Part 6

Je crois qu’à cet instant mon cerveau ne fonctionnait plus. Je pensais juste que j’allais le tuer pour l’empêcher de recommencer. Je remontais rageusement les escaliers et ouvrait violemment la porte. Il était toujours couché sur le lit et dès que j’entrais, il se releva. Il allait foncer sur moi quand je sortis le couteau. Il se figea et resta sur place. Mon air déterminé l’avait convaincu de ne pas trop insister. Et je crois qu’à cet instant qu’il avait foncé, j’aurai enfoncé le couteau tellement la haine m’aveuglait
- viens, commençais-je en criant fort. Viens, approche un peu que je te tue.
Il a mis un doigt sur la bouche pour me demander de me taire, mais je criais encore plus fort. Je m’approchais de lui, le couteau toujours à la main et en criant fort et il reculait. Il était encore nu.
- Salopard, imbécile, tu n’as même pas honte d’essayer de me violer. Tu es un moins que rien. walay, je le jure sur ce que j’ai de plus chère, si tu ose encore lever la main sur moi, je te tue et j’irai dormir en prison. Touche-moi et tu verras. Vas y touche moi et tu verras
Il essaya de récupérer le couteau et je fis un mouvement qui lui taillada l’avant bras droit et le sang se mit à couler. A ce moment je pris peur et laissai tomber le couteau. Il en profita pour me donner un coup de poing qui m’envoya cogner le mur. Je retombais lourdement et c’est à ce moment que j’entendis le cri de maman. Elle se tenait devant la porte et regardais la scène complètement affolé.
Mais qu’est ce qui se passe ici ? cria-t-elle paniqué, son regard allant de tonton Farah à moi.
- cette salope a essayé de me tuer.
- c’est lui qui voulais me violer criais je à mon tour.
Je me relevais difficilement car mes côtes me faisaient mal.
Maman se figea et regarda fixement tonton Farah
- ce n’est pas vrai.. Elle est venue me provoquer jusqu’ici dit il en cherchant de quoi se couvrir le corps.
Maman ramassait la serviette et le lui jeta à la figure, puis se tourna vers moi et me lança sur un air menaçante :
- sors d’ici tout de suite.
Je sortis rapidement et manquait de faire tomber tata Sophie qui avait l’oreille collée à la porte. Je courus m’enfermer dans ma chambre et j’entendais les cris de maman dans la chambre. Je tremblais encore de tous mes membres et en me touchant la lèvre, je vis qu’elle saignait. Je n’avais pas les idées très claires et finalement je me couchais sur le lit et ne me demandez pas comme j’ai fait mais je me suis endormis presque sur le champ en priant de ne plus me réveiller. Mais je me réveillais en fin d’après midi et il régnait un silence inquiétant dans la maison. Je n’osais pas sortir et je me mis à réfléchir sur ma situation. Je ne sais pas ce que Tonton Farah va raconter à maman et c’est à cet instant que je compris que je n’avais personne. Si elle me demandait de quitter sa maison, ou irais je ? Mes parents n’étaient pas la et la famille qui était à Dakar me considérait comme une paria car j’avais fait des études et donc j’étais différents d’eux. Toute ma vie je n’ai connut que maman Fanta. Elle était toute ma famille. Je me sentais vraiment perdu et d’un coup je me sentis sale et je me levais pour aller me laver.
L’image que me renvoyait le miroir me fit peur. Avec ma peau très claire, j’avais des marques de doigts rouges sur le cou, ma joue gauche était enflé et toute rouge. J’avais des marques rouges partout sur le corps en plus de cette douleur à chaque fois que je respirais. Je pris une douche frénétique en appuyant sur toutes les parties que ce salaud avait touchées. Je pleurais de dépit et de rage. Je laissais ma chasse d’eau couler de la pointe des cheveux jusqu’au bout de mes orteils. Je restais ainsi pendant très longtemps et finalement je sortis en pleurant. Je trouvais maman dans ma chambre immobile, avec un regard noir. Je ne savais pas quoi faire et je restais debout la tête baissée. Finalement, elle se leva et me demanda d’un ton ferme de la rejoindre dans sa chambre quand j’aurais fini de m’habiller. Ce furent, je crois, les minutes les plus longues de mon existence. Toutes sortes de pensées me venaient à la tête et quand j’ouvris la porte je sus que ca n’allais pas être facile
- maman, je suis la, commençais je doucement en me tordant les doigts.
- qu’est ce qui s’est passé avec Farah ? demanda t’elle sans me regarder
Je lui expliquais exactement comment les choses se sont passées et comment, il m’a sauté dessus et a essayé de me violer. Elle m’écoutait silencieusement et avait les sourcils froncées. Je sentais qu’elle avait beaucoup de peine et ne dis rien
- demain je t’amène voir le médecin pour savoir si oui ou non, il s’est passé quelque chose entre vous. Je ne sais pas qui croire mai sache que tu m’as beaucoup surprise. Farah dis que tu lui demandais souvent de l’argent en échange de petites faveurs et que cette fois, il a refusé de te donner et tu l’as menacé avec un couteau
- non c’est pas vrai..Criais-je. J’étais ébahie par autant de mensonges. Je ne lui ai jamais demandé de l’argent
- Maman, tu me connais, tu m’as éduqué, tu sais de quoi je suis capable dis je en pleurant et en tournant son visage pour qu’elle me regarde
- oui je croyais te connaitre mais la je ne sais plus qui croire. Je veux savoir ou se situe la vérité. Après j’aviserais. Demain on va chez le médecin.
Je continuais à pleurer et finalement elle me demanda de la laisser mais avant de partir elle me rappela
- Diouldé, je ne veux pas que cette histoire s’évente. N’en parle à personne car j’ai beaucoup d’ennemis et je ne voudrais pas que ce scandale arrive à leurs oreilles
Je ne dis rien et sortis. J’étais tellement choquée par ses dernières paroles que je ne sus comment les prendre. Je restais assise sur mon lit toute la nuit incapable de bouger, incapable de dormir et avec cette vive douleur quand je respirais. Le lendemain arriva vite et maman me trouva exactement dans la même position que je m’étais assise la veille, pour me demander de me préparer. Je n’avais pas fermé l’œil de la nuit. J’allais me débarbouiller le visage et revêtit une robe en wax. Mes cheveux que j’avais mouillés la veille n’étaient pas peignés et j’attachais un foulard. Mon visage était encore tout rouge et j’avais les marques sur tout le corps. Avant de partir je l’entendis appeler le Dr Rassoul. Apparemment, elle avait pris on contact et on devait aller le trouver pour qu’il nous diligente. Cette perspective ne m’enchantait guère mais je n’avais pas le choix et je la suivis dans la voiture. Personne ne parlait et j’avais le visage collé à la vitre. Le Dr était à l’entrée de l’hôpital et nous attendais. Quand il me vit il eut un choc car il me regardait fixement. Il me regarda avec un air intrigué et se tourna vers maman pour lui demander ce qui s’est passé ?
- elle est tombé hier dans les escaliers. Mais en fait les blessures sont superficielles. Par contre je voudrais que tu m’aides à voir un gynéco pour une consultation. On n’a pas de rendez vous et c’est pourquoi je me suis dit que tu pourrais nous aider puisque c’est une urgence.
Il semblait encore plus perdu et me regarda à nouveau en fronçant les sourcils.
- ma collègue gynéco n’est pas encore la, mais en attendant, comme elle est tombé il vaut mieux que je lui fasse une petite consultation pour voir si tout va bien et lui prescrire une pommade pour les lésions. Suivez-moi
On le suivit le long des couloirs de l’hôpital et on arriva devant son bureau. Il demanda à maman de patienter le temps qu’il me consulte. J’entrais et il referma la porte. Il me demanda de m’assoir sur le lit à l’autre bout du bureau. J’enlevais mes chaussures et je m’assis. Il revint quelques secondes plus tard et se mit juste en face de moi.
- tu es vraiment tombé dans les escaliers me demanda t’il brusquement en m’observant
Je gardais la tête baissée et il la souleva pour que je le regarde. Il avait l’air préoccupé et j’ai essayé de répondre mais aucun son ne sortait de ma bouche. C’est juste les larmes qui se sont mis à couler. Il ne dit rien et commença par me prendre la tension. Il regarda les rougeurs sur mon cou et prit un air vraiment inquiet
- Diouldé, je ne sais pas comment ceci t’es arrivé mais c’est sérieux. Puisque tu ne veux rien me dire je ne peux pas te forcer à parler.
Ensuite il me demanda d’enlever la robe et posa son appareil sur mon dos en me demandant de respirer. Chaque respiration était douloureuse et finalement il me toucha les cotes. Je gémissais car la douleur était vraiment forte.
- il faut que tu fasses une radio, je crois que tu as les cotes cassées.
Il me demanda de me rhabiller et ensuite me tendis une feuille pour une radio et une ordonnance. On retrouva maman à la porte et il lui demanda de faire rapidement la radio le temps qu’il trouve sa collègue gynéco. Il nous accompagna jusqu'à la salle de radio et parla au technicien pour qu’il nous prenne rapidement en disant que c’était sa maman. Donc on ne patienta pas trop longtemps et par contre on devait attendre pour les résultats. En attendant, Dr Rassoul était revenu et nous avait amené au service de gynéco. Il y avait di monde devant le bureau, mais il frappa à la porte et entra. Il revint quelques minutes plus tard et nous expliqua que juste après la patiente, sa collègue allait nous introduire. Maman le remercia beaucoup pour la diligence et on patienta. C’était la première fois que j’allais chez le gynéco et j’appréhendais gravement. J’avais envie d’expliquer à maman j’ai été excisé et que je n’ai jamais couché avec qui que se soit, mais elle avait le visage tellement fermé que je n’osais pas. Mon cœur battait fort quand la gynéco sortit et nous appela. C’était une dame très gentille qui nous demanda de nous assoir et nous interrogea sur le motif de la consultation.
- en fait c’est ma fille. Elle a fait une mauvaise chute dans les escaliers et je me demandais si.. enfin vous savez si…comme c’est une jeune fille
Elle avait du mal à formuler sa requête et la la dame comprit.
- oui oui j’ai compris.. Mademoiselle, suivez moi.
Il y avait une table cachée par un rideau et elle me demanda de me déshabiller et de monter sur la table. J’avais vraiment peur et était complètement en panique. Depuis mon excision, c’était la première fois que j’écartais encore les cuisses et surtout que j’offrais cela au regard d’une autre personne. Je tremblais de tous mes membres et la gynéco ayant remarqué cela me parla doucement en me demandant de me calmer. Au lieu de cela, je me mis à pleurer silencieusement. Je me sentais humiliée, rabaissée. Maman qui était à coté demandai si tout allait bien et elle répondit que oui.
J’avais les cuisses serrés et qui tremblaient comme pas possible. Elle me demanda finalement de me rassoir et alla me chercher de l’eau. Elle revint et se mit à me parler en me disant qu’elle ne me ferait pas de mal et qu’elle voulait juste regarder. Je me calmais et me couchais sans arrêter de trembler. Elle écarta doucement mes cuisses et je fermais les yeux en contractant tout mon corps. Je sentis ses doigts qui touchaient cette partie et qui observais ; je l’entendis soupirer et se lever. Malgré mes yeux fermés, mes larmes continuaient à couler et elle me demanda gentiment
- tu as été excisé ma belle
J’avais une grosse boule à la gorge et je dus avaler pour pouvoir articuler un mot. J’ouvris la bouche mais je ne pus articuler aucun mot. Finalement elle me demanda de me rhabiller et de venir.
- alors, demanda maman inquiète
- votre fille a été excisé madame et il ya eu ablation du clitoris et des petites lèvres. Dit-elle en regardant maman.
C’était la première fois que j’entendais parler de ce qui m’était arrivé et je l’écoutais attentivement. Elle expliqua que mon cas n’était pas trop grave car certaines poussaient le bouchon jusqu'à recoudre l’entrée. Maman semblait tellement surprise que le médecin comprit qu’elle n’en savait rien. Elle se tourna pour me regarder mais je gardais la tête baissée.
- pour la virginité, je peux vous rassurer, elle est bien vierge et personne ne l’a jamais touché complétât elle comme si elle avait comprit que je n’étais pas tombé dans les escaliers.
Maman était encore immobile et ne disait rien. Finalement elle remerciait le docteur et on prit congé. On trouva le Dr Rassoul à la porte qui nous attendait.
- je te remercie beaucoup Rassoul. Sans toi, on aurait passé la journée ici.
- je vous en pris. Mais je viens de récupérer sa radio et c’et bien ce que je pensais. Elle a une cote brisé et je lui ai prescrit un anti inflammatoire ; dit il en lui tendant une ordonnance. Il faut qu’elle reste bien au calme et je lui donne rendez vous dans trois jours pour voir.
Elle le remercia encore tandis que je gardais le silence. Je sentais son regard mais j’avais tellement honte que je n’osais pas le regarder. Je me demandais juste ce qu’il allait penser. A l’époque je pensais que c’est uniquement les femmes enceintes qui consultent les gynécologues et donc comprenez ma gêne.
Sur le chemin du retour, maman s’arrêta à une pharmacie et acheta mes médicaments. Personne ne parlait et à un moment elle me dit juste
- pardonne-moi Diouldé, mais je devais savoir.
Je ne répondis rien et me contentais de regarder par la fenêtre.
Une fois à la maison, on trouva tonton Farah au salon. Il était assis et regardait la télévision. Tata se dirigeait vers la cuisine et moi je montais en le dépassant comme si je ne l’avais pas vu. Au bout d’un moment j’entendis les cris provenant de la chambre de maman. Je sortis et m’approcha pour comprendre ce qui se passait et j’entendis distinctement la voix de maman.
- arrête Farah, arrête… diouldé n’as couché avec qui que ce soit donc tu mens quand tu dis qu’elle le faisait avec d’autres hommes quand je voyageais. J’en ai marre de tes tromperies, de tes infidélités. Ca dure depuis trop longtemps et je supporte trop de choses
Tonton Farah parlait plus bas et je n’entendais pas ce qu’il lui disait
- arrête, ne mêle pas mon fils à tes mensonges.
Tonton Farah continuas à parler et mon cœur rata un battement. Mon Dieu il était en trin de lui parler de Malik et de moi. Que savait-il exactement ? Je me retournais et comme d’habitude manquait de faire tomber tata Sophie. Je la bousculais violemment et elle tomba lourdement. Je m’enfuis dans ma chambre et restait allongé.
Comme je m’y attendais ma clique vint me rendre visite car c’était un lundi. J’avais mis un meulfeu pour cacher mon cou et les rougeurs que j’avais sur le corps. Je me mis aussi un peu de maquillage pour mieux camoufler les choses. Mais les traces étaient toujours la et la joue était encore un peu gonflé. Coumba et Moha furent surpris et me demandèrent ce qui m’était arrivé.
- ne rigolez surtout pas, mais hier je suis tombé dans les escaliers, répondis je, en trichant la réponse de maman. J’avais le cœur en compote et j’étais profondément atteinte mais je fis comme si de rien n’était.
Ils éclatèrent de rire et ne pouvaient plus s’arrêter. Je leur expliquais que maman m’avait amené à l’hôpital et que j’avais même une côte de casser. Ils éclatèrent de plus belle en compatissant. Je souriais en les regardant mais je n’avais pas le cœur à rigoler. Ils restèrent encore quelques temps puis prirent congé. Après leur départ, je m’étais installé sur la table de la cour et je ne sentis pas le temps passé. J’étais la, immobile surement depuis des heures et c’est la présence de maman qui me fit revenir sur terre.
- tes amis sont partis ? demanda t’elle en s’installa sur la chaise à coté de moi
Je hochais la tête sans rien dire.
- je n’ai jamais su que tu as été excisée. On a du te le faire avant que je ne te récupère
- non dis je finalement. C’était l’année ou je suis partie en Guinée. Tu te souviens je suis revenue malade.
Elle me regardait comme si je racontais une histoire farfelue
- et tu ne m’a rien dit ?
- c’est maman qui a dit de ne rien te dire car tu pourrais mal le prendre et me demander de retourner vivre avec eux.
Je parlais doucement et elle n’entendait surement pas ce que je disais car elle approcha sa tête.
- ha ta maman n’aurait jamais du faire ca sans me prévenir. Je suis totalement contre ce genre de chose.
Elle continuait à parler en racontant toutes les conséquences de ce geste. Finalement elle se tut et me regarda fixement, le ton ferme
- Diouldé, tu sais que ces derniers temps j’ai subi beaucoup de choc. La relation de Rama avec un blanc, Malik qui enceinte une fille, et maintenant ca. Je ne supporterai pas un autre scandale dans la famille. Farah n’est certes pas un saint mais, même Sophie m’a dit que quand je ne suis pas, tu sors jusque tard et des hommes viennent te rendre visite. Tu savais pour Rama tu ne m’as rien dit, tu as été excisée, tu ne m’a rien dit et peut être d’autres choses que j’ignore. Elle sous entendais surement ma relation avec Malik, mais ne précisa rien.
Je voulais protester, mais je me retins en me disant que ca n’en valait pas la peine. Donc elle continua
- Dans tous les cas, je ne sais plus qui croire et je veux que tu saches que je ne veux plus de scandale dans cette maison. Ce qui s’est passé entre Farah et toi, creuse un grand trou et enterre le. Il a dit qu’il ne recommencerait plus donc c’est fini. Si jamais, tu en parles et que des personne qui ne sont pas concerné apprennent cela, je ferais ce que je n’ai pas envie de faire. J’ai un nom dans ce pays et ma réputation est en jeu à travers mon mari. J’en ai marre de recevoir des coups donc ne parles à personne de ca. .
Mon cœur battait fort dans ma poitrine. Plus que la douleur physique, ce que maman venait de me dire me fit encore plus mal. Mon Dieu, elle voulait que j’oublie ca, elle ne me croyait donc pas et accordait un sursis à tonton Farah. Elle pensait vraiment que j’étais capable d’aller tenter Tonton Farah ? Ces paroles firent l’effet d’une bombe dans ma tête et j’eus envie de crier toute ma rage. Au lieu de cela, je restais assise, la tête baissée à l’écouter.
- je pensais t’avoir bien éduqué mais apparemment j’ai failli quelque part. Tu as tes examens dans quelques semaines, prépares les et réussit haut la main. Je suis ta maman et malgré tout j t’aime, mais ma réputation compte aussi et je ne laisserai personne la détruire. Tu m’as compris ?
Je hochais simplement la tête et en ce moment je me sentis seule au monde. Vraiment seule.

Les jours suivants furent également très sombres. Je reçus un coup de fil du Dr Rassoul le lendemain, qui me rappelais mon rendez vous. Je lui assurais que je ne l’avais pas oublié et que je viendrais. Ce jour la Coumba avait fini tôt des cours et était passé à la maison. J’étais en train de me préparer pour aller à l’hôpital et elle décida de m’accompagner. Elle rigolait toujours de ma chute et commençait même à m’énerver. On se rendit directement à son bureau et on patienta dehors car il y avait d’autres patients qui attendaient. Dès qu’il nous vit, il me fit signe de venir et Coumba patienta dehors.
- alors Diouldé tu te sens mieux ?
Je baissais la tête et répondit
- oui je me sens beaucoup mieux.
- tu ne veux pas me dire qui t’as fait ca me demanda t’il doucement
Je relevais la tête et l’observais. Il me regardait fixement et je compris à son regard qu’il ne croyait pas à cette histoire de chute. Je ne répondis pas et il insista un peu. Comme je n’étais pas disposé à parler, il se leva et vint s’accroupir à mes côtés
- je veux t’aider Diouldé, mais il faut que je saches ce qui s’est passé. Celui ou celle qui t’as fait ca est une brute et tu ne dois pas laisser passer les choses comme ca. Parles moi.
Ses paroles firent remonter les souvenirs et d’un coup, les larmes pointèrent. Mais je les refoulaient et ne répondais rien
- je suis désolé… finis je par dire. C’est du passé. Je ne peux pas en parler.
Les menaces de maman étaient encore vives dans ma tête et je ne voulais en aucun cas que ca se sache. Il soupira puis, se leva. Je me levais à mon tour et il me regardait fixement
- je ne te comprends pas. A chaque fois que je fais un pas vers toi, tu prends le soin de reculer de 10 pas. Diouldé, peut être que je ne sais pas comment m’y prendre avec toi, mai je veux que tu saches que je serais toujours la pour toi. Tu as compris ?
Oui j’avais compris, et je voulais lui demander s’il avait parlé au gynéco et si elle lui avait dit ce qu’on était venu faire. Je n’osais pas. Il me dit qu’apparemment mon état s’était amélioré et qu’avec le temps les rougeurs allaient s’estomper. Je pris congé et il me promit de rappeler. Il me raccompagna jusqu’à la porte et je lui présentait Coumba. J’étais encore fatiguée et mes douleurs restaient vives, mais au lieu de rentrer, Coumba me proposa un autre itinéraire.
En cours de route, elle me dit que Demba travaillait dans les environs et entra dans le premier télécentre et l’appela pour lui dire de nous rejoindre près du centre culturel français. Elle disait qu’elle avait envie d’une bonne glace. Je protestais mais elle ne m’écoutait même pas. Je compris plus tard qu’elle voulait juste prendre des nouvelles de Babacar. Par contre voir Demba me fit vraiment plaisir. Il me regarda bizarrement et remarqua les quelques marques rouges qui restaient sur mon visage. Coumba, radio cancan, lui expliqua que j’étais tombé dans les escaliers. Il souriait mais je sentais au regard insistant qu’il m’a lancé qu’il n’en croyait pas un mot et perspicace comme il l’était, il ne laisserait pas tomber facilement. Mais on n’eut pas eu l’occasion de discuter. Coumba ne cessait de demander de nouvelles de Babacar, précisant qu’elle souhaitait qu’il soit mort. Mais Demba taquin comme il était disait qu’il se mourrait d’amour pour elle et qu’elle n’avait qu’a lui pardonner. Je trouvais quand même bizarre qu’elle puisse envisager cela après tout ce qui s’est passé. En rentrant elle m’expliqua que Babacar lui manquait vraiment et que malgré tout ce qu’il avait fait, elle l’aimait toujours. Je lui conseillais de passer d’abord le bac et après elle décidera.
Sincèrement, j’avoue que j’ai pensé un moment que comme Babacar, peut être que Malik regrettais. Mais je ne m’y attardais pas, refoulant cette pensée, me disant aussi que cette relation ne m’a apporté que des soucis.
J’ai pris toute la semaine pour me reposer et récupérer. Moha passait presque tous les jours pour me donner des cours et des exercices à traiter. Il restait pour m’aider un peu et repartait. Il avait remarqué mon air triste et me demandait souvent si j’allais bien. Je répondais invariablement que ca allait et que c’est l’approche du bac qui me stressait. Demba était aussi passé à la maison, mais il a trouvé Moha qui révisait avec moi et il n’est pas resté longtemps. En le raccompagnant, il me demanda comment j’avais fait pour avoir des traces rouges sur visage la dernière fois qu’on s’est vu. Je lui répondis invariablement que j’étais tombé dans les escaliers et heureusement, il n’insista pas.
J’essayais tant bien que mal de me replonger dans les études mais le cœur n’y était plus. Je pouvais rester des heures figée dans une même position sans rien faire alors que j’étais sensée réviser mes cours. C’était comme si j’avais été transporté dans une autre dimension. Maman aussi était très triste. Je la sentais aussi préoccupé que moi et, parfois, je surprenais son regard posé sur moi, un regard triste et emprunt de mélancolie. Je n’arrivais plus à lui parler comme avant, à aller m’allonger à côté d’elle sur le lit et raconter ma journée, à l’écouter me raconter les misères que lui faisaient ses clients à la boutique et tout ceci me manquait. On était presque seules à la maison mais on ne sentait pas la solitude car on était toujours en train de discuter. Elle avait tellement fait pour moi que je trouvais dommage de lui en vouloir mais je ne savais comment briser ce mur qui était en train de se construire entre nous. J’avais tellement envie qu’elle me prenne dans ses bras ne serait ce qu’une fois pour me réconforter et me dire que tout ceci n’était pas ma faute car je me sentais tellement coupable. Oh oui, j’avais un sentiment de culpabilité incompréhensible. C’était moi la victime, mais comme je ne recevais aucun signal positif de maman, je portais tout sur moi. J’avais cette sensation d’avoir perturbé le couple de maman, d’avoir chamboulé l’équilibre qu’il y avait dans la maison. Tonton Farah ne venait plus les semaines qui suivirent et j’entendais maman dire à ses amies qu’il avait voyagé. Même à rama je n’osais rien dire, de même qu’au Dr Rassoul, qui appelait souvent. On m’a demandé de me taire, je me tairai.
La cession du bac arriva rapidement et les épreuves étaient abordables. Mes profs ne se faisaient aucun souci pour moi et Moha car on était assez brillant. Malheureusement, ce que je craignais arriva. J’étais avec Moha et Coumba en train d’attendre les résultats. On avait passé les épreuves au cours Sacré Cœur et on attendait fébrilement les résultats. Coumba passa d’office et on criait avec elle. Quand vint notre tour, on se tenait tous la main et c’est le nom de Moha sortit en premier car il avait une mention très bien. Ensuite, on attendit…ce furent des moments très pénibles. Finalement je fus admise à passer les épreuves du second groupe. Les autres élèves de ma classe étaient tous surpris par mes résultats car tout le monde pensait que je réussirais dès le premier tour. En mon fort intérieur je sus que j’avais été trop distraire ces derniers jours et que parfois je restais des heures penché sur un exercice alors que je n’écrivais pas un mot. Je pris la nouvelle avec beaucoup de philosophie contrairement à Coumba qui était en larme alors qu’elle avait réussi et Moha qui avait le visage crispé et ne cessait de répéter « noonn , nooonnn ». J’j’essayais de détendre les choses en leur disant que j’étais contente pour eux et que ca irais mais rien n’y fit, Coumba continuait à pleurer et elle me raccompagnait à la maison. Je lui disais qu’avec ses larmes tout le monde croirait qu’on n’a pas réussi, mais rien à faire, elle continuait à pleurer et à renifler fort.
Maman aussi était désolée et m’encourageait à persévérer pour les autres épreuves. Je me replongeais donc dans les cours et Moha venait tous les jours pour m’aider à réviser et cette fois ci ce fut la bonne. J’ai eu mon bac D (qui correspond à S2 je crois) et ce fut quand même un soulagement surtout pour mes deux amis qui semblaient plus stressés que moi. Ca me touchait tellement qu’ils se fassent autant de soucis pour moi. On a jubilé et on a fait un tour chez Moha, puis chez Rama et leurs parents ont prié pour nous, nous demandant de maintenir notre amitié et de persévérer dans la vie.
En rentrant à la maison, je trouvais maman dans sa chambre et je tapait doucement à la porte, puis entrais. Elle était en train de prier et à son regard je compris qu’elle attendait avec impatience les résultats. J’avais pris la décision de lui parler. Après tout ce qu’elle avait fait pour moi, je ne devais pas laisser un problème s’immiscer entre nous. Non je considérais cela comme de l’ingratitude et je n’avais pas le droit d’être ingrate surtout envers une femme qui ne m’a montré que bonté et amour. Pour ce qui venait de se passer, je devais vivre avec car je ne pouvais plus l’effacer.
- maman j’ai réussi dis je en entrant dans la chambre.
Elle sursauta et se leva pour m’enlacer
- Alhamdoulillah. oh ma chérie je suis contente.. J’ai passée ces derniers jours à prier pour toi. Je suis fière de toi.
Elle me serra encore et moi je restais collée à elle, ne voulant pas me détacher. J’étais en larmes et j’avais le cœur gros
- merci maman, merci pour tout, finis je par articuler. Sans toi rien de ceci ne serais arrivé. J’avais imaginé tellement de fois dans ma vie la manière dont je devais lui dire que j’avais réussi, j’avais tellement de fois imaginé notre joie. Au lieu de ca, il y avait cette gêne entre nous, cette sorte de barrière que je ne pouvais franchir.
- oh ma petite fille…
Elle se mit aussi à pleurer et finit par s’assoir sur le lit, le visage caché derrière son voile.
- je tenais à te dire merci. Tu as toujours été la pour moi et quoi qu’il se passe tu seras toujours ma maman…
Je n’arrivais plus à terminer, ma voix était étranglée par les larmes
- Diouldé, tu ne peux même pas imaginer à quel point je suis désolé. J’étais sensé te protéger, mais je ne pouvais imaginer tout ceci. J’espère qu’un jour tu pourras comprendre pourquoi j’ai pris cette décision avec Farah. Ce n’est pas parce que je te déteste, loin de là, je t’aime, mais parfois, on est obligé de prendre des décisions pour le bien de tout le monde. Ma vie n’as pas toujours été facile et certaines personnes m’attendent au tournant.
Elle parlait en s’essuyant les larmes et je ne comprenais toujours pas sa position dans cette histoire. Mais je voulais par-dessus tout que tout revienne à la normale. J’en avais marre de cette atmosphère lourde entre nous deux.
- je comprends maman dis je en lui prenant les mains et en les serrant sur mon visage, et moi aussi je suis désolé pour tout.
On était toute les deux en train de pleurer, moi l’injustice que j’ai subi, et maman surement les choix qu’elle a du faire. Je ne comprenais pas pourquoi elle devait se forcer à rester avec un homme qui avait essayé de violer une autre femme. Non, dans mon entendement, aucune raison ne devait expliquer cela. Mais je me dis finalement qu’il fallait peut être atteindre le niveau de maturité de maman pour comprendre mieux les choses.
Elle se leva et on appelait Rama. Elle a crié à nous casser les tympans et me dit qu’elle était vraiment heureuse pour moi. Elle était contente et me promit de m’envoyer un gros cadeau. Ensuite elle appela Malik. Sans le vouloir, mon cœur battait et elle tomba sur Awa. Elle lui annonça la nouvelle et me la passa. Elle me félicita chaleureusement et j’en profitais pour prendre des nouvelles de la petite Diouldé. Malik n’était pas encore rentré, mais elle promit de lui transmettre la nouvelle dès qu’il sera la. Je fus soulagé de ne pas lui parler.
Le téléphone sonna à nouveau et je pensais un moment que c’était Malik qui rappelait mais heureusement, c’était Demba qui voulait me féliciter car Coumba venait de lui annoncer la nouvelle.
- eh bien ma grande, tu pense que c’est fini, mais je te décourage, les choses viennent de commencer. Le bac c’est le début de tout.
Je lui répondis que j’étais préparé à toute éventualité et après avoir discuté pendant des minutes, il me fit promettre de venir chez Coumba le vendredi car il comptait venir avec Babacar. Ensuite, il rajouta qu’il était vraiment pressé d’être à vendredi. Je raccrochais le sourire aux lèvres car j’adorais discuter avec lui.
J’ai essayé en vain de joindre mes parents, mais on me disait qu’il n’y avait que mes frères qui étaient à la maison. Mes parents s’étaient rendus au décès de ma grand-mère et devaient y rester quelques semaines et il n’y avait aucun numéro pour les joindre. Quand je demandais à parler à mon frère ca prenait tellement de temps que je me décourageais. Et puis de toute façon, je me disais que si je leur annonçais que j’avais le bac, ca ne leur ferait aucun effet, même si je me promis d’essayer dans quelques jours.
Après avoir récupéré mon attestation, maman m’appela pour me parler de la suite à envisager. Avec Moha, on avait déjà cherché des pré-inscription pour des universités françaises. J’avais obtenus des réponses positives d’une université à Paris et d’une autre à Besançon. Avec mes notes au bac, j’avais perdu espoir d’obtenir une bourse ce qui rendait la situation compliqué. Mais maman me rassura en me disant qu’elle avait parlé avec Rama et Malik, et qu’ils étaient prêts à financer mes études. J’en avais les larmes aux yeux et je la remerciais pour tout ce quelle avait fait pour moi. Elle me dit qu’elle s’en réjouissait aussi car je fais partie de la famille. Elle m’expliqua que Malik avait insisté pour que j’accepte l’inscription de l’université de Paris comme cela, il pourrait m’encadrer. Cette perspective ne m’enchantait guère et je promis à maman d’appeler Malik pour qu’on discute des modalités et des papiers qu’il devait me fournir pour l’ambassade.
Avant même que je le rappelle, Malik appela à la maison. Il me félicita et se réjouis avec pleins de sous entendus.
- ma chérie, j’ai hâte que tu viennes ici. Quand tu seras la, on se posera et on discutera tranquillement. Je sais que tu m’aime toujours même si tu m’en veux. Mais quand on discutera tu verras que tout rentrera dans l’ordre.
Je ne répondais pas. Mais il me prenait pour qui ? me pensait il capable d’entretenir une relation avec lui alors qu’il était marié.
- tu m’en veux toujours ma belle ? me demanda-t-il
- non je ne t’en veux pas. Je m’en veux à moi-même plutôt
- et qu’est ce que je peux faire pour que tu ai à nouveau confiance en moi. Je n’ai jamais cessé de t’aimer et de penser à toi. Tu me manque à un point que tu ne peux imaginer ;
A un moment sa voix se cassa et je lui demandais
- et Awa ? Elle m’a félicité. Est-elle au courant de tout ca.
- arrête de me parler d’Awa. Si j’avais le choix, je ne serais pas avec elle. Et puis ca ne concerne que nous deux.
- non je n’arrêterais pas de parler d’elle. C’est ta femme et vous avez une fille ensemble. Si jamais je viens là bas, il est hors de question que je vive sous le même toit que toi.
Il rigolait et me précisa que si jamais je devais faire mes études à Paris, c’est sur que je logerais chez lui et qu’il ne prie que pour ca car je serais en de bonnes mains. Finalement, je coupais le téléphone et me mit à réfléchir sérieusement à l’éventualité de rester ici. Mais je savais que tonton Farah n’étais pas sorti de la vie de maman et qu’il reviendrait et cette cohabitation aussi n’était pas possible. Je me trouvais entre le marteau et l’enclume et je décidais d’en parler à Moha, en évitant bien sur de lui parler de tonton Farah. Il m’encourageait à postuler et une fois là-bas, je pourrais changer d’université et je décidais de suivre son conseil. Lui, avec sa mention, avait obtenu d’office une bourse. Ca me rendait triste de penser qu’on devrait se séparer mais on se faisait des plans retrouvailles au cas on partirait tous car Coumba aussi avait une pré-inscription pour la Belgique.
Maman avaient annoncé la nouvelle de ma réussite à ses amies et elles venaient me féliciter avec chacune des cadeaux. Ca me faisait plaisir de voir qu’elle me comptait comme une membre à part entière de la famille. Elle avait également prévenu le Dr Rassoul qui m’appelait. Il semblait content et me félicita chaleureusement.
- je t’aurai bien amené un petit cadeau mais je ne sais pas ou tu habites
- merci, mais ne te donne pas cette peine, après tout ce que tu as fait pour nous, c’est amplement suffisant.
- non j’insiste à moins que tu ne veuille vraiment pas que je vienne chez toi.
Finalement, je lui expliquais l’emplacement de la maison et il passa le soir même. Apparemment il venait juste de finir car il avait un air fatigué. Il était en jean et polo et était vraiment mignon. Il m’expliqua qu’il n’avait eu aucun problème pour se retrouver. On s’installa au salon, et on discuta de tout et de rien
- tu n’es pas tentée par des études de médecine
- bien sur d’ailleurs dans ma fiche d’orientation ca a été ma première option. Maintenant avec mes notes au bac, je ne suis plus très sure d’être orientée la bas. Mais j’aimerais bien.
- je te le souhaite, comme ca je te donnerais mes cours et je t’aiderais dit il avec un sourire malicieux.
Je me contentais de sourire et maman descendit à ce moment. Elle fut contente de le voir et resta quelques minutes à discuter avec lui. Finalement elle prit congé pour remonter dans sa chambre et Rassoul voulait en profiter pour partir également, mais maman insistait pour qu’il reste et qu’on discute. Je ne comprenais pas trop pourquoi car depuis la dernière fois, je dois avouer que je suis vraiment gênée en sa présence. Donc après le départ de maman, il resta encore et on était en train de discuter comme ca ne nous était jamais arrivé. Il avait une voix rauque et parlait très lentement. Il était sérieux et même quand il plaisantait je ne m’en rendais pas toujours compte. Il m’avouera plus tard qu’il est très timide et c’est pour cette raison que les gens qui ne le connaissent pas ont tendance à penser qu’il est hautain. Je lui avouais que moi aussi après notre première rencontre j’ai pensé la même chose ce qui le fit rire. C’était la première fois que je le voyais rire et ca lui creusai de larges fossettes sur les joues. Je le taquinais ensuite sur sa manie de toujours froncer les sourcils et il me dit qu’il le faisait quand il était énervé ou soucieux. On continuait à discuter quand tout à coup je me figeais. Tonton Farah venait d’entrer et j’entendais sa voix en train de saluer Marie. Quelques instants plus tard, il était au salon et se tenait devant moi. Depuis la tentative c’était la première fois que je le revoyais et mon cœur s’emballait. Rassoul a du remarquer mon changement d’attitude et se retourna. Tonton Farah s’était avancé pour le saluer et il s’est levé pour lui tendre la main. Je ne pouvais pas parler et donc j’étais incapable de faire les présentations. Il se tourna ensuite vers moi et me salua.
- bonjour Diouldé dit’il en me tendant la main.
J’étais toujours assise et ne fit aucun mouvement pour lui tendre la main encore moins répondre à son salut. Il y eut un moment de silence et de gêne dans la pièce et finalement il demanda d’après maman. Comme je ne répondais toujours pas, c’est Rassoul qui l’informait qu’elle venait juste de monter.
- Diouldé, tu vas bien, me demanda t’il juste après le départ de ce dernier et en venant se mettre à coté de moi
Je ne répondis rien et me contenta de hocher la tête avec un sourire forcé
- on ne dirait pas.
- si si cava, articulais je finalement en lui prenant instinctivement la main comme si j’avais besoin de m’accrocher à quelqu’un.
Il me regarda en fronçant les sourcils mais ne fit pas de commentaires. Me rendant compte de mon geste je m’excusai et lâcha ses mains. Il me demanda de qui il s’agissait et je réondit que c’était le mari de maman. Ma voix tremblait un peu et il remarqua mon trouble. Il posa sa main sur mon genou
- calme toi Diouldé…tu es toute troublé. Tu es sure que ca va.
Je ne répondis rien et finalement, il décida de partir. Je le raccompagnais et une fois à la porte, il me relançai
- ce monsieur a-t-il quelque chose à voir avec ce qui t’était arrivé la dernière fois ?
Je sursautai et secoua la tête
- bien sur que non. Je t’ai dit que je suis tombé. Maintenant si tu ne veux pas me croire je suis désolé mais je n’inventerai pas une histoire pour te satisfaire.
Je parlais sur un ton un peu énervé et je suppose qu’il le prit mal. Toujours est-il qu’il fronça encore ses sourcils et semblait vouloir me dire quelque chose. Mais il se ravisa et finalement prit congé. Je restais encore un bon moment devant la porte car je n’avais pas très envie de rentrer. Finalement, je filais directement dans ma chambre et fermais à clé. Même pour le diner, je dis à Marie que je n’avais pas faim. Je n’avais aucune envie de rencontrer tonton Farah et j’étais bien décidé à rester dans ma chambre jusqu'à ce qu’il s’en aille. Et même quand Marie vint frapper à ma porte pour de dire de venir répondre au téléphone à Rassoul, je lui dis de lui dire que je dormais.
Le lendemain, je ne sortis que quand j’entendis sa voiture partir et filais voir Coumba. Elle était en plein préparatif d’une soirée d’arrosage qu’elle voulait organiser au cours du weekend. Maman voulais aussi que j’organise une soirée et m’avait remis de l’argent mais finalement je lui proposais de le faire avec Coumba. Donc je devais l’aider à organiser et comme elle était plus dégourdie que moi, elle avait déjà tout planifié. Elle comptait inviter Babacar et je la taquinais en lui faisant comprendre qu’elle avait vraiment rencontré son prince charmant. Elle reconnut que son Babacar n’avait pas d’égal et qu’elle était disposée à lui accorder une seconde chance. Elle me dit également que Demba serait la et que je devais saisir ma chance car il était vraiment intéressée. Je lui expliquais qu’après Malick, je n’avais vraiment pas envie de m’engager à nouveau et que j’avais donné des congés à mon cœur.
- Si tu as l’intention de devenir nonne préviens-moi que je prenne mes dispositions. Ca va faire un an et tu en es encore la ? Lui est avec sa femme et est heureux pendant que toi tu te prive de bonheur au non de quoi ?
Je ne savais pas quoi répondre et c’est vrai que ca faisait longtemps mais je ne songeais même pas à ca. Serais capable de laisser un homme me toucher à nouveau après ce qui s’était passé avec tonton Farah ? Et puis, Demba ne m’avait jamais fait d’avance donc je ne pouvais pas deviner ce qu’il voulait. Il était toujours courtois avec moi sans plus et cette situation me convenait même si je dois l’admettre, il me faisait quand même un peu d’effet.
Je restais chez elle aussi tard que possible et malheureusement je trouvais maman et son mari au salon. Je lançais un rapide bonsoir et montais en courant dans ma chambre. Plus tard, maman frappa à ma porte et entra.
- Diouldé, Farah veut te parler me dit-elle doucement
Je la regardais avec un air apeuré et secoua la tête.
- non maman, s’il te plait ne me demande pas ca. Dis-je, les larmes aux yeux.
Elle eut un air contrariée et s’assit à coté de moi.
- il regrette ce qui s’est passé. Il faut aussi faire des efforts. Même si tu ne veux pas lui parler je te demande au moins de le saluer correctement.
Mon Dieu, mais comment se faisait il que tata accepte tout ca ? Je ne comprenais pas son attitude et je demeurai silencieuse. Je n’étais pas disposé à lui parler et encore moins à tourner la page. Il m’avait fait trop de mal et j’avais peur qu’il recommence. Non je l’éviterais le plus possible n’en déplaise à maman qui ne fit plus de commentaires mais je savais que le sujet reviendrait sur le tapis. A ce moment, je préférais aller affronter Malik plutôt que de devoir vivre sous le même toit que ce salaud.
La fête arriva vite et Coumba avait passé la veille à se coiffer et à se faire belle. Elle avait de jolies tresses et était vraiment très joli. Elle avait insisté pour que je fasse pareille mais je lui dis que je préférais juste lâcher mes cheveux. Ils étaient très longs et je les avais lissés. On passait la journée à préparer des mets délicieux avec l’aide de tous les membres de sa famille. Je retournais à la maison l’après midi pour me préparer et maman insistait pour me maquiller disant je ne savais pas le faire. Malgré mes protestations, elle commença à m’enduire de fond de teint et à me mettre de la poudre et autres artifices. Quand elle eut fini j’eus du mal à me reconnaitre et je dus admettre qu’elle avait fait un travail remarquable. J’étais vraiment jolie. Elle avait relevé mes cheveux et avait formé un chignon retenu par des épingles. J’avais mis une robe noire très jolie qui arrivait au genou avec un profond décolleté en V. Maman m’assurait qu’elle était parfaite mais complexée comme j’étais, je la trouvais trop ouverte et je pris un foulard pour me cacher ma poitrine. A mon arrivée la fête battait son plein et Coumba poussa un cri strident en me voyant.
- diouldé, c’est bien toi ? demanda t’elle complètement surprise
Son expression me fit éclater de rire et finalement, je lui avouais que c’est maman qui est passé par la. Elle s’extasia encore et on accueillait les invités qui se composaient essentiellement des élèves de notre classe plus quelques membres de sa famille et de voisins. Moha arriva avec sa copine habillé d’un costume. J’éclatais de rire en le voyant car c’était la première fois que je le voyais ainsi. Lui, me regardais avec de gros yeux comme s’il ne m’avait jamais vu. Ah les mystères du maquillage. Même sa copine semblait énervée par son comportement car il sifflait en disant que j’étais ravissante.
La musique battait son plein et j’étais dans un coin de la cour quand tout à coup j’ai entendu quelqu’un derrière moi me souffler à l’oreille
- mademoiselle est très en beauté aujourdhui…

Je me retournais et me retrouvai en face d’un Demba tout simplement magnifique. Il était en chemise blanche et pantalon gris et avait taillé sa barbe en 0 discret. Ses cheveux avaient encore poussé et étaient tout bouclés. On l’aurait facilement pris pour un arabe. Il me souriait et je perdis un peu mes moyens. Il m’observait fixement et un moment émit un petit sifflement en me disant que j’étais vraiment très joli aujourd’hui et que devrait me maquiller plus souvent.
- arrêtez tous de me dire que je suis jolie aujourd’hui. Ca veut dire que les autres jours j’étais comment ? Protestais-je faiblement
- les autres jours tu es…bizarre dit-il en rigolant
Je lui donnais des tapes à l’épaule et il prit ma main et me tira à lui
- viens plutôt danser avec moi au lieu de me frapper. Déjà que tu n’as pas de force, si je me venge tu va encore te retrouver à l’hôpital.
Il y avait un slow qui passait et il m’enlaçait. Il était vraiment grand et je me blottis dans ses bras. La musique était forte mais je n’entendais rien. Ca faisait un bien terrible d’être dans entre ses bras, surtout qu’il sentait bon. Il voulut me dire quelque chose mais je n’entendais rien et il me tira dehors. On marchait silencieusement et au bout d’un moment on s’est arrêté et je le voyais les yeux braqués sur ma poitrine. Je me rendis compte que j’avais perdu mon foulard et je lui fit une tape sur la tête et ajustais ma robe
- voyeur, lui dis-je en rigolant.
Il se contentait de rigoler et prit un air plus sérieux
- je n’aime pas ce que tu portes. C’est trop décolleté. Tout le monde voit ton corps. Si tes parents peuls te voyaient, ils n’apprécieraient pas.
J’eus honte tout d’un coup et eut l’impression d’être nue. Lui qui connaissait la culture occidentale ca m’étonnais qu’il ait ce genre de remarque mais il avait quand même raison. Je ne répondis rien et on continuait à marcher silencieusement. Au bout d’un moment, il me demandait ce que comptais faire maintenant.
- je suis en train de constituer un dossier pour une université française. Malick doit m’envoyer quelques document que je vais déposer à l’ambassade et je compte faire une école préparatoire et essayer d’intégrer les grandes écoles de commerce…
Je continuais à parler mais lui s’était arrêté et gardait la tête baissée et l’air soucieux
- Malick c’est ton ex non ?
- oui c’est lui. Pourquoi ?
Il restait silencieux et au bout d’un moment, il me regarda
- tu pense que c’est une bonne idée d’aller habiter avec lui après tout ce qui s’est passé entre vous
- je ne vois pas ou est le problème. J’y vais pour étudier et rien d’autre. Malick c’est du passé répondis je et je le pensais sérieusement
- si tu le dis…dit il après quelques secondes de silence.
Il s’était arrêté et se tenais en face de moi. Tout d’un coup, il s’approcha et comme s’il hésitait, se pencha et approcha son visage du mien. Je le regardais faire et il effleura mes lèvres. J’eus un frisson et eut malgré moi un geste de recul. Il me regarda et haussa les épaules. Sur le coup, je regrettais mon geste et eut envie qu’il reprenne mais il avait déjà rebroussé chemin. Il y avait beaucoup plus de monde à la fête et tout le monde dansait. Comme Demba semblait bouder, je cherchais Coumba et je la vis au centre en train de danser comme c’est pas permis accompagné par un Moha sur une musique de Youssou Ndour. Elle me tira et moi aussi je me mis à danser. Je ne savais pas bien le faire mais j’ai essayé et j’avoue que me défouler ainsi m’a fait un bien fou. Après tout ce s’était passé, je prenais cela comme une bouffée d’oxygène. Babacar aussi se révéla être un sacré danseur. On essayait de faire danser Demba mais impossible. Il avoua qu’il ne savait pas danser le mbalakh. Je passais une excellente soirée au bout de quelques heures, la plupart des invités avaient pris congé et je devais passer la nuit chez Coumba. Même Moha avait raccompagné sa copine et il ne restait que Demba et Babacar qui nous aidaient ranger les chaises. Finalement, il prit congé et comme Babacar et Coumba qui était collé l’un à l’autre n’était pas disposé à le raccompagner je le suivis dehors. Arrivé près de sa voiture, il s’arrêta et on se fit face.
- merci d’être venu lui dis je.
Il se pencha pour me faire la bise et garda son visage près du mien
- pourquoi tu ne veux pas que je t’embrasse demanda-t-il doucement
Je souris en baissant la tête et il continuait
- tu ne penses pas que tu m’as assez fait poireauter. Ecoutes je ne sais pas draguer, je ne sais pas faire la cour, mais je crois que je t’ai clairement fait comprendre que voulais être avec toi.
Justement, il ne m’avait jamais rien dit et je n’avais rien compris. C’est vrai qu’il ne m’était pas indifférent car je crois que personne ne peut être insensible à son charme et devait avoir les filles à son pied. Je ne comprenais pas pourquoi il s’intéressait à moi.
- tu sais moi, il faut me dire les choses clairement pour que je comprenne dis je finalement
- dans ce cas tu ne dois pas être bien intelligente
En disant cela, il s’était approché et s’est penchée pour m’embrasser. Cette fois je ne reculais pas mais j’étais crispée et il me faisait de petits baisers sur la bouche. Comme je ne réagissais pas, il s’éloignait et poussa un gros soupir. Je ne comprenais pas. Il était beau, charmant et moi j’étais toute crispée au lieu de me laisser aller. J’avais la tête baissée et il me la releva et me regardais
- y’a un souci ?
Je secouais la tête et lui dit que c’est juste que j’étais un peu surprise par la tournure des choses. Il sourit et me lança un « ok » laconique avant de monter dans sa voiture. Il me fit un signe de la main et démarra la voiture. Je restais debout sur le trottoir des minutes à réfléchir et finalement rentrait. J’étais complètement déboussolée et même moi je ne comprenais pas ma réaction. il était complètement différent de Malick, plus mature, plus responsable et surement plus correcte. Je n’avais pas de raisons d’hésiter mais en même temps l’image de Rassoul refit surface mais je ne m’y attardais pas.
Une fois couchées, au lieu de dormir, Coumba se mit à me raconter sa réconciliation avec babacar et me montra la belle bague en or qu’il lui avait offerte. Elle était toute contente et moi aussi je lui racontais la déclaration de Demba. Elle sauta au plafond et se mit a sauter sur le lit en tapant les mains. On ne s’endormit qu’au petit matin et le lendemain, on ne se réveilla qu’en début d’après midi. Je me préparais, remerciait les parent de Coumba et prit congé.
Les jours suivant, Malik appelait souvent pour les papiers qu’il devait m’envoyer et accompagnait chaque coup de fil de chaudes déclarations d’amour. Mais je ne l’écoutais pas et je réfléchissais sérieusement à l’éventualité de ne pas partir. J’en parlais un jour à maman en lui disant que si je partais elle se retrouverait trop seule. Mais elle me rassura et me dit que mes études étaient plus importantes que tout ca et que de toute façon elle comptait déménager et trouver quelque chose de plus petit. Malgré mes protestations, elle disait que si je restais et que mon père revenait, elle n’aurait plus de raisons pour m’empêcher de me marier avec mon cousin. Donc je laissais tomber tout en appréhendant ce voyage.
On était en plein dans les démarches avec Moha et Coumba qui avait aussi reçu une réponse d’une université à Nancy. Elle avait donc laissé tombé la Belgique pour qu’on se retrouve tous les trois en France. On allait souvent en ville pour soit les légalisations ou encore le dépôt pour le passeport. L’ambassade nous demandait pleins de papiers. On était euphorique et vraiment heureux de nous retrouver ensemble en France.
Depuis la soirée, je n’avais plus de nouvelles de Demba. Je ne comprenais pas son silence et j’avais surtout peur qu’il prenne mal mon comportement. J’y pensais tout le temps et je n’osais pas l’appeler car je ne savais pas dans quel état d’esprit il était. Par contre le Dr Rassoul appelait souvent et se montrait vraiment très attachant. Mais j’avoue que c’est Demba qui occupait toutes mes pensées.
Un jour, je venais de récupérer mon passeport et je courais le montrer à maman quand j’entendis des voix dans sa chambre. La porte de sa chambre était entrouverte et elle discutait avec tonton Farah. Il lui disait que c’était imprudent de me laisser partir en France car il était sur que j’avais eu une relation avec Malik et que si j’insistais pour partir c’était juste pour aller briser le couple de ce dernier. Mon cœur battait fort dans ma poitrine et je n’osais plus bouger de peur de faire du bruit et de me faire remarquer. Maman lui disait qu’elle ne croyait pas en cette relation et que peut être qu’il avait confondu une franche amitié à une amourette.
- je te dis que cette fille est une vraie mesquine. Tu es aveuglé par l’amour que tu lui portes mais à ta place je ferais plus attention. La dernière fois, tu ne sais pas ou elle a passé la nuit, elle t’a juste dit qu’elle dormait chez sa copine. Mais demande à Sophie, quand tu n’es pas la, elle le fait souvent en prétextant aller chez Coumba.
Maman ne disait rien et je repartis sur la pointe des pieds. Ce crétin de tonton Farah essayait de me mettre en mal avec maman. Je réfléchis un bon moment, et je décidais de ne plus me laisser faire. Non, cet imbécile ne vas pas me gâcher la vie et je comptais aller parler à maman dès qu’il partirait. J’attendis donc que maman descendit pour lui dire bonjour. Elle me répondait assez froidement et ne me demanda même pas si j’avais finalement récupérer mon passeport. Ah la mauvaise influence de tonton Farah. Je n’insistais pas et je me dis que je lui annoncerais cela plus tard quand elle serait dans de meilleures dispositions. Je le trouvais ensuite au salon, mais je le dépassais comme si je ne l’avais pas vu et avant d’arriver aux escaliers j’entendis maman qui criait mon nom
- Diouldé, mais c’est quoi ces manières ? Pourquoi tu ne dis pas bonjour à Farah ? Toi tu es vraiment indisciplinée. Reviens tout de suite dire bonjour.
Elle criait et avait le visage fermé. Tonton Farah affichait un visage satisfait et me regardais. Je fis donc demi-tour et tendis la main à tonton Farah en faisant une génuflexion comme une gentille jeune fille.
- Ndiaye dis-je simplement
- Diallo
Maman me tança encore
- je ne veux plus voir ce genre de comportement.
Je me dépêchais de monter les escaliers la rage au ventre. J’étais tellement énervé que les larmes coulaient. Je les essuyais frénétiquement et finalement me couchais. Maman jouait vraiment un double jeu avec moi. Quand son mari n’était pas la elle semblait vraiment désolé, mais en sa présence, elle lui faisait clairement comprendre qu’elle était fâchée contre moi. Finalement je représentais quoi pour elle ? Je ne pus le dire mais j’étais vraiment décidé à lui parler. Je n’en eu pas l’occasion car elle avait voyagé pour Louga car la mère d’une de ses amies était décédée. Elle ne m’avertit pas en partant et c’est Marie qui me mit au courant de son voyage. Je le prit très mal. Je ne lui avais rien fait pour qu’elle me traite comme ca. Mais je me dit qu’après une bonne discussion ca irait mieux entre nous. J’avais décidé de ne plus laisser aucun nuage entre nous. Je la considérais comme ma mère et c’était à moi de me rabaisser.
Je passais le plus clair de mon temps à lire et à regarder la télé quand je finissais mes travaux domestiques. J’allais aussi voir mes quelques oncles qui résidaient à Dakar. C’est ainsi que j’appris que Ibrahima s’était finalement marié avec une autre de mes cousines. Cette nouvelle me fit vraiment plaisir et j’allais directement à son magasin pour le féliciter. Il semblait désolé, mais je le rassurais et lui dit que je n’étais nullement peinée au contraire. Je lui dis aussi que j’avais réussi au bac et que je comptais peut être voyagé. Donc il avait bien fait de ne pas m’attendre.
Coumba avait aussi voyagé avec sa maman à Kaolack pour voir ses grands parents, ce qui fit que je n’avais personne pour parler. Surtout en ces moments où je n’avais aucune nouvelle de Demba. Finalement je m’inquiétais et un jour je l’appelais à son bureau
-slt Demba, c’est Diouldé
- eh bien, que me vaut cet appel ma belle dit-il d’un ton joyeux
- euh rien. Ca fait longtemps que je n’ai pas de tes nouvelles et voulais savoir si tout va bien
- oui ca va. Je suis juste un peu débordé ces temps ci. Ecoutes je suis un peu occupé, je te rappelle plus tard ok
Il raccrocha et me laissa encore plus perplexe surtout qu’il ne rappela pas. Finalement je décidais de me faire une raison, tout en me pouvant pas m’empêcher de penser à lui tout le temps.
Maman était restée quatre jours la bas et à son retour, je partis la voir dans sa chambre. Elle était fatiguée mais je tenais à lui parler
- maman, je voudrais te parler
- a propos de quoi ma chérie, dit-elle la voix douce. Elle était redevenue douce avec moi
Je gardais la tête baissée et je me tortillais les mains
- sans le vouloir, la dernière fois j’ai entendu ta discussion avec tonton Farah. C’est toi qui m’as éduquée, je ne connais que toi. Tu sais ce dont je suis capable ou pas et tu sais que je ne suis pas mauvaise.
En parlant, je sentais les larmes qui montaient mais je me retenais de ne pas pleurer.
- il t’a parlé de moi et de Malik. Il a raison, on est sorti ensemble un moment mais c’est fini depuis et si je ne t’en ai pas parlé c’est juste parce que c’est Malik qui ne voulait pas.
La gifle arriva sans que je ne m’y attende et une autre suivit.
- tu n’as pas honte de me dire ca ? Comment avez-vous osé entretenir une relation sous mon toit sans que je ne le sache ? Donc tout ce que Farah disait est vrai.
Je me tenais les joues qui étaient en feu et la laissait déverser sa bile sur moi. Elle disait qu’elle comprenait pourquoi Malik insistait pour que j’aille chez lui, mais si je comptais sur elle pour m’aider à retrouver mon amant, je pouvais déchanter.
Chaque mot qu’elle disait ressemblait à un coup de poignard. Elle était certes fâchée mais je sentais l’influence de tonton Farah derrière tout ca.
- je suis désolée. Finis je par dire une fois qu’elle se fut calmée. J’aurai du t’en parler mais je veux que tu saches qu’on allait le faire si c’était devenu plus sérieux. Maintenant pour mon voyage, même moi je ne voulais plus y aller et je te l’avais dit car je ne voulais pas aller chez Malik. Maintenant que tu sais tout, c’est à toi que reviens la décision. Mais je tiens à ce que tu saches que Malik et moi c’est fini. Il est maintenant marié et je ne compte pas briser son couple. Si tu décide aussi que je ne partirai pas, je resterai
- partir dit-elle avec une voix empreint de mépris, tu ne bougeras pas d’un iota. J’en ai marre de tout ca. Sors de ma chambre
Je restais quelques secondes et finalement, je sortis. Je restais sur le pas de sa porte encore quelques minutes, complètement perdu et ne sachant pas trop quoi faire. J’avais encore les joues en feu et j’étais tellement choqué que je n’arrivais pas à pleurer.
Je m’enfermais dans la chambre et les jours suivant aussi je ne sortais presque pas. Coumba était revenu et me tenais compagnie. Le jour de notre rendez vous à l’ambassade était arrivée et Moha était passé la veille pour me demander à quel heure on devait se retrouver à l’ambassade. Je ne voulais pas lui dire que finalement je ne déposais plus de dossier et je lui dis de nous retrouver à 7h. Je ne dormis pas de la nuit et le lendemain, à l’heure indiquée, je ne pus m’empêcher de verser de chaudes larmes. Le téléphone sonna vers 7h et je me levais pour aller prendre le téléphone car je savais que c’était Moha. Il m’appelait d’une cabine et me cria que j’allais être en retard et qu’ils n’attendaient que moi. J’entendais la voix de Coumba qui lui demandait pourquoi je n’étais pas la. Je les rassurait en leur disant qu’il y a eu un petit souci avec mes papiers mais qu’ils n’avaient qu’a déposer et que je leur expliquerais plus tard. Je raccrochais le cœur gros, pas parce que je ne partais pas, mais plutôt parce que ces deux la allaient vraiment me manquer. Ils étaient sur le point de partir et moi qu’est ce que j’allais devenir. Je ne le savais pas. Maman était très froide avec moi et se contentais juste de me saluer le matin. J’étais très correcte avec tonton Farah, mais ca ne la dégrisait pas. J’avais envie de lui parler, mais ce mur était encore la entre nous infranchissable. Même Rama me demanda ou j’en étais avec mes papiers et je lui répondais toujours que c’était en cours.
Moha et Coumba étaient passé à la maison dès le soir et me demandaient pourquoi je n’avais pas déposé mon dossier.
- en fait, Malik a eu un petit souci avec l’attestation qu’il devait m’envoyer. Donc j’allais déposer un dossier incomplet et maman m’a conseillé d’attendre encore un peu
- mais tu va être en retard pour ta rentrée scolaire s’écriait Moha
- c’est pas grave je me rattraperais
J’avais honte de leur mentir comme ca, mais je ne pouvais pas aussi leur expliquer tout ce qui s’était passé avec maman. Non, je ne pouvais pas leur expliquer cela car c’était tout simplement incompréhensible. Ils allaient penser que maman ne m’aimait pas et moi, je ne voulais pas que quelqu’un sache que j’avais des problèmes avec elle.
Ils étaient très tristes pour moi et j’eus même pitié d’eux. Si leurs dossiers étaient acceptés j’allais me retrouver toute seule et cette perspective m’effrayait au plus haut point. Je leur dit que ce n’était pas grave et que j’allais attendre les orientations à l’université et que ce n’était pas la fin du monde si je n’arrivais pas à réunir tous mes papiers. Ils restèrent encore longtemps à discuter et je profitais de chaque minute avec eux.
Je vivotais, passant le plus clair de mon temps chez Coumba en espérant surtout y rencontrer Demba. Mais Babacar venait seul et disait que Demba avait toujours une excuse pour ne pas venir. Je me fis une raison et malgré les sentiments que j’avais pour lui, je n’insistais pas.
Finalement Moha et Coumba obtinrent leur visa et avait une dizaine de jours pour rejoindre leur université. C’était la bonne nouvelle la plus triste que je recevais. J’étais très contente pour eux mais en même temps je n’osais imaginer ma vie sans eux.
J’allais annoncer la nouvelle à maman qui était contente pour eux et au moment de partir elle me rappela
- Diouldé, je sais que tu voulais partir, mais je pense que c’est mieux que tu reste
Je me retournais les larmes aux yeux.
- c’est comme tu veux maman. Je ne ferai que ce que tu décideras
Elle me regardait tristement et je lui demandais la permission de rester chez Coumba quelques jours puisqu’elle devait bientôt partir.
Je préparais donc un petit sac et allait lui dire au revoir, mais je trouvai tonton Farah dans sa chambre. J’allais repartir quand il me parla
- je t’avais dit que je me vengerais de toi. Dit-il avec un rire dans la voix. Si tu veux tout arranger, tu n’as qu’à me retrouver quelque part et j’arrangerais les choses avec ta tante.
Je partis sans attendre la suite avec cette rage qui me poussait même à encore aller prendre un couteau et cette fois ci me débarrasser de lui.

Chez Coumba l’ambiance était plus tranquille et plus conviviale. Je profitais encore pleinement de ma copine et chaque jour, j’allais aussi chez Moha pour discuter. Il était très triste que je ne parte pas mais je prenais la chose avec beaucoup de philosophie. Coumba avait toujours un programme car elle ne supportait pas de rester chez elle alors qu’il lui restait peu de temps ici.
Un soir, Babacar l’avait invité au restau et elle voulait que je l’accompagne. Je lui assurais que ca ne me dérangeait pas de rester avec ses sœurs, mais rien n’y fit. Je partis donc avec eux et on était en train de manger tranquillement quand Demba arriva. Il était encore plus charmant et se contenta de s’assoir en face de moi et de me dévisager. Son attitude fit rire Babacar et Coumba, mais moi, j’étais trop perturbé pour réagir. Mon cœur battait fort et j’étais très heureuse de le revoir. Finalement, il se joignit à la discussion et nous avons passé une très bonne soirée. Au bout d’un moment, Babacar et Coumba prirent congé. Elle me prit à part pour m’expliquer
- écoute, j’ai envie de rester seul avec Babacar dit’elle avec un air malicieux. Maintenant c’est toi ma couverture. Si tu veux tu restes ici avec Demba jusqu'à ce qu’on vienne vous chercher pour qu’on rentre ensemble ou sinon, on se donne RV devant la boutique du quartier à 1h pour rentrer ensemble.
Je rigolais de son plan et finalement je choisis de l’attendre devant la boutique car je n’étais pas sur que Demba resterait avec moi jusque la. On restait donc dans le restaurant à discuter. Je mourrais d’envie de lui demander pourquoi il avait décidé de m’ignorer tout ce temps mais je me retenais. Au bout d’un moment il me demandait
- Diouldé, tu as des problèmes ? Tu as une mine très triste et on dirait que tu porte le poids du monde sur tes épaules.
Je me contentais de sourire en le regardant et en m’étonnant de sa perspicacité.
- Coumba m’a expliqué que finalement tu n’as pas déposé ton dossier.
- oui finalement je n’ai pas déposé
- Je peux savoir pourquoi
- c’est compliqué dis je finalement, mais je sentais cette boule en travers de ma gorge qui revenais et j’essayais de refouler mes larmes en regardant vers le haut et en tournant la tête pour qu’il ne remarque rien. Mais il avait tout vu et me tendis la main en me demandant de le suivre.
On roulait en silence et se tournait parfois pour me regarder. Finalement il s’arrêta sur la corniche en face de la mer. On descendit et on commençait à s’avancer vers la mer quand il se mit à pleuvoir. On remonta vite dans la voiture et il roula jusqu'à un bel immeuble. Je l’interrogeais du regard mais il me demanda juste de le suivre. On entra dans un bel appartement chiquement décoré et je compris qu’on était chez lui. Il me demanda de prendre mes aises et je m’assis sur le canapé. J’avais mon chemisier mouillé et il me proposa d’aller dans les toilettes pour essayer de le sécher. Une fois à l’intérieur, il frappa à la porte et me glissa un teeshirt. Je mis donc mon chemisier en mon soutif à sécher et mis le teeshirt. Je gardais mon jean et sortis. Il était en train de regarder la télé et il m’indiqua le fauteuil en face de lui. Mais j’en avais marre de me retenir comme ca avec lui, je me dirigeais vers lui et m’assis à coté de lui. Il ouvrit les bras, et je me blottis contre lui. Il me serra fort en souriant
- bébé Diouldé à une grosse peine de cœur. C’est parce que tu n’es pas allé rejoindre Malik que tu fais cette tête.
Mon Dieu, il ne pensait quand même pas ca. Je me relevais pour le regardais et voir s’il était vraiment sérieux
- tu rigoles j’espère demandais je. Tu me prends pour qui ? tu sais que entre Malik et moi c’est fini et qu’il est marié maintenant. Tu pense vraiment que je voulais y aller pour le retrouver ?
- je ne sais plus quoi penser de toi. Tu me repousse après m’avoir expliqué que tu va aller là bas. Comment veux tu que je prenne ca, dit-il en s’écartant encore plus
- mai je ne t’ai pas repoussé. Tu es complètement cinglé toi
- héé je ne permets pas de me traiter de cinglé répliqua t-il en riant.
- écoute ce n’est vraiment pas ce que tu penses. Je croyais que tu me connaissais assez pour savoir que j’ai tourné la page de Malik. Je voulais y aller pour mes études, mais malheureusement c’est plus possible. Je me suis fait une raison.
- dans ce cas pourquoi tu pleure quand tu en parle demanda t-il en se rapprochant davantage de moi.
Je ne savais pas quoi répondre, et puis il était trop proche de moi pour que j’aie des idées cohérentes. Il se pencha finalement et m’embrassa. Il avait les lèvres douces et ce contact était tellement grisant et doux que j’en avais des picotements au ventre. Il m’embrassait tendrement et je perdis toute notion des choses. Il s’était rapproché et nos corps étaient collés l’un à l’autre. Mes mains s’étaient glissés sous sa chemise et je lui caressais le dos tandis que lui aussi laissait ses mains se balader sur mon corps. Mais dès qu’il touchait mes seins je sursautais et m’écartais de lui. Je le repoussais et m’assis un peu éloigné de lui. Il me sourit et passa ses doigts sur ses cheveux.
- je crois que j’ai attendu ce moment toute ma vie dit il avec un air malicieux.
Je ne répondais rien et me contentais de sourire. Il me tendit les bras et je me blottis contre lui. J’avais comme d’habitude les cheveux attachés et enroulés autour d’un chouchou. Il les détachait et me les caressait doucement
- si tu savais à quel point tu m’as manqué ces dernières semaines finis je par dire
- c’est toi qui ne voulais pas de moi. J’ai pris mes distances. Ce que j’ai fait avec toi, je ne l’ai jamais fait pour une fille. Tous les samedis, aller chez Coumba rien que pour te voir. Chaque samedi je me disais que c’était la dernière fois car une personne de mon âge doit dépasser ce genre de choses. Mais comme tu n’étais jamais dans les dispositions pour qu’on parle je patientais. Et puis parfois tu semblais tellement triste et perdue que j’avais envie de savoir ce que tu cachais. Tu m’intriguais. Et quand tu m’as dit que tu devais aller rejoindre Malik ca été le coup de massue.
Je rigolais en l’entendant dire cela.
- maintenant dis moi pourquoi tu n’as pas déposé de dossier
Si je voulais qu’il comprenne, je devais raconter depuis la tentative de viol de tonton Farah et ca je n’étais pas disposé à le dire. Donc, je fis cours
- en fait, Malik ne cessait de me dire que si jamais je venais, on allait recommencer notre relation. Finalement, j’ai tout avoué à maman et elle l’a mal pris. Elle m’a dit que je faisais des cachotteries dans sa maison et avec son fils et a dit que je ne partirai pas.
Il m’écoutait silencieusement et finalement poussa un gros soupir et me repris dans ses bras.
- et c’est tant mieux pour moi.
Il recommençait à m’embrasser et cette fois ce fut plus passionné. Il avait glissé ses mains et me caressait partout. Tout d’un coup sans trop savoir pourquoi j’eus peur et fut prise d’un coup de panique incompréhensible. Les souvenirs de tonton Farah revenaient et je le bousculais avec force
- héé calme toi me dit-il qu’est ce qui se passe ?
Je me relevais et lui demandait de me ramener. Il continuait à me demander ce qui se passait mais je n’avais valablement aucune réponse à lui servir. Finalement il prit ses clés et on descendit. Le trajet se fit en silence. Arrivé devant la boutique à coté de chez Coumba, je me retournais vers lui
- excuse-moi Demba. C’est juste que je ne sois pas à l’aise pour ca.
- ce n’est pas grave ma puce. Je comprends dit-il ; seulement je veux que tu communique au lieu de te renfermer comme ca. Tu as de ses réactions qui m’énervent au plus haut point ; si tu veux que ca marche entre nous essaie de changer.
Je hochais la tête et il se pencha pour m’embrasser. Je lui pris le visage et lui rendit son baiser. On restait dans la voiture à discuter et à se câliner jusqu'à l’arrivée de Coumba et on se quitta et on rentrait nous coucher. On se racontait nos soirée et e lui dit qu’avec Demba c’était officiel. Elle était toute contente et moi j’étais comme sur un petit nuage. J’aimais vraiment Demba et j’appréciais surtout son caractère. Il était mature et faisait battre mon cœur. Je dormais en pensant à lui.
Le jour du départ de Coumba approchait et ca m’attristait. Demba venait tous les jours. Parfois il finissait tard, mais faisait quand même l’effort de venir. Il me taquinait en me disant que j’étais en lune de miel avec lui et que donc il devait faire des efforts, mais que ca ne continuerais pas donc je devais en profiter. Babacar aussi venait et il était chaque jour un peu plus triste. Le pauvre, il semblait réellement tenir à Coumba et cette séparation allait être un déchirement. Même la maman de Coumba le taquinait en lui disant qu’il n’avait qu’a envoyer la cola pour qu’ils scellent le mariage. Coumba m’avouera plus tars qu’il voulait le faire mais que c’était elle qui lui avait demandé d’attendre au moins un an qu’elle s’installe et prenne ses repères. Moi aussi je savourais des moments exquis avec Demba. Quand il ne venait pas trop tard, on partait se promener et il passait son temps à me corriger. Ne parles pas ainsi, ne t’habille pas ainsi, lève la tête quand tu marches, aie plus d’assurance. Il me faisait comprendre que j’étais la plus jolie femme du monde et que je devais en être consciente. Ca me faisait rire mais je me rendais compte que même quand je n’étais pas avec lui, dès que je m’en souvenais je relevais la tête en marchant, au lieu de marcher rapidement, je le faisais plus lentement, en essayant d’être féminine. Comme on était toujours en public, il me glissait toujours à l’oreille qu’il avait envie qu’on soit seul. Ca me faisait peur et je lui répondais que je devais profiter de Coumba
Le jour de leur départ, je me suis réveillé le cœur gros et Coumba aussi malgré toute la joie qu’elle voulait faire passer, pleurait de temps en temps. Finalement, on n’arrivait plus à se regarder dans les yeux sans qu’on ait les larmes aux yeux. Maman était passée pour lui faire ses adieux et resta un moment à discuter avec la maman de Coumba. Elle lui expliquait qu’elle souhaitait vraiment que je parte mais finalement les papiers n’ont pas pu être Je n’étais jamais resté plus de deux jours sans elle. Elle était ma confidente et ma sœur. Quand je vis Moha venir, je ne tins plus et allais me blottir dans ses bras. Lui aussi pleurait et on aurait dit qu’il y avait un enterrement dans la maison. La séparation fut terrible. Moha en partant, m’avait serré très fort
- ma Diouldé. Tu va tellement me manquer si tu savais. Jamais je ne trouverais la bas une personne comme toi. Dit-il en laissant couler des larmes. On sentait que ses paroles venaient du fond du cœur. Il me tint les mains et me regardais fixement.
- je veux que tu saches que je n’ai jamais cessé de t’aimer. Je n’y peux rien, j’ai tout essayé mais tu es toujours dans mon cœur. J’espérais avoir une chance quand on serait en France mais le destin s’en est mêlé. Je ne te demande pas de m’attendre mais sache que tu as une grande place dans mon cœur et qui sait. Peut être qu’un jour.
Ses mots m’étonnaient et je ne sus quoi répondre. Finalement je lui dis au revoir en pleurant.
Avec Coumba ce fut plus déchirant. Même ses parents avaient pitié de moi. Je l’enlaçais en lui demandant ce que j’allais devenir sans elle. Elle aussi pleurait et il a fallut que son père soit ferme pour qu’on se détache l’une de l’autre. Elle était entrée dans la voiture mais, elle ressortit pour encore m’enlacer en pleurant. Elle disait qu’on aurait du partir ensemble. Finalement sa maman vint nous parler en nous demandant de nous calmer et qu’on allait bientôt se revoir. Je la regardais partir le cœur gros.
La famille de Coumba voulait que je passe la nuit avec eux, mais je leur dit que j’étais la depuis longtemps et que maman avait besoin de moi. Donc j’allais prendre un taxi pour rentrer. Une fois à la maison, après avoir dit bonjour à maman, j’allais me coucher. Maman me rejoignit plus tard et s’assit sur le lit pour me parler
- Diouldé, je sais que ca n’as pas du être facile pour toi de te séparer de tes amis. Mais la vie est ainsi faite.
Je gardais la tête baissée et ne répondit rien.
- il faut que tu me comprennes. Je ne peux pas…
- je te comprends maman dis je en l’interrompant. Je te comprends.
- tu es comme ma fille. Je ne te ferais jamais de mauvaises choses. Tout ce que je fais c’est pour ton bien. Maintenant, on peut attendre les orientations, sinon, tu peux aller chercher une école privée et je payerai pour toi.
- merci maman, mais je crois que je vais attendre les orientations. Si je ne suis pas orienté en médecine peut être que je serais en sciences naturelles.
- c’est comme tu veux.
Elle semblait vouloir ajouter quelque choses mais se ravisa et se leva pour partir. Je passais la nuit sans pouvoir dormir et le lendemain, je reçus un coup de fil de Coumba. Elle était bien arrivée et était chez une de ses tantes. Elle me communiqua le numéro de téléphone te raccrocha rapidement car elle économisait ses unités. Moha aussi appela et lui aussi me donna son numéro. Et le clou a été le coup de fil de mon chéri. Il me disait que je lui manquais vraiment et puisque Coumba était parti pourquoi je ne viendrais pas chez lui. Finalement je lui proposais de venir à la maison pour que maman puisse le voir et il acceptait. Je l’aimais et il n’était pas question que je le cache pour après me faire accuser de mesquine. Donc il est venu en fin d’après midi avec les bras chargé de chocolats. Il savait que j’adorais cela. Il me demandait doucement s’il y avait quelqu’un dans la maison et je lui répondis que j’étais seule en bas et que maman et tata Sophie était en haut. Il sourit et m’enlaçait et effleura mes lèvres mais je le repoussais
- mais tu es fou ?
- c’est toi qui m’avais dit qu’il n’y avait personne.
Il avait aussi un sachet qu’il me tendit. C’était mon chemisier et mon soutif que j’avais oublié dans ses toilettes.
- tiens petite dévergondée. Tu as oublié ca chez moi. Tu n’as pas honte d’oublier tes affaires chez des hommes
Je mis à rire et je lui lançais un oreiller au visage. Plus tard je prévins maman que Demba était venu me rendre visite et qu’il voulait lui dire bonjour. Je lui précisais que c’était le gars qui était venu un jour me rendre visite quand Rama était la. Elle descendit et comme Demba avait la conversation facile, elle resta plus longtemps que prévu à discuter. Il lui proposa même de changer de banque pour la sienne car ils avaient des offres plus attractives pour les commerçants. Elle promit de passer et finalement prit congé. Je le raccompagnais jusqu’à la porte et restait quelques minutes avec lui. il voulait que je lui fasse un bisou, mais je refusais en disant que quelqu’un pouvait nous voir
- méchante me lança t’il en partant.
A mon retour maman me posa pleins de questions sur lui et je me rendis compte que sur sa famille je ne savais pas grand-chose. Elle me dit qu’il ressemblait à un maure et je rigolais en lui disant que sa mère était française. Elle en doutait en pensait plutôt qu’elle était maghrébine et je lui promis de demander. Cependant elle voulait savoir ou j’en étais avec le Dr Rassoul, car elle savait que ce dernier appelait souvent et passait même parfois à la maison. Je lui dis qu’on était juste des amis et qu’il n’y avait rien entre nous. Ce qui était en partie vrai. Elle me répondit qu’elle le préférait à ce Demba et je ne compris vraiment pas pourquoi. Je trouvai Demba tout simplement parfait.
Le départ de Coumba m’affectait particulièrement. Je ne savais plus ou aller ni quoi faire de mes journées. Je m’enfermais donc tout le temps et je lisais. Tout ce qui me tombait sous la main avec des écritures avait droit à mon attention avec un interet particulier pour les polards et les policiers. J’allais souvent au marché de grand dakar car il y’avais un gentil monsieur qui m’échangeais mes livres. Un moment j’avais lu toute sa collection d’Agatha Christie et un

jour, il me demanda même si je n’avais pas autre chose à faire que lire car je venais trop régulièrement. J’essayai aussi de joindre ma mère et un jour après plusieurs tentatives, je l’ai eu et lui demandais des nouvelles de mon père. Elle me répondit qu’il allait mieux et j’en profitais pour lui annoncer que j’avais réussi mon bac. Elle semblait contente et prias pour moi. La ligne était mauvaise et je raccrochais rapidement avec un léger sentiment de déception. J’avais cru qu’elle serait plus contente pour ce diplôme, mais finalement, je me dis qu’elle ne comprenait pas son importance.
Avec Demba, ce n’était pas toujours facile. J’avais l’impression qu’il me prenait pour son petit toutou et qu’il voulait me redresser. Rien ne le satisfaisait. Quand on devait sortir parfois, j’étais obligé d’aller me changer car ma tenue n’était pas adaptée au lieu ou il voulait qu’on aille. On se prenait la tête pour des futilités, mais il insistait toujours sur la mise. Et en même temps, il me faisait découvrir des lieux chics. C’était un vrai épicurien. Il avait du gout, s’habillait toujours bien, soignait sa mise et adorait les belles choses. Il aimait les femmes soignées, très élégantes et bien mises. Au début je ne faisais pas attention à certaines choses. Et puis avec mes complexes sur mon corps je ne voulais pas porter certaines choses car je me trouvais trop mince pour porter des trucs serrés, trop claire pour porter des couleurs vives, trop grande pour porter des choses courtes…). J’avais de belles tenues car maman me ramenait toujours de jolies choses de ses voyages mais la plupart je ne les mettais pas car je les jugeais un peu trop habillé. J’étais souvent en jeans et chemisier ou pantalon et body. Le maquillage je n’y pensais même pas, les talons n’en parlons même pas. Mais avec Demba c’était hors de question de sortir avec lui en chaussure plate ou jean. Et en plus il était tellement bien habillé que ca faisait quand même bizarre d’être à coté de lui habillé tout simplement. Donc quand il m’invitait et qu’on devait sortir, même maman se liguait contre moi. Finalement je montais mettre une robe, des talons et je me maquillais. On formait un très beau couple et je voyais ses yeux briller quand il me regardait malgré mon air fâché car il m’avait fait changer de tenues. Finalement je pris l’habitude de le faire.
Il me forçait également à dire ce que je pensais. Vous me connaissez, j’étais très introverti, toujours à garder le silence alors que toute sorte de pensée me traversait l’esprit. J’avais du mal à communiquer et il ne supportait pas. Parfois, je l’énervais quand il me reprochait une chose et que je ne trouvais rien à répondre. Il s’emportait en me disant « mais dis ce que tu penses au lieu de me regarder avec tes gros yeux la ». Il m’énervait et je faisais de plus en plus attention à ses remarques. Au lieu de me taire, dès que quelque chose me dérangeait je le lui disais quitte parfois à ce qu’il s’énerve. Car mes chères, il s’énervait vite. C’est ce qu’on dit sur les personnes qui rigolent beaucoup : ils s’énervent vite aussi. Un jour je devais l’attendre devant un restau qu’il ramène sa voiture quand un monsieur est venu me parler disant qu’il me trouvait superbe. J’ai répondu en souriant et on a continué à discuter. Il s’était garé et s’est approché, puis m’a demandé sur un ton sec de venir. Après, il m’a prit la tête en disant qu’il n’appréciait pas ce genre de comportement. J’étais la comme à mon habitude à l’écouter, ne sachant pas trop quoi répondre quand il s’est encore plus énervé parce que je ne disais pas ce que je pensais. Quand je lui demandais ce qu’il voulait que je réponde, il me répondait qu’il n’était pas dans ma tête pour me le dire. d'autres fois, on rencontrait quelques une de ses amies au cinéma (des filles trop belles et tout à son gout car très maniérée et classe) et il se montrait très familier et ca me rendait verte de jalousie. Et quand il revenait et que je faisais la tête, il me demandait bien entendu ce qui n’allait pas. Je répondais que tout va bien, mais il insistait en disant que je faisais la tête et finalement je lui criais qu’il était parti parler avec des filles et il voulait que je reste calme. Il se contentait de sourire en disant que maintenant que c’est dit, il savait ce qui n’allait pas et qu'il ne le referais plus. J’avais envie de l’étrangler mais je me retenais même s'il m'assurait que j'étais beaucoup plus jolies que ces filles.
Comme j’étais en vacance, il essayait au maximum d’être avec moi et de sortir. On le faisait parfois avec Babacar, et d’autres fois seuls. On adorait aller au cinéma « le Paris » et même en semaine, on allait regarder des films. Et après la séance, on se promenait à la place de l’indépendance ou on s’asseyait dans un restaurant et on parlait de tout et de rien. J’insistais pour rentrer tôt pour éviter d’avoir des problèmes avec maman.
Le Dr Rassoul appelait aussi souvent, mais je crois qu’à la longue mes réponses laconiques le découragèrent. J’en fus vraiment désolé surtout qu’il était vraiment adorable mais mon cœur appartenait désormais à Demba. Tout se passait bien et ce mois de septembre fut géniale. Un samedi il vint me prendre pour aller au cinéma et au lieu de ca, fila droit chez lui. Je crus qu’il avait oublié quelque chose mais il me demanda de descendre. Une fois chez lui, il m’enlaçait et m’embrassai comme un fou. Un baiser passionné qui me donnait le vertige. Il s’arrêta finalement et me dit
- ah enfin… je ne suis pas un abbé. Chaque jour, je suis chez toi et je n’ai pas le droit de te toucher. Dans les lieux publiques aussi tu m’interdis de t’embrasser, dans la rue tu m’interdis de t’embrasser, dans ma voiture tu m’interdis de t’embrasser ; maintenant tu es coincé ma chérie dit il en imitant le cri du lion et en me mordillant le visage.
- tu es fou. Si tu savais que je devais venir ici, il ne fallait pas me laisser m’habiller comme ca. Je portais une jolie robe d’été et comme d’habitude un foulard pour cacher ma poitrine.
Il sortit un moment pour chercher à manger et on s’installait au salon sur le tapis. Il me posa pleins de question sur ma famille et je lui expliquai mon parcours. Il savait que maman n’était pas ma mère mais il a toujours cru qu’on avait des liens de parenté. Il fut ébahi par autant de bonté et de générosité gratuite. Je lui expliquais que si on doit se marier, c’est maman qui me donnerait en mariage. Il ne répondit rien et à mon tour je lui posais des questions surtout à propos de sa maman.
Il m’avoua qu’elle était certes française mais d’origine marocaine. Avec son père ils se sont rencontré au Sénégal et après ils sont parti vivre en France. Il y est né mais le mariage n’as pas tenu. Après leur divorce, les parents de son père, on envoyé une femme qui devait être sa femme et en même temps sa mère. A ce stade, je sentis beaucoup de rancœur. Apparemment la femme lui a fait voir de toutes les couleurs et finalement, il s’était réfugié avec ses grands parents maternels car sa maman était retournée au Maroc. Après ses études en finance, il a décidé de revenir au Sénégal car il avait une bonne proposition d’emploi et en plus son père aussi avait décidé de rentrer. Je l’écoutais et d’un coup, il se leva et me ramena un album photo. Il me montra sa famille. Son père, ses autres demi-frères et sœur que son père a eu avec sa femme, ses grands parents, ses voisins de sa cité en France. Il y avait aussi des photos avec Babacar en France et il me confia qu’il avait fait la même faculté. Il me montrait aussi la photo d’une petite fille qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau et je lui demandait si c’est sa sœur
- non celle la c’est mon cœur. C’est ma petite fille
Cette annonce me surprit car c’était la première fois qu’il en parlait. Je ne dis rien et il continua
- elle a 5 ans et vit avec sa mère à Bordeaux.
Il me regardait mais je restais calme et ne disait rien. Il prit la photo et me demanda comme à son habitude de dire ce que je pensais
- arrête, je ne pense rien. Tu ne m’en avais jamais parlé c’est donc normal que je soit un peu surprise.
- et tu n’as rien à me demander ?
- étiez-vous marié ?
- non, c’est venu comme ca, on ne s’y attendait pas. J’étais jeune et immature. Et c’est la chose la plus merveilleuse qui me soit arrivée dit il en regardant à nouveau la photo avec des yeux brillants d’amour.
L’idée qu’il ait un jour eut une intimité avec une autre femme provoquait une pointe de jalousie.
- et tu l’aimais ? Demandais-je
Il me regardait sans répondre et après quelques secondes soupira et répondit
- oui, je l’aimais, mais il s’est passé beaucoup de choses entre nous. Si tu en exprime le besoin, je t’expliquerai tout.
Je n’étais pas très sure de vouloir savoir et je le lui dit
- la seule chose que je ne supporte pas Diouldé c’est le mensonge. On est ensemble et je suis prêt à tout entendre maintenant car je t’aime et je suis prêt à tout te pardonner. Maintenant, je ne supporterais pas au fil du temps que tu me sortes des trucs que tu m’avais caché et que je doivent m’adapter. Si tu as un gros truc à me dire, fais le maintenant ma belle
Il me regardait fixement, et un moment j’eus envie de lui parler de tonton Farah, de ma relation actuelle avec maman, mais je n’eut pas la force. Je me contentais de sourire en secouant la tête.
- rassure toi mon cœur, je n’ai pas d’enfants cachés dis je en souriant.
Il s’approcha de moi et déposa de petits baisers sur mon cou. J’en avais des frissons. Il était tellement doux. Je passais mes doigts dans ses cheveux qui étaient doux et soyeux. On s’embrassait tendrement et il commençait à glisser les manches de ma robe sur mes épaules. Instinctivement, je me crispais et il me calmait en me glissant à l’oreille de me calmer et qu’il ne me ferait rien de mal. Il devait être très doué car je me retrouvais en soutif et slip devant lui. (les robes c’est pas bien quand on va voir son petit copain, un pantalon c’est mieux). C’est quand il s’écarta un peu que je me rendis compte de ca, et je cherchais de quoi me couvrir, mais il avait enlevé son sweetshirt en une fraction de seconde et revenait. Je pris peur à ce moment, et me braquait complètement. Il essayait d’écarter mes bras, mais je les gardais bien serré sur ma poitrine. Finalement, il me lâcha et s’étendit sur le tapis en soupirant. J’étais assise à coté, à moitié nue et ne sachant que faire. Je me mis à lui caresser le torse, mais il retint ma main
- arrêtes, ne me tentes pas alors que tu ne supporte pas que je te touche dit il avec une voix rauque.
- non ce n’est pas ca…je voulais lui dire que j’ai eu peur parce que la scène avec tonton Farah me revenait en mémoire, et qu’il devait juste être patient. Au lieu de ca, je me levais, me rhabillais et lui demandais de me ramener….

Le trajet du retour fut pesant. Il régnait un silence de cathédrale et je ne faisais rien pour décrisper la situation. J’en avais marre. Marre d’être manipulée, marre que mon corps serve de jouets à des hommes uniquement mue par des instincts primaires. Je ne voulais plus qu’on me touche. Demba était en colère et soupirait de temps en temps. Je m’en foutais complètement et étais pressé d’arriver à la maison. Dès qu’il se garait je m’empressais de sortir mais il me retint par le bras
- Diouldé je commence à en avoir marre de toi. J’ai fait plein d’efforts pour toi. Plus que je ne l’ai fait pour aucune autre femme. J’ai trente ans, je ne suis pas un gamin. On est ensemble et c’est normal qu’on ait des moments d’intimité. Maintenant je crois que j’ai été assez patient avec toi. Je ne supporte plus tes enfantillages. C’est parce que je t’aime que je supporte beaucoup de choses mais il me suffit de claquer des doigts pour avoir pleins de femmes à mes cotés. Il faut que tu change si tu veux rester avec moi.
Il parlait sur un ton ferme comme s’il parlait à sa petite fille.
- c’est à toi de voir ma belle, mais saches que je t’attendrais pas toute ma vie conclut-il en me lâchant le bras
J’étais plus énervée qu’autre chose et je lui dis la seule réponse qui me venait à la tête
- claque les doigts
- Quoi ? me cria t-il ?
- Claque les doigts comme ca tu auras toutes les femmes que tu veux mais pas moi, répétais je en sortant de la voiture et en claquant la porte. Il me lançait un regard incendiaire, puis accélérai la voiture.
Je regrettais tout de suite des paroles, et dans ma tête j’eus un petit instant de panique. Je me disais que c’étais fini et qu’à nouveau je me retrouvais seule. Depuis le départ de Coumba je n’ai jamais senti la solitude car Demba était toujours présent. Il appelait et passait presque tous les jours. je me reprochais même mon attitude en me disant qu’il avait vraiment fait des efforts avec moi. Je rentrais à la maison toute triste. Sans le vouloir, je me mis à pleurer. Pas pour Demba, mais pour tout. Je me rendis compte à cet instant que la vie était compliqué. J’avais l’impression que la vie s’acharnait sur moi et que je ne verrais jamais le bout du tunnel. Involontairement, je me voyais déjà mariée avec Demba et partir pour ne plus revoir tonton Farah. Au lieu de cela, je me suis rendu compte que peut être qu’il ne valait pas mieux que Malik et les hommes finalement ne sont là que pour m’utiliser.
Cette nuit la, je me mis à prier. Ne m’en voulez pas, mais à cette époque, j’avoue que je n’étais pas vraiment porté sur la prière. Malgré que maman toquait tous les matins à ma porte pour la prière du matin, parfois je me levais parfois pas. Elle avait fait tout ce qu’il fallait pour notre éducation religieuse car elle était très pieuse. Elle nous avait à un moment pris un oustaz quand rama était la, qui venait tous les mercredis et les weekends pour nous faire réciter les versets du coran. J’avais déjà des notions et ce fut plus facile pour moi. Malgré tout, je ne faisais pas mes prières régulièrement. Mais comme à toute chose malheur est bon, cette nuit, ne voyant aucune lueur d’espoir dans ma triste vie, je me tournais vers le Seigneur. J’ai prié toute la nuit en pleurant et en demandant pardon pour tout. Je me réveillais le lendemain, la tête lourde mais plus sereine. Je m’habillais pour aller à l’université et voir les orientations. Instinctivement, je me mis à me maquiller et à soigner ma mise et je souris en faisant cela. Finalement, je me dis qu’il m’aura au moins apporté quelque chose ce Demba car j’étais devenue plus coquette. Malheureusement, je n’étais toujours pas orientée et finalement, j’allais m’assoir à la boutique de mon cousin Ibrahima pour discuter avec lui. Je trouvais sa femme malade et il s’apprêtait à l’amener à l’hôpital. Je lui recommandais le Dr Rassoul en lui indiquant l’hôpital et lui disant de le demander à la porte et de lui dire qu’il était mon cousin. Ne sachant plus trop faire, je me mis à marcher en me disant qu’il fallait vraiment que je sois orienté rapidement sinon j’allais devenir folle à ne rien faire. Je rentrais finalement à la maison et me replongeas dans la lecture.
Le lendemain je reçus le coup de fil de Rassoul qui m’informait qu’il avait vu mon cousin et que sa femme était enceinte. Je le remerciais pour tout et il me demanda s’il pouvait passer à la maison. Après tout ce qui venait de se passer avec Demba, je n’avais aucune envie de discuter ou d’essayer d’être gentille avec un autre homme. Finalement, je lui dis que je devais sortir et que je le rappellerai un de ses quatre. Il semblait déçu mais ne fit aucune remarque. Les jours suivant, je pensais gravement à Demba, mais je me disais que c’était fini et que de toute façon je préférais rester dans ma chambre avec mes livres que de sortir tous les soirs. J’étais quand même triste car, il me manquait vraiment. Depuis cette soirée, il ne venait plus et n’appelais plus. Ca me faisait mal au cœur de penser qu’il pouvait aussi facilement tourner la page. En même temps, s’il espérait que j’allais lui courir après c’était peine perdu. Maman me demandais de ses nouvelle et j’eus honte de lui dire qu’on avait rompu. Je lui dis juste qu’il avait voyagé et heureusement, elle ne cherchait pas à en savoir plus.
J’appelais souvent Coumba, mais comme les appels vers la France étaient chères, je lui demandais juste comment elle allait et parfois elle se mettait à pleurer en disant qu’elle avait envie de rentrer. Moi aussi j’en profitais pour pleurer car elle me manquait vraiment. Elle me demandait si je prenais soin de Demba et de Babacar et je lui expliquais qu’avec Demba ca n’avait pas marché. Elle semblait désolée et avait décidé de l’appeler. Je l’en dissuadais vivement en lui disant qu’en fait je préférais que personne n’intervienne. Elle acceptait en rouspétant. A chaque fois que j’appelais Coumba, j’en profitais pour appeler aussi Moha. Et avec lui c’était un peu plus compliqué car avec sa dernière déclaration, il y avait une petite gêne entre nous. Mais on discutait quand même et il me disait que son lycée préparatoire était particulièrement chaud.
Rama était toujours avec son Raoul et malgré l’opposition de sa maman, elle se refusait à casser avec lui. Un moment j’eus même l’impression que maman s’était résigné. Elle était vraiment désolé que je reste à Dakar, mais je lui dis que ce n’était pas grave et que l’essentiel c’était d’étudier. Avec maman, ce n’étais pas toujours facile, mais je m’étais faite une raison. Parfois, elle était douce et gentille avec moi et dans ce cas, j’en profitais pour parler avec elle la serrer dans mes bras. Et d’autres fois, j’avais l’impression qu’elle ne supportait pas de me voir, et dans ces cas, je l’évitais pour ne pas avoir des problèmes car elle me rabrouait pour un rien surtout quand tonton Farah était la. Lui je faisais tout pour ne pas le voir et parfois j’y arrivais.

Vers la fin octobre, je fus orienté en pharmacie et même si maman insistait pour m’inscrire dans une école privée, je tenais à aller à l’université car au fond de moi, j’espérais avoir une chambre et partir pour ne plus avoir à côtoyer tonton Farah. Mais je me rendis compte rapidement que ca ne serait pas facile. L’université était surpeuplée et comme j’étais timide, tout devenait compliqué. Finalement, je me liais d’amitié avec Fatou, une diola venue de Ziguinchor et qui ne connaissait pas Dakar et ses tracasseries. Mais elle était téméraire et très dégourdie. Elle savait se bousculer et ne se laissait pas marcher sur les pieds. Notre première rencontre s’est faite sur un petit malentendu car j’avais déposé mes bagages sur une chaise et elle était venue s’assoir en mettant mes affaires par terre. Comme j’étais une vraie peureuse, dès qu’elle m’a lancé un regard incendiaire quand je lui dis qu’elle était assise à ma place, je me suis enfuie. Finalement, à la fin du cours, elle s’est approchée de moi en riant et en disant qu’elle n’avait jamais vu une fille aussi peureuse. Moi-même j’en riais et finalement on est allé au restau ensemble. Les jours suivant, elle me gardait une place à coté d’elle et ce fut plus facile. Elle était différente de Coumba car beaucoup plus réservée, mais très consciencieuse. Les autres filles ne m’approchaient pas trop et Fatou me disait souvent qu’elles lui demandaient si j’étais sénégalaise. Comme j’étais réservée et ne parlais qu’à Fatou, elle pensait que je ne comprenais pas le wolof. Fatou avait la langue pendue et elle répondait souvent à ma place. Il y avait une bande de marocains qui ne cessait de me taquiner et qui voulait que j’aille m’assoir avec eux. Un jour, Fatou en eut marre et les a insultés au point que j’en eut honte. Quand je lui fis la remarque, elle me dit que j’étais trop calme mais que ce n’était pas grave, elle était assez bagarreuse pour deux. Les cours n’étaient pas faciles et le prof se contentait de nous dicter et à nous de nous débrouiller. Parfois je me demandais comment m’en sortir. Et dans ces moments Moha me manquait vraiment. Il m’encourageait toujours et quand je ne comprenais pas un cours, il prenait son temps pour m’expliquer. Il avait beaucoup contribué à ma réussite. Avec Fatou, c’était différent. On était juste amies, sans être des confidents. On s’entraidait pour les cours et les démarches administratives. Elle habitait chez un de ses oncles à grand yoff et comme moi, a fait une demande pour avoir une chambre.
Reprendre mes cours a été un soulagement. Je me replongeais dans les études et ceci m’aida à oublier Demba qui était toujours présent dans ma tête. J’avais parfois l’impression que j’avais tout gâché avec lui et ca me déprimait parfois.
Un soir, en revenant des cours, je vis sa voiture devant la maison. J’étais étonnée et je le trouvais dans le salon en train de m’attendre. Mon cœur battait fort quand je le vis. Comme d’habitude, il était tout simplement magnifique. Je le regardais et lui tendis la main un peu gênée.
- slt Demba.
Il se leva pour me tendre aussi la main et garda la mienne en me regardant. Je me contentais de sourire et il ne dit rien. Je ne comprenais pas trop la raison de sa présence après plus d’un mois sans nouvelle.
- tu vas bien ? lui demandais je ? ca fais vraiment longtemps
Il ne disait rien et me regardais. Il avait laissé une petite barbe et était vraiment beau avec ses superbe yeux la. Finalement, je lui rendis sa réplique
- maintenant c’est toi qui n’a rien à dire. Dis ce que tu penses.
Au moins ca eut le don de le faire sourire et il soupira lentement en se redressant sur son siège.
- Diouldé, Diouldé…se contenta t’il de dire.
Je lui demandais de me donner 5 minutes le temps d’aller me changer et de déposer mes affaires. Je fis rapidement une toilette et en profitais pour prier car maintenant je les faisais régulièrement. Je gardais mon meulfeu et par reflexe, mit un peu de talc et du gloss sur les lèvres avant de descendre. Je le trouvai en grande discussion avec tonton Farah et après avoir salué froidement ce dernier, passais dans la cuisine pour ramener de l’eau. Ils continuaient à parler et ca m’énervait mais je ne dis rien et ne participais pas à la discussion, me contentant de regarder la télé. Au bout de quelques minutes, tonton Farah pris congé et monta et Demba me fit face.
- tu es très belle diouldé.
- merci
- tu m’as manqué dit il en baissant la tête
Comme je ne disais rien, il releva la tête et sourit
- tu n’as pas changée ? Toujours aussi peu bavarde.
- non je n’ai pas changée. Et je ne changerais pas dis je en haussant les épaules.
- je ne sais même pas pourquoi je suis ici. J’ai passé des jours sombres et j’espérais chaque jour que tu appellerais. Mais tu ne le faisais pas et je t’avouerais que je n’ai jamais été confronté à ca. Une femme qui me tient tête comme ca. Moi Demba
Il disait cela comme si c’était la fin du monde et que jusqu'à présent il ne comprenait pas.
- je ne t’ai pas tenu tête Demba. C’est juste que je me suis rendu compte qu’on n’avait pas les même convictions. J’ai essayé autant que possible de te suivre dans ta voie, mais à un moment, je ne pouvais plus.
- mais je ne t’ai jamais demandé l’impossible. Réclamer un peu d’affection c’est trop demander ? demanda t’il sur un ton un peu énervé
Je le regardais et je voyais dans ses yeux qu’il ne comprenait pas. Ca se voyait qu’il n’avait pas l’habitude de se voir refuser certaines choses par une fille.
- non, ca doit être normal pour les autres, mais pas avec moi. Je ne veux pas. C’est tout. J’en ai le droit non ?
Il soupira fort et secoua la tête
- c’est ca que je te reproche. Tu ne communique pas. Tu as même le droit de ne pas me parler mais donne mois au moins une explication plausible.
Je me tournais vers la télé en pensant que je ne pouvais pas lui expliquer que tonton Farah avait essayé d’abuser de moi et que à cause de cela, je ne supportais pas que l’on me tripatouille le corps.
- Pourquoi veux-tu une explication ? De toute façon, on est plus ensemble. Tu as surement du te trouver une autre plus à ton gout et que tu n’auras pas besoin de redresser.
- Arrêtes de dire des bêtises. Je ne t’ai jamais redressée. Et oui, j’aurais pu me trouver une autre, mais c’est toi que j’aime. Je n’y peux rien c’est comme ca et c’est pourquoi je suis encore là pour essayer de comprendre. J’ai essayé de t’oublier en me disant que tu ne me convenais pas car tu n’es pas encore mature mais bon…
Je l’écoutais sans rien dire et eut un petit pincement au cœur. Moi aussi je n’étais pas arrivée à l’oublier et à chaque fois qu’une voiture qui ressemblait à la sienne me dépassait je regardais en pensant que c’était lui.
- et qu’est ce que tu fais encore la ?
- mais merde Diouldé, je viens de t’expliquer tout ca. Et puis j’en ai marre
Il se leva et sortit sans attendre que je réponde ou que je le raccompagne. Mais je vis ses clé sur le fauteuil et les prit rapidement. Il revint au bout de quelques secondes et chercha ses clés sans me regarder et sans rien dire. Puis il se tapota les poches et finalement se tourna vers moi
- t’as pas vu mes clés, demanda t’il avec un air renfrogné
- non dis je simplement continuant à regarder la télé.
Il sortit à nouveau et au bout de quelques minutes je sortis et je le vis de l’autre coté de la rue en train de fumer. C’était la première fois que je le voyer fumer et ca m’étonnais. Je n’aimais pas la cigarette et dès qu’il me vis il jeta la cigarette et l’écrasait. Je lui tendis les clés et restait en face de lui
- tu fumes ? Demandais-je intriguée
- j’avais arrêté depuis des années mais ces temps ci j’ai repris. Répondit-il en se passant la main dans les cheveux.
J’étais la devant lui, et j’hésitais à lui parler. Lui aussi ne partait pas et s’amusait à jouer avec un caillou par terre.
- il y a Babacar qui demande souvent de tes nouvelles. Dit-il finalement
- ha, tu lui diras bonjour de ma part.
- je n’y manquerais pas. Bon j’y vais
- OK
Il n’en bougeait toujours pas
- Diouldé, je ne veux pas te perdre. Je ne te comprends toujours pas mais on ira à ton rythme si tu veux.
Je le regardais et sentit une pointe de tristesse dans sa voix.
- je ne sais plus Demba, je suis complètement perdue. Ces temps ci je me suis convaincu que je ne peux faire confiance à personne surtout après ta réaction. Tu m’as vraiment surpris
- oui j’ai merdé, mais aucune fille ne m’a envoyer boulé comme tu l’as fait dit il en gardant la tête baissé et en jouant avec le petit caillou.
- je ne suis pas comme elles, dis-je doucement.
Il ne répondit rien et me regardais. Finalement il haussa les épaules et monta dans sa voiture sans rien dire.
Je ne savais pas trop quoi penser de tout ca. Non, je ne suis pas comme les filles qu’il a l’habitude de côtoyer. J’ai déjà fait les frais avec Malik, je ne suis plus disposé à souffrir à nouveau. Je rentrais dans la cuisine et me servit de l’eau. J’étais devant l’évier à penser à Demba et je sentis quelqu’un se coller à moi. En me retournant, je fis face à tonton Farah qui était collé à moi. J’essayer de m’enfuir, mais il serra plus fort et me coinça contre l’évier. Comme j’avais toujours le verre à la main, je le lui écrasais sur la tête et m’échappa. Je restais dans la cuisine et lui fit face.
- pourquoi tu ne me laisse pas tranquille ? Pourquoi tu ne peux pas m’oublier, criais-je ; j’en avais marre de ce cochon qui cherchait la moindre occasion pour s’approcher de moi
- parce que j’ai envie de toi et que tu m’obsède. D’autres hommes viennent te rendre visite, donne moi une chance dit-il en se massant la tête.
- s’il te plait pour l’amour de Dieu, laisse moi et ne t’approche plus de moi. Je ne veux pas de problème avec maman.
- tu n’en auras pas si tu accepte ce que je te propose. Elle n’en saura jamais rien. je t’aime Diouldé. Si tu veux je t’épouse et je te donnerais une maison aussi belle que celle-ci et on ne reverra jamais ta tante.
Je lui envoyais des insultes que la décence m’interdit de reproduire et que je n’avais jamais prononcées. Mais mon niveau d’énervement était tel que je l’aurais même tué.
Je le regardais comme un fou, il semblait délirer et je m’enfuis dans ma chambre. Je tremblais de tous les membres et un moment je me dis que c’en était trop et qu’il fallait que j’en parle à Rama. Elle pourrait peut être m’aider et essayer de convaincre sa mère. Je descendis donc au télécentre et appela Rama. Ils étaient en début d’après midi au canada et je la trouvais toute froide. Je lui demandais des nouvelles de Raoul et elle commença à pleurer. Je m’inquiétais et insistais pour lui demandai ce qui n’allais pas. Je regardais à travers la vitre les unités qui passaient à la vitesse de l’éclair, mais je n’avais pas le droit de la laisser dans cet état sans savoir ce qui n’allait pas. Après s’être calmé elle m’expliqua que c’était fini entre eux et que malgré tous les efforts qu’elle avait déployé, il était parti avec une autre femme ; je lui dis que ce n’était pas la peine de s’en faire et qu’il reviendra, mais elle pleura de plus belle et m’avoua qu’il avait déménagé aux états unis avec la femme et qu’il lui avait demandé de ne plus le contacter. J’avais vraiment pitié d’elle et elle pleurait à en faire peur. Finalement je raccrochais et lui promis de la rappeler. Je devais plus de cinq milles au gérant et lui dit que je reviendrais lui payer. Mais je n’avais plus d’argent à part mon transport et l’université était trop loin.
Je trouvais maman au salon, et je la regardais pour voir si tonton Farah lui avait quoi que ce soit et comme elle me souriait, je m’assis à coté d’elle rassurée. Elle m’enlaçait et me demandait si Demba était revenu de voyage. J’acquiesçais et lui demandais de me donner 5000. Quand elle me demanda pourquoi, je réfléchis et en eut marre de mentir. Finalement je lui expliquais la situation avec Rama et quand je finis, elle soupira et m’avouait qu’elle était vraiment soulagé de cette nouvelle. Elle n’a jamais voulu de cette relation et était même allé jusqu'à trouver un marabout pour qu’il mette fin à cela. Elle avait ainsi fait plein de sacrifice et toute contente m’avoua qu’elle était très satisfaite. Cette nouvelle m’étonnais car je n’imaginais pas que maman pouvait aller voir un marabout pour briser le couple de Coumba. Je ne crus pas que c’était le fait d’un marabout. Raoul a trouvé mieux et est parti. C’était aussi simple que ca. Finalement elle me remit cinq milles et je partis rembourser le gérant. Je composais le numéro du domicile de Demba mais personne ne décrochais et finalement, je rentrais me coucher. Notre conversation me taraudait l’esprit toute la nuit et je passais du doute au remords. Et si finalement il était vraiment sérieux ? Je repoussais cette idée et me dit que de toute façon comme il lui suffisait de claquer les doigts pour avoir des femmes, je n’avais de place dans sa vie. Mais il avait quand même fait l’effort de venir jusqu'à la maison pour me parler. Finalement je décidais de laisser faire les choses et advienne que pourra.
Demba avait refais le mort et un jour, c’est Babacar qui vint me rendre visite. Au début on parlait de Coumba et il me disait qu’elle lui manquait vraiment. Au moment de le raccompagnait, il me tint la main
- ma chérie, qu’as-tu fais à mon copain Demba
Je le regardais surprise
- absolument rien. Pourquoi ?
- il m’a parlé la dernière fois. Apparemment vous vous êtes pris la tête sur quelque chose qu’il ne veut pas me dire. Et c’est bien la première fois que je le vois autant râler pour une fille. D’habitude il tourne la page rapidement et passe à autre chose mais avec toi, je ne sais pas…
- arrête Babacar, avec moi rien. C’est un discours d’ami que tu me tiens. On a essayé mais ca n’as pas marché. Si je te dis que je ne tenais pas à lui ca serait mentir. Je l’aime mais je ne peux pas forcer le destin.
- il veut que tu lui donne une seconde chance dit-il en s’arrêtant devant la porte
- ca c’est toi qui le dis. Lui ne dit pas ca. Il ne m’appelle plus, ne me parle plus.
- écoute il t’aime. Il est juste un peu con sur les bords mais pour l’avoir longtemps connu je sais qu’il tient à toi. Maintenant c’est à toi de voir, mais accorde-lui une autre chance et s’il déconne je lui casse la gueule.
Il allait partir quand il s’arrêtait à nouveau
- tu es une fille bien et j’avoue que même moi, à un moment j’ai failli succomber à ton charme. Mais heureusement que tu n’as rien fait pour m’encourager. Donc je comprends Demba.
Cette dernière phrase me fit sourire et je lui promis de réfléchir.
On était au début du mois de décembre et un jour, j’entendais maman dire à tata Sophie que Malik devait venir avec sa femme pour les fêtes. Cette nouvelle eut le don de me contrarier, surtout que maman ne m’avait rien dit. Avec Malik même au téléphone, je ne lui parlais pas. Quand il tombait sur moi, dès qu’il commençait à parler de romance entre nous, je raccrochais le téléphone. Donc j’appréhendais vraiment cette visite, mais au moins j’étais sur qu’il ne comptait absolument pas pour moi.

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