Partie 16
Le lendemain, j'allais très tôt à l'hôpital pour voir mon bébé et je le trouvais encore dans le même état. Le pédiatre me dit qu'il avait passé une mauvaise nuit, car il avait eu de la fièvre. Ils pensaient à une petite infection, mais il me rassurait en disant qu'il était sous traitement et que dans quelques jours ca irait mieux pour lui. Rassoul semblait aussi inquiet que moi, mais ne fit aucune remarque, mais je le vis retourner dans la crèche quelques minutes après que je sois sorti pour aller chercher je ne sais quoi. A son retour, je n'osais rien lui demander de peur d'entendre quelque chose qui ne me plairait pas. J'avais l'impression de vivre sous pression. Une fois à la maison, heureusement, les délires de Coumba et Adja m'aidèrent à oublier un peu. Elles devaient aller continuer les courses et me demandaient d'être un peu plus joyeuse car on avait l'impression que je portais le poids du monde sur les épaules. J'avais envie de leur crier que je ne partageais pas leur joie, que leur insouciante m'énervait, mais je me retenais comme d'habitude. Je n'ai jamais su communiquer. J'ai toujours tout gardé pour moi et c'est dans ces moments de peine que cette manie me pèse encore plus.
Ma mère et tata Fatou arrivèrent bien plus tard et comme toujours jamais d'accord sur le sujet. Je compris que tata Fatou voulait qu'on donne des térangas à maman Oussey tandis que ma mère disait niet.
- tant que mon petit fils ne sortira pas, je ne donnerais rien du tout.
J'étais du même avis qu'elle. Je ne voyais même pas le sens d'organiser la cérémonie de demain. Finalement, tata Fatou se rangea derrière l'avis de ma mère, mais lui dit de se préparer car c'est sur qu'on recevra des piques demain. Je m'en foutais royalement. En début d'après midi, maman Fanta arriva trainant une énorme valise. Je ne pouvais l'aider car j'avais des douleurs au bas ventre, mais tata Fatou accourut et ce n'était pas fini. Un garçon tenait également 2 autres valises et il déposa le tout au salon et elles s'installèrent sous le regard médusé de ma mère. Maman Fanta était venue avec une des ses amies tata Marie qui était sa meilleure amie. Tata Fatou lui demanda ce que contenait ses valises et elle répondit que j'étais sa fille et que tout ce qu'il y avait à faire c'était à elle de le faire. J'avais juste envie de lui dire qu'il n'y avait rien à faire, mais heureusement que ma mère le lui dit dans des termes assez clairs.
-Fanta, mon petit fils est à l'hôpital. Je ne pense pas que je vais faire quoi que se soit demain.
- Aissatou, si tu ne fais rien moi je vais faire. Rassoul m'a dit que sa famille dit beaucoup de mal de Diouldé à cause de moi et je voudrais rattraper cela. C'est la raison pour laquelle, il ne voulait pas que je m'approche de sa femme. Maintenant je veux que ca soit de l'histoire ancienne.
Donc elle savait pour toutes les mauvaises choses qu'on disait sur moi. Et c'était de sa faute non ? Ma mère ne la laissa pas finir
- je sais toutes les bonnes intentions que tu as pour elle Fanta, mais comprends moi.
- je te comprends, mais cet enfant est né et tout ce qui doit se faire se fera. Dieu protège tout le monde et il le protégera. Je suis sur qu'il ira bien. Je te dis que sa belle mère a l'intention de faire une cérémonie demain. Il ne faut plus leur donner l'occasion de lui dire quoi que ca soit. On est au Sénégal Aissatou et ca se passe comme ca. Il faut leur fermer la bouche une bonne fois pour toute.
Chhii, c'était maman Fanta toute crachée. D'un côté j'avais quand même envie qu'elle y aille pour effectivement m'aider à éclaircir tout le problème de mon passé, mais en même temps, je n'avais pas envie de choses grandioses dans ce contexte. Je n'avais pas le cœur.
Finalement c'est tata Marie qui trancha
- ce qu'on va faire c'est y aller tout de suite et leur dire que demain, puisque l'enfant est malade, on viendra avec nos térangas le matin sans faire de bruit et le faire rapidement.
Ma mère n'était toujours pas d'accord disant qu'elle n'avait rien prévu.
- qui t'as demandé de prévoir quelque chose demanda maman Fanta
Elle ouvrit les 3 valises et elles contenaient des tissus en bazin, des brodées et pleins de wax et des tissus en coton; Ca devait provenir de son commerce. J'ouvrais grand les yeux et la regardais sans trop comprendre ce qu'elle comptait faire de tout ca.
- je veux juste connaitre la liste de tous les membres de la famille de Rassoul. Et pour cela, on doit aller demander à sa belle mère une liste. Qui va m'accompagner pour ca.
Elle s'était levée et était déjà prête pour partir. Tata Fatou se porta volontaire et ma mère resta assise sans rien dire. J'aurais voulu être une petite souris pour voir la réaction de maman Oussey quand elle saurait que c'est maman Fanta qui était devant elle. Et celle de Kiné aussi. J'en souris bêtement un bon moment. Mais j'avais ce sentiment de culpabilité à l'égard de mon bébé. Je me disais que je n'avais pas le droit de m'amuser alors que lui n'allait pas bien du tout. Ma mère le comprit et se mit à me rassurer en me disant qu'il ira mieux. J'en avais les larmes aux yeux.
J'allais me coucher en attendant leur retour et à mon réveil, il était déjà 17 heures passée. Je n'avais pas de nouvelles de Rassoul et ca m'inquiétait. Je l'appelais et il me rassura en disant que le bébé allait bien. Je me levais donc et trouvais les mamans en train de discuter au salon sur des détails que je ne comprenais pas trop.
Tata Fatou semblait aux anges car apparemment maman Fanta leur avait rabattu le clapet.
- mais toi Diouldé, ta belle mère la, elle est normale ?
Je souris à ca et je devais avouer qu'en plusieurs occasions, je me suis posée la même question. Elles m'expliquèrent qu'elles l'ont trouvé dans son salon en train de recevoir des « ndawtale » (participation pécuniaire des amies et voisins lors des cérémonies) et apparemment s'apprêtait à organiser une grande fête. Ca ne m'étonnait même pas et elles m'expliquèrent qu'après lui avoir fait part de leur intention, cette dernière a refusé disant qu'elle préférait qu'on attende le soir quand toutes ses connaissances seront la pour venir. D'après tata Fatou, maman Fanta a alors répliqué, disant que leur petit fils était malade et qu'elles ne comptaient pas rester jusqu'au soir car le cœur n'y était pas ; qu'elle voulait juste faire les choses le plus simplement. finalement après avoir discuté avec ses amies, elles ont été d'accord sur le principe et elle leur a remis une liste avec toutes les personnes membres de la famille. c'était bien la première fois que j'entendais parler de ça et je trouvais ça tellement...bizarre. mais bon, c'étaient les traditions. entre temps, les femmes de mon oncle sont également venues pour aider ma mère et mon appartement se trouva rapidement trop petit pour accueillir tout ce monde. mes tantes n'étaient pas trop d'accord aussi, mais maman Fanta réussirent à les convaincre.
Coumba et Rama étaient revenues avec la tenue en début de soirée et je quittais les tatas pour aller aux essayages. Je trouvais la tenue assez simple et bien cousue. Elles me sortirent une autre tenue et me dirent que c'était de leur part. Je les remerciais car elles avaient du beaucoup dépensé et leur fit savoir que je ne porterais qu'une seule robe car il était hors de question que je m'habille deux fois dans la journée. Elles comprirent et commencèrent à m'encourager en disant que ca ira bien pour le bébé.
Les mères nous interrompaient souvent pour me demander qui était qui sur la liste que maman Oussey leur avait remis. Je répondais machinalement et parfois je ne connaissais pas la personne. Je compris plus tard que maman Oussey leur avait remis une liste interminable et elles voulaient connaitre les relations de ces personnes avec la famille pour voir s'il y avait lieu de donner ou pas. Une vraie sangsue cette femme.
J'étais tellement fatiguée, que je me sentais mal. Et pourtant je n'avais rien fait de particulier. Rassoul arriva et heureusement Coumba et Adja prirent congé aussi. J'allais dire aux mamans que j'avais un malaise et que je devais aller me coucher et elles me répondirent à peine tellement elles étaient absorbés par leur partage. J'allais donc me coucher et Rassoul se mit à coté de moi
- mais que font tes mamans la au salon Diouldé ? demanda t'il
J'avais vraiment la paresse de répondre, mais je me redressais quand même
- elles doivent donner des térangas à ta famille. C'est maman Fanta qui a insisté pour ca.
Il eut un air énervé et commença à grincer les dents
- mais j'avais dit que je ne voulais rien. Il n'y aura rien à la maison et vous voulez vous mettre à faire vos palabres la. Je n'aime pas ca
- ca il fallait le dire à ta mère Rassoul. C'est elle qui est venu demander ce qu'on comptait faire, et aujourd'hui, on l'a trouvé en train de se préparer pour demain en recevant ses cadeaux. Et tu veux qu'on fasse quoi ?
- tu recommences à tout rejeter sur ma mère.
- et toi tu recommences à tout rejeter sur moi. Ecoute je n'ai pas le cœur à me disputer encore avec toi et surtout à propos de ta mère. Demain, je dois me lever tôt pour aller chez tes parents et assister à la cérémonie. J'ai eu tellement d'événements ces derniers jours que vraiment si tu ne peux pas me réconforter Rassoul s'il le plait, laisse-moi tranquille.
Je me recouchais le cœur gros et les larmes aux yeux avec cette impression que personne ne me comprenait.
- excuse moi Diouldé, je suis un peu sur les nerfs ces temps ci
Je ne répondis rien. Non personne ne me comprenait. Maman Fanta était pressé d'en découdre avec maman Oussey et les autres étaient plongée dans leur petit univers de térangas et de cérémonie, Rassoul toujours à chercher la petite bête tandis que moi j'avais l'impression de sombrer.
Le lendemain, Coumba me réveilla très tôt car la coiffeuse devait venir et m'aider à me préparer. Je devais être prête à 9heures et ce fut un véritable marathon. Adja aussi était venu prêter main forte et ce fut une foire de disputes avec la coiffeuse. Je ne voulais pas de coiffure de cérémonie, encore moins leur maquillage carnavalesque. Comme mes cheveux étaient défrisés, après un brushing, on tombait d'accord sur une coiffure simple sans rajout et un maquillage tout aussi simple. Coumba boudait un peu disant que je ne faisais pas cérémonie, mais moi ca m'allait. En plus la tenue était tout simplement magnifique. Un basin rose sur des broderies multicolores avec des perles un peu partout. Me voir toute jolie comme ca me donnait un peu de baume au cœur, et heureusement que je finis tôt car Rassoul avait commencé à appeler pour nous presser. Il était très beau aussi dans son caftan blanc. Il avait laissé sa barbe et ca lui donnait un autre air que j'appréciais beaucoup. Comme depuis la veille je lui faisais la tête, j'en profitais pour lui faire la remarque et faire aussi la paix. Je ne voulais pas me disputer avec lui le jour de la cérémonie. Coumba qui me pressait me trouva dans la chambre en train de l'embrasser et me tira pour qu'on parte disant que j'étais trop collante.
Ma mère, maman Fanta, tata Fatou, ainsi qu'une petite délégation de maman Fanta patientait dans le salon. Comme la maison n'était pas loin, on y arriva un peu après 9h mais, comme la cérémonie était prévue pour 10h on était en avance et mes mamans avait prévus de venir un peu plus tard, le temps disaient-elle de régler les derniers détails. Je fus accueillie par maman Oussey toute en beauté. Elle avait un chignon bas et un foulard grandiose sur la tête, plus un maquillage tout en couleur ou on avait essayé de mettre toutes les couleurs de son boubou. Ajoutée à cela des tonnes de bijoux en or, elle ressemblait à un sapin de Noel tellement elle était haute en couleur. Coumba, indisciplinée, ne put se retenir de pouffer de rire mais elle fut découragée par un pincement très fort que je lui fis au bras.
- ha mère Oussey, li nga sagnesé la deuke bi di thiow (maman Oussey, ta tenue est très jolie)...déclara t'elle sans se départir de ce rire qu'elle essayait de maitriser.
Décidemment personne ne pouvait l'arrêter. Mais heureusement, elle était tellement à mes petits soins qu'elle ne remarquait rien. Elle mit des pagnes sur mon passage en chantant des louanges. Il y avait aussi Anta, la cousine de Rassoul qui était aussi ma première « ndeuké ». Elle a commencé à s'excuser de ne pas être venue me rendre visite mais elle était trop prise. Je lui répliquais que ce n'était vraiment pas grave. Kiné était à coté d'elle et j'allais passer sans lui dire bonjour quand elle s'adressa à moi
- ah Diouldé, tu es belle.
Je pris un air étonné et m'arrêtait pour la remercier sans plus. Adja, en grande guerrière me tirait pour ne pas que j'engage une discussion avec elle et heureusement que Sokhna arriva à ce moment et me sauta au cou. Toujours aussi gentille. Elle m'avait préparé sa chambre pour que je m'y installe moi et mes copines et je trouvais qu'il y avait déjà pas mal de monde à la maison. Je trouvais Pa Ablaye au salon avec ses frères et des voisins. Comme il y avait beaucoup de monde, je ne savais pas trop où mettre les pieds et je m'éclipsais rapidement pour aller dans la chambre. Malgré la bonne humeur ambiante, j'eus quand même un petit coup de blues. Je pensais trop à mon fils. Cette fête c'était pour lui et il n'était même pas la. A un moment on entendit un brouhaha et on sortit de la chambre. C'était la délégation de ma mère, tata Fatou et bien entendu maman Fanta qui arrivait. Que de classe. Maman Fanta était majestueuse avec ses amies qui l'avaient accompagnée. Ma mère était tellement belle aussi que j'en eu un sourire de fierté.
Mais le plus beau fut les présentations. Rassoul s'était levé pour les accueillir. Apparemment quand maman Fanta était venue la veille, elle n'avait pas pris le temps de se présenter ou alros maman Oussey n'avait pas comprit qui elle était vraiment
- maman, commenca Rassoul, tu la connais ? dit-il en tenant la main de maman Fanta
- oui, elle est venue hier avec Fatou. C'est la tante de Diouldé non ?
Comme j'étais à proximité, je m'incrustais
- Non ce n'est pas ma tante c'est ma mère. Dis-je en me blottissant dans les bras de maman Fanta. C'est elle qui m'a éduquée et a fait de moi ce que je suis maintenant. C'est maman Fanta.
L'évocation du nom les fit sursauter et je regardais dans la direction de Kiné qui leva la tête brusquement et fronçais les sourcils. Elle ne quittait plus maman Fanta des yeux et même Anta qui était toujours fourrée dans les baskets de Kiné releva la tête.
- Fanta Cissé ? demanda maman Oussey en écarquillant les yeux
- oui c'est moi. Diouldé est plus que ma fille. Aissatou l'a mise au monde donc c'est sa mère biologique, mais c'est moi la vraie mère. Dit-elle en m'enlaçant.
Il y eut un petit moment avec des chuchotements et même maman Oussey semblait avoir perdu la voix. Digne de figurer dans le livre des records. Elle se ressaisit rapidement et entama une discussion sur ma bonté et ma bonne éducation. Elle demanda de manière désinvolte
- ha Fanta, on avait entendu ton nom mais on ne s'était jamais vu avant hier?
- c'est normal. J'avais voyagé, dit-elle sans sourciller.
Elle allait encore dire quelque chose, mais heureusement les hommes qui devaient procéder à la cérémonie étaient venus. Il y avait mon oncle, mon frère, et d'autres de mes cousins qui avaient fait le déplacement. Un moment, on nous demandait tous de rejoindre le salon qui se révéla bientôt trop étroit pour tout le monde, car les collègues de Rassoul étaient aussi venus. On me recouvrit d'un pagne de même qu'Anta et on nous demanda de nous assoir par terre au centre du salon. Ensuite, il y eut un discours sur la famille Diop. Ensuite, comme le bébé n'était pas la, l'imam prit un morceau de coton qu'il divisa en deux parties et récita des versets sur les deux. Ensuite, il se pencha vers Rassoul qui lui murmura quelque chose à l'oreille et il dit haut et fort le nom du bébé
- Mohamed Abdoulaye Diop.
Rassoul m'avait dit qu'il porterait le nom de son père et j'étais totalement d'accord avec lui. Pa Ablay baissa la tête à ce moment et versa de chaudes larmes. J'avais envie de me lever pour le réconforter, mais comme il y avait beaucoup de monde, je ne pus le faire mais j'avais le cœur lourd quand même. Je priais pour que mon fils grandisse et prenne toutes les qualités de son homonyme. Ensuite Rassoul donna l'ordre de tuer le beau bélier qu'il avait acheté pour l'occasion. On distribuait ensuite des beignets et du « lakh » dans une bonne ambiance générale. Il y avait des garçons de ma classe qui avaient fait le déplacement et beaucoup de ma famille. Ca me faisait énormément plaisir de les voir et c'était Adja qui les avait informés. Babacar aussi était venu et Coumba le suivait au taquet comme si elle avait peur qu'il ne disparaisse. Je prenais des photos avec tout le monde et m'efforçait de sourire. Mais dès que je pensais au bébé, je me crispais un peu. Finalement j'accédais à pa Ablaye et je l'enlaçais tendrement. Il me reconnut aussitôt et se mit à prier pour moi jusqu'aux larmes. Ma mère passait juste à coté de moi à ce moment et je la pris pour lui dire tout le bien que je pensais de Pa Ablaye. J'en pleurais presque, mais j'étais sincère. Pa Ablaye m'aimait comme sa propre fille et même ma mère fut touchée par autant d'attention.
Ensuite, il y eut beaucoup de mouvement et je commençais à me sentir mal. J'allais donc m'allonger un peu et Rassoul vint me trouver pour me dire qu'il allait à la clinique. Il devait donner les bouts de coton pour qu'on les pose sur les oreilles de bébé Ablay. Je voulais l'accompagner, mais Coumba me dit de rester et qu'elle m'accompagnerait dans l'après midi. De toute façon j'étais tellement fatiguée. Les gens venaient toutes les secondes me déranger et tout le monde voulait une photo. Après cela on me dit de venir dans la cour car mes mamans voulaient donner leur téranga. Coumba sautillait sur place. Une fois sur place j'eus à nouveau cette impression de deux camps qui se faisait face. Ca avait même un coté comique. Il y avait beaucoup de bruit et la griotte de maman Oussey demanda le silence. Comme à son habitude, elle commençait par faire les louanges de maman Oussey et ensuite donna une bassine de bébé comprenant des effets quelques habits et un pagne tissé le tout plus une somme d'argent. Elle précisait que c'était de la part d'Anta en sa qualité de première « djeunké ». il y eut encore d'autres cadeaux de la pat d'autres demi sœurs de Rassoul.
Je vis maman Fanta se baisser vers sa griotte, car oui, elle est venu avec une de ses griottes qui venait souvent à la maison quand maman avait des cérémonies. Cette dernière se leva et remerciait tout le monde. Elles avaient d'énormes valises devant elles. Elle présenta maman Fanta comme ma mère, celle qui m'a élevée et qui n'as pas pu être présente durant le mariage car elle avait voyagé. Elle précisa que puisque le bébé était encore à la crèche, elle allait faire les choses sans folkhore et rapidement tout en précisant que ce qui va passer n'est rien comparé à ce qu'elles auraient fait si le bébé se portait bien. Elle le disait avec tellement de caractère que l'autre camp ne pouvait apporter de réplique. Elle ouvrit une valise et demanda qui devait accepter ses présents destinés à la maman de Rassoul. La griotte se leva et on sortit de la valise des tissus en thioup, des brodés, des basins, pleins de wax et des tissus en coton et pour clôturer le tout une paire de boucle d'oreilles en or. Il y eut un gros brouhaha dans la salle et je vis les yeux de maman Oussey briller et la griotte saliver. C'était trop drôle.
– et ce n'est pas fini, dit mère Fama, la griotte de tata Fanta. Elle tenait une enveloppe et la remit à la griotte. Je veux que ceci, tu la compte en silence et que tu souffle le montant à Oussey. Si elle n'est pas satisfaite, elle n'a qu'a nous le dire nak, on va rajouter.
Elle le fit sans se faire prier et de la ou j'étais je n'arrivais pas à voir combien elle comptait en tout cas au bout d'un moment, elle se releva tout sourire et émit un cri comme le font les maures. Je compris qu'elle était satisfaite et plusieurs sommes d'argent furent murmurées et je compris qu'il y en avait beaucoup.
Ensuite, on donna à la première « ndjeuké », en lui remboursant d'abord le prix de la valise qu'elle avait amené et comme maman Oussey, elle reçut des tissus, beaucoup de tissus et une enveloppe d'argent. Elle semblait aussi très contente car je la vis sourire et se pencher vers Kiné qui était à côté et affichait un visage un peu ahuri. J'avais demandé à maman Fanta de remercier Sokhna devant tout le monde car elle a toujours été gentille avec moi et de lui donner un cadeau spécial. Donc un moment, mère Fama demanda qu'on l'appelle et elle est venu en catastrophe surprise qu'on la fasse demander.
- toi Sokhna, c'est ta femme Diouldé qui m'a demandé de te dire qu'elle te remercie, qu'elle sait tout le bien que tu lui souhaite et qu'elle prie pour que votre entente continue. Elle dit que tu l'aimes, tu la respectes, tu pleures quand elle pleure, tu ris quand elle rit, donc elle te remercie pour tout
Ahh les griottes c'est incroyable comme elles ont de l'imagination. J'avais juste demandé qu'on la remercie mais elle avait tellement bien dit les choses. Sokhna me cherchait du regard les yeux pleins de larmes et je lui fis un petit signe de la main en souriant ce qui la fit fondre en larmes. Je me levais donc pour l'enlacer et lui souffler que je l'aime beaucoup et ceci contribua à la faire pleurer encore plus.
- ne pleure pas Sokhna, prend ceci pour sécher tes larmes, dit tata Fama en tenant un beau tissu en soie. Elle lui remit encore d'autre Bazin, des brodé, des tissus en coton et pour boucler la boucle une bague en or. J'étais moi-même ébahi et Sokhna se mit à pleurer de plus belle. A ce moment je me demandais combien Maman Fanta avait bien pu dépenser pour tout ca.
Je pensais que c'était bientôt fini, mais non. Les autres sœurs de Rassoul eurent aussi leur lot, Kiné et les jumelles mais pas autant que Sokhna. Plus les sœurs de maman Oussey, et plusieurs autres personnes. La griotte donnait à un rythme effréné sans perdre de temps. Un moment, un dame se leva et cria qu'elle n'avait jamais vu ca ce qui eut le don de faire rire tout le monde et même maman Oussey secoua la tête avec un air complètement dépassé. Malgré que je trouvais cela vraiment comme du gâchis, je ne pouvais quand même m'empêcher de ressentir une petite once de fierté. C'était disons grisant et Coumba qui était à coté de moi ne tenait plus en place. A chaque fois, elle voulait applaudir, mais je retenais ses mains, lui disant qu'on n'était pas dans un spectacle. Maman Fanta avait donné à tout le monde, et même Pa Ablaye et son frère ont eu leur lot, plus de l'argent pour la couture. Maman Oussey ne savait pas ou mettre la quantité de tissus qu'elle avait reçu. Elle ne s'occupait plus de personne et était occupé à récupérer les tissus. Pour finir, c'est maman Fanta qui prit la parole pour demander si tout le monde était content. Question à dix balles puisque tout le camp adverse était groggy par cet étalage. Elle leur a offert les valises pour tout ranger et demanda à sa délégation de se lever pour partir.
Maman Oussey leur demanda de rester pour déjeuner, mais maman Fanta avait décidé d'aller à mon appartement pour attendre son repas. J'étais étonnée, et me demandais pourquoi elle ne restait pas une bonne fois, mais je ne dis rien. Elle s'en alla donc avec ma mère et tout le monde, laissant maman Oussey et sa clique dans des commentaires sans fin dans un brouhaha total.
Je voulais aussi y aller mais Coumba me dit que je devais attendre au moins de déjeuner avec ma famille avant de partir et que c'était plus joli. Et elle avait raison, donc j'allais me coucher dans la chambre de Sokhna et pour une fois toutes les amies de maman Oussey sont passées pour me dire qu'elles étaient contentes. D'habitude quand on se rencontrait à la maison, elles faisaient toujours celles qui ne me reconnaissaient pas, ou me demandaient encore et encore comment je m'appelais. Cette fois tout le monde se souvenait de mon nom et même la griotte a chanté mes louanges disant que la Guinée à cassé la baraque à Dakar. Je compris à cet instant que dans certaines familles, il fallait passer par ces cérémonies pour se faire un peu respecter et je trouvais ca désolant à la limite hypocrite. Mais bon. Maman Oussey quand à elle est passée à plusieurs reprises pour me demander si tout allait bien, si je voulais quelque chose, si mes amies étaient bien servies. J'aurais voulu voir la tête de Kiné, mais c'est juste Anta qui est passé pour me remercier. J'imaginais mieux que ca pour le baptême de mon fils. J'aurais du être plus heureuse, plus joyeuse, mais malgré mes efforts, je n'y parvenais pas. Je pensais trop à mon bébé couché dans la couveuse, tout seul et j'en avais mal au cœur. Mais mes amies, mes cousines qui étaient aussi venues essayaient de m'égayer et de me faire rire en commentant les réactions de ma belle famille au moment de recevoir leurs térangas. Il fallait reconnaitre que maman Fanta avait fait fort.
Je voulais me rendre à l'hôpital, mais le déjeuner a été servi tard et on m'a demandé de venir voir le bol qui devait aller chez maman Fanta. J'avais la paresse de me lever et j'ai demandé à Adja d'y aller et elle est revenue toute souriante en disant qu'on était encore en train de parler des folies de maman Fanta. Après le déjeuner, il commençait déjà à se faire tard et maman Oussey vint me demander si je devais retourner au salon. Je lui ai juste dit que c'était fini pour moi et que je voulais plutôt rentrer chez moi comme il n'y avait plus rien de prévu. Elle me dit qu'il y avait encore un repas à servir mais vraiment je ne voulais plus rester. Coumba avait rendez vous avec Babacar et est parti rapidement tandis qu'Adja et Fatou voulaient attendre que je rentre chez moi avant de partir.
Je rangeais mes affaires pour partir quand je me rendis compte que je n'avais presque pas vu Rassoul de la journée et un moment j'eus peur. Juste après la cérémonie, il s'était rendu à l'hôpital pour voir le bébé. Je l'appelais donc en urgence, mais impossible de le joindre. Je commençais à paniquer en pensant qu'il était peut être arrivé quelque chose au bébé et me levais pour aller au salon voir s'il n'y était pas avec ses invités. Il y était effectivement, avec Anta sur ses genoux, bien installée et accrochée à son cou comme un couple sous le regard souriant de Kiné et de quelques uns de ses cousins. Je tiquais et restais un moment à les observer, sans qu'ils ne me voient. Il était tout souriant et j'en eus un pincement au cœur. Je rebroussais chemin, quand j'entendis Kiné dire que les cousins étaient faits pour les cousines. Je jetais un dernier coup d'œil au salon et nos regards se croisèrent un moment. Je partis finalement et allais dire à Pa Ablaye que je rentrais. Ne trouvant pas maman Oussey je décidais d'y aller et en repassant devant le salon je les trouvais toujours dans la même position mais cette fois Rassoul m'avait vu et d'un geste a fait basculer Anta qui s'est mise debout.
- j'y vai, dis je gaiement en faisant comme si je ne les avais pas vu. Et sans demander mon reste je suis sortie avec Adja et Fatou qui me tenaient mes affaires.
- attends Diouldé que je te reconduis.
Je ne voulais pas qu'on remarque que j'étais fâchée et je montais tranquillement dans la voiture. Les filles décidèrent de rentrer et je proposais à Rassoul de les conduire jusqu'à l'arrêt le plus proche. Au retour, il engagea la conversation en me disant que le bébé se portait beaucoup mieux.
- je n'aime pas cette façon que tu as de te comporter avec Anta, lui dis-je simplement sans le regarder.
Il se tourna vers moi en faisant celui qui n'a pas comprit
- je savais que tu allais en parler. Anta c'est ma cousine et elle a toujours été comme ca avec moi. Il n'y a rien de méchant
- oui, mais ce n'est pas la première fois que je la vois comme ca avec toi et je n'aime pas.
Il gardait le silence quelques secondes et on était arrivé à l'appartement. Maman Fanta y était encore en grande discussion avec ma mère et tata Fatou. Apparemment tous les problèmes ont été aplanis car elles rigolaient comme de amies et j'en fus heureuse. Après m'être changé je restais avec elle à commenter la cérémonie et aussi à remercier maman Fanta pour tout.
- Diouldé ne me remercie pas. C'était mon devoir de faire tout cela. Et je regrette tout ce qui s'est passé.
Ma mère aussi se mit à le remercier et finalement tout le monde fut ému et sur le point de pleurer. Comme il commençait à faire tard, tout le monde est partie et ma mère m'a promis de venir tôt pour m'accompagner à l'hôpital, tandis que maman Fanta devait nous y rejoindre.
Je me retrouvais seule donc avec Rassoul qui se mit à résumer sa journée disant qu'il l'imaginait autrement. Je n'vais pas le cœur à l'écouter surtout après son comportement avec Anta. Mais il faisait comme si de rien n'était et un moment, alors que j'étais assise sur le lit à regarder les images de la télé, il s'est approché de moi doucement
- ma chérie, Anta c'est juste une cousine. Rien de plus. Tu n'as pas à être jalouse d'elle.
Je ne crois pas que c'était de la jalousie. Je crois juste que je lui en voulais de s'amuser ainsi alors que notre bébé était encore à l'hôpital. Je devais être pénible mais je n'y pouvais rien. Pour ne pas envenimer les choses car je n'avais pas trop envie de me disputer, je hochais la tête et me couchais. Il m'attira à lui pour me réconforter et je dus avouer que ca me faisait du bien de me retrouver comme ca, de sentir sa chaleur. Je soupirais et profitais du moment.
- t'inquiète pas ma chérie, tout se passera bien pour lui. Son infection est en train d'être traité et il s'en sortira tu verras. En plus en bon diobène, il est fort et vaillant. Un vrai guerrier.
Ses paroles me firent au moins sourire et pour la première fois depuis une semaine, je dormis un peu apaisé.
Le lendemain, tôt le matin, comme ma mère n'arrivait pas, je partis avec Rassoul à l'hôpital et au début, le médecin ne voulut pas que je le voie autorisant juste Rassoul à entrer disant que c'était du à une infection dans la crèche. Je me mis à pleurer à chaudes larmes pensant qu'il lui était arrivé quelque chose, et heureusement que le médecin français était arrivé et m'a par la suite autorisée à entrer. Bébé Ablay avait encore un peu maigri et semblait pâle. Le médecin me rassurait en disant que c'était l'infection qui l'avait un peu fatigué mais qu'il allait mieux depuis hier. Je sortais complètement découragée et tenant à peine. Heureusement ma mère était à l'entrée à m'attendre et était accompagnée de maman Oussey. Sa présence me surpris un peu et elle me dit qu'elle avait trouvé ma mère en train d'attendre un taxi près de chez moi et elle avait décidé de la suivre pour voir comment allait le bébé. Je la remerciais et lui dit que ca allait. Rassoul était toujours à l'intérieur et est sorti au bout de quelques minutes nous proposant de nous ramener. Toute la journée, j'ai été inquiète et sursautais à chaque fois que mon téléphone sonnait. J'appelais Rassoul toutes les heures pour qu'il appelle la crèche et voir si tout allait bien. Maman Fanta m'a appelé et m'a proposé de l'accompagner chez elle pour que je connaisse la maison, mais je lui dis que j'étais épuisée et qu'on pouvait remettre ca au lendemain. Rassoul était de garde la nuit et heureusement Coumba m'avait promis de venir passer la nuit. En fait comme c'était samedi, c'était juste un plan pour sortir avec Babacar et dès que Rassoul partit, elle courut s'habiller et Babacar vint la chercher. Je restais donc seule toute la nuit et incapable de dormir pendant un bon bout de temps. J'étais anxieuse et stressée sans vraiment de raison. Je m'endormis vers les coups de 3h et Coumba n'était toujours pas rentrée. Heureusement que je lui avais dit d'amener les clés. Le lendemain, quand je vis Rassoul entrer doucement dans la chambre et appeler mon nom, je sus automatiquement qu'il s'était passé quelque chose....
Désolé pour les cœurs sensibles. Si je pouvais changer les choses je l'aurais fait rien que pour vous faire plaisir, mais malheureusement, bébé Abdoulaye Diop n'avait pas survécu. On était en début Aout et il pleuvait ce jour là. Je revoie encore la pluie à travers la fenêtre pendant que j'essayais de réaliser ce que Rassoul venait de me dire. Il m'a parlé d'infections, d'organes atteints, mais je n'ai retenu que les mots « il n'a pas tenu ». Je vais épargner tout le monde les détails pour ne pas vous faire pleurer. Mais sachez quand même que j'ai très mal vécue cette période. Rien que de m'en souvenir j'en ai encore des frissons. En résumé, j'ai pété les câbles, m'en prenant à tout le monde. Même maman Fanta, ma mère et tata Fatou n'ont pas été épargnées. Je les ai accusées d'avoir faits des folies, d'avoir fait la fête alors que mon bébé était en train de mourir. Je ne l'ai jamais tenu dans mes bras, jamais embrassé, jamais entendu pleurer. C'était terrible et je ne souhaite à personne de vivre cela. Je leur ai criées dessus, leur en ai voulu surtout quand elle me demandait de croire en Dieu et d'accepter les choses. Quand à Rassoul je le détestais carrément. Quand il me parlait, je ne répondais même pas, quand il entrait dans une pièce, je sortais. Coumba devait rentrer dans la semaine, mais elle a repoussé son départ pour me soutenir, mais elle aussi, je ne voulais pas la voir et je lui en voulais aussi, mais pour une autre raison. Ce jour la elle est rentré au petit matin empestant un peu l'alcool. Malgré la douleur j'avais senti cette odeur quand elle m'a pris dans ses bras. Je n'avais pas eu l'occasion de lui parler de ça car je n'avais pas le moral. Je m'étais complètement renfermée sur moi-même. Heureusement tout le monde m'a compris après, quand j'ai commencé à reprendre mes esprits, et à aller un peu mieux. Ma mère venait chaque jour pour me tenir compagnie et me réconforter mais après un mois, elle était obligé de rentrer en Guinée car une de ses sœur était malade et lui avait demandé de venir.
Maman Fanta aussi n'était pas en reste. Quand elle ne pouvait pas venir, elle était au téléphone avec moi ou alors venait me prendre et on allait passer la journée chez elle. Elle habitait maintenant une petite maison à Nord foire. A l'époque, ce n'était pas un quartier résidentiel comme maintenant. C'était un peu comme la banlieue et c'était surtout les travailleurs de la Sotrac qui y avait leur coopérative d'habitat et donc leur maison. Mais la maison était très jolie et spacieuse. En plus maman en bonne décoratrice y avait mis tellement de belles choses qu'on en oubliait ou on se trouvait. Je ne voyais pas tata Sophie, mais comme je n'étais pas dans les dispositions, je ne demandais rien. Chez elle, je restais dans sa chambre toute la journée et parfois elle venait se coucher près de moi et me caressait la tête en me réconfortant, sinon je regardais la télé en brouillant du noir. Mais ca faisait quand même du bien et on parlait de tout sauf de tonton farah que je ne voyais plus, de Malik et de tata Sophie. C'était bizarre, mais elle disait toujours avec un triste sourire qu'on en parlerait plus tard quand j'irais mieux.
Vers mi octobre, j'allais vraiment mieux. Parfois, je crois que c'est le Bon Dieu qui s'en mêle un peu en insufflant un peu de poudre d'oubli et le temps aidant, on surmonte. Il m'a quand même fallut presque 2 mois pour émerger de tout ça et revivre un peu
Avec ma belle Famille, c'était juste pa Ablaye qui réussissait à me faire parler et oublier mes soucis grâce à sa bonne humeur. En plus les premiers jours, il pleurait comme un enfant et je ne supportais de le voir comme ca. Donc pour l'aider, je ne pleurais pas devant lui et m'efforçais de parler de politique, et autres sujets qui l'intéressaient. Sokhna aussi venait tous les jours et quand je n'étais pas d'humeur, elle restait à me regarder jusqu'à ce que je m'endorme. Maman Oussey avait organisé, parait-il, des funérailles et recevait du monde chez elle. Elle est venue jour du décès pour me demander de venir et de rester chez elle, mais je n'ai même pas répondu et c'est maman Fanta qui lui a demandé de me laisser chez moi. C'est plus tard qu'elle m'en a parlé car elle était ébahie qua Maman Fanta organise une cérémonie de funérailles chez elle. Moi, je ne pouvais dire qui est venu et qui ne l'était pas. J'étais toujours enfermé dans ma chambre et j'avais une baisse de tension donc je restais couchée la plupart du temps.
Avec Rassoul, les semaines qui ont suivi le décès étaient durs aussi bien pour lui que pour moi. Mais il s'est ressaisi plus vite que moi et a voulu m'aider. Mais je ne pouvais pas, je ne voulais pas. Rester dans mon monde noir m'allait bien. Un soir, on s'est disputé violemment en pleine nuit. Je ne pouvais dormir et j'avais la hargne, la rage contre tout le monde. Je venais de ranger tous les habits de bébé dans une valise et je ne me sentais vraiment pas bien. Comme il était à coté, j'ai déversé ma bile sur lui. Je l'ai accusé d'avoir causé tout ca, d'avoir été faible avec sa famille, de m'avoir poussé, de m'avoir fait tombé. Je criais et lui ne disais rien. Quand j'ai fini, il m'a juste pris dans ses bras et je suis resté comme ca toute la nuit dans ses bras en pleurant. Après cela, il essayait tous les jours de me faire plaisir, et quand je ne disais rien, il ne forçait pas et me laissait tranquille. Quand j'ai commencé à aller mieux, il a débuté en me proposant de petites sorties aux restaurants et petit à petit je revivais. Mais au lit, je ne voulais pas qu'il me touche et il comprenait même si ca faisait quand même presque 2 mois que j'étais dans ma coquille.
Ensuite, un weekend, il m'a juste dit qu'on allait à toubab Dialaw. Je n'avais pas vraiment de raison de refuser, donc je suis partie et maman Fanta m'a conseillé de sortir les missiles pour le charmer à nouveau. Ca me gênait de parler de ca avec elle, mais elle s'en foutait complètement et disait que j'étais sa fille et qu'elle pouvait tout me dire.
Le weekend avait bien commencé et après avoir posé nos bagages, on est parti à la plage qui n'était pas loin. A force de rester toujours enfermé, ma peau était presque blanche et Rassoul disait que je devais bronzer un peu car je ressemblais à un albinos. J'ai donc profité du soleil et lui s'est jeté à la mer et a nager jusqu'à épuisement. Il était très beau avec juste un caleçon de bain. J'avais oublié comme il était beau et bien bâti. Le masque de tristesse qu'il affichait avait disparu et il semblait plus serein. Les regards appuyés des femmes sur lui me faisaient sourire et j'avais envie de leur crier qu'il était à moi et qu'elles devaient arrêter de le lorgner comme ca. Il m'a convaincu un moment d'aller toucher l'eau et comme je refusais, il m'a soulevé et malgré mes protestations, il m'a plongé dans l'eau. Je m'accrochais à son cou et pour la première fois depuis des mois, on riait à nouveau ensemble. Il en profitait pour m'embrasser sous le regard des autres nageurs. Ca ne le dérangeait pas et je me laissais aller. On rentrait bien tard à la maison et nous nous sommes installés dans la baignoire tous les deux. J'étais adossé à lui et il avait sagement posé ses mains sur mon ventre. Ca faisait bien longtemps qu'on n'avait pas été comme ça et on est resté silencieux un bon moment
- Diouldé ?
- humm
- tu sais que je t'aime beaucoup.
Je gardais le silence et me blottissait plus contre lui.
- ces derniers mois n'ont pas été facile, ni pour toi, ni pour moi. Mais je veux qu'en aucun cas tu n'oublie que je t'aime. Tu as fait de moi l'homme le plus heureux même si c'était éphémère, voir mon fils a été magnifique.
Je souris et il déposait des bisous sur mon cou. Je ne disais toujours rien et me laissais aller contre lui.
- en plus tu m'as tellement manquée
Il a alors commencé à promener ses mains partout et je ne pouvais plus rester insensible à tout cela. J'ai tourné la tête et on s'est embrassé. Je le sentais vraiment excité et je continuais en le caressant. Un moment, n'y tenant plus, il s'est levé d'un coup et m'a soulevé. On était encore tout mouillé mais il s'en foutait. Il se montrait pressant et avide. Comme depuis que j'avais eu le bébé, on avait rien fait, j'étais très serrée et ca a fait quand même mal au début. Je m'accrochais à lui comme une bouée et un moment, je voulus le repousser. Mais il ne voyait plus et n'empêche ce fut quand même un bon moment et je crois qu'on en avait tous besoin après toutes ces épreuves. Il a encore recommencé et ce fut plus doux, plus calme et ca me convenait mieux. Au petit matin, dans ses bras, je lui fis part de mes craintes
- Rassoul, tu sais moi aussi je t'aime beaucoup. Je t'en ai voulu pour tout ce qui s'est passé mais je crois que c'est injuste de ma part. Tu n'y ai pour rien. Ca devait juste arriver
- je me sens fautif des fois tu sais. Tu enfonce juste le clou en disant cela, mais je t'assure que j'ai autant de peine que toi
- je sais mon amour, je sais...mais ca va mieux pour moi. Mais je ne voudrais pas avoir un autre bébé maintenant. J'ai besoin de temps.
- je comprends, même si moi j'en veux un autre. Mais avec ta césarienne tu es obligé d'attendre au moins un an avant de retomber enceinte.
Cette nouvelle me soulageait un peu et on continuait à discuter de tout et de rien en rigolant parfois et le weekend se passait entre les câlins et les ballades sur la plage. Ca me requinquait et je retrouvais un peu de joie de vivre auprès de Rassoul. J'avais l'impression de le redécouvrir car un moment avec tous les tiraillements je commençais à douter. Cependant durant le weekend, on évitait quand même de parler de sa mère ou de sa sœur. On devait rentrer le dimanche mais finalement on est resté pour ne retourner que le lundi. Je n'étais pas pressé de retrouver mon appartement où j'avais trop de souvenirs. J'avais décidé de reprendre mes cours même si j'avais quand même beaucoup de retard.
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