Partie 17
Le soir de notre retour, Rassoul voulait qu'on aille dire bonjour à sa mère. Depuis le baptême je n'y avais pas mis les pieds. Je rechignais en boudant un peu, mais il m'enlaçait en déposant des bisous sur mon visage et en disant plusieurs « s'il te plait, s'il te plait ». Finalement, je l'accompagnais et comme le ramadan devait commencer le lendemain, ca tombait bien. On y est allé à pied et Pa Ablaye comme à son habitude fut très content de me voir, de même que Sokhna. Les jumelles qui avaient fait l'effort de venir une ou deux fois chez moi aussi étaient sorties pour m'accueillir. Maman Oussey était sortie et je m'installais au salon avec Pa Ablay et on discutait tranquillement quand on a entendu la voix de maman Oussey qui saluait et comme d'habitude rouspétait et malheureusement, elle ne savait pas qu'on était juste à côté
- c'est vraiment abusé. Rassoul est parti avec sa femme depuis vendredi et ils devaient revenir hier. « Diébarame bou fouye bobou » (Sa femme là qui se croit supérieure) est en train de le ruiner avec ses weekends à Saly. Hannn. Depuis tout à l'heure j'appelle Rassoul, mais il ne répond pas alors qu'il doit me donner l'argent pour le ramadan.
Tout le monde avait entendu au salon et c'est Sokhna qui l'interrompit
- MAMAN
Elle a enfin regardé vers le salon et nous vit. Son visage se figea juste un instant avant d'afficher un large sourire.
- Haa ma fille...vous êtes revenus. Je m'inquiétais. Rassoul je t'appelle depuis tout à l'heure
- j'ai laissé mon portable à la maison. Dit-il en me regardant pour voir si j'avais entendu ou pas.
Mais tout le monde avait entendu. Mais je fis comme si de rien n'était tout en sachant qu'il ne dirait rien à sa mère. Comme d'habitude, je devais prendre sur moi. Elle me demandait si le weekend c'était bien passé et je répondis en souriant comme elle. Pa Ablay je crois était le plus gêné car il se leva et sorti à tâtons sans un mot pour sa femme. Je restais encore un peu puis je fis un signe à Rassoul car je voulais rentrer. Il se leva et une fois à la porte, me dit qu'il avait oublié son portable et est rentré pour soit disant le récupérer. Je ne dis rien sachant que le portable était à la maison et que c'était juste une excuse pour pouvoir rentrer et parler à sa mère. J'étais dépitée. Il dura à l'intérieur et finalement je commençais à marcher pour rentrer. Je croisais Sokhna qui m'accompagnait finalement et essayant vaguement d'excuser sa mère. Je lui souris et lui dit que ce n'était pas grave et que je commençais à m'habituer. Elle éclata de rire et je fis de même et on discutait jusqu'à la maison. Je la fis entrer et lui demandait de rester le temps que Rassoul arrive. Il est venu un quart d'heure plus tard en racontant du n'importe quoi. Je ne disais rien et sortait un plat du frigo pour réchauffer. On dinait en silence et je me couchais juste après. Il est venu quelques minutes plus tard se coller à moi et commencer à m'embrasser. Je voulus le repousser, mais il me disait qu'il avait trop envie de moi et je le laissais faire. Juste après, alors qu'il voulait encore recommencer, je le repoussais
- Rassoul, arrête et écoute moi
Il s'arrêta mais continuais avec son regard câlin en me caressant. Je pris ses mains fermement et me levais. Je me couvrais le corps et m'assis à l'extrémité du lit.
- Rassoul, commençais-je doucement. Il faut vraiment qu'on parle
Il se redressa d'un coup et me regardais avec étonnement
- qu'est ce qui se passe Diouldé ? J'ai fais quelque chose de mal
- non rien, mais c'est juste que cette maison me rappelle trop de souvenirs et je voudrais déménager.
Depuis des jours j'y songeais. Tout ce qui m'était arrivé c'était un peu la faute de ma belle famille. Et ils habitent à deux pas. Donc peut être que si je m'éloignais un peu, je réduirais considérablement les contacts et donc j'aurais moins de problèmes avec mon mari. C'était décidé je devais déménager pour mon bien. Bien sur, maman Oussey aura toujours cette influence sur son fils mais je n'avais pas envie de toujours de la voir et de me faire rabaisser devant mon mari qui en trouvais jamais rien à dire.
Rassoul gardait toujours le silence et lui aussi se redressait et recouvrit son corps nu. Il poussa un gros soupir et s'adossa au lit
- je t'ai dit que je suis sur un projet pour l'achat d'une maison. Je te demande juste de patienter un peu.
- non je ne veux plus patienter. Je veux partir. Ton projet n'a rien à voir avec le déménagement. Tu ne veux juste pas t'éloigner de ta mère. Mais moi j'en ai assez. Je veux juste partir. Prend le comme tu veux, mais ca me dérange de cohabiter comme ca avec elle et de toujours entendre des méchancetés de sa part. Tu as entendu tout à l'heure ce qu'elle a dit
- c'était rien de méchant, je savais que tu allais encore une fois monter sur tes grands chevaux pour ca.
Il prit un air excédé et secoua la tête et se leva pour entrer dans les toilettes sans rien me dire. Je restais à la même place jusqu'à ce qu'il ressorte et je le vis enfiler sa tenue pour la prière et sortir de la chambre sans un mot. Je me couchais finalement et trouva difficilement le sommeil.
Je n'en parlais plus et comme on était déjà au début du mois de novembre, je me rendis à mon école pour m'inscrire. Comme les derniers examens m'avaient trouvé souffrante, je n'avais pas bien travaillé et je devais reprendre certaines matières. Mais la période des reprises était dépassée et je devais donc reprendre mon année scolaire. Je leur proposais de faire une petite exception en leur expliquant ma période de deuil, et la secrétaire me promit d'en parler au directeur mais que je devais quand même apporter un certificat médical ou un billet de l'hôpital. Je rentrais donc toute dépitée à la maison. Le soir, je voyais qu'il me faisait toujours la tête et prétextais d'aller faire ses nafilas avec son père pour partir. Je restais à l'attendre jusque tard le soir et à son retour, je réchauffais le plat et quand je servis, il me dit qu'il avait déjà mangé chez sa mère. Il me cherchait, mais je ne dis rien. J'allais donc me coucher sans lui avoir parlé du billet médical. Le lendemain, j'allais à l'hôpital pour rencontrer Mme Gaye, la gynéco pour lui en parler et voir comment elle pourrait m'aider. Comme je n'avais pas de rendez vous et je n'en avais pas parlé à Rassoul, je restais devant le bureau à attendre qu'elle sorte pour lui parler et j'y passais toute la matinée. Un moment la secrétaire eut pitié de moi et me fit entrer et quand je lui expliquais, elle me fit sur le champ un certificat médical qui justifiait mon absence durant les rattrapages. Je sortis un peu soulagée et en rentrant, je tombais sur Rassoul avec Kiné et Anta. Il était étonnée de me voir et moi aussi j'étais surprise de le voir avec ces deux la. Je marchais vers eux et comme je connaissais Kiné, je dis juste un bonjour pour tout le monde. Je ne me suis pas souciée de sa réponse ou pas et je me suis tournée vers Rassoul.
- qu'est ce que tu fais la ? me demanda t-il avant que je ne puisse en placer une
- j'avais rendez vous avec Dr Gaye dis je sans sourciller. Tu avais oublié ?
Il fit mine de réfléchir et secoua la tête.
- j'ai du oublier. Mais tu ne m'a rien dit ce matin
- j'avais aussi oublié. C'est en regardant les papiers que j'ai remarqué que c'était aujourd'hui.
Je ne me connaissais pas ces talents de menteuse mais bon, parfois dans certaines situations il faut improviser.
- bon j'y vais. A Tout à l'heure, dis-je avant qu'il ne me pose d'autres questions.
Sans un regard pour Kiné et Anta, je traçais rapidement. Rassoul m'appelait mais je fis celle qui n'avait rien entendu et j'ai accéléré. J'avais le cœur qui battait fort. Mais que faisaient Kiné et Anta avec Rassoul ? Rassoul ne me parlait jamais de Kiné et je ne voulais rien savoir sur elle, mais qu'elle soit avec Anta m'intriguait. Je ne voulais pas me retrouver seule chez moi car je savais que j'allais encore broyer du noir, je suis donc allé voir maman Fanta. Elle m'attendait et dès qu'elle me vit, elle me demandait ce qui n'allait pas. J'essayais de lui cacher les choses en lui disant que j'avais un coup de blues à propos de mon bébé. Elle me réconforta du mieux qu'elle put et je restais la bas jusqu'au soir. J'avais envoyé un message à Rassoul pour qu'il passe me prendre à la descente et il est venu vers 20 heures. Maman Fanta nous retins chez elle pour manger après la coupure de jeune. Finalement, il faisait tard quand on rentrait à la maison et cette fois je ne voulais pas dormir sans régler mes problèmes.
J'attendais donc qu'on finisse tous les menus détails avant d'aller nous coucher et comme ses nafilas étaient interminables, je l'attendis patiemment en regardant la télé.
- Rassoul je peux te parler, demandais je doucement
Il se couchait et se tournait vers moi
- oui ma chérie y'a un problème
- ca dépend de toi. je dois avouer que je ne te comprend pas. Après tout ce qu'on a traversé, je pensais que tu m'accorderais un peu de répit par rapport à ta famille.
Il voulut m'interrompre, mais je lui fis comprendre d'un geste de la main que je voulais qu'il me laisse terminer
- je croyais qu'on devait en sortir grandi et surtout soudé. Au lieu de ça Rassoul, tu es encore dans le dilatoire. Tu joue le jeu pour ne frustrer ni moi, ni ta mère, ni ta sœur. Mais je ne suis pas avec toi pour ça. Je n'ai pas envie toute ma vie de passer après ta famille.
- arrête de dire ca s'il te plait Diouldé. Dit-il lassement en secouant la tête
- non je te dis juste les choses comme je les ressens. Quand je te dis que je veux déménager, ce n'est pas pour que tu me fasses la tête le lendemain sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Explique-moi
J'avais la voix brisée par l'émotion et mes larmes coulaient sans que je ne puisse les retenir. J'en avais marre. Je ne pouvais pas toute ma vie aller de problème à problème.
- c'est toi qui vois les problèmes là ou il n'y en a pas Diouldé. je t'ai demandé de me laisser le temps pour le déménagement
- alors pourquoi tu me fais la tête ?
- la encore tu te fais des idées. Parce que je suis allé manger chez ma mère, je te fais la tête. Tu vois le mal partout.
- et Anta qu'est ce qu'elle faisait avec Kiné à l'hôpital ?
Il prit un air vraiment exaspéré et secoua la tête en commençant à crier un peu
- je t'ai demandé toi ce que tu faisais la bas et tu m'as raconté des histoires. Tu n'avais pas rendez vous avec Mme Gaye. Tu voulais un certificat médical et tu ne m'as rien dit.
- parce que justement tu me faisais la tête hier. Je ne pouvais rien te dire. Mais ca n'explique pas ce que faisait Anta avec toi
- c'est une patiente. Je l'ai juste aidé pour qu'elle voie un collègue. C'est tout. Tu es trop problématique. Anta je la vois comme Kiné et tu ne les supporte pas. Je n'y peut rien. Je ne vais pas me mettre à dos ma famille pour toi. Arrête un peu Diouldé. Je n'accepterais pas que tu me dises ce que je dois faire ou pas. On déménagera quand je l'aurais décidé et pas avant.
- mais je ne te demande pas ca. Je veux juste que tu joue franc jeu avec moi. Quand tu veux que je parle à ta mère dis le moi clairement, quand tu veux remettre de l'argent à ta mère dis le moi, quand tu ne veux pas déménager dis le moi que je comprenne au lieu d'être cachotier.
- tu recommences Diouldé. Tu vas m'énerver
Il commençait effectivement à s'énerver et s'est levé pour aller dans les toilettes. Je l'ai attendu patiemment et j'avais séché mes larmes. A son retour, avec calme, je me sui tourné vers lui
- cette vie ne me convient pas Rassoul. On ne peut pas dire deux mots sans se disputer. Je n'imaginais pas que ca serait comme ca avec toi. Dès que je te parle de ta mère, tu es sur la défensive et tu es prêt à tout. J'aurais voulu que tu fasses la même chose pour moi et peut être qu'elles me respecteraient plus. Je ne supporte plus tout ca. Je ne peux plus vivre comme ca. Apparemment toi aussi ca ne te conviens pas et si ca continue, on va se faire mal.
Il me regardait parler avec un air intrigué et se tenait toujours debout au pied du lit
- je veux que tu me libères Rassoul...je veux divorcer...
Je ne savais même pas pourquoi j'avais dis ca. Je ne savais pas comment on en était arrivé la. Rassoul me regardais incrédule sans rien dire.
- tu n'es pas sérieuse Diouldé ?
- si, je suis sérieuse.
Je ne voulais pas pleurer, mais j'avais le cœur gros.
- je sui désolée Rassoul, j'en suis à me demander tous les jours si tu m'aimes vraiment.
- mais bien sur que je t'aime
Il s'était assis à coté de moi et me regardais avec un air totalement perdu.
- non, tu ne m'aimes pas. Si tu m'aimais tu ne me ferais pas autant de mal. Tu ne peux pas imaginer à quel point je souffre quand je suis rabaissée devant toi et que tu ne pipes mot. Quand tu dis que c'est toi qui prends les décisions, ca veut dire que je ne sers à rien. Donc vaut mieux que je parte.
- ne fais pas ca Diouldé. Tu parles sous le coup de la colère.
Je ne disais plus rien et cette fois c'est moi qui me suis levée pour aller m'enfermer dans les toilettes. Je suis restée assise sur la chaise anglaise un bon bout de temps et c'est quand j'ai entendu Rassoul frapper à la porte que je me suis levée pour sortir. Il se tenait derrière la porte et m'observait. Je suis directement allée me coucher sans un mot de plus tandis qu'il s'était mis à expliquer qu'il tenait à moi et en aucun cas il ne voulait qu'on se sépare. Je me couvris d'un drap et lui tournais le dos. Il essaya de ma toucher l'épaule pour que je me retourne car il avait des choses à me dire. Mais je lui ai crié de ne pas me toucher et il m'a lâché avant de sortir. A ce moment, je me suis mise à pleurer silencieusement. J'avais cette impression de vie gâchée. A chaque fois que j'avais l'impression que le bonheur était à portée, il me filait entre les doigts. Je pleurais de désespoir. Je ne savais même pas quoi faire de ma vie finalement. Je m'endormais finalement d'épuisement. Le lendemain, est parti très tôt après avoir essayé plusieurs fois de me réveiller. Mais je faisais la morte et je n'ai pas répondu. Dès qu'il est sorti, je me suis levée. Je ne savais pas trop quoi faire et je suis allé à l'école pour déposer la certificat médical. La secrétaire m'a assuré qu'elle allait en parler au directeur et je suis resté pour attendre Adja. Elle fut contente de me voir et on est resté pendant toute la pause à discuter. Elle me demandait de bien réviser pour venir les rejoindre vite. Après cela, je suis allée chez mon frère Ibrahima. Sa fille avait 5 mois et était jolie comme un cœur. Elle portait le nom de ma mère. Ibrahima n'était pas là bas mais je restais avec Mariama à discuter de tout et de rien. En début d'après midi, Rassoul a commencé à m'appeler, mais je ne décrochais pas. Il a ensuite envoyé des messages me demandant ou j'étais, mais toujours silence. Un moment, Mariama me demanda même pourquoi je ne répondais pas mais je ne disais rien et finalement j'ai éteint mon téléphone. Quand Ibrahima est rentré, il faisait tard et il m'a dit que Rassoul l'avait appelé mais il lui avait dit qu'il ne savait pas ou j'étais et m'a demandé s'il y avait des problèmes entre nous. Je restais vague en disant que j'allais rentrer et j'ai allumé mon téléphone. Il y avait des tonnes de messages de Rassoul, maman Fanta et tata Fatou. Même Adja m'avait appelé. Décidemment rassoul avait ameuté toute la ville.
J'ai rapellé maman Fanta et elle était en panique total
- Diouldé ou es tu ? Ton mari est dans tous ses états et il ne cesse de m'apeller depuis cet après midi. Tu va bien ?
- je vais bien maman. Ecoute, je viens chez toi. S'il te plait continue à dire à Rassoul que tu ne m'as pas vu. Je t'expliquerais
Je retournais dans la maison pour dire au revoir et j'ai entendu Ibrahima parler à Rassoul en lui disant que j'étais chez lui. Avant qu'il ne finisse, j'ai pris la tangente et j'ai vite arrêté un taxi pour aller à Nord foire. En route, Rassoul a encore essayé de m'appeler mais j'ai encore éteint mon téléphone. Une fois sur place, j'ai trouvé maman Fanta à la porte en train de m'attendre.
- entre vite. Ton mari vient de raccrocher.
- qu'est ce que tu lui a dis, demandais je anxieuse
- rien. Mais il est vraiment inquiet. Tu es sure que tu ne veux pas l'appeler.
- non maman. Je ne veux pas.
J'entrais et elle me demandait d'aller dans sa chambre pour qu'on discute. Elle avait l'air vraiment inquiet et je la rassurais du mieux que je pouvais. Elle me demandait delui expliquer et je le fis. Je lui expliquais le comportement de maman Oussey, de Kiné, de Rassoul. Je lui dis aussi ce qui s'était passé la veille de mon accouchement et je me mis à pleurer. Elle était ébahi et m'écoutais sans m'interrompre. Quand je finis en lui racontant notre dispute de la veille et ma demande de divorce, je me mis à pleurer toutes les larmes de mon corps. J'avais trop accumulé
- maman, je suis fatiguée de tout ca. Je pense que je suis maudite. Je n'arrive jamais à avoir la paix.
- arrête ce que tu dis Diouldé. Tu n'es pas maudite. Chaque personne à son lot de malheur dans la vie. Il faut accepter la volonté divine. Arrete de pleurer
Elle continua à me réconforter et son téléphone sonna à ce moment.
- allo Rassoul...oui, elle est ici...oui elle va bien...
Je la regardais en secouant la tête, mais elle me fit un signe de la main pour que je me calme
- non ne viens pas la chercher...écoute, je pense qu'il vaut mieux que tu la laisse ici quelques temps.
Un long silence et elle écoutait Rassoul
- oui je comprends, elle m'a tout expliqué et je pense que dans son état, il vaut mieux la laisser ici. Je vais lui parler.
Encore un long silence
- bien sur Rassoul je comprends. Je vais lui dire tout ca.
- ....
- attends je te la passe...
Je secouais vigoureusement la tête mais elle me chuchotait de lui parler. Je pris à contre cœur le téléphone.
- allo Diouldé ?
- oui
- tu m'as fait une de ces peurs. J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose
-...je vais bien
- écoute je disais à ta tante qu'il faut qu'on parle et que ca ne sert à rien de bouder. Il est hors de question que tu me quitte Diouldé. On va parler et tout va s'arranger. Tu veux que je vienne te chercher
- non je ne rentre pas.
Il y eut un silence et je l'entendis soupirer.
- s'il te plait Diouldé.
- j'ai dit que je restais ici, répondis je avec une fermeté qui m'étonnait
- ok je n'insiste pas aujourd'hui, je te laisse réfléchir...je t'aime ma chérie.
Je ne répondis rien et raccrochais le téléphone. Maman m'avait apporté un plat et je me rendis compte que j'avais vraiment faim. Je mangeais donc sous son regard bienveillant et elle me poussait à manger plus. Après cela, elle s'est assise à coté de moi
- Diouldé, il faut que je te parle. Je t'ai déjà raconté mon histoire et j'ai l'impression que tu es en train de vivre la même chose que moi. J'ai subi toute sorte de chose de la part de ma belle famille. Mais je n'ai jamais cédé. Tu es encore jeune, tu as juste 23ans et à cet âge tu pense que tout est possible. Mais il faut que tu comprennes que la vie n'est pas facile, que tu n'es pas seule dans ce cas. Le mariage, il faut des consensus, il faut être souple ma fille.
Je l'écoutais encore me donner des conseils, me demander d'être patiente, d'ignorer mes beaux parents et m'occuper exclusivement de mon mari. Elle me dit qu'il fallait lui montrer que je tenais plus à lui que sa mère. Je l'écoutais en silence sans rien dire en acquiesçant. Je me disais que tout ce qu'elle disait était bien beau mais pour l'appliquer c'était une autre paire de manche.
- c'est toi qui m'a dit que ton mari te remettait tout le temps de l'argent, qu'il payait tes études, qu'il faisait tout pour toi et que tu ne manquais de rien. Beaucoup n'ont pas ça et vivent des situations plus difficiles et ne pensent pas à divorcer. Reste ma fille, ton mari t'aime et il te l'a montré. Sa mère est sa mère. Et je te dis aucune belle fille ne sera bien pour son fils. On est comme ca nous les mamans. On pense que l'on sait mieux que nos enfants ce qu'il y a de mieux.
Je souris à cet instant et me dis qu'elle avait peut être raison sans vraiment être convaincu. Je gardais cependant toujours le silence
- moi ta maman, je n'ai jamais quitté le domicile conjugal, je n'ai jamais divorcé et Dieu sait que ma belle famille m'en faisait voir de toutes les couleurs.
- c'est pas pareil maman. Toi ton mari te soutenait et n'a peut être jamais accepté qu'on te dise des méchancetés devant lui
Elle réfléchit un moment
- oui, il m'a toujours soutenu, mais ça, c'est à toi de tout faire pour l'obtenir.
- j'ai tout fait maman, les pleurs, les bouderies, les câlins, mais rien. Dès que sa mère est là, ou qu'il y a un problème, ca recommence
- ne te décourage pas.
Je soupirais et elle continua à me donner des conseils.
- dis moi Diouldé tu aimes ton mari ? Me demanda-t-elle brusquement
Je relevais la tête et la regardais
- oui maman, je l'aime, c'est mon mari.
- dans ce cas, il faut que tu te battes. N'accepte pas que sa mère brise votre couple. Depuis que tu t'es mariée, as-tu pensé à aller voir quelqu'un pour des prières pour ton couple
- non, je ne l'ai jamais fait, répondis je après quelques secondes
Voila une chose à laquelle je n'ai jamais pensé. D'ailleurs, je ne connaissais aucun marabout. Je lui dis que durant ma grossesse maman Oussey m'avais remis des talismans et des bains
- j'espère que tu ne les a pas utilisé ?
- non, ma copine Adja s'est chargée à chaque fois de les faire disparaitre
- c'est tant mieux. Écoute-moi. Demain, je vais t'amener chez un homme qui pourra voir ou se situe le problème entre toi et ton mari.
J'étais septique. Je ne croyais pas en ces choses. Je ne pensais pas que l'on puisse connaitre l'avenir d'une personne. On a encore continué à discuter et comme j'avais encore recommencé à pleurer, elle me demanda de rester dormir avec elle. J'ai passé une nuit presque sans sommeil et je me réveillais à l'aube. Après avoir mangé on s'est recouché et j'ai enfin pu dormir un peu plus tranquillement. J'ai allumé mon téléphone et j'ai reçu une tonne de messages de Rassoul. Je n'avais même pas envie de les lire et je suis allé me préparer. Je n'avais pas de tenue de rechange et j'ai remis la même robe que la veille. J'ai trouvé maman Fanta au salon et au téléphone avec Rassoul. Elle était en train de lui expliquer qu'il devait être patient, qu'elle était en train de me parler et qu'elle allait le rappeler.
- c'était ton mari. Il a vraiment peur de te perdre tu sais.
- bonjour maman, répondis-je sans vouloir m'épancher sur le sujet Rassoul
Elle rigolait en disant que je n'avais pas de cœur, mais je lui dis que je n'avais pas trop envie de parler de lui. On se préparait rapidement et vers 11 heures, on se dirigeait vers le populeux quartier des parcelles assainies. En route, maman m'expliquait que Pa Thierno a été enlevé par des djinns dès son jeune âge et avait vécu avec eux pendant des années. Ses parents le croyaient mort et il a réapparu bien des années plus tard avec des pouvoirs mystiques incroyables. Elle me dit qu'en tant normal, il n'était pas à Dakar, mais que j'vais de la chance qu'il y soit ces derniers jours.
Il y avait du monde à l'entrée et on a été obligé de patienter un bon moment avant d'accéder à la chambre. Dès l'entrée, je fus saisit par le regard du monsieur, un regard pénétrant et un peu terrifiant. J'étais un peu intimidée, mais je gardais mon calme. C'était bien la première fois que je faisais ce genre de chose et je n'étais pas convaincu. Maman Fanta après les salamalecs d'usage me présenta en disant que j'étais sa fille. Maman l'appelais Pa Thierno et il était très affable et demandais des nouvelles de Rama et Malick. Il sortit un miroir et me demanda de prendre une pièce de 100 frcs et de le lui remettre. Ensuite, il prit la pièce et la posa sur le miroir et se mit à psalmodier des choses incompréhensible en dirigeant le miroir vers un point qui se trouvait derrière lui.
- tu as vécu beaucoup d'épreuves dans ta vie...mais tu trouveras le bonheur...tu auras la paix...ton mari t'aime...mais, vous vous disputez souvent...
Je hochais la tête en signe d'approbation
- il ne le fait pas exprès...quelqu'un est entre vous.
Je regardais maman d'un air intriguée et elle serra les lèvres en une moue revancharde. Il continuait
- ta maison est minée....
C'était tout. Il avait posé son miroir et s'était tourné vers maman Fanta
- Fanta, ta fille vit seule avec son mari ?
- oui, elle y vit seule
Il se tut un moment et eut l'air de réfléchir
- sa maison est minée...
Il se tournait vers moi à ce moment
- en temps normal tu t'entends avec ton mari ?
- oui
- vous vous disputez toujours dans la maison ?
Je réfléchis un moment. C'est vrai que dès qu'on sortait, on s'entendait mieux. Quand on était à Toubab Dialaw, c'était comme si on était seul au monde et il suffit de remettre les pieds à la maison pour que ca recommence.
- oui, toujours.
- c'est normal, on y a mis des choses qui font que vous passerez votre temps à vous disputer.
Je regardais maman Fanta complètement déboussolée. Non ce n'était pas possible. J'avais envie de rire de lui en lui disant qu'il voulait me faire croire des choses incroyables, mais à son air sérieux, je n'osais pas.
- et qu'est ce qu'il faut faire ? demanda maman avec un air inquiet
- il faut tout enlever.
- quand pourras-tu le faire ?
Décidemment, elle semblait tout comprendre. Mais comment enlever ca ? J'avais pleins de question mais je n'osais pas les poser.
- ca dépends, répondit-il évasif
- héé Thierno, ne nous fais pas poireauter toi aussi. Son cas est grave. Elle a quitté son domicile, et a demandé le divorce.
Il me jetait un coup d'œil et souris. Un sourire énigmatique.
- dans ce cas, il faut faire vite.
- ce soir, je passe te prendre ?
- appelle moi avant on verra.
Il se leva et prit des poudres dans plusieurs sachets.
- en attendant, qu'elle prenne des bains
Il expliquait à maman comment utiliser et on prit congé. J'étais dans le flou le plus total et je ne comprenais pas. Une fois dans la voiture, je demandais à maman ;
- maman les mines dont pa Thierno parle c'est des mauvais sorts c'est ça ?
- oui et on les as mis dans ta maison. Mais tu verras, il va tout te sortir. il m'a fait cela à plusieurs reprises. Tout ira bien.
Elle me demandait le programme de Rassoul et heureusement qu'il était de garde cette nuit la. Après avoir coordonné avec lui, on est finalement parti le chercher vers 22heures. La maison était vide et on est entré. Pa Thierno a fait le tour de la maison avec moi sur ses talons pour lui montrer la chambre, les toilettes, la cuisine. Ensuite, il est allé prendre son fameux miroir et a commencé à regarder dessus avec cette impression qu'il regardait un point derrière lui. Il marchait en faisant comme s'il parlait à quelqu'un et regardais en même temps son miroir. Sur le balcon, il y avait un pot de fleur, il m'a demandé de creuser. A l'aide d'une cuillère, j'ai creusé et je suis tombé sur un papier plié et enroulé à l'aide d'un fil rouge. J'étais complètement ahurie et mon cœur battait fort. Je ne savais même pas quoi penser. Pa Thierno avait repris son inspection et une fois au salon, toujours à travers son miroir. Dans le salon, il est resté un moment à essayer d'observer un coin ou était placé une petite bibliothèque. Il me demandait de l'aider à pousser le meuble. En le déplaçant, je ne vis rien en dessous, mais en regardant derrière le meuble, on a trouvé, scotché sur le bois, un talisman enroulé dans un sachet. Je le détachais rageusement et cette fois ci je dus me rendre à l'évidence.
Dans ma chambre, il n'y eut pas besoin de chercher bien loin. Il a trouvé un, collé sur le contre plaqué sous le lit. L'autre était tout simplement là ou je range mes affaires mais en dessous des habits. Après cela, il m'a pris tous les talismans et a commencé à les ouvrir. Dans l'un d'eux on a trouvé du piment et du poivre enroulé dans une feuille remplie de notes écrit en arabe. Je ne savais pas si c'était les versets du coran ou autre chose. Il était dans la cuine et je l'ai vu bruler la feuille.
A ce moment, je ne tenais plus. Je suis sortie et je me suis installé dans le salon. Je ne comprenais pas. Qui avait bien pu faire cela. Quand je me suis mariée, je sais que ma belle famille avait une clé de chez moi et un jour j'en avais parlé à Rassoul. Comme il n'avait rien dit j'avais laissé tomber. Mais jamais je ne pouvais imaginer qu'il y avait tout ça chez moi. J'étais dépassée. Maman Fanta revint avec Pa Thierno et ce dernier s'assit en face de moi
- voila ma fille. J'ai enlevé tout ce qu'il y avait de dangereux. Il y'a encore des talismans, mais ils ne sont pas méchants. Tu peux les laisser ici. Maintenant, ne divorce pas. Reste dans ton foyer. Ca ira. Je ne dis pas que ton mari va changer mais vous vous disputerez moins.
Je le remerciais et allais dans la chambre pour prendre de l'argent. Rassoul en gardait toujours dans une enveloppe. Je le lui remis mais il refusait de prendre
- ta maman m'a déjà donné. Et puis les relations que j'ai avec elle dépasse le cadre de l'argent.
- Pa Thierno, qui a fait ca ?
- je ne sais pas. Mais celui qui a fait ca est différent de celui qui l'a introduit ici. De toute façon ce n'est pas le plus important.
On l'accompagnait et après avoir pris quelques affaires, on rentrait. Je ne savais plus quoi penser de tout ça. Elles en étaient jusqu'à faire des choses mystiques pour me séparer de Rassoul. Donc ça voulait dire qu'elle voulait vraiment que je parte. Et puis je n'étais pas sur que tout cela allait s'arrêter. J'en parlais à maman Fanta qui me rassurait et me demandait de pardonner à mon mari et de retourner à la maison. Tout ceci aurait du m'apaiser, mais non. J'étais encore plus perturbée. On avait enlevé ces talismans, mais l'attachement et l'attitude de Rassoul ne changeraient pas, du moins j'en doutais. et puis tout ca me faisait peur. Jusqu'ou sont pretes à aller.
Une fois chez maman Fanta, je n'avais pas le coeur à discuter et je me suis couchée tandis que maman Fanta était au téléphone avec Malick. j'allumais mon téléphone et comme d'habitude, je reçus une tonne de message de Rassoul. Je ne les lus pas et m'apprêtais à aller me coucher quand il a appelé
- bébé, tu va bien, demanda t-il doucement
- oui ca va.
Il se tut un moment
- écoute Diouldé, je ne sais pas comment je fais pour tenir depuis hier. Tu ne peux pas me faire ça. Je t'en supplie, reviens à la maison. On discutera on s'entendra, mais c'est hors de question que tu me quitte. Je te le dis et je te le répète.
Je ne dis rien
- je te prie seulement de revenir à la maison. Tu ne peux pas rester là bas et vouloir arranger les choses. Ta tante me dit de patienter, mais je ne veux pas patienter. Je veux que tu reviennes et qu'on discute. Tu m'entends Diouldé ?
- oui je t'entends
- alors réponds-moi. Je t'aime Diouldé, plus que tu ne peux le penser. Ne gâche pas les choses. J'ai tellement de projets pour nous deux, tellement de rêves, ne gâche pas tout.
Ces derniers mots m'avaient touché et j'en eus les larmes aux yeux. J'avais envie de lui dire que sa famille ne m'aimait pas et faisant tout pour nous séparer, mais comme maman m'avait demandé de ne pas lui en parler, je me tus donc.
- moi aussi j'avais plein de projets pour nous, mais je n'imaginais pas que ca se passerait comme ca. Parfois je ne te reconnais pas.
Il soupirait
- on ne peut pas se parler comme ca au téléphone. Reviens et on va discuter
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