Assy : les caprices du destin (10)

Assy avait le cœur gros. Cette histoire allait décidemment la poursuivre toute sa vie. Après tout ce temps, il osait encore lui parler de cela. Elle pensait qu'elle n'entendrait plus ce genre de reproche, surtout de la bouche d'Omar. Après tout ce qu'ils avaient traversé. Elle était en train de s'habiller lentement quand Omar sortit à son tour pour s'approcher d'elle.
- excuse-moi Assy. Je suis désolé. J'ai eu une journée...terrible et...
Elle gardait le silence et finissait de mettre un débardeur.
- je n'aurais pas du réagir comme cela. Pardon...
Elle évita de le regarder et se dirigeait vers la porte pour sortir. Mais il lui saisit le poignet et le retourna, voulant qu'elle le regarde. Mais, elle détourna la tête, ne voulant pas le regarder.
- laisse-moi Omar. Je dois aller terminer le diner, murmura t-elle au bord des larmes.
- s'il te plait ma chérie, regarde-moi, pardonne-moi...disait-il en essayant de l'embrasser.
Mais Assy évitait ses lèvres.
- MAIS LACHES-MOI...cria t-elle en se libérant furieusement. ARRETE.
Ils se faisaient face et Assy était tellement fâché qu'elle avait du mal à respirer.
- tu me prends toujours pour de la merde.
- Assy, j'ai eu une journée difficile et...
- tu penses que ta journée a été plus difficile que la mienne. Tu penses que c'est facile pour moi de me lever le matin avec des nausées, des vomissements, un mal-être que je n'ose dire à personne de peur d'être prise pour une folle. Et malgré tout ca je travaille, je passe ma journée à travailler. Quand je n'en peux plus je me couche par terre pour récupérer et parfois, j'ai l'impression que je vais mourir. Mais je tiens. Parce que le soir, j'ai hâte de te retrouver. Quand je suis venue dans la chambre tout à l'heure c'était pour me coucher un peu, mais quand j'ai senti que ça n'allait pas, je tenais à te faire plaisir, à te faire oublier tes soucis. Et toi tu me sors ce genre de chose ???
Omar baissa la tête vraiment désolé et surtout honteux.
- si tu arrives à avoir ce genre de comportement après tout ce qu'on a traversé c'est que tu n'as aucune idée de tout ce que j'ai du....surmonter, ravaler pour pouvoir rester avec toi. Non, tu n'as aucune idée alors de ce que je ressens pour toi et des sacrifices que je peux consentir. Et on n'est pas alors sur la même longueur d'onde...
- Assy...ne t'énerve pas comme cela. Ce n'est pas bien pour le bébé
Elle ne supporta de l'entendre parler comme cela.
- Je m'en fous du bébé. yaw mane mala gueune Omar. Tu penses vraiment que tu es le seul à éprouver de la jalousie ? Ce que tu essaie de me rappeler c'était il y a des années alors que ton histoire avec Filly ne date même pas de 3 mois. Alors dans cette histoire, je suis meilleure que toi car je ne te jette pas tes erreurs à la figure à chaque fois que j'en ai l'occasion. Ou tu penses vraiment que je peux tout te pardonner. Tu te trompe Omar. Je suis faite de chair et de sang. J'ai des limites....
- Assy...pardon...mais...ma vie est tellement compliquée ces temps ci...murmura t-il tandis qu'elle voyait des larmes pointer dans ses yeux. Assied-toi, je dois te parler.
Mais elle était trop énervée pour encore écouter ses excuses et sortit de la chambre.

Omar écoutait la respiration lente d'Assy. Il savait qu'elle ne dormait pas et l'avait entendu pleurer dans les toilettes. Mais il savait qu'en forçant, ça ne ferait qu'envenimer les choses et il a préféré la laisser tranquille, le temps qu'elle se calme. Elle l'avait vu dresser la table, donner à manger à Seydina, lui chanter une chanson très triste et essuyer de petites larmes quand ce dernier s'était endormi. Il avait voulu lui parler, mais elle s'était levé dès qu'il a ouvert la bouche, le laissant seul au salon avec une Ndeya qui les regardait étonné, plus habitué à des séances de rigolades. Mais il regrettait vraiment. Et le pire c'est qu'il ne pensait même pas ce qu'il avait dit. Il savait qu'Assy n'avait plus aucun lien avec cet homme. Comment avait-il pu être aussi méchant. Et dire que c'était lui qui avait tellement de choses à se reprocher. Il avait décidé de lui parler de Filly, mais après tout ce qui venait de se passer, ce n'était pas le moment.
- Assy...commença t-il doucement
- ...
Il se tourna de son coté, et attendit. Mais elle lui tournait ostensiblement le dos.
- je sais que je ne suis pas parfait. Loin de là. Je sais que je t'ai fais souffrir à plusieurs reprises et tu as toujours su me pardonner.
Assy ne bougeai toujours pas.
- tu es meilleure que moi. Indéniablement. J'en suis convaincu. Je sais à quel point tu m'aimes et je te jure que je t'aime encore plus. Je suis impardonnable et je ne sais pas ce qui m'a pris. Pardonne-moi...
Silence. Il savait qu'elle ne dormait pas. Mais ne disait rien. Il approcha sa main et la toucha, mais elle ne bougeait toujours pas. Il s'approcha alors et l'enlaça lentement.
- ne me touches pas...se contenta t-elle de dire.
Il ne l'écouta pas et ils restèrent comme cela une bonne partie de la nuit, éveillés, mais silencieux.
Le lendemain, Assy se leva la première et prépara Seydina en silence. Elle accepta le petit bisou que lui fit Omar en guise de bonjour, sans vraiment réagir, évitant de le regarder. Toute la journée, elle prenait les innombrables appels d'Omar, mais ne disait rien, répondant par monosyllabes à ses questions. Il vint alors la prendre à la descente et l'amena dans un excellent restaurant ou ils discutèrent encore un long moment. Assy se montra plus réceptive et déballa encore une fois les griefs qu'elle avait contre son mari. Il se dédouanait mais reconnut sa jalousie qu'il classa comme un trop plein d'amour qu'il ressentait pour elle. En rentrant, c'était toujours un peu froid entre eux et ils passèrent la soirée à discuter légèrement, dans les bras l'un de l'autre, sans plus car Assy avait juste besoin de parler. Rien de plus et comme il avait envie de se faire pardonner, Omar ne fit rien pour insister.
Mais un soir, après une semaine de diète, Omar lui fit comprendre par des petits baisers et autres accolades trop...suggestifs qu'il voulait plus. La nuit, ls se retirèrent dans leur chambre et Assy mit un sage pyjama en coton en mode vieille maman et s'apprêtait à se coucher.
- tu me fais toujours la tête, demanda t-il en la regardant se peigner à travers le miroir de la coiffeuse
- Non, pourquoi tu demande cela ?
- ce pyjama...un vrai tue-l'amour. Tu fais tout pour me décourager. Mais aujourd'hui ma chérie, tu ne m'échapperas pas.
Avant qu'elle ne proteste, il la souleva et la déposa sur le lit avant de commencer à l'embrasser passionnément et essaya de rattraper sa semaine de diète forcé.
Les jours suivants, Omar se montra attentionné et Assy oublia petit à petit cet incident. Mais elle n'était pas vraiment rassurée car surprenant souvent l'air soucieux d'Omar et ses absences lors de leur conversation. Elle en parla à sa mère qui la rassura en lui disant qu'elle devait tout faire pour lui faire oublier ses soucis et ne pas lui en rajouter. Et elle s'y attela du mieux qu'elle pouvait.

De son côté, Omar avait l'impression d'avoir une double vie. Il voyait souvent Filly. Hors de chez elle bien sûr. Mais elle venait souvent à son bureau et il lui demandait comment elle allait, comment se portait le bébé. Il ne voulait pas l'abandonner lâchement à son sort. Surtout qu'il savait le drame familial qui se passait chez elle. Il essayait d'être un peu présent pour elle. Même si Filly était toujours dans la séduction avec lui, tentant de l'embrasser, de le câliner. Mais il l'arrêtait toujours, ne voulant plus rien faire de plus avec elle. Elle voulait aussi qu'il l'accompagne pour ses visites avec le médecin, mais il prétextait toujours des tonnes de travail. Non, il ne voulait pas vraiment s'engager avec elle. Il se sentait déjà tellement coupable. Par rapport à Assy, à son fils... Il n'aimait pas cette situation et se promettait tous les jours d'en parler à Assy. Il avait déjà tout un discours de prêt, mais ne trouvais jamais l'occasion. C'était leur dispute d'abord, après, comme ils venaient juste de se réconcilier, il ne voulait pas envenimer les choses entre eux. Et maintenant, il se promit de lui parler après le rendez-vous médical d'Assy pour ses trois mois de grossesse. Oui, il l'avait promis à son père et son oncle Omar était aussi au courant. Ce dernier lui demandait d'en parler à sa femme incessamment avant qu'elle ne l'apprenne ailleurs car cela risquait d'envenimer la situation. Il promettait, et se promit de le faire. Mais avait tellement peur de perdre sa femme. Tellement peur.

Malheureusement, ce rendez-vous du troisième mois ne se déroula pas comme convenu. Lors de l'échographie, alors qu'elle discutait avec le médecin, elle vit ce dernier devenir tout silencieux avant de tourner l'écran vers lui, l'empêchant de voir. Ensuite, elle sentit elle voyait le visage du médecin se raidir et elle sentit une pointe de nervosité dans ses gestes. Omar qui était à côté d'elle interrompit le premier le silence.
- docteur ? Tout va bien ?
Ce dernier ne répondit rien, promenant la tête de l'échographie sur le ventre d'Assy.
- docteur ? Insista Omar tandis qu'Assy sentait les battements frénétiques de son cœur contre sa poitrine.
- heu je peux vous parler un moment monsieur
- Non, cria Assy. Dites-moi ce qui ne vas pas.
Il hésita
- c'est des choses qui arrivent, mais en fait, je ne détecte plus d'activités cardiaques
Assy rigola et ajusta sa tenue, ne se rendant pas compte de la gravité de la situation
- bah, votre machine ne doit pas fonctionner c'est tout. Dit-elle fermement en se levant. Viens Omar on s'en va
- Mme Bocoum. Ma machine fonctionne à merveille. Ecoutez-moi. Je sais que c'est difficile à encaisser, mais on va encore patienter jusqu'à demain pour faire une autre écho de contrôle. Si le même scénario est observé, il faudra faire un curetage pour sortir le...fœtus avant qu'il n'y ai des dégâts.
Assy chercha Omar du regard, perdue, cherchant un secours, quelqu'un qui viendrait contredire ce foutu médecin, mais rien. Il semblait tout aussi surpris qu'elle et avait perdu la voix. Le médecin se remit à expliquer et ils finirent par prendre congé, triste. Omar appela sur le champ une de ses collègues qui la mit en rapport avec son gynéco qui était dans un autre cabinet et ils s'y rendirent sur le champ, pleins d'espoir, en se disant que le médecin devait être fou. Mais en chemin, elle eut soudain des maux de ventre terribles. Omar préféra retourner voir le gynéco d'Assy et ce dernier les orienta rapidement. Assy fut installé dans une pièce ou on lui mit perfusion. Toute la journée elle y resta à attendre que tout s'évacue. Elle pleura toutes les larmes de son corps. Omar ne le quitta pas une seule fois et lui tint la main tout le temps, tout aussi triste, tout aussi inquiet. Sa mère aussi rappliqua rapidement. Bref, elle était bien entouré et le médecin décida de la garder jusqu'au lendemain pour surveillance. Omar rentra quand même pour préparer quelques affaires pour Assy et Seydina qui devait aller séjourner chez sa grand-mère le temps que sa mère se rétablisse.
Le lendemain, elle reçut une visite pour le moins inattendue. Sa badiène Oumy. Ce fut des moments bizarre pour Assy qui ne tenta vraiment rien pour être sympathique ou gentille avec elle. Heureusement que Mère Saly était là et elle s'étonnait de sa capacité à pardonner.

Elle rentra chez elle toute triste, mais Omar faisait tout pour lui ramener un peu de joie de vivre. Elle était tout le temps blottie contre lui, cherchant un réconfort qu'il lui donnait avec beaucoup de générosité. Elle parlait en pleurant de cet enfant qu'elle venait de perdre et de la douleur qu'elle ressentait. Omar aussi était triste, mais s'occupait plus d'Assy, s'oubliant un peu, voulant juste la réconforter. Il avait pris quelques jours de repos pour s'occuper d'elle et lui changer les idées. Juste avant le weekend, sur un coup de tête, il l'amena à Saly ou elle réussit à se détendre et à sourire. Le samedi, Jean et Khady, ainsi qu'Awa et son mari les rejoignirent et amenèrent les enfants avec eux. Finalement, le weekend était magnifique et elle rentra ragaillardit et surtout encore plus amoureuse de son chéri qui s'était montré extraordinaire avec elle, la rassurant et lui assurant que dès que possible, ils allaient s'y remettre et cette fois, il allait lui faire des jumeaux.
Un mois après sa fausse couche, elle reprit son travail. Ses collègues étaient désolés pour elle, mais elle tenait plutôt bien. Les jours suivants, ses collègues la convainquirent d'aller au marché se chercher des artifices de séduction pour pimenter les choses avec son chéri. Elle savait qu'Omar n'avait pas besoin de grand-chose pour pimenter les choses et que c'était peut être à ses risques et périls, mais elle le fit quand même. Ce dernier devait être toujours affecté par la fausse couche car il semblait toujours pensif, toujours préoccupé.
Elle prépara un succulent diner et fit coucher Seydina très tôt. Elle avait tout préparé et le soir, comme une experte, elle lui fit vivre une nuit de rêve. Bien sur, elle ne put assumer ce qu'elle avait provoqué et un moment, elle supplia Omar de la laisser se reposer. Mais il n'en fit rien, et la fit monter à des sommets inimaginables du plaisir. Le matin, il ne voulait pas la laisser partir, disant ne pas en avoir assez de toutes ces choses...divines. Mais elle devait aller travailler et lui promit de tout ressortir le soir. Sans grande conviction.

Elle se rendit au bureau, toute joyeuse et comme elle s'y attendait, Omar l'appela dès qu'elle posa les fesses sur son fauteuil
- Oui, mon bébé murmura t-elle d'une voix mielleuse.
- salut petite dévergondée, c'est la brigade des mœurs, répondit-il en prenant un ton sérieux
Assy éclata de rire.
- dans ce cas venez m'arrêter, cher monsieur. Mais attention, vous risquez de me faire sortir bien vite. J'ai de petites astuces.
- Sors les et promet de ne pas fuir.
Ils discutèrent encore un moment avant qu'Omar prenne un ton sérieux
- Assy, je voudrais te parler ce soir.
Elle sentit le sérieux dans sa voix
- à propos de quoi ? C'est grave ?
Il essaya de détendre l'atmosphère.
- Non rassure-toi. C'est juste...une petite information. Mais sans conséquence. Je t'assure
Assy soupira, soulagée
- dans ce cas, on en parle ce soir...
Quelqu'un entra dans son bureau
- toc toc, je peux entrer ?
Assy leva les yeux et regarda Iba qui était à la porte.
- c'est qui ? demanda Omar à l'autre bout du fil
Elle hésita avant de faire signe à Iba de rentrer
- une veille connaissance. Bon, je suppose que tu va me rappeler tout à l'heure.
- et comment. J'ai encore la tête dans les étoiles. Je t'aime mon cœur.
Elle sourit, sentant le regard d'Iba sur elle
- moi aussi je t'aime. Bisou...répondit-elle
Elle raccrocha lentement et se tourna vers Ibrahima
- salut, jeune madame....dit-il en souriant.
Elle le regarda encore un moment avant de sourire
- Salut vieux monsieur, plaisanta t-elle sur le même ton
Il rigola
- décidemment tu recommences avec tes allusions sur mon âge. je ne suis pas si vieux tu sais
- Bof...la cinquantaine, c'est quand même vieux
- mais arrête...j'ai à peine 42 ans.
Elle continua à le charrier un moment,
- Iba mais qu'est ce que tu fais là ?
- je suis venue te rendre une petite visite de courtoisie. Tout simplement. c'est pas autorisé
Elle haussa les épaules et lui sourit. Ils discutèrent légèrement de l'entreprise, de ses perspectives d'avenir. Il l'encourageait à continuer ses études pour espérer plus.
- j'aimerais bien Iba, mais avec la famille ce n'est pas évident.
- quoi ?? Ton chéri ne veut pas te laisser étudier.
Elle rigola, légèrement troublée par le ton de sa voix
- Non, c'est moi qui ne veut pas le laisser on ne sait jamais, les jeunes filles de Dakar sont...dangereuses et déjà le boulot me prend du temps. S'il faut ensuite que je rentre tard. Je ne verrais ni mon fils ni mon chéri
Ils rigolèrent un moment.
- tu l'aimes vraiment ? demanda t-il doucement, avec une petite pointe de tristesse dans la voix.
Le sourire d'Assy se figea et elle regarda Iba. Il la fixait et semblait attendre une réponse avec beaucoup d'attention
- Oui, Iba je l'aime...
Il sourit, baissa la tête, se leva et fourra ses mains dans ses poches.
- j'aurais préféré entendre que tu étais juste mariée. Mais pas amoureuse.
Assy garda le silence, se projetant des années en arrière quand ils étaient ensemble. Elle avait cru ne jamais pourvoir ressentir ce genre de chose.
- tu me connais Iba. L'un ne va pas sans l'autre.
- moi je n'ai jamais pu...t'oublier tu sais...
Elle sourit, détourna le regard, gênée.
- mais j'ai vu ta femme la dernière fois. Elle va bientôt accoucher non ?
Il la regarda étonné, avant de comprendre et de rigoler
- Souadou ? C'est la femme de Khalil. Il est en France ces temps ci donc je jour un peu le rôle du bon mari...
- ha...j'avais cru...
- bah non...j'aimerais quand même avoir un enfant...un autre...un jour.
- hé comment va Sophie, s'exclama Assy en se rappelant sa petite terreur.
Mais elle vit Iba se troubler, son visage se rembrunir, ses yeux devenir humides.
- Sophie...murmura t-il
- Iba qu'est ce qui s'est passé ? Ou est Sophie ?
- elle est...
Il sembla hésiter avant de lui sourire tristement
- elle va bien...dit-il finalement en haussant les épaules
Il changea rapidement de sujet et abordèrent des choses plus gaies.
- la grossesse te va à ravir ma chère...dit-il au bout d'un moment.
Elle ne dit rien, se gardant de lui préciser qu'elle avait fait une fausse couche. Cette fois, c'est elle qui changea rapidement de sujet. Mais elle apprécia ce moment passé avec lui, même si elle rechigna à lui donner son numéro. Lui, il lui laissa sa carte qu'elle glissa dans un tiroir avant de le raccompagner.

Le soir, elle décida de rendre une petite visite de courtoisie à sa belle sœur Awa. Elle lui chercha de petits pots de thiouraye et arriva chez elle sans la prévenir. Elle sonna et la bonne l'ayant reconnu, lui dit qu'Awa avait un invité, mais qu'elle pouvait toujours entrer. De toute façon, elle faisait partie de la maison. Elle s'avança et vit Awa, qui était en face d'elle avec une femme couverte qu'elle n'arrivait pas à distinguer car elle lui montrait le dos. Awa sembla perturbé un moment et se leva précipitamment pour l'accueillir. Mais la dame avait déjà tourné le visage et Assy la reconnut. Filly. Elle se figea
- Assy...mais qu'est ce que tu fais là ? demanda Awa en feignant une surprise, mais Assy remarqua qu'elle était vraiment perturbée
Assy ne répondit rien et continuait à regarder Filly qui soutenait son regard.
- qu'est ce qu'elle fait là Awa ? Murmura t-elle doucement, en la regardant
- heuu..donc tu connais Filly...je...heuuu...tu...
Elle bafouilla et Filly se leva. Assy faillit se sentir mal elle avait un ventre...de femme enceinte. Elle fixa son ventre, incapable de détacher son regard.
- Awa, je crois que je vais partir.
Elle regardait Assy qui était toujours figée, sans réaction.
- Ok Filly. A plus.
- On s'appelle Awa ;
Filly passa devant Assy en la regardant fixement avant de disparaitre derrière la porte. Assy se tourna alors vers Awa, incrédule. Elle recevait l'ex d'Omar chez elle. Ça voulait dire quoi excatement ? Elle chercha des réponses dans son regard, mais ne put déceler qu'une gêne, un trouble.
- qu'est ce que ça veut dire Awa ? tu connais Filly depuis quand ? qu'est ce qu'elle fait ici
- Assy, assied-toi, je vais t'expliquer.
- explique Awa, je t'écoute ? dit-elle en refusant de bouger.
Elle hésita avant de commencer à parler
- écoute, je crois que ce n'est pas à moi de te révéler certaines choses. Omar le fera mieux que moi et il est plus approprié. Mais...
- c'est lui le père de...l'interrompit-elle, le cœur battant à 100, l'esprit en ébullition
- Assy...c'était avant votre réconciliation. Omar voulait...
Assy leva la main, lui demandant de se taire. Elle ne voulait plus rien entendre. Ça en été assez.
- qui d'autres est au courant dans la famille ? Murmura t-elle
Awa haussa les épaules.
- je ne sais pas. Mon père, mon oncle Omar...heuu...
Elle hocha la tête, les yeux remplis de larmes. Sans un mot, elle remit le sachet contenant le cadeau d'à Awa et sortit précipitamment. Elle ne voulait pas pleurer. Non. Elle devait être à 5 ou 6 mois de grossesse et Omar lui a caché tout cela. Si Awa est au courant ça veut dire que tout le monde dans la famille le savait. Tout le monde sauf elle. Toutes sortes d'idées se bousculaient dans sa tête. Comment Omar avait-il pu lui faire cela ? Comment ? Non, Awa lui avait peut être menti en connivence avec Filly. Ce n'était pas possible

Elle se rendit directement chez son oncle Omar et trouva ce dernier en train de faire ses prières. Mais elle patienta. Dès qu'il finit, elle commença à expliquer.
- tonton Omar, je viens de chez Awa et j'ai vu...cette fille. Filly.
Il comprit et commença à hocher la tête
- Omar ne t'avais donc rien dit ?
Elle secoua la tête.
- me dire quoi ? Cria t-elle presque. Elle est enceinte de mon mari ? De mon Omar ? C'est ça ? Et vous le savez tous et personne n'a la décence de m'en parler...
- Assy calme-toi. Ce n'était pas à nous de t'en parler. C'est à ton mari de le faire.
Elle se leva brusquement, incapable de rester et sortit de la maison sans faire un autre mot, les larmes coulant sur ses joues
Arrivée dehors, elle venait de se rendre compte qu'elle avait oublié son sac et retourna. Ses cousines étaient au salon et parlaient avec leur mère et elles ne l'avaient pas entendu venir
- ndeyssane, elle ne savait pas que son mari avait engrossé cette fille, disait Coumba, une de ses cousines
Elles éclatèrent de rire...
- la pauvre, séyame dé dou nékhati...son mariage ne sera plus tendre...Omar est un beau gars. Tout le monde le veut c'est normal...
Elle pénétra dans la pièce et sans un regard pour eux, prit son sac et sortit, le cœur en lambeaux, honteuse.

Arrivée à la maison, elle trouva qu'Omar n'était pas encore rentré et alla prendre une douche. Une longue douche ou elle espérait que ses problèmes couleraient avec l'eau. Après cela, elle attendit Omar. Elle se doutait qu'Awa le préviendrait mais tôt ou tard, il rentrerait. Et il décida de le faire tard. Très tard. Elle était au salon, bien décidé à l'attendre. Elle ne bougea pas quand il s'approcha lentement d'elle.
- Assy....
- ...
Il s'installa à côté d'elle doucement.
- ça fait des mois que j'essaie de t'en parler. Mais je ne trouve jamais le bon moment. ce matin, je t'ai dit qu'il fallait qu'on parle. C'était à propos de cela. C'est...un accident Assy. Elle était enceinte avant notre rupture. J'ai été mis devant le fait accompli. Je ne pouvais qu'assumer Assy. Comprend-moi. Je suis désolé...

Assy ne put empêcher un flot de larmes l'envahir. Elle avait le cœur lourd, gros. Elle sentait à chaque respiration qu'il allait éclater dans sa poitrine. Elle avait la confirmation. Donc il avait mis enceinte une autre fille. Filly portait l'enfant de son mari. Son Omar avait un lien aussi fort qu'un enfant avec une autre femme. Elle se contenta de le regarder, perdue.
- dis quelque chose...
- c'est bien Omar...c'est bien.
Elle se mit à applaudir avec un petit sourire et des yeux emplis de larmes.
- bravo, bravo. Encore une fois tu as réussi à me montrer à quel point je ne représente rien pour toi. A quel point c'est facile pour toi de me mentir et de me prendre pour une idiote.
Omar secoua la tête
- je te jure que non. J'avais l'intention de t'en parler. Mais il s'est passé tellement de choses entre temps.
Tout le monde est au courant dans la famille. Tout le monde sauf moi. On ne parle que de moi et de la grossesse de cette fille. « oh la pauvre Assy, son mari a mis enceinte une fille et ne lui a rien dit...» répéta t-elle en essayant d'imiter la voix de sa cousine
Elle tremblait de rage et ses larmes coulaient
- je te déteste Omar, je te déteste. Je veux que tu m'accorde le divorce maintenant. J'en ai marre de tout cela.
- calme-toi. Tu es en colère. Mais je sais que tu ne penses pas ce que tu dis. Je te comprends. Je...
- n'essaie pas de me comprendre, cria t-elle en se dirigeant vers lui rageusement et en tapant nerveusement sa poitrine, voulant lui faire mal. Mais avec ses petits bras, ses coups ne devaient pas avoir beaucoup d'effet sur sa poitrine musclé.
Elle donnait des coups en pleurant et un moment Omar lui saisit ses deux mains
- trésor, je t'en prie...calme-toi. C'est un accident. C'était avant. Mais on n'est plus ensemble. C'est toi que j'aime.
Elle retira nerveusement ses mains, s'essuya le visage et s'assit lourdement sur la canapé, l'air hagard, perdue
- Assy, Filly m'a mis devant le fait accompli...je...
- ce qui me fait le plus mal dans cette histoire, c'est que tu m'ai menti tout ce temps.
- j'attendais le bon moment...c'est tout.
Assy se leva et se dirigea vers la chambre.
- tu vas ou Assy ?
- me coucher. Comme tu dis que je suis énervée, je vais me calmer et demain, quand je te parlerais, tu n'auras plus aucune raison de me refuser ce que je te demande.
Elle parlait d'un ton las, comme si elle portait le poids du monde sur ses frêles épaules.
- tu avais promis de ne plus me quitter Assy
- tu avais promis de ne pas me mentir...
- c'était pour te protéger...
Sans répondre, elle ouvrit la porte de la chambre et se coucha toute habillée...


- Assy, pardonne-lui. Ce n'est pas vraiment de sa faute si elle est tombée enceinte avant que vous ne vous mariez.
Assy changea l'appareil d'oreille, fatiguée. Elle parlait avec Rama depuis une demi heure et passait son temps à pleurer. Si elle ne revenait pas d'un mois de congé maladie, elle prendrait des jours pour se reposer tellement elle était au bout du rouleau.
- Rama, ça va se passer comment ? Comment Omar pouvait-il me regarder tous les jours sans rien me dire.
- je lui ai parlé, il dit qu'il ne voulait pas te perturbée plus que cela car tu étais enceinte et après c'était ta fausse couche. Il dit qu'il ne trouvait jamais le bon moment et ne voulait pas te faire souffrir
Assy sourit
- il te paye combien pour que tu sois son avocat ?
Rama éclata de rire.
- Mauvaise langue. Hier on a parlé ensemble plus de deux heures de temps. Il t'aime vraiment Assy. Tu me connais, je ne fais pas dans la langue de bois. Je lui ai fais pleins de reproches, mais j'estime que ses explications tiennent la route, c'est tout. Vous vous êtes déjà séparé pour vous retrouver. C'est parce que vous vous aimez. Ne perds pas encore du temps en te séparant encore de lui. Tu va donner raison à tes cousines qui se moquent de toi et surtout tu laisse le champ libre à cette Filly. Tu veux vraiment lui laisser ton Omar ?
- je ne sais pas Rama, je ne sais plus ou j'en suis.
- prend le temps qu'il faudra ma chérie et réfléchis à tout ça. Mais ne te sépare pas de ton mari. Il t'aime Assy.
- et ton mari Rama ? Tu t'en occupe bien, demanda Assy pour changer de sujet
- j'essaye quand il est là bien sûr. Il n'est pas vraiment difficile et je le chouchoute au maximum,
Assy sourit en l'écoutant parler de long en large de son mari, Mr Diop. Elle était heureuse et le lui disait souvent et c'était tout le mal qu'elle lui souhaitait.
- ça te dirait de venir ici quelques jours. Mansour n'est pas là et je suis seule. tu me tiendras compagnie.
Assy fut enchanté par cette idée et promit d'y réfléchir.
Elle raccrocha plus tard et prit contact avec une agence de voyage. La gentillesse de la dame au bout du fil aidant, elle décida sur le coup de partir dans une semaine. Comme c'était l'heure de la descente, elle rassembla ses affaires et sortit, le cœur léger. Elle préféra marcher un peu pour se changer les idées. Ça faisait maintenant une semaine qu'elle savait pour Filly et elle commençait à se « calmer ».
Le lendemain de la découverte, Omar s'attendait peut être à ce qu'elle s'en aille ou qu'elle lui demande à nouveau le divorce, mais non. Le lendemain, après une nuit blanche à regarder le plafond, elle s'était réveillée la tête vide, fatiguée et...éteinte. Elle n'avait même pas la force de réfléchir et s'était finalement levée pour aller au bureau, dépassant Omar qui la regardait bizarrement. Le soir, n'étant pas plus avancé que cela sur ses réflexions, elle était rentrée pour se terrer dans sa chambre. Sans même un regard pour son fils. Elle était donc restée, plus par manque de volonté qu'autre chose. Elle se sentait tellement lasse qu'elle ne savait pas exactement ce qu'il fallait faire une fois dehors. C'était trop compliqué pour elle et elle...avait peur. De le perdre définitivement.
Elle avait alors demandé à Omar de dormir ailleurs, de la laisser seule. Donc il dormait au salon, respectant son choix et n'insistant pas. Donc ils se croisaient le soir et à part les salutations de politesse, ils ne se parlaient pas. Ou Assy ne lui parlait pas. Même si elle sentait ses regards appuyés et tristes et parfois de petites tentatives pour lui parler. En vain.
Mais elle en voulait à tout le monde. Pas seulement à Omar. Pour lui avoir caché tout cela. Même sa mère était au courant et avait préféré respecter le souhait de son »mari » de ne pas lui en parler avant Omar. Comme son oncle, elle lui a expliqué que c'était à son mari de lui parler et lui a clairement dit qu'elle devait être compréhensive car ceci est arrivé alors qu'elle n'était pas encore mariée à Omar.
Elle réfléchissait encore à tout cela en sortant de son bureau quand elle tomba sur Iba qui entrait.
- salut...dit-il sur un ton joyeux
- à croire que tu travailles dans cette société, répondit-elle, pas vraiment d'humeur à papoter
- bbrrr...Mme est de mauvaise humeur on dirait, répondit-il en s'approchant d'elle et avant qu'elle ne puisse réagir, il enleva les lunettes qui cachaient ses yeux rougis et ses cernes dus au manque de sommeil et aux larmes.
- mais arrête, dit-elle en essayant de reprendre ses lunettes
Mais Iba la regardait en fronçant les sourcils
- ça ne vas pas on dirait ?
Il lui rendit lentement ses lunettes et au lieu de les mettre, elle joua avec un moment, la tête baissée.
- pas trop. Mais ça ira, dit-elle en essayant de sourire.
Il y eut un petit silence
- Heuuu, je peux faire quelque chose pour toi ?
- dis-moi ce que tu faisais encore ici ? dit-elle en essayant de détendre l'atmosphère. Tu ne draguerais pas la joli secrétaire du directeur ?
Cette dernière était venue dans son bureau pour lui poser pleins de questions sur Iba et elle se doutait bien qu'il y avait peut être quelque chose derrière ses visites fréquentes.
- heuu...je t'expliquerais plus tard. Mais viens s'il te plait, on va se poser et discuter un peu.
Elle hésita un moment, mais voyant l'air soucieux d'Iba, elle céda et le suivit dans sa voiture. Elle le vit prendre son téléphone et tapoter un message avant de démarrer. Ils se rendirent dans un magnifique restau en face de la mer et Assy resta silencieuse un long moment à regarder les mouvements des vagues. Iba respecta son silence et la regardait fixement sans rien dire. Finalement, elle soupira et se tourna vers lui. Il lui sourit
- tu ne veux rien me dire ?
- c'est compliqué pour moi Iba ces temps ci. Je...ne sais pas vraiment ou j'en suis en fait...
- tu veux m'en parler.
Elle le regarda un moment, hésita un temps encore plus long avant de pousser un long soupir er de commencer à parler. En commençant par leur début, le problème de sa nuit de noce, conséquences de son geste irréfléchi avec lui. A ce stade du récit, elle le vit se rembrunir et d'adosser à son siège, le visage grave. Elle continua quand même en racontant ce qu'elle a du subir dans sa belle famille, le divorce, la naissance de Seydina, le décès de son père et enfin leur récente réconciliation et le problème avec Filly. Elle parlait calmement, en prenant parfois de petites pauses pour respirer, réfléchir, soupirer, se rappeler, parfois douloureusement.
- voila. J'en suis là Iba. Cette femme est enceinte de mon mari er je suis la dernière à l'apprendre. Je ne suis pas idiote. Je peux comprendre qu'ils aient eu des écarts car il était libre, mais pourquoi me cacher ce genre de choses pendant si longtemps. C'est qu'il me prend vraiment pour un parfaite idiote ou alors cette femme représente beaucoup pour lui.
Iba soupira et garda le silence, se tenant le menton, l'air de réfléchir.
- pourquoi j'ai cette impression que tous tes problèmes dans ta vie viennent de moi ?
Assy leva lentement les yeux et le regarda. Il soutint son regard avant de détourner la tête.
- c'était écrit. Mon destin. Je ne pouvais y échapper, même si j'ai beaucoup regretté ce qui s'est passé ce jour là Iba, beaucoup. J'aurais aimé que mon mari me trouve comme...il se doit.
- tu ne m'as jamais dit pourquoi tu as fait cela Assy ? l'interrompit-elle
Elle haussa les épaules.
- avec le recul, l'âge, je crois que c'était juste un moment de...folie. Comme je n'en ai jamais eu de ma vie. Mais les conséquences sont là. Les gens peuvent rapidement penser que je suis une...dévergondée...
Elle sourit en disant cela et Iba fit de même.
- Et j'en ai souffert. Même mon mari a eu des doutes. Et pourtant il m'aime. J'aurais voulu lui faire ce cadeau....ma première fois. Mais les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaite. Depuis, j'ai appris à assumer mes actes. Difficilement.
- moi aussi j'ai regretté Assy. Surtout parce que t'aimais beaucoup et j'aurais aimé que ça se termine autrement entre nous. Mais...c'était compliqué.
- je sais et c'est pourquoi je n'ai jamais insisté. Il y avait trop de personnes proches impliquées et...enfin bref c'est passé.
- oui c'est passé...murmura t-il en posant lentement sa main sur la sienne.
Elle la retira doucement en souriant.
- arrête Iba.
- Désolé...je vais mettre mon égo de côté et te dire les choses objectivement. Ton mari ne t'a pas trompé. Si tout ce que tu me raconte est vrai, les choses se sont passées avant votre remariage. Donc...
- mais il m'a menti tout ce temps. Toute la famille était au courant. Sauf moi. Je passe pour quoi ?
Il haussa les épaules.
- il avait peur de ta réaction. Que tu ne le quitte, que...tu ne l'aime plus...
Il disait cela lentement, avec une pointe de mélancolie dans la voix.
- et je le comprends. Ce n'est pas facile de te perdre Assy.
Il y eut un silence.
- ce n'est jamais facile de se séparer de celui qu'on aime. Si je décide de le faire c'est par contrainte. J'ai fais beaucoup de sacrifices pour lui tu sais.
Iba sourit
- ou est la contrainte là ? Ton mari t'aime apparemment. Toi, tu en es folle. Je le reconnais même si cela blesse mon égo. Vous avez un fils. Tu veux tout détruire parce qu'il y a un enfant qui arrive ?
-...
- nous les hommes nous sommes comme cela. On a tendance à mentir, à cacher des choses à nos femmes. Mais on les aime quand même. Dans la plupart des cas...
Assy le regarda un long moment et compris le léger sous entendu.
- c'est toi Iba qui me conseille de rester avec mon mari ?
Il rigola franchement, se renversant sur son siège.
- ah oui...le monde à l'envers. Mais je crois que tu ne m'as pas aimé comme tu l'aimes lui. Moi tu n'as jamais accepté de me pardonner quoi que ce soit. Alors que là...
- ce n'est pas la même chose...
Iba ne dit rien et naturellement, cette fois, c'est elle qui posa sa main sur la sienne en un geste de reconnaissance. .
- merci Iba...même si je ne dis pas que je vais lui pardonner, merci de me parler franchement.
Il lui sourit.
- si je ne peux pas t'avoir à mes côtés, laisse-moi au moins veiller à ce que tu soit heureuse. je te dois bien cela...après tout ce que je t'ai fait...
- et si on parlait de la jolie secrétaire...dit-elle sur un ton malicieux.

Assy rentra tard de sa soirée et trouva Omar en train de lire une histoire à Seydina. Il devait surement penser qu'elle était chez sa mère, comme elle le faisait tout le temps. Il se leva à son entrée et après un bref salut, se dirigea vers son fils pour le prendre dans ses bras. Il tombait de sommeil et réclama son père. Elle se sentit aussitôt coupable de l'abandonner ces temps ci sous pretexte qu'elle en voulait à Omar et donc restait chez sa mère jusqu'à des heures impossibles.
- Mon petit cœur, reste avec maman...
- Nonn...ze veux papa...s'écria t-il en tendant les bras vers ce dernier.
Ne voulant pas se tirailler, elle le lui donna, le cœur gros.
- il est un peu capricieux ces temps-ci, justifia Omar...
Elle le regarda brièvement et le trouva amaigri et triste. Elle détourna rapidement le regard et se dirigea vers la chambre. Sans savoir pourquoi, elle se mit à pleurer silencieusement et s'enferma dans les toilettes. Elle y resta un bon moment et était recroquevillé sous le jet d'eau, le corps secoué de sanglot. Elle ne sentit pas Omar entrer et arrêter le robinet avant de la couvrir d'une serviette et de la soulever. Instinctivement, elle s'accrocha à lui, mettant ses bras autour de son cou et enfouissant son visage contre son épaule. Il la déposa délicatement sur le lit et lui parla
- Assy, s'il te plait, calme-toi. Dis-moi ce que je peux faire pour te soulager...pour que tu saches à quel point je suis désolé de t'imposer tout cela
Elle s'était calmée et ne pleurait plus.
- je t'en veux Omar. Je t'en veux tellement. Je ne sais pas si je pourrais te pardonner cela. Tu m'as ridiculisée, blessée...
Il ne disait rien, se contentant juste de rester assis sur le lit.
- essaie Assy. Je ferais tout ce que tu voudras. Mais c'est hors de question que je te perde à nouveau.
Ils restèrent silencieux un long moment
- tu veux que je reste avec toi ?
Elle secoua vigoureusement la tête et il se leva pour sortir après être resté un moment à la porte à la regarder.

A deux jours de son voyage, elle devança Ndeya à la maternelle et prit son fils. Elle n'avait encore rien dit à Omar er voulait profiter un peu de son fils avant de partir. Elle avait déjà déposé ses congés et il ne restait que le départ. Avec Seydina, ils flanèrent dans les magasins de jouets et rentrèrent après être passé prendre une glace. Elle trouva Awa chez elle et eut juste envie de lui dire de foutre le camp. Elle n'a pas apprécié son double jeu. Recevoir Filly chez elle, alors qu'elle ne cessait de lui montrer qu'elle l'aimait. C'était de l'hypocrisie pure et simple.
- Salut Awa...se contenta t-elle de dire au pas de la porte su salon avant de se diriger vers sa chambre.
Après plusieurs minutes, elle se décida à sortir et trouva Seydina en train de s'amuser avec sa tante
- heuu...Omar va bientôt rentrer...
- c'est toi que je viens voir Assy.
Assy la regarda avec cette envie de lui dire tout ce qu'elle pensait
- pourquoi ? Toi Awa, tu étais au courant de tout cela, au lieu de m'avertir, tu te permets de la recevoir chez toi ? je te considérait comme une sœur, une amie, je te disait tout. et toi tu vas faire ami-ami avec cette Filly, qui est enceinte de mon mari. Et tu oses venir ici me voir. Non, Awa. C'est chez ton frère, je ne peux pas t'empêcher de venir, mais ne me dis pas que c'est moi que tu viens voir. Les masques sont tombés Awa
Awa fronça les sourcils, irritée
- Quelles masques Assy...c'était la première fois qu'elle venait chez moi. Omar...ou je ne sais qui lui a donné mes contacts et elle avait commencé à m'appeler...
- c'est bon Awa, tu n'as pas besoin de t'expliquer. Vous n'avez jamais supporté que je sois avec Omar. Mais continuez. Vous allez bientôt y arriver. Je suis à bout. Je n'en peux plus de tout ça. Je ne vais pas passer ma vie à me battre sur tous les fronts pour...un homme qui n'en vaut peut-être pas la peine.
- je comprends que tu puisses être fâchée. A ta place j'aurais réagi de la même façon. Tu peux m'en vouloir, mais je t'en prie, Omar t'aime. Cette Filly ne représente rien pour lui.
- arrête...arrête de jouer les faux-cul, cria t-elle.
Awa ouvrit la bouche, choquée avant de prendre son sac.
- je vais partir. J'espère que tu te calmeras et que tu reviendras à de meilleurs sentiments.
- oui, c'est ça, va t'en...
Elle se dirigea vers la porte et la lui ouvrit largement sans un regard pour elle.

Le soir même, elle eut une grosse dispute avec Omar car ce dernier lui reprocha d'avoir mal parlé à sa sœur.
- Awa a toujours été très gentille avec toi, elle gardait Seydina, prenait tout le temps ta défense et toi tout simplement parce que tu es fâché contre moi, tu déverse toute ta bile sur elle.
- c'est toi Omar qui me parle comme ça ? Tu oses me faire des reproches concernant ta sœur ? Après tout ce qui s'est passé ?
- oui, mais si tu as quelqu'un à attaquer, c'est moi. Je suis le seul responsable de cette situation. Tu n'as pas besoin d'en vouloir à la terre entière. Arrête de penser que les gens ne sont là que pour te faire du mal. Que ton bonheur dérange quelqu'un. Tu n'es pas le centre du monde Assy.
- Oh, mais toi je t'en veux à mort. Je te déteste Omar. Pour m'avoir menti pendant tout ce temps et pour m'avoir fait passer pour une idiote auprès de tout le monde.
- Voila...déteste-moi Assy, crie-moi dessus, frappes-moi, mais pas les autres. C'est moi le fautif. Et je ferais tout pour me faire pardonner. Mais
- tu n'es qu'un...
Elle s'apprêtait à dire un gros mot, mais le regard tout aussi furieux d'Omar l'en dissuada. Rageusement, elle quitta la pièce et s'enferma dans la chambre, désespérée, perdue. Elle avait l'impression qu'elle allait devenir folle. Omar la suivit et quand elle voulu fermer la porte de la chambre, il la cala avec son pied.
- laisse-moi Omar. Va-t'en
- Non, Assy, écoute-moi d'abord.
Elle céda et le laissa entrer, avant de lui tourner le dos
- Assy, arrête. Arrête tout ça. Je t'aime. Plus que tout, surement plus que moi-même. Je regrette tout cela, mais les choses sont là. Je ne peux rien changer au destin. Je vais avoir une petite fille. Je voudrais que tu sois à mes côtés pour cela. S'il te plait.
Il s'approcha lentement et resta un moment derrière elle, hésitant à la toucher. Elle avait la tête baissée et entre ses mains. Mais ne résistant pas, il lui prit les épaules et l'enlaça légèrement. Elle pleurait silencieusement.
- c'est une fille ? Murmura t-elle, la voix brisée
- Oui...
Elle avait l'impression que son cœur se brisait. C'était à elle de lui faire des enfants, pas à une autre. C'était elle qui voulait une fille. Cette femme lui prenait tout. Il la retourna lentement et ils se firent face.
- Assy. Je...je suis désolé de t'imposer cela. Mais je ne peux rien contre le cours des choses. J'aurais du t'en parler, mais je ne voulais juste pas te faire souffrir...tu me comprends ?
Elle secoua la tête.
- désolé Omar, mais je ne peux pas encore me faire à l'idée que tu va avoir un enfant avec une autre que moi. Je...c'est moi ta femme Omar, c'est...c'est...avec moi...moi, que tu dois avoir des enfants. Elle...va te prendre à moi Omar.
Ses larmes coulaient
- Jamais. Jamais Assy. Maintenant, on a des relations purement...amicales. Il n'est pas question de plus entre nous.
Elle ne disait rien, la tête toujours baissée. Il lui prit le menton et lui releva la tête
- regarde-moi Assy...mon amour...mon cœur...
Il se pencha et déposa lentement ses lèvres sur les siennes. Elle voulut reculer, mais il lui prit doucement la nuque et accentua la pression de ses lèvres, avant de l'encourager, à entrouvrir les lèvres. Il commença alors à l'embrasser lentement, introduisant sa langue entre ses lèvres, se rapprochant davantage. Mais au bout d'un moment, Assy le repoussa doucement et il détacha difficilement ses lèvres pour la regarder.
- je...je vais aller au Maroc après demain...murmura t-elle en se reculant encore, mettant une bonne distance entre eux.
- quoi ?
- tu m'as entendu. Je vais aller rendre visite à Rama. J'ai déjà déposé mes congés et...
- tu ne comptais pas m'en parler ?
Assy haussa les épaules.
- je...si...j'allais le faire, répondit-elle en hésitant. J'ai besoin de me changer les idées, de...réfléchir à tout cela. Tout le monde me dit que je suis compliqué et que ça s'est passé avant, ma mère, Rama, même mon frère Abdoulaye s'y est mis. Mais, je t'assure Omar que ce n'est pas facile. J'ai juste l'impression d'avoir été transporté dans un autre monde, que je vis une vie qui n'est pas la mienne. Je fais des choses...machinalement, sans entrain. Et...
Elle essuya ses larmes.
- je n'en peux plus. Je veux partir un peu...
Il soupira et s'approcha d'elle.
- je peux t'accompagner si tu veux ?
- Non, je veux m'éloigner...de toi.
Il la regarda, l'air un peu perdu
- juste un temps.
Elle mit du temps à répondre.
- Assy...
- oui, un temps, abdiqua t-elle sans grande conviction.
- okk...

Assy posa son sac, épuisée. Rama lui faisait visiter Casablanca et elle adorait. Elles sortaient tous les jours et jouaient les petites stars dans les rues de la ville. Assy se sentait revivre et elle avait fait promettre à Rama de ne pas lui parler d'Omar pendant quelques temps. Elle avait promis et elle passait un séjour calme. Sauf que son fils lui manquait. Elle appelait tous les jours, parlait à Ndeya qui lui passait Seydina qui les premiers jours pleurnichait un peu en la réclamant. Mais après il avait commencé à s'habituer. Elle parlait aussi avec Omar qui lui demandait comment se passait son séjour et si elle aimait le Maroc. Au début, elle parlait peur, mais petit à petit, le fil du dialogue s'installa et elle allongeait un peu les conversations. Une dizaine de jours après son arrivée, sa petite famille lui manquait.
Un matin, elle resta au lit à se prélasser et à regarder les photos sur son téléphone quand Rama vint plonger à ses côtés, lui arrachant le téléphone.
- qu'est ce que tu regardes comme cela ?
- mon bébé...répondit-elle en soupirant et surtout en pensant à Seydina.
Rama se concentra sur le téléphone et un moment se mit à rigoler.
- décidemment, tu passes ton temps à prendre ton chéri en photo...
Assy se redressa et mit sa tête à côté de celle de Rama pour voir l'écran du téléphone ou défilait les photos. Eh oui, c'est vrai qu'elle prenait Omar sous toutes les coutures. Quand il dormait, quand il souriait, quand il parlait, quand il était avec Seydina, quand il l'embrassait.
- tu l'aimes hein...
- arrête Rama, tu ne prends pas ton mari en photo toi ? C'est normal ça.
Rama rigola
- autant de photos ? Non. Tu fais quoi avec ? Quand il n'est pas avec toi, tu regardes les photos car tu ne peux pas te passer de lui ?
Assy rigola franchement en lui arrachant le téléphone et dut reconnaitre qu'Omar avait beaucoup de photos et se mit à en supprimer quelques uns. Elle se mit à le regarder en supprimant ses photos et devint triste tout à coup. Qu'est ce qu'elle l'aimait cet homme. Oui, elle devait le reconnaitre, mais était-ce au point d'accepter l'enfant d'une autre et certainement cet autre même dans leur vie. Elle ne savait pas. Pas encore.
Elle fit part un jour de tous ses doutes à Rama qui comme à son habitude, se montra une fervente avocate d'Omar. Cette fois, elle fut plus réceptive à ses arguments et lui promit de réfléchir à tout cela.

Son séjour se poursuivit tranquillement et après avoir fait le tour de Casablanca, elle partit à la découverte des autres villes du pays. Magnifique. Elle apprécia par-dessus tout et en retournant à Casa, elle avait les étoiles pleins les yeux, s'imaginant vivre dans ce beau pays. il lui restait encore une semaine de vacance et Rama lui annonça brusquement qu'elle devait aller à Rabat pour une mission dans le cadre de son travail. Elle pensa à écourter son séjour pour rentrer chez elle, mais Rama la convainquis de rester car elle ne devait faire que 4 jours. Elle resta donc et passa sa première journée en solitaire au marché de la médina à faire quelques courses pour ses collègues.
En rentrant, elle appela Ndeya et parla rapidement à Omar qui bizarrement, semblait un peu pressé de raccrocher. Elle le prit mal et bouda en se promettant de ne plus l'appeler.
Le lendemain, elle fut réveillée par des sonneries à la porte. Elle hésita un moment sachant que Rama ne devait pas encore rentrer. Elle se mit derrière la porte et murmura doucement
- c'est qui ?
- c'est moi...
Elle cru reconnaitre la voix, mais ne put se résoudre à affirmer que c'était bien lui. Mais plus rassurée, elle ouvrit la porte en laissant la chainette de sécurité. Et c'était bien lui. Omar
- mais qu'est ce que tu fais là ? demanda t-elle, encore endormie en fronçant les sourcils.
Il rigola
- si tu me laissais entrer, je t'expliquerai.
Elle ferma la porte pour enlever la chainette et ouvrit la porte timidement en se cachant derrière la porte. Elle avait juste un boxer et un débardeur qui ne cachait pas grand-chose en guise de pyjama. Elle eut soudain un moment de panique, pensant qu'il était surement arrivé quelque chose à Dakar.
- Omar mais qu'est ce que tu fais là ? demanda t-elle le cœur battant, pensant à une mauvaise nouvelle. Il est arrivé quelque chose à Seydina
Il rigola et secoua la tête en posant une petite valise derrière la porte.
- il va bien. C'est ta mère qui le garde.
Elle soupira de soulagement
- mais alors qu'est ce que tu fais là ?
- Assy c'est la 20 ème fois que tu me poses la question, dit-il en se rapprochant d'elle lentement. C'est toi que je suis venu voir. Tu m'as manqué tu sais.
Elle recula, ne comprenant toujours pas.
- mais...mais...comment connais-tu la maison de Rama ? Qui...
- Rama a donné son adresse et je l'ai remis au taximan. Tout simplement. Je dis que tu m'as manqué...
- mais...heuu...je t'ai eu hier et tu ne m'as rien dit
Elle se retrouva dos au mur tandis qu'Omar avançait toujours, un petit sourire aux lèvres
- oui, je voulais te faire une petite surprise. Tu m'as manqué Assy. Terriblement.
Il était maintenant à quelques millimètres et le cœur battant, Assy le regarda s'approcher encore.
-OOoo ...Omar...pousse-toi, gémit-elle en avançant ses bras qu'elle posa sur son torse pour ne pas qu'il s'approche encore. Elle commençait déjà à perdre ses moyens.
- tu m'as manqué Assy, répéta t-il encore en lui prenant doucement les bras et en déposant un baiser au creux de son poignet, la faisant frissonner.
Ils se regardèrent
- Arrête....je ne te pardonne pas Omar...tu m'as blessé. Encore une fois. Je... ne peux pas hair ton enfant, car c'est comme si c'était le mien, mais...cette femme...
Sans l'écouter, il se pencha pour l'embrasser. Passionnément. Elle aurait voulu résister, lui tenir tête, le chasser de la maison. Mais ses lèvres, cette langue qui lui procurait toutes ces sensations, ses doigts qui se glissaient sous le débardeur pour titiller les pointes dressées de ses seins. Non, elle ne pouvait plus aligner de pensées cohérente et dans un soupir lui passa les bras autour du cou. Il la souleva légèrement et un moment leurs têtes arrivèrent au même niveau
- Je t'aime Assy. Tu me pardonneras, murmura t-il en s'écartant légèrement pour la regarder. Peut-être pas maintenant mon amour, mais tu me pardonneras. Parce que je ne suis pas disposé à te laisser loin de moi. Je ne peux pas vivre sans toi. et comme tu disais...tu es à moi...
Elle le regarda, émue, oubliant un moment le bébé, Filly, les problèmes, l'avenir. Se concentrant juste sur le moment présent
- moi aussi je t'aime Omar...mais...
- shhuuuttt, murmura –il en l'interrompant et en se penchant pour l'embrasser à nouveau.
Cette fois, il la souleva et se dirigea vers la première porte qu'il trouva. Malheureusement c'était les toilettes.
Assy éclata de rire et il la déposa. Mais ils étaient tous les deux assez tendus
- ou es la chambre...demanda t-il en souriant
- omar, il faut qu'on parle de tout ce...
- Assy, dis-moi ou est la chambre sinon, je te fais l'amour ici même, murmura t-il en l'attirant contre lui
- Non...écoute-moi...tenta t-elle
- tu l'auras voulu...
Sans lui laisser le temps de protester à nouveau, il lui saisit ses lèvres et elle ne tenta plus de protester, trop occupée à l'aider à enlever ses habits.
- c'est là...gémit-elle, entre deux baisers en désignant une porte derrière elle.
Ils entrèrent ensemble dans la chambre, empressée et leurs corps en feu. Ils étaient presque nus en arrivant sur le lit et il la tortura un long moment avec sa bouche humique qui semblaient tracer des lignes de feu sur tout son corps, s'attardant sur ses seins, son ventre, descendant encore plus bas...la faisant crier de hâte contenue. Plus tard, elle l'accueillit en elle dans un soupir d'aise, les sens en alerte...et ils firent l'amour de manière presque désespérés, atteignant en même temps le sommet de l'extase dans un concert de gémissement et de cris.

Plus tard, Assy regarda Omar dormir tranquillement. Il devait être fatigué par le voyage et aussi toutes ces galipettes. Elle se mit à admirer son beau corps nu et le touchait doucement quand son téléphone se mit à sonner. Il devait être en roaming car c'était un numéro du Sénégal. Et elle vit afficher le nom de...Filly. Elle prit tranquillement le téléphone et sortit rapidement de la chambre...avant de décrocher.
-....


- Allo chéri...murmura Filly à l'autre bout du fil
Assy eut un pincement au cœur. Entendre une autre femme appeler son mari aussi tendrement. Assy garda le silence.
- J'ai appelé à ton bureau, la secrétaire m'a dit que tu étais absent. Je m'inquiète. Tu va bien ?
La dernière phrase avait été dite avec tellement de tendresse qu'Assy faillit en pleurer de dépit.
- non ce n'est pas...Omar, répondit-elle lentement
- c'est qui ?
- Assy...
Il y eut un silence et un moment Assy crut qu'elle avait raccroché et éloigna le téléphone pour voir que l'appel continuait toujours
- Allo, répéta t-elle finalement
- Oui, je suis là. Et heu...tu...es rentrée quand ? demanda Filly, la voix légèrement tremblante
- je ne suis pas encore rentrée.
- mais...
- C'est Omar qui est venu
Encore un silence, rapidement interrompu par une Filly un peu nerveuse
- je voudrais lui parler s'il te plait.
- heuu...il dort là, mais je voudrais qu'on discute un...
- tu parles à qui avec mon téléphone Assy ?
Elle se retourna et regarda Omar qui avait l'air furieux qu'elle prenne son téléphone. Il s'approcha rapidement et avant qu'elle ne réponde, il lui arracha le téléphone des mains et regarda l'écran
- mais de quel droit prends-tu mon téléphone pour répondre Assy ?
- heu...je...
Assy le regarda sans vraiment comprendre la raison de sa colère et avant qu'elle ne puisse répondre, il avait tourné le dos et criait un « allo » à Filly qui n'a pas du rater une miette de leur échange
Elle se rendit dans les toilettes pour prendre une bonne douche, le cœur gros. Elle aurait préféré penser qu'entre Omar et cette femme, il n'y a eu qu'un moment d'égarement, qu'il n'y avait rien entre eux. Mais elle devait se rendre à l'évidence, cette femme ne comptait pas lâcher Omar. Elle ressortit et trouva Omar dans la chambre en train de pianoter sur son téléphone. Il se leva à son entrée et se dirigea vers elle, avant de l'enlacer. Malgré la colère qui bouillait, elle se contenta de le regarder
- bonjour mon cœur, murmura t-il
- salut...
Il la regarda un moment, sondant son humeur. Elle garda le silence et son regard devait être assez expressif
- tu sais que je n'aime pas qu'on réponde à mon téléphone. Et...
- tu avais besoin de me crier dessus ? demanda t-elle
- excuses-moi, mais tu savais que je n'aime pas cela...dit-il pour se dédouaner.
Assy soupira et posa nonchalamment sa main sur sa poitrine musclée.
- tu m'as dit hier que de toute façon, tu savais que je te pardonnerais. C'est vrai, je t'aime et je peux te pardonner plein de choses. Mais pas tout. Mais si on veut construire quelque chose, il faut qu'on se dise la vérité. Je peux comprendre que...tu aie eu une relation avec...elle et qu'elle soit enceinte. Mais, je ne supporte pas que me cache autre chose sur votre relation.
- oui, je comprends.
- Donc, dis-moi la vérité.
- tu dire quoi ?
- je ne suis pas idiote Omar. Je sens qu'il y a encore toujours quelque chose entre vous.
- Assy...l'interrompit-il
Elle secoua la tête
- Non, dis-moi tout Omar. Ce qu'il y a entre vous ? Ce qui va se passer après. Ne me caches plus rien.
Omar soupira, regarda ailleurs, s'éloigna d'Assy et se plaça devant la fenêtre, l'air pensif. Elle resta à la même place et attendit.
- Assy, j'ai une grosse dette envers Filly.
Assy sentit son cœur s'accélérer, paniqua un moment, ayant peur que son mari lui dise qu'il l'aimait elle...elle attendit
- elle m'a fais confiance, elle a cru en moi, à un moment ou je lui ai fait croire que j'allais m'engager avec elle. Mais...quand tu es revenue, j'ai compris que je ne l'aimais peut être pas comme il se devait. Pas assez pour te laisser partir. Mais elle était enceinte. Filly est veuve et maman d'une petite fille. Elle vit chez ses parents, et...c'est difficile pour elle
Assy l'écouta silencieusement, mal à l'aise d'entendre Omar parler ainsi de Filly.
- je ne peux pas la laisser tomber comme cela après avoir bouleversé ainsi sa vie Assy. Je ne suis pas si lâche. Même si je t'aime, même si je ne veux pas te faire souffrir, je veux que tu comprennes que je dois de la soutenir, l'aider à surmonter tous ses problèmes.
- ça...ca veut dire ...quoi ? Murmura t-elle, hésitante, tremblante, le cherchant du regard pour trouver dans ses yeux fuyant des paroles, des pensées que peut être il n'avait pas osé formuler.
- ça veut dire qu'elle...enfin, que...
- tu l'aimes ? demanda t'elle, perdue, hésitante
- Non, non, Assy dit-il en se rapprochant pour lui prendre le visage entre ses mains. Ce n'est pas de l'amour. C'est de la culpabilité, peut être et...euhh...elle porte mon enfant.
Assy hocha la tête lentement, le cœur lourd.
- tu...va l'épouser ? Murmura t-elle tout doucement.
Il la regarda un moment sans répondre. Ces secondes parurent une éternité à Assy. Elle eut soudain l'impression de manquer d'air, de recevoir un coup à la poitrine.
- pour ne rien te cacher, quand on est parti voir le père de Filly, il était en colère et nous a menacé qu'on ne verrait jamais le bébé à moins d'épouser sa fille.
Assy eut un vif mouvement de surprise et sursauta légèrement. Elle le regarda un moment avant de baisser la tête, avec une envie forte de faire comme les autruches. Enfouir la tête bien profondément dans le sol pour faire semblant de ne pas avoir entendu, faire semblant de ne pas avoir compris, se voiler les choses. Mais Omar continuait
- Mon père, pour essayer d'apaiser les choses à promis que le mariage sera scellé à la naissance de l'enfant. Sans vraiment me consulter...
Assy se détacha lentement de ses bras et s'assit lourdement sur le lit. Elle regarda ses doigts qui tremblaient légèrement, presque au même rythme que les battements de son cœur. Frénétiquement. Elle souffla pour ne pas s'étouffer, les yeux remplis de larmes. Omar s'assit à côté d'elle et la prit par les épaules pour la serrer contre lui.
- Assy écoute-moi. J'en avais discuté avec Filly. Je lui ai clairement dit que je prendrais entièrement mes responsabilités envers cet enfant, mais que je ne comptais pas l'épouser. Seulement...quand les parents s'en mêlent...mais je te jure que c'est toi que j'aime, je ne me vois pas être...marié à deux femmes. Je ne le peux pas...
Assy hocha la tête et essaya de sourire à travers ses larmes qu'elle essayait d'arrêter.
- je...merci de m'avoir tout expliqué. Je...te promets que je...serais à tes côtés Omar. Mais...
Sa voix se brisa et elle respira un long coup avant de continuer à parler, ne pouvant retenir ses larmes.
- Omar, je ne veux pas...je ne peux pas te partager...avec une autre femme. Ne... me fais pas ça. Je t'en supplie...
Il la regarda tristement, avant de la serrer encore plus fort en lui murmurant qu'il l'aimait.

Omar regardait Assy depuis plus d'une dizaine de minutes. Elle était là, assise, serrant le verre de thé qu'il lui avait préparé, immobile, fixant un point invisible devant elle, perdue dans ses pensées. Il soupira. Il aurait voulu rentrer dans sa tête, la rassurer, lui dire à quel point il tenait à elle, comment il l'aimait. Il se sentait impuissant, même s'il était heureux d'être à ses côtés. Ça faisait une semaine qu'il était avec elle au Maroc et après leur séance d'explications, il avait l'impression qu'ils partaient sur des bases plus claires. Elle lui avait promis d'être à ses côtés, car elle l'aimait plus que tout. Et il n'en doutait pas. Après cela, elle n'a plus parlé de Filly, mais il la sentait parfois lointaine, triste. Mais à chaque fois qu'il interrompait ses pensées, elle lui faisait son plus beau sourire et lui disait que tout allait bien.
- mon cœur...murmura t-il en s'installa près d'elle.
Elle sourit et le regarda en portant le verre à ses lèvres
- oui...oh...mon thé est tout froid...remarqua t'elle en grimaçant
- tu étais perdue dans tes pensées
Elle le posa sur la table et se blottit dans les bras de son mari avec un soupir d'aise.
- Assy, merci pour tout à l'heure...murmura t-il en déposant un baiser sur son front.
Elle l'avait réellement étonné. Alors qu'ils faisaient ensemble les magasins pour trouver des vêtements pour Seydina, Assy était entré dans un rayon et avait pris tout un tas de layette pour petite fille. Il l'avait regardé un bon moment et elle s'était juste contentée de sourire. Sans rien dire. Lui, n'avait même pas songé à prendre quelque chose pour son bébé à venir.
- ne me remercie pas...c'est normal.
- tu n'étais pas obligé, continua t-il
- je sais...
Il savait que malgré tout la situation ne devait pas être facile pour elle. Il savait qu'elle faisait d'énormes efforts. Pour lui.
- Assy, je te comprendrais si...
Elle l'interrompit en posant un doigt sur sa bouche
- shhuutt...arrête Omar. Arrête de te justifier, ne te sens pas obligé de...me faire des promesses que tu ne pourras peut être pas tenir.
Elle hésita un moment.
- ca ira...t'inquiète, murmura t-elle
Il la regarda à nouveau avant de l'attirer à lui.
- je t'aime tellement Assy...soupira t-il tendrement
- Moi aussi...encore plus

Assy serra Seydina fort dans ses bras. Son fils lui avait tellement manqué. Mais le petit chenapan était pressé qu'on le libère car elle lui avait ramené un beau jouet qui avait de la lumière et faisait beaucoup de bruit
- mon bébé, tu ne veux pas rester avec maman ? demanda t-elle, triste
- Nooon, ze veux zouer, répondit-il fermement en s'éloignant sous le regard amusé de sa grand-mère.
- maman, tu as fait un lavage de cerveau à mon fils.
Celle-ci éclata de rire
- celui-là deh...bandit la. Il n'a pas senti ton absence.
Elle resta à discuter avec sa maman un moment
- et avec ton mari ? Ça s'est arrangé ? demanda mère Saly sur le ton de la confidence
Assy garda le silence un moment avant d'hausser les épaules.
- je ne sais pas maman. Je...Omar m'a expliqué que...
Elle allait lui dire le projet de mariage que le père d'Omar avait promis à la famille de Filly, mais elle se retint.
- enfin...je...
- Assy, ton mari t'aime. Oublie cet incident et vis ta vie. Cet enfant ne doit pas constituer un frein à ton ménage. Tu ne manques de rien chez toi, tu as un travail, ton mari t'aime, maye nala diame. C'est l'essentiel.
Assy soupira.
- tu as raison maman. J'étais juste...perturbée par la nouvelle. Mais maintenant ça va.
Mère Saly en fut toute contente et pria pour elle. Elle allait partir quand tonton Omar arriva. Elle resta donc jusqu'à ce qu'Omar vint la chercher. Son oncle en profita pour leur parler et donner des conseils à Omar et à elle, leur demandant de rester souder, que dans un couple il y a toujours des hauts et des bas, mais que tant qu'il y avait de l'amour il fallait tout faire pour préserver cette union.
- toi Assy, je te demanderais juste d'être moins impulsive. Tout le monde commet des erreurs dans la vie et ton mari en a commis une. Pardonne-lui, accueille cet enfant et tu en sortira grandi et tu auras à jamais l'estime de ton mari.
Assy se contenta de hocher la tête et ils restèrent un bon moment encore à recueillir des conseils avant de prendre congé. Seydina ne voulait pas rentrer avec eux et voulait rester avec sa grand-mère. Mère Saly obéissait à ses moindres caprices et passait son temps à lui courir après. Le must c'était qu'elle le portait au dos malgré ses arthroses et le berçait jusqu'à ce qu'il s'endorme ce qu'Assy ne faisait plus depuis un bon bout de temps. Il était cajolé et donc voulait rester avec sa grand-mère.

Les jours suivants furent magnifiques. Omar faisait plein de cadeaux à Assy sans compter leur grande complicité qui était naturellement revenue et les unissait encore plus. Assy ne parlait plus de Filly. cette "autre ". Dans sa tête, son subconscient elle l'avait surnommé « l'autre ». Dans le petit monde qu'était sa tête, cette femme était juste « l'autre ». Celle qui tentait de semer le bordel dans son couple, celle qui voulait son mari. Mais elle ne voulait plus en entendre parler. Elle avait décidé de prendre les choses comme elles venaient, mais ne comptait pas l'intégrer dans leur vie. Elle se doutait qu'Omar l'appelait, peut être qu'il se voyait, mais elle ne voulait pas savoir. Elle était convaincue que son mari l'aimait et pour le moment c'était l'essentiel.
Les semaines passèrent tranquillement sans problème. Avec Omar c'était le grand amour. Elle en arrivait même à oublier cet « autre » tellement elle avait l'impression que son chéri n'avait le temps que pour elle. Les weekends, ils partaient toujours à Saly ou dans un lieu paradisiaque pour changer d'air, se retrouver, s'aimer encore et encore.
Un weekend ou ils avaient décidé de rester, elle lui demanda de l'accompagner chez Awa. Depuis le jour de leur dispute ou elle l'avait pratiquement mise à la porte, elles n'avaient plus eu aucun contact. Elle regrettait sincèrement tout ce qu'elle lui avait dit. Awa avait toujours été gentille avec elle et un différent ne devait pas les séparer comme cela. Donc devant Omar, elle lui présenta ses excuses et les regrets qu'elle avait de lui avoir parlé aussi durement. Awa, toujours égale à elle-même lui dit qu'elle ne lui en voulait pas car elle la comprenait, pouvait imaginer dans quel état elle était quand elle a découvert la nouvelle de la grossesse de Filly. Elle comprenait que ça ne devait pas être évident et avoua qu'elle était contente de voir qu'elle avait pardonné à son frère. Elles discutèrent plus légèrement de tout et de rien et mine de rien, finirent par passer la journée chez Awa.

Mais Assy n'était pas aussi crédule. Elle savait que tôt ou tard, « l'autre » allait accoucher, amener cet enfant, l'enfant de son mari. Même si elle ne voulait pas y penser, si son mari ne le lui faisait jamais sentir, elle savait.
Un jour, alors qu'elle était en déplacement dans le cadre de son travail, elle passa à côté des bureaux de son chéri. Elle décida de l'appeler pour qu'ils déjeunent ensemble car elle savait qu'il mangeait dans un restau à côté. Elle y jeta un coup d'œil, mais ne vit aucune trace de lui. Elle l'appela plusieurs fois sans succès. Elle traversa les quelques mètres qui la séparait du service d'Omar en un temps record et comme elle ne trouvait personne à l'accueil, se rendit directement dans son bureau et frappa directement à sa porte avant d'entrer sans attendre de réponse. Elle n'aurait pas du. Elle trouva Omar sur son siège...Filly sur ses genoux en train de discuter à voix basse. Son cœur rata un battement.
- Assy ? Mais qu'est ce que tu fais là ? demanda t-il en sursautant.
Il voulut faire descendre Filly, mais cette dernière ne comptait pas bouger et toisait Assy sans un mot. Assy entra lentement dans le bureau et s'approcha d'eux sans quitter Omar des yeux.
- Je suis venue te chercher pour t'inviter à déjeuner.
- Haa...répondit-il en arrivant cette fois à faire lever Filly pour faire de même. Mais il fallait m'appeler.
Omar était perturbé, gênée. Ils étaient maintenant tous debout et Assy sentait le regard appuyé de Filly. Elle tourna lentement son regard et l'observa. La grossesse l'avait changé et elle avait grossi. Elle devait être à terme car son ventre était énorme et son visage aussi avait changé. Elle devait aussi être en train de pleurer car ses yeux étaient tout rouges.
- Bonjour filly dit-elle finalement
Trouver son mari dans cette position avec « l'autre » lui était pénible. Très pénible. Elle avait été tenté de fuir, de les laisser ici sans rien dire, mais non. Ça aurait été comme une fuite. Et elle ne comptait pas fuir devant cette femme. Elle réglerait son problème plus tard avec Omar. Seul à seul.
- Bonjour Assy, répondit-elle tout doucement
Assy se tourna vers Omar.
- si tu es prêt on y va chéri...dit-elle lentement
Omar s'éloignat de Filly et s'approcha d'elle en la regardant dans les yeux, la sondant.
- Omar, commença Filly. On discutait...
Omar se tourna vers elle et la regarda un moment
- heu...on va continuer la conversation une autre fois Filly. Je...dois y aller.
- arrête de me faire cela Omar. A chaque fois qu'elle est là, tu me traite comme une moins que rien.
Elle s'était approché d'Omar et le regardait fixement
- Filly arrête.
- Non, je n'arrête pas...cria t-elle. Je ne suis pas n'importe qui pour que tu te permettes de me jeter quand bon te semble quand « elle » te l'ordonne.
- Bon, je vous laisse régler vos problèmes, dit Assy en tournant le dos pour sortir.
Omar essaya de la rattraper mais elle pressa le pas. Il lui prit la main à la porte de l'agence
- Assy...s'il te plait attend...
Elle se tourna lentement, n'essayant plus de masquer sa colère.
- Omar, je...suis pressée. Je dois y aller
- je pensais qu'on allait déjeuner.
Elle secoua la tête.
- tu as de la visite apparemment, je ne voudrais pas vous déranger. Vas-y.
- ne dis pas ça Assy. Elle a des problèmes avec...
Elle l'interrompit
- je ne veux pas savoir Omar. Si elle a des problèmes...règles les.
Elle était tout d'un coup très triste et avait envie de pleurer. Mais se retint. Sans demander son reste, elle arrêta le premier taxi qui passait et s'engouffra dedans. Elle fit un petit signe de la main après avoir fermé la portière. Elle travailla peu dans l'après midi trop perdue dans ses pensée et reçut plusieurs coups de fil d'Omar. Il voulait parler de Filly, mais elle lui disait qu'elle était occupée et qu'une fois à la maison ils en reparleraient.

Après un diner pris dans une atmosphère un peu chargé, ils s'installèrent dans le salon.
- Assy, je sais que tu va croire que je te trompe ou que je te mens, mais je t'assure qu'avec Fily c'est juste des relations cordiales. Rien de plus.
Assy garda le silence un moment
- s'il y a plus entre vous tu me l'aurais dit ? demanda t-elle en le regardant droit dans les yeux
- Il n'y aura rien de plus entre nous.
- elle était sur tes genoux, seuls dans le bureau...je...
- fais-moi confiance.
- je te fais confiance, mais...ce n'est pas évident Omar. Je crois que c'est la première fois que je ressens ce sentiment.
- quel sentiment ?
- la jalousie...
Il la regarda un long moment, l'air de ne pas comprendre avant de s'approcher et de lui prendre délicatement les lèvres. Elle lui répondait du bout des lèvres mais il insista et ils se retrouvèrent à s'embrasser fiévreusement.
- Assy, tu n'as pas à être jalouse. Je ne suis pas capable d'aimer quelqu'un comme je t'aime. Je ne veux même pas que tu en doute Assy. Jamais.
Elle lui sourit. Elle ne doutait pas de son amour pour elle. Non. Mais elle avait peur. une peur bleue de l'avenir. Mais pour le moment Omar avait repris ses caresses et elle oublia rapidement ses peurs et se concentra sur les lèvres de son chéri qui se faisaient plus pressantes. Ils se rendirent rapidement dans leur chambre et Omar la déshabilla avant de faire pareil. Ils étaient en train de se câliner tendrement quand le téléphone d'Omar sonna. Il ne regarda même pas. Mais la sonnerie, reprit, insistante, les perturbant dans leurs ébats. Omar finit par rouler sur le côté pour prendre le téléphone. Assy comprit à son air que c'était sérieux
- Ok, j'arrive tout de suite.
Il se leva brusquement et se rendit dans les toilettes, laissant Assy dans un grand désarroi. Elle finit par prendre son téléphone pour voir qui l'avait appelé. Filly. Il sortit à ce moment et ele posa lentement le téléphone
- Filly ne va pas bien. Je vais l'amener à l'hôpital.
Assy se contenta de hocher la tête lentement et se leva aussi pour s'enfermer dans les toilettes.

Filly était en salle d'accouchement depuis des heures et le médecin lui avait dit que le bébé était un peu potelé. Omar faisait les cents pas dans le couloir, sous le regard de la mère de Filly qui égrenait tranquillement son chapelet en psalmodiant des paroles incompréhensibles. Omar était stressé. Pensant à sa fille, priant pour qu'il ne lui arrive rien. Et aussi à Filly qui traversait tout cela à cause de lui. Il soupira. Stressé, paniqué et la seule chose qu'il avait envie de faire c'était d'appeler Assy, mais se retint. Il ne voulait pas lui imposer cela en plus. ses états d'âme sur son autre relation. Non. Il devait être fort et tenir. Seul. Le médecin arriva à ce moment.
- Monsieur, je crois qu'on va amener votre femme au bloc opératoire. Le bébé est en souffrance.
Omar paniqua et faillit s'écrouler. Le médecin comprenant son désarroi se mit à le rassurer et lui proposa de venir la voir quelques minutes avant d'aller au bloc. Il entra dans la chambre ou elle trouva une Filly complètement épuisée, en sueur et respirant lourdement. Elle sourit faiblement en le voyant venir et lui tendit une main tremblante.
- Pardonne-moi Filly. Tout cela c'est de ma faute, murmura t-il en déposant un léger bisou sur son front
- ne dis pas ça...donner naissance à ton enfant est...une si grande joie. Je t'aime tellement Omar...
Il ne répondit rien et se contenta de lui sourire tristement avant que les infirmières arrivent pour la préparer. Il resta avec elle jusqu'à ce qu'on la conduise au bloc. Il resta à l'entrée, tremblant, et priant. Il était presque 5 heures du matin et il reçut un coup de fil d'Assy.
- ca va mon cœur ? demanda Assy d'une petite voix.
Il sourit, pensant qu'elle a du faire une petite gueguerre avec sa conscience pour l'appeler
- Non pas trop je t'avoue, dit-il dans un souffle
- heuuu...le bébé est né ?
- Non, il y a eu des complications et elle est au bloc pour une césarienne.
- Mon dieu...murmura t-elle.
A ce moment une infirmière sortit du bloc et se dirigea vers lui avec un grand sourire.
- félicitation monsieur, votre femme vient de donner naissance à une magnifique petite fille.
Il soupira, soulagé et sur le coup fut traversé par plusieurs sentiments qu'il ne pouvait définir.
- mercii, répondit-il la voix tremblante. Comment va-t-elle ?
- qui ? Votre femme ? Elle va bien. D'ailleurs elle vous réclame. Vous pourrez la voir dans quelques minutes
Il avait baissé la main et se souvint qu'il parlait à Assy. il colla à nouveau l'appareil à son oreille, pensant qu'elle avait raccroché
- Allo ? Murmura t-il, le cœur lourd.
- félicitation mon cœur, dit Assy, la voix tremblante
Il sentit une petite larme couler sur sa joue qu'il essuya rapidement en souriant
- merci ma chérie. Tu...je...
- je vais te laisser. Je te rappelle plus tard. Fais un gros bisou au bébé de ma part.
- ok...
Elle allait raccrocher quand il l'appela à nouveau
- Assy...
- Oui.
- je t'aime mon cœur...
Il la sentit soupirer
- moi aussi je t'aime, murmura t-elle, la voix tremblante et triste.
Il raccrocha, touché. Ensuite, il lui fallut patienter un peu pour pouvoir voir sa fille. Elle était magnifique et toute potelée. Il ne pouvait détacher son regard de ce petit bout de chou qui criait à tue tête. Plus tard, il put voir Filly qui était tellement fatiguée qu'elle gardait à peine les yeux ouverts.
- elle est magnifique Filly....
- c'est vrai. Je l'ai juste aperçu.
Omar sortit les quelques photos qu'il avait rapidement pris. Elle sourit et décela des traits de ressemblance avec le bébé. Il ne resta pas longtemps car elle s'était endormie.
En sortant de la chambre, il croisa le père de Filly qui discutait à voix basse avec sa femme dans le couloir. Il le salua, gêné et le père lui répondit à peine. La tension était perceptible et il préféra s'éclipser rapidement.

Assy passa une journée pénible. Elle aurait peut être du être contente, pour Omar, pour le nouveau bébé innocent qui venait de voir le jour. Mais non. Elle sentait cette petite boule à la gorge, cette angoisse, cette peur. Elle avait du partir sans attendre le retour d'Omar. Elle l'avait senti tellement ému quand on lui avait annoncé la naissance du bébé. Quand elle avait raccroché, elle avait éclaté en sanglot. Sans vraiment savoir pourquoi. « L'autre » lui avait pris sa vie. C'était à elle de faire des enfants pour son mari. C'était elle sa femme. Elle ne put décrire ce sentiment qui l'habitait. Elle ne voulut pas rentrer directement à la descente et se rendit donc chez sa mère. Elle lui annonça la naissance du bébé et cette dernière comprit ses états d'âme. Elle lui demanda d'être forte, de ne pas faire de scandale et d'être là pour son mari. Elle écoutait les conseils en silence, sans réaction particulière, le cœur lourd. Au bout de quelques minutes, elle se leva et demanda à sa mère de lui garder Seydina car elle avait envie de rester un peu seule.
Elle n'avait pas eu de nouvelles d'Omar de la journée et ne voulait pas l'appeler. Une fois chez elle, elle trouva l'appartement vide et en vérifiant, elle remarqua qu'Omar était passé se changer car ses habits de la veille était posé sur le lit. Elle resta dans le noir, sans prendre la peine d'allumer les lumières. Combien de temps ? Elle ne le sut pas. Elle fut tirée de ses pensées par son téléphone qui sonnait. C'était Omar et il était près d'une heure du matin
- ma chérie c'est moi...commença t-il
Elle soupira
- je sais...
Il y eut un petit silence.
- je...heuu...en fait Filly est seule à l'hôpital et...heuu...je...crois que je vais rester avec elle cette nuit. Elle est un peu fatiguée. Je...
Il ne termina pas sa phrase et Assy aussi ne pipa mot.
- Assy ???
- je suis là...murmura t-elle
- je suis désolé, dit-il dans un souffle.
- ok...passe une bonne nuit alors, finit-elle par dire
Il resta un long moment au bout du fil, et Assy finit par raccrocher le téléphone. C'était la deuxième nuit qu'elle devait passer seule, sans son chéri. Elle dormit tout habillée et eut un sommeil agité.

La semaine se passa comme dans un rêve pour Assy. Entre elle et Omar il y avait une sorte de gêne, un malaise malgré les tentatives d'Assy pour détendre les choses. Mais Omar était crispé et avait beaucoup de mal à la regarder droit dans les yeux et à lui parler de son bébé. Assy en en était frustré et prenait cela comme une mise à l'écart. Il ne voulait peut être pas qu'elle s'immisce dans cette partie de sa vie. Mais il multipliait les déclarations d'amour, lui répétait sans cesse qu'il l'aimait. Elle ne pouvait que le croire et elle préféra ne pas insister.
La veille du baptême, elle attendit patiemment son retour. Omar rentra sur les coups de minuit. Il fut étonné de la voir éveillée à cette heure.
- Je ne pouvais pas dormir Omar dit-elle en se levant et en se plaçant devant lui.
- Pourquoi, murmura t-il.
- Omar...heu...depuis que ta fille est née, j'ai l'impression que tu t'éloigne de moi. Tu m'en parle à peine, tu...est toujours au téléphone à régler des choses que tu ne veux pas que j'entende car tu sors pour parler. Tu...
- Assy...s'il te plait. Ne rend pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont. C'est déjà très difficile pour moi. Si je n'arrive pas à te parler de ça, c'est que...ça me gêne Assy.
- et donc, on doit cultiver cela ? Tu vas donc me mettre en permanence à l'écart de cette partie de ta vie. Comme si ...
- Assy...arrête, dit-il en secouant la tête et en prenant un air grave et triste à la fois. C'est plus compliqué que tu ne le penses. Si je ne t'en parle pas c'est parce que je sais que tu ne pourras peut-être pas tout comprendre. Du moins...pour le moment.
Assy le regarda sans comprendre et finit par hausser les épaules et passer devant lui pour sortir de la chambre, les larmes aux yeux. Elle sentait comme une cassure en elle. Brisée. Elle savait que ça n'allait pas être facile. Mais pensait qu'Omar allait l'aider à surmonter tout cela. Elle allait sortir quand il lui prit le bras pour l'attirer lentement vers lui. Elle résista un peu avant de se laisser aller contre lui.
- je t'aime Assy...tellement. Je ne veux pas te faire souffrir et c'est pourquoi je veux t'épargner tout cela.
Assy essuyait les larmes silencieuses qui coulaient sur la chemise d'Omar sans rien dire, avant de se mettre sur la pointe des pieds et de le regarder
- embrasse-moi, murmura t-elle simplement.
Il ne se fit pas prier et elle s'abandonna dans ses bras, espérant oublier tous les problèmes, espérant retrouver dans ses bras un réconfort que des paroles ne pouvaient atténuer. Ils tombèrent ensemble sur le lit et Omar le regarda un long moment avant d'enlever lentement la petite nuisette qu'elle avait revêtu. Il contempla longuement son corps avant de se pencher et d'en sillonner les moindres recoins avec la langue, lui arrachant des gémissements sourds. Il s'écarta un moment pour enlever ses habits et revint à elle en plongeant en elle lentement. Ils firent l'amour tendrement, les yeux dans les yeux.
Le lendemain, jour du baptême, Omar revêtit un beau boubou en basin bleu. Assy était en train de se préparer pour aller au bureau mais ne pouvait s'empêcher de regarder Omar à la dérobée. Il fuyait son regard et tournait en rond dans la maison. Au moment de partir il prit Assy dans ses bras un long moment en respirant sourdement.
- Omar qu'est ce qui se passe ?
Il secoua la tête et la regarda un moment prit dans ses bras.
- rien. Je...
Il ne disait rien et Assy lui sourit.
- tu es tout beau mon cœur.
Il sourit et décrispa un peu. Il conduisit Assy à son travail quand même avant de partir.

Assy se sentit mal toute la journée. Elle appelé Rama à qui elle expliqua ses craintes, mais cette dernière la rassura.
- arrête de psychoter Assy. Tu vas devenir folle à force. Omar t'aime. Il ne fera jamais rien qui puisse t'affecter.
- je sais...
- donc arrête. Il a une fille, il faut quand même qu'il s'en occupe, qu'il lui donne un nom, et c'est donc normal qu'il soit là bas de temps en temps. Et ça viens de commencer. Soutient le au lieu de penser tout le temps à mal.
Assy sourit et promis d'arrêter de psychoter. Elle travailla le cœur un peu plus léger et essaya d'appeler Omar se demandant comment s'appelait la petite. En vain. Quand elle essaya à nouveau, mais c'est Filly qui décrocha pour lui dire sèchement qu'Omar était sorti. Awa l'appela vers les coups de 13 heures pour lui annoncer que le bébé portait son nom. Assy la félicita et lui dit qu'Omar avait beaucoup d'estime pour elle.
- Assy tu va m'accompagner quand je vais amener la valise de la marraine déh...
Elle le lui promit sans grande conviction. Avant la descente, son téléphone était à plat et elle ne put pas parler à Omar. Elle se rendit chez sa mère pour voir Seydina qui avait décidé de ne plus rentrer à la maison. Elle resta un peu et vers 18 heures, se décida à rentrer chez elle. A peine avait-elle franchi la porte qu'elle entendit sonner. Elle rebroussa chemin pour ouvrir à Jean. Elle le regarda intrigué.
- Jean...mais qu'est ce que tu fais là. Omar ne termine pas à cet heure.
- heuu...disons que c'est toi que je suis venu voir.
Tout à coup Assy se sentit mal. Que pouvait donc lui vouloir Jean. L'ami intime d'Omar ? Quoi ? Elle croisa les bras et le regarda, les sourcils froncés
- qu'est ce qui se passe Jean ? Pourquoi tu veux me parler ?
- ....


Assy éteignit son ordinateur lentement et regarda l'heure. 20 heures. Elle était encore au bureau et n'était pas pressée de rentrer. Et pourtant elle n'avait pas autant de travail que cela. Mais elle ne voulait juste pas rentrer. Elle ne voulait pas se retrouver en face d'Omar. Elle n'avait pas envie de lui parler, même pour faire semblant.
Deux mois. Jour pour jour que Jean avait frappé à sa porte et pendant plus d'une heure s'était lancé dans un long monologue ou il racontait sa relation avec Omar, leur vision de la vie pour arriver à lui dire qu'Omar avait presque contre son gré concédé au vœu de son père et de la famille de Filly. Il l'avait épousé le jour même du baptême. Après cela il lui avait assuré de l'amour de son mari pour elle, qu'il savait la peine qu'il lui faisait, mais lui demandait de le comprendre et aussi de lui pardonner. Elle l'avait écouté sans aucune réaction. Rien. Elle en avait été incapable sur le coup. Et même après

Pendant des jours, elle a supporté le défilé de presque toute la famille. Son oncle, son beau père, ses tantes, Tous les amis d'Omar. Même sa belle mère l'avait appelé au téléphone pour lui parler et lui demander de pardonner à son fils. Elle écoutait tout le monde. Simplement. Tout le monde s'attendait à ce qu'elle craque, qu'elle s'en aille, qu'elle demande le divorce. Mais à la surprise générale, elle ne disait rien, s'étonnant elle-même. Tout le monde avait un exemple d'une femme à qui son mari avait cherché une co-épouse et qui avait décidé de rester par amour pour son mari et qui après des années ne le regretta pas. Des années...
Mais les gens ne pouvaient pas comprendre dans quel état elle était...Non. Les gens ne pouvaient pas comprendre qu'elle traversait un tsunami. Un ravage. Elle était dévastée. Surprise. Au quotidien. Comment peut-on supporter un tsunami en permanence dans son cœur, son corps, sa tête ? Elle ne réalisait pas encore. Elle avait l'impression d'être sortie de son corps et d'observer les autres. Ces personnes qui lui demandaient de rester, de supporter et que tout s'arrangerai.
« Mougnal Assy ». (Courage Assy). C'était la phrase qu'elle entendait le plus et elle se contentait de sourire. Simplement, ne pouvant verser aucune larme, se demandant même comment et quand elle pourrait pleurer. Pour espérer sortir de ce tourbillon. Pour le moment, elle était là. Deux mois après le mariage d'Omar. Dans sa bulle. Renfermée sur elle-même, se projetant dans une autre vie. Celle qui devait être la sienne...tellement plus tranquille.

Après être sortie de son bureau, elle appela sa mère avant de quitter pour lui dire que ce soir, elle allait récupérer Seydina. Mais elle lui dit qu'il dormait déjà et elle lui dit qu'elle passerait quand même pour lui faire un bisou. En attendant un taxi, elle vit Iba sortir de sa voiture et se diriger vers elle avec un large sourire. Il était parti aux Etats-Unis depuis presque 4 mois et elle n'avait pas eu de ses nouvelles depuis.
- Mme Bocoum...tu vas bien ?
Elle sourit. Instinctivement, elle se demanda depuis quand elle n'avait pas souri. Il lui fit la bise et sentit sa petite barbe lui chatouiller la joue.
- Oui Iba. Et toi ? Tu es rentré quand ? demanda t-elle
- tout à l'heure...dit-il en la regardant fixement en fronçant les sourcils
Il était habillé décontracté et elle devait reconnaitre qu'il était tout simplement craquant.
- et tu es déjà là ? Pour voir Michelle ?
Il sourit
- Elle m'a menacé de terribles représailles si je ne passais pas la prendre...donc...
Elle sourit.
- tu va bien toi ? dit-il doucement en posant délicatement le dos de sa main sur sa joue.
Elle se recula et baissa les yeux.
- Oui, très bien. Bon j'y vais. A nous revoir
- bientôt j'espère...

Elle trouva effectivement Seydina endormi mais lui fit quand même la bise. Depuis la semaine passée il avait décidé de venir en vacance chez sa grand-mère. Il a surement du en avoir assez de l'ambiance morose à la maison et surtout des absences de son père.
- Assy tu vas bien ? demanda sa maman alors qu'elle s'apprêtait repartir
Elle se tut un moment avant de hocher la tête
- Oui, je vais bien maman.
- Assied-toi un moment, on va discuter de cela...
Assy secoua la tête.
- discuter de quoi ? J'ai discuté avec toute la famille maman. J'ai écouté tout le monde. Je suis encore là. Dans mon ménage, avec mon mari qui m'aime malgré tout, comme dit tout le monde. Je crois qu'il n'y a plus rien à dire.
- mais tu as l'air malheureuse Assy. Ce n'est pas bien.
Assy garda le silence. Pas prête à partager ses états d'âme. Elle se contenta de hausser les épaules avant de déposer un bisou bruyant sur la joue de sa maman.
- est ce que l'objectif c'est que je sois heureuse. Quand on dit à une personne « mougnal » ça veut juste dire qu'elle doit supporter, mais ne doit pas chercher le bonheur.
- Ce n'est pas cela Assy...
Tout d'un coup, ses yeux se remplirent de larme. Et pourtant, elle avait tenu deux mois.
- c'est quoi alors maman ? Tu as raison. Je ne suis pas heureuse. J'ai en permanence mal au cœur. Je...partage mon mari....mon mari...Il va tous les deux jours rejoindre une autre femme et je dois....comprendre cela ? COMMENT ??
Elle avala sa salive dans l'espoir que cette boule à la gorge parte avec...mais rien. Elle avait l'impression d'étouffer....de douleur. Elle refoula ses larmes, bien décidée à ne pas pleurer.
- Assy, prends exemple sur moi...ton père est parti quand vous étiez jeune, mais je suis restée et...
Elle l'interrompit
- je ne suis pas toi maman murmura t-elle
Elle se leva et prit congé malgré l'insistance de sa mère qui voulait lui parler. Encore...

Elle trouva Omar à la maison. Omar. Elle le salua brièvement. Elle ne pouvait pas faire plus. Elle ne pouvait ni le regarder, ni lui parler longuement. Le soir ou Jean lui avait annoncé son mariage avec Filly, il est rentré tout penaud et comme tous les autres s'était mis à lui expliquer le comment, le pourquoi de son mariage avec cette femme. Elle l'avait écouté tranquillement avant de lui balancer un simple « ok » et de se lever pour aller se coucher. Les jours suivants aussi il s'expliquait. Encore et encore. Mais au fil des jours, les monologues diminuaient et faisaient place à un silence lourd.
Un mois après, le baptême/mariage, il avait commencé à passer deux nuits sur quatre à la maison. La première nuit, il est resté avec elle jusque tard, avant de recevoir un coup de fil et de sortir. Plus tard, il l'a appelé pour lui dire d'un air gêné qu'il ne viendrait pas de la nuit. Assy lui avait encore lancé un laconique « OK » avant de couper et d'aller se coucher. Juste se coucher. Elle ne se souvenait pas de la dernière fois ou elle avait dormi. Elle avait peur de dormir car à chaque fois, elle était obligée de se réveiller et de se rendre compte que tout ceci était la réalité. Ce soir là, plus tard, sur les coups de 4h du matin, son téléphone avait sonné et c'était Omar. Encore. Elle avait coupé le téléphone et s'était levé pour prier. Elle avait besoin de s'accrocher à quelque chose. La foi. Elle ne voyait rien d'autre. Elle pria donc le Bon Dieu de lui donner la force de surmonter cela.
Le lendemain, Omar était venu par surprise à son bureau pour l'inviter à déjeuner. Mais elle avait simplement décliné, évitant de lui parler, de le regarder, de voir sur son visage des stigmates de sa nuit précédente avec « l'autre ». Quand il est revenu pour passer la nuit à la maison, deux jours après, Assy est parti d'enfermer dans la chambre vide de Seydina. Le lendemain, il était revenu avec les clés d'une voiture et disait que c'était un cadeau pour...leur anniversaire de mariage. Elle l'avait juste remercié, et avait déposé les clés dans un tiroir, sans prendre la peine d'aller la regarder. Et depuis, ils vivaient comme cela. Comme des étrangers. Non, elle n'y arrivait pas. Même deux mois après.
Elle entra lentement dans son appartement et déposa son sac avant de se diriger vers sa chambre, sans faire plus attention à Omar qui regardait la télé.
- Assy...l'appela t-il alors qu'elle se rendait dans la cuisine pour manger. Je t'ai appelé tout à l'heure.
- haaa...
- Seydina me manque...j'aurais voulu que tu me le ramène aujourd'hui
- Ha...Ok
Son portable était presque tout le temps éteint. Un moment, elle en avait eu marre des appels incessants des amis d'Omar, de la famille qui pensait qu'ils devaient toujours appeler pour la réconforter alors qu'elle ne voulait en fait parler à personne. Sans vraiment répondre, elle se dirigea vers la cuisine ou elle lui réchauffa son plat avant de le déposer sur la table à manger et de se diriger vers sa chambre pour se doucher, se changer et se préparer à dormir. Elle se coucha quelques minutes plus tard quand elle sentit Omar entrer dans la chambre.
- Assy ?
Elle sursauta et se redressa. Omar était assis à ses pieds et avait posé sa main sur sa jambe. Elle demeura immobile. Mais elle sentit son souffle chaud sur son cou et ses mains remonter le long de ses cuisses. Elle resta toujours immobile. Il n'avait rien fait depuis qu'il s'était marié à cette femme et bizarrement, il ne lui manquait même pas.
- Assy...tu m'as tellement manqué si tu savais ma chérie...
-...
- ça fais tellement longtemps....continua t-il en continuant lentement ses caresses.
Il l'attira à lui et voulut lui prendre les lèvres, mais elle tourna vivement la tête. Sans se décourager, il remonta ses mains sur son ventre, ses seins qu'il caressait lentement. En temps normal elle aurait apprécié. Mais à ce moment, elle fut juste animée par...du dégout. Elle imaginait ses mêmes mains sur le corps de Filly, ses mêmes mots murmurés à une autre... la veille. Et aujourd'hui, il était là. Elle voulut le repousser, mais il était déjà en elle, allant et venant à un rythme qu'il voulait sensuel, mais qui était juste lourd pour Assy qui voulait que ça se termine vite. Elle ne ressentait aucun plaisir, et se contentait de subir, malgré les mots doux et tendres qu'il lui répétait. C'en était trop...elle éclata en sanglot en plein milieu de leur rapport. Il essaya de la réconforter sans s'interrompre et Assy ferma les yeux pour ne pas le voir, mais les larmes continuaient à couler. Après avoir fini et s'être retiré, il s'écarta et Assy ouvrit les yeux et se leva péniblement, avec cette impression bizarre d'avoir été...salie.
- Assy qu'est ce qui se passe.
C'était la première fois que faire l'amour avec lui était aussi...difficile. Elle était dégouttée et sans répondre, elle se rendit dans les toilettes pour se doucher. Elle prit du savon et se frotta frénétiquement le corps, avec la sensation qu'il y avait une part de « l'autre » en elle. Après plusieurs minutes, elle se décida à sortir. A la porte, elle remarqua qu'elle tremblait de partout et tenait à peine debout. Elle se laissa aller doucement et se retrouva par terre, la tête entre les jambes replié et le corps secoué de sanglots. Omar la trouva dans cet état et l'aida à se lever.
- Assy...calme-toi...
Sans répondre, elle le suivit dans la chambre et Omar lui tendit un verre d'eau qu'elle but nerveusement, mais finit par se calmer.
- Assy je voudrais qu'on...parle. S'il te plait dit-il
Elle ne bougea pas et fixa un point derrière lui.
- je t'en supplie Assy. Parle-moi. Je ne supporte plus ton silence, tes regards...inexpressifs, ton air...vide. Ces larmes...
Il secoua lentement la tête.
- je ne sais lus ou j'en suis. Je suis aussi dépassé que toi, mais je t'ai expliqué. Mon père avait donné sa parole. Tu...je...Assy, c'est toi que j'aime.
Assy ne parlait toujours pas.
- parle-moi Assy, murmura t-il en s'approchant encore et en baissant les yeux. S'il te plait....parle-moi. Mais ne te mets pas dans cet état
Elle continua à le regarder en silence. Elle observa cet homme. Comme si en deux mois, il avait changé.
- je n'en peux plus Omar. J'ai essayé, j'ai pensé que j'y arriverais. Qu'avec le temps je me ferais à cette idée. L'idée que maintenant on est trois. Je devais te partager avec une autre femme, supporter que tu lui fasses l'amour, lui dire que tu l'aimes aujourd'hui et le lendemain te voir essayer de faire la même chose avec moi. Tout le monde s'y est mis pour me faire comprendre que c'était possible. Que des milliers de femmes acceptaient cette situation. Mais...Je ne fais pas partie de ces femmes.
Elle s'interrompit un moment, comme pour chercher ses mots.
- tu...me dégouttes Omar
- Assy, s'écria t-il, choqué. Comment tu peux dire une chose pareille.
Elle le regarda.
- tu as couchée avec elle ? demanda t-elle subitement
Il rigola nerveusement
- Je te rappelle qu'on a un enfant...
Assy secoua la tête
- depuis que vous êtes marié ? As-tu couché avec elle ?
Elle le vit se troubler, détourner son regard, hésiter....
- Assy...
- répond-moi simplement Omar...
- c'est ma femme. Je...
Assy secoua la tête...le regard vide, le cœur lourd, obligé de se rendre à l'évidence
- Jamais, je n'ai pensé que tu étais capable de faire ça. Avoir deux femmes. C'est...dégeulasse. Je pensais que toi-même tu te rendrais compte de...
Elle s'interrompit, soupira et le regarda fixement. Assy sentit des larmes couler dès qu'elle baissa les yeux. Elle avait mal.
- Je suis resté silencieuse dans l'espoir que tu reviendrais à la raison. Qu'un jour tu viendrais me dire que tu ne pouvais pas...ton cœur, ton amour pour moi ne te permettais pas de jouer sur deux fronts. Je pensais que tu ne serais pas capable de le faire Omar. Mais non. Tous les deux jours, sans état d'âme tu vas rejoindre cette femme.
- c'est plus difficile que tu ne le pense Assy.
- On ne dirait pas. Et en plus, je ne peux m'ôter l'idée que tu as fait tout ceci en te disant que de toute façon, je te pardonnerais. Que tu peux faire ce que bon te semble car de toute façon, ta conne d'Assy reviendra toujours. C'est soit cela, soit l'idée de me perdre...te fout au pôle nord.
- ce n'est pas cela. Je ne veux pas te perdre Assy. Mais j'ai été presque mis devant le fait accompli...et puis son père menaçait que je ne verrais pas ma fille. Et...Filly ne méritait pas une telle humiliation. Je l'ai....
Comme s'il n'avait rien dit, elle continua fermement, l'interrompant
- Tu as raison. Tu dois laver l'affront. Je comprends. Bravo...Mais ça sera sans moi. J'étais prête à te soutenir pour cet enfant, t'aider à l'encadrer comme si c'était ma propre fille. Mais pas dans ces conditions. Ces deux derniers mois m'ont juste permis de constater que...les choses ont peut être changé entre nous. Que ce qui faisait qu'on se retrouvait toujours...n'est plus là.
- tu te trompe Assy...sur toute la ligne.
Elle ne répondit pas et s'assit lentement sur le lit en soupira de fatigue, de tristesse, de dépit.
- tu ne penses pas qu'on devrait arrêter tout cela ?
- Arrêter quoi ?
- nous deux...je n'ai plus la force Omar. Je suis fatiguée. Je...
Le reste de la phrase mourut dans un sanglot sourd. Elle se couvrit le visage de ses deux mains et respira fort pour ne pas craquer, pour ne pas exploser.
- je n'en peux plus, finit-elle par dire. Je...je vais devenir folle. Et...
- Assy, je suis là. Je serais toujours à tes côtés. Mon amour, ca va aller...regarde-moi.
Il lui prit les mains et les écarta lentement de son visage avant de lui essuyer ses larmes. Il la regarda avant de la serrer dans ses bras.
- je t'aime...on y arrivera.
Assy secoua la tête.
- tu ne comprends pas...
- Si je te comprends. Je sais que c'est dur. Mais essayons Assy. S'il te plait.
Elle garda le silence et se détacha lentement de lui pour aller à nouveau s'enfermer dans la chambre de Seydina.


Les jours suivants, elle se secoua un peu et alla récupérer son fils. Elle ne savait pas encore quoi faire, mais elle avait décidé que son fils ne devait pas souffrir de cette situation. Donc, elle décida de vivre pour son fils. Tout simplement.
Depuis qu'elle avait décliné l'invitation d'Awa à l'accompagner donner ses cadeau de marraine à la petite Awa, Assy sentait comme une sorte de gêne dans leur relation. Surtout qu'elle a eu des échos comme quoi, la mère de Filly en avait profité pour les couvrir de cadeaux, les comblant. Toute la famille en parlait et c'était une de ses cousines, grande gueule, qui avait pris le soin de l'avertir. Bizarrement, elle ne s'en formula pas outre mesure. Elle s'en foutait pas mal. Elle avait essayé d'en parler avec Awa, mais celle-ci lui assura qu'elle se faisait des idées et que rien n'avaient changé dans leur relation.

Pour Assy, les jours passaient et se ressemblaient. Ses relations avec Omar ne s'étaient pas améliorées et le temps n'arrangeait rien. Elle devait accepter qu'il avait une autre vie, une vie ou elle n'avait pas sa place. Son mari avait une autre famille, une autre fille, une autre femme. Même si Omar voulait se convaincre que rien n'avait changé entre eux, elle n'y réussissait pas. Un weekend, il avait réussi à la convaincre à aller en weekend. Mais c'était le pire weekend qu'Assy aie eu à vivre. Omar, lui, espérait une réconciliation au lit, comme ils avaient l'habitude de le faire, mais ses plans tombèrent à l'eau. Dès qu'ils arrivèrent, il l'avait attiré pour l'embrasser et l'amener dans une magnifique chambre. Mais rien n'y fit. Ni l'ambiance de la chambre, ni les mots doux qu'il lui murmurait, ni la douceur qu'il employait. Assy eut encore une fois l'impression d'être souillée. Elle fut obligée de fermer les yeux et de penser à autre chose, pour passer ce moment. Elle ne ressentit aucun plaisir et même Omar s'en rendit compte. Et toujours après, elle s'enfermait dans les toilettes pour se nettoyer. Encore et encore. Elle se sermonnait, se promettant de faire des efforts, mais sans résultat. A la fin du weekend, elle fut pressée de rentrer et voir Omar lui dire au revoir pour aller rejoindre Filly le soir même, augmenta sa colère et sa frustration. Les jours suivants, elle évitait soigneusement toute relation sexuelle avec lui

Elle se donnait corps et âme à son travail et réussit au moins à avoir la satisfaction de ses supérieurs. Elle fut contactée par une autre boite qui lui proposait un salaire faramineux. Mr Niang, le DRH de la boite en question l'appelait tout le temps et lui demandait toujours ou elle en était avec ses réflexions. Mais elle avait du mal à quitter sa boite, cette entreprise ou elle avait fait ses premiers pas et qu'elle considérait comme son petit bébé. Un jour qu'Iba était passé pour déjeuner avec Michelle, elle le capta et lui en parla rapidement.
- Je ne comprends pas pourquoi tu hésites. Je suis désolé de te le dire, mais le monde du travail c'est un monde d'opportunités. Ne te sens nullement obligé de rester quelque part...par devoir, ou par reconnaissance. Les sociétés ne voient que leur intérêt.
- tu as peut être raison, dit-elle, l'esprit ailleurs
Elle savait qu'il parlait travail, mais elle eut l'impression qu'il était au courant pour sa vie personnelle.
- merci pour les conseils. Je vais y penser.
Elle allait s'éloigner quand il lui saisit le bras.
- Assy...tu as un souci ces temps-ci ? demanda t-il perplexe
- Pourquoi tu dis cela ? répondit-elle hésitante.
Il se contenta de la regarder bizarrement
- pour rien...une impression.
Elle ne dit rien et heureusement Michelle arriva et enlaça tendrement Iba. Elle s'éloigna après les avoir taquiné.

Avant de rentrer, elle appela finalement Mr Niang pour lui dire qu'elle voulait bien venir discuter avec lui pour voir les conditions pour intégrer sa boite. Il lui donna rendez-vous le lendemain et après avoir averti qu'elle arriverait tard, elle se rendit à son rendez-vous. Mr Niang était un homme...particulier. Grand, clair, charmant...elle devait même reconnaitre qu'il était beau. Mais au dela de cela, il avait une personnalité...atypique. Très poli, très courtois mais avait de petites répliques très drôle, qu'il insérait dans ses phrase, mine de rien et qui faisait éclater de rire son interlocuteur alors que lui, continuait avec son air sérieux. Elle passa un entretien...relax, exposant ses prétentions salariales, ses capacités.
- vous vous jetez des fleurs ? Murmura t-il
- je pense en toute modestie que je peux me le permettre.
Il sourit, lui jeta un coup d'œil, ajusta ses lunettes et replongea dans ses papiers.
- modestie vous dites ?
Assy sourit et l'entretien se poursuivit tranquillement. Il lui promit de l'appeler la semaine prochaine.

Elle rentra chez elle et trouva Omar qui encore une fois essaya de détendre les choses entre eux en parlant de choses et d'autres. Elle essaya de jouer le jeu, faisant semblant d'être attentive à ses paroles, souriant de temps en temps. Ça allait quand Seydina était réveillé. Mais dès qu'il dormait, Assy avait peur, se demandant si elle pouvait soutenir une conversation avec Omar, le regarder, lui sourire. Non, elle n'y arrivait pas toujours et préférait prétexter du n'importe quoi pour partir se coucher. Elle n'était même pas capable de lui parler de son entretien, lui dire qu'elle voulait changer de boite. Non, Omar était juste...un étranger.
- heu...Amy se marie samedi, dit-il à un moment ou un lourd silence s'était installé entre eux et qu'elle s'apprêtait à aller se coucher.
Elle s'arrêta et le regarda.
- c'est vrai ? ohh je suis trop contente. Je vais l'appeler demain. Elle se marie avec qui ?
Il hésita un moment...
- Elhadj...
Elle bugga...pensant ne pas avoir bien compris
- qui ?
- Elhadj Tall...répéta t-il simplement, sans plus de commentaires.
Elhadj ? Son ex ? Celui qui avait foutu le bazar dans sa vie. Dans la vie de toute la famille. Ce même homme revenait. Sans rien ajouter, elle tourna le dos et partit se coucher. Il la rejoignit plus tard et encore une fois, elle du subir ses assauts. N'en tirant aucun plaisir, voulant juste qu'il finisse rapidement pour qu'elle aille dans les toilettes et se frotter le corps frénétiquement.
- Je te dégoutte à ce point Assy ?
Elle sursauta et regarda Omar qui se tenait à la porte des toilettes et l'observait frotter son corps, partout ou les mains, ou la langue d'Omar avait laissé des traces.
Sans répondre, elle ouvrit la douche et continua à se laver. Plus tard, elle se coucha sans un mot.
- Assy...parle-moi...parlons. Essayons de régler cela.
Elle ne bougea pas et fit semblant de dormir. Elle n'avait pas envie de parler. Elle voulait juste oublier. Oublier ce mal être qui l'habitait, oublier les instants qu'elle venait de vivre dans les bras de son...mari. De cet homme.

Assy demanda au taximan de s'arrêter devant la belle villa de la famille Bocoum. Elle s'était faite toute belle pour se rendre au mariage d'Amy. A part Omar, seule Awa l'avait avertie du mariage d'Amy, tout en prenant soin d'éviter de lui dire qui était l'heureux élu. Elle ne comptait pas se rendre à ce mariage, mais Awa avait tellement insisté qu'elle avait fini par abdiquer. Il était 17 heures passé et le mariage a déjà du être scellé. Elhadj. Ce malade mental. Elle se demandait comment il avait réussi à se faire accepter à nouveau dans la famille après tout ce qui s'était passé. Mais elle ne voulait même pas savoir.
Arrivée, elle fut accueillie par ses badiènes qui lui firent pleins de compliments. Elle fit l'effort d'aller saluer Badiène Oumy qui était très prise par ses nombreux invités, mais prit la peine quand même de lui faire la bise. Elle réussit aussi à voir Amy qui était sublime et qui la salua froidement. Elle n'en fit pas ca et lui remit l'enveloppe qu'elle lui avait préparée. Elle trouva sa mère dans une chambre en train de se reposer et cette dernière lui reprocha de ne pas être venue plus tôt.
Après cela, elle s'installa sous la bâche qui accueillait des invités et dévissait tranquillement avec une voisine qu'elle n'avait pas vue depuis qu'elle avait quitté la maison. Elles étaient dans un coin reculé quand tout à coup, elle sentit un brouhaha. En tournant la tête, elle aperçut Filly, à la tête d'une importante délégation, accueillie par des cousines qui lui faisaient des accolades par ci et des bisous par là, agrémenté de compliments sur sa tenue. Badiène Oumy sortit à ce moment et lui fit son plus beau sourire.
- Ma fille chérie. Ekssil...pourquoi tu viens à cette heure. Toi tu devais venir depuis ce matin car tu es la maitresse de maison. Ndoye...Ndoye...tu portes chance à mon fils. Depuis qu'il est marié avec toi, il revit car tu t'occupe de lui, tu ne le stresses pas et tu t'occupe bien de nous aussi...
- merci maman...murmura Filly, radieuse.
A ce moment la griotte de sa belle mère arriva à la rescousse et se mit à chanter ses louanges et Assy vit Awa esquisser des pas de danse avant d'enlacer Filly tendrement. Il n'y en avait que pour elle et elle distribua des billets à tour de bras.
C'est plus qu'elle ne pouvait en supporter. Elle prit congé de sa voisine et marcha un peu pour aller prendre un taxi. Son téléphone sonna à ce moment et c'était Omar. Elle raccrocha lentement avant de se rendre chez elle.

Après avoir récupéré Seydina qu'elle avait confié à sa voisine, elle lui donna à manger avant de le coucher tranquillement. Ensuite, elle resta dans le noir un long moment. Cogitant, réfléchissant, se demandant ce qu'elle faisait dans cette maison. Pourquoi restait-elle prisonnière de ce ménage ou elle n'était plus heureuse. Parce que la société le voulait ? Parce qu'elle ne méritait pas le bonheur. Elle n'en pouvait plus. Et Elhadj qui refaisait surface. Non, elle ne pouvait pas.
Omar rentra vers 2 heures du matin fatigué et se lança dans un long monologue, expliquant la réception et les vas et viens incessant qu'il a du faire. Assy l'écoutait à peine avant de l'interrompre
- je m'en vais Omar...murmura t-elle doucement
Il s'arrêta de parler et la regarda.
- tu va ou ?
- je suis désolée...mais je n'en peux plus. Je...ne vis plus depuis 5 mois. Je suis là, à attendre un déclic, à patienter, à me dire que tout reviendra à la normale, mais non. Je sais que c'est impossible.
- Assy ne recommence pas...
- je ne supporte plus que tu me touches, que déteste faire l'amour avec toi car j'ai toujours l'impression d'être « sale ».
Ses larmes coulaient lentement. Et elle les essuya rapidement du revers de sa main
- Je ne compte pas passer ma vie à...subir, à supporter...Je mérite mieux que cela Omar...je vaux mieux que ça. J'ai passé une bonne partie de ma vie à me battre pour réussir dans la vie, pour être heureuse. J'ai cru un moment y être arrivé, mais là...
- Assy...on m'a expliqué ce qui s'est passé avec Filly au mariage. Je savais que tu réagirais ainsi...
Assy sourit et secoua la tête.
- je ne cherche pas à me justifier. Ma décision est prise. Tu peux ameuter toute la famille. Je ne changerai pas d'avis.
- Assy...ne me fais pas cela. Donne-moi du temps. J'arrangerai les choses. Tout redeviendra comme avant.
Il s'était approché.
- Non, rien ne peux redevenir comme avant...
- on en reparlera demain Assy. Il est tard et...tu ne dois pas avoir les idées très claires.
Elle tourna le dos et alla se coucher. Et cette nuit, elle dormit comme une loire. Comme elle n'avait plus dormi depuis bien longtemps. Soulagée, apaisée....


Omar regardait Assy s'habiller tranquillement. Il était fatigué. Il avait passé la journée à la police. Avec sa mère. Amy était mariée depuis à peine une semaine qu'elle avait déjà des problèmes avec son mari. Il criait partout qu'il ne l'avait pas trouvé vierge et demandait qu'elle reparte chez elle. Devant son refus, il l'avait battu au point qu'elle atterrisse à l'hôpital. Quand sa mère l'avait appelé pour l'aviser, il a vu rouge et est allé réclamer le certificat médical pour aller déposer une plainte. Le fameux certificat dépassant 8 jours, Elhadj avait été cueilli et foutu en prison. Mais Amy, une fois au courant a complètement pété un câble disant qu'il n'avait pas le droit de porter plainte contre son mari. Contre son gré, créant un scandale sans antécédent dans la famille car insultant sa mère qui d'après elle était derrière tout cela. Dans un moment de colère, elle avait même lancé une phrase assassine lui disant qu'elle ne le laisserait pas foutre son mariage en l'air comme elle avait fait pour Omar.

Oui, Omar était fatigué et il savait qu'Assy ne lui serait d'aucun réconfort. Elle lui parlait très peu et l'évitait. Elle lui avait réaffirmé son intention de le quitter d'un ton ferme et malgré ses protestations, elle semblait vraiment décidée. Le masque de tristesse et de désolation qu'elle affichait depuis des mois avait fait place à une sérénité qui l'étonnait. Ça faisait une semaine qu'il lui avait fait part de son désir de se séparer de lui. Et depuis, elle était là. N'en parlant plus. Mais ne parlant de rien en fait. Il avait essayé de la ramener à la raison, mais se heurtait à un mur...de silence. Ce soir, il devait aller chez Filly, mais ne pouvait s'y résoudre. Il avait vraiment peur de la perdre pour de bon.
- j'ai trouvé un appartement...dit subitement Assy après avoir fini de s'habiller. Je vais déménager dans une semaine.
Il garda le silence un moment avant de se lever et d'aller vers elle.
- Assy...je croyais que c'était fini ce délire...pourquoi veux-tu partir ?
Elle sourit. Il ne l'avait pas vu sourire depuis un bon moment. Il la trouvait tellement belle.
- Omar, on en avait parlé. Je t'ai dit que je ne pouvais pas supporter cette situation. Ma décision est prise. Je ne t'en veux pas. Je ne t'en veux plus...Je comprends ta décision, tes contraintes. Je comprends. Seulement, je voudrais que toi aussi tu me comprennes. Que tu saches que je ne supporte pas cette situation. J'ai essayé, mais j'en suis incapable Omar.
- Assy...tu avais promis de me soutenir dans cette histoire, tu avais promis que tu serais toujours à mes côtés. Après tout ce qu'on a traversé ensemble, tu veux tout laisser tomber à cause...
- d'une autre femme. J'admets. Prends cela comme tu veux. Une fuite, de la lâcheté, utilise le terme qui te conviendra. Le résultat sera pareil. Je ne resterais pas avec toi.
Il y eut un petit silence et Omar finit par murmurer, comme pour lui-même.
- tu reviendras Assy...on est fait pour être ensemble.
Il le croyait fermement. Filly c'était juste par devoir, pour sa fille Awa. Et ceci, il ne le lui cachait pas. Il ne cessait de lui dire qu'Assy était la femme de sa vie. Mais Filly ne répondait jamais, se contentant de remplir ses devoirs conjugaux, lui répétant qu'un jour ou l'autre, il l'aimerait. Mais il en doutait. Assy occupait trop de place dans son cœur. Au début, il refusait de la toucher, mais elle avait su se montrer...persuasive et comme ils étaient mariés, il ne voyait pas pourquoi...s'en priver. Filly avait des atouts...non négligeables. Mais toujours, il avait des remords par rapport à Assy. Surtout quand il partait chez lui et qu'il voyait Assy. Cette femme qui lui avait accordé tellement de faveur, qui avait su lui pardonner tellement de choses. Il regrettait. Mais se disait que c'était encore trop tôt pour se séparer de Filly et reprendre sa vie avec elle. Mais il y mettra fin et sa Assy reviendra dans sa vie. Comme toujours.

Au cours de la journée du lendemain, il reçut un coup de fil de son oncle Omar qui lui demandait de passer chez ses parents à la descente car il voulait lui parler. Il pensa que c'était encore à propos d'Amy et d'Elhadj, mais son oncle lui précisa que c'était pour lui parler d'Assy. Il lui promit alors de passer le plus rapidement possible.

- Mooo, Assy momougnou....si elle ne veut pas rester elle n'a qu'à s'en aller. Mais cette fois dit lui bien, qu'elle ne reviendra pas...
Omar regarda sa mère qui gesticulait dans tous les sens. Comme il le craignait, Assy était allé voir son oncle et ce dernier venait de leur exposer le contenu de leur conversation. Assy lui avait dit qu'elle ne supportait pas cette situation et qu'elle allait quitter le domicile conjugual.
- calme-toi Oumy, dit son père. Assy a toute les raisons de réagir ainsi. ce n'est pas facile d'avoir une coépouse. Je crois qu'il faut aller lui parler...
- Lui parler. Jamais. Elle croit juste faire une pression sur Omar pour qu'il se sépare de Filly. Mais je ne suis pas d'accord. Laisse-la.
Awa y rajouta son grain de sel.
- de toute façon, si elle part, elle reviendra. Elle est coutumière.
Omar gardait toujours le silence, comme si cette conversation ne le concernait pas. il entendait les gens débattre, mais en fait personne ne savait que pour la première fois Assy ne réagissait pas à ses caresses, pas à ses baisers. Que la femme qui avait toujours été sa moitié, son complément, était comme éteinte. Il n'arrivait même plus à lui procurer du plaisir au lit. Non, les autres ne comprenait pas que cette fois il avait vraiment l'impression qu'il allait la perdre. Et ça il ne le voulait pas. Il ne pouvait le concevoir. Il les écoutait donc parler, s'enflammer contre Assy, lui faire des reproches. Quand tout le monde se fut calmé, il se leva tranquillement.
- j'aime Assy. C'est cela que vous ne comprenez pas. Je l'aime. Filly, je l'ai épousé par devoir, pas parce que je l'aimais. Assy est une femme...magnifique. Même si vous refusez de l'admettre. Je...je ne veux pas la perdre. Mon oncle. Parlez-lui. J'ai essayé, mais elle est restée ferme. S'il faut que je me sépare de Filly, je le ferais. Je l'aime. Je ferais tout pour ne pas la perdre.
Sur ce, il tourna les talons et s'éloigna sans attendre les protestations de sa mère et de sa sœur.

Assy bougea légèrement que sa chaise.
- Mais arrêtez de me regarder comme cela, protesta Assy en détournant son regard avec un rire dans la voix
Elle était avec Mr Niang ce matin pour lui dire que finalement, elle avait décidé de rester à son poste. Quand elle était partie pour avertir son directeur de son intention de partir, ils avaient remués ciel et terre pour la retenir. Même Patrick avait été alerté et était intervenu pour la convaincre de rester. Bien sur, elle a eu une hausse considérable de son salaire ainsi que des avantages. Assez pour la dissuader de partir. Et ce matin, elle s'était déplacée pour parler personnellement à Mr Niang. Mais depuis qu'elle lui avait exposé la situation, il était resté silencieux, l'observant avec un air...bizarre.
- vous avez perdu la voix ? Ajouta t-elle
Il soupira et s'arrangea sur la chaise comme s'il venait d'être réveillé brutalement.
- Je...heu...
Il paraissait troublé d'un coup, étonnant Assy qui ne comprenait pas cette attitude.
- Mme Bocoum, je suis vraiment désolé de ne pas vous compter parmi mon personnel. Vraiment. Vous avez un profil...très intéressant et...heuuu
Il s'était remis à la regarder et Assy se demanda un moment si elle n'avait pas une tache au visage. Heureusement qu'il détourna le regard.
- mais ce n'est que partie remise, et....
A ce moment le téléphone d'Assy se mit à sonner...c'était Gueye, son futur bailleur. Elle se leva pour se mettre juste derrière la porte, sans prendre la peine de la fermer, ne pensant pas durer. Mr Gueye était le propriétaire de l'immeuble et habitai au rez de chaussée avec sa femme. Elle avait trouvé l'appartement par le biais d'un courtier et elle l'avait trouvé sympathique
- Mr Gueye, comment vous allez ? Commença t-elle joyeuse, pensant qu'il allait lui dire que les peintures avaient été refaites.
- Mme Bocoum...je vais bien. En fait je vous appelais parce que le courtier vient de m'informer que vous comptiez vivre seule dans l'appartement ? dit-il nerveusement
Assy fronça les sourcils, ne comprenant pas...
- Heu...oui, je vais y vivre avec mon fils, compléta t-elle. Ou est le problème ?
- je pensais que vous étiez mariée ?
Assy ne comprenait pas
- Oui, je suis...enfin...je vai divorcer et...heu...enfin Mr Gueye, je ne vois pas pourquoi vous me posez toutes ces questions
- en fait, il se trouve que je ne loue pas ma maison à des femmes célibataires....ou vivant seules. Je ne veux pas de problèmes et ces femmes sont toujours à faire entrer et sortir des hommes et...
Assy l'interrompit, légèrement énervée
- Mr Gueye, je ne vous permets pas. Mais de quel droit vous me jugez comme cela...
- c'est par principe que je ne loue qu'à des familles....pas à des femmes seules
- Arrêtez...je suis une femme divorcée qui va vivre avec mon fils de 3 ans. Rien de plus. Je cherche juste un toit. Dans tout Dakar vous n'êtes pas le seul à avoir un appartement à louer. Si vous n'êtes pas disposé à me louer, c'est votre problème. Rendez-moi ma caution et le mois d'avance et je vai chercher ailleurs....
Elle raccrocha sans attendre sa réponse et appela le courtier pour lui demander d'aller prendre son argent après lui avoir expliqué sa conversation avec Mr Gueye. Elle avait vendu la voiture que lui avait offerte Omar pour pouvoir trouver l'appartement ainsi que le mobilier qui devait y aller. Elle était déçue et soupira fort. Elle se retourna et croisa le regard de Mr Niang. Il la fixait encore et elle se demanda s'il avait entendu. Et elle eut vite une réponse
- Heu...vous cherchez un appartement.
Elle garda le silence, hésitante.
- Oh, que je suis mal élevé. Je me suis permis d'écouter votre conversation. Honte à moi, dit-il sur un ton théâtral
Assy sourit, amusée
- petit fouineur...mais oui, je cherche un appartement....heu...je dois déménager.
Il ne posa pas plus que questions
- je peux vous mettre en rapport avec un ami qui gère une agence immobilière...
Assy la regarda, pleine d'espoir. Elle ne se voyait pas attendre encore des semaines pour quitter la maison d'Omar.
- vous feriez cela ?
Il sembla hésiter
- Acceptez-vous d'intégrer ma société en échange ? demanda t-il sur un ton qu'il se voulait sérieux, mais qui fit éclater de rire Assy
- un échange ou du chantage ? demanda Assy suspicieuse.
- si ça peut me permettre de vous...avoir...tout en étant...dans les limites de la légalité...
Il parlait sur un ton énigmatique et avait mis ses mains dans ses poches, se balançant légèrement. Assy ne chercha pas trop à comprendre le sens de tout cela et prit son sac.
- je parlais sur un plan purement professionnel...précisa t-il taquin
Assy sourit.
- mais je ne l'ai comprit que dans ce sens. En tout cas vous me seriez d'un grand secours si vous pouviez me donner ce numéro...c'est assez urgent.
Il la regarda d'un air compris et se dirigea vers son bureau pour prendre une carte de visite qu'il lui tendit, lui précisant qu'elle n'avait à dire qu'à se présenter comme son amie.
- Heuuu...En tout cas, merci Mr Niang. Et encore désolé. J'aurais aimé pouvoir relevé le défi avec votre entreprise, mais bon...
- ce n'est que partie remise. Vous n'espérez quand même pas que je vais vous lâcher aussi facilement....
Le regard qui accompagna la remarque parut...équivoque, mais il se répéta en précisant, toujours avec ce regard...bizarre
- l'entreprise, ne désespère pas de vous compter un jour parmi son personnel
Elle bafouilla rapidement des remerciements avant de s'éloigner, avec la sensation bizarre que ce Monsieur Niang était en train de lui faire des avances.

En arrivant à son bureau, elle trouva Iba qui l'attendait. Ils discutèrent de tout et de rien et Assy lui fit part de son intention finalement de rester après discussion avec son directeur. Iba la félicita
- Eh bien...tu m'étonnes. Tu arrives plutôt bien à tirer ton épingle du jeu. Je suis fier de toi.
Puis sur un ton plus sérieux, la regardant fixement.
- je suis fier de ce que tu es arrivée à faire de ta vie Assy. Entre la jeune fille innocente et la femme entreprenante que j'ai devant moi...il y a un gap. Et...heu...
Il ne trouva pas ses mots...
- je suis fier de toi...
- Oh merci grand père...finit-elle par dire, plus émue qu'elle ne voulait vraiment le montrer.
Ils se taquinèrent encore un peu.
- je suis venu pour t'annoncer une nouvelle et je voulais que tu sois la première au courant...
- c'est quoi Iba ? Une bonne nouvelle ?
- Oui, je crois. J'ai décidé de me marier avec Michelle...
Assy resta un moment sans voix avant de se tenir la bouche.
- c'est vrai ???
Iba hocha la tête.
Sans réfléchir elle se leva et l'enlaça, heureuse pour lui.
- Ohhh, que je suis contente pour toi...Mon Dieu...Iba...c'est vrai ? Elle est au courant ?
- Oui, c'est vrai et non, elle ne le sait pas encore.
- suis trop heureuse. Michelle est une femme tellement douce et gentille....
Iba la regardait toujours fixement.
- Quoi ???Finit-elle par demander devant son silence
- rien...je pensais juste que...enfin...je me fais encore des idées sur toi. et...heuu
Assy secoua la tête, ne comprenant pas
- tu pensais quoi Iba ? Que je n'allais pas être contente de te voir te marier à nouveau...
Il haussa les épaules.
- non, ce n'est pas cela...tu as vraiment réussi à tourner la page.
Assy soupira.
- Iba, je pensais que c'était clos cette histoire. Je t'ai expliqué que oui. J'avais tourné cette histoire. Depuis que j'ai rencontré mon mari, je t'avoue qu'il...ma permis de t'oublier. Je...l'aimais à la folie et c'était un amour tellement exclusif, tellement...enfin...Oui, j'ai tourné la page.
- tu conjugues au passé...remarqua t-il
Elle ne s'en était même pas rendu compte.
- ah oui...heuu...enfin...je suis trop contente pour toi Iba...sincèrement.
Il ne disait toujours rien
- il y a des problèmes entre vous ? Continua t-il
Assy n'avait nullement l'intention de parler de ses problèmes avec Iba. Surtout à ce moment.
- Non, aucun...
Il s'était approché et à ce moment, ma porte du bureau s'ouvrit sur...Omar. Son regard passa d'Assy à Iba. Un moment. Avant de s'avancer lentement dans le bureau en applaudissant
- bravo Assy...bravo. Décidemment tu ne changeras jamais. Hé oui...Catin tu es, catin tu resteras...
Bizarrement, Assy garda son calme, mais elle sentit Iba regarder Omar en fronçant les sourcils
- à peine on a des problèmes que tu t'empresses de lui sauter dans les bras...à moins en fait qu'il n'ai jamais arrêter de te...baiser...
- Mais ça veut dire quoi cela ??? murmura Iba dépassé par autant de vulgarité
Omar ne daigna même pas lui répondre, continuant à regarder Assy, le visage déformé par la colère et la haine.
- dès que tu auras fini, tu peux partir Omar. Si tu espère que je te donne des explications, tu peux toujours rêver.
Il frappa violemment la table
- quelles explications veux-tu me donner ? je t'ai pris en flagrant délit...avec encore cet homme. Comment tu peux être aussi légère...et dire que pas plus tard que tout à l'heure, ma famille me mettait en garde contre toi et moi comme un idiot je prenais ta défense. Croyant en fait que tu étais une femme respectable. Mais en fait non...tu n'es qu'une garce qui se fait sauter dans...un bureau...
- MAIS C'EST QUOI CETTE FAÇON DE PARLER A UNE FEMME ....
Iba ne tenait plus et Assy voyait bien qu'il tremblait de colère.
- mais...vous avez une mère vous ???Continua t-il toujours sous le coup de la colère.
Sans répondre, Omar lui envoya un violent crochet au visage, le faisant tomber comme une masse. Assy cria et Omar en profita pour partir sans demander son reste. Iba se releva difficilement en se tenant la joue. il avait une marque toute rouge sur la joue qui était aussi enflé. Quelques personnes étaient venues demander ce qui se passait, mais Assy rassura tout le monde en disant que c'était Iba qui avait fait une mauvaise chute dans son bureau. Elle lui chercha des glaçons dans la cuisine de l'entreprise qu'elle plaçât dans torchon avant de remonter le lui tendre. Sans un mot. Honteuse.
- je suis désolée...finit-elle par dire.
- ce n'est rien Assy.
Il ne rajouta rien, et heureusement car Assy avait cette boule au fond de la gorge qui l'empêchait de parler. Elle avait juste envie de pleurer, mais se retint. Iba prit congé, en lui promettant de revenir le lendemain. Dès qu'il partit, Assy s'enferma et pleura un bon coup, se demandant comment elle avait fait pour être aussi amoureuse d'un homme pareil qui n'hésitait jamais à l'insulter à la moindre occasion. Elle chercha la carte que lui avait remis Mr Niang et appela le directeur de l'agence immobilière en se présentant comme l'amie de Mr Niang. Elle lui expliqua le motif de son appel tout en lui précisant l'urgence pour elle de trouver un appartement. Il lui demanda de passer sur le champ à l'agence pour qu'il lui fasse visiter les biens qu'il avait.
Plus tard, elle fit des visites, l'esprit ailleurs, et finit par tomber sous le charme d'un bel appartement comprenant deux chambres. Même si le loyer était relativement cher, elle s'engagea, bien décider à ne plus rester longtemps chez Omar.

Le soir, elle rentra tard après être resté un bon moment chez sa mère. Leur ordre du jour était l'histoire d'Amy et d'Elhadj. Elle avait malgré tout beaucoup de peine pour Amy car sachant par expérience que ce genre de situation était difficile à vivre. Mais elle préféra ne pas trop s'épancher sur le sujet, ayant elle-même trop de problèmes en tête. Avant de rentrer, elle décida de laisser dormir Seydina et Ndeya chez sa mère car sachant que l'ambiance à la maison ne risquait pas d'être très drôle.

Elle ouvrit la porte en espérant qu'Omar avait décidé de passer ses deux jours de tours chez son autre épouse. Mais non. Il était dans le noir, à regarder la télévision, uniquement vêtu d'un short. Assy le dépassa sans même prendre la peine de le saluer avant d'aller s'enfermer à double tour dans la chambre. Elle était dans la salle de bain en train de se doucher quand elle entendit un grand bruit. Elle s'enveloppa dans une serviette et sortit précipitamment. Elle trouva Omar au milieu de la chambre et regarda la porte qu'il avait défoncée. Elle prit peur un moment, ne le reconnaissant pas.
- Maiis...
Sans un mot, il s'approcha d'elle et lui arracha la serviette d'un geste brusque. Assy se couvrit la poitrine et voulut retourner s'enfermer dans les toilettes, mais Omar fut plus rapide et la tira brutalement.
- Non...Omar je t'en prie...
- tu me supplie pourquoi ? Murmura t-il l'air méchant. Tu ne veux pas me donner ce que tu donne gratuitement aux autres ? C'est ca...
Elle ne tint plus et éclata en sanglot quand il la jeta sans management sur le lit avant d'enlever son short, dévoilant déjà son état d'excitation. Il se jeta sur elle et elle n'essaya même pas de se défendre sachant qu'elle ne faisait pas le poids. Omar lui prit les lèvres, essayant de l'embrasser avant de laisser trainer ses mains sur le corps d'Assy, rageusement.
- Omar...non...ne m'oblige pas à te détester encore plus, sanglota t-elle tristement
Il s'arrêta d'un coup et resta immobile un moment avant de poser lentement sa tête sur l'épaule d'Assy.
- je t'aime tellement Assy...murmura t-il.
Assy sentit un liquide couler sur son épaule. Il pleurait...
- Comment peux-tu penser que je te trompe, dit-elle dans un sanglot sourd en fermant les yeux...comment peux-tu encore me dire ce genre de chose après tout ce qu'on a traversé..
Il ne disait toujours rien et Assy sentit qu'il pleurait toujours silencieusement. Il se calma un moment, mais restait toujours la tête sur l'épaule d'Assy
- j'ai tout gâché entre nous cette fois...dit-il finalement dans un souffle
- ...
- je suis désolé Assy.
Il se redressa lentement et la regarda. Son regard perdu, triste lui fit monter les larmes aux yeux. Elle sentit ses larmes couler
- Ne me quittes pas Assy....je t'aime...ne me laisse pas...
Assy pleurait toujours, et Omar essuyait ses larmes. Toujours aussi triste.
- c'est fini Omar, dit-elle calmement après plusieurs minutes de silence. Tu es allé trop loin avec moi. Tu as toujours été trop loin avec moi, mais je te pardonnais toujours ; mais là...c'est trop.
Il ne disait rien.
- penses-tu un jour pouvoir me pardonner. Mon amour...
Elle se força à sourire, tristement, les lèvres tremblantes d'émotion, incapable de parler. Il déposa lentement un léger baiser sur ses lèvres avant de s'écarter et de rouler sur le côté.
- je t'aime Assy...au point d'être aveuglé parfois par la jalousie....pardonne-moi.
Elle soupira. Jalousie il avait dit. Comme s'il était le seul à pouvoir éprouver ce genre de sentiment. Elle prit la couette pour se couvrir le corps et sentit Omar se coucher derrière elle et l'enlacer. Ils restèrent ainsi un long moment
- fassé ma Omar (accorde-moi le divorce Omar). On se fait trop de mal.
- tu m'aimes toujours Assy ? Murmura t-il comme s'il commençait à dormir
- Je...Non, Je...ne t'aime plus.
- moi je t'aime...et je t'aimerais toute ma vie Assy.
Elle était trop fatiguée pour réagir. Fatigue physique, mentale, sentimentale. Elle n'en pouvait plus. Elle entendit sa respiration se faire plus régulière et su qu'il dormait.

Le lendemain, Omar était déjà parti à son réveil et toute la journée, elle appela l'agence pour les presser en leur disant qu'elle voulait aménager le plus rapidement possible. Heureusement que le courtier avec qui elle avait été mis en rapport était très dégourdi car il put avant la fin de la semaine lui remettre les clés de l'appartement. Elle en sauta de joie et entreprit de faire des courses pour équiper la maison. Omar venait à la maison plus pour être avec Seydina qu'autre chose. Assy ne lui accordait pas un regard et lui aussi était tellement gêné qu'il n'osait pas vraiment forcer les choses. Quand elle lui annonça son intention de déménager le weekend il recommença à s'excuser, à lui promettre qu'il allait se séparer de Filly. Mais elle lui précisa bien que sa décision était irréversible. Bien entendu, elle lui précisa que Seydina était son fils et qu'il pouvait venir le prendre quand il voulait car jamais elle ne comptait l'empêcher de le voir. Encore une fois elle lui demanda de la libérer, mais il ne répondit rien et s'enferma dans un lourd silence.

Le vendredi avant le weekend, elle tarda au bureau pour évacuer les urgences et au moment ou elle s'apprêtait à partir, elle vit Iba entrer lentement dans son bureau.
- Salut Mme Bocoum. J'avoue que je n'ose plus venir te rendre visite car...ça devient assez risqué
Assy rigola et s'excusa encore du comportement d'Omar.
- il est jaloux et voit toujours le mal partout. Mais dis-moi, je n'ai pas encore entendu Michelle annoncer « the mariage ». ce n'est pas encore fixé ?
Elle vit Iba hésiter un moment avant de répondre gênée
- en fait non...Heu...j'ai décidé d'attendre un peu en fait.
- mais attendre quoi ? tu semblait tellement décidé la dernière fois
Il y eut un petit silence
- t'attendre toi...
Assy fronça les sourcils. Ne comprenant pas.
- m'attendre. Comment cela m'attendre.
- Assy arrête. Je sais que tu es en instance de divorce. Je...je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux m'empêcher de penser que j'ai...enfin qu'on a encore une chance de construire quelque chose ensemble.
Assy le regarda, choquée
- c'est toi qui va arrêter Iba. Comment peux-tu penser que je vais divorcer avec mon mari pour me jeter dans tes bras ? Mais ça ne vas pas non ?
- pas maintenant Assy. Prend le temps qu'il te faudra...je t'attendrais. Mais je veux que tu saches que...je t'aime toujours et...
- et rien. Lève-toi Iba. Et va t-en. Si vous pensez que je suis un jouet qu'on se passe au gré des évènements, tu te trompes.
- Assy...
- LEVE-TOI IBA...tu me prends vraiment pour de la merde hein. Capable de...pfff...j'en ai marre. Je ne suis pas une marchandise Iba et maintenant, je ne veux plus te voir. Moi qui pensait que tu étais là pour me soutenir, m'aider. Mais...
Il resta à sa place.
- Assy...calme-toi...
- Toi, Omar, êtes les pires choses qui me soient arrivée. Non, c'est bon. Tu peux rester. Moi je m'en vais.
Elle prit son sac et sortit rageusement, Iba sur ses talons. Ils croisèrent Michelle en bas qui les regarda perplexe
- chéri...tu es là depuis quand. Je t'attends depuis tout à l'heure.
Assy la regarda gêné et préféra continuer son chemin sans rien dire, laissant Iba se lancer dans des explications

Assy était perturbé par toute cette histoire avec Iba. Elle en avait surtout marre. Elle était décidée à ne plus avoir d'homme dans sa vie. Omar pouvait ne pas lui accorder le divorce sur le plan religieux. Mais, elle s'en foutait pas mal. Par contre, elle avait décidé de se chercher un avocat pour un divorce au tribunal.
La vente de la voiture lui avait amené pas mal d'argent et elle avait profité pour se faire plaisir et décorer son intérieur à son gout. Son fils, sa mère et son travail devinrent ses seules préoccupations. Omar venait prendre Seydina les weekends pour l'amener avec lui. Assy avait toujours un pincement au cœur, en pensant que Filly allait s'occuper de son fils, mais elle n'avait pas vraiment le choix. C'était soit cela, soit interdire à Omar de voir son fils. Et ça elle ne le voulait pas. Mais Seydina était tout content quand il revenait de weekend et Assy en fut malgré tout soulagée.
Les semaines passaient tranquillement et Assy retrouva petit à petit son rythme, sa fraicheur, sa joie de vivre. Elle se forçait à de petites sorties au restaurant avec ses quelques collègues pour décompresser, changer d'air, rire, s'évader. Elle profitait donc des weekends, ou elle était seule pour sortir diner avec des connaissances. Elle recevait pas mal d'avance d'hommes, mais elle les repoussait gentiment en précisant qu'elle était mariée. Ce qui somme toute n'était pas vraiment faux. Mais elle se sentait bien. Seule... mais heureuse.

Un soir, elle reçut un coup de fil de Mr Niang. Il n'était pas très tard, mais elle décida de ne pas décrocher. Le lendemain, elle le rappela et toujours égal à lui-même, il commença par la taquiner.
- je pensais avoir droit à un petit merci après service rendu...
Assy sourit
- mais quel service ?
- hééé, j'ai rencontré Gueye qui m'a assuré vous compter désormais parmi ses clientes. Donc vous auriez pu...me remercier.
- vous avez raison...mais j'avais pleins de choses à faire et avec le déménagement...j'étais un peu prise. Mais il vaut mieux tard que jamais...
- encore faut-il que je sois disposé à valider vos explications...
- hééé...mais...
Elle allait protester, mais il ne la laissa placer un mot de plus
- ok ok...envoyez les remerciements...
Assy perdit le fil un moment avant d'éclater de rire
- vous êtes complètement fou...
- j'attends.
- merci...Mr Niang.
- Chérif. Reprenez.
- quoi ?
- je m'appelle Chérif.
- ha..D'accord...bon merci Mr Niang.
Cette fois c'est lui qui éclata de rire.
- au moins j'aurais essayé...enfin. Je sui content de savoir que vous êtes bien installé. On se dit...à tantôt...Mme Bocoum
Il avait dit cela comme s'il posait une question. Elle ne prit pas la peine de faire une quelconque précision.
- Oui, à tantôt. Et encore merci...


Assy regarda sa montre. Encore une fois. Le cours trainait en longueur et elle se sentait tellement fatiguée. Vers 20 heures, le cours prit fin et elle rentra rapidement, ignorant les appels incessant de Chérif. Arrivée chez elle trouva Ndeya et Seydina endormis et se doucha rapidement avant de s'apprêter à se coucher quand elle entendit sonner. 22 heures. Elle hésita. Finalement, elle ouvrit lentement et ne fut même pas surprise de trouver Omar.
- Omar, Seydina dort et moi je suis morte de fatigue...s'il te plait...
Il hésita un moment et Assy remarqua aussi son air fatigué et sa petite mine. Ils étaient séparés depuis bientôt 6 mois...enfin si elle pouvait appeler cela une séparation. Omar était là tous les jours, pour soit disant voir Seydina. Au début, elle se disait que ce n'était pas trop grave, mais plus le temps passait, plus, elle avait l'impression que c'est juste l'environnement qui avait changé mais qu'Omar était toujours aussi présent dans sa vie. Elle s'en passait uniquement les weekends car il amenait Seydina avec lui. Bizarrement, il ne parlait même pas de se remettre ensemble, semblant se résigner, ou voulant montrer qu'il était heureux avec sa femme. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle en était blessée et se disait que « l'autre » devait vraiment jouer pleinement son rôle d'épouse. Oui, elle en était frustrée, mais n'en faisait rien apparaitre. Après tout c'est elle qui avait décidé de le quitter.
- Je...voudrais te parler...murmura t-il.
Elle hésita un bref moment avant d'ouvrir la porte et de le laisser passer. Il avait l'air triste, mais Assy ne s'en formalisa pas.
- Oui Omar ??
Elle avait juste un débardeur et un petit short tout pourri. De toute façon, elle n'était plus dans la séduction avec lui, même si elle sentait son regard parcourir son corps
- je ne vais pas bien Assy...finit-il par murmurer.
Elle soupira, encore plus fatiguée.
- Omar, moi aussi je ne vais pas bien. Mais je ne suis pas médecin et je ne tiens pas une clinique. Donc je ne pense pas que je puisse faire quelque chose pour toi.
- je ne parle pas de cela...tu me manques Assy.
C'était plus qu'elle ne pouvait entendre.
- vas trouver du réconfort dans les bras de Filly. Elle le fera avec beaucoup de joie. Moi je ne peux rien pour toi Omar.
Il s'approcha d'elle. Dangereusement. Elle recula, ne voulant pas qu'il la touche.
- c'est toi que je veux Assy...tu es ma femme. Et...je n'y arrive pas sans toi.
- je suis encore ta femme parce que tu refuse de me libérer, mais je ne me considère plus comme telle. Va-t'en Omar.
Il resta un bon moment à l'observer avant de soupirer et de sortir. Sans rien ajouter de plus. Assy ferma la porte, dépitée et sur le point de pleurer. Elle était jalouse. Malheureusement. Elle s'apprêtait à dormir quand son téléphone sonna. Chérif. Mais elle était trop fatiguée pour répondre. Cherif. Il s'était durant ces dernières semaines montré de compagnie très agréable. Mais elle lui avait clairement fait comprendre qu'elle ne cherchait pas une relation amoureuse et ne voulait en aucune façon un homme dans sa vie. Mais, il se montrait toujours très...entreprenant. Elle aimait bien sa personnalité, mais sans plus. Juste ça. Avec lui, on ne s'ennuyait jamais. Il avait toujours le don de la faire rire, de lui faire oublier ses soucis. Mais vraiment, sans plus.

Le lendemain, à peine avait-elle déposé son sac au bureau que son téléphone se mit à sonner. Encore chérif.
- ça va bientôt ressembler à de la persécution chérif...commença t-elle
- prend-le comme tu veux. Hier tu me disais que tu ne te sentais pas bien. J'appelle juste pour prendre des nouvelles.
- je vais bien...c'est gentil de t'inquiéter.
- je passe te prendre à la pause, on va déjeuner ensemble
- Noonn, j'ai ...
Avant qu'elle ne finisse, il lui avait lancé un « a plus » avant de raccrocher. Elle posa le téléphone, sourire aux lèvres. Plus tard, installé à la table du restaurant, ils discutaient de tout et de rien quand Chérif se mit à l'observer sérieusement, la gênant
- je t'ai dit que je n'aime pas la façon dont tu me regardes.
Il sourit
- je te regarde comment ? Murmura t-il...
Elle osa un petit regard vers lui et sourit
- comme cela...comme si... tu me scannais. Té lourd...
- tu sais que tu es très belle Assy...
Cette fois, elle leva les yeux et le regarda un moment. Il avait l'habitude de lui faire des compliments, mais cette fois, elle eut l'impression que c'était plus sérieux.
- je ne sais pas...je sais que pour le moment tu es encore dans une situation compliquée, mais je veux que tu saches que...heuu
Assy l'interrompit
- Arrête Chérif, je t'en prie. Pas de ça entre nous. Je...je...
Il y eut un petit silence
- je suis encore mariée et...heu..Comme tu dis, c'est compliqué. Je n'ai pas besoin de cela pour le moment
Il soupira
- quand tu dis que tu es mariée ça me fais peur Assy. Tu as quitté ton mari depuis 6 mois et tu te sens toujours marié avec lui ?
- je t'expose les faits Chérif. Je suis toujours mariée.
- arrête de dire cela. Tu es séparée de ton mari Assy. et je voudrais que tu me donnes une petite chance.
Assy garda le silence, ne voulant pas trop s'étendre sur le sujet. Elle ne voulait donner de chance à personne. Son cœur était trop meurtri, trop ravagé. Elle voulait prendre du recul et se consacrer uniquement à son fils. Rien d'autre. Et ça malheureusement Chérif ne pouvait pas le comprendre.
- Chérif, je suis désolée. Mais non. Je ne suis pas disposé à te donner une chance. Ça ne marchera pas. Ce n'est pas toi ? Non. C'est moi. Je fais partie de ces personnes qui n'ont pas de chance en amour.
Il préféra en rigoler et changea subtilement de sujet. Et heureusement.

Omar regarda Filly faire les cents pas devant lui. Nerveusement. Rageusement. Il n'essayait même pas de la calmer.
- je te dis que je ne supporte plus que tu ailles chez elle. J'en ai marre. Elle a décidé de partir, elle n'est plus ta femme. Mais pourquoi tu ne la laisse pas tranquille.
-...
- je te préviens Omar, si tu insiste dans cette logique de me quitter, tu ne reverras plus jamais ta fille. Plus jamais. Et tu sais que je suis sérieuse.
Elle sortit de la chambre un moment avant de revenir, toujours aussi furieuse
- je t'ai déjà dit que je ne suis pas le genre de femme qu'on quitte. Non. Après tout ce que j'ai fait pour ta famille de merde...tu veux me quitter. Non Omar, tu rêves. Tu resteras avec moi.
Omar gardait toujours le silence. Il commençait à s'habituer à ce genre de scènes avec Filly. En peu de temps, la douce et gentille Filly avait fait place à une femme tellement différente. Et le pire c'est qu'il se demandait ce qu'il faisait encore avec elle. Il se disait que c'était pour sa fille, mais parfois, elle l'amenait chez ses parents des jours pour l'empêcher de la voir. Il n'en pouvait plus.
Il se leva finalement pour aller prendre une douche, pensant encore à Assy. Depuis 6 mois, il avait cette boule à la gorge, ce mal au cœur permanent quand il pensait à elle. Il l'aimait tellement et se demandait pourquoi il avait assisté impuissant face à son départ. Et pourquoi jusqu'à présent, il ne faisait encore rien de concret pour la récupérer. Il entra dans les toilettes et en ressortit quelques minutes plus tard car il avait cru entendre sonner son téléphone. Il allait retourner quand il entendit Filly parler avec quelqu'un au téléphone dans la chambre d'Awa, juste à côté. Elle semblait énervée.
- mais j'ai tout fait maman. Et c'est toujours pareil. Il continue à me dire qu'il veut partir, divorcer. La poudre là que je devais mélanger à ses repas, ne l'apaise que durant quelques jours. Après il continue à me dire qu'il va partir.
Omar se sentit mal un moment, mais ne fit aucun geste pouvant lui faire douter de sa présence. Elle resta silencieuse un moment, semblant écouter son correspondant.
- dis lui que je lui donnerais tout ce qu'il demandera maman. Il a réussi à la faire partir, mais lui s'accroche toujours. Je veux qu'il ne pense plus à elle. Qu'il fasse qu'Omar la déteste au point de ne plus vouloir la regarder, ni même penser à elle et à son enfant. Tu comprends ?
C'était trop. Il laissa tomber son téléphone, et Filly se retourna. Ils se regardèrent un moment.
-chéri... tu es là depuis quand ?
-...
Il la regardait fixement avec cette impression qu'elle avait tout ce temps porter un masque et que ce masque était en train de se briser. Il secoua la tête.
- qu'est ce que tu as fait Filly ?
- rien...cria t-elle, sur la défensive. Je n'ai rien fait à part protéger mon ménage. Je t'aime Omar et je ne veux pas te perdre. J'ai déjà perdu un mari et je ne peux plus supporter une deuxième fois ce sentiment. Je vais devenir folle. Dit-elle avant d'éclater en sanglot.
Encore une fois, elle jouait sur sa fibre sentimentale. Il ne supportait pas de la voir pleurer. Mais aujourd'hui, ce qu'il venait d'entendre le dépassait complètement.
- tu as osé aller voir un marabout pour...Mon Dieu...
Comme s'il venait de recevoir une bonne gifle, il s'habilla rapidement tandis que Filly lui jouait encore une fois un numéro avec pleins de larmes, de reproches, de menaces. Mais il n'écoutait plus. Il sortit précipitamment et alluma la voiture sans trop savoir ou se rendre. Assy. Il hésita. Il avait l'impression qu'elle ne le supportait pas. Et à présent, il commençait à douter de la vraie raison de ce changement.

Sans savoir comment, il se retrouva devant la porte de la mère d'Assy. Mère Saly. Il faisait un peu tard, mais il devait lui parler. Il ne voyait personne d'autre susceptible de l'aider. Il savait qu'elle lui en voulait après tout ce qui s'était passé, mais avait toujours été courtoise avec lui. Malgré tout.
Même si elle fut surprise de le voir, elle le fit entrer et ensemble, dans le silence de la nuit, de temps en temps troublé par des miaulements et autres aboiements, il se confia. Comme jamais il ne l'avait fait sur sa relation avec Assy. Il expliqua à Mère Saly l'amour qu'il portait à sa fille, le pourquoi de son mariage, les changements qu'il avait observé chez Assy, allant d'un rejet à un dégout qu'il ne comprenait pas. Oui, il confia à sa belle mère qu'Assy en était arrivé au point ou elle ne supportait plus qu'il la touche ou encore ne voulait même pas le voir. Mère Saly l'écoutait sans l'interrompre et hochait lentement la tête, l'air grave surtout quand il se mit à expliquer la conversation de Filly qu'il avait surprise
- Maman Saly, c'est comme si j'étais dans un mauvais rêve et que je luttais sur plusieurs fronts. Ma famille ne me lâche pas, et maintenant, j'apprends que Filly aussi s'y est mise.
Il y eut un petit silence, ou il espérait que sa belle mère allait parler.
- tout ce que je veux c'est récupérer ma femme. J'aime Assy et ça tous ceux qui s'y sont mis pour nous séparer ne sont pas arrivé à changer cela. Je l'aime. Aujourd'hui encore plus qu'hier. Je veux la reprendre Maman Saly.
-...
- Je sais qu'en temps normal j'aurais du me tourner vers ma mère ou mes proches parents. Mais je n'ose pas. Je ne leur fait pas confiance. Vous voulez son bien, notre bien. Je le sais. Et je suis sure qu'aucune autre personne ne peut l'aimer comme moi. Aidez-moi
Mère Saly soupira.
- Mon fils...je t'ai entendu. Je voudrais que demain, on aille ensemble voir un homme qui je pense pourra t'aider.
Omar hocha la tête, simplement, avant de remercier sa belle mère et de prendre congé, préférant aller passer la nuit dans son ancien appartement, là ou il avait vécu avec Assy, là ou il sentait tout le temps sa présence et ou il aimait se retrouver seul pour penser encore et encore à elle.

Le lendemain, avec Mère Saly, ils se rendirent dans un petit village à quelques kilomètres de Dakar. Après des heures de patience, ils purent enfin accéder à la chambre d'où vieux marabout, d'où ils ressortirent complètement dépassé par l'ampleur des révélations qu'ils venaient de leur faire. Il avait dit précisément des noms, les actions qu'elles avaient faites. A un moment, Mère Saly voulut sortir, mais Omar la retint, lui disant qu'il ne voulait rien lui cacher. Sa mère, sa sœur Awa...et Filly. Toutes s'y étaient mises pour le séparer d'Assy. Il ne savait pas s'il devait croire tout ce que le vieux venait de lui dire tellement c'était...gros. Si tout cela était vrai ça voulait dire que...sa propre famille était constituée de...monstres. La fasse couche d'Assy, leur séparation...il avait du mal à y croire. Il leur avait assuré que de toute façon, tout finirait par se savoir. Ils partirent de là avec des bouteilles contenant un liquide avec lequel il devait prendre une douche pendant 3 jours et Assy devait faire pareil. Pour Assy, Mère Saly avait promis à Omar qu'elle le ferait. Elle saurait quoi lui dire pour la convaincre de le faire.

Assy regarda sa mère, perplexe.
- maman, si c'est pour ma relation avec Omar, je ne prends rien. Laisse tomber. C'est bien facile d'aller quelque part pour s'entendre dire qu'il ne faisait pas exprès de...
- Assy tais-toi. Je suis ta mère et je ne te ferais rien de mal. Ce n'est pas pour Omar. C'est pour ton travail et ton fils. C'est juste une protection. Prend et vas tout de suite prendre un bain. Je t'attends. Tu as l'habitude de jeter tout ce que je te donne. Mais aujourd'hui, je ne quitte pas cette maison tant que tu n'aura pas fait ton bain. Lève-toi.
En désespoir de cause, Assy se leva et se rendit dans sa chambre pour se laver avec le liquide qu'avait ramené sa mère. Surtout pour lui faire plaisir.
- c'est bien...dit sa mère en la voyant sortir de la chambre. Je reviendrais demain pour le deuxième jour.
- je le ferais maman, protesta t-elle
- si ton oncle n'était pas de tour chez moi, je serais resté passer la nuit ici pour m'assurer que demain tu le feras, mais demain je viendrais.
- Mamannnn
- dis-moi tu continue toujours à fréquenter Awa, ta belle sœur ?
Cette fois Assy n'y comprit rien du tout
- Non, elle m'a mise à l'écart. Maintenant c'est Filly qui cartonne et c'est tant mieux.
Elle savait que de toute façon, elle viendrait le lendemain. Elle l'accompagna à la porte et en ouvrant, elle trouva Chérif qui s'apprêtait à sonner à sa porte. Elle paniqua et le regarda l'air de lui demander ce qu'il faisait ici. Elle n'eut pas le temps de faire les présentations car sa mère lui lançait un regard plein de reproches avant de partir sans prendre la peine de saluer Chérif.
- c'est ta mère ? demanda t-il plus tard
- oui...
- je vois d'où tu tiens ta beauté....
Il la regarda, avec encore ce regard...énigmatique.
- tu me disais que tu avais quelque chose d'important à me dire Chérif.
- Oui, ça va te paraitre fou, mais j'y ai réfléchi et...Assy, je veux t'épouser. J'ai connu d'autres femmes et aucune d'entre elle ne m'a donné le gout du mariage. Sauf toi. Je ne suis pas là pour m'amuser avec toi et heu....je veux faire ma vie avec toi. Je...t'aime Assy. Comme je n'ai jamais aimé une personne.
Assy le regarda, surprise, ne comprenant pas la moitié de ce qu'il venait de débiter d'une traite. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit.
- je ne te demande pas de me répondre maintenant. Mais réfléchis à tout ça. je te demanderais juste de faire tout pour que ton mari te libère car...
Il s'approcha d'elle et Assy du lever la tête pour le regarder tellement il était proche
- là j'ai juste envie de t'embrasser et...je ne crois pas que ça soit permis...
Assy recula lentement et baissa la tête
- Chérif...
- je t'ai dit que je ne voulais pas de réponse maintenant. J'attendrais le temps qu'il faudra
- attend. Ecoute, tu n'a jamais été marié, tu es jeune, tu ne penses pas que tu devrais aller chercher une jeune fille innocente et...je t'ai dit et redit que je ne suis pas prête à m'engager. S'il te plait, Si tu veux vraiment qu'on continue à entretenir de bonnes relations, je te demanderais de ne plus me parler de cela.
- Jusqu'à ce que tu sois prête...continua t-il sans se décourager
Assy soupira et secoua la tête
- je sais, je suis complètement borné, mais, tu ne peux pas imaginer à quel point tu me troubles. Mais je te promets de ne plus en parler.

Omar ne se sentait pas bien. Depuis qu'il prenait les bains du vieux marabout, il avait l'impression qu'on lui avait posé le poids du monde sur les épaules. En plus, avec Filly c'était de plus en plus compliqué. Elle ne cessait de parler, de le menacer et lui n'avait même pas la force de répliquer. Il ne la supportait plus. il ne supportait plus ses crises de jalousie, ses menaces, ses pleurs. Non, il avait l'impression d'être vide. Et hier, elle l'avait vu en train de verser un liquide dans l'eau des bouteilles. Depuis, il n'avait pas bu malgré son insistance. Et ce matin, il a du forcer pour se rendre au travail, mais il tenait à peine. Il était en entretien avec un client quand tout à coup, tout est devenu noir.
Il s'est réveillé à l'hôpital, encore dans les vapes. A peine à t-il bougé que Filly est accouru appelant les infirmières. Il a fallu encore des minutes, que le médecin arrive pour qu'il comprenne que ça faisait deux jours qu'il était endormi.
- on vous a fait toutes sortes d'analyse, mais à part une légère hypoglycémie, tout a paru normal.
Omar se sentait encore fatigué et se contentait de hocher la tête
- je leur ai dit que tu travaillais beaucoup ces temps ci et mangeait peu, ajouta Filly qui semblait fatigué
- Oui, ça peut aussi être un surmenage physique. Enfin toujours est-il qu'on va vous garder en observation encore quelques jours et faire d'autres analyses pour voir ce qu'il en est exactement.
Dès que le médecin tourna le dos, Filly s'assit à ses côtés et lui prit la main.
- mon bébé, tu nous a fait peur. ta mère aussi est inquiète. Elle est venue tous les jours. Je l'ai d'ailleurs appelé pour lui dire que tu étais réveillé et...
- Assy...murmura t-il
Filly fronça les sourcils et continua à parler, ignorant celle qu'elle venait de lui demander. Omar finit par tourner la tête et lui demanda son téléphone. Mais Filly refusa de le lui donner et comme il était fatigué, il se força à dormir pour ne pas avoir à supporter son bavardage.
Le lendemain, il eut droit à un défilé de toute la famille. Sa mère était venue avec un grand renfort d'eau soit disante bénite qu'elle lui aspergeait sur le corps malgré ses protestations. Les paroles du marabout lui revinrent en mémoire et il s'énerva
- maman arrête de me mettre ca sur le corps tu as compris, dit-il sévèrement, provoquant la stupeur de Mère Oumy
- mais...c'est pour ton bien mon fils...on ne sait jamais.
- j'ai dit d'arrêter et je ne veux pas le répéter. Tu as compris ?
Il y eut un silence gêné et Filly vint à la rescousse de sa belle mère
- mais Omar, elle fait cela...
- je ne t'ai rien demandé Filly....laisse tomber...dit-il sèchement ;
Il en avait marre et voulait juste parler à Assy.

Assy hésita encore. Dès qu'elle avait appris la maladie d'Omar, elle s'était précipitée sans réfléchir à l'hôpital. Mais sur place non seulement il n'a pas pu le voir, mais elle s'est heurtée à Badiène Oumy et Filly qui lui ont fait comprendre qu'elle ne pouvait le voir. Elle a voulu les contourner en allant voir directement le médecin, et en se présentant comme sa femme, Filly s'y est encore opposé avec l'aide de Badiène Oumy, faisant comprendre au médecin qu'elle n'était rien pour lui. Finalement, le médecin a préféré ne pas s'immiscer dans des problèmes de famille et ainsi Assy a rebroussé chemin, sans le voir, la plongeant dans une inquiétude sans fin.
Heureusement que sa mère l'a par la suite appelé pour la rassurer et lui dire qu'il s'était réveillé et quand elle est allé lui rendre visite, il la réclamait.
Donc, aujourd'hui encore, elle hésitait. Rama qui était là depuis quelques jours, l'incitait à y aller car malgré tout ce qui a pu se passer entre Assy et Omar, elle demeurait convaincu que ce dernier aimait encore Assy.
- mais, je vais encore rencontrer Filly et ça va encore être des problèmes. Ma mère va y aller et elle me dira s'il va mieux.
- c'est encore ton mari. Elle n'a pas plus de droit que toi.
- Non Rama. Je suis partie. C'est elle sa femme. je ne vais pas me rabaisser à me quereller avec elle.

Mais Rama avait su être convaincante et voila Assy à la porte de la chambre d'Omar, hésitant à entrer. Elle frappa doucement et entra lentement. La pièce était vide à l'exception d'Omar qui s'était redressé en entendant toquer. Assy eut du mal à le reconnaitre. En une semaine, il a du perdre au moins 10 kg et sa barbe avait poussé. Et surtout cet air perdue qu'il avait.
- Assy...murmura t-il lentement en essayant de s'assoir.
Elle avait les larmes aux yeux et s'approcha lentement
- Mon Dieu, mais qu'est ce qui t'es arrivé ? demanda t-elle dans un souffle.
Il lui tendit la main qu'elle prit sans hésiter, s'approchant de lui et posant sa main sur son front, pensant le trouver fébrile. Omar l'attira à lui en passant sa main autour de sa taille et posa sa tête sur son ventre
- mon cœur...pourquoi tu n'es pas venue plus tôt ? demanda t-il
-je...j'étais venue...mais...heuu...Filly n'a pas voulu que je te voie.
Une larme coula, et tomba sur le bras d'Omar...il s'écarta lentement, releva la tête et la regarda tendrement
- je vais mieux. Ne pleure pas voyons...
Trop émue, elle se contenta de hocher la tête simplement en essayant de lui sourire
- Seydina demande chaque jour d'après toi. Tu...lui manque beaucoup
- Mon petit garçon...il me manque aussi toi aussi tu me manques...
- arrête, tu es malade et tu trouves le temps de me faire une déclaration...murmura t-elle en essayant de sourire.
- Assy, s'il te plait...ne me laisse pas avec elle. Elles veulent me...
Il ne put terminer car la porte s'ouvrit à ce moment sur Filly et Badième Oumy en grande discussion. En voyant Assy près d'Omar, l'expression de Filly changea et elle s'approcha d'Omar.
- bébé, j'avais pourtant demandé à ce qu'on ne te dérange pas...
Elle regarda brièvement Badiène Oumy avant de détourner les yeux. Sa badiène ne prit pas la peine de la saluer, mais elle le fit.
- Badiène...Diop.
- huumm...se contenta t-elle de dire, en détournant la tête.
Assy prit son sac et voulut s'éloigner, mais Omar la retint par la main
- Non, Assy ne part pas...
- je...heuu...
- s'il te plait. Reste avec moi, dit-il en la regardant fixement.
Filly intervint, nerveuse
- chéri, je t'ai apporté à manger. De la bonne soupe comme tu l'aime.
Omar ne se retourna même pas et continuait à regarder Assy, suppliant.
- Je vais revenir...une autre fois.
- je t'aime Assy...murmura t-il, la gênant encore plus.
Sans répondre, elle libéra lentement son bras et sortit sans un regard vers les deux femmes, qui, elle le sentait, lui lançaient des regards...haineux.

Assy n'eut pas le cœur de rester seule chez elle après sa visite à Omar. Elle avait le cœur lourd et était toute triste. Elle se rendit donc chez sa mère pour espérer décompresser un peu. Mais sa mère remarqua sa petite mine et lui fit la remarque
- Oh maman ? Omar est malade. En sortant, je suis allée parler au médecin qui m'a dit qu'on lui a fait toute sorte d'analyses et qu'ils ne savent pas exactement ce qu'il a.
Elle pleura encore, dépitée
- Assy...calme-toi et écoute-moi...
Sa mère se mit à lui raconter la visite d'Omar, leur rencontre avec le vieux sérère et la teneur de leur conversation. Les révélations que lui fit sa mère la laissèrent sans voix. Ahurie. Elle se mit à rigoler
- Non, maman, ce n'est pas possible. Ce vieux...ne sait pas ce qu'il raconte...c'est...incroyable...Awa...amener des choses à la maison...en complicité avec Filly...pour me séparer de mon mari...pour me faire avorter...NON...
- Assy...
- Arrête maman. Il ne faut pas croire à ces bêtises. Je me suis séparée d'Omar parce que je ne supportais pas de le savoir avec une autre. C'est tout. Awa..heuuu...
Elle se souvint qu'après son retour du Maroc et qu'elle soit partie lui présenter des excuses, Awa lui préparait souvent ses plats préférés et Assy ne cessait de la remercier pour ses gentillesses. Non...ça ne pouvait pas être possible. Elle se leva précipitamment.
- je rentre maman. Je...
Elle était perturbée, sonnée.
- Assy...attend...j'ai encore appelé le vieux. Il m'a dit qu'il faut...
- arrête maman. Il raconte sa vie. Vous êtes en train de trouver des justificatifs à Omar...je...rentre.
Sans attendre, elle se précipita à la porte et rentra. Elle passa la nuit les yeux grands ouverts, incapable de dormir, pensant et repensant à ce que sa mère venait de lui dire, refusant d'y croire. Refusant de croire que toutes ses actions étaient faites sous le coup...d'une force maléfique. Elle rigola. Non, son esprit cartésien ne pouvait croire cela. Qu'elle avait été poussé à quitter le domicile conjugal à cause d'un « deudeulé » (sort pour séparer), qui avait comme conséquence qu'elle ne supportait plus son mari. Non, elle ne voulait croire cela.

Le lendemain, elle avait sommeil et se traina difficilement au bureau. A peine arrivée, on lui annonça une visite et quelle ne fut sa surprise de voir...Amy. La sœur d'Omar.
- Amy ? Mais qu'est ce que tu fais là ?
Elle avait dépéri et semblait toute triste.
- je sais que tu vas être surprise de me voir, mais je devais te parler...commença t-elle
- de quoi ?
- de tout Assy. De tout. Ma famille...ma mère, ma sœur...Elles sont mauvaises. Je...
- Amy, je ne pense pas que je sois la personne indiquée pour ça.
- écoute-moi. Elles pensent qu'elles peuvent diriger la vie des autres. Ce qu'elles ont fait avec Omar, elles veulent le faire avec moi. Me séparer d'Elhadj. Mais je ne l'accepterais pas. Je sais qu'on n'est pas vraiment des amies, mais je te demande de ne pas laisser Omar. Avec Filly, elles sont allées partout pour trouver des marabouts pour vous séparer.
Les paroles de sa mère lui revinrent à l'esprit. Elle se mit à lui expliquer ce que sa mère lui avait dit. Mais avec des précisions et surtout beaucoup de rancœur.
- moi j'aime Elhadj. Mais elles ne veulent pas nous laisser en paix parce qu'il y a eut un problème au début. Mais je ne les laisserais pas faire. Toi, va reprendre ton mari. Ne le laisse pas entre leur main.
Elle se leva aussitôt et prit congé. Assy la rattrapa
- Attend Amy...et Elhadj ? Il est sorti de prison...
- Oui, la semaine passée. Ma mère n'a rien voulu lâcher et il est resté 6 mois en prison...Il a perdu son travail et...enfin...c'est compliquée Mais je me battrais, on y arrivera. J'ai quitté la maison et...
Elle éclata en sanglot. Assy eut mal pour elle et sans réfléchir prit son chéquier. Elle lui tendit le chèque signé
- tiens, prend ça Amy...dis à El hadj que...je suis vraiment désolée pour...
- Non, Assy, je ne peux pas prendre cela. On t'a fait...
- c'est du passé Amy. Prends et considère que c'est une dette quand tout ira bien tu me rembourseras.
Amy prit le chèque et enlaça Assy tendrement en pleurant....

Assy patientait dans les couloirs l'hôpital depuis bientôt deux heures de temps. Mais elle ne se pressait pas. Elle attendrait. Sa décision était prise Amy lui avait ouvert les yeux. Elle ne pouvait pas laisser tomber Omar comme cela. Elle était là à attendre que sa sorcière de femme et sa mère sortent de la chambre. Elles ne passaient pas la nuit avec lui et ça lui laissait le temps de faire ce qu'elle devait faire. Avec la complicité de Chérif. Il avait à contre cœur accepté de l'aider.
Au bout d'une bonne heure, elles sortirent enfin et Assy attendit quelques minutes pour entrer dans la chambre d'Omar. Il était surpris de la voir
- Assy....mais qu'est ce que tu fais là.
Elle s'approcha de lui. il semblait encore plus mal en point.
- écoute, je suis pressée. Dis-moi, tu peux te lever et marcher un peu.
- pourquoi ? demanda t-il intriguée
- je n'ai pas le temps de t'expliquer Omar...dis moi juste si...
- oui, oui...mais il faut que tu m'aides.
Elle appela Chérif, qui la mine renfrognée, l'aida à soutenir Omar pour le mettre dans la voiture. Le médecin de garde arriva à ce moment et s'opposa à sa sortie. Mais Omar resta ferme, en lui disant qu'il était en règle et disposait d'une imputation donc il était parfaitement libre de sortir. Mais, c'est après avoir appelé le médecin titulaire qui était son ami et lui avoir fait comprendre qu'il souhaitait sortir, qu'on le laissa quitter, non sans lui demander de revenir le lendemain pour une consultation et régler la papasserie. . Assy l'amena directement chez elle et il était tellement fatigué par ce petit voyage, qu'Assy eut un moment peur d'avoir pris trop de risque. Heureusement, il la rassura et Assy sortit de la chambre. Elle trouva Chérif dans le salon l'air grave.
- je te remercie Chérif....
Il soupira
- au moins, c'est clair maintenant. Mais tu aurais pu m'épargner cela Assy...c'est...
- je suis désolé. Mais... je n'avais personne pour m'aider et... après tout cela, on se posera Chérif...et on parlera. Je ne peux pas le laisser tomber. Mais ça ne signifie rien.
Il la regarda un moment avant de déposer un bisou sur sa joue et de partir. Assy était vraiment désolée, perdue, mais elle avait plus important à faire. Elle retourna auprès d'Omar et lui caressa lentement le visage
- maintenant tu fais du kidnapping...plaisant t-il
Elle hocha la tête
- j'ai parlé à ma mère. Elle m'a tout expliqué. On est allé ensemble voir le vieux. Il m'a donné des choses pour toi en me demandant de te sortir de l'hôpital. J'ai du mal à croire tout cela, mais je ne veux pas plus tard me sentir coupable de ce qui t'arrivera.
Il la regarda tendrement et lui prit la main.
- merci Assy...
Elle sourit et on sonna violemment à la porte à ce moment...elle se leva pour aller ouvrir. Elle se trouva en face d'une filly furieuse. Elle se demanda comment elle avait fait pour connaitre sa maison, mais n'eut pas le temps d'y réfléchir
- Ou est Omar ? demanda t-elle nerveuse
- dans ma chambre...répondit Assy calmement
Filly soupira, exaspérée
- mais c'est quoi ton problème. Mais aie un peu de vergogne et laisse le tranquille. Pour le moment pousse-toi, je le ramène avec moi...
Assy sourit
- il ne bougera pas d'ici...
- c'est ce qu'on va voir dit Filly qui fit mine d'entrer.
Assy recula d'un pas et croisa ses bras.
- fais encore un pas, tu es chez moi et tu verras ce que je te ferais.
- tu crois que j'ai peur de toi ???
- je dis...fais un autre pas et tu verras de quel bois je me chauffe.
-...


Assy ferma rageusement la porte derrière une Filly qui avait finalement décidé de rebrousser chemin
- qui criait dehors ? demanda Omar quand Assy entra à nouveau dans la chambre
- c'est ta femme. Elle venait te chercher...répondit t'elle légèrement en colère.
Filly n'était pas entrée mais ne s'était pas gênée pour l'insulter. Elle avait gardé son calme et n'avait pas répliqué avant de fermer la porte rageusement. Omar garda le silence un moment avant de lui tendre lentement la main. Elle hésita un moment avant de le prendre et de s'assoir à côté de lui.
- merci Assy...pour tout...murmura t-il
- je ne sais pas pourquoi je fais tout cela Omar. Je...j'espère juste que je n'aurais pas à le regretter Omar. Je...
- Assy...je suis désolé pour tout, je...
Il s'essoufflait et cherchait ses mots. Assy serra sa main et sourit
- ne dis rien. Docteur Assy ou marabout Assy...en tout cas, j'ai rencontré le vieux Ndiaye et il m'a donné des bains et autres talismans pour toi. Je...heu..je ne sais pas si tu accepteras de...
- Assy...ces nuits je ne ferme pas l'œil. Je fais des cauchemars...horribles. Aides-moi...
Assy se contenta d'acquiescer en silence avant de se lever et de prendre un sachet que lui avait remis le vieux marabout.

Assy savait que ça n'allait pas être facile et c'est la raison pour laquelle le lendemain, quand elle ouvrit à sa badiène, elle n'était même pas surprise. Mais autant elle avait réussit à tenir tête à Filly, autant, elle ne comptait pas se laisser faire par sa belle mère. Cette dernière, la bouscula brutalement pour entrer dans l'appartement en proférant les insultes les plus salaces qu'elle ait jamais entendues. Elle se mit à ouvrir les portes à la recherche d'Omar avant de trouver la bonne et d'entrer en criant le nom de son fils. Assy resta au salon, le cœur battant, dépassée par tout cela. Elle n'aimait pas été insultée, et depuis hier, elle en entendait pas mal et ça l'énervait au plus haut point. Elle entendit des éclats de vois dans la chambre et se rendit sur le balcon pour prendre l'air, décidée à ne pas intervenir. Au bout d'une demi-heure, elle se rendit dans la chambre et trouva sa belle mère tranquillement installée sur une chaise, le visage fermé et Omar, le visage tout aussi hermétique, l'air en rogne.
- Assy s'il te plait, je peux avoir un verre d'eau, demanda t-il après l'avoir regardé un long moment.
Elle ressortit et ramena le verre avant de ressortir s'installer au salon. Au moment ou Omar devait manger, elle prépara son déjeuner et les médicaments qu'il devait prendre avant d'entrer à nouveau dans la chambre et de demander gentiment à Omar de se redresser pour manger. Devant le regard méprisant de Badiène Oumy, elle donna à manger à Omar avant de lui remettre ses médicaments qu'il but tranquillement avant de la remercier chaleureusement, faisant sortir sa mère de ses gongs.
- c'est pour cette pute que tu veux te mettre à dos ta famille. Cette sorcière
- maman...cria Omar.
C'était plus qu'Assy ne pouvait en supporter sur le coup. Elle se planta devant elle, le regard dur avant de lui demander calmement
- Badiène, pardon. Mais ici c'est chez moi. Et chez la pute, c'est la pute qui décide, donc, fout le camp.
Elle le regarda et Assy crut qu'elle allait se sentir mal tellement elle était choquée
- QUOIIII ????
Assy se tourna lentement vers Omar.
- j'ai dit que ici c'est chez moi et je ne me laisse pas insulter chez moi. Donc sors, répéta t-elle en criant, furieuse.
- Omar, demande s'il te plait à ta mère de sortir de ma chambre et de chez moi.
- petite imbécile....commença t-elle, la voix tremblante par la colère
Assy vit Omar fermer les yeux comme s'il se sentait mal et comprit qu'il ne supportait pas cette tension. Mais elle n'avait pas le choix, elle devait être ferme. Elle sortit sans un mot et se rendit dans la cuisine. Elle revint avec un couteau et entra brusquement en la pointant vers la badiène
- DIOUGUAL...(lève-toi), cria t-elle, en se dirigeant fermement vers elle. Si tu penses que je vais hésiter à te tuer après tout ce que tu m'as fait tu rêves. Je vais te tuer comme tu as tuer mon père. Lève-toi tout de suite
Mère Oumy se leva brusquement avant de lever les mains au ciel et de pousser un cri strident
- Elle veut me tuer, elle veut me tuer...Omar tu as vu ? C'est celle là que tu veux défendre, c'est cette sorcière que tu veux protéger et c'est à cause d'elle que tu veux te mettre à dos toute ta famille ?
Elle criait et Omar s'était levé pour prendre le couteau qu'avait Assy. Mais sa mère continuait à crier à tue tête, l'accusant d'être une sorcière, elle et sa mère, d'avoir ensorcelé son fils et de vouloir le tuer
- ici c'est toi la meurtrière. C'est à cause de toi que mon père est mort et ça je ne te le pardonnerais jamais. Dans l'au delà tu rendras des comptes. Mais pour le moment sors de chez moi. Ici c'est moi qui paye, donc c'est chez moi. Omar ne bougera pas d'ici. Un point c'est tout.
La dernière phrase d'Assy eut le don de la mettre dans un second état et elles se mirent à crier toutes les deux, Assy ne voulant plus se laisser faire. Elle en avait marre de tout cela. Omar intervint et demanda calmement à sa mère de partir. Cette dernière joua une dernière scène pathétique avant de sortir de la chambre en rouspétant. Assy la raccompagna et frappa la porte dès qu'elle franchit le seuil de l'appartement. Elle rentra épuisée et le cœur gros. Elle tomba sur Omar qui se tenait difficilement sur le pas de la porte de la chambre. Elle courut l'aider à se remettre au lit et ils discutèrent doucement. Omar lui assura qu'elle avait son soutien et lui demanda gentiment de ne plus répondre aux provocations surtout celle venant de Filly ou d'Awa. Assy lui fit la promesse, les larmes aux yeux, tout en lui répétant qu'elle se demandait vraiment si tout cela en valait la peine. Mais il lui répéta sans cesse qu'il l'aimait et que plus jamais il ne laisserait une personne se mettre entre eux.

Le soir, après avoir confié Omar aux soins d'un infirmier qu'elle avait pris pour les traitements médicaux à domicile, elle se rendit chez sa mère pour voir Seydina. Elle avait voulu le tenir éloigné de toute cette agitation, le pauvre. Il n'avait pas comprit tout ce qui se passait entre ses parents. La séparation avec son père avait été plus traumatisante pour lui qu'elle ne voulait l'admettre et elle avait remarqué qu'il se renfermait sur lui et ne s'épanouissait que quand il était chez sa grand-mère. Oui, cette situation n'était pas compréhensible pour un enfant et elle s'en voulait parfois de lui imposer cela. Quand elle arriva, elle le trouva en pleur dans les bras de Ndeya et compris rapidement pourquoi. Son oncle était en train de crier fort et se disputait avec sa mère à propos d'elle et d'Omar, lui reprochant d'avoir été trop laxiste dans l'éducation d'Assy et de l'avoir toujours laissé n'en faire qu'à sa tête.
- ça se voit qu'il n'y a jamais eu la main d'un homme dans son éducation. Et c'est la raison pour laquelle elle est comme elle est...indisciplinée et...
Mère Saly l'interrompit
- khana taye ??? Vous devriez avoir honte de me reprocher quoi que ça soit dans l'éducation d'Assy. Personne n'était là. J'étais seule avec mes enfants. Mais lou sotti rek ame borome. Quand elle venait te donner de l'argent tous les mois, elle était bonne et on priait pour elle...
- tais-toi...telle mère telle...
C'était plus qu'Assy ne pouvait en entendre, elle entra brusquement dans le salon et salua respectueusement son oncle comme si de rien n'était. Son oncle se tourna vers elle et comme Assy le voulait, déversa sa bile sur elle, demandant subtilement à sa mère d'un geste de ne pas répliquer. Elle écouta silencieusement les remontrances de son oncle, bien décidée à ne pas répondre. Elle encaissa en silence et quand son oncle se calma enfin, elle lui demanda juste de l'écouter. Mais il n'était pas disposé à le faire et toujours en colère, il quitta la maison. Assy regarda sa mère, le cœur lourd
- pardonne-moi maman...réussit-elle à articuler. Tout ceci c'est de ma faute. Tout...je...
Elle ne put continuer, détourna les yeux du visage crispée de sa mère.
- Assy, ne dis pas cela. Fais juste ce que tu as à faire. J'ai fais plus pour ton père, donc je ne peux pas t'empêcher de te battre pour ton mari. Tu en entendras encore des vertes et des pas mures, mais reste forte. C'est Oumy qui est allé se plaindre et...
- je savais qu'elle le ferait...murmura Assy...
Heureusement que sa mère changea de sujet et lui demanda des nouvelles d'Omar. Elles discutèrent légèrement en Assy en profita pour jouer un peu avec son fils.

Le lendemain, elle reçut la visite de Chérif qui vint les bras chargés de pâtisseries et de fruits. Cette visite la gêna car elle avait espéré qu'il avait quand même comprit le message. Elle essaya encore de lui faire comprendre qu'elle ne pouvait vraiment pas s'engager avec lui et que son insistance ne faisait que la gêner. Ils étaient installés au salon et ce dernier la fixait avec un petit sourire en lui disant qu'il la trouvait encore plus belle
- Chérif...actuellement c'est un peu compliqué pour moi et ...heu...comment te dire, je ne pense pas qu'en insistant comme tu le fais, ça changera quelque chose.
Il s'approcha lentement et murmura sur le ton de la confidence
- j'attendrais tout le temps qu'il faudra Assy. tu ne comprends donc pas...je suis raide dingue de toi. Je me couche en pensant à toi, je mange en pensant à toi...je...t'aime...
Assy détourna les yeux de son beau visage et sourit gênée
- mais je suis mariée Chérif, et...mon mari
- Non, tu es en instance de divorce. Ton soit disant mari doit juste t'accorder le divorce pour qu'on puisse être ensemble. J'accepte tout ce que tu fais pour lui car je sais que c'est ton cousin et le père de ton enfant, mais...Assy, c'est toi-même qui m'a dit que tu ne retournera jamais avec lui et que c'est fini. N'est ce pas ?
Il la regarda avec un petit air inquiet et elle secoua lentement la tête
- Chérif s'il te plait. J'essaie de t'expliquer que pour le moment, je n'ai pas la tête à cela. je doit m'occuper de lui, faire tout pour qu'il aille bien. Je t'en supplie, pour le moment arrête de venir, laisse-moi du temps et après on en reparlera. Tant que je serais sa femme religieusement, ça serait malsain de...promettre certaines choses.
- Assy...murmura t-il en lui prenant les mains.
Elle les retira lentement et vit qu'il avait les larmes aux yeux.
- Non Chérif, je t'en supplie. Comprend-moi. Je....
Il y eut un long silence et finalement et il se leva et Assy en fit de même. Elle le raccompagna à la porte et sans un mot la serra un long moment avant de partir, la laissant perturbée et triste. - tu avais de le visite ?
Elle se retourna brusquement et regarda Omar qui s'appuyait difficilement sur le mur pour tenir. Elle courut pour l'aider
- mais pourquoi tu t'es levé ?
- je voulais me promener un peu j'en ai un peu marre de rester coucher à longueur de journée et comme je me sens un peu mieux...
Elle l'aida à s'assoir sur le canapé.
- tu avais de la visite ? répéta t-il encore en la regardant fixement
- Oui...se contenta t-elle de dire sans entrer dans les détails.
- et...insista t-il
Elle sourit
- et quoi ?
- Assy, ce jeune homme...il...
Elle ne le laissa pas finir
- Omar, arrête ça. Pour le moment c'est ta santé qui prime sur tout cela. Chérif est juste un ami. Rien de plus.
Il garda le silence un moment avant de changer de sujet et de réclamer son fils qui lui manquait tellement.

Les jours suivants, les traitements médicaux et traditionnels aidants, il se sentit beaucoup mieux, étonnant même son médecin. Même si l'ambiance n'était pas très propice, Assy fit montre d'une grande souplesse suite à la demande d'Omar et de sa mère. Elle laissa donc entrer tous les membres de la famille qui désiraient voir Omar. Ses tantes, ses cousines, ses oncles et certains étaient là juste par curiosité ou pour la provoquer en lançant des piques acerbes, mais elle gardait toujours son calme, pas du tout disposé à exploser.
Awa aussi se pointa, accompagnée de Filly, qui se montra particulièrement odieuse avec elle. Mais Assy armé de son plus beau sourire la nargait silencieusement, la rendant encore plus nerveuse. Heureusement qu'elles trouvèrent Omar assis au salon et ce dernier se montra agacé par leur visite. Ceci eut le don d'énerver encore plus Filly qui finit par craquer et lui fit une scène dramatique digne d'un grand film hollywoodiens, allant jusqu'à le menacer de le trainer en justice et insultant copieusement Assy qui continuait malgré tout à lui sourire ironiquement. Mais finalement agacée pour tout ce tintamarre, Assy profita sortir un peu pour se rendre sa voisine et à son retour, Omar était seul dans la chambre. Il voulut aborder la visite de Filly, mais d'un geste, elle lui fit comprendre que ça n'en valait pas la peine. De toute façon, elle savait que son geste aurait des conséquences et elle devait supporter tout cela. Heureusement que les jours suivants, elle ne se pointa plus, au plus grand bonheur d'Assy.

Au bout d'une quinzaine de jours de traitements, Omar allait beaucoup mieux au plus grand plaisir d'Assy. Leur complicité aussi se portait beaucoup comme un charme et était revenu agrémenter leur relation. Ils ne cessaient de se taquiner, Assy ne se gênant pas pour lui rappeler la phase où il lui dictait son testament, persuadé qu'il allait mourir. Ils en rigolaient aux larmes.
Un mois après sa venue, il comptait reprendre le travail car se sentant beaucoup mieux et en pleine forme. Ce mois fut particulièrement difficile pour Assy et elle n'avait pas crue pouvoir s'en sortir. La famille d'Omar ainsi que sa femme lui en ont fait voir de toute les couleurs et parfois, elle se demandait ou est ce qu'elle trouvait la force de tenir quand même.
- je suis contente que tu ailles beaucoup mieux Omar. Heureusement que c'est des choses qu'on raconte en rigolant parce que c'était quand même sérieux
Omar retrouva son calme et la regarda un long moment.
- qu'est ce que je deviendrais sans toi dans ma vie Assy ? demanda t-il lentement en lui tendant la main.
Omar était couché sur le lit et Assy assise sur une chaise en face. Elle prit la main et il la tira à lui
- hééé doucement protesta t-elle
- bane doucement...viens ici, murmura t-il en rigolant
Ils se regardèrent un bon moment et Assy sentit son cœur s'accélérer sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi. Elle détourna les yeux en souriant. Il était là pendant tout ce temps, mais il n'y a jamais eu de moment d'intimité. Même quand elle l'aidait à se prendre sa douche, elle était juste inquiète et ne pensait pas à plus. Mais là. Tout d'un coup, elle sentit une petite tension entre eux. Sensuelle. Electrique.
- arrête de me regarder comme cela voyons...dit-elle la voix légèrement tremblante.
- je n'ai pas le droit de regarder ma femme maintenant, répondit Omar avec sa voix rauque
- je ne suis plus ta femme Omar. Je...
- arrête Assy, tu ne vas pas recommencer quand même.
- je ne sais pas comment tu va prendre cela, mais comme tu te sens beaucoup mieux, je voudrais que...enfin...je ne te chasse pas, mais je voudrais que tu rentres chez toi. Mon fils me manque et la séparation que je lui ai imposée pour le protéger de toute cette agitation commence à me peser.
- mais ramène-le voyons Assy. Moi aussi il me manque terriblement.
- j'aimerais bien, mais je n'aimerais pas qu'il entende sa mère se faire insulter tous les jours. Et entre ta mère, ta femme, ta sœur...c'est un peu difficile pour moi, dit-elle la voix tremblante, émue.
Omar la regarda tendrement avant le lui caresser délicatement la joue
- Assy...ma Assy. Je suis tellement désolé si tu savais. Mais tout va s'arranger. Je te le promets. Elles ne t'embêteront plus
- pour cela, il faut que tu rentres. S'il te plait.
Elle le regarda, pas très convaincu avec un petit sourire de dépit. Malgré elle, elle ne put s'empêcher de sentir son cœur s'emplir de tendresse et d'amour pour cet homme qui pourtant l'avait tant fait souffrir. Elle avait tellement supporté, tellement encaissé pour lui. Et aujourd'hui, malgré tout, elle était capable de ressentir cet amour pour lui, de le regarder en ayant envie, besoin de le toucher, de l'embrasser.
- écoute, réussit-elle par articuler, refoulant tous ses sentiments. J'ai fait tout cela parce que je devais le faire Omar. Pas pour qu'on se remette ensemble. Entre nous...c'est trop compliqué. Ta famille va me tuer si je reste avec toi, ta femme aussi...elles sont prêtes à tout. Je ne suis pas très sûre de pouvoir supporter tout cela Omar. Donc rentre chez toi et...
Omar ne disait rien, se contentant de la regarder avec un petit sourire en coin, troublant Assy.
- en plus, je n'ai pas changé de position Omar. Je ne supporte pas la polygamie, je ne supporte pas de te savoir avec une autre femme. Je...
- tais-toi Assy....murmura t-il
-quoi ? demanda Assy étonnée
- Je te demande de te taire dit-il en approchant son visage et de poser lentement ses lèvres sur les siennes.
Assy hésita un moment avant d'entrouvrir ses lèvres et de se laisser embrasser. Omar la serra plus fort contre lui en soupirant d'aise et accentua son baiser en introduisant sa langue procurant à Assy un gémissement sourd. Qu'est ce qu'il lui avait manqué. Terriblement manqué. Elle sentit son corps réagir, ses sens se réveiller et elle se laissa aller contre lui.
Mais au bout d'un moment elle se ressaisit
- Omar...arrête. Tu es malade... on ne devrait pas, réussit-elle à murmurer en détachant lentement ses lèvres.
Sans l'écouter, Omar entreprit de déboutonner son chemisier.
- je vais beaucoup mieux Assy...je vais te le montrer tout de suite
Assy se leva brusquement en ajustant ses habits, dans un effort surhumain
- Assy noonnn....protesta Omar.
- non, on ne doit pas faire cela. Omar écoute-moi. Je suis sérieuse.
- Assy. C'est toi que j'aime. C'est avec toi que je veux faire ma vie. Avec ou sans l'aval de mes parents. Filly maintenant, avec beaucoup de recul, je me demande vraiment comment j'ai pu vivre autant de temps avec elle. Je n'ai jamais cru en ces...choses mystiques, mais là...j'avais l'impression que je ne contrôlais plus mes réactions. Je...
- et moi, je te détestais Omar. Je ne te supportais plus, je ne supportais plus tes baisers...rien Omar soupira et secoua la tête.
- C'est du passé. Elles n'y sont pas arrivées. Et je te promet de régler cela...pour nous.
- Omar, je ne te demande pas de te séparer d'elle à cause de moi.
- Non, ce n'est pas à cause de toi. C'est pour moi. Je ne peux pas rester avec elle après avoir découvert tout ce qu'elle a fait. Non, Assy. Ma mère, je ne peux pas me séparer d'elle car c'est ma mère, mais Filly...je t'en prie, laisse-moi prendre ma décision.
Il y eut un silence ou Omar se leva et se dirigeait vers Assy avec un regard rempli de désir. Assy reculait lentement.
- Omar s'il te plait...
- dis-moi que tu m'aimes Assy...demanda t-il en s'approchant encore, acculant Assy contre le mur
- parfois ça ne suffit pas Omar. Tu devrais le savoir. Ceux là qui ont réussi à nous séparer, ne sont pas prêts à lâcher l'affaire. Ils continueront Omar encore et encore. Et moi je ne sais pas si je pourrais supporter tout cela.
- Assy... dis-moi que tu m'aimes, répéta t-il
- Omar...murmura t-elle
Avant qu'elle ne puisse ajouter un mot, il se remit à l'embrasser et elle se retrouva à l'enlacer en se mettant sur la pointe des pieds. Omar profita de ce moment d'abandon pour glisser ses mains sous le chemisier et caresser lentement ses seins dont les pointes s'étaient dressées contre ses doigts, la faisant gémir. Haletante, elle réussit à articuler
- je t'aime Omar...tu le sais...souffla t'elle.
Il la regarda tendrement avant de se baisser pour déposer un bref baiser sur ses lèvres
- tu sais que je n'aime que toi
- moi aussi je t'aime Assy...
Il y eut un petit silence complice
- nous deux...on essaye encore...murmura t-il doucement en la regardant dans les yeux.
Assy sentit les larmes pointer. Elle ne devait pas. Mais qu'est ce qu'elle l'aimait
- je ne sais pas Omar...Je ne sais pas.
- dis-moi oui...
Cette fois, c'est Assy qui glissa lentement ses mains sous son teeshirt pour le toucher, avant de se hisser sur la pointe des pieds et de commencer à l'embrasser. Son corps était en manque de lui. Depuis qu'il s'était marié avec Filly, il n'avait pas vraiment eut de moment de câlins comme avant car elle était bloquée et ne prenait plus plaisir à l'acte. Et elle voulait voir si vraiment tout redeviendrait comme avant. Omar gémit et commença à enlever frénétiquement ses habits en l'embrassant dans le cou, descendant plus bas, sur la naissance de ses seins, faisant pousser à Assy des gémissements sourds. Ne tenant plus, il l'entraina sur le lit et enleva les derniers sous vêtements qu'elle avait avant de la regarder fiévreusement.
- Viens Omar...murmura Assy impatiente, l'attirant à elle.
Mais Omar ne semblait pas pressé. Il lui sourit et continua à la regarder avec un petit sourire.
- tu es aussi belle que le premier jour ou je t'ai rencontré...
Assy sourit et ils se regardèrent
- tu mens...dit-elle doucement en rigolant. Tu veux juste profiter de moi.
Omar aussi rigola
- c'est vrai, je veux profiter de toi...J'ai tellement envie de toi.
Il l'attira violemment à lui en entreprit de l'embrasser partout, s'attardant sur ses seins tendus, son ventre, son intimité, arrachant à Assy des petits cris.
Elle en poussa un long quand enfin, il la prit doucement, incapable de se retenir plus longtemps. Il s'arrêta et la regarda, haletant.
- ca va ? Murmura t-il le souffle court
Elle ouvrit les yeux et lui sourit, comblée.
- ohh oui...

Omar était finalement rentré chez lui quelques jours plus tard. Assy avait réussit à le convaincre qu'il le fallait pour remettre de l'ordre dans sa vie. Il ne lui avait pas dit tout ce qu'il comptait faire, mais sa décision était prise. Il avait donc repris son travail et les premiers jours avait trouvé tellement de dossiers en instance qu'il se trouva vite débordé. Le lendemain de son retour chez lui, il demanda à Filly de passer car ils devaient parler. Et ce fut une discussion orageuse qui se termina en queue de poisson, Filly se montrant particulièrement odieuse avec lui
- si tu penses que tu peux te séparer de moi comme cela tu te trompe Omar je ne bougerais pas d'un iota. C'est ta putain qui est derrière tout cela. Mais, dis lui que je suis une léboue. Je ne me laisse pas faire comme cela.
- arrête Filly. Tu en as assez fait. Je suis au courant de tout. toi, ma mère, ma sœur, vous êtes allé jusqu'à aller voir un marabout pour me séparer de ma femme.
- guissago dara....(tu n'as encore rien vu). Elle joue à la sorcière, elle nous trouvera sur son chemin. Ta mère ne veut que ton bien et elle sait que cette femme ne peut t'apporter que des malheurs.
Sans attendre, Omar se leva, ne voulant pas rester une seule minute de plus. Mais Filly courut derrière lui et le retint par le bras, changeant de stratégie.
- mon chéri écoute-moi. Tu te trompes. Quand on est allé voir le marabout, il nous a dit que cette Assy était en train de vouloir te détourner de ta famille et que si on voulait ton bien, il fallait l'éloigner. On a fait tout cela pour toi, pleurnicha t-elle
- et puis, je te jure que tu ne reverras plus jamais ta fille si tu me quittes. Non, plus jamais.
- on verra bien Filly...
Omar ne rajouta pas un mot et partit. Il se rendit chez ses parents et là aussi, il vécut un moment...terrible. Il avait pris la décision de discuter avec son père, qui durant tout son séjour chez Assy n'avait pas daigné l'appeler encore moins venir le voir.
- papa, je voulais discuter avec toi car je n'ai pas compris pourquoi durant toute la maladie, tu n'as jamais pris de mes nouvelles
Son père soupira et enleva tranquillement ses lunettes
- je ne suis pas venu car je trouve que tu es quelqu'un de léger et d'irresponsable.
Omar, choqué, préféra garder le silence et continua à l'écouter
- accepter qu'une femme sans aucune vergogne te prenne et t'amène chez elle pour soit disant te soigner traditionnellement, alors que ta mère et ta propre famille est là je trouve que c'est un manque de respect et de l'irresponsabilité. Et moi je n'ai pas enfanté un enfant comme cela.
Omar hocha la tête, le cœur lourd
- ah c'est donc pour cela. Tu ne t'es pas demandé pourquoi j'ai fait cela ? Tu penses que c'est de gaité de cœur que je l'ai fait. Non, j'ai découvert que Filly en complicité avec ma mère, étaient allé voir des marabouts pour me séparer de ma femme. Et elles étaient prêtes à tout. Je suis tombé malade à cause de toutes les cochonneries qu'elles m'ont données
- elles ont raison. Assy est une mauvaise fille.
Omar se redressa brusquement. Choqué.
- ha...je vois...vous vous êtes tous donné le mot finalement...
- Non, c'est toi qui dès les premières années de ton mariage est venu te plaindre en disant qu'Assy était une fille de mœurs légères car tu ne l'as pas trouvé...
- je ne me suis jamais plaint, cria t-il. Je l'ai juste avoué à ma mère et ca ne regarde personne
- ne me crie pas dessus, s'écria à son tour son père en se levant. Tu l'as dit. Et quand elle t'a amené un batard, tu es encore tombé dans le panneau...
Cette fois Omar se leva et toisa son père, les poings serrés, prêt à exploser.
- c'est mon fils...
- ça tu n'en sais rien...
Omar souffla lentement pour garder son calme
- Papa, je ne te permets pas. Je suis responsable et c'est par respect que je suis venu te parler de ma décision de me séparer de Filly. A partir de maintenant, ce que je fais de ma vie ne concerne que moi.
Sa mère, qui était caché dans la pièce, choisit se moment pour sortir et commencer à lui crier dessus en le traitant de fils indigne. Omar ne supportant plus tout cela, profita de cette cacophonie pour sortir de la maison, le cœur brisé et rentra chez lui. A peine arrivé, il reçut un appel de son oncle qui lui demandait de passer chez lui le lendemain pour une discussion avec toute la famille. Il se doutait bien que sa mère était passée par là, et appréhenda la suite des choses.
Le lendemain, il se rendit chez son oncle, la boule au ventre. Effectivement, il trouva tous les membres de la famille et sur que la situation était grave.

Assy était en train de discuter tranquillement avec Coumba au téléphone quand elle entendit sonner nerveusement à la porte. Elle fut étonnée de voir le visage complètement décomposé d'Omar et paniqua sur le champ, pensant qu'il était à nouveau malade.
- Mon Dieu...Omar tu as fait une rechute ? demanda t-il en le laissant entrer.
- Non...je vais bien.
Il entra et s'affala sur la canapé en se prenant la tête
- qu'est ce qui se passe Omar...parle-moi, répéta Assy inquiète
- Mon...père....
- quoi ? Il est arrivé quelque chose à ton père ? demanda Assy, inquiète
- Mon père ??? répéta t-il le regard vide
- Omar je t'en supplie...tu me fais peur.
- Ce n'est pas mon père....

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