J'ai pris l'habitude de me réveiller tôt le matin pour être prête lorsque le prince m'invite au petit-déjeuner.
   Un soir il m'invite dans le salon. Je toque à la porte personne ne répond. J'entre le salon est vide seul une servante y est entrain de faire le ménage.

- Le prince n'est-il pas là?

- Je suis désolé mademoiselle je ne crains que vous ne vous soyez trompé, les prétendantes du prince n'ont pas le droit de venir ici. Il doit vous attendre dans le grand salon.

- Oh. Pourriez-vous m'y conduire ?

Elle accepte, je la remercie. Pour une fois j'arrive la dernière. Je fais une révérence.

- Votre Altesse veuillez pardonner mon retard, je suis allée dans le mauvais salon.

- Oh bien sûr je n'avais pas pensé que vous ne connaissiais que le petit salon, tout est de ma faute, il sourit, asseyez-vous.

Je m'assied sur un fauteuil.

- L'une d'entre vous accepterais t-elle de jouer un peu de piano pour nous ?

- J'apprécierais fortement écouter Catherine, dit l'une des prétendantes, je crois que c'est Annelyse

Les autres renchérissent toutes. Je ne peux refuser. Le prince me regarde inquiet sachant que je ne sais pas en jouer. Je suis certaine que je vais me ridiculiser.
   Je m'installe face au piano. J'effleure doucement les touches. J'essaie de ne pas faire de fausses notes et de faire une simple mélodie. Ce n'est pas très réussi mais alors que je me dis que cela aurait pus être pire j'entend des ricanements je continue malgré tout. 
   Personne n'applaudit les prétendantes chuchotent entre elles en ricanant. Je retourne sur mon fauteuil silencieuse tout en gardant la tête haute.
   Le silence devient gênant. Une petite blonde le rompt en demandant au prince si il pourrait jouer, il refuse prétendant ne pas être doué. Je le regarde interloqué, il m'en a déjà joué et il est bien plus que doué.
   Juste après il nous demande de partir, je retourne donc d'en ma chambre. Quelques minutes plus tard quelqu'un entre.

- Votre Altesse quel plaisir de vous voir.

- Comment allez-vous ?

- Bien très bien.

- Pour une première fois vous vous en êtes très bien sorti au piano.

- Merci.

Il s'approche et me prend dans ses bras comme avant. Il me serre de plus en fort je ne peux m'empêcher de laisser échapper un cri de douleur. Il me lâche:

- Vous avez mal?

Je songe à la dizaine de bleus sur lequel il vient d'appuyer, je ne sais que répondre face à son attention. Il me retourne et se met à défaire mon corsage, je murmure :

- Ne faites pas cela.

Il ne m'écoute pas, il observe mon dos et passe doucement son doigt sur mes côtes noircies.

- Qui? Pourquoi ne pas m'avoir prévenu .

- Toutes mais je ne voulais pas que vous interveniez.

Il soupire et dépose un baiser dans mes cheveux en me souhaitant une belle nuit, me laissant seule.

~~~

   Le lendemain a lieu un grand bal, tout le peuple y est invité. Le prince accordera une danse à toutes ses prétendantes puis il choisira sa future reine.
   J'enfile une robe de princesse en soie orange avec plein de froufrous et de dentelles. Je me coiffe, me maquille et me rend dans la salle de bal.
   Les prétendantes arrivent les une après les autres ainsi que les autres invités, seuls des nobles ont répondu présent. Toutes la famille royale est présente assise sur leur trône. Le roi annonce le commencement du bal.
   Le prince descend de l'estrade royale pour demander une danse à Annelyse. Les danses s'enchaînent, tout le monde regarde, tout le monde applaudit. La dernière danse s'achève, de l'autre côté de la salle les prétendantes me regarde dédaigneusement étant donné que le prince ne m'a pas invité à danser. 
  Cependant pour moi cela est normal je ne suis pas l'une des prétendantes. Le prince s'exprime :

- Cette danse est réservée à ma future femme.

  Alors qu'il devrait aller vers les prétendantes il part dans la direction opposée, droit vers moi en me regardant droit dans les yeux.

- Accepterez vous cette danse? il s'incline face à moi en me tendant la main. Je suis estomaquée, la foule retient son souffle. Je ne sais pas ce que je désire, je ne peux m'empêcher de penser à Johnny mais je ne le verrai plus, et puis toutes les prétendantes étaient odieuses si je refuse l'une d'entre elles deviendra reine. Je pense aux pauvres gens dans les ruelles le pays sera au bord de la ruine si l'une d'entre elle est reine.
   Je pose une main hésitante sur celle du prince, la danse commence je ne peux plus faire demi-tour.
   J'essaie de ne pas marcher sur les pieds du prince quand à lui j'ai l'impression qu'il essaie de ne pas appuyer sur mes bleus. Les dernières notes fusent la danse se termine, la foule applaudit poliment. Le prince explique son choix:

- Une reine doit être douce, gentille et compatissante. Aucune des prétendantes que l'on m'a proposé ne l'était j'ai décidé d'être égoïste, d'épouser quelqu'un qui n'a pas de rang mais qui, je le sais, deviendras une merveilleuse reine.

   A ces mots le bal se termine, les invités s'en vont, je crois apercevoir un visage familier dans la foule. Les prétendantes partent elles aussi, certaines en colère, certaines tristes.

~~~

Je me réveille, les côtes encore endolorie, je somnole quand soudain je me souviens du bal et de la demande en mariage.
   Je me change, en sortant dans le couloir une servante m'indique que le prince m'attend dans la petite salle à manger. Je m'y rend, je ne toque pas à la porte, j'entre en trombe la colère réchauffant mes joues:

- Comment avez-vous pu me demander en mariage? C'est de la folie! lui crie-je dessus

- Moi aussi je vous aime, dit-il calmement

- Comment pouvez-vous être aussi calme? C'est une catastrophe une pauvre qui épouse le prince héritier, tous les nobles vont me détester!

- Calme toi s'il te plait. Viens t'assoir et mange un morceau ça ira mieux.

Je m'assied et grignote un gâteau mais je ne suis pas rassurée pour autant.

- Vous pouvez m'appeler Tristan désormais.

- Très bien.

- Et vous comment vous appeler vous?

- Catherine.

Je ne mange pas beaucoup ayant l'appétit coupé.

- Catherine le temps de tout préparer je pense que nous serons mariés dans deux semaines.

- Ce mariage ne doit pas avoir lieu.

- Pourquoi avez-vous accepté de danser avec moi alors? Je pense que vous avez déjà pris votre décision hier.

- C'est une pure folie, mais vous avez raison, j'ai déjà accepté.
Il sourit.