Assy : les caprices du destin (9)
- je ne vois pas pourquoi je ne voudrais pas me marier avec toi Assy. Je t'aime. Tu ne me crois donc pas ?
Il garda le silence un moment
- pour ma mère, je...suis dépassé. Je ne comprends rien. Je ne peux pas croire que ma mère, ma propre mère puisse faire cela.
Il cherchait ses mots, secouant la tête...
- je...ne comprends rien Assy. Je te jure.
Elle lui caressa la joue délicatement
- ce n'est rien. Mais ce n'est pas fini. Je voulais te prévenir. C'est ta mère, mais je ne lâche pas l'affaire. C'est pourquoi je te demande de choisir Omar. Demain, ne viens pas me reprocher des choses. Je dirais à toute la famille ce que ta mère a fait. Tout le monde saura...
- ne fais pas ça Assy. Je t'en prie...
Elle secoua la tête.
- Non, ça ne peut plus continuer Omar. Je n'ai plus l'intention de me faire traiter comme cela par ta mère.
Il se contenta de hausser les épaules, avant de l'aider à rassembler les lettres. Elle n'avait pas tout lu, mais ne voulait plus se mettre à pleurer. Quand elle lui dit qu'elle avait faim, il sortit lui chercher à manger et à son retour, elle s'était endormie. Il la réveilla quand même et ils mangèrent ensemble en discutant légèrement des modalités pour le déménagement. L'appartement d'Omar était déjà équipé et en attendant de trouver ou mettre tous les meubles, ils avaient décidé de conserver l'appartement. Ils dormirent ensemble dans la chambre, dans les bras l'un de l'autre, sagement. Chacun avait des doutes pleins la tête. Assy se demandant si Omar pourrait tenir le coup, la soutenir, face à sa mère. Elle doutait. Il avait déjà montré une fois qu'il était du côté de sa famille. À son grand désarroi. Elle voulait cependant se convaincre que cette fois, il ne lui referait pas le même coup. Pas avec Seydina. Pas maintenant qu'elle lui avait pardonné tant de choses. Elle soupira et regarda Omar qu'elle croyait endormi. Leurs regards se croisèrent. Leurs yeux parlèrent. Assy vit que lui aussi semblait inquiet,
- Assy, fais-moi confiance, murmura t-il. Tout s'arrangera.
- j'ai peur Omar. Tu penses que ça marchera ?
Il sourit et déposa un baiser sur son front
- Oui, j'en suis persuadé. Des erreurs, on en tire des leçons et j'en ai tiré. Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais je t'assure que tu peux me faire confiance Assy.
Elle le regarda, le regard inquiet. Quand il lui sourit, elle se rassura légèrement et en fit de même. Finalement, elle s'endormit, bien blotti dans les bras de son chéri, l'esprit toujours en ébullition et ne cessant de penser à son père.
Le lendemain, ils furent réveillés très tôt par le téléphone d'Omar qui sonnait. C'était tonton Omar qui voulait lui parler en urgence. Quand Omar voulut savoir la raison de cet appel matinal, il ne lui en dit pas plus, se contentant de lui dire qu'il n'attendait que lui. Assy se leva aussi et se prépara ainsi que Seydina.
- tu vas ou comme ça ? demanda Omar en la voyant s'activer.
- je t'accompagne.
- mais...
- Non, tonton Omar t'appelle tôt le matin pour parler de moi. J'en suis sûre. Il va entendre ma version. Je ne me laisserais plus faire. J'en ai marre.
Omar protesta, mais devant l'air buté d'Assy, il ne put que la laisser l'accompagner. Elle confia Seydina à sa voisine qui le prenait parfois avec plaisir car ayant un enfant du même âge.
Tonton Omar ne cacha pas son agacement quand il vit Assy, mais celle-ci n'en fit pas cas et alla dans la chambre de son père. Cette fois, elle le regarda et lui sourit avant de s'approcher et de s'assoir à côté de lui.
- Bonjour Pa..pa. dit-elle doucement, tellement doucement qu'elle se demanda s'il l'avait entendu
Il lui sourit tendrement
- Bonjour.
Il y eut un moment de silence
- ton oncle est fâché. Tu es allé voit ta tante pour te disputer avec elle ?
Assy soupira.
- Oui, répondit-elle simplement, ne voulant pas soulever la discussion maintenant.
Son père garda le silence et à ce moment tonton Omar entra dans la chambre, suivi d'Omar et de sa mère. Elle était étonnée de la voir, pensant qu'elle était à St-louis. Elle lui dit qu'elle avait reporté son voyage jusqu'au lendemain. Sans plus. L'atmosphère était lourde, la tension palpable. Jusqu'à l'entré de Badiène Oumy. Quand Assy la vit, elle eut envie de rigoler. Elle avait bandé sa main et boitillait. Elle était soutenue par son mari qui jeta un regard rapide à Assy. Omar se leva aussi pour aider sa mère à s'installer sur le lit, près de son frère. Le silence se fit plus lourd. Et on attendit. Encore. Jusqu'à ce que la voix forte de tonton Omar déchire le silence.
- Bon, on attendait Fatou et Khady, mais elles ne vont pas tarder.
Il se tourna vers Assy.
- toi, tu n'étais pas censé être là. C'est toi qui a causé tous ces problèmes et on va essayer de trouver une solution
- je ne bougerais pas d'ici tonton. Vous allez parler de moi, il vaut mieux que je sois présente pour répondre.
Mère Saly bougea sur sa chaise, mais ne dit rien. Ses deux autres badiènes firent leur apparition et s'installèrent près d'Oumy avec un air condescendant. Tonton Omar commença par s'excuser pour avoir dérangé tout le monde avant de se tourner vers son frère, Souleymane
- Souleymane, tu as été absent pendant des années. Mais laisse-moi te dire qu'on n'est pas content d'Assy. Elle n'en a fait qu'à sa tête et le pire c'est qu'elle a entrainé sa mère. Finalement, elle ne venait plus aux rencontres de famille ou alors faisait en sorte de repartir très vite. Lorsqu'Omar a voulu l'épouser, on a eu peur et le temps nous a donné raison. Oumy peut me prendre à témoin. On est allé plusieurs fois chez elle pour essayer de régler des problèmes soit entre elle et son mari, soit entre elle et d'autres personnes...pas fréquentables. Elle a même eu un problème avec la justice
Assy l'écoutait. Ebahi. Présenté comme ça, elle passait pour un semeur de trouble. Mais elle essaya de se calmer et ne répondit pas. Surtout quand tonton Omar admit avoir pesé de tout son poids pour que son homonyme Omar se sépare d'Assy car estimant qu'elle ne lui poserait que des problèmes. Ensuite, il revint sur le problème de la veille
- Oumy m'a appelé hier nuit pour me dire qu'Assy l'avait agressé chez elle pour lui réclamer les lettres que tu avais envoyé.
A ce stade, badiène Oumy prit la parole en gémissant
- Souleymane, tu es mon frère. Quand tu m'envoyais les lettres, je ne savais pas ou elles habitaient et c'est pourquoi je les gardais. Après j'oubliais. Mais il fallait voir Assy hier. Comme une lionne sur moi. Alors qu'après tout je suis sa Badiène.
Cette fois Assy ne tint plus.
- arrêtez de jouer les hypocrites comme ça...s'exclama-t-elle
- Assy, la coupa sa mère.
- non maman, si tu n'es pas capable de parler, je vais le faire, dit-elle avant de se tourner vers son père. Quand tu es parti, Badiène Oumy nous a accueillis ici durant à peine deux mois après qu'on ai saisi la maison. Après elle nous a fait savoir qu'elle ne pouvait plus, que nous devons sortir et chercher ailleurs ou nous loger. Personne de toutes les personnes ici présentes n'a accepté de nous accueillir. On n'avait rien, Ablaye avait 2 ans et moi à peine 10. Une nuit, on a dormi devant une maison, par terre. Parce qu'on nous a chassé partout et que Badiène Oumy avait obligé maman à vendre tous ses bijoux. J'ai commencé à travailler à 12 ans. Je ne savais rien faire, mais il fallait aider maman. Pendant ce temps, tes frères et sœurs étaient là et personne ne levait le petit doigt, ne serait-ce que pour savoir si on était encore vivant.
Tonton Omar voulut l'interrompre, faisant celui qui était pressé, mais elle ne se laissa pas faire
- je n'ai pas fini tonton. Papa, malgré tout, on s'en ai sorti. J'ai travaillé partout pour aider maman. On . Difficilement, mais on mangeait. Ce qui me fait le plus mal dans cette histoire c'est que pendant tout ce temps, on te croyait mort ou alors vraiment sans cœur pour abandonner ta famille sans jamais prendre de ses nouvelles. Pendant 15 ans. Alors qu'elle recevait tes lettres. Par charité humaine, elle aurait pu au moins venir nous dire que votre père est vivant mais rien.
- je ne savais pas ou vous habitiez, protesta Oumy
- ce n'est pas une raison, cria t-elle. Je venais parfois chez vous. Personne ne me parlait, on me ridiculisait, on me minimisait. Et pourtant ma mère tenait à ce que je vienne à toutes vos rencontres de famille, se considérant comme membre à part entière, étant toujours convaincue que mon père reviendrait. Mais c'était toujours un fardeau pour moi de venir vers vous. Tonton Omar ce n'était pas de la supériorité, mais de la lassitude. C'est frustrant, à chaque fois que je viens de me faire traiter comme une moins que rien. Badiène Oumy me demandais de ne pas me mêler aux autres cousines et d'aller dans les cuisines avec les bonnes car c'était là bas ma place. Parce qu'on était pauvre. Donc Badiène, tu mens quand tu dis que tu ne savais pas ou on habite.
Il y eut un brouhaha car Badiène Oumy s'était levé, décidée à frapper Assy, qui elle aussi ne voulait pas se laisser faire. Omar s'était prestement levé pour se mettre entre elles, avant de prendre Assy par le bras pour l'éloigner
- calme-toi Assy, murmura t'il, le visage crispé
- non, cria t'elle, je ne me calmerais pas. Elle n'avait pas le droit de faire cela.
- Assy, viens ici.
C'était son père qui lui tendait la main. Elle se libéra lentement des bras d'Omar, essuya les larmes de colère qui inondait son visage avant de se diriger vers son père. Elle tomba dans ses bras et pleura douloureusement
- calme-toi ma fille...
Il respirait difficilement, et demanda à se que tout le monde se calme pour prendre la parole. Il parlait doucement, lentement, s'interrompant de temps en temps pour reprendre son souffle
- Oumy, Omar, Fatou, Khady. Je crois que parfois, il faut aussi se dire des vérités.
Difficilement, son père commença un récit...pathétique.
- Toi Oumy tu as chassé ma famille ?
- Non, je ne les ai pas chassés. C'est Saly qui avait commencé à me créer des problèmes et...
Mère Saly ne la laissa pas continuer
- Arrête Oumy. Ton mari est là, il peut témoigner. Tu m'as appelé un soir pour me dire que tu ne pouvais pas nous héberger et qu'on devait aller ailleurs. Donc arrête de dire ce genre de chose.
Oumy se tut et ne chercha plus à parler. Son père reprit donc la parole en se tournant vers elle. - Oumy, tout ce qui se dit ici m'étonne. Tu as chassé ma famille de chez toi alors que c'est toi qui me poussais à partir, à fuir.
Badiène Oumy l'interrompit.
- c'était pour ton bien. Tu avais des créanciers sur ton dos et on menaçait de te conduire en prison.
- mais c'était de ta faute Oumy et celle de ton père...
Badiène Oumy se leva prestement, les yeux injectés de sang
- ne parle pas de mon père. Il n'est plus là. Vous n'avez plus le droit de parler de lui. Il n'a rien fait. Toi tu avais un vice et c'est ce qui t'a perdu...
On essaya de la calmer, mais elle criait, et un moment, Omar dut la faire sortir.
Il régnait après son départ un silence de cathédrale. Elle revint quelques minutes plus tard, tête baissée, sans un mot.
- je vais continuer, reprit son père. Je n'avais jamais eu l'intention d'en parler, mais Oumy toi tu me déçois. Mon vice pour les jeux c'est ton père. C'est lui qui m'a poussé à y aller, me disant que je gagnerais plus, que même si je perdais plusieurs fois, je pouvais gagner le jackpot et tout retrouver.
Il était en colère et parlait encore plus difficilement.
- j'admets à la longue que j'étais dépendant à ces jeux et que ça m'a couté cher. Je le reconnais. Mais ton père y était pour quelque chose ; en plus il ne cessait de m'emprunter de l'argent. Argent qu'il ne me remboursait jamais. Et tu le savais. Un jour, en grande discrétion je suis venu t'en parler. Tu étais ma petite sœur et tout le monde savait les relations particulières que j'avais avec toi. Quand les créanciers ont commencé à me harceler, c'est toi qui m'as demandé de partir. Le temps que ton père paye ses dettes et que tout s'arrange. Comme un gamin, j'ai accepté. J'avais confiance en toi Oumy. On s'entendait les mieux, même si on n'avait pas les mêmes pères.
- arrêtes d'en rajouter. Mon père ne te devait pas grand-chose.
Toute la salle gardait un silence...froid. Escamoté. Tonton Omar reprit la parole
- mais Souleymane, comment tout ceci pouvait se passer sans que tu nous en parle ? Moi et tes grandes sœurs. Comment ?
Ce dernier secoua la tête.
- je ne sais pas. J'avais honte je crois. J'avais des difficultés et Oumy était toujours chez moi, on discutait tout le temps. On était proche. Vous vous étiez mes grands...j'avais plus de problèmes pour vous parler. Avec Oumy c'était plus facile. Quand j'ai décidé de partir, je voulais amener ma famille, mais elle m'a dit que ça allait être plus compliqué. Elle a alors promis de les garder jusqu'à ce que la situation se tasse. Quand son père est mort, elle m'a assuré qu'avec l'héritage, elle pourra rembourser tout le monde et que je pourrais revenir, mais quelques temps après, elle m'a fait savoir que finalement, il n'y avait pas grand-chose. je lui envoyait tout ce que j'avais pour ma famille. Tout. A chaque rentrée scolaire, elle me demandait de me préparer pour pouvoir envoyer quelque chose aux enfants. A la tabaski, elle me demandait le prix du mouton. Quand je lui demandais à parler à ces dernières, elle me passait une fille qui était sensé être Assy. Pour Saly, elle me répétait toujours qu'elle m'en voulait et ne voulait pas me parler. A la longue, je me suis fatigué. Et j'ai commencé à être malade. Mais elle a toujours su ou j'en étais. Je l'appelais tout le temps. C'est juste ces dernières années que je n'ai pas donné de nouvelles.
Tonton Omar poussa un soupir douloureux tandis qu'Omar regardait sa mère comme si il la voyait pour la première fois. L'atmosphère était lourde et son père était complètement essoufflé par tout l'effort qu'il avait fourni. Il reprenait son souffle et Badiène Fatou en profita pour prendre la parole, la voix rauque, chargé d'émotion.
- Oumy, lii eupe na. Mais pourquoi ? Cet argent qu'il envoyait, tu n'as jamais donné cela à Saly ?
Oumy se révolta. Violemment
- je payais ses dettes avec. Ne m'emmerdez pas.
Badiène Fatou se leva et pointa un doigt menaçant vers elle
- ne nous insulte pas. Tu es la plus petite ; au lieu d'avoir honte de ton comportement, tu te permets de nous insulter. Comment tu as pu faire cela ? Ton père était un vaurien et tu ne vaux pas mieux que lui.
Cette fois Badiène Oumy se leva
- c'est votre père le vaurien. Vous ne m'avez jamais aimé. Vous me regardiez comme la fille de votre mère. Celle qui ne va pas réussir. Mais j'ai vite compris.
Tonton Omar l'interrompit
- mais arrête Oumy. Comment tu peux penser cela ? Comment ? Tu es notre sœur. Une sœur à part entière. C'est pour cette raison donc que tu as été si méchante avec la famille de Souleymane, faisant tout pour les éloigner de nous. Tu nous disais toujours que Saly disait du mal de nous, raison pour laquelle personne ne voulait les approcher. Tu ne disais jamais que tu avais des nouvelles de Souleymane. Jamais. Oumy tu es mauvaise...
- elle ne disait jamais rien...murmura ce dernier en regardant Badiène Oumy qui la regardait fixement, avec un air hautain. Qu'est ce que je t'ai fait Oumy.
- tu as réussi...là ou mon père a échoué...
Avant qu'elle ne puisse terminer, le père s'Assy tomba lourdement sur le lit, les yeux révulsés, la respiration saccadée. Tout le monde accourut et Assy qui était à côté fut incapable de faire le moindre mouvement. Trop tétanisé. Comme dans un rêve, elle perçut le cri strident de sa mère, le gémissement de son oncle qui invoquait le nom d'Allah, les gestes brusques d'Omar qui s'était penché sur lui pour essayer de le secouer. Comme dans un rêve, elle sentit la panique, la fébrilité dans les gestes. Elle sentit qu'on la soulevait brusquement pour la faire sortir de la chambre et la mettre dans une autre pièce. Incapable du moindre geste, tremblante, elle était restée à la même place. Combien de temps ? Elle ne saurait le dire. A penser à quoi ? Surement à rien. Elle regardait autour d'elle, essayant de comprendre. En vain.
Les cris la trouvèrent à la même place et elle ne chercha pas à comprendre pourquoi les femmes criaient. Elle perçut les sirènes hurlantes d'une ambulance. Elle se souvint juste que le bruit était...agaçant. Elle se boucha les oreilles. Et c'est dans cette position qu'Omar la trouva. Elle le regarda. Remarqua son visage ravagé, ses bras ballants ;
- Assy...
Elle continua à le fixer.
- je suis désolé...murmura t-il. Viens, viens le voir avant qu'on ne l'amène...
- voir qui ? demanda t-elle, ne comprenant toujours pas.
Il s'assit à côté d'elle et lui prit la main. Doucement
- Assy, ton père vient de...mourir. Le médecin a constaté le décès, et on va l'évacuer à la morgue.
Il parlait doucement et l'information eut du temps à arriver au cerveau d'Assy. Elle ne dit rien et à ce moment, son oncle Omar entra également dans la pièce et les regarda, l'air grave.
- Assy, viens...
Elle secoua vigoureusement la tête. Non, elle ne voulait pas venir. Elle ne voulait pas. Ses badiènes firent aussi irruption dans la pièce, lui demandant d'invoquer le nom de Dieu, d'être forte, de prier pour lui. Elle ne sut quoi leur répondre et elle les regarda pleurer se demandant si elles étaient vraiment sérieuses ou si elles jouaient la comédie. Elle était sur le coup, incapable de verser une seule larme. Un moment, elle se leva et on s'écarta pour la laisser passer. Lentement, elle s'avança vers la chambre, ou quelques heures plus tôt, son père l'avait accueilli, un sourire aux lèvres. Sa mère.
Cette dernière était prostrée, pliées, pleurant douloureusement. Elle regarda ensuite, le corps inerte, recouvert entièrement d'un drap avant de s'avancer et de le soulever lentement. Il dormait. Il était tellement paisible. Enfin, elle n'entendait pas la respiration sourde, les efforts d'inspiration. Non, il était calme. Semblant sourire.
- Papa...papa...appela t-il espérant farouchement, nerveusement une réponse.
Elle toucha le corps...froid. Recula. Omar était juste derrière elle et la récupéra.
- réveille-le Omar. J'ai des choses à lui dire.
- Assy...dit-il les yeux pleins de larmes, ému.
- Omar...s'il te plait. Je dois lui dire que je ne lui en veux pas...qu'il...
Elle ne put continuer, la gorge nouée par l'émotion
- je ne peux pas...
Il se couvrit le visage et détourna la tête. A ce moment, elle comprit. Elle regarda à nouveau le corps, sa mère prostrée et... s'écroula.
Assy remercia Patrick. Encore aujourd'hui, il lui permit de rentrer plus tôt. Il la ramena jusque chez elle et l'accompagna à l'intérieur. Aicha était revenue elle fut à peine surprise de la voir revenir à cette heure. Depuis presque une semaine, elle était incapable de travailler correctement.
- tu veux que je reste ? demanda t-il doucement
Elle sourit.
- Non je t'assure que ça va beaucoup mieux. C'est juste que j'ai des maux de tête.
- Aicha m'a dit que tu ne manges rien.
Elle le rassura et il partit quelques minutes plus tard. Elle prit Seydina dans ses bras et retrouva un peu de lumière. Son fils. Son père était mort depuis presque 40 jours et elle se remettait difficilement. Très difficilement. Que de regret. Retrouver son père et le perdre si rapidement. Elle avait du mal à croire à tout ceci. Et surtout, elle avait du mal à s'ôter ce sentiment de culpabilité. Tenace. Elle se sentait coupable. Personne n'y pouvait rien. Au lieu d'essayer de profiter de son père, elle avait créé des histoires qui avaient conduit à la mort de ce dernier. Sa mère était resté jusqu'au troisième jour avant de rentrer à St-louis. Elle aussi était très affectée et son état de santé s'en ressentait.
Rama avait tenue à faire le déplacement pour rester avec elle quelques jours avant de rentrer. Avec Assy, elles avaient accompagnée Mère Saly à St-Louis, pour la cérémonie et un monde fou se présentait pour présenter les condoléances. Tout ce monde la génait, mais elle était obligé de supporter, d'accepter machinalement les prières, de recevoir les conseils de courage.
Iba et Khalil aussi avait fait le déplacement pour présenter leur condoléance quelques jours plus tard. Mais la réaction de Mère Saly fut des plus froides quand elle reconnut Iba et créa une petite gêne. Mais Assy était trop triste pour s'en formaliser. Elle les remercia néanmoins pour le déplacement et Iba lui dit qu'il comptait retourner bientôt au Gabon pour des affaires urgentes, même s'il aurait aimé rester pour la soutenir. Elle préféra de pas répondre à cela, continuant à le remercier. Ils lui laissèrent une somme d'argent astronomique et elle fut tentée de leur rendre, mais par politesse, n'en fit rien.
Elle vivait cela difficilement, mais songeait plus à sa maman. Elle aurait voulu lui parler, lui dire qu'elle regrettait, mais sa mère ne cessait de lui répéter que c'était la volonté divine et qu'il fallait faire avec. Son frère Abdoulaye pleura un moment avant de retourner à ses activités. Inconscient. Il n'a jamais vraiment eu l'occasion de connaitre son père. Quand il partait il avait à peine deux ans. Et tout cela à cause de...Badiène Oumy. En y songeant, elle ne put s'empêcher de ressentir une haine, une rancœur.
Elle en voulait à tout le monde. Ses badiènes son oncle, qui pourtant au lendemain de l'enterrement ont organisé une réunion pour s'excuser, demander pardon à Assy et Saly. Mais rien n'y avait fait. Elle leur en voulait. Ils n'avaient jamais fait grand-chose pour s'enquérir de la situation de leur frère, se contentant de croire tout ce que cette femme leur racontait. Elle ne put s'empêcher de le leur cracher à la figure. Il fallait que ça sorte.
A son retour, elle avait reprit son travail, mais n'y arrivait pas toujours. Seule dans son bureau, il lui arrivait de pleurer, ou d'être ailleurs, faisant tout sauf travailler. Et à chaque fois que Patrick la trouvait dans cet état, il lui demandait de partir et de se reposer. Comme aujourd'hui. Elle couchait Seydina en y repensant, se demandant si un jour, elle arriverait à surmonter tout cela.
Elle était en train de diner quand Omar sonna à la porte.
- salut...dit-il lentement quand elle ouvrit la porte
- salut.
Elle s'écarta pour le laisser entrer. Depuis le décès de son père, leur relation s'était compliquée. Au début, elle ne supportait pas de le voir. Elle l'assimilait trop à sa mère. Trop. Juste quelques jours après la mort de son père, lorsque les oncles les avait appelé et avaient décidé de sceller à nouveau le mariage, Assy avait refusé, disant qu'elle n'avait pas le cœur à cela. Mais en fait, elle avait juste cette impression bizarre de salir la mémoire de son père en se mariant avec le fils de cette...femme. Badiène Oumy avait fait trop de mal et Assy la tenait responsable de la mort de son père. Même si elle essayait de se convaincre que de toute façon les médecins avaient décelé cette maladie au cœur et ne lui donnait plus trop de temps, elle estimait qu'elle avait tout accéléré. Elle l'avait achevé par sa méchanceté. A telle point que son pauvre cœur avait lâchée lorsqu'il avait découvert tout ce que sa sœur lui avait fait toutes ces années. Non, elle ne pouvait pas juste après s'unir à son fils.
Omar, comme s'il avait comprit, n'avait pas trop insisté. Même s'il a été très présent pour elle. L'aidant avec Seydina, essayant de la réconforter, restant souvent avec elle, même si c'était dans un silence qu'Assy ne faisait rien pour rompre. Elle ne voulait pas parler. Malgré tout, il avait été magnifique. Mais elle ne pouvait pas.
- Assy, tu va mieux. J'ai appelé à ton bureau et on m'a dit que tu étais partie tôt.
Elle se retourna et le regarda furtivement
- oui, je ne me sentais pas bien.
Elle est retournée s'installer devant la télé, repoussant son diner. Il s'est alors installé près d'elle avant de vouloir l'obliger à manger un peu. Elle sourit en le remerciant. Après quelques minutes où chacun se taisait, il rompit enfin ce silence.
- Assy, est ce qu'on peut parler ?
Elle le regarda en fronçant les sourcils et à son air sérieux, elle comprit et secoua la tête.
- je n'ai pas envie de parler Omar. Je suis fatiguée et demain je dois aller à St-Louis.
- Non, écoute-moi. Je t'ai laissé du temps Assy, je savais que tu n'allais pas bien. Mais je veux juste que tu saches que je tiens toujours à ce qu'on se marie.
Elle hésita un moment.
- Non Omar, je ne pense pas que ça soit possible. Il s'est passé trop de choses. Trop. Ta mère...je ne supporterais plus de la voir. Elle nous a fait trop de mal. Je...la déteste au plus profond de moi. Je ne me sens pas capable de lui pardonner ni maintenant ni après. Si on se marie, je serais obligé de la côtoyer. Car c'est aussi ta mère. Et j'aurais l'impression de...ternir la mémoire de mon père
Omar prit un air désolé, ne comprenant pas ce qu'elle disait.
- Assy, ne dis pas ça. C'est comme si tu me tenais aussi responsable de tout ce qui s'est passé.
- Non, ce n'est pas cela. Mais comprend-moi.
Il hésita.
- Assy, ma mère regrette et est très affectée par tout ça. Elle est souffrante et hospitalisée et ne va pas bien du tout. Je lui en veux énormément, mais c'est ma mère. Je ne peux pas l'abandonner comme cela.
Assy se contenta de le regarder.
- tu vois. C'est ça que je ne pourrais pas supporter. Je te demande de ne plus me parler d'elle. Jamais.
Elle se leva, énervée et alla s'enfermer dans sa chambre. Il vint l'y trouver. Elle était assise sur le lit, sur le point de pleurer. Il s'assit à côté et l'enlaça tendrement. Elle se laissa aller contre lui.
- Assy je t'aime. Je sais que c'est difficile pour toi, mais ça l'ai autant pour moi. Je t'assure. Laisse-moi juste un peu de temps, et si tu veux on part s'installer ailleurs. On quitte ce pays.
Elle se redressa pour le regarder.
- je ne peux pas. Ma mère a besoin de moi. Elle est maladive. Et je ne vais pas m'en aller à cause d'elle.
- Assy, dans ce cas on a quelle solution pour nous ?
Elle baissa la tête. Mais il la releva et ils se regardèrent un moment avant qu'il ne se baisse lentement pour déposer ses lèvres sur les siennes. Doucement. Sans plus. Avant de s'écarter.
- je te laisserais le temps. Mais je t'en prie, ne me dis pas que plus rien n'est possible entre nous. Je t'aime tellement Assy.
- parfois ce n'est pas suffisant.
- il faudra faire avec. Je n'ai nullement l'intention de laisser tomber Assy.
Elle ne répondit rien. Et au bout de quelques minutes, il se leva pour prendre congé.
Elle se rendit à St-louis le lendemain car ce jour coïncidait avec le 40ème jour du décès et sa mère devait faire réciter des versets de Coran. Le soir, elle fut surprise de voir arriver Omar, son père et sa Badiène Fatou. Ne voulant pas leur parler, elle se réfugia dans une maison voisine, mais le mari de sa tante vint l'y trouver pour lui demander de sortir saluer sa famille. Elle fut donc contrainte d'y aller, la mort dans l'âme et d'écouter, encore une fois les discours de pardon, d'appel a l'union de la famille et de prière pour le repos de l'âme de son père. Elle écoutait, sans rien dire. Quand sa mère prit la parole, ce fut pour à son tour entonner la même trompette et leur dire que tout ce qui s'est passé appartient au passé et qu'elle pardonnait. Un moment il y eut un silence et quand Assy releva la tête, elle remarqua que tous les regards étaient braqués sur elle, attendant une réaction de sa part. Elle aurait voulu s'abstenir de dire ce qu'elle pensait mais on l'y poussa. Elle leur dit qu'elle n'arrivait pas à pardonner et que c'était trop facile de venir comme cela du jour au lendemain, leur demander d'oublier.
- je suis désolée, je ne pardonne pas, et je n'oublie pas.
Elle eut droit à un sermon, mais elle resta butée, incapable par la suite de dire un seul mot. Avant de partir, tonton Omar la prit l'écart et lui parla à nouveau. Cette fois, il lui parla de son père, des bienfaits qu'il faisait, de sa bonté légendaire qui finalement l'a perdue, de sa piété. Assy éclata en sanglot et s'accrocha à son boubou. Avant qu'ils ne partent, elle consentit à leur parler plus correctement, même si elle leur répétait qu'elle n'oublierait jamais tout ce qui s'est passé.
Plus tard, alors qu'ils étaient rentrés et qu'elle discutait avec sa mère, celle-ci lui parla encore de son père. Lui raconta leur histoire, comment son père était généreux. Des choses qu'elle ne lui avait jamais dit car Assy refusait systématiquement qu'on parle de lui. Maintenant, elle voulait tout savoir. Tout. Et elle commença à apprécier cet homme. Mais tellement trop tard.
Les mois passèrent tout lentement et Assy se remettait petit à petit de tout ça. Elle aurait voulu ne plus voir Omar, mais c'était impossible. Seydina les unissait à jamais. Mais elle lui avait imposé des jours de visite pour ne pas qu'il vienne à n'importe quelle heure. Au début, ils s'étaient disputés un peu violemment et Omar lui dit qu'il en avait assez de ses caprices et que Seydina était son fils. Mais Assy avait été ferme. Maintenant, il passait le voir les mercredi soir, et le dimanche, il l'amenait chez lui pour passer la journée. Au fil des semaines, il prit le rythme et leurs relations s'adoucirent à nouveau. L'anniversaire de Seydina passa, les fêtes de fin d'année, le tout dans une ambiance assez morose pour Assy. De temps en temps Omar tentait de petites approches, mais elle le freinait rapidement, toujours décidé à n'entretenir que des relations purement cordiales, ne sachant pas trop quoi faire de sa vie, ni ce que l'avenir lui réservait...encore.
Omar regarda la jeune fille avec intérêt. Ça faisait plusieurs fois déjà qu'ils se rencontraient dans ce parc d'attraction. Elle aussi venait toujours seule avec son enfant de 3 - 4 ans. Les premières fois, c'était de petits sourires, ensuite, ils avaient commencé à se saluer timidement. Et ce dimanche, il la voyait s'avancer joyeusement avec sa petite fille. Jolie brin de fille.
Il fit cette fois le premier pas.
- Salut.
Elle lui sourit. Avant de lui tendre la main
- Salut. Filly Ndoye
Il saisit la petite main avec un sourire
- Omar Bocoum. Enchanté.
Les présentations faites, ce fut au tour de leurs enfants respectifs de se faire présenter et Omar fit la connaissance de Mayé, la mignonne petite fille de Filly. Elle avait 4 ans et au début, Omar hésita à pousser plus les présentations, ne sachant pas vraiment son statut matrimonial, même s'il ne l'avait jamais vu avec un homme. Mais elle le rassura en lui disant juste qu'elle n'avait personne dans sa vie. Au fil des rencontres, ils apprirent à se connaitre, échangèrent leur numéro, et c'est ainsi qu'Omar découvrit qu'en fait, Filly était veuve. Il fut très surprit de cette révélation car elle était jeune. Très jeune. Elle lui expliqua qu'elle avait 23 ans et que son mari avait eu un accident et était mort sur le coup il y a 3 ans. Et même trois ans après, elle en parlait les larmes aux yeux. Il apprit donc à la connaitre et ne manqua pas de parler de lui, lui expliquant qu'il était divorcé. Elle lui dit qu'elle trouvait Seydina très jeune. Il ne voulut pas vraiment entrer dans les détails, mais lui expliqua que c'était compliqué entre eux et que c'était vraiment fini. Il la trouvait très belle, très douce, très cultivée. Il apprit à la connaitre, à l'apprécier et finalement, commencèrent à entretenir une relation qui dépassa rapidement le stade de l'amitié.
Quelques semaines plus tard, alors qu'il ramenait Seydina, il décida de parler à Assy. Bientôt 8 mois que son père était mort et bientôt 8 mois qu'il avait l'impression qu'elle avait rejeté toute la faute de cette mort sur lui. Au début, il voulait être patient, se disant que ça lui passerait et qu'il ne se voyait pas faire sa vie avec une autre personne. Mais plus le temps passait, plus il avait l'impression qu'Assy faisait tout pour le sortir de sa vie. Parfois c'était à peine si elle le saluait. Après tous ces mois de patience, il avait décidé lui aussi de passer à autre chose. Même s'il l'aimait. Comme un fou. Mais se voyait mal passer sa vie à lui courir après. Le temps passait et rien n'évoluait. Il venait chercher son fils les mercredis après midi et les dimanches matins. Sans plus. Cette situation ne pouvait continuer. Il avait aussi besoin de fonder une famille, d'avoir une femme dans sa vie. Il ne savait pas si un jour Assy serait dans de meilleures dispositions. En tout cas, elle était fermée comme une huitre et lui commençait à se lasser d'être toujours éconduit. Toutes les tentatives qu'il faisait pour essayer de la récupérer tombaient à l'eau. Et depuis quelques semaines, il avait laissé tomber. Depuis qu'il avait rencontré Filly, il voulait essayer de tourner la page.
Il avait décidé de jouer le même jeu qu'elle. L'ignorance. Ils ne se parlaient que pour des choses concernant Seydina. Cette situation lui pesait car il aimait malgré tout cette femme têtue. Qui se bornait à chercher des coupables à la mort de son père. Lui-même reconnaissait le rôle de sa mère, la méchanceté de celle-ci durant toutes ces années. Oui, il en voulait terriblement à sa mère. Comme d'ailleurs toute la famille. Mais en fait, tous supportait mal, très mal tous les actes que leur mère avait eu à poser. Même lui n'y arrivait pas. Autant de méchanceté gratuite, d'une personne comme sa mère, la sidérait. Mais ce n'était pas une raison pour qu'Assy veuille le faire payer. Non, il ne comprenait pas Assy. Il avait assez attendu. Il avait décidé de tourner la page. Comme elle.
- Salut Assy...dit-il en lui tendant Seydina.
Elle le prit sans un regard pour lui en souriant à son fils
Lui ne pouvait s'empêcher de l'observer, d'admirer son beau visage, ses longs cheveux relâchés, ses belles jambes mises en valeur par la petite robe qu'elle avait mis, cette poitrine, dévoilée par le décolté...il secoua la tête pour se ressaisir et essaya de faire venir l'image de Filly.
- Assy, je voudrais te parler des formalités pour le divorce au tribunal, dit-il calmement
Cette fois elle le regarda, l'air vraiment étonné.
- Haa, dit-elle simplement sans pouvoir détacher ses yeux.
Il hésita un moment
- Oui, je crois que parfois il faut se rendre à l'évidence. Je sais que tu n'es pas disposé à me donner une autre chance. Je t'ai supplié, je t'ai demandé pardon, je...je crois que j'ai tout essayé, mais tu...ne semble pas vouloir de moi. Je pensais que ça te passerais, mais j'ai bien l'impression que c'est plus profond que ça. Je ne peux pas passer le reste de ma vie à te courir après Assy. Je crois qu'à un moment, il faut savoir...admettre les choses.
Assy continuait à le regarder sans rien dire, l'air vraiment surprise.
- heuu...je...
Elle détourna la tête et semblant se ressaisir, elle le regarda à nouveau.
- C'est comme tu veux Omar. Dit-elle finalement
Il s'approcha d'elle et lui toucha la joue.
- moi ce que je veux c'est rester toi Assy. Je t'aime, le sais. Je n'aime que toi, murmura t-il
Elle garda le silence. Avant de baisser la tête. Il attendit encore, espérant, mais rien ne vint. Omar soupira et sans rien ajouter, il déposa le sac de Seydina avant de tourner le dos et partir. En sortant, il se promit que c'était la dernière fois qu'il lui faisait ce genre de déclaration.
Assy dormit mal cette nuit là. Elle ne savait plus ou elle en était. Elle aurait voulu tourner la page Omar, elle le souhaitait. Mais elle devait reconnaitre qu'elle n'y arrivait pas. Les prétendants ne manquaient pas. Fatou, une de ses collègues s'était assigné comme mission de lui chercher un mari. Elle lui présentait son frère, son cousin...Elle acceptait de sortir diner avec eux pour se changer les idées et pourquoi pas, voir s'il y avait des affinités. Ces derniers étaient toujours intéressé, mais pas elle, même si elle devait reconnaitre qu'ils étaient très gentils. Assy retournait toujours voir Fatou pour lui dire qu'elle ne les trouvait pas vraiment à son gout. Pas assez grand, pas assez charmant, pas assez noir, pas assez...viril. Fatou n'y comprenait rien. il a fallu qu'un jour, elle tomba sur Omar qui ramenait Seydina pour attaquer Assy et lui dire qu'elle n'avait pas de sosie de son ex mari chez elle. Malgré Ses dénégations, elle devait quand même reconnaitre qu'Omar lui manquait vraiment. Seul Patrick semblait vraiment s'accrocher et de temps en temps essayait à nouveau de se faire une place. Surtout qu'Assy lui avait tout expliqué, lui disant qu'elle ne songeait plus à retourner avec Omar. Même s'ils étaient très proches, elle ne voulait pas aller plus loin avec lui. Donc, 8 mois après le décès de son père, la rancœur et l'amertume qu'elle ressentait pour Omar s'était apaisé. Le temps aidant, elle commençait à oublier, à s'apaiser. Mais elle était trop fière pour l'avouer et surtout, elle n'avait vraiment été toujours gentille avec lui. Et cette conversation lui prouvait que si elle ne se décidait pas rapidement, il allait le perdre définitivement.
Les jours suivants, Omar se montra encore plus distant avec elle, ne lui laissant même pas l'occasion de lui parler. Quand ils étaient ensemble, il évitait de la regarder, et semblait toujours pressé de partir. Elle attendait qu'Omar lui parle à nouveau du divorce, mais il n'en fit rien. Il se contentait juste de venir prendre Seydina et de le ramener. Ce dernier ne manquait de rien car chaque fin de mois, il remettait à Assy une importante somme pour ses besoins sans compter les tonnes d'habits qu'il achetait en permanence. A un moment, elle voulut à nouveau aborder le problème de leur divorce civil, mais elle n'osa pas, préférant attendre. Mais elle devait admettre qu'elle commençait sérieusement à regretter son comportement avec lui.
Alors qu'elle s'y attendait le moins, un dimanche qu'elle était toute seule chez elle à regarder la télé, on sonna à la porte. Elle n'attendait personne et à sa grande surprise, elle ouvrit à Amy, Awa et Alassane. Les frères et sœurs d'Omar. Ils restèrent longtemps à la porte à se regarder et Assy se demandait ce qu'elle devait faire. Finalement, Alassane, en grand farceur, lui sauta au cou et dérida l'atmosphère. Elle les laissa entrer, et les installa au salon
- Je sais que tu dois être très surprise de nous voir ici. C'est Omar qui nous a expliqué ta maison car on tenait vraiment à venir, commença Awa.
Assy gardait le silence, ne sachant pas trop comment prendre cette visite, mal à l'aise
- Assy, on tenait à venir pour présenter nos excuses. De la part de toute la famille pour tout le tort que ma mère a eu à te causer.
Assy baissa la tête. Émue.
- Je...
Elle ne trouvait pas ses mots. Alassane prit alors la parole
- en fait, nous aurions du venir depuis longtemps. Ce n'est pas vraiment la première fois qu'on te cause du tort, mais bon, tu connais la nature humaine. On ne se rend compte que c'est trop que quand ça déborde et cette fois ci les choses ont dépassé les bornes. Moi je t'avoue que je vis très mal les choses. Très. C'est notre mère, mais pour ce coup, on n'est pas du tout d'accord avec elle
- Alassane, arrêtez voyons vous allez me gêner. Je sais que vous n'êtes pour rien du tout. Je vous avoue que les choses n'ont pas été faciles. Au contraire, j'ai très mal vécu tout cela, mais maintenant ça va.
Amy prit aussi la parole et fit un discours émouvant qui fit verser à Assy quelques petites larmes. Tout le monde s'accorda à lui demander pardon, et ils réussirent à la toucher. Mais quand ils lui dirent que Badiène Oumy était vraiment malade et voulait lui parler, elle se braqua, refusant catégoriquement de la voir.
- je peux lui accorder mon pardon, mais ne me demander pas de la voir ou de lui parler. Je n'en suis pas capable
- Mais promet-nous au moins d'y réfléchir Assy, dit Alassane suppliant. On savait que ça n'allait pas être facile pour toi, mais penses-y Assy.
Elle se tut, et heureusement qu'ils n'insistèrent plus. ils restèrent encore un moment et au moment ou ils prirent congé, Omar sonna à la porte, ramenant Seydina. Il sembla surprit de les voir et ces derniers, à la vue du petit, s'extasièrent tous et restèrent encore un bon moment à s'amuser avec lui. Plus tard, Awa la prit à l'écart pour encore lui parler, mais cette fois d'Omar
- Assy, Omar m'a parlé de votre relation. Je trouve désolant que vous en soyez arrivé là à cause de ma mère. Je sais que ça fais trop de faveur, mais remettez-vous ensemble. Il t'aime vraiment et...
- Awa, je sais. Je te promets aussi d'y réfléchir.
Awa lui fit une grosse bise et elles finirent par rejoindre le groupe. Au moment de partir, elle essaya de retenir Omar pour lui parler, mais il lui dit qu'il était pressé et qu'il l'appellerait plus tard.
Elle attendit en vain et quand elle se décida à l'appeler, il semblait...occupé.
- excuse-moi Assy, j'allais t'appeler, commença t-il quand il décrocha
- heuu. Ce n'est rien. Je pensais que tu avais oublié.
- Non, heuu...tout va bien ?
Elle hésita, ne sachant par ou commencer.
- Oui, en fait je...
Ils furent interrompus par une voix féminine
- bébé, on y va ?
Elle perdit ses moyens et faillit se sentir mal
- heuu, je suis au téléphone, une petite minute j'arrive. Oui, Assy tu disais ?
Elle ne savait plus.
- je te dérange Omar, réussit-elle à dire calmement. Ce n'était rien d'important. Juste te dire que j'ai été touchée par la visite de ta famille.
- Ah...je ne savais même pas qu'ils allaient venir...
Elle se dépécha de raccrocher, le cœur battant, déçue. Elle ne devait pas, mais elle éprouvait une jalousie sans borne. Omar, son Omar avec une autre femme qui l'appelait « bébé ». Ne supportant pas cette idée, elle appela Rama pour lui parler de la visite qu'elle venait de recevoir et aussi de son coup de fil à Omar. Comme d'habitude, elle lui dit qu'elle ne la comprenait pas et qu'elle la trouvait bien rancunière
- la Assy que je connaissais n'était pas comme cela. da nga fouye. Moi là qui cherche désespérément un mari si j'avais un homme qui m'aime comme Omar t'aime, je n'allais pas m'amuser avec. Arrête les bêtises là et retourne avec lui. C'est lui que tu aimes. Tu penses qu'il va t'attendre toute sa vie ? tu l'a rejette combien de fois ?
Assy garda le silence, honteuse. Rama ne changera jamais. C'était toujours le même discours qu'elle lui tenait depuis qu'elle avait décidé de ne plus retourner avec Omar.
- Rama, sa mère...
- mai arrête avec sa mère ceci, sa mère cela. Toute ta vie tu va vivre avec cette haine ? Tu risque de finir comme elle.
Cette fois Assy ne rigola pas. Elle n'aimait pas cette comparaison
- de toute façon je viens dans moins d'un mois. On en reparlera. Mais un conseil récupère ton mari.
Elle raccrocha, pensive. Le récupérer ? Oui, bien sur qu'elle le voulait. Mais et s'il avait vraiment tourné la page. Elle ne savait pas si elle pouvait s'y résoudre. Une image furtive de leurs deux corps nus sur le lit en train de se câliner lui traversa l'esprit et la fit frissonner. Oui, elle l'aimait, mais pendant des mois la rancœur et la haine qu'elle ressentait pour sa badiène l'avait aveuglé. De toute façon Omar était tellement distant ces temps ci qu'elle se demandait comment faire pour lui parler. Non, elle ne savait pas. Elle l'avait tellement de fois rabrouée qu'elle avait honte de venir comme cela du jour au lendemain lui dire que tout allait bien et qu'elle réfléchissait à l'éventualité qu'ils se remettent ensemble. Et pourtant c'était bien le cas.
- Tu as bien mangé ? demanda Omar
Filly le regarda et sourit.
- Oui chéri, j'ai même trop mangé.
Il lui prit la main, faisant semblant de lire les lignes. Ils étaient ensembles depuis bientôt deux mois et chaque jour, il apprenait à la connaitre. C'était une femme magnifique. Sur beaucoup de plan. Belle, cultivée, douce. Elle lui avait avoué que depuis le décès de son mari, elle n'avait jamais accepté de sortir avec un homme. Jusqu'à ce qu'elle le rencontre. Bien sur, il avait remarqué qu'elle était très sensible et avait comme peur d'être à nouveau...seule. Oui, il avait cette impression qu'elle avait toujours besoin d'être rassuré, de s'entendre dire qu'il ne l'abandonnerait jamais. Ce sentiment de dépendance le changeait d'Assy qui s'évertuait à lui montrer qu'elle pouvait vivre sans lui. Quoique, il avait noté un changement dans son comportement de ses derniers temps. Mais il préférait ne pas s'y attarder, ne voulant pas se donner de fausses idées. Il avait entamé une relation avec Filly et il voulait construire quelque chose avec elle. Omar aurait tellement aimé être sur la même longueur d'onde qu'elle, mais il devait avouer que pour le moment, ce n'était pas le cas. Mais il essayait d'oublier Assy, de ne pas l'imaginer à la place de Filly
- tu lis quoi ? demanda t'elle doucement, alors qu'il regardait encore sa main
- je lis que Mme va passer une excellente soirée...répondit-il en souriant
- c'est déjà fait. Omar, tu ne peux pas savoir à quel point j'aime être avec toi. Je t'aime tellement. C'est fou. Depuis le décès de mon mari je n'ai jamais imaginé que je pourrais à nouveau être amoureuse.
Omar lui sourit. Légèrement gêné par toutes ses déclarations.
- on y va ? ça te dirait de terminer la soirée chez moi, histoire de regarder un bon film
Elle hésita un moment
- et tu es sûr que tu n'as pas d'autres idées en tête
Omar fit mine de réfléchir
- peut être bien. C'est difficile d'être en face d'une si belle femme et de ne pas avoir de petites idées derrière la tête
Filly éclata de rire et se leva pour le suivre.
Ils regardèrent le début du film, avant que Filly se retourne et commence délicatement à l'embrasser. Il ne résista pas longtemps avant de l'attirer à lui et de se montrer plus pressant. Elle aussi s'enhardissait et un moment soupira sourdement quand il glissa sa main sous son chemisier, le regarda intensément
- Oh Omar, tu me fais revivre, dit-elle sourdement
Emu, il se calma un peu et s'appliqua à lui caresser lentement le corps en la déshabillant. Un moment, elle voulut l'arrêter car elle avait senti son état d'excitation, mais Omar l'avait rassuré
- laisse-toi faire, je ne ferais rien que tu ne voudras pas, avait-il murmuré.
Elle l'avait alors laissé faire, laissant Omar la déshabiller, découvrir son corps, lentement, sa main faisant place à une bouche experte et chaude.
- Ohh Assy...murmura t-il, les yeux voilés le désir
Il sentit Filly se raidir, sans vraiment comprendre pourquoi. Tout à coup, elle se redressa et ajusta rapidement son pantalon avant de chercher son soutif, qu'elle remit rageusement
- Quoi ? demanda Omar. Qu'est ce qui te prend ma chérie. Je t'ai dit que...
- je ne m'appelle pas Assy. Moi c'est Filly. FILLY, cria t-elle presque
Omar sursauta, se rendant alors compte de sa gaffe.
- oh excuse-moi, filly...je suis...
Elle avait remis son chemisier et s'était levée. Mais Omar fut plus rapide et la rattrapa après avoir enfilé rapidement sa chemise.
- Attend Filly. Je suis désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris
Il se confondit en excuse devant une Filly qui gardait le silence, le visage ravagé d'un coup.
- tu l'aimes toujours ? Finit-elle par demander, triste
Il hésita un court moment
- c'est du passé Filly. Vraiment fini. Ne laisse pas ce genre de choses gâcher les choses entre nous. S'il te plait. Ça ne veut absolument rien dire.
- tu sais, c'est pour ne pas être déçue que je n'ai jamais accepté de sortir avec un homme. Mon mari a été mon premier amour et il ne m'a jamais fait de mal de ma vie. Le seul tort qu'il m'a causé c'est d'être parti si tôt. Je ne veux pas souffrir Omar. Je t'aime sincèrement. Si tu n'es pas en mesure d'entretenir une relation avec moi dis le moi maintenant. Que j'arrête les frais. J'ai une petite fille et pas vraiment le droit à l'erreur
Omar la regarda, perdu. Vraiment perdu. Il était avec Filly pour oublier Assy. Assy ne lui laissait pas vraiment le choix. Il avait fait suffisamment d'effort pour elle. Il devait tourner la page. Même s'il l'aimait toujours.
- fais-moi confiance Filly. Moi aussi j'ai souffert en amour. Je veux oublier avec toi et j'avoue que j'y arrive. Tu me mets dans des états...
Filly sourit, et ceci encouragea Omar
- pardonne-moi ma chérie. Viens et continuons, là ou on s'était arrêté, dit-il avec un air coquin en se mordant la lèvre
Il lui tendit la main et poussa un soupir de soulagement, quand après quelques minutes, elle posa la sienne, avec un petit sourire hésitant. Il l'entrainant dans la chambre...
Assy retrouva avec joie sa petite moitié Rama. Elle était là depuis quelques temps et elle avait cette impression qu'elle était en train de peindre en rose ses jours. Ces derniers temps avaient été assez difficiles pour elle. D'abord le départ de Patrick. Oui, malgré qu'elle ne cessait de le repousser, elle était très attaché à sa belle personnalité, son grand sens de l'humour, et sa sensibilité. Il avait du retourner en Belgique car ayant reçu une proposition de travail vraiment trop intéressante pour la laisser tomber. Il avait encore essayé de convaincre Assy de le suivre, de l'épouser, sans résultat. Mais maintenant, qu'il était parti, elle ressentait ce vide. Elle n'avait plus qui taquiner à sa pause, qui appeler pour lui tenir compagnie lors de ses moments de blues. Il était parti. Et Omar aussi lui échappait.
Elle avait conscience qu'elle avait été vraiment dure avec lui. Avec le recul, le temps, elle savait qu'il ne méritait pas tout ce qu'elle lui a sorti ces derniers mois. Depuis elle essayait de se racheter, d'être gentille, souriante, mais sans vraiment de résultats. Il était toujours aussi distant. Leur discussion concernait Seydina. Point final.
- Rama, pourquoi tu me regardes comme cela ? dit-elle alors qu'elle se maquillait légèrement devant le miroir
- hummm.. Depuis 5 jours que je suis là, à part pour aller au boulot, je ne te vois pas te maquiller. Aujourd'hui dimanche, Omar vient chercher Seydina tu te fais belle comme cela.
- Arrête Rama. C'est faux. Je...
Elle ne trouva rien à ajouter. C'est vrai. L'indifférence d'Omar lui faisait mal. Et elle voulait que ça change. Même si elle savait qu'il était peut être avec une autre femme. Omar c'était son Omar. Ca faisait bientôt deux mois qu'elle essayait, timidement certes, mais elle essayait quand même. Par deux fois, alors qu'il ramenait Seydina, il l'avait vu se mettre à l'écart pour chuchoter au téléphone avec une voix féminine. Cette femme...
- je voulais aller voir ma tante c'est tout. s'expliqua t-elle encore une fois. Mais au fond d'elle, elle voulait reprendre son chéri. Elle l'aimait toujours.
- He bien Rama, ça fais un bon moment...dit Omar en trouvant cette dernière dans l'appartement d'Assy.
- Oui, depuis le décès. Mais je vais bien et toi ? Tu as l'air en pleine forme ? C'est Assy qui s'occupe de toi ?
Assy faillit s'étrangler, en voyant Rama demander ce genre de choses à Omar. Et elle défaillit quand Omar répondit
- Non, Assy ne veut plus de moi. Tu dois le savoir, c'est ta copine, vous ne vous cachez rien.
Rama ouvrit la bouche et perdit son sourire. Un bref instant. Avant de se ressaisir
- Ne dis pas ce genre de chose toi aussi.
Assy mit plus de temps à se ressaisir, à essayer de refréner les rythmes désordonné de son cœur. Elle regarda Omar. Oui, il était vraiment trop beau. Son regard s'attarda sur ses belles lèvres, son nez, ses beaux yeux. Et se troubla. Lui aussi la regardait et leur yeux s'étaient rencontrés. Combien de temps ? Elle ne savait pas.
- Il est prêt...dit-elle en posant Seydina. Il avait un an et demi maintenant et avait tellement grandi. Plu il grandissait, plus il ressemblait à son père. C'était terrible. Il disait quelques mots incompréhensibles mais savait clairement dire papa, maman, mamie shaly...entre autres. Il était tellement adorable. A la vue de son père, il courut se jeter dans ses bras avec un « paaappaaa » qui fit sourire toute le monde.
- Mon petit guerrier. Tu m'as tellement manqué mon trésor...dit-il en déposant des bisous sur sa joue
Assy les observa, émue. Ensuite, elle tendit le sac à Omar et quand leurs doigts se frôlèrent par mégarde, ils se regardèrent encore un moment avant qu'Omar ne prenne congé en taquinant Rama sur son statut de célibataire
Quand il partit, Assy fut mélancolique. Triste. Toute la journée, elle parla à Rama de ses états d'âme. Depuis la mort de son père. Encore une fois elle lui demanda de pardonner, lui rappelant l'injustice dont elle a fait montre en voulant tout rejeter sur Omar.
Pour une fois, elle reconnut ses erreurs. Et avoua l'aimer encore. Rama en fut contente et l'encouragea à lui parler directement. De toute façon, elle devait lui parler ce soir car elle prévoyait d'aller à St louis quelques jours. Et si possible, lui présenter ses excuses pour son comportement de ses derniers mois.
Omar venait de déposer Seydina et il n'avait pu s'empêcher de remarquer Assy. Son cœur a raté un battement un moment quand elle lui a ouvert la porte et il l'avait regardé, un peu trop intensément. Un bref moment. Avant de se ressaisir.
- je le ramène un peu plus tôt que d'habitude, dit-il simplement. Il dort déjà. je...heuu..Tu dois sortir ?
Il la regarda à nouveau. Elle était...sublime. Tout en simplicité, en subtilité...tout ce qu'il adorait. Sur elle c'était...magnifique. Elle avait mis une petite robe rouge...rouge. Il adorait la voir en rouge. Sur son teint, c'était sublime. Et ce soir, elle avait mis cette robe rouge qui moulait ses belles formes, ce parfum, ce léger maquillage.
- Non, je ne sors pas, répondit-elle en souriant.
Elle lui souriait. C'est nouveau ça.
- ahh...heuu. Tu es très belle.
Il la regardait à nouveau. Ils se regardèrent.
- je...vais le coucher. Attend- moi un moment, je dois te parler.
Il hésita un moment. Il était avec Filly et cette dernière l'attendait dans la voiture. Elle avait passé la journée chez lui avec sa fille et Seydina. Une belle journée. Il l'appréciait vraiment et savait qu'elle ferait une bonne épouse. Juste une bonne épouse. Ses sentiments pour Assy étaient encore trop présents, mais il savait qu'il serait heureux avec elle. Elle l'aimait vraiment. Lui se disait que ça viendrait. Il lui envoya un texto pour lui dire qu'il devait parler un petit moment à son ex.
Assy ressortait de la chambre au moment ou elle répondait en disant qu'elle patientait. Il leva la tête et regarda Assy.
- en fait, j'ai pris quelques jours de repos et je vais à St-louis avec Rama pour une dizaine de jours.
Omar garda le silence un moment.
- Ok...j'ai pas trop le choix pour Seydina alors, dit-il en souriant
- à notre retour, tu pourras le prendre quelques jours, répondit-elle doucement.
Il la regarda étonné. Elle avait toujours refusé qu'il le prenne un weekend et aujourd'hui, elle voulait le lui laisser des jours. Décidemment, Assy changeait vraiment ces temps ci. ils s'étaient tellement de fois disputé à cause de ses gardes.
- bah merci alors. Vous partez quand ?
- dans 3 jours.
- OK
Il y eut un moment de gêne ou Assy jouait avec ses cheveux. Un geste qu'il trouvait tellement...sensuel. Il détourna le regard, troublé. Assy réussissait toujours à lui faire cet effet.
- Bon, je crois que je vai y aller, dit-il hésitant
Elle s'approcha lentement
- Déjà ? Tu es pressé ? Tu veux que je te serve quelque chose ?
Cette fois il était réellement étonné. Ne comprenant rien à cette situation ? Pendant des mois, elle avait tout fait pour le repousser et aujourd'hui...
-je...
Assy s'était approché encore plus près et s'était presque collé à lui. Il l'observait et déglutit difficilement. La proximité avec ce corps tant chéri avait encore tellement d'effet sur lui. Cette petite excitation qu'il ressentait à son contact était toujours là. Presque comme un reflexe. Il aurait voulu s'écarter, fuir, mais quand elle se mit sur la pointe des pieds pour déposer un baiser furtif sur ses lèvres, il ne fut plus capable du moindre mouvement. Trop attentif à cette poitrine qui s'était collé à lui, à ce parfum qui l'enivrait, à ses lèvres qui le cherchaient. Il n'eut aucune réaction. Complètement perturbé. Il sentait sa respiration chaude sur sa joue, ses mains sur la ceinture de son pantalon, qui remontaient lentement le long de son dos. Elle saisit doucement sa lèvre et resta immobile, y promenant lentement sa langue. Attendant. Il resta un moment sans bouger avant de commencer à répondre à son baiser. Doucement. Embrassant délicatement ses lèvres. Se ressaisissant, il s'écarta lentement
- Assy...mais qu'est ce que tu me fais là, murmura t-il
Elle baissa la tête, gênée
- je... Omar, je suis vraiment désolée, dit-elle en le regardant
- désolé pour quoi ? répondit-il intrigué
- pour...pour tout en fait. Désole pour t'avoir rejeté pendant tous ces mois, désolé de m'être laissé emporter par la colère, la rancœur, la méchanceté même, au point de ne pas voir que je t'aimais encore. Pendant tous ces mois. Je...je...suis désolée.
Omar ne disait rien, se contentant de la regarder en fronçant les sourcils. Il avait attendu cela pendant tellement longtemps qu'il était convaincu que ce moment ne viendrais jamais. Mais un peu trop tard.
- Omar dit quelque chose, protesta t-elle, intrigué par son silence. Ça fait des semaines que je voulais te parler, mais je ne savais pas trop comment le faire.
- OK...dit-il simplement. Mais maintenant qu'est ce que tu veux Assy ?
Cette fois, elle perdit vraiment ses moyens et la connaissant bien, il savait qu'elle avait juste envie de fuir
- Toi Omar. Je veux qu'on se remette ensemble. Je t'aime. Je n'ai jamais cessé de t'aimer malgré tout. J'ai été...déboussolé par la perte de mon père et comme il...pardonne-moi. Pour tout Omar.
Il soupira et recula. Encore. Pour mieux réfléchir, il fallait s'éloigner un peu
- Assy, il t'a fallu tout ce temps pour te rendre compte que tu m'aimais toujours ?
-...
- il fut un temps tu me reprochais de vouloir m'amuser avec toi, mais là reconnait que c'est toi qui est en train de le faire. Un coup c'est bon, on se remet ensemble, un autre c'est non, tu es en rogne contre le monde. Et moi je dois être le grand perdant. Tu penses qu'avec le décès de ton père tu es la seule à avoir souffert. Tu penses que c'est facile pour un fils d'apprendre que sa mère est capable de certaines atrocités. Non Assy c'est difficile. Très difficile. Tu as perdue ton père, mais moi j'ai perdue ma mère. Tout l'idéal que j'avais placé en elle est partie. Et je n'avais personne pour me soutenir Assy. Personne. Au contraire. Tu as tout rejeté sur moi, me traitant comme un...assassin. J'étais disposé à patienter car je savais, je comprenais que tu traverse des moments difficiles. Et j'ai attendu. En vain Assy. Tu me faisais toujours comprendre qu'il n'y avait rien de possible entre nous.
- Omar...murmura t-elle, les yeux embués
- Assy tu savais à quel point je t'aimais. J'ai commis beaucoup d'erreurs dans notre relation, mais je pense aussi avoir été très patient, avoir essayé en vain de me faire pardonner.
- je suis désolée Omar. J'étais complètement déboussolé. Je sais que ça a duré, mais...
Elle s'approcha encore et il ne put s'empêcher de la regarder intensément. Elle passa ses bras autour de sa taille et encore une fois se hissa pour l'embrasser en lui murmurant qu'elle l'aimait et qu'elle était désolée. Il s'écarta lentement et son téléphone sonna et il se souvint que Filly l'attendait en bas. Assy le regardait, mais il décrocha quand même.
Assy entendit la voix féminine à l'autre bout du fil.
- Excuse-moi,-on...
Il regarda Assy un moment
- On discutait à propos de Seydina. J'arrive tout de suite.
Il écouta un moment et sourit.
- t'inquiète...j'arrive.
Il raccrocha et se tourna vers Assy.
- je vais y aller, dit-il simplement.
Elle hocha la tête, hésita
- et...pour ce que je viens de te dire ?
Omar haussa les épaules.
- Assy depuis le temps, tu peux comprendre que je suis passé à autre chose. Je ne pouvais pas passer ma vie à t'attendre. À espérer que tu changes d'avis.
- haaa...
Oui, elle savait, mais elle s'en foutait.
- je suis désolé Assy.
- tu ne m'aimes plus alors ? demanda t-elle
- et toi ? Pendant tout le temps que tu m'as rejeté, tu ne m'aimais pas ?
Elle garda le silence. Omar haussa les épaules et lui tourna le dos.
- Omar...l'appela t-elle
Il se retourna
- je t'aime moi aussi, et dis à l'autre là, que je te récupérerais. Un jour tu m'as dit que j'étais à toi...tu te souviens ?
-...
- eh bien toi aussi tu es à moi Omar.
Il sourit, étonné par cette audace et cette certitude dans la voix.
Assy était rentrée de St-louis après une dizaine de jours auprès de sa mère. Ça lui avait fait un bien fou et elle avait eu du mal à se séparer de ma maman chéri. Rama les avait laissé la bas car elle devait aller voir ses parents en Casamance avant de rentrer au Maroc. Ensemble, elles avaient échaudé pleins de plans pour récupérer son chéri. Il appelait tous les jours, mais plus pour prendre des nouvelles de son fils. Quand elle lui parlait il s'empressait de raccrocher sans pouvoir s'empêcher de rigoler quand elle l'appelait mon cœur, ou quand elle lui demandait si elle lui avait manqué. Mais il ne disait rien. Et ceci faisait mal à Assy. Mais elle devait s'y attendre. Les choses ne pouvaient pas être aussi faciles. Surtout qu'elle aussi était allée un peu trop loin avec lui.
Ce soir, Omar devait venir voir Seydina après presque 15 jours d'absences. Elle s'était faite toute belle. Très belle même. Elle savait ce qui plaisait à Omar. Quand elle lui ouvrit la porte, elle sut à son regard, qu'elle avait vu juste. Son bustier qui dévoilait plus qu'il ne cachait lui allait à merveille. Sur une petite jupe qui montrait ses belles jambes, et le tour était joué.
- Salut, dit-elle avec un petit sourire coquin
Omar éclata de rire en entrant
- Assy, mais...tu essaie de me séduire ou quoi ?
Elle sourit aussi
- je t'avais prévenu non ? Je t'ai dit que je suis désolé pour tout et que...
- Arrête Assy. C'est trop facile tout ça. je t'ai aussi dit que j'étais avec quelqu'un maintenant.
- Oui, mais je m'en fous, dit-elle avec une petite moue boudeuse en s'approchant de lui, dangereusement.
Il recula.
- Assy, laisse tomber.
- comment tu me trouves ? dit-elle en faisant une petite pirouette
Elle était satisfaite, quand elle remarqua le trouble d'Omar et surtout son regard s'attarder sur sa poitrine, remonter sur son visage, s'arrêter sur ses lèvres magnifiquement bien maquillé avec ce rouge...attirant. Il bafouilla
- heuu...comment va Seydina ?
- il joue dans la chambre.
Il la contourna et se dirigea vers la chambre. Assy avait transformé la chambre d'Aicha, qui était maintenant partie en une chambre d'enfant pour Seydina. Elle les trouva et se joignit à eux. Ils se retrouvèrent à s'amuser et surtout Assy en profita pour déployer un véritable numéro de charme. Elle sentait le regard d'Omar sur elle, elle savait qu'elle le troublait, même s'il évitait de la toucher, ou détournait le regard quand leurs yeux se rencontraient.
Quand Seydina s'endormit, il s'empressa de prendre congé.
Omar était troublé. Très troublé. Il regarda à nouveau Assy qui s'approchait de lui lentement, avant de se planter devant lui dans une attitude coquine, câline qui le mettait dans un état second. Cette femme allait le rendre fou.
- Bon, j'y vai Assy. Suis heureux d'avoir revu mon fils
Elle s'approcha encore plus et il ne put s'empêcher de laisser glisser son regard sur sa poitrine
- et moi ? Tu n'es pas content de me revoir
Il secoua la tête
- Assy, arrête ce jeu. Je t'ai dit que j'en ai assez de ce jeu entre nous. J'ai compris. Je suis passé à autre chose.
- Omar, je t'ai dit que j'étais désolée. C'est bon. On ne va pas aussi passer notre vie à être en conflit. Je suis désolée. Je ne dis pas que j'oublie, mais je crois que mon amour est plus fort que cette rancœur que j'ai pour ta mère. Essayons encore
- Ok, je te pardonne. Mais c'est bon. Je vais m'occuper du divorce civil et...
- je ne divorce pas. Je te l'ai dit. Ne te fatigues pas à me convaincre de quoi que ça soit. J'ai réfléchis et j'ai décidé qu'on se remettra ensemble. Un point c'est tout
Omar la regarda étonné. La détermination qu'il lut dans son regard le perturba. Quand il prit congé, il se dirigea vers chez Filly. Il ne pouvait pas la laisser tomber. Non. Il n'avait rien à lui reprocher, rien. Elle avait tellement de qualité, et elle l'aimait tellement qu'il se voyait mal, du jour au lendemain lui dire que c'était fini. Non, il ne pouvait pas. Mais il ne put s'empêcher de frémir en repensant à Assy...
Assy sautillait seule dans son bureau. Elle était trop heureuse. Son chef venait de lui annoncer qu'elle avait finalement obtenu son contrat à durée indéterminée. Elle n'en croyait pas ses oreilles. Après plusieurs contrats, elle commençait à désespérer et commencer à chercher ailleurs. Mais heureusement cette embauche arrivait à point. Elle appela sa mère pour l'informer et cette dernière ne manqua pas de prier pour elle, comme d'habitude, dans une longue tirade, lui disant que ce n'était que le début et que le meilleur était à venir. Elle hésita un moment, semblant vouloir lui dire quelque chose, mais se ravisa. Après avoir raccroché, elle appela Rama, sa sœur, comme elle le présentait à tout le monde. Elle devait se marier bientôt avec un homme rencontré à Casa et ceci avait plongé de joie Assy qui ne priait que pour cela. Oui, ces derniers temps, Assy avait vraiment des raisons d'être heureuse. Si seulement le tableau pouvait être si rose.
-Rama devine quoi ? Commença t-elle.
- heuu, tu t'es réconcilié avec ton chéri ?
Assy fit une moue.
- je suis sérieuse Rama
- bah moi aussi...
Assy finit par lui dire qu'elle avait eut son contrat et bien entendu Rama défia le mur du son en criant à tue tête comme une petite folle. Elle la félicita et fit promettre à Assy de venir lui rendre visite pour fêter tout cela. Patrick eut droit aussi à son coup de fil et toujours aussi joviale, il lui fit une blague compétemment pourrie sur les CDI avant de raccrocher en lui murmurant qu'elle lui manquait. Elle raccrocha se sentant soudainement seule. Elle pensa un moment à appeler Omar, mais se ravisa.
La semaine passée, ils s'étaient disputés. Chose qui n'était pas arrivée depuis presque un deux mois qu'elle avait décidé de le reconquérir. En effet, elle avait vu un jouet dans le sac de Seydina quand son père l'avait déposé. Pensant que c'était Omar qui le lui avait donné, elle l'a prit, mais Seydina a crié en disant de lui remettre le jouet de maman Filly. « maman Filly ». Et puis quoi encore ? Assy a vu rouge et sans hésiter, elle avait appelé Omar pour lui demander de ne plus amener son fils chez cette femme. Criant au téléphone, elle a précisé que c'était elle la maman de Seydina et pas une autre. Bien sûr, il s'était mis aussi en colère disant que cette filly avait une fille et que c'est cette dernière qui disait maman Filly et Seydina ne faisait que répéter
- je m'en fiche Omar. C'est moi sa mère. Pas une autre. Si toi ça ne te dérange pas qu'il puisse appeler tes petites putes « maman », moi ça....m'énerve.
- parle-moi sur un autre ton Assy.
Elle lui avait raccroché au nez. Sans attendre, il avait débarqué chez elle et il y a eut une dispute ou personne n'écoutait l'autre criant à tue tête. Surtout quand elle lui avait demandé de se mettre à sa place et de voir quel effet ça lui ferait, que Seydina appelle un autre homme « papa ». Il a parut troublé un moment avant de se ressaisir et de lui dire qu'elle cherchait toujours des problèmes là ou il n'y en avait pas. Finalement, il était parti, complètement en rogne.
Dire qu'elle pensait qu'elle était dans la bonne voie pour le reconquérir. Mais tout ceci montrait qu'Omar voyait encore cette femme elle donc n'était pas disposé à revenir avec elle. Rama lui avait demandé de ne pas baisser les bras et que de toute façon, elle était persuadé qu'Omar l'aimait toujours. Mais Assy ne savait plus et puis elle se lassait de tout cela. Elle aussi pensait que ça serait plus facile, qu'Omar l'aimait au point de ne pas avoir à hésiter à faire un choix entre elle et une autre. Mais elle se trompait et commençait vraiment à douter de son amour pour elle.
Donc, elle décida de ne pas l'appeler pour lui annoncer la bonne nouvelle. Elle appela Ndeya, sa nouvelle bonne pour parler avec Seydina. Une vraie désespérée voulant coute que coute partager sa bonne nouvelle. Dans son état, elle était même capable d'enlacer des inconnus dans la rue. Finalement, le soir, elle fêta cela avec Seydina autour d'un bon gâteau et de quelques jouets. Quand Omar passa le prendre le weekend, elle hésita à lui en parler, mais préféra laisser tomber vue la tête qu'il faisait. De toute façon, ils se voyaient toujours brièvement quand il venait chercher Seydina et comme elle avait décidé de ne plus rien tenter...c'était froid entre eux. Encore.
Quelques jours plus tard, un samedi, Assy se rendit chez son oncle Omar. Ce dernier ne cessait de l'appeler pour lui demander de passer le voir. Elle se rendit donc chez lui. Ce dernier, comme d'habitude lui demanda de se réconcilier avec sa badiène Oumy. Elle se contentait de sourire, sans rien dire, ne voulant pas en débattre. Ses relations avec son oncle étaient au beau fixe. Elle apprenait à le connaitre et découvrait un homme plein de bon sens et qui ne cessait de lui donner des conseils.
- je ne t'ai pas appelé ici pour te parler uniquement de toi. De toute façon tu es une personne têtue qui n'en fait qu'à sa tête.
- aye toonnton. La dernière fois tu disais que j'étais une bonne fille
- pfff...toi dalll...
Ils se taquinèrent gentiment
- je te disais que je t'ai appelé pour te parler d'une chose importante. A propos de ta mère.
- ma mère ?
- oui. Ta mère. C'est une femme brave. Qui pendant des années a fait beaucoup de sacrifices pour sa famille, pour soutenir son mari, encadrer ses enfants. Sans jamais se plaindre. Je ne pourrais jamais rattraper tout le tort qu'on lui a fait.
- tonton c'est du passé.
- je sais...c'est pourquoi je t'appelais. Je voulais la prendre comme épouse.
Assy regarda son oncle. Etonnée.
- ngani ? (pardon)
- il est de tradition de prendre l'épouse de son frère décédé. Moi je ne veux pas le faire pour la tradition, mais parce que je loue le caractère de ta mère. J'ai beaucoup d'estime pour elle
Assy garda le silence un moment. Jamais elle n'aurait imaginé que sa mère puisse se remarier. Sa mère était encore une très belle femme, juste fatiguée par ses arthroses, mais encore très jolie. Mais de là à se marier...
- tu as parlé avec elle ? demanda t-elle lentement
- Oui, je suis allé jusqu'à St-louis. J'ai parlé avec elle. Elle m'a dit qu'elle avait de grands enfants et ne pouvait rien faire sans prendre ton avis. Je lui ai alors demandé de me laisser te parler car je sais que depuis quelques temps tu fais beaucoup d'efforts dans notre relation et que tu me considère comme ton père.
Assy réfléchis un moment
-tu as raison. J'ai appris à te connaitre et à t'apprécier. Il n'y avait que des malentendus entre nous. Pour ce mariage, je ne sais pas trop...je...
Elle était un peu perdue, mais se ressaisit
- enfin, c'est aussi pour son bien. Donc, je ne peux qu'approuver. Ma mère est seule et a besoin d'avoir quelqu'un dans sa vie. Enfin...je pense. Si elle est d'accord, je ne peux que me ranger de son côté. Mais et tata Marième ? et mes cousines ?
- c'est moi le chef de famille. Je ne demande l'avis de personne...
Assy réfléchis un moment.
- tonton, il faut le faire. S'il te plait. On a déjà eu beaucoup de mal à se faire accepter dans la famille. Il ne faut plus en rajouter. J'ai juste peur qu'il y ai des frustrations et ...
- ne t'en fais pas. Tout cela n'arrivera pas
Ils discutèrent encore un moment et son oncle promit de leur en parler. Assy allait prendre congé en lui glissant un billet de banque quand il la retint par la main.
- Assy, ta relation avec Omar me fait vraiment mal. Walay. Au plus profond de mon cœur.
- tonton...en fait....
- Assy, une femme ne doit pas laisser ses rancœurs diriger sa vie. Sur ce point tu n'es pas comme ta mère. Omar, à plusieurs reprises, je l'ai appelé ici pour lui en parler. Et toujours il me disait qu'il n'aimait que toi et que c'était toi qu'il voulait. C'est pourquoi quand la dernière fois, il est venu avec une jeune fille pour me la présenter, je l'ai pris à part pour lui dire d'essayer de recoller les morceaux entre vous. Vous avez un enfant et que tu es juste perturbée...
- il est venu ici avec une autre femme ? demanda t-elle lentement, le cœur battant
Son oncle se tut, comme s'il venait de se rendre compte qu'il avait dit une bêtise
- en tout cas, il t'aime, pardonne lui et tourne la page.
Assy ne répondit rien et se leva brusquement pour prendre congé. Pensive et troublée.
Rentrée chez elle, elle reçut la visite de la femme de Jean, l'ami d'Omar. Khady venait souvent rendre visite à Seydina. Depuis le décès de son père, elle s'était encore plus rapprochée d'Assy et même si sa relation avec Omar n'était pas toujours au beau fixe, Khady restait égale à elle-même. Parfois, elle ne parlait même pas de lui.
- ça te dirait demain de venir à la plage avec nous. On organise une petite sortie en famille et ainsi on va fêter ton contrat.
- c'est vrai ? J'en rêve ces temps ci. Et Omar ? il vient ? demanda t-elle légèrement
- Non, je...Jean ne lui en a parlé. Les dimanches, il est souvent avec Seydina donc....
- c'est vrai. Maintenant Seydina passe tout le weekend avec lui. C'est un grand garçon.
Ils discutèrent encore un peu de l'organisation et sirotaient ensemble un bon jus de fruits.
- heuuu...Assy tu ne penses pas que tu devrais...lâcher du lest avec Omar, commença Khady brusquement
- khaadddyyy...laisse tomber
- Assy...
-.tu connais Filly ?
Elle parut étonnée et gênée à la fois. Assy compris
- tu vois. Et tu veux que je fasse quoi ? J'ai essayé pendant presque un mois de lui faire comprendre que j'avais laissé tomber cette histoire avec sa mère. Mais il ne disait rien.
- peut être qu'il ne savait pas trop ou tu en étais
- oui, mais ça ne nous avance à rien. Et j'ai l'impression dans ma relation avec Omar que je suis toujours la grande perdante. Lui il est toujours capable de tourner la page et d'aller voir ailleurs alors que moi...
Sa voix se brisa...et khady s'approcha pour la prendre dans ses bras
- tu l'aimes toujours
Elle sourit en essuyant rapidement ses larmes
- j'aimerais te dire non, te dire que je peux comme lui passer à autre chose, mais bon. Peut être que ça va passer. Quand j'étais plus jeune, j'avais connu un autre homme et je pensais que jamais je n'aimerais un autre comme lui. Mais Omar c'est...mon homme et ...j'avoue qu'il me manque. Mais je vais tourner sa page
Khady essaya de la faire changer d'avis, mais elle se contenta de sourire.
- enfin bref, Khady, je veux partir à la plage avec vous. Je veux décompresser et qui sait...on peut rencontrer d'autres gars sexy
Khady la regarda tristement un moment et sourit, changeant de sujet
- OK...on passera te prendre alors. Dimanche.
Plus tard, elle appela sa mère pour lui parler de sa discussion avec son oncle. Elle n'avait jamais été aussi gênée de parler avec sa mère. Sa mère aussi parla peu cette fois. Enfin, elle lui dit qu'elle ne voyait aucun inconvénient dans cette union et pensait même que c'était la meilleure chose pour elle. Sa mère lui dit également qu'elle avait besoin d'un « kilifa », d'une autorité pour se compléter car une femme seule était souvent mal vue. Ils discutèrent encore un moment et elle lui promit de venir lui rendre visite prochainement.
Le dimanche arriva et la veille Omar était venu prendre Seydina. Bizarrement, il lui avait parlé du mariage prochain de sa mère et ils avaient discuté légèrement. Pour la sortie, elle avait prit un magnifique bikini que lui avait offert Rama et rangea quelques affaires.
Khady et Jean arrivèrent avec leurs enfants pour la prendre et ils se rendirent sur la petite côte dans une superbe villa, pied dans l'eau. Elle adora. Elle mit son maillot et plongea dans l'eau, savourant cette sensation de liberté. Elle s'amusa un moment avec les enfants de Jean avant que ces derniers décident d'aller dans la piscine qui se trouvait dans la villa. Elle se prélassait dans l'eau quand elle sentit des bras puissant l'enlacer. Elle cria et but la tasse. Quand elle reprit ses esprit, reconnut Omar, elle le tança en toussant
- tu m'as fait peur Omar
Ce dernier avait éclaté de rire, et la maintenait fermement contre lui pour lui éviter de sombrer encore
- désolé. Je voulais juste te dire bonjour.
- un bonjour aurait suffit. mais ou est Seydina ?
- avec Awa et ses enfants.
- tu aurais pu l'amener...
- il refusait de me suivre. Quand il voit les autres enfants, il s'amuse.
- ah ok...
- Tu es toujours fâchée contre moi ? C'est pourquoi tu ne voulais même pas me dire que tu avais un contrat et que ça devait se feter ?
Assy sourit et détourna la tête, gênée
- Khady je suppose... je voulais t'en parler, mais...
Elle garda le silence. Tout à coup elle se rendit compte de sa proximité. Leurs corps se touchaient, leurs visages étaient proches. Elle le regarda. Ne put s'empêcher de d'admirer son beau visage, ses belles lèvres charnues. Son cœur se mit à battre un peu trop vite. Troublée. Surtout quand il déposa un baiser furtif sur ses lèvres. Elle voulut s'écarter
- qu'est ce que tu fais là ? Murmura t-elle, troublée
- je ne sais pas trop. Te féliciter. Et aussi parler un peu. Mettre certaines choses au clair.
- parler encore. J'avoue que j'en ai un peu marre Omar. Tout a été dit. On ne va pas passer notre vie à...parler
- on peut faire autre chose alors
Il la maintenait toujours fermement contre lui. Les vagues se mourraient durement sur leur corps, les rapprochant encore plus.
- hééé les amoureux, sortez un peu on va manger....
C'était Khady qui était sur la berge qui les appelait. Ils sortirent ensemble et en se dirigeant vers la maison, Omar ne put détacher son regard du corps d'Assy, dévoilé par le joli bikini. Elle mit un paréo et resta avec le haut du maillot. Elle retrouva avec joie les enfants et ils mangèrent tous ensemble dans une bonne ambiance, même si elle sentait de temps en temps le regard appuyé d'Omar sur elle. Après le déjeuner, les enfants allèrent dormir et Assy aida Khady à ranger avant que cette dernière décide aussi d'aller dormir un peu. Elle se rendit à la piscine et se croyant seule, elle enleva le paréo et le teeshirt avant de plonger. Elle nagea un peu avant de remarquer Omar, assis sur un transat, dans un coin de terrasse l'observant fixement. Elle se prélassa dans l'eau encore un peu et sortit au bout d'un moment. Sans prendre la peine de se couvrir, elle s'avança vers lui lentement, savourant le trouble qu'elle provoquait en lui. Elle le vit soupirer sourdement et se redresser lentement sur son siège. Elle s'arrêta devant lui et tordit ses longs cheveux pour faire couler l'eau. Omar ne faisait aucun mouvement, se contentant juste de la regarder. Un moment, il se mordit les lèvres et sourit
- viens...dit-il en lui tendant la main
Elle hésita un moment avant de s'approcher et de se mit sur ses cuisses, ses jambes de part et d'autre de lui. Il gémit au contact de leur corps et l'attira à lui, laissant promener ses mains sur son dos nu et son regard sur sa poitrine, à peine cachée par le haut du maillot. Il laissa promener ses doigts sur son visage semblant essuyer l'eau.
- tu es belle Assy...murmura t-il
Elle posa ses bras autour de son cou, en un geste très intime et sentit une petite excitation monter en elle. Il était torse nu et portait juste un short de bain et ce contact était tellement grisant
- toi aussi tu n'es pas si mal, très cher cousin...
Il rigola, troublé. Leurs ventres se touchaient, leurs deux visages étaient proches. Très proches.
- tu...me cherches ? demanda t-il doucement
Elle sourit, se mordit la lèvre
- je t'ai trouvé ? murmura t-elle
Il la regardait fixement, le souffle court.
- ce minuscule maillot de bain...tu es tellement sexy....
Il parlait sourdement, soufflant presque.
- je ne savais même pas que tu serais là. Et puis tu oublie que je suis fâchée contre toi. Je...
Il captura ses lèvres et se mit à l'embrasser fiévreusement. Elle gémit et se rapprocha encore plus de lui tandis qu'il lui caressait les fesses, la taille. Un moment, il s'écarta lentement et la regarda.
- tu sais que je t'aime Assy ?
Elle garda le silence, avant de pousser un petit rire et de baisser la tête
- ce n'est pas vrai. Tu ne m'aimes pas. Tu ne m'as jamais aimé Omar. Peut être qu'à un moment tu as eu pitié de moi, tu voulais aider ta petite cousine, me sortir d'une situation difficile, mais je crois que tu ne m'aimes pas...
- Assy...comment tu peux dire une chose pareille, protesta t-il, le visage grave d'un coup. Tu n'es pas sérieuse ?
Elle s'éloigna un peu de lui
- comment tu peux me dire que tu m'aimes alors qu'il y a quelques semaines tu as présenté une autre fille à ton oncle...pour l'épouser. Aujourd'hui tu me vois, peut être que ça a réveillé tes instincts car tu sais que je te résiste difficilement. Et tu me chantes un beau « je t'aime »
- Assy arrête de dire cela...qui t'as dit que je veux épouser une autre fille ? je...on y est allé comme ça. Et puis, c'est tellement compliqué avec toi Assy. Quand je pense qu'on avance, tu t'arrête, tu recules. Quand ça te chante, tu me repousses, tu me détestes.
- ce n'est pas quand ça me chante Omar. Mon père est mort et ta mère...
- je sais, mais je n'y suis pour rien. J'ai essayé de te dire combien de fois ? Je ne suis pas responsable des actions de ma mère...je t'aime. Je t'ai toujours aimé Assy. Je reconnais que je ne me suis pas toujours bien comporté avec toi, mais j'ai toujours essayé de me rattraper
- et je t'ai toujours pardonné....
- Oui, mais dernièrement, tu me faisais comprendre que je ne représentais rien pour toi Assy. Je pensais que c'était fini avec toi quand je m'engageais avec...elle. Je ne sais jamais où mettre les pieds avec toi.
Assy eut un pincement au cœur. Un gros.
- J'ai rencontré Filly quand j'étais vraiment persuadé que c'était fini entre nous. Tu ne cessais de me rabrouer, de me traiter comme...juste le géniteur de ton enfant. Alors que tu savais que je t'aimais. Donc toute cette situation c'est de ta faute
Assy secoua la tête
- Omar...Non. Tu m'accuses bien facilement. Je te rappelle que c'est toi qui as décidé du jour au lendemain de me répudier, toi qui n'as plus voulu de moi au point de croire ta mère qui disait que j'étais enceinte d'un autre. Malgré tout je t'avais pardonné et tu le sais. On a fait des choses pas très recommandé avant le décès de mon père, donc j'avais décidé de tourner la page. Mais après tu n'as pas pu comprendre qu'il me fallait du temps. A peine 8 mois. Tu va voir ailleurs. Moi je suis resté 9 mois avec ton bébé dans le ventre, sans te voir Omar. Et ça j'ai réussi à te le pardonner.
- Assy...
- laisse-moi terminer...tu sais, moi, depuis que je me suis marié avec toi, même quand on était séparé, je n'ai jamais laissé un homme prendre une place importante dans ma vie. Jamais. J'avais cette impression que...je te trahissais, que jamais je ne pourrais ressentir ce que je ressens pour toi avec un autre. Mais toi Omar, il suffit qu'on ait un souci et tu te jette dans les bras de la première fille qui passe. Ton assistante, Kiné, et maintenant cette Filly. Tu arrives tellement facilement à me remplacer Omar que...c'en est blessant. J'ai cette impression que tu ne m'aime pas...et...
Il l'attira contre lui et elle posa sa tête sur sa poitrine, le cœur lourd. Ils restèrent un moment dans cett position et Omar se mit à lui parler, à lui rappeler leur début, leurs bons moments quand ils étaient mariés. Elle souriait et parfois riait aux éclats. Il y eut un moment de silence. - je t'aime Assy. Malgré tout...je t'aime. Et tu le sais.
- pourquoi ces derniers temps, quand je disais que je voulais qu'on se remarie, tu ne disais rien
- parce qu'avec toi on ne sait jamais. Tu es tellement indécise Assy. J'avais encore peur de m'accrocher à cet espoir et que tu viennes encore me dire que...
Sans terminer, il la regarda intensément et se pencha pour l'embrasser. Elle se laissa faire, répondant à son baiser. S'accrochant à lui. Il la prit et la serra fort dans ses bras, au point de l'étouffer.
- on fait quoi maintenant ? Murmura t-il tout contre sa bouche.
- je ne sais pas. C'est à toi de voir...
- tu veux toujours m'épouser ?
Elle sourit et recula légèrement pour le regarder.
- tu es sûr ? répondit-elle lentement
- Répond-moi mon cœur...
- oh oui...je t'aime tellement Omar.
- définitivement. Il n'y aura plus de problèmes, plus de disputes, on ne se cache rien...et on fait d'autres enfants
Elle rigola et passa ses bras autour de son cou.
- et cette....fille ?
- je vais arranger cela. Ne t'inquiète pas...murmura t-il en la regardant intensément
- moi aussi je t'aime Omar
Ils se regardèrent un long moment
- tu m'aime comment ? demanda t-il lentement en laissant promener son regard sur sa poitrine.
Elle sourit et se pencha pour laisser promener ses lèvres sur sa bouche, descendit lentement vers le cou, les oreilles, le faisant gémir.
- juste comme cela? Murmura t-il contre sa bouche
- c'est pas suffisant ? demanda t-elle sur le même ton, respirant difficilement, le corps tendu
Sans répondre, il tira sur la ficelle qui retenait le haut du maillot, et dévoila les beaux seins fermes d'Assy. Cette dernière gémit quand elle sentit la langue d'Omar titiller les bouts tendus.
- Omar...arrête, soupira t-elle en poussant lentement sa tête.
Il se redressa et prit la main d'Assy qu'il posa sur le gros bourrelet qui s'était formé, montrant son état d'excitation
- tu m'as tellement manquée Assy.
-...
-j'ai envie de toi.
- non....murmura t-elle essayant de s'éloigner
- s'il te plait...
Elle retira sa main et essaya d'ajuster son maillot, mais Omar reprit ses caresses, recommença à l'embrasser dans le cou, descendant plus bas, s'attardant sur sa poitrine...
- arrête Omar...gémit-elle
Il se redressa encore et la regarda un long moment
- arrête, les gens peuvent venir.
Elle se leva et se dirigea vers la piscine ou elle plongea, suivi d'Omar.
- Omar mais qu'est ce que tu cherches dans la bouche d'Assy ?
Ils se séparèrent rapidement et se tournèrent vers Jean qui venait d'entrer dans le salon. Il avait pris un air courroucé et choqué qui les fit éclater de rire.
- et puis je pensais qu'il y avait des soucis entre vous ? Enfin, je ne comprends plus rien
Assy éclata de rire
- il n'y a rien à comprendre Jean. Observe et ferme là, répondit Omar et déposant un baiser furtif sur les lèvres d'Assy
Ils repartirent encore vers la plage et Assy resta presque tout le temps dans les bras d'Omar qui en profitait pour l'embrasser, se foutant pas mal des remontrances de Jean. Ils quittèrent en fin d'après midi. Omar avait amené sa voiture et ils passèrent récupérer Seydina chez sa tante. Awa semblaient contente de les voir ensemble et les obligea à rester pour diner malgré leurs protestations.
Plus tard, Omar la déposa chez elle. Seydina dormait déjà et elle le coucha avant d'aller prendre une bonne douche. Elle trouva Omar dans le salon et elle s'installa à côté de lui. Ils se regardèrent un moment avec un petit sourire et elle se blottit dans ses bras, le cœur débordant d'amour.
Ils restèrent au salon à discuter un long moment. Assy ramena la question de Filly sur le tapis et Omar la rassura.
- j'ai l'impression que c'était sérieux entre vous et...tu l'as présenté à ton oncle
Il sourit, gêné
- oui, mais ce n'est pas exactement comme tu le penses. C'est....enfin, retient juste que je vais lui parler...
Elle le regarda un moment avant de se pencher et de l'embrasser. Passionnément. Voulant effacer les traces de cette autre femme. Ils se retrouvèrent rapidement à se câliner plus intensément, mais dans un effort surhumain, Assy se leva
- tu ferais mieux de rentrer Omar...
- Quoiii ??? Pourquoi ?
Elle sourit
- mais je te signale que je ne suis pas encore ta femme. Tu veux quoi ?
- Assy...
- laisse tomber Omar....je ne coucherais pas avec toi tant qu'on ne sera pas marié.
Il éclata de rire
- tu es sûre ? dit-il en se mordant les lèvres et en la regardant de manière....tellement sexy, qu'elle sentit une chaleur diffuser le long de son corps.
Il l'attira vers lui
- Non, s'il te plait Omar, commença t-elle, légèrement paniquée, sachant qu'elle ne pourrait pas vraiment résister si Omar se décidait vraiment à la mettre dans son lit
- quoi??? Tu disais quoi ? dit-il en l'embrassant lentement
- je...heuuu...On va faire un pacte. Et...commença t-elle, les idées plus très claires. Elle haletait, laissait promener ses doigts sur son dos, descendant lentement
- désolé, très chère cousine, je ne fais pas pacte avec toi ; tu m'as trop fait languir.
Sans écouter ses protestations, il l'installa confortablement sur le canapé avant de se mettre à genoux devant elle, entre ses jambes et se remit à l'embrasser. Il lui enleva prestement son débardeur et dégrafa son soutif en la regardant droit dans les yeux, mesurant son niveau de tension par sa respiration saccadée. Il sourit et laissa promener son regard lentement sur la poitrine d'Assy avant d'attaquer le slip qu'il fit glisser le long de ses jambes. Assy protesta encore, mais il la fit taire d'un baiser, la serrant fort contre lui. Omar ne lui laissait pas le temps de réfléchir, il laissa courir sa langue sur son corps dénudé, la faisant pousser des gémissements sourds. Assy ne se contrôlait plus, elle avait envie de lui et répondait fiévreusement à ses baisers, la caressant, sentant monter en lui une excitation sans borne. Elle se retrouva rapidement toute nue et Omar aussi
- Omar, non...cria t-elle faiblement quand elle sentit le membre dur essayer d'entrer en elle. Elle recula légèrement
Elle saisit la taille de ce dernier et exerça une petite pression pour qu'il recule.
-Assy...s'il te plait...murmura t-il, les yeux voilés par le désir
- NON...lève-toi Omar...dit-elle plus fermement
Il soupira et s'éloigna pour se coucher sur le sofa, à côté d'elle, respirant bruyamment
- je suis désolée Omar....mais il ne faut pas.
Il sourit et se mit sur son coude pour la regarder
- je comprends. Tu as raison. J'irais parler à mon père dès demain.
Il se leva brusquement et se dirigea vers les toilettes. Assy l'entendit prendre une longue douche et elle se couvrit. Elle avait commencé à dormir quand elle sentit Omar la soulever pour l'amener dans sa chambre. Il se coucha derrière elle et la serra fort. Ils dormirent ensemble dans cette position et le lendemain, il partit très tôt chez lui pour se changer et aller travailler.
Omar regarda Assy savourer le dessert qu'elle avait commandé. Après le merveilleux weekend qu'ils avaient passé ensemble, il était venu la prendre à sa pause pour déjeuner avec elle. Ils reparlèrent su mariage et Omar lui dit qu'il avait déjà appelé son père ce matin et que ce dernier était très content de la nouvelle. Il voulait que ca se fasse rapidement et comptait bien leur mettre la pression. Après avoir déposé Assy à son bureau, il appela Filly.
- bébé, je pensais justement à toi s'écria Filly
- c'est vrai, dit-il doucement. Comment tu vas ?
- booff...j'ai eu une intoxication je crois. Je passe mon temps à vomir. Mais j'ai pris des médicaments et c'est passé.
- qu'est ce que tu as mangé ?
- des fruits de mer. J'ai mal digéré....
Il y eut un petit silence
- bébé, qu'est ce qui se passe ? demanda Filly. Je ne te sens pas ces temps ci. Tu as un problème ?
C'est vrai. Depuis sa dispute avec Assy, il avait comme qui dirait prit ses distances. Sans trop savoir pourquoi en fait. Il appréciait énormément Filly. Humainement, et sur beaucoup de point, il l'aimait vraiment. Mais quand il s'est rendu compte qu'il était vraiment en train de perdre Assy par son entêtement à vouloir construire quelque chose avec Filly, il avait commencé à douter. Et pourtant Filly était tellement adorable. Ils avaient couché ensemble, sans trop qu'il ne le veuille vraiment, mais c'était arrivé. Après cela, il ne savait pas qui de lui ou de Filly regrettait le plus. En tout cas, il lui avait promis que ça n'arrivera plus, mais c'était encore arrivé, cette fois plus parce que Filly le voulait vraiment. Et malheureusement, depuis, elle le prenait pour sa propriété, le poussant à l'épouser. Le père de Filly l'avait appelé un soir pour lui parler et il leur avait assuré de ses bonnes intentions envers leur fille et en retour, Filly avait insisté pour aller rencontrer son père ainsi que son oncle Omar. Il le faisait presque sous la contrainte, devant une Filly possessive et très amoureuse.
- tu es ou ? demanda Omar en sortant de ses pensées
- je suis toujours en séminaire à Mbour, mais je rentre samedi. Je te manque ? répondit-elle
- heuu....
- je te manque bébé ? Insista t-elle la voix légèrement paniquée
- oui bien sûr. Heuuu....j'aimerais qu'on se parle à ton retour
- de quoi ? cette fois, elle était vraiment paniquée. Il s'est passé quelque chose ?
- Non...calme-toi Filly. heuu...
- je suis calme, vas-y parlons...c'est quoi le problème Omar ? Qu'est ce que tu me reproches.
Il ne savait pas quoi répondre. Elle était parfaite. Mais c'est juste que ce n'était pas pareil qu'avec sa Assy. Même pendant l'amour, il pensait à elle. Mais ce genre de chose ne s'explique pas
- rien voyons Filly, dit-il en souriant. On se donne rendez-vous samedi alors.
Elle se dérida un peu et sourit à son tour
- Ok, j'amènerais le...heuu...tu sais...
Oui, il savait. La dernière fois, il n'avait pas fait l'amour malgré l'insistance de Filly, car Omar disait que maintenant il fallait qu'il se protège avant qu'elle ne tombe enceinte. En fait, il n'en avait pas vraiment envie. Elle avait promis donc de ramener des préservatifs, laissant Omar sans voix.
- heu...viens d'abord et on verra, finit-il avant de raccrocher lentement.
Le soir même, il se rendit chez ses parents pour leur parler de son mariage avec Assy. Ils se réjouirent tous et même sa mère lui dit que ça serait une occasion pour elle de pouvoir parler à Assy et de se faire pardonner. En rentrant chez lui, il passa par son oncle Omar et lui fit également part de son désir de reprendre Assy. Ce dernier prit aussitôt son téléphone et appela la mère d'Assy. Cette dernière cria au téléphone de célébrer le mariage sur le champ et demanda à parler à Omar
- je vous connais toi et Assy...quand vous parlez de mariage rek, c'est que vous vous êtes isolé pour faire vos trucs de saï-saï.
- Non, maman....protesta t-il faiblement
- tcchhiiippp...nopil, khame nalène. (je vous connais). Passe-moi ton oncle
Ils se parlèrent longuement et apparemment hésitaient à célébrer le mariage sur le champ ou attendre demain. Quand tonton Omar raccrocha, il soupira
- si tu étais venu plus tôt, je n'aurais même pas hésité à appeler l'imam pour faire cela sur le champ. Mais il est un peu tard. Assy, je suis son père et toi aussi. Demain, j'appelle l'imam et on va le faire ici même. C'est la plus bonne nouvelle que j'ai reçu ces derniers temps. Je prie pour vous. Yalnalène yallah dioubolé.
Omar, tout content resta à discuter encore avant de laisser une petite somme à remettre à l'imam le lendemain. Il décida finalement de ne pas passer chez Assy. Il avait trop envie d'elle et savait qu'elle refuserait encore de lui faire l'amour et toute cette tension refoulée lui donnait des maux de tête. Il se contenta donc de l'appeler et cette dernière protesta
- mais je t'ai préparé un diner bébé.
- je ne veux pas de ton diner. C'est toi que je veux et tu refuses. Laisse-moi aller prendre une bonne douche froide.
- bébééé...viens s'il te plait....même Seydina te réclame. Je te promets de te faire de petites gâterie...murmura t-elle
Il hésita. Mais comme demain un autre jour, il résista et la fit poireauter
- je ne suis pas un enfant à qui on donne des sucettes.
Ils discutèrent un moment avant de se donner rendez-vous le lendemain à la pause.
Le lendemain, Assy était encore à son bureau quand elle reçut un coup de fil de son oncle lui disant que le mariage avait été fiscelé. Ne comprenant pas, elle pensa que c'était celui de sa mère. Mais son oncle, en rigolant lui dit qu'il parlait d'elle et d'Omar. Il se mit à prier pour elle, leur souhaitant beaucoup de bonheur et une nombreuse progéniture. Elle raccrocha, le cœur battant, perdue. Elle s'apprêtait à appeler Omar quand sa mère appela et comme son oncle, se mit à prier. Ensuite, s'enchaina les cousines, les sœurs d'Omar, son père. Les coups de fil s'enchainaient et elle ne put joindre Omar. Elle appela Rama et cette dernière sauta au plafond et versa quelques larmes de joie. Elles discutèrent longuement et Rama lui révéla qu'elle comptait venir à Dakar pour son mariage car la famille de son prétendant avait amené les premiers cadeaux.
Il commençait à faire tard et elle n'avait aucune nouvelle d'Omar. Dépitée, elle sortit pour rentrer, quand elle le vit sortir de sa voiture, tout souriant.
- Bonsoir Mme Bocoum...dit-il en l'enlaçant et en l'embrassant.
Les gens s'arrêtaient et les regardaient bizarrement. Elle s'écarta et le regarda tendrement. Son mari. Elle avait l'impression que son cœur allait déborder tellement elle était heureuse. Tout sourire, elle lui caressa lentement le bras
- tu es vache...pourquoi tu ne m'as pas dit que c'était pour aujourd'hui. C'est au bureau qu'on m'a appelé pour me prévenir.
- je sais....allez viens on y va
- on va ou ?
Il se pencha à son oreille et murmura
- dans un endroit où tu ne pourras pas m'échapper.
Assy frissonna et regarda son mari un moment avant de le suivre vers la voiture. Il la rassura en lui disant que Seydina allait passer la nuit chez Awa et elle partit tranquillement après l'avoir appelé.
La suite était magnifique. Omar avait prit celle ci dans un luxueux hôtel avec une vue imprenable sur la mer. Elle s'avança sur la terrasse
- mon amour, c'est magnifique, s'exclama t-elle
Il l'enlaça par derrière et déposa un baiser sur sa tête
- rien n'est assez magnifique pour toi mon cœur.
Il la retourna lentement et ils se regardèrent un moment.
- on ne se quitte plus n'est ce pas ?
Elle hocha la tête
- quoi qu'il arrive, on va toujours surmonter les choses. Mais on ne se quitte plus mon cœur. Je ne supporterais plus. Je t'aime et...
Assy sentit une pointe d'émotion dans sa voix
- et...tu es la femme de ma vie Assy.
Elle l'enlaça tendrement en souriant
- Non, il n'y aurait plus rien. On sera toujours ensemble.
Ils s'embrassèrent un long moment
- le diner est servi...murmura t-il. Tu peux manger tout de suite et prendre des forces ou attendre plus tard
- pourquoi prendre des forces ? demanda t'elle sur un ton faussement innocent
Il sourit, charmeur
- parce que je compte t'épuiser mon cœur, te faire des choses...
- hummm...des choses comme quoi ?
Sans attendre, il la souleva et l'entraina vers le lit....
Assy se regarda dans le miroir et ne put s'empêcher de sourire. Elle avait une de ces têtes. Ses lèvres étaient toutes rosées et légèrement gonflés, ses yeux avaient de petits cernes, dus au manque de sommeil et tout son corps lui faisait mal. La nuit avait été...mouvementée. Ils avaient à peine dormi tellement occupé à faire l'amour passionnément. Un peu trop peut –être. Elle frissonna en y repensant. Elle ouvrit la chasse et laissa l'eau couler sur son corps endolori. Elle savourait sa douche quand elle sentit des mains l'enlacer par derrière et caresser lentement son ventre.
- bonjour mon cœur...murmura t-il
- huummm, soupira t-elle d'aise en se laissant aller contre lui.
- pourquoi tu t'es levée ?
- pour fuir le méchant tortionnaire qui me sert de mari
Omar éclata de rire et la fit se tourner pour lui faire face.
- tortionnaire tu dis ?
Elle mit ses bras autour de son cou et se hissa pour déposer un petit bisou sur le coin de ses lèvres
- comment appelles-tu un mari qui ne laisse pas dormir sa femme et l'oblige à...faire des choses...
Il sourit et la serra plus fort, faisant courir ses mains le long de son corps nu tandis que l'eau coulait lentement
- l'oblige...je te signale que c'est toi qui criait « oh bébé viens...oh bébbé plus fort oh bé... dit-il en essayant d'imiter sa voix. Mais il fut interrompu car Assy posa rapidement une main sur sa bouche pour l'empêcher de parler,
- mais ça ne va pas non ??? s'écria t-elle en rigolant à son tour.
Un moment ils se calmèrent et Omar la regarda tendrement comme si elle était le plus chose que la terre aie porté. Ils étaient toujours collés, nus, laissant l'eau couler sur leur corps sans vraiment faire attention.
- j'ai l'impression de revivre Assy...je t'aime tellement
Elle sourit et sans rien dire, se mit à l'embrasser, provoquant encore un déferlement de sensation et surtout réveillant la petite bête.
Leur nuit de noce se déroula comme dans un rêve. Ils firent l'amour tout le temps, partout dans la suite, n'importe quand, n'importe comment, sans se retenir, laissant libre court à leur passion, cette passion qui sommeillait en eux. Ils quittèrent l'hôtel le lendemain soir tout simplement parce que Seydina leur manquait vraiment. Ils allèrent le récupérer chez Awa. En arrivant, Assy remarqua la gêne d'Awa, mais ne comprenait pas vraiment. C'est en pénétrant dans le salon qu'elle eut envie de fuir, de sortir. Mais Omar était juste derrière elle et elle se crispa, s'arrêtant sur le seuil, refusant d'avancer. Badiène Oumy était au salon et tenait Seydina dans ses bras. Depuis le décès de son père elle ne l'avait pas revue. Elle n'était pas préparée non plus à la revoir. Non du tout. Elle n'était pas préparer à ressentir toutes ses émotions. Quand elle releva la tête et que leurs regards se sont croisés, elle sentit son cœur battre fortement dans sa poitrine. Elle recula lentement, sans faire attention au cri de joie qu'avait poussé Seydina en la voyant. Elle se retourna pour fuir quand elle se heurta à Omar qui était juste derrière elle. Elle le regarda, perdue, essayant de se frayer un passage, mais il ne la laissa pas
- laisse-moi passer Omar...murmura t-elle,
Il resta sur place, l'obligeant à lever la tête pour le regarder
- s'il te plait mon cœur, reste...
Elle le regarda l'air perdue, secouant la tête
- Non...ne me demande pas cela...dit-elle les larmes aux yeux
Il lui prit les mains lentement et la regarda encore, voulant la rassurer.
- bébé, elle regrette. Elle regrette vraiment. Elle demande toujours à te parler et s'excuser pour tout.
Elle garda le silence, continuant à le regarder sans rien dire, cherchant dans ses yeux un secours, un réconfort.
- fais- le pour moi ma chérie...s'il te plait...
Elle hésita, mais le regard suppliant d'Omar la fit abdiquer. Avant qu'elle ne réponde, elle entendit sa tante juste derrière elle
- Assy...ma fille, kay nouyouma (viens me dire bonjour)
Elle se retourna lentement et lui fit face, le cœur battant, légèrement tremblante...elle eut envie de fuir. Encore...
- Badiène...murmura t-elle lentement en la regardant fixement, le visage fermé, sans expression
- Assy...Kane, Kane...comment tu vas ? Je ne cesse de demander de tes nouvelles.
Assy continuait à la regarder un long moment sans répondre, la mettant mal à l'aise.
- je vais bien Badiène...réussit-elle à articuler, le cœur lourd, détournant le regard, peinée
- Alhamdoulilah...je suis venue ici pour voir mon chéri seydina....sama dieukeur bou amoul dépense bi...dit-elle pour essayer de détendre l'atmosphère.
Mais Assy n'avait pas envie de rire, elle prit son fils qui s'accrochait à ses jambes et resta encore immobile. Sans un mot.
- comment va ta mère ? Tenta t-elle encore
- bien...elle va bien
Elle sourit intérieurement du ridicule de cette situation. Elle était en train d'essayer d'avoir une conversation avec sa badiène Oumy, celle la même qui lui a fait tellement de mal. Une conversation. Elle ne tint pas longtemps et sourit vraiment, irritée.
- badiène, Nga bale ma, mais...(je suis désolée, mais...), je....
Elle rencontra le regard d'Omar juste à côté de sa mère et se retint de terminer sa phrase.
- je...suis fatiguée, je ne vais pas durer...conclut-elle, alors qu'elle pensait dire autre chose.
- Oui, tu dois être fatiguée. Mais Assy, j'aimerai te parler...
Assy garda le silence
- un jour, quand tu auras le temps. C'est...important
Elle n'en avait aucune envie, mais réussit à grimacer un sorte de sourire et bredouilla quelques paroles incompréhensibles avant de s'éloigner, laissant Omar et sa mère à la porte. Elle en avait déjà trop fait. C'était largement suffisent. Si ce n'était son amour pour Omar, elle n'aurait jamais accepté de se remarier et risquer de croiser sa badiène Oumy.
Plus tard dans la voiture, Omar posa doucement sa main sur son genou en une petite pression
- merci mon cœur...dit-il simplement
- merci pour quoi ?
- pour ce que tu as fait tout à l'heure. Je sais que ça a du te couter de parler avec ma mère.
-...
- merci...
- je l'ai fait pour toi, répondit-elle simplement en regardant devant elle, encore perturbée par cette rencontre.
Omar passa la nuit chez Assy et malgré la fatigue accumulée par leur nuit torride de la veille, les galipettes reprirent de plus belle, toute la nuit. Le lendemain, elle se rendit à son bureau, les yeux cachés par des lunettes tellement elle manquait de sommeil. Mais elle se sentait tellement bien, tellement heureuse, tellement amoureuse. Ils passèrent la journée à s'appeler pour un rien, à se dire des mots d'amour, à préparer leur soirée. Ils avaient prévues de se rendre à St-louis le dimanche et au retour, Assy et Seydina allaient s'installer chez Omar. Ils n'amèneraient que leurs habits, tout le reste étant déjà disponible. Assy avait une collègue qui cherchait un appartement et elles avaient convenues ensemble de la lui céder.
Tout le reste de la semaine, Omar passait ses nuits chez Assy, savourant cette nouvelle vie de famille. Le samedi matin, il reçut très tôt un message de Filly lui disant qu'elle était sur Dakar. Assy était encore dans ses bras et dormait paisiblement. Il la regarda un moment. Ekke était belle. Très belle. Il se dit qu'il avait eu de la chance de l'avoir à nouveau à ses côtés. Elle aurait facilement pu trouver un autre homme. Il laissa promener ses yeux sur son magnifique corps et une petite bouffée d'excitation l'envahit, qu'il essaya de refréner. Il ne se lassait jamais de sa femme et se demandait comment il avait fait pour tenir sans elle tout ce temps. Son téléphone vibra et il coupa rapidement la sonnerie. Assy bougea un peu, mais se rendormit. Il en profita pour se lever et se rendre dans les toilettes pour rappeler Filly
- je voulais te réveiller mon bébé, commença t-elle toute joyeuses. Je suis arrivée hier nuit. ça te dirait que je passe chez toi, on se fait un petit déjeuner....câlin.
- heuu...Filly...
- tu m'as tellement manqué mon bébé. Je pensais tout le temps à toi, à tes baisers, tes rires...ton corps. Tout me manquait en toi...
Il soupira, gêné ;
- Filly...écoute-moi, s'il te plait, dit-il un peu fermement
Elle s'arrêta et il y eut un silence
- Bébé, il y a un souci ?
- heuu...non. En fait, je voudrais juste qu'on parle un peu toi et moi, commença t-il, hésitant
- je viens chez toi tout de suite...mais pas vraiment pour parler, dit-elle toujours joyeuse, ne percevant pas la note de sérieux dans la voix d'Omar
- je ne suis pas chez moi. Mais je peux passer chez toi en fin d'après midi.
- Non, pas chez moi, s'écria t-elle. Tu me manques trop. Je veux être seule avec toi. Tu y seras à quelle heure
Il soupira
- on se donne rendez-vous vers 18 heures alors. C'est bon. Je dois sortir juste après et...
- Annule. Je ne te laisserais plus sortir.
Il préféra prendre congé rapidement et sortit de la chambre. Assy se retourna pour le regarder avec un sourire rayonnant
- tu es déjà debout ? demanda t-elle.
- oui, dit-il en se couchant près d'elle et en la prenant dans ses bras
- Tu parlais avec quelqu'un ? J'ai cru entendre des voix
Il hésita
- Non, à personne...finit-il par répondre à contre cœur.
Il aurait aimé lui parler de tout cela, mais ne voulait pas la perturber. De toute façon, il allait lui parler et tout serait fini. Il n'y avait pas de quoi inquiéter sa femme.
Plus tard après avoir mangé un succulent Soupou kandia préparé avec beaucoup d'entrain par Assy. C'était son plat préféré et il a surtout adoré être resté en famille avec Seydina qui renversait tout sur son passage, faisant rouspéter sa mère et l'amusant. Après le déjeuner, Il s'atait endormi dans ses bras au salon tandis qu'Assy lui faisait du thé en discutant légèrement des actualités du pays.
- je vais partir chez moi tout à l'heure, dit-il à Assy qui transvasait le thé entre les verres pour former une belle mousse.
Elle s'arrêta un moment pour le regarder.
- Pourquoi ? Je pensais qu'on allait voir Jean ce soir
Il avait oublié
- oui...mais j'ai...heuu..Je dois aller prendre un petit truc là bas. Je ne serais pas long ; prépare-toi et je passe te prendre à 20 heures. Ça te va ?
Elle haussa les épaules.
- c'est comme tu veux. Je pensais qu'on ferait une petite sieste ensemble...
Il rigola
- Assy...mane domou diambour la...tu veux m'épuiser.
Elle protesta
- je te parle d'une sieste et toi tu penses automatiquement à autre chose. Tu es vraiment tordu...
Il la regarda intensément en se mordant les lèvres, et elle renversa un peu de thé, légèrement troublé. Il adorait voir l'effet qu'il lui faisait.
- arrête de me regarder comme ça, se plaignit-elle
- te regarder comment ? dit-il
- comme un lion prêt à sauter sur sa proie...murmura t-elle en le regardant fixement
- tu n'es pas loin de la vérité mon cœur
Elle rigola...
- non, je suis complètement lessivée Omar...quand je dis sieste, je parle d'une vraie sieste, pour dormir et se reposer. Si tu as d'autres idées en tête...
- j'ai toujours d'autres idées en tête quand il s'agit de toi, murmura t-il avec sa voix rauque et sexy. Toujours
Il y eut un petit instant ou une grosse décharge électrique passa entre eux. Mais il devait vraiment y aller, sinon...
Omar essaya d'ouvrir la porte de chez lui, mais avant qu'il ne comprenne, elle s'ouvrit sur une Filly toute en beauté.
- Mais...commença t-il
Mais Filly ne le laissa pas terminer et l'enlaça pour déposer ses lèvres sur les siennes en l'entrainant à l'intérieur. Il s'écarta lentement et la regarda un moment
- tu oublie que j'avais les clés. Comment tu trouves la maison ?
Il regarda autour et remarqua des fleurs un peu partout, les rideaux étaient tirés et des bougies allumées ça et là, diffusait une bonne odeur.
- Filly, il ne fallait pas voyons, dit-il en éteignant une bougie qui se trouvait juste à côté.
Il se tourna vers elle et remarqua sa toute petite robe qui moulait parfaitement son corps, dévoilant une poitrine imposante et de belles jambes. Elle s'approcha de lui lentement, et l'enlaça encore
- je ferais tout pour toi mon bébé. Je t'aime tellement si tu savais.
Il essaya de s'écarter car elle commençait à l'embrasser. Il s'éloigna et cette fois, elle le regarda étonné
- Bébé, il y a un souci ? je ne comprend pas. Je...je t'ai fais quelque chose ?
Omar la regarda, ne sachant pas trop par ou commencer.
- tu ne m'as rien fait Filly. Je...
- Alors c'est quoi ?
Elle parlait doucement, la voix teintée d'émotion contenue, les larmes aux yeux. Lentement, elle s'approcha d'Omar et l'enlaça à nouveau tendrement
- bébé, je t'aime tellement. Je ne supporte pas de te sentir t'éloigner de moi. Ces temps ci mon travail me prend du temps, mais tu sais que je t'aime. Tu...es ma vie.
Elle posa délicatement ses lèvres sur les siennes et Omar ne fit pas un mouvement, la laissant faire, ne sachant pas par ou commencer.
- Filly...murmura t-il quand elle s'éloigna légèrement. Il faut qu'on parle.
Il vit son visage de décomposer, et ses traits se figer
- de quoi ?
Il l'entraina au salon et la fit assoir sur le canapé avant de prendre ses mains. Il évitait de la regarder
- tu es une femme magnifique Filly. La plus superbe que j'ai jamais connu de ma vie. Et Dieu sait que je suis sincère. Je...j'ai vécu des moments magiques avec toi et je...
Il ne trouvait plus ses mots
- bébé, que se passe t-il
Il vit tomber sur ses mains des larmes et n'eut pas le courage de la regarder pleurer.
- je suis désolé Filly. Mais j'en aime une autre et...heuu...je ne pense pas que ça soit possible entre nous.
Il y eut un silence. Un long silence. Il la sentit retirer lentement ses mains et se lever.
- Filly...
Il se leva à son tout et la regarda. Elle avait le regard vide, et semblait perdue. Elle essuya rapidement les larmes qui coulaient silencieusement et il eut le cœur brisé. Elle ne méritait pas cela. C'était une fille tellement bien
- ou est ce que j'ai posé mon sac ? demanda t-elle doucement
- Filly, je suis vraiment désolé. Vraiment. Si je t'avais rencontré dans d'autres circonstances, je n'hésiterais pas à...
- tu...on a couché ensemble Omar...je n'avais fais cela qu'avec mon mari. Toi tu m'avais promis de...tu me disais que tu ne m'abandonnerais jamais et que je devais avoir confiance en toi. J'avais confianct tu me fais ça ?
- Filly, je suis désolé...pardonne-moi
- comment je peux te pardonner cela ?
Il la vit trembler comme si elle avait tout d'un coup très froid. Il s'approcha et la prit tendrement dans ses bras. Elle éclata en sanglot et pleura un long moment. Elle se calma au bout de quelques minutes et s'écarta.
- pourquoi tu me fais ça Omar ?
- je suis désolé...
Il la vit froncer les sourcils et se tenir la bouche avant de courir vers les toilettes. Elle sortit quelques minutes plus tard, le visage décomposé et Omar la regarda bizarrement.
Assy donna des instructions à Ndeya concernant Seydina avant de prendre son sac et de sortir. Elle voulait faire une petite surprise à son chéri en allant le prendre chez lui et le câliner un peu. Elle sonna une fois, deux fois sans réponse. Elle prit son téléphone pour l'appeler quand il ouvrit. Elle lui fit son plus beau sourire avec une pose sexy, mais remarqua son air...troublé. Rien à voir avec l'accueil à laquelle elle s'attendait.
- salut mon cœur, sussura t-elle, charmeuse
- Assy...mais...qu'est ce que tu fais là ? demanda t-il avec toujours ce petit air troublé, gêné
Elle se ressaisit et le regarda un moment
- je suis venue te prendre. Ça te dérange ? dit-elle étonnée
- non...c'est juste que...
Elle entra le contourna et entra dans l'appartement et trouva l'ambiance...bizarre. Des bougies, des fleurs et cette bonne odeur. Elle entra lentement dans le salon et trouva une jolie jeune fille dans le salon habillée d'une toute petite...non miniscule robe qui montrait tout son corps. Elle se leva à son entrée et la toisa un long moment jusqu'à ce qu'Omar entre à son tour dans le salon.
- c'est qui celle là bébé ? s'écria Filly en regardant Omar.
Assy sentit son sang ne faire qu'un tour. Elle perdit ses moyens un court moment, regardant tour à tour Omar et...cette fille.
- Omar c'est quoi ce bordel ? Murmura t-elle lentement en le regardant fixement, comprenant le sens de son trouble
- Bordel ? Mais elle parle de quoi celle-là ? continua la fille
Omar se gratta la tête, l'air perdu et se tourna vers Filly
- Filly, je crois que tu devrais partir, on s'est tout dit et...
- Filly ? Murmura entre ses dents Assy qui se tournait lentement vers la fille, la détaillant encore un moment.
Plusieurs sentiments la traversèrent allant de la jalousie à la colère. Elle devait reconnaitre qu'elle était jolie Filly et l'imaginer dans les bras de son mari était une image...insoutenable.
- Assy, écoute, je vais t'expliquer plus tard.
Il y eut un long silence
- c'est elle Assy donc...c'est pour elle que tu me fais cela ? dit-elle en la toisant d'un air méprisant, les larmes aux yeux. Et c'est pour combien de temps cette fois ci ? Un an ? Deux ? Tu me disais que c'était toujours compliqué entre vous, votre fils était votre seul lien et maintenant tu...
- Bon ça suffit, s'écria Assy, dans un moment de colère...Fout le camp de chez moi...
Filly parut surprise un moment avant de se tourner vers Omar espérant trouver un soutien. Mais ce dernier était encore silencieux. Elle rigola nerveusement
- Chez toi ? C'est nouveau ça.
- chez mon mari, c'est chez moi. Et j'ai dit FOUT LE CAMP...cria t-elle, encore plus énervée par cette situation
- Mari ? Quel mari ? Vous êtes marié ? Omar...tu...ça veut dire quoi ?
Apparemment elle ne savait pas et ceci accentua la colère d'Assy qui se tourna vers Omar qui ferma les yeux un moment. Filly s'était avancé vers lui et le regardait
- tu t'es marié Omar ? Sans me le dire ? Mais tu es un vrai salaud toi...je représentais quoi pour toi ? Quand tu disais à mon père que tu étais sérieux et que tu comptais m'épouser c'était quoi ? Quand on couchait ensemble et que tu me disais de te faire confiance c'était quoi ? je...
C'était plus qu'Assy pouvait en supporter
- J'AI DIT DE SORTIR D'ICI...Omar, fais la sortir, sinon, je te jure que c'est moi qui part.
- Assy...calme-toi, murmura Omar complètement dépassé
- je suis calme...mais je commence à en avoir marre. Qu'elle sorte d'ici et vous réglerez vos problèmes de...coucheries ailleurs, MAIS QU'ELLE SORTE D'ICI, cria t-elle, énervée
Il y eut un petit silence ou Assy respirait bruyamment, essayant de se calmer. Omar se tourna vers Filly
-Filly...s'il te plait. Va t'en...dit-il finalement
Elle prit rageusement son sac et regarda encore Assy.
- tu me le payeras Omar. Quand tu voulais baiser avec moi, ici dans cet appartement, tu me parlais autrement...mais tu me le payeras. Sale con...
Elle sortit de la pièce, furieuse, suivi par Omar. Assy chercha un endroit ou s'assoir et se dirigea difficilement vers la chambre et le spectacle la fit reculer. Des pétales de roses, une veilleuse, de la musique douce. Elle s'avança lentement et vit sur un chevet, dans un petit bol...des préservatifs. Elle s'affala, sans force sur un fauteuil de la chambre et se tint la bouche, la tête vide.
- Assy, je suis désolé. Je voulais juste lui parler, lui dire que c'est fini entre nous. Je ne savais pas qu'elle préparait tout cela.
Assy se leva lentement et lui fit face. Il semblait désolé, mais Assy était encore plus désolée, plus déçue par tout cela.
- tu as du rouge à lèvre sur la bouche, murmura t-elle tellement doucement qu'Omar n'entendit pas.
- Pardon ?
Elle le regarda encore, et ferma la yeux, espérant se réveiller de ce mauvais rêve, espérant que c'était une mauvaise blague, qu'il y avait des caméra cachés et des gens qui vont lui crier « surprise ». mais non. Elle ouvrit les yeux et regarda encore Omar
- TU AS DU ROUGE A LEVRE SUR LA BOUCHE, cria t-elle suffisamment fort.
Il passa sa main sur ses lèvres pour essuyer les traces et la regarda à nouveau tout penaud.
- Assy, je ne savais pas qu'elle préparait tout cela. Je voulais juste lui parler...
Elle s'avanca vers le bol contenant les préservatifs et en prit un
- quatre jours. On s'est remarié il ya à peine 4 jours Omar. On s'est promis de ne plus rien se cacher, de tout nous dire, de ne laisser personne se mettre entre nous et...4 jours plus tard, tu me fais ça, dit-elle furieuse, en lui balançant le préservatif au visage
- Je n'ai rien fait. Je voulais lui parler tout simplement, lui dire que c'était fini et que j'étais maintenant marié. C'est tout. J'avais peur que tu ne le prennes mal...justement que tu réagisse comme cela...
- je réagis comme cela parce que tu m'as caché ce que tu comptais faire. Tu penses que j'aurais réagit comment si tu m'avais tout expliqué. Tout simplement.
Il se tut un moment
- tu as raison...mais c'était pour te protéger, pour...
- ne me protège plus. A quel moment tu commences à me respecter...quand ? Venir rejoindre cette fille dans ton appartement...c'est...
Elle criait presque, nerveuse, tapant du pied à chaque parole...
-Assy ce n'est pas cela..
- j'espère pour toi que tu t'es toujours protégé quand vous faisiez vos...cochonneries. Si tu me refile une maladie, je...
- Assy ARRETE...
Il avait crié et Assy s'était un peu calmée.
- c'est bon. Et puis merde...j'en ai marre. J'y vais.
Elle sortit de la chambre et prit sa petite pochette pour se diriger vers la porte d'entrée. Mais Omar la rattrapa et l'attira vers lui. Ses larmes coulaient et elle se laissait aller contre lui en protestant
- laisse-moi Omar. Je dois y aller
- Assy, je te dis la vérité. Les choses entre nous se sont passées vite. Je n'avais pas l'occasion de lui parler. Elle m'a appelé ce matin pour qu'on se voie. J'ai accepté pour lui parler, lui dire que je m'étais remis avec toi, que j'étais désolé de...
- tu m'as caché tout cela...on a dit qu'on ne se cache plus rien et toi...tu...
- je suis désolé, murmura t-il.
Elle recula
- moi aussi.
Cette fois, il ne tenta pas de la retenir et elle sortit rapidement pour rentrer chez elle. Elle s'enferma dans la chambre et appela sa mère pour lui dire que finalement, elle ne comptait pas venir le lendemain à St-louis comme convenu. Elle se montra très déçue, surtout par rapport à Seydina qui lui manquait énormément. Omar l'appela et elle répondit quand même
- salut...commença t-il
- salut
- heuu...je passe te prendre pour le diner chez Jean ? demanda t-il tout doucement
Elle garda le silence. Il faisait comme si rien ne s'était passé entre temps. Comme si tout était normal alors qu'elle se sentait...trahie
- Non, je suis fatiguée. Une autre fois. Excuse-moi auprès de Jean.
- Ok, je passe tout à l'heure.
- Non, je t'en prie Omar ; pas ce soir.
- Assy, ne me fais pas ça. On avait aussi dit pas de malentendus. Je t'ai expliqué les choses telles qu'elles se sont passées. Je t'en prie...ne fais pas ça.
- ça quoi ? demanda t-elle au bord des larmes
- ça...bouder, ne pas vouloir me parler, me voir ; Non, ne fais pas ça. Parlons en, et...
- j'ai dit tout ce que j'avais à dire. Donne-moi le temps de digerer...
- Non, je ne te donne pas de temps. Je passe tout à l'heure...
Il allait raccrocher, mais elle s'écria
- Non, je t'en prie. Attend demain alors...s'il te plait.
Il hésita un moment avant de lui lancer un rapide « ok » et de raccrocher
Elle passa la nuit à se tourner et se retourner sur le lit, se sentant seule d'un coup et n'arrivant pas à dormir. Vers 5 heures du matin, elle se leva et décida d'aller se promener un peu. Elle sortit et à peine avait-elle fait quelques pas dans la fraicheur du matin qu'elle vit la voiture d'Omar, à quelques mètres de son immeuble. En s'approchant, vit qu'il dormait sur le siège conducteur, des écouteurs aux oreilles. Elle toqua sur la vitre et il sursauta
- qu'est ce que tu fais là ? demanda t-elle étonnée
Il s'étira et ferma les vitres avant de sortir.
- je suis resté tard chez Jean et comme je devais venir chez toi, j'ai préféré...attendre
Ils se regardèrent un moment avant qu'elle ne lui tende les clé de l'appartement.
- vas-y ; je veux juste faire quelques pas...pour réfléchir un peu.
-on y va ensemble
- non, je préfère y aller seule. Je ne serais pas longue, dit-elle doucement.
Un peu hésitant, il se pencha et l'embrassa doucement, se contenta juste de poser ses lèvres sur les siennes.
Plus tard, elle le trouva au salon. Et s'assit à côté de lui. Il lui tendit la main et elle posa lentement la sienne et se laissa aller contre sa poitrine en soupirant
- je n'aurais jamais du te cacher des choses. Je suis désolé, dit-il
Elle ne dit rien.
- vous êtes quand même allé loin. Tu as promis à son père de l'épouser, tu l'as amené chez tonton Omar, tu...couchais avec elle. C'est...
- Oui, mais c'est fini et je regrette. Assy c'est toi que j'aime. Rien n'était pareil. J'ai fait tout cela, pensant qu'entre nous c'était mort. Mais ...je t'aime.
Elle le crut. Elle préféra le croire. Elle préféra croire qu'entre eux aussi c'était vraiment fini. Elle avait des doutes. Pleins de doutes, pleins de questions sans réponses, mais préféra les taire. Préféra se blottir contre lui, oublier, laisser passer. Parce qu'elle l'aimait et n'était pas prête à le perdre à nouveau. Pas maintenant.
- moi aussi je t'aime. Dit-elle
Il se leva et ensemble, ils entrèrent dans la chambre. Omar s'approcha lentement, comme s'il avait peur de prendre les devants et se mit à l'embrasser. Elle répondit lentement, doucement, hésitante à ses baisers, à ses caresses, à ses sensations. Pour la première fois depuis qu'ils étaient mariés, ils firent l'amour...calmement de manière sensuel, en se regardant droit dans les yeux.
Plus tard, ils parlèrent plus calmement et Omar la rassura et lui assura que tout irai bien entre eux. Elle s'accrocha à cet espoir, même si elle sentait son mari encore perturbé.
Assy regarda sa montre une énième fois pour voir si l'heure avait avancé. Elle ne se sentait pas bien et avait l'impression que le temps s'était figé, stabilisé. Elle soupira et rangea ses affaires pour rentrer. Elle croisa Mme Sarr dans le hall et lui dit qu'elle n'allait pas bien et devait rentrer pour se reposer. Cette dernière la taquina gentiment en faisant pleins de sous entendus pour lui dire qu'elle était enceinte. Elle se contenta de sourire sans démentir, ni affirmer aussi. Elle préférait les laisser dans le flou. De toute façon, ça se verrait tôt ou tard.
Eh oui, elle était enceinte et c'est quand elle en a eut la confirmation, par un rapide test de grossesse fait la veille, qu'elle avait commencé à se sentir mal. A croire que c'était psychologique. Ce bébé était tellement voulu. Elle en était juste au début et cette fois, elle appréhendait mieux les choses que la première fois. Et elle avait toutes les raisons pour. Malheureusement, Omar était en voyage depuis une semaine et ne devait revenir que dans une dizaine de jours. Elle n'avait pas envie de lui annoncer cela au téléphone, mais se demandait si elle pouvait garder ce secret encore longtemps.
En deux mois de mariage, à part le petit incident avec Filly, tout se passait tellement bien. Omar était tout simplement magnifique avec elle. Attentionné, amoureux, aux petits soins pour elle et Seydina. Elle se sentait la femme la plus heureuse du monde. Ils avaient finalement aménagé chez lui et ils n'avaient plus parlé de Filly. Elle avait rapidement pris ses repères pour devenir une femme active très dynamique dans son foyer et s'attelait à préparer elle-même le diner de son chéri malgré la fatigue du travail. Elle lui concoctait de délicieux repas et il se plaignait qu'il prenait du poids à cause de la quantité d'aliments qu'il ingurgitait. Et c'était vrai. Mais elle lui répétait que ça lui allait bien et qu'il n'en était que plus charmant. Et la nuit, c'était toujours...torride. Entre Assy et Omar rien n'avait vraiment changé. C'était comme au début de leur mariage. Il y avait toujours cette attirance, cette entente sexuelle, cette symbiose entre eux. Faire l'amour avec Omar était toujours un moment de pure folie, ou elle ne savait jamais à quoi s'attendre, elle ne pouvait jamais imaginer quel degré de plaisir elle allait atteindre. Et c'est cette once de découverte perpétuelle qui faisait qu'elle cherchait toujours des artifices pour pimenter encore plus leurs ébats. Si c'était encore possible.
Et maintenant elle était enceinte. Elle composa le numéro de son chéri bien décidé à ne rien lui dire pour le moment.
- Slt mon cœur...dit-elle en s'installant sur son lit.
- mon bébé...si tu savais comme tu me manques, dit-il avec un soupir dans la voix.
- c'est vrai ? dit-elle, le cœur lourd. Toi aussi tu me manques. Tellement, tellement...
Il rigola sourdement.
- tu es encore au boulot ? demanda t-il
- Non, je ne me sentais pas bien ; j'ai préféré rentrer.
- tu es malade ? dit-il avec une pointe de panique dans la voix. Tu es allé à l'hôpital ? Je peux appeler Dr Niang pour toi, c'est un ami et je suis...
- arrête Omar, je vais bien. C'est juste un coup de fatigue, ne t'inquiètes pas voyons...essaya t-elle de le rassurer
- désolé, mais c'est trop tard. Je suis loin là et tu me dis que tu ne vas pas bien. J'appelle Jean pour qu'il passe et me dise comment tu vas.
- tu ne me crois pas quand je te dis que je vais bien ?
- Non, je ne te crois pas. Tu essaie de me rassurer et je ne sais pas comment tu vas.
- je suis enceinte...dit-elle avec un grand sourire.
Non, elle n'avait pas pu tenir, elle ne pouvait pas garder ça pour elle. Elle était trop contente. Omar garda le silence un moment et elle imagina son visage à l'autre bout du fil.
- Omar ? tu es la ? demanda t-elle finalement
- Mon Dieu...souffla t-il lentement. C'est vrai ? je...ohhh...tu es...
Elle rigola
- calme-toi. Je voulais attendre que tu reviennes mais je ne pouvais pas. Je suis enceinte mon cœur. Seydina va avoir une petite sœur.
- ou un petit frère, riposta t-il en riant
- oh non, tu ne vas pas recommencer.
C'était l'éternel débat entre eux. Il voulait encore un garçon et Assy voulait avoir une petite fille. Omar continua à lui dire à quel point il était heureux avec une voix chargée d'émotion. Ils discutèrent encore longtemps avant de raccrocher.
Les jours suivants, il appelait tout le temps pour voir comment elle allait et Jean aussi était réquisitionné tous les jours pour veiller sur elle. Elle ne cessait de se moquer de lui, mais il remplissait à merveille son rôle de surveillant. Et heureusement. Assy n'allait pas bien du tout. Awa aussi se douta de son état dès qu'elle le vit un jour qu'elle était passée la voir. Elle était tellement contente pour elle qu'Assy en fut toute émue. Avec le temps, elle appréciait vraiment ses belles sœurs. Elle était plus à l'aise avec Awa car avec Amy, ce n'était pas encore très huilée. Mais elles essayaient quand même.
Le jour du retour de son chéri, elle se forçat à se faire toute belle pour l'accueillir et attendait patiemment qui devait aller le prendre à l'aéroport. Elle lui sauta au cou dès qu'elle ouvrit la porte. Sans se gêner de la présence de Jean, Omar la souleva et lui prit passionnément les lèvres en un baiser.
- héé vous là, vous n'êtes pas dans votre chambre. Un peu de tenue, protesta Jean.
Mais personne ne l'écoutait.
- Tu m'as manqué mon cœur...murmura Omar finalement en détachant lentement ses lèvres.
Assy sourit et le regarda. 20 jours et elle avait l'impression qu'il était parti une éternité.
- toi aussi. Promis, tu ne me quittes plus.
- promis...dit-il en souriant et en déposant un rapide baiser sur ses lèvres
Il la déposa et la maintint toujours contre lui avant de se tourner vers Jean.
- garçon, vous pouvez disposer...dit-il sur un ton sérieux et en lui tendant des pièces qu'il avait trouvé au fond de sa poche...
Assy éclata de rire tandis qu'Omar gardait son sérieux, toisant du regard un Jean prêt à lui sauter au cou
- té vraiment con toi....finit-il par murmurer. Assy écarte-toi un peu... le sang va gicler.
Assy s'écarta prestement, faisant éclater de rire Omar qui s'accrocha à elle
- bébé, mais qu'est ce que tu fais ? il va vraiment me tuer ce fou.
Cette fois tous éclatèrent de rire et Jean devait vraiment partir malgré les invitations d'Assy à rester encore.
- vous deux là, vous allez bientôt vous sauter dessus et je n'aimerais pas tenir la chandelle...et puis Khady m'attend. Elle va bientôt penser que je suis allé draguer et me créer des problèmes.
Dès qu'il tourna le dos, Omar se rendit dans la chambre de Seydina pour l'embrasser. Il dormait, mais il y resta un bon moment à le regarder. Quand il sortit, il attira Assy dans ses bras et la mit à califourchon sur lui sur le canapé du salon.
- tu vas bien mon bébé ? Murmura t-il en la regardant tendrement.
Elle s'approcha plus de lui et lui caressa les lèvres.
- Non, je ne vais pas bien. Le matin, je vomis à mort, au travail, je me sens mal, je suis fatiguée, le soir, je suis seule ici avec Seydina et Ndeya qui me rendent folle avec leur bruit, dit-elle avec une petite moue boudeuse.
Il sourit
- je suis là maintenant, et je vais parler à mon fils. Il se tiendra à carreau.
- ta fille...rectifia t-ell.
- je sens que c'est un garçon, persista t-il en lui prenant le visage entre les mains et l'embrassa tout en glissant les mains sous son chemisier.
- je t'ai préparé à diner...réussit à dire Assy quand il se décida à la lâcher un peu.
- j'ai pas faim...chuchota t-il. J'ai juste envie de toi.
- la...maintenant ? demanda t-elle innocemment
- Oui, là et maintenant
Il déboutonna son chemisier lentement et écarta lentement la dentelle délicate de son soutif pour prendre dans sa bouche ses seins tendus, la faisant gémir sourdement et essayant de s'éloigner
- c'est...douloureux...murmura t-elle en se cachant les seins dans les mains.
Elle avait mal aux seins et même pour mettre un soutien c'était compliqué car elle était trop à l'étroit. Mais Omar se contenta de la regarder un moment avant d'écarter ses mains, observant le beau spectacle avec un petit sourire, la respiration lourde. Il se remit à l'embrasser en massant délicatement sa poitrine gonflée. Elle soupira d'aise et se laissa faire, savourant ses délicieuses caresses. Elle l'aida à enlever son pantalon et ôta prestement sa jupe avant de se remettre sur lui et l'enlacer tendrement. Ils reprirent de plus belle leurs baisers et caresses, gémissant tous les deux de plaisir non contenu. Un moment, Omar lui prit la taille pour la guider doucement et elle soupira en s'accrochant à lui, quand il s'enfonça lentement en elle. Elle commença alors à bouger au dessus de lui, mais il la maintint fermement un moment, l'obligeant presque à s'arrêter.
- doucement ma princesse...j'ai peur...de...faire mal...au bébé...murmura t-il
Assy éclata de rire.
- pour le moment c'est un petit haricot et rassure-toi...il est bien au chaud.
Il la regarda, les yeux interrogatifs comme s'il doutait de sa réponse.
- tu es sûre ?
Sans répondre, elle reprit ses mouvements et il ferma les yeux pour savourer...
Plus tard, reposés, et bien installés dans leur lit, il lui posa pleins de questions sur la grossesse et elle du se rendre compte qu'il n'en connaissait pas grand-chose. Pour ne pas dire rien...
- je n'étais pas là durant te première grossesse mon cœur. Je le regrette jusqu'à présent, dit-il en la regardant tristement. Mais cette fois, je ne raterais rien.
Elle lui sourit.
- avant que je ne quitte chez toi, la dernière fois. Si tu avais fais attention, tu aurais pu deviner que j'étais enceinte.
Il fit mine de réfléchir.
- c'est vrai...tes seins avaient doublé de volume. Mais...je n'y ai pas pensé. Je suis désolé...
Elle le serra un moment
- il ne fait pas mon cœur. C'est passé. Cette fois, tu vas te rattraper, dit-elle en prenant sa main et en la posant sur son ventre encore plat.
Il resta dans cette position un long moment ét semblait concentré
- il bouge là ?
Assy ne tint plus et éclata de rire. Omar la regarda sans vraiment comprendre. Décidemment, se dit-elle, le gynéco avait du boulot.
Et effectivement. A son premier rendez-vous, Omar posa tellement de questions que le médecin parut un moment amusé. Mais répondit à toutes ses interrogations surtout les questions concernant leur vie sexuelle qui était assez...soutenue. Ils sortirent du cabinet tout content et Omar resta des minutes à observer le cliché de l'échographie, persuadé qu'il voyait un zizi pendre sur la petite forme qui apparaissait.
Assy se rendit chez sa mère ce jour là à la descente. Elle était maintenant marié à son oncle Omar et ce dernier lui avait prit un magnifique appartement bien décoré ou elle s'était installé avec son frère Abdoulaye et une de ses nièces qu'elle avait ramené pour lui tenir compagnie. Tout le monde dans la famille était d'accord pour ce mariage entre sa mère et le frère de son défunt mari, trouvant ainsi un moyen de se racheter, de se dédouaner auprès de Mère Saly. Même la femme de son oncle n'avait pas fait beaucoup d'histoire concernant cette union. Seules ses cousines semblaient contrariées que leur père prenne une seconde épouse et le faisait sentir à Assy. Mais elle s'en foutait pas mal. Elle avait sa mère à côté maintenant, son mari qu'elle aimait par-dessus tout, son fils. Que demander de plus ? Les états d'âme de ses cousines lui importaient peu. Dès que sa mère la vit elle devina qu'elle était en état et lui posa directement la question. Elle ne fit que confirmer et mère Saly se mit à prier pour elle fiévreusement
- tes petites robes là et tes pantalons nak, je ne veux plus les voir tu m'as compris. Maintenant porte des grands boubous et des anangos. C'est mieux...
- maman, pour le moment rien ne se voit. Je suis juste à un mois.
Elles chamaillèrent gentiment un moment avant qu'Omar ne vienne la prendre. Ils restèrent diner et Omar discuta longuement avec Mère Saly qui ne cessait de lui prodiguer des conseils pour la grossesse d'Assy. Il se promit de les faire respecter à la lettre. Et les jours suivants furent pénibles pour Assy car Omar voulait qu'elle se change et elle refusait, disant que sa grossesse ne se voyait pas donc, elle pouvait mettre ce qu'elle voulait. Au début, il s'énervait, mais Assy n'en avait cure et finalement, il a laissé tomber, disant préféré nettement les robes et autres jupes.
Omar regarda Filly, sans voix, ne comprenant pas ou n'assimilant pas ce qu'elle venait de lui dire. Le silence persista. Et Filly le rompit.
- Omar, je te parle. Je te dis que je suis enceinte.
-assied-toi, s'il te plait. Dit-il finalement
- Non, je ne compte pas durer. Je voulais juste t'informer que je suis enceinte. Je suis au courant depuis un mois. Quand je l'ai su je voulais l'enlever. Tout simplement. Je ne suis pas...comme cela Omar. Dans ma famille, j'étais considérée comme la plus sage, la plus renfermée. Je...je ne me suis jamais amusé. Mon mari a été mon premier homme. Le seul que j'ai connu...avant toi.
Sa voix s'était brisée et des larmes coulaient sur ses joues.
- mais tout ça tu le savais déjà. J'ai une famille, une ancienne belle famille, des petites sœurs, une fille. J'ai toujours servie d'exemple et mes belles sœurs entretiennent de très bonnes relations avec moi. Ma mère me cite en exemple quand elle parle à mes cousines qui sont à la maison, quand elle veut que mes sœurs changent. Moi. Filly Ndoye. Alors que je me permets de...coucher avec un homme qui n'est pas mon mari. Et c'est pourquoi j'ai voulu avorter, enlever cet enfant car je ne pourrais jamais supporter cette...honte.
Ses dernières paroles, furent noyé dans un sanglot qu'elle réprima du mieux qu'elle pouvait, fixant un point sur la table, évitant le regard d'Omar.
- j'avais pris rendez-vous avec un médecin, on avait convenu d'un jour, j'y suis allé, mais je n'ai pas pu me résoudre à le faire. Je ne peux pas tuer cet enfant qui grandit en moi. Ton enfant.
- Filly...murmura Omar, encore sous le choc
- je ne te reproche rien. Tu as juste profité d'une situation qui se présentait. J'étais trop amoureuse, mais je savais que tu l'aimais. Je le savais, mais j'étais aveuglé par mon amour pour toi. J'ai peut-être pensé te retenir en...acceptant de faire tout cela avec toi. Mais, je suis tombé dans mon propre piège. Je ne pouvais plus me passer de toi et...puis voila. Mais je ne suis pas comme ça Omar. Je ne suis pas une fille...légggg
Elle essuya rapidement ses larmes, incapable de terminer sa phrase, et telle une automate repris la parole, toujours immobile, toujours fixant ce point sur son bureau.
- J'ai essayé de te détester Omar après tout ce que tu m'as fait. Mais je n'y parviens pas. Mais je ne te demande plus rien. Je voulais juste te tenir au courant. Même si je ne sais pas comment faire ? Comment le dire à mes parents, comment assumer ? Je ne sais pas encore. Mais je suis...obligée d'assumer.
Omar se leva lentement et fit le tour de son bureau pour se mettre devant elle. Mais Filly fixait toujours le bureau, le visage triste, les larmes coulant lentement sur ses joues. Il lui prit les mains et tira légèrement, l'obligeant à se mettre en face de lui. Mais elle gardait toujours la tête baissée
- Filly regarde-moi...
-...
Il lui prit le visage et l'obligea à le regarder.
- tout ira bien...je te le promets. Tu n'es pas la seule à être fautive....c'est moi le père, on assumera ensemble.
Elle éclata en sanglot, et il la serra dans ses bras, ému, perdu, désolé. Mais à cet instant, il pensa plus à Assy. Sa femme qui était aussi enceinte et avec qui il entamait une nouvelle vie. Et il l'aimait trop. Il aimait trop sa femme pour risquer de la perdre encore une fois. Pas maintenant que tout allait bien entre eux comme jamais. Mais Filly aussi était une femme bien et qui maintenant portait son enfant. Il savait, il était sur et certain qu'elle n'était pas frivole. Il comprenait qu'elle avait eu besoin d'affection à un moment. Après être resté des années sans laisser un homme l'approcher, la toucher. Il avait compris qu'elle se lâchait enfin, qu'elle revivait. Mais elle n'était pas mauvaise et s'il l'avait rencontré dans d'autres circonstances, il l'aurait épousé sans problème car éprouvant beaucoup d'affection pour elle. Mais là, il y avait Assy et il aimait Assy plus que tout au monde.
- Filly, je suis...désolé. Je t'assure que je ne t'ai jamais pris pour une fille facile. Jamais. je t'ai toujours respecté et j'aurais voulu que les choses se déroulent autrement entre nous. Je te jure.
Assy secoua la tête
- Non, tu ne me respectes pas. Sinon, tu allais prendre la peine de me prévenir quand tu te mariais. Mais...
- je suis sincèrement désolé pour cela. J'ai mal agi je le reconnais, mais les choses se sont passées trop vite. Et...et puis voila. Mais je vais être sincère maintenant avec toi. J'aime ma femme et...
Filly se détacha lentement de lui et recula, mettant ses bras autour d'elle, triste
- mais je vais assumer cet enfant. J'irais parler à ton père, à ta famille. Je te jure que je ne te laisserais pas tomber Filly. Je reconnais que je n'ai pas été très...bien avec toi, mais je ne suis pas un lâche Filly. J'assumerais.
- et après ? demanda t-elle doucement
- après quoi ?
- après la naissance ? On fait quoi ? Nous deux ?
Il y eut un silence. Un très long. Il ne pouvait rien dire. Il ne pouvait pas encore songer à cela. Pas maintenant. Elle parlait de mariage. Mais son esprit cartésien ne saurait concevoir un mariage polygame. Et puis pourrait-il aimer une autre comme il aime Assy. Même s'il avait beaucoup d'affection pour Filly, ce n'était pas la même chose
- pourquoi tu ne m'aimes pas Omar ? Qu'est ce qu'il fallait que je fasse de plus ?
Il sourit, épuisé tout d'un coup
- rien. Tu as tout fait Filly. C'est juste que...
Il leva la tête et ils se regardèrent un long moment. Sans ajouter un mot, elle prit son sac et allait sortir quand il l'appela.
- sinon comment tu vas ? demanda t-il quand même sachant grâce à Assy que les débuts d'une grossesse ne sont pas facile.
Une main sur le loquet de la porte, elle ne se retourna pas.
- je ne vais pas toujours bien, mais je tiens le coup...merci
Il ne rajouta rien et elle sortit lentement, sans un regard. Il s'affala sur la chaise, perdue, avant d'appeler Jean. Il devait en parler à quelqu'un. C'était trop pour lui.
Assy parlait depuis quelques minutes, mais elle avait l'impression qu'Omar ne l'écoutait pas. Ils venaient juste de se coucher et Assy expliquait qu'elle trouvait sa mère bizarre. Elle lui racontait les changements de Mère Saly qu'elle avait trouvé en train de marchander du thiouraye et de se mettre du henné aux pieds et aux mains. Mais Omar gardait le silence
- Tu va bien bébé ? demanda Assy inquiète en se couchant contre lui.
Depuis des jours, elle avait l'impression que son chéri était soucieux, pensif. Il essayait de cacher cela, mais elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il y avait un souci. Il se tourna et la regarda longuement. Il ne portait que le pantalon de son pygama et regardait les images de la télé défiler, sans vraiment suivre car le son était coupé.
- Oui, pourquoi tu me demandes cela ? répondit-il un peu sur la défensive
- pour rien. J'ai l'impression que tu as des problèmes c'est tout.
Il soupira et se releva en secouant la tête. Elle le vit hésiter, ouvrir la bouche, la refermer, la regarder, détourner les yeux. Son cœur se mit à battre plus fort, se doutant qu'il y avait peut être un souci.
- tu me fais peur Omar. Que se passe t-il ?
Il s'efforça de sourire. Elle le vit encore hésiter.
- mais rien voyons... calme-toi. C'est juste que j'ai envie de quitter le pays. Partir loin m'installer avec toi et mon fils.
- mais pourquoi ? On est bien ici ; et puis tu as ton travail, tes parents, moi aussi la même chose. Arrête de penser cela.
- Ok, mais j'ai tellement peur de te perdre à nouveau ma chérie.
Elle lui prit tendrement le visage
- mais pourquoi tu penses cela ? Je ne bougerais plus d'ici mon cœur. Plus jamais.
Il la regarda intensément
- tu promets ? Quoi qu'il arrive tu resteras ?
Elle se releva légèrement et fronça les sourcils
- Omar tu veux me dire quelque chose ?
Il l'observa un moment avant de secouer la tête.
- Non, c'est juste qu'avec les tensions avec les cousines et le mariage de ta mère avec mon oncle...heuu...je ne sais pas.
Elle sourit et se blotti contre lui.
- t'inquiète. Je gère ces petites sorcières. Elles m'en veulent depuis que je t'ai chipé.
- hooo...mais qu'est ce que tu racontes comme cela
- arrête de faire l'innocent. Tu crois que je n'ai pas remarqué la manière dont elles te regardaient.
Omar éclata de rire et se mit au dessus d'elle, l'enveloppant de son corps
- Pousse-toi tu es lourd, protesta t-elle en rian
Mais il ne bougea pas, la regardant
- Non, je n'ai rien remarqué. Je ne voyais que toi....
Elle glissa ses doigts sur son dos en une tendre caresse et descendit plus bas pour poser ses mains sur les fesses fermes de son mari.
- bonne réponse mon chéri.
- je mérite bien un petit calin alors...
Les protestations d'Assy moururent dans la bouche d'Omar...
Assy l'avait reconnu. Elle l'aurait reconnu parmi mille. Il parlait à une jolie jeune femme en état de grossesse avancée. Ça faisait des minutes qu'elle était arrivée et autant de temps qu'elle le regardait de temps en temps. Ibrahima. Elle n'avait plus eu de ses nouvelles depuis qu'il l'avait appelé pour lui dire qu'il rentrait au Gabon, après le décès de son père. Elle lui avait encore demandé fermement de ne plus l'appeler et apparemment, il avait respecté son choix. Elle n'avait plus eu de ses nouvelles.
Un moment, comme s'il avait senti qu'on le regardait, il tourna la tête et leur regard se croisèrent. Elle voulut détourner le regard pour ne pas être prit en flagrant délit de voyeurisme, mais ne put le faire sur le champ...et ils se regardèrent. Elle était un peu loin, mais était sûre qu'il l'avait reconnu. On appela surement la jeune femme avec qui il était car il se détourna pour l'aider à se lever et à entrer dans le bureau su médecin. Elle trouva bizarre qu'il n'entra pas, mais n'y pensa plus car il se dirigeait, d'un pas décidé vers elle. Sans le faire exprès, il attirait le regard de la plupart des femmes présentes dans la salle. Assy se leva et l'attendit avec un grand sourire. Elle était satisfaite de voir qu'il ne la troublait plus autant que cela. Juste un peu perturbée, mais pas le flot de sensation qu'elle ressentait avant à chaque fois qu'elle le voyait.
- Assyatou Kane...murmura t-il en se plantant devant elle, un sourire aux lèvres.
Elle fit une petite révérence en penchant la tête et écartant les bras, le faisait rire.
- Elle-même. En chair et en os...répondit-elle en souriant à son tour.
Elle le regarda de plus près et ne put s'empêcher de l'admirer. Il s'améliorait avec l'âge constatât-elle. Il était vraiment beau. Très beau même et avec cette maturité, une petite barbe poivre et sel bien taillée, des cheveux légèrement bouclés qui faisaient ressortir son côté maure. Il était craquant, même si elle le trouvait un peu amaigri.
- toujours aussi belle....continua t-il en la détaillant, avec toujours ce petit sourire qu'elle ne put déchiffrer
Elle se troubla légèrement, plus à cause du regard perçant qu'il lui lançait qu'autre chose.
- arrête de me regarder comme cela voyons...un peu de tenue, plaisanta t-elle en détournant le regard
Il sourit, mais toujours incapable de détourner le regard
- tu as raison. Je ne devrais pas...lorgner ainsi une femme...mariée. N'est ce pas.
Il l'avait dit mais avec un petit ton interrogatif, comme s'il lui demandait si elle était toujours mariée. Elle ne voulait laisser aucune ambigüité entre eux
- eh oui, mariée et mère de famille.
- haaa, finalement, se contenta t-il de dire lentement, l'air un peu déçu. Et toi tu es venu pour un rendez –vous...
Il regarda rapidement la couverture du carnet de maternité qu'elle tenait
- prénatal...précisa t-elle en souriant
- ha...bah, toute mes félicitations alors.
- merci. Et toi comment tu vas. Qu'est ce que tu fais ici ? Tu es venu en vacance, demanda t-elle.
Il hésita.
- pas vraiment. Je crois que je reviens. J'aime bien le Gabon, mais...bon. C'est fini maintenant
- haa...baahh c'est magnifique. Je te souhaite un bon retour alors.
Ils se regardèrent un moment avant qu'Iba ne fourre ses mains dans ses poches, la faisant sourire. Il faisait toujours cela quand il était perturbé. Assy était plus calme que lui, plus sereine.
Il demanda des nouvelles de Seydina, de son mari, de sa mère et elle répondait toujours avec un grand sourire.
Elle allait lui demander des nouvelles de Sophie, quand la dame sortit du bureau du médecin et Assy qui était en face d'elle la vit chercher Iba du regard.
- ta dame te cherche on dirait...dit-elle
Il se retourna et lui fit signe
- elle a finit. Tu viens je te la présente, dit-il avec un sourire. C'est...
A ce moment son téléphone sonna et c'était Omar qui ne pouvait l'accompagner car il était en déplacement avec des collaborateurs. Elle décrocha et fit signe à Iba. Il hocha la tête et partit rejoindre sa « femme ». Assy tout en parlant à Omar ne pouvait s'empêcher de la regarder. Elle était très belle et un peu boudeuse ? Elle vit Iba se pencher vers elle pour lui parler avant qu'ils ne sortent ensemble. Il se retourna brièvement pour lui faire un signe auquel elle répondit rapidement avant de continuer à parler à son chéri et lui dire qu'elle n'avait pas encore vu le médecin.
Omar posa rageusement ses bagages sur le lit avant de tirer nerveusement sa cravate pour l'enlever. Sa journée n'a pas été facile. Il a du aller parler au père de Filly. Des moments comme cela, il aurait préféré s'en passer. Il a été obligé d'en parler à son père qui l'a accompagné auprès de la famille de Filly et les choses se sont très mal passées. Mr Ndoye a très mal pris la grossesse de sa fille et s'est vraiment lâché sur eux. Et Filly aussi n'a pas été en reste. Elle a eu sa part de remontrance de son père qui s'était dit réellement décu. Omar a quand même été touché et s'est surtout rendu compte de l'étendue de tout ceci quand le pater a versé de chaudes larmes, faisant pleurer Filly et sa mère. Il leur a dit que c'était la première fois que sa fille la décevait. Il lui avait donné une bonne éducation que tout le monde lui enviait et qu'Omar l'avait trompé. La mère de Filly se sentit mal un moment et du se retirer, incapable de soutenir encore plus la conversation.
Le père d'Omar avait tenté d'arrondir les angles, en lui exprimant toute sa peine, ses plates excuses, et bien entendu son assurance que son fils assumera jusqu'au bout cette grossesse et l'enfant à naitre. Oui, des moments comme cela, il aurait pu s'en passer. Et le pire c'est les dernières paroles du père de Filly.
- j'accepte la volonté divine. L'enfant est déjà et je souhaite qu'il naisse en bonne santé, mais je n'accepterais pas une autre humiliation, avait commencé Mr Ndoye. Omar, je ne veux plus te voir dans cette maison durant toute la période de la grossesse. C'est encore ma fille et elle n'est rien pour toi. si après la naissance de cet enfant tu veux assumer ton rôle de père, il faut épouser Filly. je n'accepterais plus de pagaille dans ma maison. Suis-je clair ?
Omar regarda son père et Filly qui gardait la tête baissée, pleurant silencieusement
- Ndoye, ne vous inquiétez pas, répondit son père. Nous assumerons. Nous sommes des personnes dignes et nobles. Nous réparerons notre erreur. Dès la naissance de l'enfant, nous demanderons la main de votre fille.
Omar s'était tout à coup senti mal. Très mal. Il sentit de grosses gouttes de sueurs dégouliner sur son corps. Mais il ne pouvait rien dire.
Mr Ndoye leur fit clairement savoir qu'il en avait fini avec la discussion et ils durent prendre congé, penauds, ridicules et surtout honteux.
Il était plongé dans ses pensées, quand Assy entra dans la chambre, toujours aussi fraiche et jolie, le tirant de ses pensées. Elle sentait bon et il s'enivra de son parfum quand elle l'enlaça pour déposer un baiser sur ses lèvres.
- bébé, je ne t'ai pas entendu rentrer...
- c'est vrai, je pensais que tu étais dans la chambre, répondit-il simplement
- tout va bien. Demanda t-elle inquiète par le visage renfrogné et soucieux de son chéri.
- à vrai dire, j'ai eu une journée de...merde.
- les partenaires n'ont pas été tendres on dirait ?
Il soupira et serra Assy fort dans ses bras.
- Non, mais là, je suis avec toi et c'est tout ce qui compte maintenant.
- ohh mon pauvre chéri...dit-elle en lui caressant la tête qu'il avait enfoui dans le cou d'Assy.
- huuummmm
- tu veux que je te coule un bon bain...et on le prend ensemble ?
Il se redressa vivement et elle sourit en voyant une lueur de joie luire au fond de ses yeux.
- ça ne serait pas le refus, répondit-il ravi
Aussitôt dit, aussitôt fait et les voila au fond de la baignoire, savourant les délices de l'eau chaude mélangé aux sels de bain. Assy était adossé à Omar qui en profitait pour laisser promener ses mains baladeuses sur le corps d'Assy qui parfois protestait mollement quand il descendait trop bas. Ils discutaient de tout et de rien en rigolant quand Omar posait ses mains sur son ventre, convaincu qu'il sentait bouger un fœtus d'à peine 2 mois. De fil en aiguille, Assy lui révéla innocemment avoir rencontré Ibrahima Aidara lors de sa dernière visite chez le gynécologue.
- Tu ne devineras jamais qui j'ai rencontré au cabinet la dernière fois.
- qui ? demanda Omar en déposant des baisers sur son cou
- Ibrahima Aidara
Omar se figea et se redressa lentement, silencieux. Assy dut sentir le malaise et se retourna légèrement. Il essaya de paraitre indifférent, mais se doutait que ça ne devait pas passer quand il vit Assy froncer des sourcils.
- arrête voyons, il était accompagné de sa femme je suppose, qui va bientôt accoucher. On s'est juste salué. C'est tout...
- et pourquoi tu m'en parles si ça a l'air aussi insignifiant pour toi dit-il en s'énervant un peu car sentant une petite pointe de jalousie le titiller. Il ne supportait pas cet homme. Et ne supportait pas sa femme entendre parler de lui.
Assy soupira
- je...enfin, on est sensé tout se dire n'est ce pas. On a déjà eu des problèmes à causes de lui...je...tu...enfin...
Elle était plus perturbée par le regard indifférent et froid qu'il lui lançait.
- mais on se dit des choses importantes. A moins que tu ne juges ta rencontre avec lui importante au point d'en faire un débat.
Assy commença à perdre patiente
- Arrête Omar. Mais ou vas –tu chercher ses bêtises ? je t'en parle juste comme ça. Si je ne l'avais pas fait un jour tu me l'aurais reproché en me disant que je te cache des choses
- Non, là n'est pas la question Assy...
- c'est bon, on ne va pas en faire tout un débat, répliqua Assy, énervée
Elle s'écarta et se leva rageusement
- Assy...
- QUOI ? Cria t-elle tu m'énerves Omar. Tu veux faire des montagnes d'une petite broutille. Tu crois vraiment que c'est la peine de me faire une crise de jalousie pour une petite rencontre avec un homme
- c'n'est pas n'importe quel homme je te signale, cria t-il automatiquement. Il regretta aussitôt ses paroles. Mais le mal était déjà fait quand il vit le visage d'Assy se décomposer littéralement
Elle s'était retourna brusquement pour le regarder, le cœur battant, la respiration courte.
- dis-moi le fond de la pensée, murmura t-elle, les larmes aux yeux. Vas-y ne te retiens pas.
Il ne dit rien et détourna le regard. Elle sortit des toilettes et frappa violemment la porte. Il se leva automatiquement pour la suivre, regrettant ses paroles et surtout sachant qu'il n'avait pas le droit de passer sa mauvaise humeur sur Assy.
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