout tomber : son travail, sa dignité, tout, pour suivre un homme, blanc, et d'une autre religion.

A ce moment elle éclata en sanglots et je la réconfortais du mieux que je pouvais.

- maman, calme toi je t'en supplie.

- elle est venue ici avec lui, pour me le présenter, me disant qu'avec ou sans mon accord ils allaient se marier. Elle est allée voir les parents de son père qui sont mes ennemis numéros 1 et ils se sont ligués contre moi pour la donner en mariage.

Ahhh, donc Rama, s'est marié avec son Raoul. Comme d'habitude avec moi, quand trop d'informations m'arrivent au cerveau je bloque complètement. J'avais toutes les idées embrouillées et ne trouvait plus de mots. J'essayais de la rassurer en lui disant de ne pas en faire un plat. Finalement elle s'est calmée. Je voulais lui demander ce qui s'était passé avec Tonton Farah et Sophie, mais je n'osais pas. Déjà qu'elle était bouleversée. On parlait de Malik pour tourner un peu la page.

- en tout cas, ça m'aura servi Diouldé. Tout ceci m'a convaincu de te revoir et de me faire pardonner. Malik et Rama aussi m'ont poussé à le faire. Surtout Malik. Il a gardé beaucoup d'affection pour toi et ne cesse de me dire que si Awa et Farah n'étaient pas entré dans nos vie, peut être qu'il serait marié avec toi maintenant.

Je souris en y pensant et lui dit qu'effectivement, il fut un temps où j'étais vraiment amoureuse de Malik, mais qu'il courait deux lièvres.

- et puis maintenant c'est du passé tout ca.

- mais maintenant c'est Rassoul qui fait battre ton cœur.

Elle gardait le silence un moment

- maman, je crois que demain je vais rentrer chez moi. Je viens de discuter avec Rassoul et je crois que je vais suivre ton conseil. Mais je dois t'avouer que je ne suis pas rassurée. Pa Thierno, ne sera pas avec moi tout le temps et je ne crois pas que ces gens vont arrêter.

- ne te fatigue pas avec ces détails. Si tu stresses pour ça, tu ne vivras jamais. Retourne chez toi, change les serrures, et soit prudente. Ne change pas ton comportement, ne te dispute pas, ca contribuera à t'éloigner de ton mari car il adore sa mère. Et puis Diouldé, ferre ton homme. Tu es belle comme un cœur, soit plus coquine au lit et tu verras que tu l'auras à tes pieds.

Je baissais la tête. J'étais vraiment gênée de parler de ça avec maman Fanta. Mais elle s'en foutait de ma gêne.

- je vais t'accompagner au marché HLM, tu vas prendre des pagnes, des mailles et la nuit, fais toi belle, parfume toi et agresse le. Soit inventive, étonne le tous les soirs, Si tu fais ça, toute la journée, il ne pensera qu'à toi et à ce que tu lui réserveras la prochaine fois. Il ne songera plus aux médisances de sa mère. Et avec ta belle famille joue leur jeu. N'aie pas peur d'être hypocrites comme elle, mais en plus subtil...Ne leur montre jamais que tu as des problèmes avec ton mari. Jamais. haa diouldé, tu aurais du être comme moi. Je ne me laissais jamais faire. Je leur rendais la monnaie de leur pièce sans que mon mari ne soit au courant.

Je hochais la tête. Oui peut être que je devrais faire comme elle le dit. Mais moi, je suis une peureuse née. Il faut que j'aille chercher du courage pour les affronter. Mais elle me rassurait en me disant qu'elle serait toujours la.

- pour le déménagement, laisse tomber. N'en parle plus. Pour les talismans aussi n'en parle pas à ton mari, mais fais comprendre subtilement que tu as tout découvert à ta belle mère ou Kiné. Elles ne sont pas folles.

J'enregistrais tout et comme il faisait tard, on est allé dormir.

Le lendemain, maman avait plein de courses à faire, et moi je me suis rendu à l'école pour suivre mon dossier et heureusement, le directeur avait accepté que je fasse mes cessions de rattrapage. Cependant, il fallait encore voir les profs et leur disponibilité. Je fus quand même toute contente et me rendit au salon pour me faire toute belle. Ensuite, je suis allé voir tata fatou qui était toute contente de voir revivre. Elle s'était inquiété et je la rassurais. J'avais dit à maman que Rassoul viendrait le soir et j'ai aidé sa bonne à préparer le diner. Après la coupure du jeûn, pas de trace de Rassoul et son téléphone sonnait dans le vide. Et ce fut comme ça toute la soirée. Maman était allé se coucher car elle avait des maux de tête et moi j'étais toute inquiète car je n'arrivais pas à le joindre. Ce n'était pas dans ses habitudes de ne pas répondre au téléphone. Je pris le téléphone fixe pour l'appeler en désespoir de cause et il décrocha à la première sonnerie. Je ne savais pas quoi dire car je me rendais compte que c'est moi qu'il refusait de prendre

- allo..Allo...c'est qui ? demanda t-il au bout du fil

- c'est moi

Il reconnut ma voix et un petit moment de silence s'installait. Je me sentais un peu mal à l'aise

- depuis tout à l'heure j'essaie de t'appeler mais tu ne décroches pas. Tu es de garde ?

Il soupira

- non je ne suis pas de garde. Je suis juste fatigué. Et je m'étais endormi

- qui t'appelle Rassoul ???

C'était la voix de maman Oussey. Donc il n'était pas à la maison. Pourquoi ne me l'a-t-il pas dit simplement.

- personne man, c'est le boulot

Encore plus surprenant. Il ne voulait même pas dire que c'était moi.

- tu m'avais dit que tu viendrais aujourd'hui, finis je par dire encore déboussolée

- oui c'est vrai

Quelques secondes s'écoulèrent ou personne ne parlait et me plongeant dans une incertitude

- tu ne viens pas ?

- non diouldé. Écoutes, je crois que j'ai été assez patient avec toi et j'ai accepté tes caprices. Maintenant c'est à toi de voir. si tu veux revenir tu reviens sinon tu vois...

Je l'écoutais sans voix. Il y eut un silence assez long et il cru que j'avais coupé

- allo dit-il tu es là ?

- oui, articulais-je difficilement. Ok. Merci

Je raccrochais lentement complètement déboussolée. Qu'est ce qui s'est passé entre hier et aujourd'hui pour qu'il me parle comme ça. Surement sa maman et Kiné.

Je restais à la même place et finalement me décidais à manger et m'apprétais à aller me coucher quand maman Fanta sortis de sa chambre pour me demander si Rassoul était venu

- non, il a eu une urgence à l'hôpital, mentis je

- ha les médecins c'est comme ca. On ne maitrise jamais leur horaire. Demain il viendra

J'avais honte de lui dire ce que Rassoul venait de me dire. J'allais donc me coucher. Depuis que j'étais là, je dormais avec maman Fanta mais cette nuit, je décidais d'aller dormir dans une autre chambre qui devait dervir de chambre à Rama. Maman insistait pour que vienne dormir avec elle, mais je déclinais. J'avais envie de me retrouver seule. Dans la chambre, il y avait une armoire et dedans j'ai trouvé quelques unes de mes affaires. Et surtout un petit sac ou j'avais mis mes photos. J'étais toute contente de revoir ça et je sortais les photos ou il y avait Moha Coumba et moi lors des journées culturelles et autres petites sorties. J'en souriais bêtement jusqu'à tomber sur une photo de moi et Demba. C'était le soir de l'arrosage de Coumba et c'était ce jour qu'on avait commencé à sortir ensemble. Que de souvenirs et je restais à regarder le beau visage de Demba et me demandais ce qu'il était devenu. Je rangeais les photos et me couchais. Je n'arrivais pas à trouver le sommeil, me demandant ce que j'allais bien pouvoir faire. Peut être que je devrais juste rentrer chez moi. Mais avec la façon dont il m'a parlé, ma fiérté ne me le permettait pas. Je sentais la main de Kiné et sa mère dedans, mais dans ce cas, je me rendais compte qu'il était encore plus faible. Comme je n'avais aucune certitude, je me dis qu'il changerait peut être d'avis.

Le lendemain, très tôt, maman Fanta, frappa à ma porte pour me dire qu'elle devait se rendre à Saint louis, car une de ses amies venait de perdre son père.

- Je vais surement rester là-bas 3 jours. Je sais que tu dois rentrer, donc vas y. La bonne est habituée. Je t'appelle ce soir. Et surtout n'oublie pas mes conseils. Agresse-le.

Je ne pouvais rien lui dire sur le coup et je lui dis que j'étais désolée pour son amie. Elle partit en catastrophe, me laissant encore plus désemparée.

Je restais dans la chambre presque toute la journée, ne sachant pas quoi faire. Je reçus les coups de fil de Sokhna en fin d'après midi qui après avoir discuté de tout et de rien entra dans le vif du sujet

- c'est pa Ablay qui m'a demandé de t'appeler Diouldé. Il s'inquiète. Pourquoi tu ne rentres pas. C'est à cause de ce qu'à dit ma mère la dernière fois ?

Je ne voulais rien lui dire. Je n'en avais même pas la force. Et puis dire quoi ? je crois que toute cette histoire commençait à me dépasser.

- non je suis juste chez ma tante pour me reposer un peu.

- ne me mens pas. Hier maman et Kiné étaient allées voir Rassoul pour lui parler. Je sais que c'est plus sérieux. Reviens Diouldé

Ha donc c'était ca. Je m'en doutais bien. Elles ont du lui faire un bon lavage de cerveau.

- écoute Sokhna, ce n'est pas tout ce que tu penses. Je veux juste me reposer un peu. rien de plus.

Elle soupira

- ok. Je viendrais te rendre visite alors

- ok.

Je raccrochais avec cette boule à la gorge. Je restais au lit presque toute la journée et c'est la bonne qui vint me réveiller pour me dire que c'était l'heure de la rupture. J'appelais maman Fanta, mais il y avait du bruit et on ne s'entendait pas. Je lui souhaitais bonne nuit et retournais me coucher. Pas de nouvelles de Rassoul et bizarrement ça ne m'étonnais même pas.

Je restais les deux autres jours comme ça. Adja m'avait appelé et je lui ai juste dit que j'attendais le retour de l'école pour pouvoir savoir quand je pourrais reprendre mes examens. Elle me proposait de l'accompagner au marché le lendemain pour acheter des tissus et préparer la fête. Le soir, quand maman Fanta a appelé, je n'osais plus lui mentir et je lui ai tout raconté. Elle m'a juste écouté et m'a demander de rester et d'attendre qu'elle revienne.

Ca faisait 3 jours que je n'avais plus de nouvelles de Rassoul et j'essayais de vivre. Je voulais aller prendre mes cours, mais j'avais peur de croiser Rassoul ou un membre de sa famille. Donc je me rendis chez mon frère pour aller chez Astou ma bonne et lui demander de me ramener mes cours. Mariama m'a accompagné chez elle et je la trouvais en train de faire la vaisselle. Elle me dit qu'elle y allait chaque matin et faisait le ménage et elle me dit des choses renversantes

- tata, la dernière fois, c'est mère Oussey et tata Kiné qui sont venues à la maison. Elles ne parlaient que de toi. Elles disaient à tonton Rassoul que tu n'étais pas la seule femme sur cette terre et que comme tu sais que tonton Rassoul t'aime, tu en abuse et qu'il ne devait pas se laisser faire. Mère Oussey était dans tous ces états disant qu'elle n'a pas enfanté un garçon qui se laisse manipuler par sa femme et que ça voulait dire que ta mère était meilleure qu'elle.

J'étais ébahie et Mariama n'en revenait pas.

- tata Kiné a même dit que depuis le début, elle l'avait prévenu car partout ou elle allait pour qu'on regarde notre relation, on lui disait que cette femme n'est pas venue pour le mariage et que c'est juste par intérêt.

Je me suis levée brusquement. Je ne voulais plus rien entendre. Sinon, elle aussi je la connais, elle met parfois des couches de beurre supplémentaires. Je l'ai même soupçonné un moment d'avoir amené les talismans trouvés dans la maison. Sans faire de commentaires, je lui demandais juste de me ramener mes cours le lendemain en lui précisant qu'elle ne devait pas le dire à Rassoul.

Le soir même, je reçus un message de Rassoul ou il avait juste mis « salut ». Je l'ai supprimé sans y répondre et le lendemain, je suis allé récupérer mes cours et heureusement, la direction avait programmé mes rattrapages pour après la fête de korité. Je me plongeais dans les révisions et ça me permettait de ne pas trop penser à Rassoul. Le soir même après 4 jours d'absence, maman Fanta rentrait à mon plus grand bonheur. Dès son arrivée, elle me demandait de lui racontait tout. Au dela de tout j'avais honte. Oui, une honte indescriptible. J'avais honte de dire que mon mari, qui avait au moins 10 ans de plus que moi se laissait manipuler comme ça par sa sœur et sa mère. J'avais honte de constater que je ne comptais pas autant pour lui, au point qu'il puisse si facilement me demander de ne pas revenir si je voulais. Oh oui, j'avais honte. Néanmoins je racontais tout à maman et elle se tut un moment. Elle était sur le point de rappeler tonton Thierno, mais je le retins en lui disant que je ne voulais pas toujours compter sur les marabouts.

- mais qu'est ce que tu compte faire Diouldé ?

Je n'en savais absolument rien.

- pendant ton absence j'ai pensé à rentrer en Guinée, mais je ne peux pas passer ma vie à fuir. J'ai songé à ravaler ma fierté et rentrer quand même, mais dans ce cas, jamais Rassoul ne me respectera jamais. Je ne sais pas quoi faire maman.

Ma voix s'était brisée. Je n'avais pas pleuré depuis et je ne voulais pas le faire. Mais j'avais une boule à la gorge et le cœur gros.

Maman se tut semblant réfléchir

- reste ici le temps qu'il faut pour régler ça. Ton mari reviendra à la raison j'en suis sure. Donne-lui le temps.

- Non maman, je veux juste continuer mes études et trouver du travail. Si je termine cette année, je pourrais commencer à bosser, et être responsable.

Elle ne disait rien et j'essuyais furtivement les larmes qui ont quand même tenues à sortir.

- maman, ne t'inquiète pas pour moi. Ça ira.

Elle semblait plus émue que moi et finalement je parlais d'autre chose. Je lui dis que je révais d'aller à St louis car j'adorais cette ville et elle se déridait et parlait effectivement de la beauté de la ville et des extravagances lors des funérailles.

J'allais me coucher un peu tard et me plongeais dans les cours sans parvenir à me concentrer. Vers minuit, je reçus un appel de Rassoul que je ne décrochais pas. Il essayait encore et je finis par éteindre le portable.

Le lendemain, je suis allé retirer un peu d'argent et allait faire quelques courses pour mes études. J'avais décidé d'aller le soir prendre quelques affaires chez moi. C'était mercredi et d'habitude, Rassoul était de garde. Maman Fanta m'avait prévenue qu'elle viendrait tard, car elle devait diner chez une amie. Donc juste après 20 heures, je pris un taxi pour me rendre aux hlm. Avant d'entrer je restais dehors pour voir s'il y avait de la lumière et comme tout était sombre, j'introduisis ma clé, mais elle bloquait. Je tournais encore et toujours ce blocage. J'allais retirer quand la porte s'ouvrit brusquement.

Rassoul se tenait devant moi torse nu et avec juste un pantalon de jogging. Surprise je restais sur place à le regarder. J'hésitais entre fuir ou entrer quand même prendre mes affaires. Et ce con qui ne bougeais pas et me regardait comme un fou

- Diouldé ?

- je suis venu prendre mes affaires, répondis-je d'une voix hésitante. je croyais que tu étais de garde

Le revoir après presque une dizaine de jours de froid me laissait vraiment gauche. Je ne savais même pas quoi faire. Il ne dit rien et continuait à me regarder fixement. Il avait un peu maigri et avait laissé pousser barbe et cheveu. Il avait un air négligé qui le rendait...sexy.

- j'ai annulé, je ne me sentais pas bien...entre, finit-il par dire en se poussant.

J'entrais en prenant soin de passer loin de lui. Il me suivait à l'intérieur et en silence, j'essayais de prendre un sac de voyage au dessus de l'armoire. Je n'y arrivais pas et il ne bougeais pas de la porte de la chambre où il se tenait. Finalement, je voulus sortir pour aller chercher une chaise au salon, mais il ne bougeait pas du chemin, et je fut obligé de rester devant lui. Comme il ne se poussait pas

- Rassoul, je veux passer

- Diouldé, arrête. J'ai essayé de t'appeler, mais tu ne prenais pas ton téléphone

Je ne dis rien et je ne le regardais même pas

- s'il te plait laisse-moi passer, demandais-je encore

Il voulut me prendre la main, mais je me reculais et le poussais pour passer. Heureusement qu'il s'est poussé car avec mes petits bras, je ne pouvais pas le faire bouger.

Je pris une chaise et en entrant dans la chambre, je ne trouvais plus le sac sur l'armoire. Il a du le prendre et le cacher. Sans rien demander, j'ouvris l'armoire et sortais rageusement mes habits.

- Diouldé je t'en prie écoute moi

-...

- comment en sommes nous arrivé là ? je ne te comprend pas. Qu'est ce que je t'ai fait pour que tu décide comme ça de me quitter ?

Il s'était levé et s'était approché de moi. Je ne disais toujours rien et sortais mes habits de l'armoire.

- Diouldé

- ne m'appelle pas Rassoul, laisse moi tranquille.

- non je ne peux pas te laisser ma chérie.

Il s'était approché un peu trop près et je me suis retourné pour le pousser. Mais il m'a tenu les mains.

- laisse-moi Rassoul. Ne me touche pas. Je ne suis plus ta femme

- calme-toi. tu es et tu resteras ma femme

- tu oses le dire à ta mère ? Ou à ta sœur ? tu oublies qu'elle t'on bien dit que je n'étais pas la seule femme sur terre. Et que vu que tu es un homme, un vrai, tu ne devais pas accepter qu'une femme te manipule. Comme je te manipule, il faut me laisser tranquille comme ça tu peux aller vivre chez ta mère. Et je ne te fatiguerais plus.

J'avais débité cela d'un trait et en voyant son visage se décomposer, je compris que j'en avais peut être trop dit. Et je le pensais. Je ne devais rien dire.

- qui t'as dit tout ca ?

Il ne me lâchait toujours pas, et tenais fermement mes mains.

- pourquoi ? Ce n'est pas vrai ce que je te dis ?

Je ne devais pas, mais je me mis à pleurer. J'avais tenu tous ces jours. Même quand j'avais vraiment le bluzz, je me cherchais une activité pour oublier. Mais d'un coup, tout sortait et je me mis à pleurer. Il me poussa à lui et me serra fort en me caressant les cheveux. Je devais le repousser, mais je n'en avais même pas la force et quand il a commencé à m'embrasser, je me suis retrouvé à répondre en l'enlaçant. Ensuite, les choses se passèrent trop vite. Il m'avait enlevé mes vêtements et en un rien de temps, je me retrouvais en slip devant lui. Je devais partir.

- Rassoul, laisse-moi, lui demandais-je en essayant de tenir ses mains qui parcouraient tout mon corps.

- Diouldé, je t'en supplie, tu m'as tellement manquée. Je t'aime tellement

- non tu ne m'aime pas,

Il ne s'arrêtait pas. Ses mains, sa bouche, son souffle sur mon corps...on se retrouvait au lit et dans mon subconscient, je savais que je ne faisais pas la bonne chose....


On était dans les bars l'un de l'autre. Il était juste derrière moi et me serrai fort comme s'il avait peur que je ne m'échappe. J'ai essayé de me libérer, mais il a plus resserrer son étreinte

- Rassoul lâche-moi, je dois partir

- Non, reste avec moi, répondit-il en déposant des baisers sur mon cou.

J'essayais de le repousser à nouveau et je laissais tomber car il était plus fort

- Diouldé, je sais que j'ai déconné sur ce coup. Mais je pensais que tu reviendrais si je te posais cet ultimatum. Je ne pensais pas que j'envenimais les choses

- c'est toi qui pense ou ta mère ?

Je le sentais se crisper et un moment je pensais qu'il allait s'énerver, mais il soupira il posa sa tête sur la mienne.

- laisse ma mère en dehors de ça. Réglons notre problème.

- mais justement ta mère et ta sœur sont des parts entières de nos problèmes.

A ce moment, il me fit me retourner et on se fit face.

- regarde-moi Diouldé, regarde-moi bien. Doutes-tu un seul instant de mon amour pour toi ?

Je l'observais. Je ne doutais pas de son amour non, mais à ce stade, il ne suffisait plus pour que j'aie à nouveau confiance

- non, mais il ne suffit pas.

- donc tu veux que je me sépare de ma mère et de ma sœur pour toi ? demanda-t-il doucement en s'approchant encore plus

- tu ne peux même pas dire à ta mère que tu veux que je revienne et tu penses que je peux vous séparer. Je ne t'ai jamais demandé de te séparer de ta famille. Et ne t'attends pas à ce que je te dise quoi faire Rassoul. Je ne te demande rien. Rien du tout. Tu m'as demandé de choisir, j'ai choisi de ne pas revenir. Maintenant laisse moi partir, je n'ai pas dit à maman Fanta qui je venais ici

Il me regardait fixement, mais j'étais sérieuse.

- donc que veux tu que je fasse ?

Je soupirais et le regardais en déposant un bisou sur son menton.

- fais comme d'habitude quand il s'agit de moi, rien. Rassoul, ne fais rien.

Il fronçait les sourcils et prit un air très triste. Mais il ne se décidait pas à me lâcher et au contraire, s'est penché pour m'embrasser. Je me laissais faire et je sentais qu'il recommencer à s'exciter. Je me suis mise à le caresser, tout en retenant ses mains pour éviter qu'il ne me touche. Quand il a commencé à gémir, je me suis levée d'un coup.

- Diouldé, mais qu'est ce que tu fais ?

Je ramassais mes habits et me dirigeais vers les toilettes tandis qu'il essayait de m'attraper. Je m'y enfermais et prit une douche rapide et m'habillais. Je sortis et il était debout au milieu de la chambre.

- Diouldé, je t'en pris ne part pas. Reste ici, demain, j'irais parler à ta tante et je te jure que ça s'arrangeras.

- ne te fatigue pas Rassoul. Je m'en vais.

Il s'est approché et je me suis sauvée rapidement vers le salon

- Diouldé, quand vas-tu me comprendre. Comment te dire que j'aime ma mère et que je la respecte. Pourquoi t'entête tu à vouloir nous mettre dans des situations de conflits.

- c'est bien de respecter sa mère et je te félicite pour ça. Mais au point qu'elle te demande de te séparer de moi et tu ne peux même pas lui dire que tu m'aime et que tu veux que je revienne. Je dois prendre ça comment Rassoul ? Moi aussi j'aime ma mère. Tu prendrais comment qu'elle me demande de te quitter. Et puis qu'est ce que je leur ai fait ? dis moi qu'est ce qu'elle me reproche ?

Il prit un air gêné et passa sa main sur ses cheveux.

- laisse tomber Diouldé

- je ne suis pas assez bien pour toi ? je suis trop paresseuse ? je suis sale ? je ne suis pas de la même ethnie que toi ? je ne suis pas assez riche ? tu savais tout ça au début, il ne fallait pas m'épouser

- laisse tomber. S'il te plait.

Il s'était à nouveau approché et se tenait à quelques cm de moi.

- je veux bien, parceque je t'aime et que je ne veux pas te quitter. Mais pas dans ces conditions. Je ne te ferais jamais faire quelque chose qui aille à l'encontre de ta famille. Comme ta mère ne veut pas, on va...

- Diouldé, arrête, criait-il en m'interrompant

Je me tus et il resta comme ça devant moi à me regardant. Sans rien ajouter, je tournais les talons et sortit. Il ne cherchait pas à me rattraper ou à m'expliquer quoi que se soit et ça me fis très mal. J'avais cette petite sensation d'être une petite pute qui était venu coucher avec lui et qui repartait sans même un petit merci. J'en versais des larmes de rage.

Arrivée à la maison, je trouvais maman Fanta au salon

- Diouldé je t'ai appelé et j'ai entendu ton téléphone sonner dans la chambre. Il est tard tu étais où ?

Je baissais la tête comme un enfant pris en faute

- j'étais sortie pour aller...

Je ne savais même pas quoi inventer. Je n'osais pas dire que j'étais avec Rassoul surtout après ce qui s'est passé

- Diouldé, tu étais ou ?

- chez Ibrahima....

- je te connais. Je sais que tu mens. Ne me dis pas que tu étais avec Rassoul.

J'étais honteuse et ne savais pas quoi lui dire. Je m'assis en face d'elle et baissait la tête en tripotant mes doigts.

- maman, j'y suis allé juste pour récupérer mes affaires. Il devait être de garde

- et ils sont où tes affaires ?

Je ne répondis rien et ma gêne a atteint son paroxysme.

- et vous avez fait quoi ?

- maman....

Je me levais, sur le point de partir

- assied toi que je te parle.

Je me rassis malgré moi

- Ecoute Diouldé, tu as quitté le domicile conjugal pour une bonne ou une mauvaise. Quoi qu'il en soit, tu ne peux pas te lever du jour au lendemain et rentrer chez toi. Ca ne se passe pas comme ça. Tu as une famille. Depuis que tu es partie, ils auraient du venir depuis longtemps. Ne serait ce que pour demander pourquoi tu as quitté ton domicile. C'est la moindre des choses. Rassoul est-il mieux que toi ? Sa famille est-elle meilleure que la tienne. Sa mère vaut-elle mieux la tienne ? moi je prend ça comme un manque de considération.

Je baissais la tête

- c'est ton mari, tu es libre de retourner chez toi quand tu veux, mais je ne veux pas de ces vas et viens. Si ton mari veut que tu rejoignes sa maison, sa famille n'a qu'à venir jusqu'ici te chercher. Calmez vos ardeurs. Ta belle mère, comme elle ne t'aime pas, elle aurait du ne pas prendre les térangas qu'on lui a amené.

- je suis désolée maman. Je ne pensais pas qu'il serait là bas. De toute façon, maman, je veux en finir. Je veux divorcer.

Elle me regardait un moment et je la voyais retenir un rire

- divorcer ? toi qui ne résistes pas quand tu vois ton mari et tu veux divorcer. Et puis dafay yombe...ton mari reviendra. Mais s'il veut te récupérer il va souffrir, lui et sa mère. Laisse-le avec moi.

Elle avait affiché un visage de « pank » (guerrière). Ensuite elle se mit à rouspéter encore sur ma petite escapade, augmentant encore ma gêne. Je m'en voulais vraiment d'avoir cédé, mais je me promis de ne plus me laisser aller comme ça.

Une fois dans la chambre, j'ai vu que Rassoul m'avais appelé plusieurs fois et envoyé des tonnes de messages. Je les supprimais sans les avoir lu et prit quand même un de ses appels.

Je lui répondais à peine et il répétait qu'il m'aimait et que demain il viendrait parler à maman Fanta et que je rentrerais avec lui. Je ne répondit rien. De toute façon, il trouvera maman Fanta ici.

Le lendemain, je me suis rendu à l'école pour mieux réviser et avec les autres étudiants, je me remis un peu à jour et ils m'expliquèrent des choses que je n'avais pas comprises. J'y restais toute la journée et au retour, Adja insistait pour que j'aille chez elle. Elle voulait qu'on parle encore de Rassoul. Je savais qu'elle était très complice avec lui et l'appréciait. Donc Rassoul l'avais appelé pour qu'elle me parle et elle devait me convaincre de changer d'avis. J'appelais donc maman pour lui dire que j'allais chez Adja pour la coupure. Elle ne me faisait pas confiance et me posai des tonnes de questions qui me faisaient rire. Finalement je passais une bonne soirée en famille et ça m'aidait à décompresser un peu. Comme c'était le ramadan, on a diné tard. Comme mon portable s'était éteint, mais j'avais envoyé un message à maman Fanta sur le portable d'Adja pour lui dire que j'allais être en retard, surtout avec Adja qui déroulait tout un discours pour que je rentre chez moi car Rassoul m'aimait et c'était l'essentiel. Vers 22h, j'ai prit congé et c'est le frère d'Adja qui m'a déposé avec sa voiture, avec Adja à bord car elle voulait connaitre la maison. Une fois devant la maison, Adja avait préféré ne pas rentrer et son frère m'a raccompagné jusqu'à la porte avant de repartir.

Je fus très surprise de trouver Rassoul au salon, malgré l'heure tardive avec maman Fanta.

- Diouldé, j'ai essayé de t'appeler à plusieurs reprises, commença maman

- ma batterie est plate.

Je m'assis après avoir salué rapidement Rassoul qui ne me répondais même pas

- Rassoul est là depuis un bon moment. On a aussi beaucoup parlé.

Je jetais un coup d'œil rapide à Rassoul qui avait baissé la tête.

- Il est venu me dire qu'il souhaiterait que tu rejoignes ta maison car tu es sa femme et qu'il ne veut en aucun cas te perdre. Mais je lui ai dit bien clairement que tu as quitté ta maison pour une bonne raison. Maintenant le mariage c'est entre deux familles. Qu'un responsable de sa famille vienne discuter avec nous. C'est comme ça que ca se passe.

Je ne dis rien et la regardais.

- il m'a assuré qu'il en parlera à ses parents. Mais en attendant, tu resteras ici. C'est toujours ton mari, il peut venir quand il veut. Mais pour que tu rentres, il y'a un protocole.

Elle est encore restée à nous conseiller de toujours rester unis. Elle disait aussi qu'on était jeune et qu'on avait encore pleins de projets. Au bout d'un moment, Rassoul s'est levé pour partir. Il n'avait pipé mot depuis que je suis venue, et je me levais pour l'accompagner. Une fois à la porte, il est resté un moment à me regardé

- tu étais où Diouldé ? demanda t-il soudain

- chez Adja pourquoi ?

- et tu restes là bas jusqu'à cet heure ? tu me prend pour un con ou quoi ? Et puis j'ai entendu une voiture te déposer et tu es sorti avec un homme. Je te rappelle que tu es une femme mariée. Que ça soit la dernière fois que tu sors jusqu'à certaines heures. Tu penses que tu es libre maintenant et que tu peux faire du n'importe quoi ? Je n'aime pas ça.

J'étais partagé entre le rire ou les larmes...de dépit.

- tu rigoles n'est ce pas ? Demandais-je au bout de quelques secondes de silence

- j'ai l'air de plaisanter ?

Non, il ne plaisantait pas, il grinçait des dents et avait froncé les sourcils

- tu sais quoi Rassoul, ne me fatigues pas avec tes crises de jalousie. Tu me connais. Je ne suis pas irresponsable. C'est pas parcequ'on a des problèmes que je vais me mettre à faire du n'importe quoi. Mais tu me prends pour qui ?

J'étais un peu énervée et avant qu'il ne dise autre chose, j'avais tourné les talons, mais je me suis retourné à nouveau

- toi vraiment tu te fous de moi Rassoul. Quel visage de dévergondée je t'ai montrée pour que tu me parle comme ça ? m'as-tu ramassée dans la rue ?

Il s'est passé la main sur les cheveux et a secoué la tête

- mais tu as vu l'heure ?

Sans répondre, je suis partie, le laissant au pas de la porte. Non mais, il me prenait pour quoi à la fin.

Je me couchais énervée et vraiment contrariée. J'en ai parlé à maman Fanta qui m'a demandé de laisser tomber car il était sous pression et de le comprendre.

Les jours suivants, je me rendais à l'école pour réviser et aussi pour discuter avec Adja. Rassoul m'appelait de temps en temps et au début je ne voulais pas décrocher, mais finalement je répondais et on discutait tranquillement. Il me demandait des nouvelles de mes études, et m'encourageait. Sans plus. Qand il voulait aborder les choses plus sérieuses, je lui disais que je ne voulais pas en parler tant qu'il ne ferait pas ce que maman Fanta avait demandé.

Quelques jours après, j'avais décidé de passer voir Ibrahima à sa boutique et il m'a alors prévenu que mon oncle voulait que j'aille le voir. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m'a répondu qu'il lui avait dit que j'avais quitté le domicile conjugal. Je me suis alors disputé avec lui en lui disant qu'il n'avait qu'à se mêler de ce qui le regardait. Crétin va.

Avant même de rentrer, je décidais d'aller à Grand Yoff pour le voir. J'y suis donc allé le cœur battant, m'attendant au pire.

Je le trouvais au salon et je l'ai salué le plus respectueusement possible, espérant que ça allait atténuer les choses. Que nenni. Son regard noir...resta noir.

-Kaaw, Ibrahima m'a dit que tu voulais me voir

- Diouldé,tu n'as pas honte. Comment oses-tu revenir chez cette femme. Après tout ce qu'elle t'a fait ? tu n'as donc pas d'amour propre ?

Je gardais le silence. Je trouvais ses paroles injustes mais je n'osais rien dire.

- en plus tu quitte le domicile congugal. Dans la famille personne ne quitte son mari. Mais toi tu ne fais pas partie de nous. Tu as été éduqué par cette femme et voici les résultats. Tu es comme eux. Tu ne respecte rien, ni personne. Tu es une vraie oulof maintenant. Quand il s'est agit d'épouser ton cousin, tu as refusé, préférant t'unir avec un homme d'une autre culture, mais tu vas assumer. Tu vas retourner chez toi et je t'interdis de remettre les pieds chez cette femme. Vas prendre tes affaires, je te ramène chez ton mari.

- kaaw, arrête de dire cela. Maman Fanta, malgré tout ce qui s'est passé est celle qui m'a éduqué, m'a amené à l'école et après ma mère, c'est elle que je considère le plus car elle a fait beaucoup pour moi. Je suis chez elle et je ne bougerais pas.

- tais-toi. Tu n'a aucune éducation.

Je reçus un coup de chapelet très douloureux au bras et sentant qu'il était prêt à faire plus, je me suis levée pour partir rapidement. J'allais être le centre de bavardage de toute ma famille et surtout, ma mère allait bientôt être au courant. Le soir même, j'ai expliqué à maman Fanta la discussion avec mon oncle en évitant bien sur de répéter les propos malveillant de mon oncle à son propos. On a alors décidé d'appeler ma mère le lendemain pour lui expliquer.

Et elle le prit mal au début. Mais maman Fanta lui a expliqué la situation, les talismans qu'on avait trouvé, les comportements de maman Oussey et Kiné et surtout le manque de réaction de Rassoul. Elle la rassurait en lui disant qu'elle voulait juste parler avec elle, leur faire comprendre aussi que j'avais une famille derrière moi et qu'elle ne devait pas penser qu'on m'avait ramassé dans la brousse. Elles me devaient un minimum de considération. Finalement elle a rallié à notre cause, mais en disant qu'elle ne voulait pas que ça dure.

On est resté encore presque une semaine sans qu'il ne se passe grand-chose à part des coups de fil de Pa Ablaye qui voulait que je vienne le voir pour parler, ou encore Sokhna qui me suppliait de revenir. Il y avait aussi des amis de Rassoul qui sont passés pour me convaincre, mais je faisais du dilatoire, rigolant avec tout le monde, mais campant sur mes positions. Mais les choses étaient allé trop loin je crois. Plus le temps passait, plus j'avais honte. un peu plus de 2 ans de mariage et je me retrouvais dans cette situation. C'était du gâchis, mais j'essayais de paraitre joyeuse, même si au fond de moi c'était comme un château de carte qui s'effondre. Adja semblait étonnée que je prenne les choses comme ça, mais je ne voulais pas lui dire dans quel état intérieur je me trouvais.

Un jour Rassoul est passé à l'école. Il avait appelé avant pour me situer et est arrivé rapidement. Je ne savais pas pourquoi il voulait me voir. Comme je ne faisais pas encore cours, j'étais juste dans un banc de la cour en train de réviser. Il s'est assis à côté et m'a salué. Il est resté comme ça pendant de longues minutes sans rien dire. Quand il a enfin parlé c'était pour me demander encore une fois de rentrer. J'ai juste souri

- tu sais je crois que tu ne sais pas ce que tu veux. Maman Fanta t'a juste demandé de faire venir ta famille pour qu'on discute. Ce n'est pas la fin du monde.

- elles le feront, mais tu peux rentrer.

Je lui expliquais que je ne le ferais pas

- j'ai l'impression que je suis revenu en arrière quand je te faisais la cour. C'est terrible. La nuit, je me sens tellement seul, le jour, je ne pense qu'à toi. Tu me manque Diouldé.

Je soupirais sans rien dire

- s'il te plait passe me voir ce soir. Après tu rentreras.

N'importe quoi. Il pensait pouvoir satisfaire sa libido comme ça. Je me mis à rigoler.

- tu n'as vraiment aucune considération pour moi quoi? Tu penses que je vais venir, coucher avec toi et après rentrer comme une voleuse. Je vaux plus que ça. Si tu veux me revoir dans ton lit, fais ce qu'il y a à faire. Parle à ta mère ou alors qu'elle te trouve une autre épouse comme ça tu ne seras plus seule.

- tu exagères Diouldé. C'est toi que je veux.

- dis la à ta mère. Pas à moi.

- tu as le bonjour de Pa Ablaye. Il est un peu souffrant ces temps ci

Je lui demandais ce qu'il avait et il me rassurait en disant que c'était une petite grippe. Ensuite, il m'a tendu une enveloppe

- tiens prend ça. Pour la fête

- c'est bon Rassoul garde ton argent. Je n'ai besoin de rien.

Il a insisté un moment avant de me dire qu'il allait le mettre sur mon compte car il avait l'obligation de m'entretenir car j'étais sa femme. Il ne partit pas et resta à me regarder un bon à discuter de l'état de santé de Pa Ablay, puis me dit qu'il avait pris deux jours pour se reposer car il ne se sentait pas très bien ces temps ci. Ça me rendait quand même triste de voir notre relation s'en limiter à ça. J'avais juste envie de le réconforter car je sentais vraiment que ça n'allait pas. Mais je me retins. Au moment de partir, il se retournait

- si tu savais à quel point cette situation me pèse. J'ai l'impression que le ciel me tombe sur la tête. je ne comprend pas.

Je gardais le silence et il est parti après un bref salut.

Quand Adja est sorti, je lui ai raconté ma discussion avec Rassoul et salace comme elle est, elle a trouvé l'idée ingénieuse

- c'est ton mari non ? Vous ne commettez aucun péché. Vas-y, provoque-le et laisse-le en plan. Je te jure que demain, il viendra te chercher.

- toi tu m'étonnes. Pourquoi tu es aussi bandit ?

- diongué rek, beuri fème...disait-elle en faisant des manières avec ses yeux.

Adja c'était le genre de fille très jolie, avec un beau teint caramel, des yeux magnifiques et un derrière impressionnant. Même moi, je ne pouvais m'empêcher parfois de la reluquer. Elle portait des habits chics et avait toujours de l'argent. Elle était aguicheuse à souhait et parfois elle faisait miroiter juste un baiser et sans jamais le donner, elle pouvait en tirer beaucoup d'argent. Et quand le gars se montrait pressant, elle le larguait. Donc elle s'y connaissait en matière de coquinerie et autres petites cochonneries

- vas-y et fais ce que je te dis. Chauffe-le et au moment critique barre-toi. Dis lui que s'il veut plus il n'a qu'à se bouger. Je ne te dis pas d'y aller et de te laisser séduire.

Je la regardais comme une folle et elle m'expliquait ce qu'il fallait que je fasse, ce qu'il fallait que je mette. Finalement j'ai crié en lui disant de se taire.

Le soir même, j'ai trouvé tata Fatou à la maison en train de discuter avec maman Fanta. Elles m'ont demandé de venir m'assoir

- ma fille, ça fais un bon bout de temps que tu es là et ta belle famille ne s'est pas décidé à venir pour discuter. Je disais à Fanta, que tu ne devais pas mettre en péril ton ménage pour deux personnes qui sont dans leur ménages et gèrent leur foyer. Ton mari est passé à la maison pour me parler et me dire qu'il t'aimait beaucoup et voulait que tu reviennes. Il m'a dit que sa mère restera sa mère et qu'il ne pouvait en aucun cas lui tourner le dos. Je le comprends. C'est juste un conseil que je te donne. Rejoins ton domicile et montre leur que tous leurs plans ont échoué. Occupe-toi de ton mari. Ta belle mère, l'occasion de lui parler se présentera.

Je ne dis rien et maman Fanta semblait du même avis. Je la remerciais et promis d'y réfléchir. Je ne savais quoi penser. Et depuis quelques jours, cette situation commençait à me peser. Je voulais vraiment rentrer chez moi et puis mon mari me manquait. Je voulais donner une leçon à Rassoul, mais finalement, j'ai juste compris qu'entre Rassoul et sa mère, y'avais rien à faire. Mais je ne pouvais pas rentrer comme ça du tac au tac. J'appelais souvent Pa Ablaye pour voir son état de santé et il allait beaucoup mieux. Je voulais même aller le voir mais entrer dans cette maison, dans la situation actuelle me pesais. Il fallait que je fasse quelque chose.

La semaine suivante, un soir, de mercredi, à une semaine de la fête, maman Fanta m'a appelé pour me dire qu'elle n'allait pas rentrer car elle s'était rendue à Thiès le matin pour apporter des marchandises dans un de ses magasins, et qu'il faisait tard. Donc elle préférait rester. Je me mis à tourner en rond et d'un coup, je me suis levée et j'ai revêtu un pantalon et un joli haut en bustier avec une fermeture devant. C'était une joli trouvaille que j'avais récupéré dans l'armoire de Rama. Je suis d'abord sortie, puis je me suis ravisée et suis entrée dans la maison. Cette. Maintenant, je comptais juste appliquer la méthode de Adja et voir ce que ça allait donner. A ce moment, Rassoul m'a appelé et me disait que je lui manquais et il se sentait trop seul. J'ai répondu évasivement et cette fois, j'ai arrêté un taxi et je suis partie.

J'ai sonné, sans réponse. J'ai à nouveau sonné et toujours pas de réponse. J'allais repartir quand la porte s'est ouverte. Il était vraiment étonné de me voir et comme d'habitude quand il dort, il avait juste un pantalon de jooging. Sans un mot, je suis entrée et je suis resté dans le couloir à l'entrée. Il souriait bêtement

- cache ta joie. Je suis juste venue prendre un truc

- habillée comme ça, répondit-il en me regardant de bas en haut.

Il s'est approché et je n'ai pas bougé. Il a prit le bout de la fermeture éclair du bustier pour tirer un peu et en a profiter pour regarder à l'intérieur. Il a vu que je n'avais rien en dessous et j'ai vu ses yeux briller.

- laisse tomber, je dois partir, dis-je en essayant de le pousser

- hors de question. Tu ne bougeras pas d'ici.

Joignant le geste à la parole, il m'a enlacé et avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il a commencé à m'embrasser. Il voulait faire descendre la fermeture du bustier, mais je le maintenais fermement avec ma main.

- quoi Diouldé ?

- je ne suis pas venue pour ça Rassoul.

J'essayais de lui parler, mais il ne m'écoutait pas et s'acharnait sur le bouton de mon pantalon. Là j'avais appliqué une technique d'Adja. Après avoir boutonné, j'ai bien recousu par-dessus. Donc presqu'impossible de l'ouvrir sans une lame. Il tirait dessus un moment avant de revenir au bustier qu'il est quand même parvenu à ouvrir. On été sur le canapé et un moment c'est devenu vraiment chaud mais ce foutu pantalon le rendait fou

- Diouldé, comment as-tu fait pour enfiler ça ? demandait-il en tirant dessus

Je lui prit les mains et me levais. Je lui ai demandé de me suivre dans la chambre et en deux temps, trois mouvements (ou moins), il s'était débarrassé de son pantalon. Et je me suis mise en califourchon sur lui. Il continuait à tirer sur le pantalon. Je me suis penchée à ses oreilles pour lui souffler

- dis, tu veux vraiment que je revienne ?

Il avait le regard voilé et n'avais pas les idées bien claires. Je le savais car je le connaissais bien. A certains stades, les méninges ne bougent pas. Il répondait juste oui à toutes mes questions.

- trouve un autre logement et dès que ca sera fait, dis à Pa Ablaye de venir discuter avec maman Fanta et je te jure que je reviendrais sur le champ.

Il me regardait

- c'est vrai ?

Je me suis levée d'un coup et je me suis enfuie vers le salon. Il m'a poursuivi, mais j'ai vite ramassé mon haut et j'ai ouvert la porte d'entrée pour me retrouver dehors sur le couloir le temps de zipper le bustier.

- Diouldé qu'est ce que tu me fais là ? Tu n'oses pas rentrer. Regarde comme je suis.

Il avait enfilé en vitesse un pantalon, mais ca se voyait quand même...

- non, je rentre. Tu as entendu ce que j'ai dit. Fais-le.

J'ai tourné le dos et je suis partie rapidement. Comme il faisait tard, je me suis engouffré dans les petites ruelles et j'ai pris le premier taxi.

Avant d'arriver le téléphone a sonné et c'était encore lui qui me demandait encore de revenir.

Les jours suivants, les choses sont allées très vite. Le lendemain, un courtier m'a appelé pour me dire que c'était Rassoul qui nous avais mis en rapport et qu'il avait des appartements à louer à me montrer. Je n'avais pas envie de sortir, mais Rassoul m'a appelé pour me crier dessus en me disant que je ne savais pas ce que je voulais. Donc je me suis secoué et j'ai demandé à Adja de m'accompagner et avec le courtier on a visité 3 appartements et j'ai craqué sur un sublime 3 pièces. Le lendemain, vendredi, Rassoul a versé l'argent et le courtier lui a remis les clés. Le samedi, Rassoul est venu parler à Maman Fanta pour lui dire que le lendemain son père sera là. Ce samedi en l'accompagnant, il voulait que j'aille avec lui, mais je savais où il voulait en venir et j'ai refusé. De toute façon, la korité était pour le mardi ou mercredi. Pa Ablaye est effectivement venu avec son frère et ils ont trouvé maman Fanta et tata Fatou. Je n'étais pas présente quand ils discutaient et à la fin, ils m'ont juste appelé pour me donner des conseils. Le soir même, Rassoul était de garde donc il m'a demandé d'attendre surtout que les affaires étaient dans un désordre total. J'y suis allé pour ranger et c'était la veille de la fête. Rassoul, ne voulant surement pas de problème avec sa mère, m'a proposé de rester chez maman Fanta le jour de la fête et le soir, il passerait me prendre pour qu'on aille dire bonjour à sa mère. Mais je refusais

- pas question. Demain, on va passer la journée chez ta mère et le soir, on va aller rendre visite à Kiné. C'est fini, ne t'inquiète pas. Il n'y aura plus d'histoire.

Je le rassurais, mais en mon fort intérieur, c'était le début de la guerre. Elles ne m'aimaient pas, je les détestais milles fois plus. Et j'avais bien l'intention de le leur montrer. Et tout en subtilité comme disait maman Fanta.

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