Part 13
Il s’était levé et était parti du côté de la chambre, laissant le portable sur le canapé. Je le pris les mains tremblantes et commençait à lire. Il y avait une dizaine de messages, des messages de félicitations de mes amis et aussi ceux de Demba. Il disait qu’il a essayé de m’appeler en vain, que je lui manquais vraiment et qu’il voudrait qu’on discute. Mon Dieu, j’étais en panique totale. Le dernier message disait que je devais le rappeler dès que j’aurais le message et qu’il m’aimait. Mais qu’est ce qui a bien pu lui prendre de m’envoyer tant de message et aussi après tant de temps sans nouvelle pourquoi attendre cette semaine pour faire tout ca. Je me levais difficilement et hésitais à rejoindre la chambre. J’aurais du lui en parler. Maintenant c’était vraiment chaud pour moi et je ne savais même pas quoi dire. Mon cœur battait fort et je le trouvais assis sur le lit en train de regarder la télévision. Je m’assis à coté de lui et il s’écarta un peu, mais je restais quand même
- Rassoul, laisse-moi-t’expliquer. Avec lui il n’y a plus rien depuis bien longtemps. Je ne comprends pas pourquoi il m’a envoyé tous ces texto. On est sorti ensemble un temps juste après mon bac mais ca n’as pas duré et puis il a une famille donc j’ai arrêté depuis. Je t’en supplie parle moi.
Je continuais, mais il ne disait rien, la mine complètement fermée et grinçant bruyamment les dents. Je ne bougeais pas et lui ne parlais pas et on est resté comme ca ce qui m’a paru être une éternité. Je regardais les images à la télé mais je ne voyais rien. ca ne pouvais qu’arriver à moi. Même pas un mois de mariage et déjà des problèmes. Finalement, je me levais et allait dans la cuisine le laissant ruminer sa juste colère. Je me mis à préparer le petit déjeuner et je suis sorti acheter du pain. J’ai croisé Sokhna et par politesse, je l’ai invité à venir prendre le petit déjeuner à la maison. Je rentrais en pensant qu’elle ne viendrait pas mais au bout de cinq minutes, elle a sonné et j’avoue que j’étais surprise de la voir. Elle demanda d’après Rassoul et alla le chercher dans la chambre. Je me mis à préparer des œufs, à chauffer de l’eau et j’ai mis la table. Heureusement qu’il y avait Sokhna. Elle était tellement joviale et bavarde qu’elle a réussi à faire sortir Rassoul et on s’est installé pour manger. Devant Sokhna, il a fait comme si de rien n’était et discutais normalement. Après avoir bien mangé elle a pris congé et je ne voulais même pas qu’elle parte. Je l’ai donc raccompagné et à mon retour, Rassoul débarrassait la table et je voyais qu’il avait encore fermé le visage et faisait des va et viens entre le salon et la cuisine sans m’accorder la moindre importance. Un moment, je me mis devant la porte de la cuisine pour qu’il s’arrête et me regarde.
- laisse-moi passer Diouldé.
- non, je ne bouge pas d’ici. Parle-moi.
- de quoi ? de quoi veux tu que te parles ? Tu m’as menti sur une partie de ta vie que veux-tu que j’en pense ?
- je ne t’ai pas menti. Je jugeais cela sans importance Rassoul. M’as-tu toi une seule fois parlé de tes anciennes petites amies ?
Il se tut un moment et me regarda
- moi quand j’étais avec toi, il n’y avait personne et il n’y a aucune équivoque avec mes anciennes relations
- moi aussi je n’étais avec personne. Quand on était ensemble, je ne sortais pas avec lui.
Il reprit le téléphone et me le brandit en criant
- mais ce téléphone, c’est moi qui te l’ai offert, ce numéro, c’est moi qui te l’ai donné. Comment as t-il pu l’avoir pour te contacter.
- il a appelé Fatou. C’est elle qui a mon ancien numéro, répondis-je lentement. Mais c’est de l’histoire ancienne.
- pourquoi tu ne m’en as pas parlé. Je t’ai posé des questions, tu m’as de Malik mais pas de ce Demba. J’en ai marre Diouldé, je ne veux plus de ca.
D’un coup, il avait projeté le téléphone contre le mur avec force et il s’est complètement cassé. J’ai eu peur un moment, tellement il était en colère. Mais il s’est tourné et est allé dans la chambre.
J’ai ramassé les débris que j’ai jeté à la poubelle avec la ferme résolution de ne plus chercher de téléphone, ensuite, j’ai terminé de débarrasser avant de faire la vaisselle. J’ai pris mon temps pour nettoyer la maison le salon, la cuisine, l’autre toilette extérieur. Je travaillais frénétiquement en songeant à tout ce qui venait de se passer. Je n’avais vraiment pas envie que cette histoire sème la zizanie dans mon couple et je réfléchissais à quoi dire pour désamorcer la bombe. Il était toujours dans la chambre et vers midi, il est sorti de la chambre et a pris ses clés avant de me lancer laconiquement qu’il sortait. Avant que je ne puisse lui demander ou il allait, il était déjà dehors.
Toute désemparé, j’ai continué mon ménage, comme mes habits étaient encore dans les valises, j’ai tout déballé et rangé. J’ai réarrangé les draps, les serviettes, enfin bref, j’ai pris possession de la maison. J’avais des idées pour changer le décor et tout ceci m’aida à me changer les idées. Ensuite j’ai préparé un repas et n’ayant plus rien à faire et Rassoul ne venant toujours pas, je suis allé chez Maman Oussey espérant le trouver. Mais il n’y était pas et il y avait son père qui comme d’habitude, s’est lancé dans un débat sur la politique interminable. J’adorais discuté avec lui car il était super intelligent et aussi parce que j’avais remarqué que les filles le négligeait un peu. Quand il appelait, elles tardaient à répondre ou parfois ne répondaient pas du tout et comme il ne voyait pas, il restait presque toujours seul à écouter la radio. Le plus drôle, chaque matin, il achetait des journaux et attendait qu’une bonne âme passe pour le lui lire. Donc dès qu’il m’a entendu saluer, il m’a appelé et m’a confié qu’aujourd’hui personne n’a pensé à lui lire ses journaux et je me mis donc à le faire. Maman Oussey et les filles étaient sorties pour aller à un baptême et comme il commençait à faire tard, je l’ai aidé à manger et je m’apprêtais à rentrer quand Rassoul est venu. Il m’a jeté un coup d’œil interrogateur, avant de saluer son père et de me tendre la main. On est resté encore un moment, puis on est finalement partis. Le trajet s’est fait en silence et je ne savais même pas par ou commencer. A la maison, je lui ai demandé s’il voulait diner et il me dit qu’il avait déjà mangé. Ou ? Chez un ami… je n’insistais pas et comme il était encore grincheux, j’ai préféré aller me coucher.
J’avais quand même le cœur lourd et j’ai pris une bonne douche et de me coucher. Pour la première fois depuis qu’on était marié, chacun s’est couché de son coté. Ca me faisait mal et je n’ai pas dormi de la nuit. Il devait reprendre son travail le lendemain et quand il se leva pour sa prière, il revint pour juste s’habiller. J’étais aussi debout et je me dépêchais de lui préparer le petit déjeuner. L’ambiance était morbide et je le regardais mais lui ne m’accordait aucun regard. J’avais toujours dans mon subconscient la scène avec maman Fanta ou elle me demandait de partir. Donc à chaque fois qu’il entrait dans la pièce ou j’étais, je sursautais en pensant qu’il allait me demander de prendre mes bagages et de partir. Il refusait de me parler et j’étais perdu. Avant de partir, il a juste bu un café, et après un bref au revoir, il est parti. Je me sentais d’un coup très seule et je restais enfermée. Sokhna est venue un moment me demander de venir à la maison, et je lui ai promis que je venais dans quelques minutes et le soir elle est encore revenue, mais je lui ai dit que je devais préparer à diner. Le soir, Rassoul est rentré vers 22h et comme je n’avais pas de téléphone pour voir ou il était, je suis restée seule dans l’appartement à tourner en rond. Quand il est enfin rentré, j’étais tellement contente que j’avais oublié notre conflit. Son salut froid me fit revenir à la réalité. Il a refusé de diner disant qu’il avait mangé à l’hôpital. J’eus vraiment mal et je le trouvais dans la chambre
- Rassoul parle moi. Tu ne compte pas te fâcher avec moi toute ta vie. Je t’ai expliqué. Il n’y a pas plus. C’est toi que j’ai choisi. C’est toi que j’aime, c’est toi que j’ai épousé. Ne me fais pas ca.
Je parlais lentement et attendais une réaction mais rien. il m’a juste écouté
- je ne suis pas fâché. Je suis juste fatigué par ma journée de travail. C’est tout.
Il a revêtu un pyjama et cette fois est allé s’affaler sur le canapé du salon. Jusqu’au moment de dormir, il n’était pas venu. Je suis allé voir ce qu’il faisait et je l’ai trouvé endormi devant un film. Je l’ai donc reveillé doucement pour lui demander de venir dormir et il m’a dit qu’il regardait le film. Je n’ai pas insisté et je l’ai laissé dormir là bas. Le lendemain c’était le même scénario. Sauf que je suis allé passer la journée chez maman Oussey et tenir compagnie à pa Ablaye. Le soir je rentrais et accompagné de sokhna qui me proposait de me tenir compagnie jusqu'à l’arrivée de Rassoul. Comme la veille, il a refusé de manger et s’est installé au salon.
J’en avais marre de cette situation. J’ai donc pris une bonne douche et au lieu de revêtir un pygama normal, je sortis un de ses bouts de tissu qu’on m’avait offert et après avoir mis du temps à comprendre comment l’enfiler, je me suis regardé dans la glace et même moi j’ai eu peur tellement c’était transparent et sexy. Je poussais le bouchon en enfilant des perles autour de la taille. Je m’installais tranquillement sur le lit et allumais la télé. J’ai attendu un bon moment en regardant la télé et comme il ne se décidait pas à venir, je suis sortie et me suis dirigé tranquillement dans la cuisine. Et comme il fallait passer devant le salon ou il était confortablement couché sur le canapé, j’étais sure de mon coup. Je marchais en bougeant mon corps pour être sur que les perles feraient du bruit comme je n’avais pas trop de fesses pour faire remuer normalement. An allant, je le vis lever la tête pour voir et je le sentis me suivre du regard. Quand je repassais devant le salon avec mon verre d’eau pour regagner la chambre, il était assis sur le canapé à me regarder.
Je me recouchais sur le lit et attendit. Il ne se passa pas cinq minutes, j’entendais ouvrir lentement la porte, puis après m’avoir jeté un rapide coup d’œil, il est entré dans les toilettes pour ressortir avec juste le pantalon de son pygama et se coucher à son tour. Il ne disait toujours rien et fixait la télévision. Finalement, je me redressais et me mis à califourchon sur lui. On se regarda un moment
- tu es toujours fâché contre moi
Il me regarda fixement un moment puis soupira
- je suis même très fâché contre toi. Je déteste par dessus tout les cachotteries. Aujourd’hui je suis surtout déçu par tout ca, dit-il doucement
- tu t’imagine ce que j’ai pu ressentir quand j’ai lu ces messages ? essaie juste de te mettre un peu à ma place.
J’eus un petit pincement au cœur en l’entendant dire cela et il avait raison. Si j’avais trouvé ce genre de message sur son portable, je ne l’aurais pas bien pris du tout.
- je t’ai expliqué et tu as raison de dire que tu es déçu. Je devais t’en parler, mais c’est tellement délicat de parler de ca à l’homme qu’on vient d’épouser. Et je te jure qu’il n’y a rien eu entre nous.
Je lui fournis pleins d’arguments et la discussion a encore tiré en longueur. Mais au moins, on communiquait et il disait ce qu’il avait sur le cœur et ceci contribuait à décanter la situation. Finalement, un moment il fit mine de réfléchir un moment puis mit ses mains sur ma taille et m’attira à lui
- de toute façon retiens que je n’aime pas ca. Je ne veux plus que tu ais des contacts avec cet homme ni avec aucun autre d’ailleurs. Et si jamais ca se reproduit, il faut m’en parler et je réglerais le problème. Compris ?
J’acquiesçais et me sentit vraiment soulagée.
- et puis à partir de maintenant, on ne se cache plus rien c’est clair ?
Oh oui c’était clair. Je me penchais pour l’embrasser et il me serra encore plus fort.
- j’adore ce que tu as mis, me souffla t’il à l’oreille en laissant ses mains trainer partout sur mon corps.
Je sentais à cet instant que ca allait me couter cher. Et je n’avais pas tord. La nuit fut torride et il rattrapait les deux nuits de bouderie. Le lendemain j’avais les fesses en feu. (Quand je dis fesse ce n’est pas vraiment le popotin, c’est l’autre partie là). J’avais pris la douchette et laisser couler de l’eau longuement sur cette partie pour me soulager un peu.
Ce matin, il restait un peu pour prendre son petit déjeuner et avant de partir, m’embrassait tendrement.
Comme je n’avais plus ce problème sur la conscience, ce matin, je me décidais à aller voir maman Fanta dans sa boutique. Vers 10h après avoir nettoyé la maison, je pris un taxi pour me rendre là bas. Je savais que Sokhna viendrait me chercher, mais je me faufilais et évitais de passer devant la maison. Je descendis à quelques mètres de la boutique et restais un moment à réfléchir. Au bout de quelques minutes je me décidais enfin à entrer. J’avais le cœur battant, je me tripotais les doigts et le visage en feu. A l’entrée de la boutique, je reconnus cette silhouette familière qui se retournait à mon appel…
Rama se retournait et écarquillait les yeux en me voyant. J’étais la devant elle et je ne savais pas quoi faire. Elle aussi semblait hésiter et au bout de quelques secondes, elle me sourit.
- Diouldé ?
- oui Rama
Elle s’est alors approché et d’un coup m’a enlacé.
On restait comme ca un bon moment à se balancer et moi surtout parce que je ne savais pas trop quoi lui dire après tout ce qui s’était passé. Finalement, on se sépara et je la regardais. Ma Rama n’avais pas beaucoup changé. Toujours aussi belle et bien habillée
- Diouldé mais qu’est ce que tu deviens ?
J’hésitais à répondre. Quoi lui dire ? par ou commencer ? je riais nerveusement
- je ne sais pas. Je suis là tout simplement. Et toi tu es la depuis quand
- bah ca va bientôt faire 2 mois, dit-elle en haussant les épaules
Elle me regardait et au bout d’un moment, il y avait une petite gêne entre nous.
- et maman ? Comment elle va ?
- elle a voyagé. Comme je suis ici en vacance, je suis venue tenir le magasin.
-ahh. J’aurais aimé la voir.
Elle ne dit rien et se mit à me regarder en souriant.
- en fait j’aurais voulu lui parler et lui dire que je me suis mariée
Elle semblait réellement étonnée de la nouvelle
- depuis quand Diouldé ?
- bientôt un mois. J’étais passé à la maison pour le dire à maman mais on n’a dit que vous aviez déménagé et je ne connais pas votre nouvelle adresse.
J’avais baissé la tête et jouais avec mes ongles. Comme il y avait un petit silence, je relevais la tête et je vis Rama, les yeux pleins de larmes et ca me fendis le cœur. Je saisis automatiquement ses mains et les serrais forts et je n’en pus plus. Depuis que je l’avais revu, je refoulais les larmes me refusant de pleurer, mais d’un coup, je me mis à pleurer et elle aussi. On ne parlait pas, mais chacune savait pourquoi ces larmes coulaient. De mon coté, c’était ce sentiment d’injustice, le déroulement des évènements et le fait que toute la famille se soit liguée contre moi sans vraiment essayer de m’écouter. Pour elle, je ne savais pas pourquoi elle le faisait. Au bout de quelques minutes, elle se leva et disparut à l’arrière boutique. Je me séchais rapidement les larmes et attendit. Elle revint avec un paquet de mouchoir et essaya de sourire
- tu sais Diouldé, je regrette beaucoup de choses qui se sont passé avec toi et Dieu sait qu’il s’en est passé. Mais les choses se sont passées tellement vite. Je n’ai rien compris et sur le coup, j’aurais du peut être plus impartiale mais tu sais la place qu’a une mère. C’est toujours délicat
Je comprenais qu’elle ait juste écoutée et crue sa mère. Mais tout ceci n’était plus le but de ma venue. Je ne voulais même plus en parler.
- ce n’est pas grave Rama. Je ne suis pas venue pour tout ca. Je voulais juste aviser maman pour mon mariage. Après tout ce qu’elle a fait pour moi, tout ce que vous avez fait pour moi, c’était la moindre des choses. Maintenant, pour tout ce qui s’est passé, que dire de plus. C’est du passé.
A ce moment, ma voix s’est brisée et je me suis levée. Rama est restée sur place
- je suis un peu pressé Rama, mais ca m’a fait plaisir de te revoir. Tu passeras le message à maman et dis lui aussi que j’aurais voulu l’aviser plus tôt.
- je n’y manquerais pas Diouldé. Et toutes mes félicitations. Tu as un contact ou on pourra te joindre.
Je pensais un moment donner le numéro de Rassoul mais je laissais tomber
- non désolé, je n’ai pas de portable, mais donne moi ton numéro et je t’appellerais.
Elle me griffonna son numéro sur un bout de papier en me demandant ou j’habitais. Je lui ai expliqué la maison et après avoir pris le bout de papier, et je la remerciais. Elle semblait vouloir me dire autre chose mais se ravisa et finalement je pris congé.
J’avais le cœur lourd et j’étais complètement chamboulé par cette visite. Je ne pensais pas que ca allait me faire cet effet et sur le chemin du retour, je versais encore des larmes. Je n’aurais jamais imaginé qu’on finisse ainsi avec Rama et ceci me rendais triste. Je voulais aller voir mon cousin Ibrahima mais je n’en avais plus le courage. Je passais rapidement au marché pour acheter des provisions et je rentrais. C’était la première fois que je sortais sans Rassoul depuis notre mariage et j’avais ce petit sentiment de vide. Finalement, il me manquait alors que je le trouvais collant.
J’étais en train de déballer et de ranger les affaires quand Sokhna est arrivée. Elle me disait qu’elle est passée plusieurs fois mais qu’il n’y avait personne. Je lui ai dit que j’étais au marché pour faire des courses et elle m’a dit que c’était maman qui voulait me parler. Je terminais rapidement avec son aide et partit, me demandant ce qu’elle me voulait.
Avant même de dire bonjour, elle a commencé
- mais toi, tu étais ou ? Sokhna est venu plusieurs fois sonner personne n’a répondu, on a ouvert la porte, il n’y avait personne. J’ai appelé Rassoul il a dit qu’il ne savait pas ou tu étais car tu ne lui avais rien dit
J’ai tiquée. Elle a appelé Rassoul juste parce qu’elle ne m’avait pas vu la matinée. Elles ont la clé de chez moi…
- j’étais au marché pour quelques provisions maman Oussey. J’ai oublié de prévenir Rassoul car il était pressé ce matin. Tu avais besoin de moi ? Demandais-je un peu agacée
- non, mais je me suis inquiétée. Han, il fallait venir jusqu’ici pour dire que tu sors avant de partir comme ca on saura ou tu es.
Elle a encore continué en parlant et je me suis dit qu’avec elle ca ne va pas être facile. Mais je ne dis rien et allait m’assoir dans la chambre de Sokhna vraiment contrariée. Et elle n’avait pas fini. Elle vint ensuite me trouver là bas pour me dire que ce n’était pas la peine que je cuisine chez moi et que avant que je ne vienne c’était elle qui cuisinait pour lui. Donc ce n’était pas la peine que je cuisine et que je pouvais venir ici et le soir, on allait me remettre le diner de Rassoul.
-et puis, il ne connait que notre cuisine. Je ne sais pas s’il pourra manger vos…plats
Je relevais la tête pour voir si elle était vraiment sérieuse.
- maman, j’ai grandi ici, je sais cuisiner ce que vous préparer. Je ne suis pas une étrangère. Rassoul mangera ce que je préparerai.
Elle leva les mains et se mit à parler plus fort
- ha je n’ai pas dit que tu ne savais pas cuisiner. C’est juste que c’est beaucoup de dépenses pour mon fils. Ces temps ci, il a beaucoup dépensé avec le mariage et tout.
J’allais protester, mais elle ne me laissa pas placer un mot. Elle continua à parler en disant que c’était du gaspillage de cuisiner chez moi et que c’était mieux de faire comme ca se faisait avant. Je ne répondais pas, me contentant juste de l’écouter parler. Un moment, Sokhna me fit un signe et je lui souris. Mais en fait j’étais vraiment contrariée. Je ne comprenais pas. J’avais mon appartement et je devais le fermer et venir manger ici tous les jours et c’était à elle de faire à manger pour Rassoul car elle estimait que c’était du gaspillage. Maintenant, il est marié et c’est moi qui vais cuisiner pour lui.
Quand elle se calmait un peu, j’allais rejoindre Pa Ablay à l’entrée et lui lit ses journaux. Et ca me changeais un peu les idées. J’adorais discuter avec lui et après le déjeuner, Sokhna me demandait de l’accompagner chez sa couturière. En chemin, on discutait un peu et elle ramena la discussion de sa mère. Elle disait que sa mère était bavarde et que je ne devais pas faire attention à tout ce qu’elle disait. Je ne fis pas de commentaires, me contentant juste de sourire. Je n’avais pas trop confiance. C’était une famille très soudée.
A notre retour, je pris congé et rentrait chez moi. Je me dépêchais de cuisiner un diner même s’il y avait à manger dans le frigo. Rassoul adorait tout ce qui était crudité, grillade et n’aimait pas les sauces avec beaucoup d’huile et d’oignons. Déformation professionnelle. Donc il disait souvent qu’il ne mangeait pas toujours les repas de sa maman car c’était toujours trop gras et il m’énumérait les dangers de cette nourriture. Moi je lui disais que je voulais prendre des kilos, donc son menu ne me convenait pas, mais il se contentait de sourire et de dire qu’il m’aimait comme j’étais et ne voulais pas que je prenne un gramme.
Le soir Rassoul devait être de garde et il est rentré un peu tôt. Il m’a demandé ou j’étais le matin parce que sa maman l’a appelé en catastrophe pour lui dire que je n’étais pas à la maison. Vraiment cette femme va me rendre folle. Je lui ai dit juste que j’étais au marché me promettant quand même de lui parler plus tard de ma visite à Rama. Au lieu de se préparer rapidement pour partir, il m’entraina dans la chambre en disant que toute la journée, il a pensé à moi et que je commençais à devenir une drogue. Après cela, il se lavait rapidement et je lui mis son diner dans un bol qu’il amena avec lui. Je passais la nuit donc toute seule à me tourner et me retourner dans mon grand lit. Il me manquait.
Les jours suivants, je suivais le même rythme. Rassoul travaillait beaucoup et parfois, quand il devait passer la nuit, il rentrait plus tôt, ou n’y allait pas la journée. Dans ces cas, il passait son temps à dormir. Il était vraiment fatigué mais avait une capacité de récupération énorme. Je lui parlais des propositions de sa mère pour les repas et il m’opposa un niet catégorique
- ma mère a tendance a beaucoup parler. Parfois, il faut juste l’écouter et ne rien dire. C’est toi ma femme, c’est toi qui cuisine pour moi. De toute façon, ne polémique pas avec elle. Je vais lui parler.
J’en fus soulagée et j’appréhendais aussi car je ne voulais pas passer pour celle qui se plaint et essais de la mettre en mal avec son fils. Donc je lui dis de le dire avec tact.
Mes amies venaient aussi souvent chez moi et ca me faisait toujours plaisir de les accueillir. On restait à discuter pendant des heures et ca me faisait du bien. Un jour, Fatou vint me dire que Demba l’avais appelé et elle lui avait annoncé mon mariage. Elle me dit qu’il semblait choqué et était même venu jusqu’à leur chambre pour lui demander encore. Je lui expliquais alors les messages qu’il avait envoyé et les problèmes qui s’en sont suivis. C’est après avoir essayé en vain de me joindra qu’il a appelé Fatou pour prendre de mes nouvelles. Mais depuis qu’elle lui avait annoncé mon mariage, elle n’a plus eus de ses nouvelles. Je me dis qu’il s’était peut être fait une raison et sans vraiment comprendre pourquoi, j’en eus un pincement au cœur que je refoulais rapidement. De toute façon je n’avais plus de portable et ne comptais pas en chercher. Je leur expliquai aussi les petits soucis avec maman Oussey et elle me suggérait de déménager car tant que j’étais à deux pas, elle pouvait effectivement de proposer de venir tous les jours. Je n’avais pas songé à cela et la perspective ne me déplairait pas. Je leur dit que de toute façon, j’allais bientôt reprendre mes cours et je ne passerais pas la journée ici. Leur visite me faisait du bien et j’adorais parler avec elles.
Depuis ma visite à Rama, je n’ai pas rappelé et quand j’en ai finalement parlé à Rassoul, il m’a juste dit que j’avais bien fait, mais que je ne devais pas insister. Que je ne leur devais plus rien et qu’au contraire, c’était à eux de venir me présenter des excuses. Donc je ne rappelais pas Rama mais espérait quand même qu’elle chercherait à me contacter.
Je ne sais pas pour les autres femmes mariées, mais moi durant la période de mon mariage, j’avais l’impression d’avoir changé de planète. Toutes mes habitudes avaient changé et certaines me diront que c’est normal. J’avais réglé toutes mes activités autour de Rassoul. Je devais cuisiner avant qu’il ne rentre. Je devais me faire belle avant qu’il ne rentre. Je refis un peu la décoration. Il m’avait remis de l’argent et j’ai changé les rideaux et de tapis. J’ai aussi acheté d’autres ustensiles de cuisine. Et comme on était en période de vacance, je n’avais pas vraiment d’activités. Le matin j’allais tardivement chez maman Oussey et je le faisais surtout pour Pa Ablay qui chaque matin guettait mes pas et quand je disais bonjour, je voyais la joie sur son visage et ca me faisait un baume au cœur. Pour maman Oussey, j’avais droit chaque jour à des reproches. Tantôt, c’était que je venais tard, les autres fois c’était que je restais trop de temps avec le vieux au lieu de venir discuter avec elle. Et d’autres fois même elle me dit que normalement, je devais lui faire sa chambre tous les jours. Je le fis une ou deux fois et je laissais tomber car elle me reprochait d’avoir mal plié ses affaires et d’avoir mal rangée et pourtant j’étais sure de l’avoir bien fait. Alors elle se mettait à rouspéter et à se demander qui m’avait appris à travailler. Mais bon, maman Oussey, je commençais à m’habituer à ses remarques et même si parfois ca me faisait mal, je ne disais rien et prenait sur moi. Je n’en parlais pas aussi à Rassoul car je ne voulais pas de problème.
Avec Rassoul, il n’y avait plus de nuages et je faisais exactement ce qu’il voulait. Même au lit, avec le temps, j’étais devenue un peu dévergondée. MDR. Je mettais des nuisettes sexy et des perles et ca le rendais complètement fou. Les douleurs étaient encore présentes mais à des degrés vraiment soutenables. Et puis il fallait aussi reconnaitre qu’à notre rythme, ca n’allait jamais passer. Rassoul était insatiable et je le suivais tant que ca lui faisait plaisir. Quand j’avais mes règles il était tellement frustré qu’il me faisait pitié. Mais ca me permettais de me reposer un peu. C’était bien la première fois qu’avoir mes règles me faisait plaisir. Et puis j’avais peur d’être tombé enceinte surtout que je ne prenais rien.
Mais quand ca finissait, c’était carrément les examens de rattrapage. Pépépé. Moi je ne savais pas si c’était à cause de l’excision, mais je ne ressentais rien au moment de l’acte. C’était juste les préliminaires qui me plaisaient car il prenait son temps en m’embrassant partout et était très attentifs à mes réactions. Il appuyait ou mettait du temps sur les parties qui me faisaient gémir et n’était jamais pressé. Un jour, après l’avoir fait, il me demanda si je ressentais quelque chose et j’hésitais à lui répondre. Je devais admettre que parfois j’étais pressé qu’il finisse car si ca durait, ca devenait un peu douloureux, mais je ne lui dit rien pour ne pas frustrer. Il me dit qu’il avait remarqué que durant les préliminaires, je prenais plus de plaisir que durant l’acte et je lui dis qu’il avait raison mais qu’il était quand même super au lit et que j’étais satisfaite. Dans les romans, on parlait d’extase des sens, d’orgasme ensemble, mais je devais avouer que je ne ressentais rien de tout cela. Mais comme je ne connaissais pas cette sensation, elle ne me manquait pas et me contentais des plaisirs de préliminaire et de cette excitation, ces petits picotements au bas ventre, quand je vois le regard de Rassoul quand je déambule devant lui en tenues sexy et qu’il me tire violemment à lui le regard pleins de désir. Ces moments étaient aussi très grisants. L’intimité dans un couple était très importante. Un homme est dans de meilleures dispositions pour parler juste après l’amour. Il peut te promettre monts et merveilles. Et c’est pendant ces moments que j’ai réussi à lui faire accepter les contraceptifs, pendant juste un an que je termine mes cours de la deuxième année. En début septembre, j’allais donc faire des analyses pour un matin aller les amener à la gynéco. Elle me prescrivit donc des pilules à prendre chaque jour et ca me soulageait un peu.
Avec maman Oussey je tempérais, malgré que je supporte de moins en moins les reproches incessants sur le fait de cuisiner chez moi. Elle disait que j’étais têtue, mais bon à un moment, je ne fis plus très attention et passait plus de temps avec Pa Ablay à lire les journaux et discuter de politique. Lui au moins était toujours très content de me voir et parfois, on parlait de sa jeunesse et j’en riais aux larmes. J’adorais ce vieux et il me le rendait bien. Un jour, il me dit que je m’exprimais bien en français et voulut savoir ou j’avais étudié. Je lui expliquais mon cursus et j’allais même un peu plus loin dans les confidences, en lui parlant de maman Fanta qui m’avait recueilli et aidé pour mes études. Il voulut savoir pourquoi j’avais quitté et comme il avait senti que j’hésitais un peu, il a cherché mes mains et les pris pour me dire que ce n’était pas grave. Qu’il était convaincu que j’étais quelqu’un de bien et que comme j’aime son fils tout ira bien pour moi. Spontanément, je le pris dans mes bras et l’embrassait. Depuis ce jour, une tendre complicité s’est installée entre nous. En général je m’entendais avec tout le monde dans la maison. Même maman Oussey, malgré qu’elle parle beaucoup, je réussissais à ne pas trop la calculer. Les jumelles étaient toujours fourrées ensemble et parlaient peu. Sokhna était un peu comme sa mère, mais en plus sympa. Elle était toujours disponible pour m’accompagner au marché, faire des courses et parfois, elle venait à la maison pour me tenir compagnie jusqu'à l’arrivée de Rassoul. Elle me parlait de ses peines de cœurs et j’essayais de la conseiller au mieux. La grande sœur Kiné était toujours un mur. Elle me saluait à peine, ne me parlait pas et bien sur je n’en fis pas cas.
Un weekend, avec Rassoul on allait voir sa sœur Kiné. Elle vivait avec ses beaux parents dans une grande maison familiale. Il y avait beaucoup de monde et sa belle mère nous a bien accueillis. Ensuite Kiné est venu et m’a salué un peu plus chaleureusement que d’habitude. Mais je commençais à m’habituer à son comportement et plus rien ne m’étonnais. Elle vivait aussi avec ses belles sœurs et la coépouse de sa belle mère. Enfin bref, c’était une grande famille. Je n’imaginais pas qu’elle vivait dans ces conditions. Même si la maison était jolie, c’était quand même surpeuplé. Elle avait deux enfants en bas âge et c’était bien une des première fois qu’elle discutait avec moi. Jules comme à son habitude se montra charmant et on resta un bon moment avant de partir. Au moment de partir, on me demandait de saluer une dame et il se trouve que c’était la coépouse de Kiné. Eh bien. Je tombais des nues. Elle était deuxième et vivait avec sa coépouse. A partir de ce moment, pour essayer de la comprendre, je me dis qu’elle n’était surement pas épanouie même si son mari était charmant et je la compris.
De toutes les visites c’est celles de ma famille qui me faisait particulièrement plaisir. Mon frère est passé une fois avec Mariama son épouse qui est finalement restée. Ils ont passé la journée et ca m’a fait super plaisir. Mariama ne comprenait pas un mot de wolof en venant, mais commençait à se débrouiller pas mal. Même mon oncle est venu sauf que lui, a préféré aller dans la maison familiale et en a profiter pour remercier tout le monde et prodiguer des prières. Pa Ablay n’a pas tari d’éloges disant que j’étais ses yeux et qu’il m’appréciait. Je le rassurais en disant que j’étais bien traité dans la maison et que tout le monde était gentil avec moi. Même si maman Oussey me faisait parfois des misères.
La rentrée allait bientôt commencer et j’allais à l’école pour demander les formalités d’inscription avant d’en faire part à Rassoul. Il me remit le tout plus 2 mois de mensualités. En plus un weekend, on partit faire des courses et m’achetais pleins d’habits plus à son gout qu’au mien. Mais tant que ca lui plaisait ca m’allait. C’était maman Oussey qui allait faire une crise cardiaque si elle savait tout ce que son fils dépensait pour moi. Je repris donc les cours et chaque matin Rassoul me déposait jusqu'à l’école. Dans ma classe j’étais la femme mariée et comme j’étais la seule, tout le monde le savait en l’espace de quelques jours. J’étais toujours à coté de Fred et il ne cessait de me taquiner. Comme le voulait Rassoul j’étais habillée de façon très classe certes, mais toujours un peu près du corps et je devais reconnaitre qu’il avait du gout. Comme je n’assumais pas avant mon corps, j’avais tendance à mettre des choses trop amples. Rassoul aimait les choses plus ajustées sans basculer cependant dans la sexy. Sauf que ca attirait les regards sur moi. Même étant mariée, dès que je sortais des cours, les voitures s’arrêtaient et voulaient soit me déposer, soit avoir mon numéro. Heureusement que je n’en ai plus eus. Depuis que Rassoul avait cassé le mien, il n’en avait plus parlé. Sauf parfois quand je voulais le situer. Mais bon. Comme il ne voulait pas que j’en ai un, je n’en cherchais pas. Je terminais parfois assez tôt et comme j’avais pleins de choses à faire à la maison, je ne trainais plus et me dépêchais de rentrer.
Malheureusement, le bus me descendait à coté de la maison de Maman Oussey et j’étais obligé d’entrer pour dire bonjour et tous les jours c’était la même chanson. Elle me demandait si son fils m’avais vu le matin car le matin car une femme mariée ne doit pas mettre de pantalon serrée, une femme mariée ne devais pas porter de jupes courtes…pfff. C’était parfois lassant. Je me contentais de sourire en lui disant que c’est Rassoul qui m’avait acheté les habits et là, la conversation prenait une autre tournure. Elle se plaignait que son fils était toujours en train de dépenser. Je prenais tout sur moi et ne répondais pas. Mais je me dépêchais de rentrer chez moi car je devais nettoyer et préparer à manger avant de me plonger dans mes cours. Parfois, quand je devais terminer tard, j’attendais Rassoul à l’école et la plupart du temps, on achetait à manger en chemin et on mangeait à la maison. Il voulait que je prenne une bonne pour m’aider, mais je lui dis que pour un studio je n’en voyais pas trop l’utilité. Le matin dès que Rassoul se levait pour la prière, j'en profitais pour nettoyer la chambre et le soir avec Rassoul on nettoyais ensemble car tant que je ne finissais pas je n'allais pas dormir et comme il avait toujours besoin de moi, eh bien, on le faisait ensemble. Je révisais mes cours avant qu'il ne rentre.
Mais vers la mi Décembre, j’étais de plus en plus fatiguée et j’avais du mal à me lever le matin. Rassoul insistait pour que je cherche une aide et comme je ne disais rien, il s’en ouvrit à sa mère pour qu’il lui en cherche une. Quand il en parla à sa mère, ce fut comme d’habitude un long débat et je n’essayais même pas de m’y immiscer. Elle disait que la bonne de la maison pouvait aller faire le ménage et que chaque soir, on pouvait venir diner. Je ne pipais mot et ce jour là, il y avait Kiné. Elle mit son grain de sel
- Rassoul ta femme est paresseuse. Ton petit appartement si tu prends une bonne c’est pour qu’elle fasse quoi ?
J’étais à coté mais elle parlait comme si je n’étais pas présente. Mais je ne dis rien
- et puis c’est de l’argent, compléta maman Oussey. Déjà que tu lui payes ses études, en plus de l'appartement, si en plus tu dois payer une bonne tu ne réaliseras jamais rien. Il faut penser à ton avenir mon fils.
Je regardais Rassoul, pensant qu’il prendrait ma défense, ou du moins apporter la réplique, mais il ne disait rien et promis à sa mère d’y réfléchir. Je restais sans voix et elles continuaient à polémiquer tandis que je me levais pour sortir un moment. J’avais les larmes aux yeux et le cœur gros. J’avais cette impression qu’elles pensaient que j’étais la pour uniquement lui soutirer des sous. Tout tournait autour de l’argent. Et Rassoul qui ne disait rien alors que c’est lui qui avait fait cette proposition. Je n’étais pas demandeur. J’essuyais mes larmes et je n’avais pas remarqué Pa Ablay qui était assis dans un coin
- Diouldé ? c’est toi.
- oui papa. C’est moi.
- pourquoi tu pleures ?
Il m’avait entendu pleurer donc.
- je ne pleure pas. Je suis un peu enrhumée.
- je ne vois pas mais je sais que tu pleures.
Je ne savais pas quoi dire. Je le rassurais et restais avec lui un moment. J’entendis Rassoul m’appeler mais je fis la sourde oreille. Comme Pa Ablay me demandait de répondre, je me suis levée et suis sortie de la maison. Arrivée chez moi, j’ai ouvert et j’ai commencé à préparer le diner. Rassoul est rentré bien plus tard et m’a tout de suite attaqué en criant
- mais toi, c’est quoi ce comportement ? Pourquoi tu es parti comme ca tout à l’heure sans dire au revoir. Je n’aime pas ce genre de comportement irrespectueux.
- je suis parti parce que tu as laissé ta sœur et ta mère dire du n’importe quoi sur moi sans rien dire. Je ne t’ai pas demandé de bonne et malgré tout tu leur a laissé penser que c’est moi qui voulait ca, répliquais je sur le même ton
- et ou le problème dans tout ca ?
- tu les as laissé me traiter de paresseuse et d’opportuniste
Il ouvrit grand les yeux et cria encore plus fort
- tu as entendu cela toi ? Mais tu es complètement folle ma parole.
Je criais encore plus fort. Je ne voulais plus me laisser faire.
- j’en ai marre. Ta mère passe son temps à me dénigrer, elle n’est jamais satisfaite et pense que je te pompe ton fric ; tandis que ta sœur me considère comme une merde.
A ce moment il a tiqué.
- tu racontes des histoires et je ne veux plus rien entendre à propos de ma mère. Elle ne dis que du bien de toi.
- ca c’est devant toi.
Il allait partir vers la chambre, mais il se retourna et ajoutait
- et je ne veux plus voir ce genre de comportement. Tu respecte ma famille un point c’est tout.
- ils n’ont qu’à me respecter alors
A ce moment il s’est approché dangereusement et a hurlé
- j’ai dis TU TE TAIS. J’en ai marre à la fin
Je n’osais plus parler et j’étais complètement désespérée. Il est allé s’enfermer dans la chambre tandis que moi j’étais encore en tenue de ville avec mes talons. J’allais éteindre le gaz, j’ai dressé la table toujours en larmes et j’ai posé le plat. Je suis rentrée dans la chambre et il était dans les toilettes. Il est sorti quelques minutes plus tard le visage fermé et est sorti de la chambre. Le cœur lourd, j’ai pris une douche et je me suis couchée sans arriver à dormir. Comme à son habitude à chaque fois qu’il est fâché, il a préféré passer la nuit au salon. j'en avais marre et je ne savais pas comment régler ce problème. Le lendemain, comme d’habitude, j’ai arrangé la chambre et préparé le petit déjeuner. J’ai mangé rapidement de peur qu’il parte sans moi et lui n’a rien avalé et m’a juste lancé un petit bonjour. Le chemin s’est fait en silence et cette fois on n’a pas coordonné pour savoir s’il passera me prendre ou pas. Mais j’avais tellement la rage que je n’ai rien demandé et je suis sortie. Je ne me sentais pas très bien et j’avais des vertiges. Adja m’a proposé d’appeler Rassoul mais j’ai refusé en lui disant que je lui expliquerais la situation plus tard. A la pause de midi, je ne tenais plus et je suis rentrée me coucher. Vers 17 heures, ca n’allais toujours pas et heureusement qu’Adja est passé voir si j’allais mieux. Mais dès que je lui ai ouvert la porte elle a su que ca n’allait pas. Elle a essayé d’appeler Rassoul en vain, ce dernier ne répondait pas. Finalement, je suis sortie avec elle et on a pris un taxi direction l’hôpital.
Je voulais me rendre à l’hôpital où travaillait Rassoul, mais c’était une heure de pointe et les taxis refusaient de s’y rendre. Finalement on s’est rabattu vers le centre de santé le plus proche et comme je ne tenais pas, je me suis couchée sur les bancs de la salle d’attente tandis qu’elle est allé se renseigner. Elle revint au bout de quelques minutes pour me dire de venir avec elle et on est allé devant un bureau ou on a trouvé d’autres malades. On a patienté et j’en ai profité pour lui raconter brièvement les propos de ma belle-mère et de sa fille et la réaction de Rassoul. Elle contenait mal sa rage et disait que je me laissais trop faire. Heureusement mon tour vint et le médecin me fit une consultation après un petit interrogatoire. Il me demandait si j’étais enceinte et je lui dit que j’étais sous contraceptif. Finalement il me prit ma tension et je le vis écarquiller les yeux.
- je ne sais pas comment vous avez fait pour venir jusqu’ici mais votre tension est au plus bas. C’est même incroyable que vous teniez comme ca.
Je ne savais que dire et il me dit que je devais me reposer au maximum et qu’il allait me prescrire une série d’analyse à faire. Il me remit aussi une ordonnance en me disant qu’il me fallait aussi bien manger car j’avais une anémie car mes muqueuses étaient complètement décolorées. Il me posait aussi pleins de questions sur mes activités et mes antécédents médicaux.
Au bout d’une bonne demi-heure je sortis en le remerciant. Adja s’empressa de me demander ce que j’avais et je lui dis que c’était ma tension qui était très basse et que je devais me reposer. Je lui demandais de partir mais elle me dit que Rassoul avait rappelé et qu’il demandait de l’attendre. Je fis la moue en lui disant qu’elle n’aurait pas du l’appeler. Elle me donnait pleins de conseils en me demandant de ne pas me laisser faire et de régler ce problème à ma manière. Je le lui promis et comme je n’étais toujours pas bien, je me couchais sur les bancs à attendre Rassoul. Il arriva et s’accroupit à mes cotés pour me demander si j’allais bien. Je me contentais de hocher la tête. Il avait l’air vraiment inquiet pour moi et c’est Adja qui lui expliquait que ma tension était basse. Il se leva et je le vis aller vers le bureau du médecin et rester là bas un moment. Ensuite, ils sortirent ensemble et se dirigèrent vers nous.
- mais toi il fallait te présenter dit-il en s’arrêtant devant nous. Ton mari est un ami. On se connait depuis l’université.
Je me levais difficilement et me forçait à sourire
- dis donc mon grand, tu as gagné à la loterie. Ta femme est très belle, continua t’il en le poussant légèrement
Lui aussi n’était pas mal. Aussi grand que Rassoul, plus noir et vraiment très charmant. Et en plus très souriant. Ils restèrent à discuter un moment et dit à ce dernier qu’il fallait que je me repose car ma tension était basse. Il lui parlait aussi des analyses à faire puis nous raccompagna jusqu’à la voiture en expliquant qu’il était affecté ici maintenant. On ramenait Adja jusque chez elle et je la remerciais chaleureusement. Ensuite, Rassoul s’arrêta dans une pharmacie et on rentrait à la maison.
Je m’allongeais sur le canapé du salon, les tempes hurlantes et la tête lourde. J’avais des vertiges et je ne tenais pas debout bien longtemps. Rassoul s’empressa de me chauffer un plat et me demanda de me lever pour manger.
- écoute, il faut que tu mange un peu pour pouvoir prendre tes médicaments. S’il te plait.
J’hésitais un moment et me levais pour manger. En plus je devais avouer que j’avais vraiment faim. Ensuite, il me tendit les médicaments que j’avalais avant de me lever et de me diriger vers la chambre. Il me suivait de près surement pour éviter que je ne tombe. Mais je l’ignorais et allait dans les toilettes pour prendre une douche. Je me sentais encore faible et je m’adossais au mur en laissant couler l’eau sur mon corps. Je ne l’entendis pas ouvrir la porte et s’approcher. Je sentis juste le robinet arreter et il me couvrit avec une serviette avant de me porter vers la chambre. Il m’aida à m’habiller en silence et parfois nos regards se croisaient. Il semblait inquiet et moi j’avais encore la rage et je lui en voulais toujours. Après avoir fini de mettre une robe de chambre, je tirais une couverture et me dirigeais vers le salon. Je m’installais confortablement sur le canapé et me couvrit.
- mais qu’est ce que tu fais comme ca ? me demandait Rassoul
- je me couche. C’est ta chambre, vas dormir là bas. Moi je peux rester ici
Il rit nerveusement et me regarda.
- tu es sérieuse là ? arrete tes enfantillages Diouldé.
- je suis sérieuse. A chaque fois qu’il y a un problème entre nous tu dors dans le salon. Comme je ne sais pas quand tu rejoindras la chambre et que cette fois je n’ai aucune intention de revenir à de meilleurs sentiments, je ne veux pas te priver de ton lit. Tu es chez toi, met toi à l’aise. Je vais dormir ici.
Il semblait dépassé et me regardais sans trop savoir quoi faire.
- écoutes tu es malade et tu dois te reposer. Ce canapé n’est pas confortable.
Ce n’était pas grave et je comptais bien rester ici.
Il restait debout un long moment et comme je faisais semblant de regarder la télé, il retourna dans la cuisine et je l’entendais faire la vaisselle et ranger. Ensuite, il revint encore vers moi et s’accroupit à mes cotés.
- ma chérie, écoute viens te coucher dans la chambre. Je t’en supplie. On reparlera de tous ces problèmes plus tard.
Je réfléchis un moment et du admettre que le canapé était tout sauf confortable. Il était très têtu pour supporter de passer la nuit ici. Je me levai et sans un regard pour lui, tirais ma couverture et alla me coucher en tournant le dos. Ca devait être l’effet des médicaments ou la fatigue, toujours est-il que je me suis endormie aussitôt et je ne me suis réveillé que le lendemain et quand je regardais la montre, il était plus de 10h. Je sursautais et allais me laver et m’habiller. Je me sentais encore très fatiguée et j’eus la surprise de trouver Sokhna dans la cuisine à s’affairer. Elle me dit que c’est Rassoul qui lui avait demandé de rester avec moi car j’étais un peu souffrante. Elle me préparait un petit déjeuner et après avoir mangé je voulut l’aider, mais elle refusait et continuait à faire le ménage dans la maison. Vers 15h Rassoul rentrait en disant qu’il s’est libéré plus tôt à cause de moi. Il remerciait Sokhna qui restait encore un peu avant de partir. J’étais encore fatiguée et je répondais doucement à Rassoul. Il me prit ma tension et me dit que ca remontait un peu. Je ne l’avais même pas regardé et je sentais son regard sur moi tout le temps. J’allais me coucher sans rien lui demander et m’endormis aussitôt. Il faisait nuit noir à mon réveil et j’avais la paresse de me lever. Rassoul entra et me trouvai réveillé et me demanda si j’allais bien. Je répondis à peine.
- écoute, je sais que tu es fâchée mais il faut que tu me parles.
- je te parle
- oui mais…
Il ne continua pas et haussa les épaules. Le lendemain aussi, je lui fis la tête, même s’il essayait de me parler sans arrêt. On vivait comme deux étrangers nous limitant au strict minimum. Une semaine après je me sentais mieux. Adja passait souvent me voir car c’était déjà les vacances de fin d’année et on restait à discuter. Elle me disait qu’elle avait eu un vrai coup de cœur pour l’ami médecin de Rassoul. Je lui promis d’en parler à Rassoul un de ses quatres matins. J’évitais de lui dire que j’étais toujours en froid avec Rassoul. Quand elle me demandait je disais juste que ca s’arrangeait entre nous.
Comme quand Rassoul n’était pas là, il y avait parfois Sokhna qui venait m’aider quand elle avait le temps, donc je n’étais pas seule. Maman Oussey n’est jamais venue me rendre visite et je n’en fis pas cas, même quand rassoul revenait de chez eux, je ne demandais que Pa Ablaye.
Le 24 décembre arriva et j’étais toujours en froid avec Rassoul. Il essayait pourtant de me parler, mais non, la pilule n’était pas encore passée. Comme j’allais bien je faisais tout normalement : nettoyage et très bonne cuisine. J’avais encore ses coups de fatigues et ses vertiges. Seulement le soir, je me recroquevillais dans un coin du lit. Parfois il essayait de petites approches en déposant une petite bise sur la joue, mais je n’avais aucune réaction et faisait semblant de dormir. Même quand il insistait je faisais la morte et il se recouchait. Donc le matin de la fête, après les petits salamalecs, il se gratta la tête et me demanda
- ce soir on va diner à la maison. Tu sais comment ca se passe, les fêtes de noel. Toute la famille est réunie.
- je suis malade. Le médecin a dit que je dois me reposer.
- tu ne peux pas te forcer un peu
- non je n’irais pas.
Il semblait vraiment embêté et finalement partit sans mot dire. Non je n’avais aucune envie de rencontrer sa sorcière de sœur et sa maman. Je resterais ici et ne bougerais pas d’un iota. J’étais à ma fenêtre en train de regarder la rue, quand je vis Sokhna tenir Pa Ablay et venir vers notre appartement. Je n’en crus pas mes yeux. Je sortis de la chambre et Rassoul était au salon. J’ouvris la porte pour les acceuillir
- on est arrivé papa, disait Sokhna
- ou est Diouldé ?
Je lui pris les mains et il m’enlaçait. J’en eus les larmes aux yeux. Il s’était déplacé jusqu’ici pour me voir.
- ma fille ca fait plus d’une semaine que je ne t’ai pas vu. Rassoul m’a dit que tu étais souffrante, mais je pensais que tu allais mieux. Il vient de passer à la maison pour dire que tu ne pourrais pas venir diner pour le réveillon. Donc c’est plus grave qu’il ne veut nous le dire. Je ne pouvais pas rester sans venir te voir. Tu m’as manqué.
Je versais quelques larmes vraiment touchée par tant d’attention. Je le fis entrer et il m’avoua qu’à part la fois où il est venu prier pour Rassoul lorsqu’il aménageait il n’y a plus remis les pieds. Je fus encore plus touchée.
- ca fais des jours que je n’ai pas ma revue de presse. Les autres qui lisent pour moi, n’ont pas la même capacité d’analyse que toi.
Je me mis à rire et le rassurait. J’allais mieux et que d’ici la semaine prochaine je serais d’attaque. Il resta un moment me fis promettre de venir même si c’est pour rester coucher. Je ne pouvais pas le lui refuser. Rassoul arriva tôt ce jour la vers 15h et je lui dis que Pa Ablaye était passé.
- tu vois, ma famille t’adore
- oui, ton père est un ange. Moi aussi je l’adore.
- même ma mère n’a rien contre toi. Je pense juste que tu te fais des idées.
- moi, me faire des idées ? C’était devant toi quand ta sœur dit que je suis paresseuse et que ta mère a dit que tu dépenses trop pour moi. Je n’étais pas demandeur de la bonne et pourtant tu n’as rien dit pour me défendre.
J’étais lancée et je ne pouvais pas m’arrêter.
- ta sœur ne m’aime pas et encore c’est pas grave, mais qu’elle me lâche. Ta mère je supporte toutes ces remontrances parce que je ne peux rien lui dire. Mais toi, qu’elle me parle comme ca devant toi et tu ne dis rien, non je ne supporte pas. Je n’ai personne ici à part toi Rassoul. Je ne peux compter que sur toi. Donc si tu te mets à te comporter comme ca avec moi
- mais je ne t’ai rien fait
Je me levais pour me mettre au même niveau que lui
- tu as entendu la façon dont tu m’as parlé la dernière fois ? Tu as vu comment tu m’as crié dessus.
J’avais les larmes aux yeux et malgré mes efforts pour continuer à parler, j’avais la voix brisée et je me mis à pleurer. Il venait vers moi, mais je le poussais et partit vers la chambre et me coucha sur le lit en pleurant. J’en avais marre de tout ca. Il vint me rejoindre et se coucha sur moi.
- excuse moi ma chérie. Je ne savais pas que tu le prendrais comme ca. Je ne devais pas te crier dessus mais j’étais énervée.
Je continuais à pleurer. Il se baissait et me faisait des bisous sur le cou en me murmurant qu’il était désolé. Une semaine sans rien, je savais que ca commençais à peser pour lui. Je finis par me calmer, mais je ne répondais pas.
- écoute c’est ma mère. Que veux tu que je fasse ?
- est ce que tu reconnais que ce qu’elles disaient n’était pas fondé ?
Il ne répondait pas et je me levais pour aller dans les toilettes. Il était toujours dans la même position et semblait plongé dans ses pensées.
J’allais m’installer au salon sur le tapis et allumais la télé. Il se mit à coté de moi et on regardait en silence
- tu m’en veux toujours.
Je soupirais et me tournais vers lui
- oui je t’en veux. Je croyais que je pouvais toujours compter sur toi. Que tu ne laisserais plus personne me faire du mal.
Je parlais tout doucement car j’avais le cœur gros. Lui aussi se mit à parler doucement
- tu as raison, mais comprend moi Diouldé. C’est ma mère et je n’ai jamais été confronté à ce genre de situation.
- mais tu ne veux même pas reconnaitre qu’elles ont eus tord
- oui je sais que tu n’es pas paresseuse, que tu n’en a pas après l’argent.
Il s’était tourné vers moi et commençais à m’embrasser. Je le repoussais gentiment
- tu dis ca juste pour me réconforter
Il se redressa et me regarda
- Diouldé, je te connais depuis longtemps quand même. Je sais ce que tu as traversé et je connais tes qualité ma chérie. Je t’aime et ca ne l’oublie jamais. Maintenant ma mère dorénavant j’essaierais de la gérer.
Il avait recommencé à m’embrasser et ses mains, commençaient à me caresser. Encore une fois, je m’écartais et je voulus me lever mais il m’attira à lui
- s’il te plait Diouldé. J’ai compris.
Il recommençait à m’embrasser et je le repoussais encore
- non, j’ai pas envie
- s’il te plait ma chérie
Il continuait à me supplier en m’embrassant et en me caressant. Il mettait sa langue dans mes oreilles et il savait que ca me faisait rigoler. J’essayais de me retenir mais je ne réussissais pas et il a continué à introduire ses mains partout et avec beaucoup d’impatience. Finalement je le laissais faire et on le fit dans le salon et c’est l’un des avantages de vivre seul je crois. Il disait que je lui avais trop manqué et que dorénavant, on ne devait pas se disputer plus de deux jours. Je me contentais de sourire et toute l’après midi on est resté enfermé dans notre chambre à essayer de se rattraper. On discutait beaucoup aussi et il me promit de ne plus me crier dessus et de parler à sa mère. Comme sa sœur et sa mère était contre le fait que je prenne une bonne, je dis à Rassoul que j’étais décidé à en prendre une. Il hésitait un moment et comme j’insistais il était d’accord
Vers 20h, on s’est douché ensemble et on est allé à ce fameux diner et moi en mon fort intérieur j’étais bien décidée à ne plus me laisser traiter comme une merde sans rien dire. Elles ne perdaient rien pour attendre. Dès que j’arrivais, je fus accueillie par une Sokhna qui me complimentai sur ma robe et disait que j’étais très en beauté. Elle était très gentille et je la remerciais. Je trouvais Maman Oussey dans la cuisine tandis que Rassoul était avec un de ses cousins à discuter à l’entrée. Je la saluais et elle se retournait
- Diouldé, comment tu vas ?
- je vais bien
- tu te portes mieux ? Et cette tension ?
- quel tension ? Demandais innocemment
- Haa, Rassoul m’a dit que tu étais malade
- ha donc vous saviez que j’étais malade ?
Elle me lança un regard incrédule et semblait un moment perdre sa voix. Un fait historique. Sans lui laisser le temps de répondre, je tournais les talons et partis rejoindre Pa Ablaye qui était déjà au salon avec Jules. Je saluais Jules chaleureusement et Kiné, qui était assise et donnait à manger à son fils je tendis juste la main.
- Kiné
- Diouldé.
Moi qui étais toujours à lui poser des questions auxquelles elle répondait à peine. Aujourd’hui, je ne la regardais même pas. J’étais à coté de Rassoul et comme on venait tout juste de se réconcilier, il était aux petits soins. Il me tenait la main, la caressait sans trop sans rendre compte et je voyais Kiné qui nous fixait un moment. Les invités venaient, des cousins et des cousines. Un moment, j’allais dans la cuisine pour les aider dans les préparatifs et c’est une des jumelles qui m’attaquait et sur un ton tellement irrespectueux
- toi tu n’es plus une invitée comme l’an passé. Tu devais venir depuis ce matin pour nous aider. Tu attends maintenant pour venir dire qu’on te donne à travailler.
Je l’ai regardé fixement et je pointais mon doigt
- toi surveille ton langage avec moi. Je ne te permets pas de me parler comme ca tu as compris ? que ca soit la dernière fois.
Maman Oussey s’est redressée pour me regarder et j’attendais sa réaction, mais elle a juste dit à sa fille de partir mettre la nappe. Elle sortait de la cuisine fâchée, mais je m’en foutais royalement.
Je restais dans la cuisine et aidait quand même maman Oussey à préparer les plats et à orner et je commençais à apporter les plats au salon pour servir. A part ce petit incident, le diner s’est super bien passé et pour une fois maman Oussey semblait m’avoir oublié. Cette fois c’est moi qui ignorais royalement Kiné et elle semblait un peu étonnée car je sentais souvent son regard sur moi. Même au moment de prendre congé, je fis celle qui ne l’avait pas vu et dis au revoir à tout le monde sauf à elle. Une guerre doit être mondiale ishhh.
Une fois à la maison, Rassoul était vraiment décidé à rattraper notre semaine de diète et on dormit à peine. Le lendemain, je trouvais à mon chevet une boite contenant un téléphone portable. A l’époque c’était les téléphones à clapet et ils étaient à la mode et Rassoul avait déjà pris un abonnement. J’étais super contente et Rassoul me demandait de lui montrer à quel point j’étais contente. Mais j’avais les fesses en feu et vraiment pas disposée à replonger. Je le lui promis pour le soir.
J’appelais sur le champ Coumba et on restait un bon moment à discuter avec elle. Elle me parlait de son nouveau petit copain et de toutes ses qualités. Ensuite j’appelais les filles pour leur communiquer mon numéro et j’essayais d’appeler ma mère. Je l’ai eu en fin d’après midi et elle m’annonçait le décès d’une tante. Ensuite elle me demandait comment j’allais et sans trop savoir pourquoi je me mis à pleurer. Elle s’inquiétait mais je lui jurais que j’allais bien et que c’est qu’elle me manquait. On parlait jusqu’à ce que je n’ais plus d’unités.
Le lendemain, je décidais d’aller rendre visite à mon frère et je trouvais Mariama en état de grossesse. J’étais très contente pour elle et je passais ma journée à lui expliquer l’importance des visites et je lui promis de venir la prendre pour l’amener chez le médecin. Elle avait installé une table près de la boutique de son mari et elle me dit que son petit commerce lui rapportait beaucoup d’argent. Je fus très contente pour elle et elle me mis en rapport avec une fille qui cherchait du travail. On négociait et elle me promit de venir dès le lendemain. Elle devait juste nettoyer, laver la vaisselle et les torchons et m’aider à préparer. Elle devait rentrer tous les soirs car je n’avais pas de place pour qu’elle dorme à la maison. Le soir, Rassoul vint me prendre et je lui en parlais et il était d’accord.
Le lendemain, dès qu’Astou arriva je lui montrais ce qu’elle avait à faire dans la maison. Et elle se montra très efficace. Ensuite j’allais faire enfin mes analyses médicales car les vertiges continuaient malgré ma tension qui était un peu remontée. Au retour, je passais voir Pa Ablay et je le trouvais à l’entrée et lui lis ses journaux. Je n’allais pas entrer quand maman Oussey m’appela
- ma fille, assied toi ici qu’on parle.
Je m’assis à coté un peu intriguée
- Rassoul est venu me parler mais ma fille, je te considère comme je considère Sokhna. Je t’aime au plus profond de mon cœur et je ne sais pas pourquoi tu dis que je te critique. Tu ne m’as pas compris. Tout ce que je te dis c’est pour ton bien
- d’accord maman, j’ai compris.
- Kiné aussi ne dit que du bien de toi. Elle t’adore et me le dis tout le temps
Mon Dieu mais que d’hypocrisie. C’était du n’importe quoi. Je ne pris pas le temps de répondre. De toute façon maintenant c’était œil pour œil, dent pour dent.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top