Assy : les caprices du destin (5)


En sortant de chez Elhadj, elle décida finalement d'aller voir sa tante. Sa mère ne cessait d'insister et comme elle l'avait promis à son oncle, elle se dirigea vers la maison qui n'était pas trop loin de l'appartement d'Elhadj. C'était la première chose qu'elle avait remarqué quand elle était venue pour la dernière fois chez Elhadj. Il y avait juste une rue qui séparait la maison de sa tante et celle d'Elhadj.

Elle n'aimait pas se rendre là-bas. A part le mari de sa tante, personne ne l'appréciait vraiment. Ses cousines Ami et Ndeye Fatou la saluait à peine et ne s'engageait jamais à discuter avec elle. Sa tante aussi ne cessait de lui faire des remarques qu'elle jugeait désobligeantes sur leur vie. Arrivée devant la maison, c'est sa cousine Ami lui ouvrit la porte et fit semblant un moment d'oublier son prénom, mais au moment de l'annoncer, elle cria à sa mère
- maman, c'est Assy Kane qui te demande
- quel Assy ? demanda sa mère en descendant les escaliers.
Elle la reconnut et lui offrit un large sourire en l'enlaçant pour la féliciter pour son bac et à prier pour elle. Hypocrite, pensa Assy. Elle se mit aussi à s'excuser de ne pas l'avoir appelé
- ce n'est pas grave Badiène Oumy. Personne n'a le temps maintenant.
- c'est vrai. Mais toi tu es ma fille. Je n'ai pas le temps, en plus vous habitez trop loin...Pikine mome...
Elle se contenta d'acquitter et l'écouta râler encore...tonton Amadou descendit à ce moment et il était tout content de la voir. Comme d'habitude. Ils discutèrent sur ses perspectives d'avenir.
- maman, je sors...
Assy se figea.
- Omar viens dire bonjour à ta cousine Assy, dit tonton Amadou. Tu te souviens d'elle ? C'est la fille de ton oncle Ahmed Kane, le frère de ta mère.

Omar regardait Assy comme s'il avait vu un fantôme. Le lendemain de leur petit incident, il comptait s'excuser, mais il a été surpris de voir une autre fille. Quand il a demandé au gardien, ce dernier lui avait dit qu'Assy avait laissé tomber le travail. Sans explication. Il s'en était voulut et durant ces quatre derniers jours, il se demandait comme la retrouver. Sa cousine Assy. Il ne connaissait même pas son nom.
- Assy...dit-il doucement,
C'était bien elle. Elle était encore plus jolie. Elle était habillée d'une jolie robe droite en wax toute simple qui arrivait aux genoux, mais assise, elle remontait légèrement, dévoilant de belles jambes claires. Et ce beau visage légèrement maquillé...il se ressaisit et s'approcha d'elle. Elle se leva et allait lui tendre la main quand il s'approcha pour lui faire deux bises.
- Omar, souffla t-elle
Ils se regardèrent un moment, avant qu'Assy ne détourne les yeux. Tonton Amadou semblait ne pas avoir remarqué la gêne entre les deux cousins
- Omar toi tu dois t'en souvenir. Quand vous étiez plus jeunes, Assy venait souvent avec son père les dimanches et vous vous amusiez. Tu étais plus grand, mais vous vous entendiez bien..
Il expliqua rapidement qu'Omar était revenu du canada il y a quelques mois et avait trouvé du travail. Elle se contenta d'acquiescer sans dire qu'ils se connaissaient déjà. Lui aussi ne dit rien, se contentant de la regarder.

Assy aussi était étonné qu'elle ait des liens de parenté avec Omar. C'était bizarre...il était resté quelques minutes à discuter et lui demander des nouvelles de sa mère. Elle répondit sans grand entrain et après quelques minutes, demanda à partir. Il commençait à faire tard. Tonton Amadou essaya de la retenir, mais elle déclina gentiment disant qu'elle habitait loin et devait vraiment partir. Sa tante ne se donna même pas la peine de la retenir au contraire et au moment de partir, se contenta de lui donner cinq cent francs pour son transport. Elle refusa de prendre disant qu'elle avait de l'argent sur elle
- té nga dieul...vous en avez besoin dit-elle, contrariant Assy
- Oumy...dit sévèrement tonton Amadou
- Non on n'a pas besoin de ça, répondit Assy en la regardant droit dans les yeux, contrariée
Avant que sa tante ne réagisse, elle avait tourné le dos après avoir pris congé de son oncle et de son cousin. C'était toujours la même chose. Il fallait toujours qu'elle la rabaisse. Cinq cent franc...pfff
Elle marchait vers l'arrêt quand elle entendit qu'on l'appelait
- Assy attend...
Elle se retourna et vit Omar courir vers elle
- Viens je te dépose, proposa Omar
Elle n'avait d'ailleurs pas trop envie de partir avec son cousin.
- Non merci.
- Assy...l'appela t-il à nouveau
Il se passa la main sur les cheveux. Il était décontracté aujourd'hui. Un jean, un teeshirt, même son visage semblait plus détendu
- écoute, je suis vraiment désolé pour la dernière fois. Je suis impardonnable et je t'ai cherché le lendemain pour m'excuser. Je n'ai pas été très...
- ce n'est rien, dit-elle. Ce n'est pas grave.
Ils se regardèrent un moment.
- le monde est vraiment petit. On se voit depuis des semaines et je ne savais pas que tu étais ma cousine. C'est bizarre.
Il voulait détendre les choses, mais Assy n'était pas très réceptive. Elle lui en voulait toujours. Et ne s'en cachait même pas.
- Oui...dit –elle simplement.
- tu m'en veux c'est ça ?
Elle ne dit rien, le visage toujours fermé
- tu sais entre cousin cousine, on peut de faire des vannes.
Elle baissa la tête.
- Oui. Mais je suis pressée aujourd'hui. Une autre fois. Ciao
Elle allait partir quand il la retint à nouveau
- je peux avoir ton numéro Assy.
Elle hésita un moment avant de lui donner à contre cœur. Il voulait s'excuser encore, sa cousine semblait avoir tellement de problèmes et apparemment sa mère était au courant et ne faisait rien.

Le lendemain, elle revenait du travail quand elle vit des hommes avec sa mère dans la chambre. Elle reconnut l'oncle d'Elhadj et son cœur manqua un battement
- Assy, viens. C'est l'oncle d'Elhadj et l'autre c'est son ami.
Assy les salua respectueusement, le cœur battant
- ils sont venus sur la demande d'Elhadj. Je leur ai dit que c'est une surprise car je ne m'attendais pas à cette visite. Mais lui-même m'a dit que c'est Elhadj qui lui en a parlé hier et il lui a dit qu'il était hors de question de faire trainer les choses.
Son oncle reprit la parole.
- je n'étais pas au courant de cette relation. sinon, j'allais officialiser les choses depuis longtemps. Des jeunes qui sont ensemble depuis plus de 4 ans, on ne les laisse pas comme cela. Je ne veux pas de protocoles. Fixer nous rapidement un jour pour le mariage et on viendra
Mère Saly regardait Assy.
- ils ont amené sept cent milles et de la cola. Si j'avais été prévenu ils n'allaient pas partir sans qu'on ne leur accorde ta main. Mais je leur ai dit que tu ne m'appartiens pas. Je leur ai demandé de me donner du temps que je prévienne la famille et on leur fixera un jour.
Assy était tellement perdue qu'elle ne savait pas quoi faire.
Ils partirent après quelques minutes de discussion ou chacun faisait des témoignages sur leurs familles respectives.
- Assy pourquoi tu ne m'a rien dit.
- je ne savais pas maman...dit-elle encore en reprenant son sac et en sortant rapidement.
Elle appela Elhadj qui décrocha à la première sonnerie
- Mme Sall...dit-il tout heureux
- Elhadj, qu'est ce que ca veut dire ? Pourquoi tu ne m'a rien dit
Il soupira ;
- écoute, mon oncle t'a vu à la maison hier et m'a posé des questions. J'ai répondu qu'on était ensemble depuis longtemps et que j'avais l'intention de t'épouser. Il m'a sermonné en me demandant de lui indiquer la maison et de lui donner ce que j'avais pu rassembler. Je voulais te prévenir mais bon...
- tu es ou ? Il fait vraiment qu'on parle.
- Je suis encore au bureau. Mais on peut se retrouver à la maison tout à l'heure. Tout le monde est parti à thiès pour une cérémonie. On pourra discuter tranquillement, dit-il en souriant, persuadé qu'elle commençait à stresser pour le mariage et voulait lui demander encore de l'argent
Elle raccrocha et éclata en sanglot. Là, en pleine rue. Avec cette impression d'avoir bousillé à jamais sa vie. Une dame lui demanda d'entrer chez elle et lui donna de l'eau pour qu'elle se calme et lui demanda si elle avait des problèmes. Elle se contenta de la remercier et de se le ver pour partir. Elhadj ne lui pardonnerais jamais si le soir des noces il découvrait qu'elle n'était pas vierge. Il était trop jaloux, trop possessif pour accepter cela. Et Assy aussi ne le supporterait pas. Elle l'avait trompé, menti. Tout ça pour un amour qui sans espoir, tout ça pour Ibrahima. Elle devait lui dire la vérité. Avant qu'il ne soit trop tard.

Arrivée chez lui, il lui ouvrit et était encore en costume.
- entre je viens juste d'arriver, dit-il en s'effaçant
Il l'enlaçant tendrement et déposa un petit baiser sur ses lèvres
- ma chérie tu es stressé. Je te comprends, tu es surprise par la rapidité des choses. Mais rassure-toi. Tout ira bien. Ma mère vient dans 3 jours, le temps de prévenir la famille. Ensuite, je vais te rajouter de l'argent pour que tu te prépares. Je veux que tu organises une fête grandiose pour que ta famille sache que ton mari t'aime...
- Elhadj, l'interrompit-elle. Il faut que je te parle.
A ce moment, il remarqua ses yeux rougis, sa mine triste et son air...paniquée. Il était sur à présent que c'était plus sérieux qu'il ne le pensait
- Assy que se passe t-il ? Dis-moi...
Elle essuya les larmes qui coulaient sur son visage et le regarda
- je sais que tu risque de m'en vouloir, que tu risque de ne pas pourvoir me pardonner, de me détester même. Mais il faut que je t'en parle.
- Assy là, tu me fais peur.
Son esprit pensait à toute sorte de chose. Elle était peut être gravement malade et le lui cachait. Ou ne pouvait-elle pas avoir d'enfants. Il psychotait...surtout qu'ils restèrent un long moment silencieux, Assy semblant chercher ses mots, essuyant ses larmes, triturant ses doigts nerveusement, regardant ailleurs. Puis se lança.
- je suis vraiment désolé Elhadj, mais je dois te dire que je ne suis peut être pas la personne que tu penses épouser. Tout le monde commet des erreurs dans la vie et moi j'en ai commis une...
- une erreur ? Quelle erreur ?
Il était perdu, complètement perdu. Ne sachant que pensez. Assy ? Une erreur ?
- j'ai rencontré un autre homme, et...heuu...on était ensemble et heu on a...Je ne suis plus...je ne suis plus...
Elhadj se redressa. Semblant comprendre, mais secoua la tête. Non ce n'était pas ce qu'il pensait. Ça ne pouvait pas être cela
- tu es sorti avec quelqu'un d'autre ? C'est ca ?
Elle hocha la tête.
- et tu n'es plus quoi ?
Elle ne put rien dire.
- REPOND MOI ASSY.
Il y eut un silence, ou elle regrettait finalement de lui avoir tout dit.
- Vous avez fait quoi ? dit-il plus calmement, mais en se maitrisant.
Non, ça ne peut pas être cela. Non Assy ne pouvait pas lui faire cela.
- je suis désolé Elhadj.
Il eut malheureusement la confirmation
- Tu as couchée avec un autre homme ? C'est ca ?
Elle secoua la tête, l'air perdue
- Non, pas vraiment, c'était...une erreur
Il éclata de rire
- UNE ERREUR, aboya t-il. Tu te fous de moi ou quoi ? Il t'a violé ?
- Non, dit-elle dans un souffle.
Elhadj garda le silence un moment. Un long moment. Pour se calmer. Pour maitriser la situation. Pour essayer de comprendre. Et pourtant il aurait du s'en douter. Il aurait du y songer. Depuis qu'elle avait commencé ce travail de serveuse, il la sentait s'éloigner. Elle a du rencontrer un autre. Oui. Il n'y avait pas songé. Il n'avait jamais pensé qu'Assy puisse faire cela. Pas à lui. Il n'avait jamais songé à sortir avec une autre. Toute sa vie se résumait à Assy. Il en avait connu d'autres avant elle. Mais depuis qu'ils étaient ensemble, il se disait qu'il avait trouvé sa perle. Et l'avait façonné comme il l'aimait. Et c'est cette personne, sa Assy qui venait aujourd'hui lui dire qu'elle avait couché avec un autre homme. Avait embrassé un autre que lui, l'avait touché.
- pardonne-moi Elhadj. Je regrette sincèrement. J'espère que tu pourras me pardonner et qu'on pourra vivre normalement. Je ne suis pas mauvaise Elhadj et je jure que serais une bonne épouse
Il ne se contrôlait plus. Il se jeta sur elle et lui enserra la cou.
- tu n'es qu'un sale pute...comment as-tu pu aller t'offrir comme cela à une autre homme. Tu es une pute...
Assy avait du mal à respirer et souffla difficilement
- Arrête Elhadj, tu me fais mal
Mais il n'entendait rien, continuant à serrer. Puis il la lâcha subitement et introduit ses mains sous son top, avant de le déchirer, faisait voler tous les boutons. Et la laissant en soutif.
Encore sous le choc et essayant de respirer péniblement, elle resta un moment sans réaction. Mais Elhadj était comme fou, aveuglé par la rage.
- tu donnais à tout le monde sauf à moi, c'est ça ? C'était moi le pauvre con qu'on soutirait de l'argent et qui n'avait même pas un baiser...
- Non Elhadj, arrête s'il te plait
Il l'avait basculé sur le sol et maintenait fermement ses mains, tandis qu'il lui embrassait les seins, et descendait la fermeture éclair du pantalon qu'il tira. Mais Assy se débattait et il commença à la frapper rageusement. Elle se protégeait le visage, pour éviter qu'on ne la blesse. Mais Elhadj ne voyait rien. Elle se mit alors à crier, mais rien. Il se leva et commença à se déshabiller
- je vais faire comme les autres Assy. Prendre ma part. Pour le mariage, tu peux oublier. Chez nous, on n'épouse pas les catins.
Quand il fut tout nu, il la souleva et l'entraina de force dans la chambre, en la frappant durement à coup de pied et la jeta sur le lit. Elle voulut se lever, mais il était trop fort et la maintint fermement
Elle le suppliait de la laisser, pleurait, mais il n'écoutait pas.
Elle était maintenant en slip et comme elle résistait quand elle voulut le tirer, il la gifla encore, et encore. Quand elle essayait de résister, c'était encore des coups. Mais dans un dernier sursaut, Assy lui donna un coup de genoux entre les jambes, le faisant plier. Elle se leva rapidement et sortit de la chambre en courant. Ses cris avaient alerté et elle entendit frapper à la porte. Elle ramassa ses habits, son sac et toujours en slip se dirigea vers la porte qu'elle ouvrit toute tremblante tandis qu'Elhadj sortait de la chambre. Il avait revêtu son caleçon et c'était un voisin qui demandait à Assy ce qui se passait. Sans répondre, elle passa devant lui et courut dehors. Il faisait sombre et en bas, elle se cacha dans un coin et revêtit en tremblant son pantalon et le reste de son top, qu'elle ne pouvait plus refermer car tous les boutons étaient tombés. Ensuite, incapable de faire un pas, le corps complètement endolori, elle se recroquevilla dans un coin.
Une demi heure, une heure, deux heures, elle ne savait même pas combien de temps. Son téléphone qui sonnait dans son sac, encore la ramena à la réalité. C'était sa mère.
- Assy je m'inquiète tu es ou ?
- je suis chez Rama maman. Je vais y passer la nuit. je reviens demain.
- tu va bien Assy ?
- Oui maman.
Elle raccrocha et se leva pour se diriger à l'arrêt de plus proche, titubant, l'esprit complètement partie. Elle appela Rama, mais elle ne prenait pas. elle s'assit à l'arrêt, ne sachant plus quoi faire...

Omar venait de terminer, tard comme d'habitude. Il a fallu que sa mère l'appelle pour qu'il se décide à partir. Il a failli appeler Assy, mais c'était encore trop tôt. Elle lui a donné le numéro la veille. Il devait encore attendre un peu. Il était sur le point d'arriver quand il remarqua une jeune fille assise à l'arrêt toute seule et il eut cette impression que c'était Assy. Mais il était trop tard. Que ferait Assy dans cet arrêt à cette heure. Il la dépassa, mais l'esprit secoué par le doute, il rebroussa chemin et descendit. Elle était toujours dans la même position, le regard vide.

- Assy ?
Elle leva les yeux, mais ne semblait pas le voir...elle semblait en état de choc et avait des traces de coup sur sa peau claire. Ses joues étaient rouges et portaient des grandes marques comme si on l'avait giflé. Il ne comprenait pas. Etait-ce Assy qui était là ?
- Assy ? C'est bien toi.
Elle hocha la tête lentement, mais ne semblait toujours pas le reconnaitre. Oui, elle était vraiment en état de choc. Avait-elle fait un accident ? L'avait-on agressé pour lui voler quelque chose.
- tu as été agressé Assy ? Qu'est ce qui t'es arrivé ? Que fais-tu ici ? Tu étais à la maison ?
Elle ne disait rien
- lève-toi Assy, je te dépose
Elle se leva comme une automate et il remarqua qu'elle serrait les pans de son chemisier et tous les boutons avaient été arrachés. Son cœur rata un battement. Et si on l'avait violé
- on t'a violé Assy ?
Cette fois, elle réagit et écarquilla les yeux.
- Non, répondit-elle doucement.
- ok...écoute, tu es blessée, je t'amène à l'hôpital.
Elle hocha la tête et le suivit.

- ca va mieux maintenant ? demanda Omar toujours inquiet

Assy hocha la tête. Oui, ça allait mieux. L'état de choc dans lequel elle était plongée avait disparu laissant place à une colère sourde. L'infirmier l'avait consulté et lui avait demandé ce qui lui était arrivé. Elle a alors raconté lentement, la tête baissée, qu'elle avait été agressé par un gars qui voulait lui prendre son sac. Le médecin n'a pas posé plus de questions et lui a prescrit une ordonnance avant de lui recommander de faire une radio vu qu'elle avait des douleurs lorsqu'elle respirait. Comme elle devait travailler, elle demanda un certificat médical à présenter, et il lui en fit un rapidement. Omar était toujours là à l'attendre quand elle est sortie de la salle de consultation. Il l'avait amené dans une clinique huppée ou apparemment il connaissait le personnel. Le médecin lui expliqua qu'elle avait des contusions, et des bleus et il lui avait prescrits une pommade et des médocs pour la douleur. Il l'a remercié et ils se sont dirigés vers la sortie.
- tiens ton téléphone. Une certaine Rama a appelé et je lui ai dit de te rappeler.
- merci, dit-elle en prenant son téléphone ainsi que son sac.
Elle était dans un piteux état. Il lui prit de force l'ordonnance et l'acheta dans la pharmacie attenante à la clinique. Rama rappela et elle lui dit qu'elle allait dormir chez elle. Cette dernière n'avait pas encore fini, mais comme elle avait toujours les clés, elle pourrait rentrer sans problème
- puisque tu habite loin, on va à la maison. Je vais prévenir ma mère.
Il prenait son téléphone, mais Assy cria, arrêtant son geste
- Non, ne fais surtout pas cela. Je vais chez ma copine Rama.
- mais...
- merci pour tout Omar. Vraiment. Dit-elle doucement en baissant la tête.
- tu ne veux pas me dire ce qui s'est passé ? celui qui t'a fait ça mérite la prison Assy.
Elle releva la tête et ils se regardèrent un moment. Il avait enlevé ses lunettes et elle avait l'impression que son visage était plus doux. Mais elle n'avait pas le cœur à s'y attarder.
- Non, pas maintenant. Dit-elle en secouant lentement la tête
- donc ça veut dire qu'un jour tu le feras ?
Elle haussa les épaules
- allez monte. Indique-moi la direction et je te dépose.
Durant tout le trajet, il ne cessait de lui jeter des coups d'œil furtifs, vraiment en peine pour elle. Elle avait mal, mais on dirait qu'elle ne ressentait pas la douleur physique, emmurée qu'elle était dans un silence pesant qu'elle interrompait juste pour lui dire la direction à prendre. Arrivée devant l'immeuble de Rama, elle se tourna vers elle
- encore merci Omar. Passe le bonjour à tonton pour moi.
Elle allait descendre quand elle se retourna
- s'il te plait, je ne voudrais pas que ma tante soit au courant
- t'inquiète, je ne suis pas une balance.
Elle hocha la tête et le remerciât.

Rama n'en croyait pas ses oreilles. Assy était en train de lui expliquer ce qu'Elhadj lui avait fait.

- c'est bon Assy, on va porter plainte. Il a essayer de te violer bon Dieu
- Non Rama, c'est de ma faute. Je n'aurais jamais du faire cela.
- Non ce n'est pas ta faute. Même si tu avais couché avec tous les hommes de la terre, il ne devait pas te forcer à quoi que ce soit. Sale brute. Je ne l'ai jamais aimé ton Elhadj là. Toujours à jouer son jaloux là. PFFFF
Assy resta silencieuse et s'alarma un moment.
- et s'il allait raconter à ma mère ce qui s'est passé.
Rama secoua la tête
- On s'en fout Assy. Tu assumeras. Mais il est hors de question qu'il s'en sorte comme cela. Si tu ne veux rien faire, moi je porterais plainte.
Assy secouait la tête. Non elle ne voulait pas que sa mère soit au courant.
- s'il te plait.
- Assy arrête. Ressaisit toi. Ce n'est pas la fin du monde. Ce qui est fait est fait. Assume. Tu ne peux pas passer ta vie à porter cela sur tes épaules. Donne-moi ce certificat médical. Tu m'as bien dit que le voisin a frappé à la porte ? Il va servir de témoin. Attends, je l'appelle.
- il est tard Rama.
- il prendra.
Effectivement, il décrocha.
- Rama, ta copine a du te parler je suppose. Qu'est ce que vous me voulez. Vous êtes toutes des sales putes. Commença t-il
- Eh bien les sales putes vont porter plainte contre toi demain. Assy est allé à l'hôpital et a eu un certificat médical. Demain on porte plainte
Il partit d'un éclat de rire
- allez à la cour de la Haye, porter plainte je m'en fous. Si vous le faites, je dirais à tout le monde que vous êtes des putes. Et puis dis à l'autre là, demain de me ramener mon argent.
- tu n'auras rien. Et demain on verra. Le nouveau conseiller du ministre éclaboussé dans une affaire de viol. Très intéressant.
Et clac elle raccrocha. Assy avait écarquillé les yeux, tremblantes.
- Rama, et s'il va raconter ça.
- c'est à ta mère qu'il risque d'aller parler. Ça sera sa parole contre la sienne. Toi avec tes bleus sur le corps et les marques de strangulation personne ne te contredira. Il croit qu'on plaisante. Mais calme-toi. J'ai un cousin gendarme. Il pourra lui faire peur.
Son téléphone sonna encore. C'était Elhadj qui rappelait. Rama sourit et refusa de prendre.
- laisse-le cogiter. Si on décroche maintenant, il va penser qu'on veut négocier.
Assy, n'était pas d'accord avec le plan de Rama. Elle voulait que demain, on lui rende son argent et qu'il sorte de sa vie. Simplement.
- je l'ai vraiment offensé Rama. Je mérite peut être ce qui s'est passé.
Rama prit un air exaspéré
- mais arrête de jouer les victimes Assy. Aucune femme ne mérite cela. C'est sauvage. S'il avait réussit à te violer, tu aurais applaudi c'est ça. Lève-toi, LEVE TOI
Elle avait criée et Assy s'exécuta et la suivit dans la chambre ou il y avait un grand miroir.
- regarde-toi Assy. Regarde ce qu'il t'a fait. Et ça tu veux le considérer comme une victime.
Elle faillit ne pas se reconnaitre. Elle ne s'était pas regardée se contentant juste de constater les marques sur ses bras. Elle avait un œil au beurre noir, tout le contour était brun et sur sa peau claire c'était flagrant, ses joues aussi portaient des marques. Elle enleva son top, son jean et éclata en sanglot. Tout son corps portait des marques de coup. Elle se dirigea vers les toilettes et se doucha longuement.

Le lendemain, très tôt, elle rentra chez elle pour prévenir sa mère qu'il n'y aurait pas de mariage avant d'aller au commissariat. Quand sa mère la vit, elle était choquée, lui demandant paniquée ce qui lui était arrivé.

- maman, ce n'est rien. C'est un gars qui a voulu prendre son sac et on s'est battu.
- aye Assy, pourquoi tu ne m'as rien dit ?
- pour ne pas t'inquiéter voyons.
Elle la calma du mieux qu'elle pouvait et la fit assoir tranquillement.
- maman, pour le mariage avec Elhadj, ça n'aura pas lieu.
Sa mère écarquilla les yeux étonnés
- mais, ils ont amené l'argent. Je voulais aller aujourd'hui chez Souka pour lui en parler et en profiter pour aller chez tes oncles.
- ne fais rien maman j'ai parlé avec Elhadj. Il y a eu un gros malentendu et on ne se marie plus.
Il lui fallut beaucoup de temps pour faire accepter cela à sa mère. Et se demanda même, quand elle accepta de se résigner, si elle avait vraiment comprit. Mais elle devait rapidement rejoindre Rama au commissariat pour rencontrer son cousin. Rama lui dit qu'Elhadj avait encore appelé ce matin et commençait à mettre de l'eau dans son vin, surement conscient maintenant de la gravité de la situation.
Elles étaient en train de discuter, et Rama lui dit qu'elles attendaient quelqu'un avant d'entrer. Elle a commencé à lui expliquer, quand Elhadj fit son apparition. Il les regarda avec un air méprisant, mais Rama n'en fit pas cas.
- tu as bien fait de venir Elhadj. Regarde, c'est une copie du certificat médical. On est prête à porter plainte.
- je vais te détruire Assy. Je dirais à tout le monde que derrière tes airs d'innocente, tu n'es qu'une pute.
Rama l'interrompit
- Assy vient, on entre. J'en ai marre d'entendre ce porc t'insulter. Il s'expliquera devant le commissaire. Crétin.
Elhadj était tellement furieux qu'Assy avait l'impression qu'il allait exploser. Rama était déjà à l'intérieur et Assy ne pouvait se résoudre à la suivre.
- Ehadj je suis désolée, dit-elle doucement.
Il lui lança un regard haineux qui la fit frissonner.
- dis lui d'arrêter. Je n'aime pas les scandales. Je ne dirais rien de vos histoires de Q.
A ce moment, Assy vit rouge.
- mais dis ce que tu veux Elhadj. Je m'en fous. Par contre, toi, tu as intérêt à ce qu'on ne dise rien. Si ton ministre l'apprend, tu es foutu. Tu aurais du y réfléchir à deux fois avant de me faire ça.
Un moment, il sembla déstabilisé.
- Ok c'est bon. Dis lui de laisser tomber. J'ai une réunion, j'y vais.
Assy fit tout pour convaincre Rama de laisser tomber. Et elle accepta contre son gré, mais en remettant à son cousin le certificat médical. Elle devait partir pour travailler, mais Assy la prit tendrement dans ses bras.
- merci ma chérie. Je me demande ce que je ferais sans toi.
- ne dis pas ça voyons. Je veux que dorénavant, tu ne te laisse plus faire. N'aie jamais peur du jugement des autres. Aie confiance en toi Assy.
Les larmes coulaient sur le visage d'Assy, trop touché par la sollicitude de Rama. Elle la connaissait depuis pas longtemps, mais elle a été tellement importante dans sa vie.
- arrête de pleurer voyons, tu es en train de me faire pleurer aussi, dit-elle en essayant rapidement ses larmes. Rentre, et rassure ta mère.

Elhadj était furieux. Il avait l'impression de s'être fait avoir. Comme dans les films ou le gars se fait piéger. Comment Assy avait pu lui faire cela. Il n'en revenait pas. Il l'a violenté sous l'effet de la colère. Et il n'aurait pas du. Revoir Assy le lendemain, lui avait fait comprendre qu'il avait exagéré. Et cette menace de plainte. Il ne pouvait prendre le risque de les laisser continuer. Le soir, il appela Rama pour lui demander si elle avait déposé la plainte. Elle répondit que non et que c'était Assy qui l'avait supplié de ne pas le faire. Mais que l'action pouvait être continuée à tout moment. Il lui demanda de dire à Assy de lui rendre son argent car il était hors de question qu'elle épouse une catin. Rama a éclaté de rire en lui disant de considérer cet argent comme les dommages et intérêt. Il faillit tomber en syncope. Mais n'osa pas trop répliquer, de peur, qu'elle dépose la plainte. Sept cent mille. Oui, on l'avait arnaqué.


Il fallut des jours à Assy pour faire comprendre à sa mère que le mariage était bel et bien annulé. Sa mère ne comprenait pas. Heureusement qu'elle n'en avait encore parlé à personne de la famille ; elle avait juste avertit les voisines, et quand ces dernières demandaient à quand était fixé le mariage, elle était obligé de leur dire qu'on attendait un oncle lointain. Un jour elle a bien été obligée de leur dire que le mariage était annulé pour d'obscures raisons mystiques. Tous les jours, elle disait à Assy que les oncles d'Elhadj allaient revenir pour reprendre leur argent. Mais non. Elles n'eurent plus aucune nouvelle ni d'Elhadj, ni de son oncle. Rama lui avait dit qu'elle pouvait garder l'argent, mais elle ne voulait pas. Cet argent n'était pas à elle et elle ne se le pardonnerait jamais. Il l'avait sorti pour l'épouser et le mariage ne devait pas avoir lieu. Elle reprit cet argent et le mit dans une enveloppe qu'elle est allé déposer au gardien de l'immeuble ou travaillé Elhadj. Rama allait la tuer, mais elle ne voulait pas garder cet argent. Elle le lui dit en rigolant le jour, même et elle lui cria dessus. Quelle ne fut sa surprise, le soir même de voir sa mère lui remettre la même enveloppe en disant que c'était un monsieur qui l'avait déposé. Ah Rama...elle garda cet argent sans oser y toucher, en se disant que finalement ça réglerait pas mal de leur problème.


Nafi avait accouché dans la semaine ou elle avait tous ces problèmes. Elle est allée la voir à la clinique à une heure ou elle supposait qu'Ibrahima était au travail. Elle avait eut un petit garçon tout mignon qui lui ressemblait plus qu'à Ibrahima à qui elle ne trouvait aucun trait. Malgré toutes les protestations de sa mère, malgré le fait que Mère Souka voulait qu'elle vienne s'occuper de Sophie, elle refusa d'aller au baptême. Elle n'arrivait pas à se sortir Ibrahima de la tête après tout ce qui s'était passé. Il était hors de question qu'elle prenne le risque de la revoir encore. Chaque jour elle pensait à lui avant de dormir, se réveillait en pensant à lui. Une vraie maladie, et elle ne trouvait malheureusement pas de remède. Elle en pleurait de rage. Un jour, sur indication de Khady, elle se rendit chez un marabout qui parait-il faisait des miracles. C'était la première fois qu'elle mettait les pied chez un marabout, mais elle était épuisée, fatiguée.
- qu'est ce que je peux faire pour toi, jolie jeune fille ? dit le vieux Traoré avec un sourire édenté. Tu veux que je secoue le cauris.
Assy secoua la tête.
- Non, je ne veux pas de voyance. Je suis là pour une chose bien précise...dit-elle tristement.
Il sourit.
- ha les jeunes filles. C'est un problème avec ton amoureux.
Elle hocha la tête, les yeux pleins de larmes.
Il prit un cadenas à côté de lui.
- je le fais tous les jours. avec ça, dit-il en lui montrant le cadenas. Si je finis, il ne verra que toi, ne respirera que pour toi.
Assy lui prit vivement le cadenas.
- Non Traoré. Je ne veux pas cela. dit-elle doucement, le cœur lourd.
Il la regarda intrigué
- que veux-tu alors ?
Elle éclata de sanglots car n'arrivant pas à formuler son vœu tellement cela lui pesait
- je veux l'enlever de là...dit-elle en larme et en désignant son cœur. Je n'en peux plus Traoré. C'est trop dur.
Décidément, il aura tout vu, se dit le vieux monsieur. De toute sa vie de marabout, c'était bien la première fois qu'une jeune fille vient lui demander ce genre de service....

Assy fut finalement orienté en faculté de...Sciences-éco. Son deuxième choix. Mais qui lui convenait parfaitement car elle se disait qu'en travaillant dur, avec une licence, elle pourra travailler. Elle rentra chez elle le cœur léger et annonçant la bonne nouvelle à sa mère. Cette dernière pria encore pour elle en lui promettant des jours meilleurs. Son petit frère Abdoulaye avait été envoyé dans un internat en même temps que le fils d'une voisine. L'internat était tenu par un cousin de cette dernière qui avait assuré à mère Saly que les enfants ne mendiaient pas, et ne faisaient qu'apprendre le Coran. Assy a tenu à aller jusqu'à Louga pour voir les conditions d'hébergement et est revenu assez satisfaite, rassurant sa mère sur les conditions sanitaires vraiment acceptables. Mais il fallait quand même payer une petite somme et Assy a alors prélevé de l'argent d'Elhadj pour payer toute l'année. C'était une chose de faite, car elle avait vraiment peur que ce garçon prenne une mauvaise pente.
Mais maintenant, Assy était préoccupé par autre chose. Ses cours à l'université allaient commencer et sa maman était seule dans la chambre. Les études risquaient d'être contraignantes et elle ne pourrait pas faire la navette tous les jours. Elle prévoyait de loger dans le campus social et se demandait si elle pouvait laisser sa mère seule dans la chambre. Si elle avait les moyens, elle se trouverait une chambre proche de l'université et y aménagé avec sa mère. Mère Saly devenait de plus en plus impotente à cause de ses arthroses. Elle se levait difficilement et pouvait à peine marcher sur une longue distance. Mais quand elle le lui proposa, elle a refusé en disant qu'elle ne quitterait pas le quartier car ses voisines étaient comme des sœurs. C'est vrai qu'elle la savait en de bonnes mains, mais bon. C'était sa maman et c'était à elle de s'en occuper. Mais à l'impossible nul n'est tenu. Elle devait aussi penser à ses études, elle devait réussir et la combler. Et pour cela, il fallait faire des sacrifices.

Ce soir, elle était sur le point de se coucher quand elle reçut un appel. Son appel. Toujours à la même heure. Omar Bocoum. Depuis l'incident, il appelait tous les jours pour s'enquérir de ses nouvelles. Il le faisait le soir, quand il était sur le point de quitter son travail. Les conversations étaient courtes, avec parfois de petits moments de vide ou personne ne trouvait rien à ajouter. Surtout Assy. Elle n'avait aucune envie de se familiariser avec son cousin. Même s'il l'avait aidé le jour ou Elhadj l'avait agressé, elle ne pouvait s''empecher de le revoir sous son visage arrogant et hautain, quand il l'accusait de vol ; et pourtant elle lui était reconnaissante. C'est bien pour cela, qu'elle faisait l'effort de décrocher à chaque fois qu'il appelait. Ce soir, elle n'avait pas vraiment envie de lui parler et connaissait d'avance leur conversation.
- Allo Assy, c'est Omar
- slt Omar.
- Comment tu vas ?
- je vais bien.
- je m'apprêtais à rentrer et je voulais voir si tu te portais bien
- Oui, je vais bien Omar. Merci
Après il y avait toujours un moment de silence avant qu'il ne lui souhaite une bonne nuit et raccroche. Monotone. Pathétique. Et il ne se lassait jamais. Chaque jour il appelait pour s'enquérir de son état de santé. Depuis bientôt un mois. Non, aujourd'hui elle n'allait pas décrocher. Ça pouvait s'arrêter là. Elle laissa sonner et se coucha. Elle dormait quand le bruit du téléphone l'a réveillé. C'était un message. Intriguée, elle l'ouvrit et c'était encore lui.
« Je n'ai pas pu te joindre aujourd'hui, mais j'espère que tu vas bien O.B ».
Il était presque 1h du matin et il lui envoyait un message. Elle fut tenté de ne pas répondre, mais par politesse, le fit quand même. En disant juste qu'elle allait bien. Mais il lui répondit
« Tu ne dors pas encore »
« Non »
« Moi non plus »
« Ok »
Elle était réveillée, mais n'avait pas trop envie de converser avec lui. Il avait déjà beaucoup fait pour elle. Mais elle reconnaissait qu'elle ne faisait pas trop d'effort. Elle avait expliqué à sa mère que c'était son cousin Omar qui l'avait secouru quand elle avait été agressé et que depuis, il l'appelait pour voir comment il allait. Elle prenait bien la chose car c'était son cousin et les relations de famille devaient s'entretenir. Elle l'encourageait même à le rappeler. Mais elle ne connaissait pas leur antécédent et c'était peut être tant mieux.

Début Novembre, Assy, alliait procédures d'inscriptions et travail au restaurant. Les cours n'étaient pas encore prêts de commencer car les examens de rattrapage n'avaient toujours pas commencé. Donc elle pouvait travailler encore un mois et gagner de l'argent. Elle n'avait plus aucune nouvelles d'Elhadj, et personne n'était venu réclamer l'argent. Heureusement. Mère Saly pensait qu'Assy lui avait rendu son argent, mais cette dernière avait dans un premier temps confié l'argent à Rama avant que celle-ci ne l'accompagne pour ouvrir un compte d'épargne, refusant la partie qu'elle voulait lui donner. Rama voulait qu'elle investisse cet argent pour trouver une petite activité sans trop d'effort pour sa mère pour l'occuper et arrondir leur fin de mois. Assy rechignait cependant à toucher cet argent mais finalement, en prit une partie et l'a remis à sa mère en lui disant que c'était ses économies et voulait qu'elle fasse du commerce. Mère saly lui posa pleins de questions sur l'origine de cet argent, mais Assy lui assura que c'était à elle. Donc avec l'aide de la fille de la voisine, elles allèrent chercher une petite cantine qu'elles installèrent, pas loin de la maison après avoir obtenu une autorisation. Après cela, elles allèrent prendre en gros des marchandises constituées de savon en poudre, de détergeant et autres produits de nettoyage, plus d'autres produits de beauté. Mère Saly était tellement contente qu'elle en avait perdu la langue. Bien sur le quartier a commencé à jaser en disant qu'Assy ne faisait pas des choses très catholiques et c'est comment elle a pu gagner cet argent si rapidement. Cette dernière ne se donnait même pas la peine de se fâcher pour ça, les laissant parler.
Au début, le petit commerce marchait timidement, mais après quelques jours, les femmes venaient prendre, parfois à crédit et comme Mère Saly les connaissait toutes, elle acceptait volontiers. Non seulement elle avait une activité qui lui permettait de s'occuper, mais en plus, elle avait des bénéfices...parfois non négligeable. Au bout d'un mois, elle a pu avec les bénéfices, se chercher d'autres produits pour remplacer ceux qui étaient épuisés. Une vraie activité lucrative et qui redonnait à mère Saly une joie de vivre extraordinaire. En même temps elle continuait à travailler dans son restaurant, en attendant le début de ses cours.

Donc ce dimanche, Assy était couché dans la chambre d'une voisine à se prélasser quand elle reçut un coup de fil d'Omar. Encore lui. Depuis leur petit échange de message, il avait laissé tomber les coups de fil et ne donnait plus signe de vie. Elle l'avait même oublié en fait. Elle décrocha en soupirant
- Allo, c'est Omar...commença t-il
Pourquoi cette manie à toujours se présenter, se demanda Assy.
- Slt Omar.
- ça fait longtemps. Tu m'as zappé maintenant ? dit-il sur le ton de la plaisanterie.
Elle sourit.
- Non, c'est juste les activités.
Il lui demanda encore de ses nouvelles avant de se lancer.
- écoute, je fais le tour de toute la famille et je voudrais venir dire bonjour à ta mère. Mon père m'a vaguement expliqué votre maison, mais peux-tu s'il te plait me donner des indications plus claires.
Elle resta un moment sans voix. Venir leur rendre visite ? Depuis quand on venait leur rendre visite ?
- tu es là Assy ?
- oui, oui. Je suis là. Tu compte venir quand ? demanda t-elle encore sous le coup de la surprise
- bahh, là je m'apprêtais à sortir. A moins que ma tante ne soit pas là ?
Il venait voir sa tante. Ça avait au moins le mérite d'être clair. Elle lui indiqua le moyen le plus simple d'y arriver et se leva pour aller prévenir sa mère. Cette dernière était toute contente et ne cessait de chanter les louanges de tonton Amadou. A peut près une heure plus tard, Assy sortit pour aller au coin de la rue et elle vit sa voiture. Il en sortit et sur le coup, elle était surprise. Il semblait encore plus grand, plus charismatique, plus costaud, et vraiment très charmant avec son beau teint noir. Il s'approcha en souriant. Un sourire...elle ne l'avait jamais vu sourire. Et ça lui allait bien. Il se pencha pour lui faire la bise et tenait un sachet dans ses mains
- slt Assy. Je vois que tu as meilleure mine que la dernière fois.
Cette fois c'est elle qui sourit.

Le quartier était populeux, avec une animation qui décalait de son quartier très calme. Assy était là. Plus belle que dans ses souvenirs. Depuis quelques semaines, il s'était retenu de l'emmerder. Car il sentait vraiment qu'il l'emmerdait et se forçait à décrocher par politesse, surement se sentant redevable pour ce qu'il avait fait pour elle. Mais elle continuait à lui en vouloir. Ce jour, il avait décidé d'aller leur rendre visite, malgré le refus catégorique de sa mère qui ne voulait pas qu'il y mette les pieds.
- mais maman c'est des membres de la famille. Depuis que je suis là, tu me forces à aller voir tout le monde, tes amis, des oncles, des tantes et tu refuses que j'aille voir la famille de ton grand frère. Je ne comprends rien. Pourquoi ?
- parce que ce n'est pas la peine. Ils ne font pour personne, restent dans leur coin comme s'ils valaient mieux que les autres alors qu'ils n'ont rien...di-elle énervé
Omar avait compris. C'est parce qu'ils n'avaient rien. Il avait l'impression que c'est toute la famille qui les avaient mis à l'écart...parce qu'ils n'avaient rien. Il trouvait ce raisonnement bizarre. Son père lui avait expliqué, que le père d'Assy avait tout perdu à cause des jeux de hasard, avant de fuir le pays, laissant sa famille avec des tonnes de dettes. Il en avait déduit que c'est pourquoi Assy travaillait. Pour aider sa famille. Il s'en voulut encore plus d'avoir eut ce comportement inqualifiable avec elle. Malgré le fait qu'il l'ait aidé quand elle a été agressée, il voulait aller s'excuser encore. Malgré l'opposition de sa mère.
Mère Saly l'accueillit tellement chaleureusement, qu'il ne regrettait pas son déplacement. Elle le prit par la main et lui fit faire le tour de la maison en le présentant à tout le monde comme son fils, chantant ses louanges, le bénissant pour sa visite, se rappelant avec humour les jours ou tous les enfants de la famille se rassemblaient pour jouer.
- tu passais ton temps à taper Assy et celle-ci venait toujours en larme de plaindre. C'était une toute petite fille.
Il se tourna vers Assy qui était assise dans un coin de la chambre, la tête baissée et ne participant pas à la discussion.
- donc j'ai toujours été son souffre douleur.
Elle releva la tête à ce moment et ils se regardèrent, le sourire aux lèvres.
- c'était il y a longtemps continua mère Saly, mélancolique. Maintenant vous avez grandi et je suis sure que tu n'aurais pas reconnu Assy dans la rue si tu l'avais rencontré par hasard.
Il hocha la tête.
- effectivement, je ne l'aurais pas reconnu. Dit-il en la regardant. En tout cas maintenant c'est une jolie jeune femme.
Mère Saly éclata de rire.
- c'est ta femme. Ta mère est sa badiène, « yaye dieukeureume yonou Yallah ». Sinon, son futur mari doit te donner un « takou deune ». ...dit-elle en rigolant.
Mais Assy n'avait pas envie de rigoler. Elle gardait toujours son sérieux et ne le regardait même pas.
- dans ce cas, je vais demander beaucoup, répondit-il en regardant Assy.
Assy le touchait beaucoup et il aurait aimé connaitre la raison d'autant de tristesse. Sa mère Oumy lui avait parlé de leur pauvreté, mais il trouvait que la maison ou elles logeaient était grande, et spacieuse, et la chambre ou elle l'avait fait entrer, tait certes simple, mais propre et bien rangée. C'est vrai que le quartier était populaire, mais bon. Elles devaient être peut être pauvres, mais vraiment pas malheureuses du tout. Il se décida à partir et donna le sachet qu'il tenait à sa tante. C'était des fruits et du lait. En plus alors qu'ils étaient devant la maison, il lui glissa quelques billets de banques dans ses mains malgré les protestations de mère Saly. Elle se plaignit d'arthrose pour s'excuser de ne pouvoir l'accompagner et c'est Assy qui s'en chargea. En silence.
- Assy ?
- oui, dit-elle en continuant à marcher
- tu comptes m'en vouloir jusqu'à quand ?
Elle s'arrêta à le regarda, sans rien dire
- écoute, je suis vraiment désolé pour ce qui s'est passé entre nous. Je le regrette vraiment. Tu es ma cousine et je voudrais qu'on ait des relations plus...saines.
Elle soupira.
- Pourtant non, je ne t'en veux pas, commençait-elle en essayant de jouer la carte de la diplomatie
- tu sais, j'aimerais que tu me dises les choses clairement et qu'on avance. Tu m'en veux. Pas de « masla » entre nous.
Assy le regarda droit dans les yeux.
- bon, d'accord. C'est vrai Omar, je t'en veux. Je n'ai pas compris pourquoi tu m'as traité de la sorte. Je ne peux pas m'ôter de la tête que tu es peut être vraiment...
- méchant...continua t-il, gêné
- Oui. Méchant. Même si tu es mon cousin. C'est juste que j'estime qu'une personne qui a ce genre de comportement...méchant, doit aussi l'être foncièrement. Et donc je ne vois pas pourquoi je serais...gentille avec toi. C'est tout. Sinon, je te suis quand même reconnaissante pour tout ce que tu as fait pour moi la dernière fois.
Il soupira et baissa la tête
- je ne suis pas comme cela. Je reconnais que je n'ai pas eu confiance en toi au début. Je te trouvais trop joli, trop propre, trop cultivée pour faire ce genre de travail. Je pensais que tu avais de mauvaises intentions
Elle rigola...franchement. C'était la première fois qu'il la voyait rire. Elle était belle Assy et se surprit à apprécier le physique de sa cousine. Bizarre. Lui qui était tellement en compliqué en matière de standard de beauté.
- donc il faut être moche, sale, ignare pour faire ce genre de travail ?
Il haussa les épaules, cette fois vraiment gêné.
- non mais reconnais que les filles qui le font ne sont...comme toi.
Ils se mirent à discuter plus librement, entre éclats de rire et moment de gêne pour Omar. Bêtement, ils restèrent ainsi une demi-heure à discuter du délit de fasciés. Il a fallu qu'un petit garçon vienne appeler Assy de la part de sa mère, pour qu'ils se quittent. En souriant. Et il lui promit de la rappeler.

Et ça a été le début d'une belle amitié. Omar appelait tous les soirs. Pas au moment de partir du boulot, non, plutôt au moment de se coucher. Assy se surprit à apprécier ses longues conversations avec son cousin qui lui permettaient de s'évader un peu, d'oublier un peu ses soucis, de ne pas penser à Ibrahima, qui malgré le temps n'arrivait pas à lui sortir de la tête. Elle y pensait toujours, maladivement, et se demandait si les sacrifices que lui avait fait faire Traoré, avaient un effet. Elle en doutait. Même si elle devait reconnaitre qu'elle ne pleurait plus maintenant et cette boule qui l'empêchait parfois de respirer avait disparu. Elle allait mieux, mais n'était pas totalement guéri.
Son cousin Omar était pour quelque chose et elle devait reconnaitre que c'était un cas. Derrière ses airs très sérieux de chef d'agence, elle découvrit qu'il était très drôle et sans façon. Tout le contraire de ce qu'il montrait quand il était au bureau. Mais ça c'était pour faire sérieux disait-il pour se justifier. Il avait fait ses études en France avant d'aller au Canada pour travailler et parfaire son anglais. Il était revenu depuis bientôt un an, après presque une dizaine d'année à l'extérieur. Ça expliquait son accent quand il parlait et elle le taquinait souvent. Surtout qu'il avait une voix rauque, très rauque qui cadrait bien avec sa grande taille, son teint noir et ce charmant visage. Oui, elle apprit à apprécier son cousin et ils s'entendirent bien finalement.

Les cours d'Assy avaient commencés vers la mi-novembre. Durs, laborieux. Au début, elle s'était complètement perdue dans les méandres de la faculté. Ne trouvant jamais de place convenable pour suivre ses cours, n'entendant rien à ce que racontait le professeur, se contentant juste de photocopier les cours et d'essayer de comprendre. Elle avait eut une vision meilleure de l'université, pensant avoir droit à des cours plus organisés, plus relevés, et se demandant elle arriverait à s'en sortir. En plus, n'ayant pas eu de chambre, elle rentrait tous les jours chez elle, pour se lever à 5 heures le lendemain pour tenter d'avoir une bonne place en vain. Vers la mi-décembre elle ressemblait à un zombie tellement elle était épuisée. Rama voyant cette situation l'avait plusieurs fois supplié de revenir passer la nuit chez elle. Mais elle refusait disant que sa maman était maintenant seule depuis que son frère était parti. Elle lui proposa même d'amener sa mère, mais Assy a refusé. Un jour, elle s'est elle-même déplacé jusqu'à Pikine pour expliquer à Mère Saly qu'Assy était comme une petite sœur pour elle et qu'elle était donc sa maman, mais qu'avec le rythme d'Assy, elle n'aura jamais le temps de réviser et de bien étudier. Elle lui demandait donc de venir avec Assy dans son studio. Mère Saly l'a remercié avant de lui dire qu'elle allait parler à Assy.
- Rama, tu es une fille bien. La société maintenant est tellement mauvaise. Et pourtant tu as pris Assy sous ton aile quand elle a commencé à travailler là-bas, la protégeant, la conseillant. Je vois tout ce que tu fais pour elle. Quand elle est avec toi je suis rassuré. Dieu te payeras ma fille.
- maman Saly, mes parents sont morts, je n'ai personne. C'est Assy qui dès qu'elle m'a vu, m'a considé comme sa grande sœur. C'est une fille bien. Et je veux qu'elle réussisse.
Mère Saly lui promit de lui parler, mais lui dit qu'il était hors de question qu'elle déménage.
- Rama, je suis une personne âgée. Je ne peux pas bouger d'ici. Les gens ici sont ma famille. mais je parlerais à Assy. ne t'inquiète pas. même moi je sais qu'elle ne supportera pas le rythme. je lui parlerais.

Le soir, elle parla à Assy, lui faisant comprendre qu'elle ne pouvait pas se permettre de rentrer tous les soirs au risque de bousiller ses études.
- mais maman Abdoulaye n'est plus là. Tu vas rester seule ici
- reste chez Rama. Daba, peut venir passer la nuit avec moi. Je te le demande à genoux Assy. Fais ça pour moi.
Daba était une petite fille de la voisine que sa mère avait abandonnée ici pour aller se marier en Mauritanie. En partant, elle avait dit qu'elle donnait sa fille à Assy car cette dernière lui était très attachée. Donc depuis qu'Abdoulaye était parti, elle passait parfois les nuits entre Assy et mère Saly. Elle avait une dizaine d'année et adorait se fourrer dans les pagnes de cette dernière.
Finalement elle accepta et dès la semaine suivante aménagea chez Rama. Mais elle lui fit jurer d'accepter chaque mois qu'elle lui donne une petite contribution pour le studio. Rama cumulait deux boulots très harassant pour se payer le petit studio et ne venait que pour dormir là-bas. Mais elle disait que son confort était primordial et elle disait à Assy qu'elle adorerait qu'elle vienne vivre avec elle pour donner un peu de vie à l'appartement.
Pour ne pas être à cours d'argent, la gérante du restaurant avait proposé à Assy de venir les week-ends assurer le service, et elle avait accepté. Toujours à la recherche d'argent, l'avait d'ailleurs taquiné Rama. Mais il le fallait bien. Donc tous les week-ends, jours fériés et vacances scolaires, elle devait travailler en compléments d'effectifs dans le restaurant de Mme Farid ou dans d'autres ou elle l'envoyait. Ceci lui permettait d'arrondir les fins de mois surtout qu'avec les photocopies et les fascicules à acheter, les dépenses débordaient.

elle travaillait donc ce samedi, week-end de Noel et le restaurant était plein de monde, quand elle vit entrer son cousin Omar avec une jolie jeune fille. Sans trop savoir comment, au fil du temps, une petite complicité s'était installée entre eux. Il appelait presque tous les jours, et d'ennuyeux, leur conversation passa à animé. Au fil des semaines, ils ont commencé à se taquiner comme cousin et cousine qu'ils étaient. Et Assy découvrit, tardivement, le bonheur d'avoir de la famille. Enfin même si c'était un seul, c'était quand même quelque chose. Surtout qu'ils s'entendaient bien. Ils avaient les même délires, il comprenait quand elle faisait des blagues, s'intéressait à elle, à ses gout, la taquinait sur certains d'entre eux. Un peu comme Ibrahima. Mais l'amour en moins et les taquineries en plus. Oui, il n'y avait aucune ambiguïté dans leur relation. Des cousins. Des amis aussi. Des complices surtout. Au téléphone. Ils s'étaient vu un autre jour chez Rama car il disait qu'il avait acheté du lait pour mère Saly et voulait le remettre à Assy. Ils étaient restés des heures à discuter et à se taquiner. Et Assy s'était promis de lui chercher une copine.

- Bonjour, Assy pour vous servir. Vous avez décidé, dit-elle avec un petit sourire
Omar ne l'avait pas encore vu et il releva la tête pour la regarder quand il reconnut la voix. Surpris, il lui fit un grand sourire et se leva pour lui coller des bises sur la joue
- Assy...comment tu vas. Pour une surprise...tu travaille ici maintenant.
Ce week-end, la gérante lui avait demandé d'aller aider une de ses amies dans un autre restaurant.
- Non, juste ce week-end. Comment tu vas couz ?
- bah bien. Comme tu vois. Ça fais du bien de te revoir...té toute jolie, dit-il en lui touchant gentiment la joue.
- je sais, répondit-elle en souriant.
Elle le détailla et ne put s'empêcher de remarquer qu'il était particulièrement élégant et surtout très charmant. N'eut été la jolie jeune fille, elle n'aurait pas manqué de le taquiner un peu la dessus. Mais là. Elle se tourna vers la jeune fille qui commençait à se fâcher et qu'Omar avait l'air d'avoir oublié.
- excusez nous dit-elle. Assy, je suis sa cousine.
Elle lui fit une moue en guise de réponse et après avoir encore échangé un peu avec son cousin, elle partit et demanda à une autre de s'occuper de la table car elle avait peur qu'Omar n'engage encore une discussion avec elle, frustrant sa compagne. Et toute la soirée, il ne cessait de lui faire des sourires quand elle passait à côté. Au moment de partir, il lui avait fait le signe du téléphone pour lui dire qu'il allait l'appeler. Sa copine ne l'ayant pas laissé l'approcher. Très drôle.

Plus tard dans la soirée
- zine, tu ne dors pas encore ? demanda Omar bien installé sous sa couette. Revoir Assy, lui avait fait plaisir. Ils se faisaient que communiquer par téléphone, et la revoir, si jolie, maquillée légèrement, avec sa belle tenue lui avait fait de l'effet. Il s'était surpris toute la soirée à la suivre du regard, malgré la présence de Kiné. Après le diner, il l'avait raccompagné chez elle. Sa mère ne lui avait pas vraiment laissé le choix. Et Kiné non plus. Il a été obligé de l'inviter pour le réveillon et avait passé une soirée bizarre à parler mode et potins. Heureusement qu'Assy était dans les parages. Assy. De toutes ses cousines, c'est avec elle qu'il s'entendait le mieux. Il aimait la tournure qu'avait prise leur relation. Il adorait lui parler, l'entendre rire, la taquiner, l'entendre rire des vannes qu'elle lui lançait. Oui, il s'était attaché.
- zin, comment je peux dormir si tu te décides à m'appeler, répondit-elle
Il éclata de rire. « zin » c'était nouveau ça. Il avait droit à « couz », mais « zin ».
- Zin, tu dis ?
- Zine tu avais dit ? répondit-elle du tac au tac. C'est de diminutif de cousin-zin...?
Ils éclatèrent de rire après quelques secondes ou chacun essayait de garder son sérieux
- parfois, façon dont tu es idiote ça ne t'étonne pas ? dit-il en essayant de retrouver son sérieux.
- ça doit être de famille...
Et c'était partie pour des chamailleries ou tous les deux finissaient par rigoler aux larmes, étonnés par leur propres bêtises et s'accusant mutuellement d'enfantillages.
- pourquoi tu passes le réveillon à travailler Assy ? demanda t-il en retrouvant son sérieux
- que veux tu que je fasse d'autres ?
- il t'arrive de t'amuser ?
Elle se mit à réfléchir. C'était quoi s'amuser ?
- c'est quoi s'amuser ?
- aller en boite, sortir au restaurant...
Elle éclata de rire
- les boites c'est pour les sardines et non, je ne suis jamais allé en boite. Pour le restaurant, je ne sais pas si une petite table dans un fast-food peut être assimilée à ça, mais si oui, dans ce cas, je suis déjà allé au restaurant.
Il était ébahi. A son âge, belle comme elle était, jamais en boite.
- tu es sérieuse là ?
- et comment...Bon laisse tomber. Parlons de ta soirée. C'est elle Kiné ?
Il lui en avait parlé en disant qu'il n'était pas très intéressé.
- oui.
- elle est drôlement belle. Et apparemment vous avez passé une bonne soirée.
- tu nous épiais ? jalouse ? dit-il en rigolant
- dans tes rêves. Mais tu devrais faire des efforts. Je la trouve gentille.
Là, il rigola franchement.
- menteuse, elle t'a fait la tête toute la soirée.
Elle reconnut.
- mais bon, je vais essayer quand même. Et je dois admettre qu'elle embrasse bien...et qui sait, elle a peut être d'autres atouts cachés.
- beurrrkk tu es dégeulasse.
Il se mit à rire, jusqu'à en étouffer presque.
Rama entra à ce moment et il l'entendit se jeter sur elle car elle cria en disant qu'elle l'étouffait.
- c'est encore ton cousin qui t'appelle ? demanda t'elle en lui prenant le téléphone.
- Ok Omar c'est bon. A demain, dit-elle en prenant en ton sérieux
Il avait appris à se familiariser avec Rama.
- je vais bien merci Rama chérie
- il est venu au restaurant avec sa copine aujourd'hui, commença à narrer Assy.
- Non c'est vrai ?
Assy racontait tout à Rama et quand elle était dans les parages, elle ne lui accordait plus trop d'importance, discutant plus avec elle. Il préféra raccrocher, car depuis quelques minutes Kiné l'appelait en double appel. Elle lui demanda à qui elle parlait et il du lui mentir. Il avait promis à sa mère de faire des efforts avec elle. Même si une fois chez lui, il avait préféré d'abord appelé Assy. Mais bon, il sortait avec Kiné et au cours de la conversation, elle lui répéta qu'elle avait passé une très bonne soirée et lui avoua qu'elle l'aimait. Pour le moment, il ne pouvait lui faire la même déclaration, mais lui promit de faire des efforts pour mieux la connaitre. En raccrochant, il avait juste une envie. Rappeler Assy...


Les semaines passaient à une vitesse extraordinaire pour Assy. Elle ne sentait pas le temps passer entre ses cours, ses examens, son travail, sa maman et...Omar. Son cousin Omar. Elle le considérait comme le grand frère qu'elle n'a jamais eu. Il était toujours là et la soutenait comme un frère. Mine de rien, ils s'appelaient tous les jours, elle connaissait son horaire, ses petites habitudes, ses heures de sport, ses disputes avec Kiné sa copine, le nom de ses amis. Oui, ils partageaient tout. Rama lui répétait qu'il en pinçait pour elle, mais elle était à la limite choqué de l'entendre dire cela. Il n'y avait rien d'ambigüe dans leur relation. On était au mois de Mars et elle venait de terminer ses premiers examens. Ils avaient 15 jours de vacances, coïncidant avec les fêtes de pâques elle comptait travailler pour se faire de l'argent. Les bourses ne tombaient pas régulièrement et elle était parfois obligée de piocher dans le compte d'épargne. Il fallait travailler pour compenser cela.

Ses relations avec les hommes se limitaient au strict minimum. Et pourtant elle ne manquait pas de prétendants. Mais elle ne voulait plus s'engager. Son cœur était encore en lambeaux et elle n'avait pas réussi à sortir Ibrahima de son cœur. 8 mois après. Elle y pensait moins, mais il était toujours là. Dans son cœur, dans son corps, dans ses pensées, dans sa vie. Elhadj a été plus facile à oublier. Même si ce qui lui avait fait été terrible, elle avait oublié. Oui, elle se relevait de tout ca, revivait, discutait et rigolait avec ses camarades de promo, étudiait. Mais entretenir une relation avec un homme était hors de question. Pas après tout ce qui était arrivé. Quel homme voudrait d'elle ? Si Elhadj avait eu une réaction si violente quand elle lui a dit qu'elle n'était pas vierge, les autres pourraient avoir la même réaction. Elle avait toujours été avec Elhadj, depuis presque son adolescence. Maintenant elle goutait la joie d'être seule, de ne plus rendre compte de ses déplacements, de ne plus se disputer pour un rien. Non elle préférait rester seule. C'était plus reposant, plus tranquille.
Bien sur, il y avait cet assistant en faculté et doctorant Saliou, qui ne cessait de la harceler. Il semblait bien sur tous les plans et cherchait une femme. Mais elle ne voulait pas. Elle en avait d'ailleurs parlé à Omar mais celui-ci lui disait de se concentrer sur ses études et de se méfier des hommes. Elle était pour une fois d'accord avec lui. Elle avait essayé de le faire comprendre à Saliou, mais il ne laissait pas tomber, disant qu'il lui laisserait le temps qu'il faudrait et appelait de temps en temps. Elle se surprenait néanmoins à rigoler avec lui, à l'observer l'approcher, la draguer. Oui c'était plaisant en tant que femme de voir un homme s'intéresser à elle. Mais quand il s'est montré plus pressant, demandant à venir la voir, elle a coupé court à tout. Non, elle ne voulait plus de ça. Elle ne voulait plus d'hommes dans sa vie. Omar, son cousin, son frère, son ami était largement suffisant et il avait beaucoup d'influence sur elle.

La seule chose qu'il n'arrivait pas à lui faire faire c'est de venir chez eux. Elle refusait catégoriquement. Lui venait souvent lui rendre visite chez Rama, mais jamais, elle n'évoquait même l'idée de venir lui rendre visite chez lui. Chez sa badiène. Mais cette semaine, il y avait un tour de famille chez lui et il insistait pour qu'elle vienne, mais rien à faire. Assy refusait. Non, elle en avait assez de se faire traiter comme de la merde par ses cousines et ses tantes. Ses cousins et cousines ne l'appréciait pas, elle ne voyait pas pourquoi elle irait à ce genre de rassemblement
- Arrête Assy. Si tu ne m'avais pas approché, tu ne saurais pas que je suis plutôt sympa. Essaie d'en faire pareil pour les autres membres de la famille.
- c'est toi qui va arrêter Omar. Je te dis que je ne veux pas. N'insiste pas voyons. Ils ne sont pas les seuls membres de ma famille. Du côté de ma mère, j'ai de la famille, qui m'aime et m'apprécie. Malheureusement, ils sont loin car ils sont à St louis. Donc les membres de ta famille là...
- de notre famille. Rectifia t-il
- Pff...Saliou m'appelle en double appel. Je vais le prendre car tu m'énerves. Ciao
- Assy si tu raccroche, je te jure que je te trouve la bas et...
Trop tard, elle avait raccroché le téléphone après son gros mensonge, n'entendant pas les vives protestations d'Omar.

- Allo, Assyyyy
Il sourit. Une petite peste Assy. C'était la seule qui osait lui raccrocher au nez sans que cela ne le blesse au contraire. Il en rigolait.
- tu parlais à quel Assy ?
Il sursauta et se retrouva face à sa mère. Il était dans la cour pour appeler encore Assy et la convaincre de venir le lendemain au tour de famille qu'il organisait. Il voulait qu'elle soit là pour avoir de la compagnie, pour délirer ensemble, rigoler. Assy était comme son âme-sœur, son complément. Il adorait parler avec elle, elle le comprenait, partageait tout avec elle.
- Assy Kane, ma cousine.
- quoi ? Pourquoi elle t'appelle ? J'espère que ce n'est pas pour te demander de l'argent ?
- maman arrête. Ce n'est pas elle qui m'a appelé, mais moi. Je voulais qu'elle vienne au tour de famille demain
- pourquoi tu l'invite ? La dernière fois j'ai failli la renvoyer car elle refusait d'aller aider les cuisinières.
Il soupira
- pourquoi doit-elle aider les cuisinières ? Est ce que les autres le font ?
- Non, mais elle ça ne doit pas la gêner. Il parait qu'elle travaille comme femme de ménage.
Il avait envie de couper court à cette conversation.
- Maman, arrête de faire des jugements de valeur. Assy est étudiante. Elle travaillait pour aider sa mère.
Sa mère la regarda avec un air intrigué
- Omar Bocoum, ne me fatigue pas. Je ne sais pas comment tu sais tout ça, mais je t'ai prévenu et je te préviens encore. Méfie-toi des filles de Dakar. Assy est en train de te raconter des choses pour te soutirer de l'argent. Quand je l'ai vu la dernière fois ici il y a quelque mois, j'ai su qu'elle avait du apprendre que tu étais revenu et c'est pourquoi elle avait débarqué mine de rien...
- Bon j'y vais.
Il commençait à s'énerver. Il n'a pas apprécié la façon dont sa mère a parlé d'Assy. Sa Assy. Sa cousine.
- Kiné vient demain de toute façon....
Il s'éloigna. Kiné. Il avait essayé, mais n'y arrivait pas. Il en avait marre de toujours parler de potins, et de mode. Pendant des mois il a essayé. Les seuls moments qu'il appréciait étaient quand ils se câlinaient. Elle était chaude Kiné et n'hésitait pas à aller plus loin. Trop loin. Mais elle n'était plus vierge et la première fois qu'ils avaient dérapé, il l'a regretté. Mais pas elle. Au contraire, elle en redemandait. Un jour, sous prétexte de voir ses sœurs, elle a réussi à se faufiler dans ses appartements privés et l'a harcelé. Mais en jouant de tact, il a réussi à la calmer. Il voulait une femme plus posée, avec qui il pouvait s'amuser, discuter, délirer. Une femme un peu comme Assy, pensa t-il inconsciemment. Avec tout le stress du boulot, il ne pouvait se permettre d'aller s'enfermer dans un mariage arrangé ou il ne se retrouverait pas. La mère de Kiné venait souvent à la maison et Omar savait qu'elle voulait le presser pour le mariage. Mais il n'était pas prêt. Pas avec Kiné. Et ça, il allait le lui dire rapidement.

Le weekend de Pâque. Le restaurant s'apprêtait à recevoir pleins de monde. Assy était fatigué, mais prête. Elle reçut un message d'Omar qui disait qu'il allait venir diner au restaurant avec sa nouvelle copine, la faisant sourire. Depuis qu'il s'était rendu compte que ça ne marcherait pas avec Kiné, il virevoltait au gré de ses humeurs, de filles en filles, amusant Assy. Elle était étonnée par la capacité de séduction de son cousin. Un vrai tombeur. Et c'est vrai qu'il était chou Omar. Et très adorable quand il voulait quelque chose. Elle lui répondit qu'elle parlerait à la fille, lui dévoilant son vrai visage. Il prit la peine de l'appeler pour la menacer. Encore une fois.
Quelques temps plus tard, il est effectivement arrivé avec une superbe fille, la faisant sourire. Il fit les présentations et Assy comme d'habitude, fit sa petite griotte en disant à Louize tout le bien qu'elle savait de son cousin. Il ne lui manquait plus que la queue et la fourche pour faire la parfaite avocate du diable. Elle voyait qu'Omar se retenait de ne pas éclater en rire.
- merci, merci ma cousine adorée dit-il finalement en lui demandant d'approcher.
Il glissa un billet dans sa main.
- maintenant tu peux disposer servante...ton roi a assez entendu de louanges. C'est bon.
Louise était pliée de rire, et Assy s'éloigna en souriant...toujours aussi con Omar. Elle est revenue quelques minutes plus tard pour amener à boire
Omar lui parlait, mais tout d'un coup, elle n'entendait plus rien. Elle le vit entrer dans le restaurant. Ibrahima. Elle eut l'impression qu'elle allait tomber, elle se sentait mal. Elle voulait fuir. Mais trop tard. Lui aussi l'avait vu et son visage avait changé d'expression. Il avait maigri, mais était toujours aussi beau, aussi élégant. Il était avec Nafi qui répondait au téléphone un peu à l'écart.
- Ohh Assy, je te parle...
Elle revint un moment sur terre, mais ne répondit rien, fuyant vers les cuisines. Elle resta un moment prostré, essayant de maitriser les battements désordonnés de son cœur. En vain. Elle qui pensait être guérie d'Ibrahima et elle venait de se rendre compte que ce n'était pas le cas.
- Assy tu va bien ? demanda Mme Farid
-Oui.
- J'ai des clients qui sont aussi des amis. Je veux que tu les serve. C'est le couple Aïdara à la table du fond. Vas-y s'il te plait.
Elle secoua la tête, mais Mme Farid était déjà partie. Non, elle ne pouvait pas les servir. Elle ne s'en sentait pas capable. Mais elle du y aller, tremblante quand elle cria à nouveau pour qu'elle se dépêche.
- Bonsoir...dit-elle la voix hésitante, en s'approchant de la table.
Ibrahima ne l'avait pas quitté des yeux en la voyant venir, augmentant son trouble
- mais c'est Assy...dit Nafi en la reconnaissant. Mais Assy, ça fais longtemps. Pourquoi je ne te vois plus à la maison. Tu ne viens jamais voir Mohamed. C'est pas gentille.
Elle se força à sourire.
- Non, c'est juste que je n'ai pas le temps.
- c'est vrai. Tu es à l'université maintenant ?
Elle continua à discuter avec elle, sentant le regard d'Ibrahima posé fixement sur elle, mais n'intervenant pas dans la conversation. Pour couper court, elle leur demanda s'ils avaient décidé avant de partir passer la commande. Omar lui faisait signe, mais elle n'avait pas la force d'y aller. Elle n'avait plus envie de rire. De son coin, elle ne put s'empêcher de le regarder. Il semblait crisper, perdu. Sans le vouloir, elle ne put s'empêcher de repenser à ses baisers, à ses mains sur son corps, à ses moments d'intimité, à ce jour ou...Non, elle n'avait rien oublié et se rendait compte qu'elle l'aimait toujours.
- Assy...
Elle releva la tête et le regarda sans rien dire. Il était en face d'elle et elle sentait son parfum. Parfum qu'elle connaissait tellement bien, qu'elle avait respiré tellement de fois.
- excuse-moi, Nafi voudrait un peu de thé, dit-il lentement
- OK...
Elle allait partir quand il la retint
- tu vas bien Assy ? demanda t-il plus doucement
- Oui, souffla t-elle
- je...heu...tu...
Il soupira et baissa la tête. Il semblait perdu et malheureusement, elle ne pouvait rien. De toute façon, elle ne voulait rien entendre. Elle avait le cœur gros et semblait être resté devant lui depuis une éternité tellement le temps était suspendu, chargé de courant, lourd, pesant.
- je suis désolé pour tout Assy.
Elle respira un grand coup car elle avait l'impression de manquer d'air et le regarda
- moi aussi
Il la fixa. Tristement. Leva la main comme pour la toucher avant de s'écarter.
- je vais vous chercher le thé, répondit –elle avant de disparaitre dans les cuisines.
Après avoir déposé, le thé, elle ne tint plus. Elle est allée voir Mme Farid pour lui dire qu'elle avait des maux de ventre et qu'elle ne tenait plus. Elle avait déjà le visage crispé et les larmes aux yeux, sans se forcer. Elle rentra donc rapidement après avoir fait un signe à Omar.

Omar voyait bien que quelque chose n'allait pas. Assy avait le visage crispé et il avait l'impression qu'elle se sentait mal. Ceci avait-il quelque chose à voir avec le monsieur qui était allé lui parler. Non, surement pas. Il était venu avec sa femme et il avait vu Assy discuter avec cette dernière. Elle devait donc être malade. N'eut été Louize, il l'aurait accompagné, mais bon. Il allait vite écourter ce diner.

Assy était directement rentrée et était restée dans le noir. Couchée sur le canapé, les yeux grands ouverts. Elle avait pleuré, mais s'était vite ressaisi, se demandant à quoi cela servait encore de pleurer pour lui. Quoi. Mais pourquoi, elle n'arrivait pas à l'oublier ? Pourquoi fallait-il qu'il vienne aujourd'hui dans ce restaurant. Pourquoi fallait-il que ça lui arrive. Tout à coup elle entendit sonner à la porte. Mais elle ne se sentait même pas la force de se lever pour ouvrir. Il insista et c'était Omar.
- qu'est ce que tu as Assy ? demanda t-il inquiet en entrant. Pourquoi es tu dans le noir comme cela ? Tu es malade ?
Il alluma les lampes et la regarda. Elle avait pleuré, mais ne semblait pas souffrir.
- Non, je ne me sentais pas bien c'est tout.
Elle est retournée s'assoir sur l'unique canapé du salon et Omar se mit à côté d'elle.
- tu es sure ? demanda t-il en la forçant à le regarder
Elle avait à nouveau les larmes aux yeux et dès qu'elle baissa la tête, elles coulèrent.
Il se tut et la regarda fixement, un peu inquiet.
- la première fois que je t'ai vu pleurer c'était quand je t'ai accusé de vol. Et aujourd'hui. Tu dois vraiment avoir mal. Tu n'es pas le genre à pleurer. Même quand on t'a agressé je n'ai pas vu de larmes. Tu ne veux pas m'en parler ?
Il l'a pris tendrement dans ses bras et elle se laissa aller contre son torse, fatiguée de tout cela. elle avait essuyé ses larmes et s'était calmée.
- Non malheureusement, je ne peux pas en parler Omar. Je ne peux pas.
- pourquoi ? C'est si difficile que cela.
Elle se releva lentement et le regarda. C'était son cousin, un membre de sa famille. Si elle se laissait aller à des confidences et qu'il aille le raconter à sa mère, ou même sa sœur, elle ne se le pardonnera jamais.
- Oui.
- même à moi tu ne peux rien dire.
Elle secoua la tête
- c'est en rapport avec ce qui s'était passé la dernière fois.
- tu me fais passer un interrogatoire là ou je me trompe, dit-elle en souriant, provoquant un rire étouffé d'Omar
- même quand tu es triste, tu as la langue pendue.
Elle sourit et se leva pour aller se débarbouiller la face. Elle revint avec une petite mine et se blottit à nouveau dans ses bras.
- ca va mieux ? dit-il en la serrant et en lui caressant le bras
- oui... ôtes tes sales pattes. N'en profite pas pour me tripoter.
Il rigola et la serra encore plus fort en la secouant, la faisant rigoler.
- arrête...dit-elle en riant de plus belle.
Un moment, ils se regardèrent. Il y eut un moment de vide. Ou une dose d'électricité passa dans l'air. Assy sentit son cœur s'accélérer un moment. Le visage d'Omar était tout à coup sérieux, et la regardait fixement. Trop fixement. Trop sérieusement. Assy sentit son cœur battre plus vite. Il avança lentement la tête, et s'arrêta, comme attendant la réaction d'Assy. Elle sentait qu'il allait l'embrasser et rapidement détourna la tête en souriant, gênée et toujours le cœur battant. Il la lâcha, en se relevant, gêné.
- je ne t'ai pas fait mal ? dit-il pour essayer de détendre l'atmosphère.
Elle sourit, le cœur toujours battant et incapable de le regarder.
- Non. Et Louize ? Elle est sacrément mignonne et à l'air gentille.
Elle se leva et se dirigea vers la cuisine pour essayer de se donner une contenance. Qu'est ce qu'ils étaient sur le point de faire ? Elle respira un bon coup et repartit, refusant de trop penser à ce qui a failli se passer, mettant cela sur le compte de l'émotion. Elle revint avec un verre d'eau qu'il lui prit par force. Il y avait toujours une petite gêne et elle se rassit, à une bonne distance de lui.
- Louize c'est mort avec elle. Elle m'a demandé de lui payer je ne sais combien de milles pour acheter un tissage naturel.
Assy éclata de rire
- bah c'est normal. C'est ta copine non
- ça ne me dérange pas. Mais on se connait depuis une semaine et quand j'ai voulu l'embrasser, elle s'est reculée en me demandant quand est ce que je lui donnerais. Je n'aime pas les filles matérialiste. Non, c'est bon.
Elle essaya de le raisonner car elle trouvait Louise vraiment sympathique.
- du coup, demain je n'ai personne pour m'accompagner à la rencontre.
La rencontre. Ces copains avaient décidé d'aller assister à une soirée avec un orchestre acoustique très en vogue. Et chacun devait venir accompagner car la plupart était déjà marié. Assy se mit à rigoler en lui disant qu'il n'avait qu'à y aller en singleton, ou alors de relancer Astou, celle qui était là avant Louise. Ils discutèrent un peu, plus sagement que d'habitude et en évitant parfois de se regarder. Puis, brusquement il se décida à partir. Assy essaya de le retenir, mais il prétexta une urgence et s'en alla.
Elle le raccompagna alors jusqu'à la voiture et elle en profita pour demander les nouvelles de Kiné. Elle savait que c'était très compliqué avec elle et qu'il avait des scrupules à casser avec elle.
- toujours au même point. Elle ne laisse pas tomber.
- essaye encore avec elle, dit-elle en haussant les épaules.
Omar se contenta de la regarder, sans rien dire, fixement, avec encore cet air sérieux, trop sérieux. Elle ne soutint pas son regard et tourna la tête en souriant, pour cacher sa gêne.
- le moral revient petit à petit. Vas te coucher. Demain je viens te prendre et tu m'accompagne à la soirée. Ca te fera du bien.
Et sans lui donner le temps de répliquer, il lui fit une bise et monta dans la voiture.

Qu'est ce qui lui arrivait. Il a failli m'embrasser. Il en avait envie. Terriblement envie. Assy. Sa cousine Assy. Non, il ne devait pas. Assy était comme une sœur. Du moins le pensait-il. Mais il devait reconnaitre que depuis quelques temps, il s'était attaché. Trop attaché à Assy. il savait que ses sentiments envers elle étaient en train de changer, mais refusait de se rendre à l'évidence. Mais aujourd'hui, il a du partir pour se retenir. Retenir cette envie qu'il avait de la prendre dans ses bras de l'embrasser. Il fallait qu'il se retienne. Assy était sa cousine, sa sœur, son amie. Pas plus...

.

La soirée fut belle, Assy était magnifique dans sa superbe combinaison noir qui lui allait à ravir et que Rama lui avait prêté avec plaisir. Elle avait envie de s'évader, d'oublier. La veille elle avait très peu dormi, pensant à Ibrahima, sans cesse, tout le temps, se raisonnant, mais n'y pouvant rien. Le lendemain, Omar l'avait appelé très tôt pour confirmer la soirée et elle avait accepté. Elle a senti qu'il a retenu sa respiration quand il était venu la chercher, la regardant, sans pouvoir détacher son regard de ce délicat visage légèrement maquillé, aux lèvres mises en valeur par un gloss rose, ses cheveux détachés...Oui, une fraction de seconde, il a eut l'air de perde un peu de sa contenance. Avant de se ressaisir et de commencer à la taquiner. Plus tard elle a fait la connaissance des amis d'Omar.
Et tout le monde n'était pas en couple comme le disait ce dernier. Le groupe musical était un des préférés d'Assy et elle s'est détendu, savourant la soirée. Parfois elle se levait pour danser sous l'insistance d'Omar qui dansait tellement mal, qu'elle se demandait s'ils entendaient la même musique. Trop drôle et il s'en foutait complètement. Ses amis étaient tous très sympathiques et ne cessait de le taquiner en lui sortant la phrase que les cousins étaient faits pour les cousines. Mais ça le fai

sait juste rire en disant qu'Assy était la fille la plus chiante qu'il ait connu et qu'il avait pitié de son futur mari. Mais, celle-ci ne se laissait pas faire, sortant des vertes et des pas murs sur lui, faisant éclater de rire tout le monde. Un de ses amis, Ousseynou, lui ne cachait pas trop qu'il était intéressé par Assy. Il la regardait fixement, a pris son numéro, voulait s'isoler avec elle pour lui parler. Mais elle ne voulait pas, se contentant de rester près d'Omar. Malgré tout, elle a passé une belle soirée.
- vraiment merci pour cette belle soirée, dit-elle quand Omar la ramenait dans la voiture
- moi aussi j'ai passé une belle soirée. Merci zine...tu as vu comme je dansais bien.
Ils se sourirent et Assy regarda la rue à travers la vitre, tout d'un coup mélancolique. A nouveau..
- Tu ne vas toujours pas très bien Assy. Parfois, je te sentais perdue dans tes pensées. Je ne sais pas ce qui s'est passé hier, mais ça t'a vraiment secoué.
Elle ne se retourna pas.
- Tu te souviens du jour ou je t'ai dit que j'ai été agressé, dit-elle comme si elle se parlait à elle même
- Oui.
Elle soupira et se tut. Un moment. Il était arrivé au bas de l'immeuble et attendait.
- j'étais avec mon ex copain. Le jour même, il avait envoyé de la cola pour demander ma main. Mais je ne voulais pas l'épouser sans lui avoir parlé. Sans lui avoir dit que je n'étais pas vraiment celle qu'il pensait.
- Assy regarde moi.
Elle avait toujours le visage tourné du côté de la vitre, regardant la rue, se refusant de se retourner, se demandant si elle pourrait parler en le regardant
- on était ensemble depuis 4 ans. Il m'aimait et moi je l'ai trompé. Je suis allé...
Elle a gardé encore le silence, un long moment. Perdue dans ses pensées, mais bien décidé à tout dire.
- ...j'ai couché avec un autre homme. Un homme que j'ai aimé comme une folle, de manière démesuré. Il m'a fait perdre tous mes principes. J'ai couché avec lui. Alors qu'il était engagé, et rien n'était possible entre nous. Et je le savais. Mais comme une écervelé, j 'ai couché avec lui. Mon fiancé n'a pas supporté et a voulu me...violer. Je l'ai mérité. J'ai été minable, hypocrite, traitre
- Assy...
Ses larmes coulaient et elle restait de marbre, continuant à parler
- cet homme je l'ai revu hier. 9 mois après. J'aurai voulu le détester, le haïr, l'oublier. Mais je suis encore là. Toujours pitoyable. A penser à lui, alors qu'il m'a tout pris...je lui ai tout donné...tout.
Cette fois elle se tut. Tout était dit. Elle se sentait mieux. Elle n'a même pas été capable de dire à Rama qu'elle avait revue Ibrahima et qu'il lui avait fait encore cet effet. Elle avait trop honte. Et c'est ce même sentiment qui l'animait quand elle eut fini de parler à Omar. Elle n'osait pas le regarder. Elle ouvrit lentement la porte, sortit et s'enfuit rapidement vers la porte de l'immeuble, ignorant les appels d'Omar.


Plus tard dans son lit, il se décida à l'appeler. L'effet de surprise passé, une rage sourde avait grandi en lui. Comment un homme avait pu la brutaliser de cette manière. Parce qu'elle avait couché avec un autre. Cet aspect aussi l'avait étonné. Il n'aurait jamais imaginé qu'Assy avait...couché avec un homme. Elle était tellement pudique, tellement réservée, n'aimait pas être dragué, n'aimait pas que les hommes l'approchent. Et pourtant. Il a été surpris, mais sans être choqué. Ce qui l'avait attristé c'est qu'elle ressente encore de l'amour pour cet homme. Un fort sentiment de jalousie l'avait submergé. Oui, c'était bien de la jalousie. Sinon comment appeler ce pincement au cœur, cette rancœur. Surtout qu'il venait de se rendre compte que les larmes d'Assy étaient pour cet homme, cette tristesse sans borne était pour lui, cet homme qui apparemment ne voulait pas d'elle. Et elle se mourrait d'amour pour lui. Oui, il était jaloux. Et ce sentiment ne le quitta pas quand il l'appelait presqu'au petit matin. Mais il était sur qu'elle n'était pas encore couché. Elle décrocha et garda le silence. Mais il entendait sa respiration
- Assy ? Tu es là ? demanda t-il en murmurant, comme s'il avait peur que quelqu'un d'autre entende.
- humm
Il cherchait ses mots, ne sachant par ou commencer, laissant les secondes s'égrener.
- pourquoi tu ne m'a rien dit ? Cet homme qui t'a violenté est un lâche. Tu aurais du m'en parler et il allait regretter le restant de sa vie de s'en être pris à toi.
Elle ne dit rien pendant quelques instants
- je ne pouvais rien te dire. Dit-elle dans un souffle. C'était trop...personnel. Et j'avais peur que tu ne me juge
- jamais je ne ferais cela. Tu es comme ma sœur Assy. Même si tu avais fait pire, jamais je ne te jugerais. Heu...tu es une fille magnifique.
Il sourit, imaginant sa tête. Ils ne se faisaient pas souvent de compliments à cause de leurs éternelles chamailleries. Et effectivement elle rigola un peu
- Je ne sais pas pourquoi ça n'a pas marché avec cet homme, mais puisque rien n'est possible avec lui, essaie de l'oublier. Je n'aime pas te voir dans ces états, surtout pour un homme.
Il l'entendit sourire doucement en soufflant
- ou est passé la femme forte que j'ai connue, la dame de fer qui se bat pour sa famille.
- je ne sais pas. Je ne suis peut être pas une dame de fer.
Il sourit.
- promet moi de ne plus pleurer pour un homme. Surtout pour un qui n'en vaut peut être pas la peine.
Elle ne dit rien et il eut l'impression qu'elle pleurait
- Assy...promet moi.
Elle souffla.
- promis Omar. Je te promets...

Après mures réflexions, Assy avait décidé d'arrêter le travail au restaurant. Elle voulait se consacrer uniquement à ses études. Elle passa donc les fêtes avec sa maman, tranquillement, en essayant de se remettre de sa rencontre avec Ibrahima et en respectant la promesse faite à son cousin. Elle en profita aussi pour rendre visite à son petit frère et lui a apporté des friandises. Il avait vraiment bonne mine et commençait à maitriser le Coran à son plus grand soulagement. Elle poursuivit son voyage sur St louis pour rendre visite à la sœur de sa mère qui vivait là bas ainsi que tous les autres membres de la famille du côté de sa mère. Elle fut accueillit comme une princesse et elle passa de bons moments en famille avant de rentrer.

Comme promis, quand elle reprit, elle ne se consacrât qu'à ses études. Les mois suivants, elle avait un rythme bien rodé. Après les cours elle restait avec son groupe de travail pour réviser parfois jusque tard. Mais elle adorait ces moments ou avec ses camarades elle délirait, rigolait, étudiait, élaborait de grands projets d'avenir. Parfois Omar passait la prendre à la cité universitaire pour la déposer avant de rentrer. Et elle restait à papoter avec Rama. C'était sa sœur, sa mère. Elle ne faisait rien sans son aval et même si elle devait rentrer tard, elle le prévenait. Bien sur elle avait des jours sans et pouvait rester des jours sans parler à Assy. Mais elle comprenait. Sa vie n'était pas facile et elle passait son temps à travailler. Elle avait finalement trouvé un bon boulot de gérante de magasin chez des libanais et était maintenant bien payée. Elle avait donc laissé tomber le travail de serveuse de nuit et passait plus de temps chez elle, même si parfois elle rentrait très tard. Sa famille ne voulait toujours pas entendre parler d'elle et son petit copain était à l'étranger. Donc Assy comprenait ses moments de vide et n'insistait pas. Et puis une cohabitation était toujours un peu compliquée. Omar lui demandait de venir vivre chez eux car c'était plus logique de venir vivre chez des membres de sa famille. Mais elle avait rigolé el lui disant juste qu'elle préférait rester chez Rama. Elle lui précisa que sa mère ne l'aimait pas, ni ses sœurs, provoquant de vives dénégations de la part de ce dernier. Mais de toute façon, elle lui précisait qu'ils n'étaient pas sa seule famille et que du côté de sa mère, ses tantes l'avaient en adoration. Omar...

Depuis qu'elle lui avait parlé de son passé, elle était gênée. Mais Omar ne lui laissa pas le choix. Lui n'avait pas changé. Ou presque. Il continuait à la charrier, l'appelait tous les jours, la jalousait par rapport à son ami Ousseynou qui lui aussi cherchait à sortir avec Assy. Un jour qu'il lui avait apporté une pizza le soir, il décida d'en parler ouvertement
- Assy arrête d'avoir cet air gêné quand on est ensemble. Maintenant, tu me regardes à peine. Arrête voyons. Si c'est par rapport à ce que tu m'as dit la dernière fois, bah quoi ? Tu penses que moi je n'ai jamais couché avec une femme.
Assy éclata de rire, encore plus gênée
- tu es trop con Omar. Laisse tomber. Ce n'est pas ça...
- alors c'est quoi ? Tu penses toujours à lui ?
- NON...
- Alors c'est quoi ? Je n'aime pas que tu te comportes comme cela avec moi. Tu es ma petite joie de vivre ma cousine à moi.
Il l'avait pris par les épaules et la secouait doucement. Elle se mit à rigoler.
- tu as raison. J'ai un peu honte après t'avoir dit cela. Mais c'est normal. Et ce n'est pas la même chose. Toi tu es un homme. La société te permet de fourrer ton truc là n'importe ou et quand bon te semble.
Il éclata de rire. Ah il retrouvait sa Assy.
- arrête. Ça fait un petit bout de temps que je n'ai fourré mon truc là nul part...
- un bout de temps c'est hier ?
Il éclata de rire sans répondre. C'est vrai sa vie sentimentale était un peu mouvementé.
- enfin bref, tu peux te le permettre, mais moi, je suis une femme. Et il y'a des règles.
Elle haussa les épaules.
- enfin, ce qui est fait est fait...
Il reprit son sérieux et la regarda profondément
- tu regrettes ?
Elle haussa les épaules sans rien dire et il eut un pincement au cœur...un gros pincement au cœur. Et si cet homme revenait dans sa vie ?

Assy termina son année scolaire en validant la plupart de ses matières sauf une qu'elle reconnait avoir négligé. Elle devait les rependre pour la deuxième cession d'octobre. Malgré tout elle était plutôt satisfaite d'elle. La plupart de ses camarades revenait avec 5 ou six matières à reprendre. Oui, elle était satisfaite même si elle devait quand même réviser. A peine sorti de l'université Omar l'appela pour demander des nouvelles. Il était plus stressé qu'elle le pauvre.
- Non mais arrête Omar, tu me surveilles comme...
- tais-toi et dis-moi tes résultats.
- je ramène une matière...
- oh...dit-il un peu déçu. Tu n'as pas tout validé ?
- Non, mais couz, c'est bon. Une seule matière c'est bien.
- si tu le dis. Bon je retourne en réunion. A plus.
Elle sourit. Que ferait-elle sans lui. Il avait été tellement présent ces dernières semaines, l'encourageant dans ses études, éloignant Ousseynou qui se faisait plus pressant, lui donnant par force de l'argent pour la soutenir. Elle refusait, mais il insistait, disant qu'il était son cousin et qu'il avait le devoir de l'aider et qu'elle n'avait pas intérêt à refuser. Il lui remettait de fortes sommes parfois et c'était des histoires à n'en plus finir. Mais Omar arrivait toujours à lui faire prendre l'argent.
Il y avait aussi Elhadj qu'elle avait rencontré fortuitement dans les rues de Pikine. Bien sapé, le téléphone collé à l'oreille, accompagné d'un groupe de jeunes militants. Il s'était arrêté pour la saluer et lui demander des nouvelles de sa mère. Bizarres. Elle entendait les ragots et savait que ça venait de lui. Oui, des voisins lui avait rapporté qu'Elhadj disait qu'il avait cassé avec elle car elle se prostituait et n'était pas ce qu'elle prétendait être. C'était tellement gros que les gens préféraient en rire, la plupart connaissant Assy pour son sérieux. Heureusement. Même si ces racontars lui faisaient mal car y décelant peut être une petite part de vérité, elle ne se donnait même pas la peine de nier ou d'apporter un démenti. Elle préférait cravacher dur et réussir dans ses études. Ça suffisait comme réponse. C'est pourquoi voir Elhadj, garer la voiture et descendre lui dire bonjour l'intriguait. Le soir même il l'appela pour encore soit disant prendre de ses nouvelles. Mais elle coupa court à toute discussion lui demandant de ne plus l'appeler. Mais il disait qu'il voulait lui parler tranquillement dans un endroit calme. Elle préféra couper et le zapper. Elle ne voulait plus de problèmes. Heureusement qu'elle n'avait plus revue Ibrahima et ça allait mieux de ce côté. Elle se remettait petit à petit de tout ca.

Au fil des mois, avec Omar malgré que leur relation fût revenue à la normale, il y avait parfois des moments ou Omar semblait bizarre avec elle. Il se mettait à l'observer fixement semblant perdre le fil de leur discussion, ou alors, avait des gestes tactiles qui avant, semblaient juste amicaux à Assy, mais qui maintenant étaient remplis d'émotions, d'électricité. Mais il se ressaisissait et gêné, parlait d'autres choses, tout en la regardant avec des yeux...étranges. Assy ne savait plus comment prendre tout ça et la plupart du temps évitait qu'ils ne se retrouvent tout seuls dans le studio. Elle préférait alors descendre et le retrouver dans sa voiture pour prendre les pizzas ou autres plats commandé qu'il lui ramenait.

L'été battait son plein et Assy avait décidé de rester quelques semaines chez Rama pour chercher du travail et réviser un peu. Ca tombait avec les congés d'Omar qui avait décidé d'aller en France pour quelques jours. Mais avant, il voulait rester un peu à Dakar se reposer. Il s'était remis avec Kiné. Oui, il n'avait pas eu trop le choix, sa mère lui mettant une pression énorme. Mais il devait se rendre à l'évidence. Il avait des sentiments pour Assy. Il avait essayé de les refouler, de les ignorer, de les tuer dans l'œuf, mais rien. À chaque fois qu'il la voyait, il ne pouvait s'empêcher de perdre ses moyens. Comme un gamin. Ce genre de situation ne lui était jamais arrivé. Quand il aimait une fille, il le lui disait. Mais Assy, c'était son amie, sa meilleure amie, sa cousine. Avait-il le droit de faire cela. Surtout qu'elle manquait tellement de confiance en elle à cause de tout ce qui lui est arrivé. Quand son ami Ousseynou a commencé à la draguer, elle l'appelait paniqué en lui demandant de dire à ce dernier qu'elle ne voulait pas d'homme dans sa vie. « Omar toi tu sais pourquoi je ne veux pas m'engager ». Il ne comprenait pas sa position. Elle n'allait quand même rester célibataire toute sa vie. Lui ne voulait pas qu'elle s'engage avec un autre pour d'autres raisons. Il était jaloux. Terriblement jaloux. Il fallait qu'il lui parle. Sérieusement.

Ce week-end, Assy était chez sa mère. Mais elle voulait retourner le lendemain car le lundi elle voulait aller faire un entretien pour un poste d'hôtesse dans une conférence internationale. On lui avait soufflé que c'était bien payé et elle voulait tenter le coup. Omar voulait l'inviter le lendemain à la plage, mais elle avait la flemme de bouger, préférant rester auprès de sa mère. Elle était obnubilée par son commerce. Même la nuit parfois on venait la déranger pour acheter des choses et serviable elle se levait pour aller les servir. Elle se faisait pas mal d'argent et ce weekend, elle lui confia une petite somme, ses bénéfices pour qu'Assy les lui garde. Finalement, elle ne regrettait pas cet investissement.
Le lendemain, dans l'après midi, elle était en train d'aider Mère Saly à attacher des sachets de lessives en poudre, quand elle vit la tronche d'Omar avec un grand sourire. Mère Saly était toute contente de le voir. Elle savait que lui et Assy s'entendait bien, mais était quand même étonnée qu'il vienne aussi souvent quand Assy était à la maison. Cette dernière lui demanda sur un ton taquin de prendre un tabouret et de venir participer à l'ensachage de la lessive. Il s'est exécuté sous le rire d'Assy
- je ne le fais pas pour toi petite folle. Mais pour ma tante, précisa t-il.
Mère Saly les regardait, un peu inquiète. Apparemment ces deux là étaient très complices. Un peu trop à son gout. Elle se demandait si ils se limitaient à cela et un moment surprit le regard appuyé d'Omar sur Assy qui riait aux éclats d'une de ses blagues. A cet instant, elle eut vraiment peur. Il avait l'air d'être amoureux de sa fille. Non, non. Pas ça, pensa t-elle, avant de se ressaisir et de se dire qu'elle se faisait peut être des idées. Mais ces deux ne pouvaient être ensemble. OUmy Diop n'accepterait jamais que son fils fréquente sa fille.
- tata Saly, je voudrais amener Assy à la plage. Elle a refusé, mais je me suis dit que tu pourrais peut être la convaincre
Mère Saly le regarda surprise.
- Omar arrête donc, je t'ai dit que je ne sais pas nager. Je ne...
- toi je ne te parle pas. Tu es une gamine, je demande l'autorisation à ta mère.
Cette dernière les regarda se disputer un moment, encore étonnée.
- vous y aller...seul ? demanda t-elle innocemment
Omar sembla hésiter
- Non, il ya des amis qui viennent avec leur famille
- dis lui qu'il y'a aussi ta copine Kiné, termina Assy en rigolant.
Saly hésita encore, mais semblait plus rassuré.
- Assy, il est venu jusqu'ici pour te demander de partir avec lui. Vas-y donc.

La petite plage privée de ce grand hôtel était presque vide malgré la chaleur. Assy et Omar s'était installé sous un parasol dévissant tranquillement en attendant les autres. Jusqu'à ce qu'il lui révèle qu'il n'y avait pas d'autres et qu'il voulait juste qu'elle l'accompagne. Elle se chamailla avec lui un moment avant de lui dire qu'elle avait envie de gouter à l'eau même si elle ne savait pas nager. Omar est donc allé lui acheter un maillot de bain à la boutique de l'hôtel.
- Je ne peux pas me promener comme ça Omar...dit-elle après l'avoir enfilé.
Elle se sentait presque nue et avait des scrupules à sortir en si petite tenue. Elle s'était présenté devant Omar pour lui montrer et ce dernier semblait avoir perdu ses mots, regardant ce corps parfait moulé dans un maillot, dévoilant ses belles jambes fines, cette belle poitrine, sa taille fine. Elle le vit déglutir difficilement, incapable de parler.
- arrête de me regarder comme ça voyons...
Il se releva rapidement pour cacher son trouble. Il avait lui aussi mis un maillot et Assy le contempla un moment. Magnifique.
- Arrête Assy. il n'y a presque personne ici, et le premier qui te reluque, je lui défonce la tête. Allez viens, on va nager un peu, dit-il en tirant la serviette qui la couvrait et en la tirant pour se diriger avec elle sur la plage.
Dès qu'elle entra dans l'eau, elle refusa d'en sortir. Elle pataugeait et se débrouillait plutôt pas mal. Jusqu'à ce que les vagues commencent. Malgré l'insistance d'Omar, elle refusait de sortir, se sentant trop bien dans l'eau. Mais elle ne vit pas la grosse vague qui l'engloutit. Elle but la tasse et Omar vola à son secours. Elle s'accrocha à lui en toussant tandis que ce dernier essayait de garder son calme. Elle finit par rigoler aussi, mais resta accroché à son cou, refusant d'affronter à nouveau les vagues. Ils discutèrent tranquillement et parfois de nouvelles vagues la poussaient encore plus sur Omar et elle le serrait encore plus. Il l'avait enlacé et ils étaient proches. Trop proches. Mais Assy parlait, ne semblant pas se rendre compte que leur corps se touchaient, leur peau se collaient, Omar était troublé. Un moment, elle le remarqua.
- qu'est ce que tu as ? dit-elle innocemment.
- je crois qu'il vaut mieux que tu sortes Assy. Dit-il sourdement
Elle regarda à gauche et a droite pour voir pourquoi il était tout troublé, mais ne vit aucune fille susceptible de lui faire de l'effet.
- mais...
- Assy, s'il te plait.
Tout à coup, elle sentit une grosse bosse sur sa cuisse et comprit.
- ohh...
Elle desserra ses bras autour de son cou et s'éloigna un peu. Omar respira un grand coup et nagea en sens inverse. Elle rejoignit la berge et se fit aborder par un blanc qui disait la trouver très jolie et lui demandait si elle pouvait avoir son numéro. Elle refusa avant d'aller se rincer au robinet, le monsieur toujours sur ses talons. Après elle rejoignit le cabanon ou elle remit rapidement sa robe après avoir enlevé son maillot.
- avec qui tu parlais tout à l'heure Assy, demanda Omar en arrivant.
Elle se retourna et le regarda, ne pouvant s'empêcher de remarquer son teint noir, ses épaules et ses cuisses musclés. Elle détourna rapidement les yeux, troublée, gênée.
- j'ai un thiof toubab, dit-elle pour détendre l'atmosphère.
Mais Omar n'avait pas envie de rigoler apparemment. Il se changea rapidement et lui proposa de s'en aller.
Il l'a déposé chez Rama, en silence. Elle osait de temps en temps lui jeter un coup d'œil. Mais il était concentré sur sa conduite, crispé. Une fois arrivé, il lui prit ses bagages et la raccompagna au studio.
- je suis désolée pour tout à l'heure, dit-il finalement
Elle sourit...
- en manque ? Ou est Kiné ? Vous ne faites plus rien ces temps ci ? répliqua t-elle en rigolant
Elle s'installa sur le canapé et il l'y rejoignant, gardant toujours le silence.
- je t'ai dit qu'avec Kiné, c'était compliqué, dit-il finalement
- oui, tu m'avais dit.
Elle perdait un peu ses moyens, troublée par ce regard fixe, ce visage qui s'approcha d'elle lentement, la regardant, la gênant, effaçant le sourire gaie de son visage, faisant battre son cœur plus vite. Il était maintenant à quelques millimètres d'elle et elle sentait son souffle chaud. Sans plus de mot que cela, il se pencha et posa ses lèvres sur les siennes. Ses lèvres avaient un gout salé, et Assy ne s'attendait pas aux sensations qui suivirent lorsqu'il se montra plus empressé, lui saisissant fermement la lèvre, attendant...Assy ne faisait rien pour le repousser, sa respiration s'accélérant. Prenant son manque de réaction comme un consentement, son baiser se fit plus pressant, plus chaud. Comme revenant sur terre, Assy s'éloigna lentement, détachant doucement ses lèvres des siennes, baissant la tête.
- Assy, commença t-il
Mais il ne rajouta rien, Assy avait toujours la tête baissée, attendant une réaction d'Omar, attendant une explication à ce qui venait de se passer et qu'elle avait senti venir, sans vraiment chercher à l'en empêcher.
- cette fois, je ne suis pas désolé Assy.
Elle releva la tête pour le regarder et tomba sur son regard posé sur elle, un regard inquiet, anxieux qu'elle ne lui connaissait pas. Il se leva brusquement, se passa sa main sur ses cheveux.
- je crois qu'il faut qu'on parle de tout ça Assy.
Elle gardait toujours le silence, attendant.
- je ne sais pas ce qui m'arrive ces temps ci, mais je dois reconnaitre que tu me fais un effet...bizarre.
Il semblait vraiment gêné et souriait nerveusement. Assy se leva à son tour
- ce n'est rien Omar. Ce n'est pas grave. On oublie ça.
- et on fait quoi ? demanda t-il en se rapprochant à nouveau d'elle
- rien...on ne fait rien Omar.
Il la regarda, avec toujours ce petit air inquiet
- et si je voulais plus...
- plus...
Assy le regardait perdue, ne sachant que dire, l'esprit embrouillée tout d'un coup.
- Oui, plus, comme qu'on soit ensemble...dit-il en s'approchant et en s'arrêtant à quelques millimètres d'elle. Elle sentait la chaleur de son corps, son souffle. Elle préféra le prendre avec humeur
- Omar, arrête tes blagues à deux balles dit-elle en s'éloignant, la voix un peu tremblante
- je ne blague pas Assy, répondit-il en la suivant et en se mettant à nouveau tout près d'elle.
- si tu blagues...répéta t-elle, essayant encore de s'enfuir, mais Omar la suivait.
Un moment, elle ne bougea plus et il vint se coller pratiquement à elle.
- je ne rigole pas Assy. Depuis quelque temps, je sais qu'il y a plus que de l'amitié entre nous. Tu me troubles tu me...
Il ne termina pas et se pencha pour à nouveau saisir ses lèvres et l'embrasser doucement, créant en elle des sensations qu'elle croyait que seul Ibrahima pouvait lui procurer. Cette fois c'est lui qui s'éloigna, la laissant essoufflé, les idées pas très claires.
- heuu... Omar il ne faut pas...
- pourquoi ? dit-il tranquillement. Tu es ma cousine, j'ai le droit de t'embrasser...
Il posa à nouveau ses lèvres sur celles d'Assy, doucement,
-...comme cela, termina t-il en relevant la tête.
Elle ne sut quoi dire. Elle avait vu venir tout cela. Dire qu'elle était vraiment surprise était complètement faux. Elle voyait bien que le regard d'Omar était parfois différent, que parfois ses gestes envers elle étaient doux, trop doux, trop sensuels. Mais de la à envisager une relation entre eux. Non, elle ne pensait pas. Il voulait juste s'amuser avec elle. Comme avec les autres.
- écoute, Omar, tu es avec Kiné, ou Astou, ou Bijou, je ne sais plus. Nous on est amis et c'est bien comme cela...
- elles ne sont pas importantes pour moi. C'est toi que je veux...dit-il fermement
Assy vit rouge tout d'un coup...
- Ah maintenant c'est moi ? Pour t'amuser ? Comme tu le fais avec les autres ? parce que tu sais qu'avec moi la voie est libre et que tu pourras...coucher comme avec les autres ?
- ASSY, cria t-il. Comment tu peux penser cela, dit-il sur un ton choqué
- que veux tu que je pense ? répondit Assy en criant presque. Quoi ? Chaque jour tu viens me dire ce que tu penses de toutes ces filles que tu mets dans ton lit. Tu oublies cela ? Et aujourd'hui tu viens tranquillement me dire que c'est moi que tu veux. Si je ne t'avais pas dit que j'avais couché avec un autre tu oserais me dire cela ?
Il eut l'air gêné d'un coup, perdant la belle assurance qu'il avait.
- tu te trompe complètement sur mes intentions Assy. Je pensais que tu me connaissais mieux.
- Oui, moi aussi je pensais que tu me connaissais mieux. Tu penses que c'est mon tour maintenant, je dois passer à la casserole, parce que je ne suis peut être pas très différentes des autres c'est ca. Si tu me connaissais mieux, tu saurais que je ne fonctionne pas comme les filles que tu as l'habitude de fréquenter. Sinon, tu n'aurais pas eu cette réaction tout à l'heure dans l'eau.
Il ne disait toujours rien, se contentant de la regarder.
- je pensais que tu me connaissais mieux que cela, termina t-elle doucement.
- tu n'as pas le droit de penser cela de moi Assy. Tu n'as pas le droit. Je t'aime.
Elle détourna les yeux, ne sachant finalement que penser, ne s'attendant pas à cette déclaration.
- Ok, Maintenant c'est bon. Vas retrouver tes autres putes et moi, laisse-moi tranquille.
Il hésita un moment, prêt à dire quelque chose, mais se ravisa et sortit tranquillement.

Plus tard dans son lit, Omar réfléchissait à tout ce qui venait de se passer. Il s'y était mal pris. Toute la nuit, il y songea, incapable de dormir. Ce n'était pas le moment. Assy avait peut être raison de lui dire tout cela, mais elle avait tort sur un point, il ne voulait pas d'elle pour coucher avec, ou s'amuser. Comme avec les autres. Non, pas avec Assy. Il aurait du mettre de l'ordre dans sa vie avant de faire sa déclaration. Mais voir Assy si sexy en maillot de bain, la sentir innocemment se coller contre lui, avait éveillé en lui des instincts primaires. En temps normal il savait pourtant se contrôler, mais ce n'était pas parce qu'il voulait coucher avec elle. Il lui avait fait peur, elle a mal réagi, le croyant mal intentionné. Normal avec toutes les casseroles qu'il trainait.
Il prit son téléphone pour l'appeler, mais renonça. Il allait arranger tout cela avant de revenir à elle. Il allait lui montrer qu'il l'aimait, et pour cela, il ne voyait pas d'autres solutions que de l'épouser.

Longtemps. Quinze jours exactement. Sans nouvelles d'Omar. Assy ne comprenait rien. Plus rien. Elle pensait que c'était juste une dispute. Non, elle savait que c'était plus sérieux qu'une dispute, mais c'étaient des amis, des cousins. Les cousins ça se disputent et se réconcilient. Il aurait du l'appeler et ils allaient en parler. Mais au lieu de cela, il faisait le mort. La première semaine c'était elle qui était fâchée, et était décidé à ne même pas décrocher s'il appelait. Mais après une semaine, elle se surprenait à attendre son coup de fil, elle se surprenait rêver et à attendre qu'il sonne tranquillement à la porte et l'enlace brutalement pour la secouer, comme il le faisait d'habitude. Mais rien. Il lui manquait. Oui, son cousin lui manquait terriblement. Il faisait partie de sa vie maintenant, ils s'appelaient tous les jours, parfois pour rien, mais ils s'appelaient. Et là, elle se sentait tellement seule, tellement perdue sans lui. Il n'avait pas le droit de lui faire cela. Elle supportait de moins en moins la situation et elle en pleurait parfois. De rage, de dépit, de désespoir. Leur relation n'aurait jamais du en arriver là. Elle avait finalement été sélectionnée comme hôtesse dans le cadre d'une importante conférence internationale et s'était fait pas mal d'argent pendant ces quinze derniers jours. Mais là, elle ne songea plus à travailler et voulait se consacrer uniquement à ses révisions. L'organisateur avait pris son numéro et promettait de la contacter pour ce genre de travail qui payait plutôt bien, même s'il fallait rester debout toute la journée et parfois réfréner les pulsions de certains participants. Au moins ça l'occupait, ca lui évitait de penser à Ibrahima, à Omar. Mais quand elle rentrait le soir, elle était à nouveau triste, pensive ;
Un jour, Rama remarquant la tristesse d'Assy l'interpella
- Assy que se passe t-il ces temps ci ? Tu es triste tu tournes en rond, tu es tout le temps accroché à ton téléphone à attendre un appel.
Elle sourit
- ce n'est rien. Je m'ennuie. Je suis pressée que les cours reprennent. Et puis hôtesse ça paye bien, mais c'est fatiguant de rester debout toute la journée sur des talons hauts.
Rama la regarda sceptique voyant qu'elle voulait changer de sujet.
- et Omar pourquoi je ne t'entends plus me parler de lui tout le temps. Vous vous êtes disputé ?
Elle haussa les épaules.
- il doit être partie en voyage. Il avait pris ses congés et...je ne sais même pas ou il est en fait.
- donc vous vous êtes disputé.
Assy se mit à lui expliquer les choses. Tristement.
- depuis que je lui ai avoué mon passé, j'ai eu l'impression qu'il avait changé. Il me regardait bizarrement, me touchait différemment. Et ce jour là, à la plage, on discutait il s'est...excité. Avec moi. Tu te rends compte. Et quand il m'a déposé, il m'a embrassé et m'a dit qu'il voulait plus que notre amitié et qu'il voulait être avec moi. J'ai tout de suite compris Rama.
Ses larmes se sont mises à couler. Elle les essuyait frénétiquement
- il a cru que j'étais une fille facile, que puisque je n'étais plus vierge, il pouvait m'avoir et coucher avec moi, comme il le fait avec ses copines. Mais je croyais qu'il me connaissait mieux. Il devait savoir que je ne suis pas ce genre. Il m'a surpris Rama.
- et s'il voulait vraiment être avec toi ? demanda Rama
Elle renifla bruyamment et essuya encore ses larmes.
- c'est mon cousin Rama, mon ami. La veille, il me dit qu'il couche avec Bijou et une semaine après, il veut de moi. ca veut dire quoi ? Juste qu'il me prend pour les putes qu'il fréquente. S'il voulait de moi comme il le dit, il ne l'aurait pas fait de cette façon. Maintenant, je pensais que c'était un incident et qu'après quelques jours, il reviendrait me présenter ses excuses. Mais au lieu de cela, rien. Il ne cherche plus à me contacter. Comme si je n'avais jamais compté pour lui. C'est terrible Rama.
- et tu es dans cet état parce qu'il ne t'appelle plus. Tu ne serais pas un peu amoureuse aussi
Elle baissa la tête sans trop savoir quoi dire. Il lui manquait. C'était tout.
- Non, ce n'est pas cela du tout. C'est un peu comme toi Rama. Si on arrivait là, qu'on ne se parle plus, ça me ferait aussi mal. Aussi mal que là.
- mais si c'était moi, tu ne laisserais pas la situation pourrir comme cela. Tu m'appellerais non ?
Assy hésita à répondre.
- Oui, peut être. Mais c'est lui qui...
- Assy...tu es une grande fille. Tout d'abord je veux que tu arrêtes de penser que tu es différente. Ce n'est pas parce que tu n'es plus vierge que tous les hommes qui t'approchent veulent coucher avec toi. Ou que tu penses que personne ne peut t'aimer ou vouloir quelque chose de sérieux avec toi. Non. Arrête cela. Tu es magnifique Assy. C'est normal qu'un homme veuille de toi. Omar c'est certes ton cousin, mais c'est avant tout un homme. Et puis il a parfaitement le droit de t'aimer. Ecoute-le. Donne-lui une chance si tu l'aimes.
« L'aimer ». Aimer son cousin ? Elle n'y avait jamais songé. Elle avait encore Ibrahima dans la peau. Indéniablement. Elle était sure et certaine de ne pas ressentir les mêmes choses pour Omar. Même s'il était une personne importante dans sa vie. Mais pas au point de « l'aimer ». Du moins le pensait-elle.

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