Part 2
L’année scolaire avait déjà commencé et mon nouvel établissement se trouvait sur l’avenue cheikh Anta. C’était un lycée d’application (que certaines ont surement du fréquenter) avec un excellent niveau d’enseignement. Tata m'avait trouvé un abonnement aux bus SOTRAC car après le départ de Rama, elle avait arrêté le chauffeur et conduisait elle-même son véhicule. Mais comme elle ne pouvait pas se lever tôt le matin donc je prenais le bus. Je me suis vite rendu compte que je n’étais pas la seule du quartier à aller dans cet établissement et c’est ainsi que quelques jours après, je me faisais conduire par des voisins. A mon arrivée, ma tante est allée expliquer au censeur que j’étais malade et que c’est pour cette raison que je suis venue en retard. Heureusement ma voisine de table m’a prêtée ses cours et je me suis vite rattrapé. Ahh ma voisine… c’est Coumba. Coumba était une fille gentille mais tellement extravagante et exubérante. Elle faisait tout pour se faire remarquer ce qui était tout mon contraire. Mais dès le début, nous avons été proches. Elle disait qu’elle m’adorait parce que ca remontait sa cote de fréquenter une fille aussi jolie. Ca me faisait rire mais je ne la suivais pas toujours dans ses délires. A la récréation, elle voulait toujours qu’on aille discuter avec les garçons mais moi je préférais rester en classe. A la pause tout le monde sortait et le bruit ainsi que le monde m’impressionnait et m’intimidait. C’est vrai que j’étais très timide et je faisais tout pour passer inaperçu ce qui était assez compliqué quand on est de teint clair et grande ; donc je m’enfermais dans une carapace qu’on appelle le silence. A l’école je parlais peu avec les autres sauf avec Coumba qui avait juste besoin qu’on l’écoute. Ca l’importait peu que je réponde ou pas. Parfois, elle me posait une question, y répondait, me redemandait si la réponse qu’elle a donné est bien exacte, et y répondait encore…enfin une vrai tornade cette fille. Elle habitait les Sicap avec ses parents et au fil des années je connaissais sa famille et elle aussi venait à la maison.
On avait plusieurs cours et les nombreux profs nous bourraient de leçons. C’était nouveau et ca nous faisait nous sentir…disons matures. Je lisais beaucoup à l’époque : club des cinq, fantomette (ca va rappeler des souvenirs à certaines). C’étaient les livres de Rama que je récupérais. Il y avait aussi des bandes dessinées pif et hercule, tintin…et bien entendu comme toute bonne adolescente qui se respecte, les arlequins. J’en ai lu juste quelques uns car ce genre ne m’intéressait pas beaucoup, mais Coumba les dévorait. Je me souviens que la première fois que j’ai lu un arlequin, j’ai eu l’impression de commettre une grosse gaffe. Ce jour la, quand tata Sophie est entré dans la chambre, j’ai sursauté et caché le livre comme si j’avais de la drogue. J’ai eu peur qu’elle raconte à tata que je lisais ces livres qui parlais d’amour et décrivaient des choses pas du tout respectables. Finalement pour ne pas avoir a toujours me cacher, je disais à Coumba que je n’aimais pas et je pense que je préférais mes bandes dessinées, ou les enquêtes d’Agatha Christie.
Ma vie à continué tranquillement entre mes cours, et mes autres activités. Il fallait aussi insérer les moments que je passais avec ma vraie famille. J’y allai aussi souvent que possible et mes relations avec ma mère se sont améliorées mais toujours avec cette part de gêne entre nous. Ca me faisait toujours mal de penser qu’elle m’avait jeté en pâture à des sorcières qui m’on charcutées. La seule fois ou on en parlé c’était quand elle repartait en guinée suite au décès de son père. Elle était triste et moi aussi ca me faisais beaucoup de peine mais intérieurement, je pensais que puisqu’elle amenait la petite Fanta, on risquait de lui faire subir la même chose. Donc au moment ou elle rangeait ses affaires, je lui ai demandé si on n’allait pas exciser Fanta. Elle m’a assuré que non, et qu’elle avait autre chose en tête. Elle ne comptait pas rentrer de si tôt et m’avait chargé de passer régulièrement voir mon père.
Pendant tout ce temps, il y avait aussi les coups de fil régulier qu’on passait à Rama. Tata l’appelait toutes les semaines. C’étaient des moments de bonheur pour moi d’entendre ma Rama. On discutait et elle me racontait sa vie la bas. Elle avait rencontré un canadien la bas et ils s’aimaient. Quand elle me parlait de lui elle s’assurait que sa mère était loin du combiné. Il était blanc et doutais que sa mère accepte cette relation. Moi aussi je lui parlai de mes cours et aussi ma vie. Souvent c’est tata qui venait pour raccrocher de force le téléphone. Après elle appelait malick et moi je ne sais pas pourquoi, c’est toujours le cœur battant que je lui parlais. Il me taquinait et me posait pleins de questions. Après lui avoir parlé je passais des jours à penser à lui et je luttai contre ca car je ne comprenais pas qu’un garçon puisse me perturber comme ca.
Un jour, j’étais en 4ème si je ne me trompe, tata Fanta m’a appelé :
- Ma chérie, j’ai une bonne nouvelle. Dans quelques jours je vais me remarier.
J’étais étonnée et je ne disais rien. Depuis quelques temps, tonton Farah venait plus souvent à la maison et restait plus longtemps. Il était gentil et passait son temps à regarder la télé. Je n’étais pas toujours pressé de le voir, car on devait sortir du salon pour le laisser regarder la télé. Il venait toujours bien habillé et sentais très bon. A part lui, il y avait des frères de son défunt mari qui venait mais parfois elle me disait d’aller leur dire qu’elle était malade.
- Tu sais je n’ai jamais voulu me remarier pour ne pas perturber les enfants. Mais maintenant ils sont grands et je suis toute seule. Heureusement que tu es la pour me tenir compagnie.
- Est-ce que c’est tonton Farah ?? demandais-je
- Oui c’est lui ? comment tu le trouve ?
- Il est gentil maman. Est-ce qu’il va venir vivre ici ?? En fait je pensais plus à ma télé…
- Il viendra de temps en temps. Il a une autre épouse.
J’étais contente pour tata. Elle semblait plus épanouie. Je la trouvai déjà belle, grande, noire et toujours bien habillée. Elle a toujours été une battante. C’est à ce moment qu’elle m’a expliqué son histoire avec le père de Rama et Malick.
Elle est arrivée à Dakar à l’âge de 12 ans et venait de son Fatick natal. Elle n’a jamais connu son père qui est décédé très tôt et venait de perdre sa mère. Donc toute seule, elle est venue vivre auprès de son oncle, commerçant à Sandaga. Malheureusement, son oncle lui a demandé d’arrêter ses études pour aider sa femme dans la maison. Sa tante lui a fait subir toutes sortes de brimades, mais elle a tenu bon. Et c’est en apportant tous les jours le repas à son oncle qu'elle a rencontré celui qui deviendra son mari. C’était aussi un commerçant qui tenait une boutique de pièces détachées pas loin du magasin de son oncle. Elle avait 18 ans et lui était beaucoup plus âgée. Elle a accepté de l’épouser pour échapper à la tyrannie de sa tante mais aussi parce que cet homme l’aimait beaucoup. Après leur mariage, elle est allée vivre auprès de son mari qui ne voulait plus qu’elle se fatigue. Ainsi, elle lui trouva une bonne et l’inscrivit à une formation en couture qui lui permit plus tard d’ouvrir un atelier. Lui aussi fit fortune et a immigré vers les Etats Unies à la naissance de Rama. Il a travaillé dur et a pu construire la maison et a aussi permis tata de voyager. Elle fait partie des premières commerçantes à amener des tissus et de l’or. Ses affaires florissaient mais son mari est tombé malade. Il est revenu au Sénégal mais quelques temps après il est décédé. Après sa mort, les problèmes de successions ont émaillé son deuil. La famille de son mari voulait vendre la maison mais elle s’est battu et a tenu bon. Pour le bien de ses enfants elle n’a pas voulu se remarier se consacrant uniquement à l’éducation de ses petits. La famille de son mari ne mettait plus les pieds chez elle. Elle a pris sous son aile sa demi sœur Sophie qui se trouve en fait être la fille de l’oncle qui l’avait accueilli et frère de son père. Elle m’a même avoué qu’elle savait que Sophie disais et faisais beaucoup de méchanceté mais qu’elle avait décidé de fermer les yeux car elle la considérait comme sa propre sœur.
Elle racontait ca avec beaucoup d’émotion et à la fin nous pleurions toutes les deux. Je l’admirai et en même avait beaucoup de peine. Elle n’a pas eu la vie toujours rose malgré la joie de vivre qu’elle dégageait. A ce moment je pensais à ma propre vie. Qu’est ce que je deviendrai si elle n’avait pas été la. Aurait je eu la même volonté pour me battre ?? J’eu envie de lui raconter aussi ce qui m’était arrivé lors des vacances mais je n’eus pas le courage et pourtant j’avais le sentiment que c’était le moment propice.
Je la voyais différemment et elle me servit de modèle. Après le mariage, Tonton Fara venait en début de semaine et restait 3 jours. Il ne parlait pas beaucoup et restait au salon à lire ses journaux et regarder la télé. Quand tata rentrait tard du marché, tata Sophie restait avec lui au salon et je les entendais parfois rigoler ensemble. Quand tata rentrait c’est elle qui réchauffait et je la revoie encore dresser la table, mettre de l’encens, aller se changer et se parfumer pour venir manger avec tonton Fara. Pour quelqu’un qui mangeait parfois dans sa chambre et se couchait tout de suite après le changement était radical. Pendant ces jours, elle ne me voyait plus, ne s’occupait pas de ma présence ou pas dans la maison. Donc, intérieurement, la présence de tonton Fara me dérangeait mais je n’en laissais bien sur rien paraitre. Je demandais beaucoup d’attentions et elle n’en avait plus le temps. Et ca tombait à ma période d’adolescence.
Pendant cette période, mon corps changeait et me complexait. Mes seins poussaient, je grandissais, et je me rendais compte que j’étais trop mince. Comme toutes les ados, ce corps me foutait des complexes. Je me trouvais trop grande, trop mince et sans forme. Tout le monde me trouva belle et jolie mais pour moi j'étais bizarre. A cette époque je faisais tout pour grossir. Je mangeais comme une ogresse mais je ne prenais pas un gramme. Je mangeais tout, à n’importe quelle heure. Même tata Sophie était impressionné par les quantités d’aliments que je me forçais à manger et elle se plaignait souvent
- Je me demande cette petite tout ce qu’elle mange à quoi ca lui sert, disait elle tout le temps.
Moi je ne mangeais pas parce que j’avais faim mais juste pour prendre des kilos mais à un moment donné j’ai arrêté vu que ca ne servait à rien. Et c’était tout le contraire avec Coumba qui faisait tout pour maigrir alors que moi je la trouvai magnifique. Elle se trouvait trop grosse. Bizarre. Ca me déprimait et je me sentais mal dans ma peau ce qui a accentué ma timidité et ma propension à me renfermer sur moi-même. Les règles ont accentué mon mal être et je me suis encore plus renfermé sur moi-même. Je fuyais les gens et préférait de loin m’enfermer avec un bon roman que d’aller en groupe avec des amis comme me le proposait toujours Coumba. Mais j’ai quand même survécu à cette phase. Pour m’aider tata Fanta, m’avait inscrite à des cours de danse classique au village d’enfant SOS et ca m’a beaucoup aidé a accepté mon corps.
Je passais tranquillement les classes et j’étais très brillante. J’ai réussi mon BFEM avec succès et j’ai choisi la série scientifique car j’adorai les maths. Coumba était plus à l’aise avec la littérature et on a été séparé de classe à la seconde. Mais dès la sortie des classes on se retrouvait et on papotait jusqu'à la fin de la pause. Coumba à force de lire des roman d’amour se projettait dans chacun ses romans. Elle était à la quête perpétuelle du grand amour. Dès qu’un garçon la regardais une fois, ou lui parlais, elle se voyait déjà finir sa vie avec lui ; et même si ca n’aboutissais pas, elle ne se décourageait jamais. Persévérante jusqu’au bout. Moi j’étais plus réservé avec les garçons. Je recevais beaucoup de déclarations ou de garçons qui m’accostaient pour me parler. Mais souvent je coupais court à la discussion. J’étais trop en rage contre mon corps pour accepter qu’un garçon puisse s’intéresser à moi. Pourtant tout le monde disais que j’étais belle mais bon. Quand on a une vision déformée de soi même c’est difficile à accepter et j’espère que certaines personnes vont me comprendre.
En seconde, j’étais assise à coté de Mohamad. C’était un garçon charmant et très drôle. Au début j’avais droit à toutes sortes de déclaration d’amour. Mais je me contentai de rigoler sans rien répondre car il semblait s’amuser. Il était mignon, plus que mignon même. En plus il était travailleur, sérieux et adorai lire. On avait les mêmes centres d’intérêt. J’aimais discuter avec lui car il me faisait rire et on pouvait parler pendant des heures. Lui, ne cessait de me déclarer sa flamme. Un jour qu’on avait décidé de passer la journée au lycée, comme à son habitude, il s’est mis à me parler
- Diouldé, diouldé, offre moi ton cœur, je t’aime…
- Arrêtes tes bêtises Mouha… répondis je comme d’habitude
Ce jour la, il s’est assis en face de moi sur le table banc, m’a regardé droit dans les yeux et a pris un ton sérieux que je ne lui connaissais pas :
- Diouldé, spt je veux que tu m’écoute. Je sais que tu ne m’as jamais pris au sérieux, mais la je n’en peux plus. Diouldé c’est une véritable torture de te côtoyer tous les jours et que tu me prennes juste pour un ami. Je ne supporte plus ca car je suis vraiment mais alors vraiment amoureux de toi. Je me réveille en pensant à toi, je me couche en pensant à toi. Parfois c’en est même douloureux.
Il a baissé la tête sans trop savoir quoi ajouter et je suis est restée comme ca pendant longtemps. Moi je ne savais plus quoi répondre car cette fois ci j’étais convaincu qu’il était sérieux en me disant ca et je ne voulais en aucune façon le frustrer. Je lui ai pris la tête que j’ai lentement soulevé :
- Mouha, je ne sais pas quoi te répondre. Je n’ai jamais réfléchi à ce type de relation entre nous. Mais laisse-moi juste le temps d’y réfléchir.
Il n’a rien répondu et moi j’ai préféré prendre la tangente. J’ai cherché Coumba pour tout lui raconter et elle a sauté au plafond
- Je savais, je te l’avais dit. Il est tellement beau. Vos formez un beau couple ma chérie. Dis lui oui ou sinon je le dirai à ta place…
- Mais arrêtes donc, je le considère juste comme un frère. Mais je ne sais as comment lui dire non sans le frustrer
- Dans ce cas ne dis pas non. Essaie et si ça ne marche pas vous arrêterez.
C’était bien la première fois que j’étais confronté à un homme qui disait m’aimer et que je prenais vraiment au sérieux. Je me considéré encore trop jeune pour m’engager dans une relation amoureuse et surtout pas avec un jeune de ma classe. J’avais 16 ans et je me voyais mal dire à ma tante que je sortais avec un garçon. En plus dans mon fort intérieur, je songeais à Malick.
Le lendemain, je me suis assise à coté de lui toute gênée et lui aussi était plus calme. Il me faisait de la peine mais je n’étais pas disposé à sortir avec qui que se soit. Mais encore fallait il que j’ai le courage de le lui dire. Les jours qui suivirent je rentrais à midi et revenais à 15h évitant ainsi toute discussion. A la longue il comprit et un jour me glissa un mot dans mon sac. Je le vis à la maison et il m’expliquait qu’il m’aime plus que tout, mais qu’il préfère mon amitié à cette soudaine froideur qu’il a constatée ces derniers jours. Sa lettre était tellement triste que j’en pleurais. Le lendemain, à la pause, je suis allé lui parlé et lui ai expliqué que je ne suis pas prête pur une relation. Il a dit me comprendre et était décider à patienter. Notre relation s’est améliorer et avant la fin de l’année tout est rentré dans l’ordre. Il était devenu mon confident et s’occupait de repousser les avances des autres garçons. Beaucoup ont même cru qu’on sortait ensemble.
Durant ces vacances Malick devait venir car il avait terminé ses études et avait trouvé un stage dans une institution financière à dakar. Il devait d’abord avoir quelques jours de vacance avant de commencer le stage. J’attendais avec impatience et beaucoup d’appréhension son arrivée. Il est arrivé un dimanche soir et ce jour la, j’étais très nerveuse. J’étais allé voir mes parents et à mon retour je l’ai trouvé au salon en train de discuter avec son beau père. J’ai eu comme un choc en le voyant. Il était encore plus beau que dans mes souvenirs. Mon cœur battait tellement fort que j’avais peur que les autres ne l’entende. Grand, noir, beau, et toujours ce sourire qui creusait des fossettes. Pffff. Quand il m’a vu il a semblé un moment perdre le fil de sa discussion. Il m’a regardé avec des yeux ronds comme s’il me voyait pour la première fois.
-Diouldé ???
-bonjour Malick, dis-je timidement en lui tendant la main.
Il saisit ma main et me tira a lui pour me faire une grosse bise sur la joue. Je crois que si Rama était la, elle verrait que j’avais les oreilles rouges. Mon cœur battait fort et j’avais perdu tous mes moyens. Il me posait des questions mais je le regardais comme fasciné et ne répondait pas. Il m’avait gardé dans ses bras et continuer à parler à sa mère
- Mais maman Diouldé a vraiment grandi. Tu ne m’avais pas dit qu’elle était tellement jolie.
- Oh Malick, laisse diouldé tranquille. Même toi tu as grandi non ??
Je me libérais de son étreinte et m’assis sur le canapé. Comme pour rajouter à ma gêne, il vint s’assoir à coté de moi et continuait à me dévisager comme une peinture. Son cinéma fit rire tout le monde et c’est dans cette ambiance bon enfant qu’on a passé la soirée.
Ce soir la, après le diner, je suis montée me coucher. Je me peignais les cheveux en pensant à Malick quand on toqua doucement à la porte. C’était lui. Il s’était douché et changé. Il sentait bon et quand il est entré dans ma chambre je l’ai regardé avec de gros yeux. Mon cœur semblait vouloir sortir de ma poitrine et aucun son n’arrivait à sortir. Il tenait un sachet et me le remis
- Tiens Diouldé c’est pour toi
- Merci dis-je la voix tremblante en prenant le paquet.
Il se tenait debout au milieu de la chambre et me regardait fixement.
- Tu n’ouvre pas pour savoir ce que je t’ai ramené.
Je me suis assise sur le lit et le sachet contenait un coffret avec un lait de corps, un shampoing et un parfum. Tout ce que j’adorai
- Oh merci…c’est gentil
- C’est pour toi. Je ne savais pas trop quoi te prendre.
- Merci. Tu a du lire dans les pensées. J’adore les parfums.
- Arrête de me remercier comme ca. c’est tout à fait normal. Bon j’y vais et te laisser te reposer
- Ok dis je mais en fait je ne voulais pas qu’il parte.
Il est parti et a refermé doucement la porte. Cette nuit je m’endormis en pensant à lui.
Les jours qui suivirent j’appris à me familiariser avec Malick. Il était simple et très curieux. Il me posait des tonnes de questions et j’essayais de répondre. Il ne s’entendais pas avec tata Sophie et ca se voyait. Il ne faisait aucun effort pour lui parler et dès qu’il avait le dos tourné, tata Sophie lui faisait un « khélou » d’enfer. Ha si Rama était la, elle m’aurait dit ce qui s’était passé entre ces deux la. Malick me demandait toujours d’arrêter de paraitre gênée en sa présence et pour cela dès qu’il me voyait, il criait, venait me prendre dans ses bras, me soulevait et toutes autres types de singeries. Finalement, au bout de quelques jours, la gêne fit place à une complicité et je le taquinais sans cesse sur son accent français, sur la manie qu’il avait à son âge de jouer à des jeux vidéo. Il en riait donnait des explications comme quoi c’était encore un enfant. Maman nous regardait nous amuser sans rien dire. Mais quand elle était la, j’étais plus réservée. Elle m’avait toujours dit de faire attention aux hommes et dans cette situation Malick l’était même si c’était son fils. Je ne savais pas comment elle voyait notre complicité car elle ne disait rien.
J’étais très complice avec elle mais je ne savais pas comment aborder ce sujet. Il était souvent au téléphone et maman se plaignait que sa facture allait exploser ce mois avant qu’il ne commence son stage. Un samedi on alla ensemble au cinéma « Le Paris ». C’était la première fois que j’entrai dans une salle de cinéma et quand la première image est apparu dans la noir, j’ai sursauté et pris sa main ; ce qui m’a valu des blagues pendant des jours. C’était aussi l’époque du walkman (ne rigolez pas). C’était à la mode et il voulait que j’écoute du rap. Je n’aimais pas trop et préférais de loin la chanson française. Il avait juste 15 jour de vacance avant de commencer son stage et un soir il me proposa d’aller nous promener. Il voulait me dire quelque chose et voulait qu’on sorte pour le faire.
Mais ce soir la, ma mère m’a appelé pour me dire que mon père était malade depuis quelques jours et qu’il était hospitalisé. Je promis de lui rendre visite le lendemain et prévins ma tante qui voulais aussi venir. Je n’avais plus le cœur à sortir.
Le lendemain, je me suis donc réveillé très tôt et suis descendu dans la cuisine pour prendre mon petit déjeuner. En traversant le salon, j’ai aperçu Malick assis en train de répondre au téléphone. Je rebroussais chemin, quand je l’ai entendu raccrocher puis il m’a appelé
-Diouldé…pourquoi tu pars? Viens donc par ici.
Je me suis approchée. Il s’est levé et m’a fait la bise (cette manie qu'on les vacanciers a toujours faire la bise). Il était plus grand que moi et avait une petite barbe. Ca m’a piqué et je me suis gratté la joue. Il a souri, creusant une fossette sur sa joue.
- Ca pique, je viens de me lever et je ne me suis pas encore rasé
-....
- Tu n’es pas très bavarde ou tu n’as pas envie de me parler aujourd’hui
- Oh sii répondis je un peu trop rapidement ce qui le fit sourire.
- Tu sais Diouldé que tu es vraiment belle dit il en se mettant devant moi et en me regardant fixement.
J’avais enlevé mes éternels « lifes » et avait attaché mes cheveux par derrière.
On était encore debout à l’entré du salon et il était proche de moi. Un peu trop d’ailleurs au point de me gêner. Je m’éloignais un peu et me contentai de sourire. Je ne savais pas quoi répondre et je crois que je n’avais pas trop les idées en place. Ces temps ci ces petits rapprochement faisaient battre mon cœur plus vite et me troublaient.
-Arrête de me taquiner…
-je suis sur que tu entends tous les jours des compliments. Au fait tu as quel âge Diouldé ?
-17 ans, 18 dans 3 mois. Et toi ?
-50.. non je rigole. J’en ai 27. Si j’avais rencontré de jolies filles comme toi à mes 10 ans. Tu aurais pu être ma fille.
Le regard que je lui lançais, le fit rire à gorge déployée. Il était vraiment craquant quand il rigolait comme ca.
-J’allais prendre mon petit déjeuner.
- Allons y. dit il en me prenant la main pour partir dans la cuisine
Il était très tactile et ca me gênait énormément. Il parlait aussi beaucoup. Il m’a expliqué qu’il appelait son co locataire pour lui dire je ne sais quoi. Je l’écoutais en hochant la tête et en le regardant. Il était à l’aise dans la cuisine, allumant le gaz, sortant les tasses. .
-Tu n’es pas trop en forme aujourd’hui. Tu as un problème ?
- Mon père est malade et j’ai prévu d’aller le voir tout a l’heure
- c’est vrai tu me le disais hier. Mais j’espère que ce n’est pas trop grave ?
- Il est hospitalisé. Je crois que c’est le palu. Je dois y aller tôt pour pouvoir le voir.
- Je t’accompagne si tu veux, me demanda t-il gentiment.
- non ne te dérange pas si tôt. Maman a décidé d'y aller cet après midi. On ira ensemble sit u veux.
- ca marche ma belle...heureusement que maman n’était pas la quand tu me demandais mon âge. Elle aurait répondu que je suis en âge de me marier.
- et elle aurait raison...répondit maman qui venait d'entrer dans la cuisine. Tu es en âge de te marier et au lieu de cela chaque année tu me parle d'études qui ne finissent jamais.
Malick était plié de rire.
-Mais maman tu ne te fatigueras jamais de me répéter toujours la même chose. Je me marierais le moment venu quand je trouverais la perle rare.
Il dit cette dernière phrase en me regardant fixement. Génée je me levais pour aller me changer quand maman m'interpella.
- N'est ce pas Diouldé qu'il doit prendre femme. Nafi la fille de tata Ngoné est une fille bien, qui fera l'affaire. Sa maman est ma meilleure amie et ce genre d'union renforce les liens. Comme tu n’arrive pas à trouver laisse moi t’en chercher.
- oui maman il doit se marier, me contentais je de répondre, encore gênée par le regard insistant qu'il me jetai, et ne voulant pas que tata s'en rende compte. Maman je vais à l'hôpital voir mon père.
- Vas-y ma fille. Salue moi ta maman et dis lui que je passerai ce soir.
Elle se tourna vers Malick pour continuer de lui parler des filles de ses amies tandis que lui continuait à me fixer.
Mon père était hospitalisé à Dantec. Je pensais qu’il était grippé ou avait le palu mais quand je le vis je compris que c’était plus grave. Mon ère je ne le voyais pas souvent. Quand je partais vois ma mère, je ne le trouvais jamais la bas. Donc parfois pour lui dire bonjour, j’étais obligé d’aller jusqu'à son magasin. La vente de fruit, il l’avait confié à ses petits frères et avait investi dans boutique. Et comme ca faisais un bon moment que je ne suis pas allé la bas, le voir à nouveau dans cet état était un choc. Il avait des perfusions et était amaigri. Je discutai un moment avec lui quand un médecin entra. Il regarda les fiches qui étaient au pied du lit, ajusta les perfusions, écrit une ordonnance qu’il me tendit
-vous êtes sa fille ? me demanda t il gentiment
- oui, mais docteur qu’est ce qu’il a ?
A mon air inquiet, il sourit et me demanda de le suivre. Arrivé à la porte, il m’expliqua que pour le moment, ils ont trouvé une anémie sévère et une infection sérieuse qu’ils sont en train de traiter. Les autres analyses étaient en cours pour savoir qu’il n’y avait as autre chose. J’acquittais et il me demanda
-depuis qu’il est hospitalisé c’est la première fois que je te vois. Tu es vraiment sa fille ?
-Oui, mais comme je n’habite pas avec lui, c’est hier que j’ai été mise au courant, répondis je penaude
-Je me disais bien. Si une jeune fille aussi jolie était venue avant je l’aurais remarqué me dit il en me souriant.
Il me tendit la main en disant :
-Je m’appelle Rassoul Diop et toi ?
-Diouldé Diallo
-Enchanté Diouldé, tu as joli prénom…
-merci
Dr Rassoul était très mignon. Pas très grand car il avait la même taille que moi et vraiment beau. Il avait beaucoup d’assurance et semblait vraiment conscient de l’attention qu’il pouvait susciter. Et avec sa blouse blanche, il forçait le respect.
-J’y vais mais on se reverra dit il en me faisant un clin d’œil
Il partit et moi je retournais auprès de mon père. Il s’était assis sur le lit et semblait m’attendre.
-Assied toi, je dois te parler, me dit il dès que j’entrais dans la chambre
Mon père parlait peu donc mon cœur rata un battement car je me dis qu’il avait vraiment quelque chose de grave à me dire.
- Diouldé, tu es maintenant une grande fille. Dans notre famille, les filles se marient très tôt. J’ai accepté que tu fasses des études mais je n’accepterais pas que tu te comporte comme une ces filles qui se disent intellectuelles. Toi et ta tante Fanta n’avez pas le même sang, n’appartenez pas à la même ethnie. Tu es peule Diouldé, et ca il ne faut jamais l’oublier. Chez nous, les femmes se marient tôt. Elles sont éduquées pour se marier et s’occuper de leur mari et non, penser que parcequ’on a fait les bancs, on doit être égal aux hommes.
Je le regardais sans vraiment comprendre ou il voulait en venir.
- Ton cousin Ibrahima est venu à plusieurs reprises pour me faire part de son souhait de
te prendre comme épouse. J'en ai parlé à ta maman qui me demandait de te laisser continuer tes études. Je ne sais pas quand tu finiras mais je veux que tu saches que tu n'as pas la même culture que cette dame avec qui tu es. Tu y a des choses qu'il ne faut jamais renier et je vois que tu commence à te détacher de beaucoup de choses qui doivent être des priorités pour toi. Je n’aime pas polémiquer et je ne veux pas que ma famille me taxe de faibles par rapport à toi. J’ai déjà entendu pas mal de choses quand tu es allé vivre la bas. Maintenant ca suffit. Ne me fais pas regretter de t’avoir confié à cette dame. Je te donne le temps de réfléchir à tout ca et quand je sortirai d’ici, je demanderai à Ibrahima de venir officiellement.
Je baissais la tête avec les larmes qui commençaient à monter. Je tombais des nues. Me marier avec mon cousin Ibrahima ? A cet instant je compris les nombreuses commissions de ma mère chez eux. Mon Dieu. Souvent, c’était un tissu que je devais amener à la maman d’Ibrahima, ou alors je devais me rendre directement à la boutique d’Ibrahima car soit disant il avait des bagages pour ma mère. Mes larmes coulaient mais j’étais plus ébahie que choquée ou révoltée. Mon père ne s’osait pas lui apporter la réplique. Même malade, si je répondais ou me défendait il aurait été capable de me battre avant de se recoucher.
J’attendis donc patiemment qu’il termine, pour prendre congé. Il était tellement énervé qu’il ne me répondit pas.
Une fois à la maison, je m’enfermais dans la chambre pour réfléchir. Mon père semblait décidé à suivre les traditions, mais moi aussi j’étais décidé à me refuser à ca. Après l’excision, c’était le mariage, et après ca serait quoi ? Devrais je toute ma vie me laisser diriger par des traditions ? En même temps que pouvais je faire. Si je refusais, mon père était capable de venir illico me chercher ici et demander à ma tante de ne plus m’approcher. Et dans ce cas qu’est ce qu’il faudrait que je fasse. Les larmes coulaient et tout était tellement confus dans ma tête que je n’entendis pas Malik entrer.
- héé toi tu es rentré depuis quand ?
Quand il vit mes larmes, il s’approcha en tendant les bras
- oh oh oh.. ma belle qu’est ce qui se passe ?
Il me prit dans ses bras, et le torrent de larmes refusait d’arrêter. Je pleurais et lui essayait de me calmer. Il me caressait les cheveux en me réconforta
- calme toi calme toi. C’est ton père ? Il va vraiment mal ? Écoute, t’inquiète pas, on fera tout ce qu’il faut mais il se portera bien. Arrête de pleurer ou moi aussi je vais me mettre à pleurer.
Au bout de quelques minutes je me calmais, mais j’avais honte de me relever donc je restais comme ca dans ses bras en reniflant.
- bon ce n’est pas aussi une raison pour te moucher sur mon beau teeshirt.
- excuse moi répondis je en souriant et en me séparant de lui doucement. Il me tenait toujours par les épaules pour me regarder. Il me sécha les larmes avec ses doigts et ce geste me troublait énormément. Je reculais et m’assis sur le lit. Il s’assit aussi et continuait à me regarder.
- dis-moi ce qui se passe Diouldé. C’est ton père ?
Je ne savais pas quoi répondre. Je ne pouvais pas lui dire tout ce que mon père m’avait dit. Donc je lui dis que effectivement ca m’avait fait un choc de voir mon père dans cet état mais que le médecin m’avait rassuré. Il ira mieux dans quelques jours.
-tu es vachement émotive. En te voyant pleurer j’ai cru que ton père était mort.
- non, j’étais juste triste de le voir comme ca.
- t’inquiète, on ira le voir ce soir ; dit il en me prenant les mains.
- non allez y avec maman. Moi j’ai autre chose à faire
- autre chose comme quoi ? me demanda-t-il avec un regard sévère
- je vais voir ma copine Coumba.
- ok, mais limite toi à aller voir Coumba. Je te surveille Diouldé. Ne t’avise surtout pas d’aller voir des garçons.
-Pourquoi ? Demandais-je en souriant
-Parce que je ne veux pas. C’est tout.
-Tu es arrivé hier et tu veux contrôler mes déplacements.
Tout d’un coup, il semblait énervé
-Ecoute Diouldé, il ya des règles dans cette maison. Et quand je te dis de ne pas aller voir des garçons ne le fais pas c’est tout.
Il se leva et partit d’un coup. Je ne comprenais pas son comportement et je priais au fond de moi que ca soit de la jalousie.
L’après midi je me rendais chez Coumba pour lui parler de ce que mon père m’avait dit. Elle semblait choquée et me sortit toute sorte d’éventualité, allant de la fugue, à une demande d’asile auprès d’une ambassade. Et le pire c’est qu’elle était sérieuse car dit elle, les femmes ont des droits et comme je suis encore mineure, je devais aller porter plainte…au moins elle m’a fait oublier quelques heures toutes ces histoires et je rentrais le cœur plus léger.
Les jours qui suivirent, j’étais préoccupé et m’attendait a tout moment à un coup de fil me demandant de répondre à mon père.
Chaque matin, je descendais et je retrouvait malick dans la cuisine à discuter. Il arrivait à me faire oublier mes soucis et je le taquinais surtout après sa rencontre avec Coumba.
Ce jour la elle était venu me voir et j’ai entendu les voix de Malick et maman au salon. Je lui ai demandé de venir que je lui présente Malick. On descendait quand elle a apercu malcik en bas.
-Mon Dieu, qu’est ce qu’il est beau, me chuchota elle.
Elle sautillait et ne semblait plus tenir en place. On descendait lentement quand Malik nous a vus et venait vers les escaliers. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais j’ai juste aperçu Coumba en bas sur Malick. Elle est tombée la pauvre de tout son long sur Malick qui essayait de la rattraper. J’ai eu d’abord peur avant d’éclater de rire. Je ne pouvais plus m’arreter. Finalement tout le monde était plié de rire. J’ai finalement fait les présentations et Coumba était sous le charme. Malick avait droit à des battements de cils et autres gestuelles coquines. J’avais des pincements au cœur à chaque fois que Malick jouait son jeu en la touchant mais je ne disais rien. En la raccompagnant, elle me posa pleins de questions mais je répondis à peine lui rappelant qu’il avait un copain. Elle s’en foutait et promis de revenir. Je n’osais pas lui faire part de mes sentiments pour Malick. Je n’osais pas lui dire l’effet qu’il me faisait j’avais trop honte. Je ne suis pas une personne qui partage facilement ses sentiments. Il me faisait rire pour un rien, me donnait cette sensation d'avoir des papillons dans le ventre quand je le voyais. C’était terrible et ce nouveau sentiment qui grandissait et qui me faisait peur surtout que j’avais personne à qui en parler. Moha était parti à Thiès voir sa grand-mère et Coumba était trop agitée pour me comprendre. Rama si elle avait été la aurait été une excellente confidente mais au téléphone je n’osais pas lui dire surtout qu’il s’agissait de son frère. Donc je gardais secrètes mes sentiments surtout que les propos de mon père trottaient dans ma tête sans arrêt.
-Ta copine est canon me dit il dès que je rentrais
J’eu un pincement au cœur et je ne répondis pas me contentant de lui lancer un regard meurtrier. Il sourit et s’approcha de moi
-Mais je te trouve mille fois plus joli ma belle.
-Toute façon elle a un copain, donc elle n’est pas disponible
-Ce n’est pas ce que j’ai cru comprendre répondit il en faisant mine de réfléchir
-Ben vas y alors, tu ne me diras pas que je t’avais pas prévenu
Il se mit à rire, mais ne dis rien tandis que je bouillais à l’intérieur et quittai la pièce.
Depuis la dernière fois je ne suis pas allé voir mon père me contentant juste d’aller voir ma mère pour prendre de ses nouvelles. Je n’ai pas abordé le sujet avec elle par crainte qu’elle me confirme tout ca. Donc quand j’appris que son état n’avait pas trop évolué je décidais d’aller le voir à nouveau mais cette fois ci accompagné de ma tante. Ce jour la, il n’allait pas bien et parlais à peine. Je suis peut être inhumaine mais j’étais soulagé qu’il ne puisse pas parler. J’avais beaucoup de peine mais bon…en sortant j’entendis mon nom et en me retournant je vis le Dr Rassoul qui venait
-Eh bien diouldé, ca fais longtemps me dit il en me serrant la main
-C’est vrai ça fais longtemps.
Maman Fanta était à coté et j’ai fais les présentations. Ils se sont salués puis maman a demandé ou elle pouvait faire sa prière. Après lui avoir indiqué, il revint vers moi avec un grand sourire.
-Ca me fait plaisir de te revoir. Chaque jour, je guettais ta venue et je ne te voyais pas.
-Et pourquoi ? demandais-je étonné. Quelque chose de grave est arrivée ?
-Non, mais je voulais juste te voir répondit il en paraissant un peu gêné.
Je baissais la tête et ne répondit pas
-Stp, peux-tu me laisser un numéro ou te joindre
-Je ne sais pas si…
-Ecoute c’est surtout pour te prévenir en cas d’urgence aussi
Après quelques secondes d’hésitation, je lui communiquai le numéro de la maison qu’il nota sur son ordonnancier. Je priais qu’il n’appelle pas et surtout qu’il ne tombe pas sur Malick. Maman revins et on prit congé.
Il appela le lendemain et c’est Malick qui a décroché. Il m’a trouvé dans la cuisine pour me demander de répondre. Je pris le combiné et lui était debout devant moi avec un regard sévère.
-Allo
-Diouldé, c’est Rassoul
- Allo, répéta Rassoul
- Oui, je vous entends Docteur, comment allez vous répondis doucement.
- Bien et toi ?
- Ca va.. Répondis-je mal à l’aise à cause du regard perçant que Malick me lançait. Est-il arrivé quelque chose à mon père ?
- Non non rassure toi, s’empressa t il de répondre. Je voulais juste te parler et voir comment tu va
- Je vais bien. C’est gentil.
Un silence s’ensuivit et je n’avais pas trop envie d’entretenir la conversation. On parla de l’état de santé de mon père un moment puis il prit congé et promit de rappeler s’il ne me voyait pas ces jours ci. Je raccrochais et tout de suite après Malick me demanda qui c’était.
- C’est le médecin qui suit mon père
- Et il appelle pourquoi ?? Demanda t-il énervé
- Je ne sais pas Malick, il voulait juste savoir comment j’allais.
- Pourquoi ? tu es malade, continua t il en criant presque
- Non mais…je ne savais plus quoi répondre et j’étais intimidé par le ton qu’il employait.
- Arrête Diouldé. Je n’aime pas ca. Pourquoi lui a tu donné ton numéro ? Pourquoi ? cria t il ??
Je ne répondis pas. Je ne l’avais jamais vu dans cet état et je n’avais pas l’habitude qu’on me crie dessus. Tremblante, je montais dans ma chambre. Mais il me suivit et frappa la porte violemment. Un moment j’ai cru qu’il allait me frapper. Je voulais protéger mon visage mais il prit fermement ma main et continua à parler
- Diouldé, fais attention, je n’aime pas les filles faciles qui balancent leur numéro a tous les hommes qu’elles rencontrent.
A cet instant, la peur fit place à une colère noire. Je le poussais violement en criant
- Mais de quel droit me cries-tu dessus comme ca. Je ne suis pas ce genre de fille. Tu ne me connais pas et c’est pourquoi tu penses ca de moi. Tu n’as pas le droit de me dire ca.
Tout d’un coup, les larmes sont venues. Je continuais à parler en pleurant. Il ne pouvait pas imaginer à cet instant comment ses paroles m’ont blessé.
- Ne me crie plus dessus surtout pour ce genre de choses. Pourquoi tu m’accuse comme ca ?
Il était toujours debout, me regardant comme si il me voyait pour la première fois. Finalement, il est sorti et j’ai fermé la porte. Tonton Farah était à la maison ce jour la et je l’ai entendu parler avec Malick. A un moment, Malick criait fort, mais je ne comprenais pas de qui se disait. Au bout de quelques minutes, Tonton farah me fit appeler et je le trouvai installé sur le canapé. Il me fit part de sa surprise d’entendre autant de bruit dans la maison.
- Je n’aime pas ce genre de comportement. Que ca ne se reproduise plus. Je ne dirais rien à ta maman cette fois mais que ca soit la dernière fois que vous avez ce genre d’attitude. Et puis qui t’appelais ?
- c’est le médecin de mon père répondis je dépassée et honteuse.
- il est arrivé quelque chose à ton père ?
Je ne répondis pas et il continua à me questionner. J’avais le cœur trop lourd et les larmes qui commençaient à couler. Finalement il finit de parler et je remontais dans ma chambre. J’avais vraiment honte. Moi qui n’aimais pas me faire remarquer, en une journée, je me fais crier dessus par Malik et sermonner par tonton Farah. Et je pense que c’est le sermon qui m’a le plus blessé et j’étais dépité. Tout ca pour un coup de fil. Je me mis à pleurer pour tout ca quand Malick entra dans la chambre
- écoutes je suis vraiment désolé.
Comme je ne répondais pas, il s’assit a coté de moi sur le lit. Je lui tournais le dos et il était juste derrière. Il posa ses mains sur mes épaules
- Diouldé pardonne moi. Je suis comme ca. Je réagis toujours violemment quand je suis énervé. C’est parce que tu compte beaucoup pour moi que je me comporte comme ca.
Il a continué à parler mais je ne répondais pas. Avec ses raisonnements à la toubab la, il m’énervait. Finalement, il se mit à me chatouiller les cotes. Au début je ne réagissais pas, mais au bout d’un moment, j’essayais de le fuir mais c’était peine perdu. Il continuait de plus belle. Finalement je me suis levée, mais il m’a tiré à lui et je suis tombé sur lui. Il me maintenait fermement et je lui ai demandé de me lâcher.
-ahh tu me parles à nouveau.
Nos visages étaient tellement proches que ce qui devait arriver arriva. Il m’embrassait. Vous savez, un premier baiser ne s’oublie pas surtout quand c’est avec la personne que vous aimez. Et puis c’est venu tout naturellement. Doucement. Ahh ce premier baiser je pourrais en écrire un livre tellement les sensations étaient sensationnelles. Enfin bref je m’égare… C’était doux et j’avais l’impression d’avoir des milliers de ballons qui éclataient dans le ventre. Finalement je me suis reculée et je me suis levée en essuyant mes lèvres. Il s’est aussi levé et debout devant moi, il m’a pris le visage
- Je ne sais pas ce qui me prend, je ne comprends pas ce qui m’arrive. Je ne devrais pas être dans cette situation avec toi, mais tout ce que je sais c’est que tu m’as perturbé.
Il déposa un autre baiser léger sur mes lèvres et demanda
-Je suis pardonné maintenant ?
Demandé comme ca que faire de plus. Je hochais la tête car je n’arrivais pas trop à parler, et après ce qui venait d’arriver je n’avais pas trop les idées en place.
-écoute, il faut qu’on parle de tout ca plus calmement. Si tu veux on va à la plage demain
- Non, je n’aime pas la plage et puis demain je dois faire la cuisine.
- Ok ce n’est pas grave. On trouvera un autre endroit alors.
Il allait partir quand il se retourna d’un coup
-tonton Farah n’a pas à intervenir dans mes histoires et je le lui ai fait savoir. Je ne l’aime pas trop ce monsieur…
Il partit en maugréant sur tonton Farah. Moi mes préoccupations étaient ailleurs. On venait de s’embrasser pour la première fois. Je n’ai pas rêvé. Je l’aimais ce garçon et ca depuis longtemps. C’est juste un rêve de petite fille qui venait de se réaliser. J’avais envie de crier, de l’entendre me dire pleins de mots d’amour, au lieu de ça, il semblait ne pas trop en tenir cas ou alors c’est moi qui exagère. Je me regardais dans la glace pour voir si quelque chose avait changé en moi et si les gens ne remarqueraient pas que j’ai embrassé quelqu’un. Je devais être complètement cinglée à l’époque et quand j’y pense maintenant ça me fais sourire.
Le lendemain donc, je me suis levée avec la boule au ventre à l’idée de le revoir. Je le trouvai au salon en train de jouer à sa console. Je rentrai directement dans la cuisine pour prendre mon petit déjeuner. Il arriva quelques minutes plus tard et cette fois au lieu de la traditionnelle bise sur la joue, il m’embrassa sur les lèvres. Surprise je regardais autour de moi pour voir s’il n’y avait personne. Ce geste le fit sourire
- Ca ne va pas de m’embrasser ici, lui reprochais je
- Désolé je ne l’ai pas fais exprès. Il s’assit en face de moi et me regardais fixement
- Arrête de me regarder comme ça.
Il rit aux éclats.
- Toi on vient de commencer et tu me bombarde avec tes interdits. Pas le droit de t’embrasser pas le droit de te regarder.
J’écarquillais les yeux d’effroi et le regardais fixement pour qu’il parle moins fort. J’avais peur que tata Sophie ou la bonne n’entende. Comme pour augmenter à ma peur, il s’approcha encore de moi en souriant. Je me levais brusquement et m’enfuit dans la cour. De toute façon c’était mon jour de corvée. Eh oui…vous n’imaginez certainement pas que j’avais une vie de princesse dans la maison. Avec tata Sophie dans les parages ce n’est pas possible. Durant les vacances, tous les 2 jours en alternance avec tata Sophie, je faisais la cuisine. Il y avait une bonne qui aidait mais comme on en changeait tout le temps car elles ne s’entendaient jamais avec tata Sophie, il fallait parfois faire sans. Les jours où je ne devais pas faire la cuisine, je nettoyais la chambre de maman et balayait la cour. Les travaux ménagers ne me dérangeaient pas, au contraire j’adorais cuisiner. Mais tata Sophie n’était jamais satisfaite, aujourd’hui le plat était trop salé, parfois pas assez. Il y avait toujours une critique mais j’étais habituée à ses humeurs. Parfois, elle pouvait rester des jours sans me dire bonjour ou me parler, mais ce n’était pas grave. La plupart du temps c’est maman qui m’appelait pour me demander ce qui n’allait pas entre nous, et comme elle connaissait bien sa sœur, elle n’en faisait pas trop cas. A un moment, elle a décrété que la lingère ne toucherait plus mes habits car j’ai des mains et je suis jeune. Même si maman n’était pas d’accord, je le faisais pour ne pas la mettre en mal avec sa sœur. Coumba me disait toujours que dama « tooye, yambar, tapète, gnake fayda » et tout autre qualificatif pour me dire que je me laissais trop faire. C’est vrai que je suis de nature réservé et je ne voulais pas que tata Sophie fasse un scandale surtout à cause de moi et surtout pour des broutilles. Elle a toujours fait en sorte que je me souvienne que je suis une « sourgha » dans la maison et que je ne devais ma situation dans la maison qu’à la générosité de maman. Et si c’était elle, je serais en train d’aider ma mère à griller ses arachides. Ses réflexions au début me blessaient, mais Rama était là ces temps, et elle ne se gênait pas pour lui dire qu’elle aussi juste une mauvaise langue. Ce qui créait toujours de petites disputes entre elle. Rama, elle ne s’était jamais laissé faire et je voyais souvent maman la calmer et lui disant de respecter sa sœur, mais têtue comme elle était elle était toujours a couteux tirée avec elle. Moi j’étais plus douce et surement aussi plus naïve.
Donc j’aidais dans la maison et ce jour le je cuisinais tout en rêvant et le soir j’étais tellement épuisée que je ne songeais qu’a dormir. Malik était parti à la plage avec ses copains et je ne le revis qu’au moment du diner. ah si mon cœur pouvait arrêter de battre si fort dès que je le voyait ou dès que je sentais sa présence dans une pièce.
Après le diner je montais me coucher quand il frappa à ma porte. J’étais encore en pagne et teeshirt avec le foulard sur la tête. Il vint directement se jeter sur moi. Il était lourd et je le repoussais
- arrêtes, tu ne vois pas que je sens mauvais. Je dois aller me laver mais je suis trop fatiguée
- c’est vrai que tu ne sens pas la rose dit il en se tenant le nez
On se mit à rire et finalement il me proposa d’aller nous promener quand je me serai lavée. J’acceptais et dès qu’il partit je sautais du lit pour aller me préparer. J’avais porté une jupe en jean et un body et je descendis. Je le trouvai au salon avec maman en train de discuter.
-Tu sors diouldé ? demanda t-elle
- Oui, on a décidé d’aller voir sa copine Coumba répondit-il rapidement
- Ah oui. C’est toi Diouldé qui joue les maquerots ? c’est bien, il faut chercher une femme à ton frère.
Je ne savais pas trop quoi répondre. Je me contentais de sourire. Mon Dieu, qu’est ce qu’elle pensera si elle apprenait qu’on a une relation ? Elle ne pouvait pas imaginer ce genre de choses. Un moment j’eus peur de tout ça, mais mon amour pour Malik prit le dessus et on partit le cœur léger.
On se rendit sur la corniche et sur place on trouva un clair de lune magnifique. C’était la première fois que je venais ici à cette heure. Il y avait du monde car il faisait chaud et la plupart était installé sur des rochers. On marchait en parlant de tout et de rien. Il me posa des questions sur ma famille, mes frères et ma sœur. Il ne savait pas que ma petite sœur portait le nom de sa maman ou alors l’avait oublié et il promit qu’on ira la voir le lendemain. Finalement, on est allé s’installer en face de la mer. Je lui expliquais les bêtises que bébé Fanta faisait quand soudain, il prit mon visage et me regardait fixement. Mon cœur battait tellement fort que j’ai eu peur qu’il ne s’arrête.
- Diouldé, je ne sais pas ce qui m’arrive avec toi. Tu m’as bouleversé à un point que tu n’imagine même pas. Depuis que je suis la, je pense tout le temps à toi, tu occupe toutes mes pensées et ça en devient maladif. je pense avoir dépassé le stade des amourettes. tu es encore jeune mais je crois que tu es assez mature pour gérer tout ça.
J’avais envie de lui dire que moi aussi il m’avait perturbé depuis plus longtemps qu’il ne le pensait. Mais la gêne, cette mauvaise habitude que j’ai de ne pas savoir communiquer sur mes sentiments. Je ne dis rien
-Tu es belle Diouldé et je suis sure qu’il ya pleins d’hommes qui te courent après
- Non, arrête de penser cela. Je n’ai personne.
Il sourit et se baissa pour m’embrasser. C’était merveilleux. On s’est embrassé à en perdre le souffle. Je ne songeais plus à rien. Au bout d’un moment, il me lâchait et s’éloigna un peu. Je le suivi et lui demandais ce qui se passait
- Tu sais Diouldé je ne suis pas un saint. Je ne peux rien te promettre pour le moment car ma vie n’est pas très simple. Je suis ici pour un stage et je dois rentrer en France dans quelques semaines. Je ne sais pas comment se fera notre relation, mais je veux que tu garde dans ta tête que je t’aime et que je ferais tout pour que ça marche entre nous.
Je gardais le silence. Je me foutais de promesses tout ce que je voulais c’est vivre l’amour que je ressentais pour lui.
- pour le moment je ne veux pas que maman soit au courant et je l’aviserai le moment venu.
Je hochais la tête et me blottit contre lui. Moi aussi je n’avais pas trop envie que maman soit au courant. Je voulais juste être avec lui sans problème.
- Tu ne dis rien ma chérie. Je viens de te dire que je t’aimais et toi tu me souris tranquillement. Rassure-moi. Regarde-moi et dis-moi ce que tu ressens pour moi. Je n’aimerais pas passer pour un guignol
Je lui souris et pris sur moi pour lui dire
- je n’ai pas l’habitude de dire ce genre de choses dis je gênée
-oui mais avec moi, il faudra le faire ma chérie.
Il prit ma main et le posa sur sa poitrine au niveau du cœur. Je sentis son cœur battre fort.
- tu sens comment il bat pour toi ? J’aimerai t’entendre me dire que tu m’aimes.
- arrête tes histoires de toubab la.
- donc tu ne m’aime vraiment pas
- bien sur
- Alors dis-le répondit il en me prenant le visage
Je pris sur moi et le lui dis
- je t’aime Malik
Il sourit et on s’embrassa. Il était mon premier amour, celui qui faisait battre mon cœur plus fort et plus vite. La menace de mon père me revint en tête et ca semblait le seul point noir à notre belle idylle et je songeais à lui en parler. Mais c’était tellement merveilleux que je ne voulais pas gâcher ses beaux moments.
A cet âge les sentiments je crois sont exacerbés. On vit sur un petit nuage, et on a l’impression que la vie est peinte en rose. J’avais l’impression d’avoir réussi ma vie sentimentale et que rien ne pourrait toucher ébranler ce sentiment qu’on ne saurait décrire parfois. Mais ça c’était sans compter avec le destin qui réserve parfois des surprises. Malik était tout simplement magnifique et toujours au petit soin. Quand je cuisinais, il apportait sa chaise et on discutait des heures. Quand il était sur qu’il n’y avait personne, il en profitait pour me voler un baiser. Ça me mettait mal à l’aise car j’avais peur qu’une personne nous surprenne. Il me disait qu’il ne voulait pas que sa maman soit au courant pour le moment et qu’au moment venu, il aviserait. J’étais complètement d’accord et çà me faisait quand même un peu mal de devoir le cacher à maman. J’avais l’impression de faire des cachotteries dans son dos et après tout ce qu’elle avait fait pour moi, je me disais que je ne devais pas. Mais l’appel du cœur devenait toujours plus fort. Je n’avais même pas la volonté d’insister auprès de Malik pour qu’il en parle et c’était une des ombres noires de notre beau tableau. Parfois j’avais l’impression qu’elle se doutait de quelques choses, mais entre tonton Farah, son magasin et les nombreuses cérémonies ou elle devait se rendre, elle n’avait pas trop le temps. les seuls moment ou on se regroupait, c'était les soirs après le diner et on était tous ensemble pour discuter donc on passait inaperçu.
Il a ensuite commencé son stage et partait très tôt le matin pour ne revenir que le soir. Heureusement que les vacances tiraient à leur fin et je devais commencer ma première. Coumba venait à la maison mais comme Malik était à son travail, elle ne le trouvait jamais à son plus grand désespoir. Quand elle insistait pour l’attendre, à son retour, il était tellement fatigué qu’il nous lançait juste un petit bonjour et montait se coucher. Finalement pour se réconforter, elle disait que juste le fait de l’avoir aperçu lui mettait du baume au cœur. Elle était drôle. Si j’étais convaincu qu’elle éprouvait des sentiments pour lui je crois que je lui aurais dit la vérité mais je savais qu’elle s’amusait car elle avait un copain et même des copains. Donc je la regardais jouer son cinéma en la taquinant. Beaucoup vont penser que je ne suis pas sincère et c’était peu être vrai, mais c’était ma nature. Je n’avais pas envie d’en parler pour m’entendre dire que je n’avais pas le droit de sortir avec lui, qu’il était trop âgé pour moi ou autre raison qui pourrait mettre en péril notre relation. Peut être juste un instinct de protection. Toujours est-il que je n’en parlais à personne et Malik semblait se satisfaire de cette situation. La fin des vacances approchait et je me préparais. La veille de l’ouverture, le Dr Rassoul avait encore appelé, et heureusement cette fois ci est tombé directement sur moi. Il m’a annoncé que mon père devait sortir le lendemain.
-Tu sais Diouldé c’est la première fois que je ne veux pas qu’un patient sorte de l’hôpital, me dit il finalement.
-Pourquoi donc lui, demandais-je
-Ben parce que si ton père sort, je ne te reverrais plus.
-Ha.. Répondis-je simplement, sans trop savoir quoi dire au juste.
-Tu me permets au moins de garder le contact. Stp, prend mon numéro et appelle moi en cas de besoin.
Il y avait une écritoire sur la table et je pris le numéro que je cachais ensuite dans un tiroir. Je voulais lui demander de ne plus m’appeler mais je ne suis pas arrivé. Pas assez audacieuse.
Donc, mon père allait mieux et était rentré à la maison. Comme je m’y attendais il me fit appeler. Je demandais à mon frère, qui était venu me faire la commission, de dire à ma mère que l’école venait de commencer et que je viendrais en fin de semaine. Je commençais donc l’année scolaire préoccupé et le cœur lourd, et j’intégrais la classe de première. Ce fut un plaisir de retrouver Moha. Il m’avait beaucoup manqué et lui aussi était très content de me voir. Il avait un peu changé et semblait plus mature. On parlait de nos vacances et il m’interrogea sur ma vie sentimentale et comme je ne répondis rien de précis, il comprit que j’avais quelqu’un dans ma vie. Je confirmais mais sans préciser de qui il s’agissait. Il semblait content pour moi mais je sentais qu’il forçait, au ton de sa voix. Je le connaissais un peu quand même et je n’ai donc pas trop insisté. Finalement avant la fin de la journée, il m’avoua, qu’il pensait que ses sentiments pour moi avait disparu mais le fait de me savoir avec quelqu’un l’avait un peu perturbé. Il le disait en souriant mais je sentais une profonde tristesse. Je le pris dans mes bras et lui assura que de toute façon il a une place privilégié dans mon cœur. Ca eu le don de décrisper les choses et il me repoussa en rigolant et en me disant d’arrêter de regarder Beverly Hills car je jouait bien la comédie. A cette époque la série Beverly Hills faisait un carton et la bande à Brandon, Brenda, et les amours de Kellly et Dylan passionnaient les jeunes que nous étions. Je me souviens même qu’à un moment la folle de Coumba voulait qu’on l’appelle Kelly (n’importe quoi) car elle était convaincue qu’elles avaient le même destin. Pendant des jours, les pauses et les récréations étaient des moments de papotages et de fous rires incroyables surtout quand Coumba venait s’y joindre.
Le weekend arriva trop vite et le samedi après midi, malgré une invitation de Malik à aller avec lui et ses copains à la plage, je me rendis chez mon père. Je partais le cœur serré et en route j’imaginais que je devais être dans le même état que les condamnés qu’on amène à la potence. Pleins d’idées ne trottaient en tête et c’est déprimée que j’arrivais la bas. Je trouvais mon petit frère dehors avec bébé Fanta. Ce n’était plus un bébé. Elle avait grandi et était vraiment très jolie. Mon père a refusé de l’amener à l’école, malgré les récriminations de tata Fanta. Il disait qu’une fille instruite dans sa famille c’est amplement suffisant et que tata ne devait plus s’immiscer dans l’éducation de ses filles. Ca m’avait rendu triste et j’en voulais même à ma mère de toujours laisser faire. Mais quand mon père décide personne ne réplique. Et ca je sentais que je serais la prochaine à en faire les frais.
- je ne sais pas ce que tu as fait à papa, mais depuis hier il ne cesse de dire que tu dépasse les bornes avec lui, me dit mon frère en rigolant.
Je n’avais nullement envie de rigoler et j’entrais dans la chambre. Il y avait maman aussi et mon père était couché. Il ne semblait pas aller bien et faisait de grands efforts pour s’assoir. Il ne prit pas la peine de répondre à mes salutations et attaqua aussitôt ma mère
-Aissatou, je t’ai à plusieurs reprises demandé de parler à ta fille. Tu ne l’as pas fait me demandant toujours d’attendre qu’elle finisse. J’en ai assez maintenant. Je ne suis pas un enfant à qui on donne un bonbon pour le calmer. Diouldé n’est pas une wolof, elle n’est pas sénégalaise. Il faut qu’elle le sache et se conformer à ses coutumes et à sa religion. Toutes ses cousines sont mariées et aident leur mari pendant qu’elle se croit supérieure aux autres en parlant français et en ayant des manières détestables.
Il continua dans sa lancée en m’énumérant pleins d’autres tares que l’école française était sensée m’avoir inculqué. Je ne répondis rien et gardais la tête baissée.
- J’ai dit à ton cousin Ibrahima, qui a toujours manifesté son désir de t’épouser de venir pour célébrer les fiançailles. Il m’a demandé un peu de temps pour trouver un logement et je le lui ai accordé. Tu es prévenue Diouldé, et ta mère aussi.
J’essayais de parler mais il cria fort qu’il ne voulait rien entendre de plus et me demanda de partir.
J’étais dépitée mais pas surprise. Ma mère ne disait rien et à la fin on sortit toutes les deux de la chambre. Elle m’a prise par la main et on est allé dans une autre pièce.
-Diouldé, ne désobéis pas à ton père. Moi aussi je ne suis pas d’accord avec ses choix mais tu connais ton père. Il est capable du pire. Je ne veux que ton bien mais quand l’honneur de la famille est en jeu…
-quel honneur ? Quel honneur y’a t’il un honneur à me forcer à épouser un homme. Je n’ai pas la tête à ca et si vous continuer à m’obliger à l’épouser je le tuerai. Répondis-je en me levant.
Ma mère prit ma main et me força à me rassoir.
-arrête de raconter des bêtises. J’ai à plusieurs reprises parlé à ton père mais maintenant il ne veut plus rien savoir.
Je l’interrompis à nouveau
-laisse tomber maman, j’y vais, je reviendrais
Je me suis levée et je suis partie. Je ne pouvais plus rester la bas. J’avais l’impression de manquer d’aire tellement mon cœur était gros. Je marchais dans la rue comme une égarée et c’est la nuit que j’arrivai à la maison. Malik n’était pas encore rentré et je montais dans ma chambre pour pleurer. J’en avais marre de tout ca et je ne savais pas quoi faire. Il n’était pas question pour moi de renoncer à Malik pour satisfaire mon père ou une quelconque culture ca c’était clair dans ma tête mais comment y arriver était beaucoup plus flou. J’arrêtais de pleurer et me mettais à réfléchir. Malik interrompit mes réflexions et me demanda ce qui n’allait pas. Je répondis juste que mon père ne se sentait pas trop bien. J’avais besoin d’en parler à quelqu’un et le lendemain je filais voir Coumba. Elle était encore plus choquée et comme la dernière fois me proposa plein de choses allant de m’enfuir à empoisonner mon père. Cette dernière perspective ne me déplaisait pas trop mais bon. Finalement, plus sérieusement elle me conseilla d’aller en parler à maman Fanta et que surement elle pourrait à ma mère ou directement à mon père. J’étais convaincu que si maman Fanta parlait à mon père, la situation allait empirer mais je lui promis quand même de le faire.
Ce soir la j’attendis donc que tout le monde soit couché pour frapper doucement à la porte de maman Fanta. Tonton Farah n’était pas la et je la trouvais en train de lire le Coran sur sa natte de prière. Elle me fit signe d’entrer et je me mit par terre à coté d’elle.
- ma Diouldé, namenala.. dit-elle en me collant à elle.
- oh maman…
A peine ais je commencer que mes larmes ont commencé à couler. J’avais le cœur gros. Elle s’est inquiétée et me demandait de me calmer. Elle a apporté de l’eau et un paquet de mouchoirs. Finalement je me suis calmé et j’ai commencé à lui expliquer tout ce que mon père m’a dit en sautant soigneusement les parties ou mon père la nomme. Elle a écouté attentivement sans m’interrompre et quand j’ai fini, elle a juste baissé la tête.
- Diouldé, arrêtes de pleurer. Je connais ton père, je sais qu’il n’est pas facile. Je crois que si je l’avais suivi, je t’aurai ramené depuis longtemps chez toi. A ton insu je lui apportais parfois des cadeaux mais toujours j’entendais des vertes et des pas mures mais je faisais la sourde oreille me disant que si je fais tout ca c’est pour t’aider et aussi pour l’amour de Dieu et de son prophète. Donc ce n’est pas aujourd’hui que je vais te laisser tomber. Je ne sais pas comment m’y prendre mais va te coucher. D’ici demain je trouverai une solution.
Je la remerciais pour tout et partit dormir le cœur un peu plus léger.
Le lendemain c’est maman Fanta qui me réveilla. Elle me demanda si je connaissais la place de mon cousin.
-Oui maman, je connais la bas
- alors écoutes moi bien. On va y aller et tu va aller lui parler. Il a quel âge ton cousin la et quels sont vos liens de parenté ?
-il doit avoir l’âge de Malik et c’est le fils du demi-frère à mon père. Répondis-je après quelques secondes de réflexions
- il est jeune, il sera facile à convaincre. Tu vas lui parler, ne lui dis pas que tu ne veux pas de lui, dis lui juste que tu veux terminer tes études et que tu es disposé à l’épouser quand tu aura le bac.
- mais maman…commençais-je à répliquer
- fais juste ce que je te dis ma chérie continua telle. Tu as compris ?
Je hochais la tête et me levais pour me préparer. On y est allé ensemble et on a trouvé Ibrahima Diallo sur place. C’étais un jeune homme très beau mais sans bonne manière et à la propreté douteuse. Ibrahima eu l’air surpris de me voir. Je lui présentais maman Fanta et on demanda à lui parler en privée avec maman. Il nous amena à son arrière boutique et on s’installa sur des bancs. Je commençais en lui demandant si effectivement il avait demandé ma main à mon père. Gêné, il répondit que oui et que je lui plaisais vraiment. On parlait en peule et tata ne comprenait pas. Mais elle ne m’interrompait pas. Les larmes aux yeux, je le suppliais de renoncer à ce mariage car j’étais en première et tout ce que je voulais c’était avoir mon bac et finir mes études. Je lui promis que nous nous marieront après le bac et que pour le moment tout ce que je lui demandais c’était de me laisser terminer mes études. Je terminais en pleurant le visage entre les mains. Ibrahima était dépassé et me demandait de me calmer. Maman a pris la parole et a confirmé tout ce que je venais de dire
- Ibrahima tu m’a l’air de quelqu’un de bien et de réfléchi. Depuis qu’elle est petite elle vit chez moi, je ne voudrais pas qu’elle interrompe ses études. Laisse la avec moi encore 2 ans rek qu’elle ait son bac. Je te la garderai bien et après on parlera mariage.
-j’ai compris tout ce que vous m’avez dit tata, mais je dois d’abord en parler à mon père
-oui parles en à ton père mais dis lui juste que tu as discuté avec Diouldé et que c’est toi qui veut la laisser finir ses études.
-d’accord, moi je suis disposé à lui laisser le temps, mais c’est les vieux qui décident précisa til
- tu as raison l’encouragea ma tante mais toi aussi tu veux le bien de ta future femme.
Elle continua encore à lui donner pleins d’arguments et au finish réussit à le convaincre de dire à son père qu’il avait pris sa décision seul.
On prit congé et je lui promis de revenir en fin de semaine pour savoir l’état d’avancement des discussions.
Dans la voiture pour rentrer, tata m’expliqua qu’elle voulait surtout gagner du temps. C’était la seule solution qu’elle avait trouvé. Affronter mon père finirait mal selon elle et ma mère n’a pas la poigne pour tenir tête à mon père. Quand je compris je souris mais je lui demandais ce qu’on fera dans 2 ans. Elle me répondit qu’on avisera et que peut être je décrocherai une bourse étrangère pour m’envoler vers d’autres cieux. Cette perspective m’enchanta au plus haut point et j’avais envie de sauter au plafond. Ahh si je réussissais à avoir une bourse en France ca serai magnifique. Ca me permettra d’aller rejoindre mon Malik.
Ah mon Malik…Les premières semaines de son stage Malik rentrait complètement fatiguer et tombait de sommeil. On se voyait rarement. Il me manquait, sa présence me manquait, ses baisers me manquaient mais je n’en laissais rien paraitre. Un soir, alors que j’étais déjà couché, j’entendis frapper doucement à la porte. Quand j’ouvris, il entra subitement dans la chambre et referma derrière lui. Sans rien dire, il me prit dans ses bras et serra au point de m’étouffer
- Tu m’as manqué ma belle. Dit-il dans un soupir. Toute la journée je pense à toi…
- Toi aussi tu m’as manqué. J’ai même cru que tu m’avais oublié répondis je en me libérant pour retrouver mon souffle.
On s’est ensuite embrassé et il a glissé ses mains sous mon teeshirt. J’ai sursauté et saisi ses mains pour qu’il arrête. Il m’a juste regardé mais a continué en me murmurant :
- Laisse moi faire chérie, je te ferai pas de mal.
N’empêche que je me suis crispée quand il a commencé à me caresser les seins. Il a remarqué le changement et s’est finalement arrêté. Il a poussé un gros soupir et s’est affalé sur le lit. Je me couchais à coté de lui en essayant de m’expliquer
- Je suis désolée mais…
- Ne t’excuse pas voyons. C’est moi qui aie du mal à contenir mes pulsions. Tu es encore jeune Diouldé. Je ne devrais même pas jouer à ca avec toi. Mais c’est bien plus fort que moi. Tu es tellement belle et désirable. Et le pire c’est que tu ne t’en rends même pas compte.
Je me suis rapprochée et je l’ai embrassé. Il m’a serré fort et a continué. Au bout d’un moment, il a remis ses mains, sous mon teeshirt tout doucement. Je me suis laissé faire et au bout d’un moment, il s’est levé d’un coup et s’est enfui jusqu'à la porte.
Je m’ajustais en lui demandant ce qui se passait
-si je reste ici je vais faire ce qu’il ne faut pas. Ciao
Et paf, il est sorti. Je me suis recouché en souriant et stressé. Même s’il me trouve désirable, il ne sait pas que je cache une horreur en moi. Je savais que toutes les femmes n’étaient pas excisées et donc j’étais différente des autres. J’y songeais un moment avant de m’endormir…
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