Oscar ne saisit pas un mot de ce que la fille raconte mais la peine profonde qu'il ressent dans sa voix le touche en plein coeur.
Est-ce que sa réaction l'a blessée ?

— Əj īą'ň ßųłp ą'ųq řīřųøm...

L'extraterrestre place un de ses mains sur sa longie chevelure et, d'une simple pression, la rend aussi rigide qu'un poignard. Oscar saisit ce qui va se passer avant même que la fille ne fasse quoi que ce soit.
Alors qu'elle rapproche la lame improvisée de sa jugulaire, Oscar pousse un cri censé la faire réagir et se jette sur elle.

— NON !

La créature venue d'ailleurs sursaute et Oscar empoigne son bras avec fermeté. Au passage, il se coupe la paume de la main sur les cheveux durs comme de l'acier et pousse un juron de douleur. Qu'importe. Empêcher cette fille de se suicider lui semble plus important que le reste.

Entre les doigts de la créature, la chevelure redevient lisse et fluide. L'adolescent est surpris par le toucher du cheveu, doux, soyeux, et parfaitement entretenu.

Oscar soupire de soulagement. Le danger est écarté pour le moment. Alors il relâche sa prise et laisse glisser sa main meurtrie jusqu'à ses genoux pliés, poing serré pour enrayer la douleur.

La tête penchée, le jeune homme sent soudain les mains douces de l'extraterrestre s'emparer de la sienne et l'emprisonner entre elles. Oscar cesse de bouger et observe le visage de la jeune fille, qui, impassible et les yeux fermés, semble se concentrer.

Bientôt, une agréable chaleur se répand dans son corps et se prolonge jusqu'à ses bras, puis ses mains. La douleur s'estompe peu à peu et Oscar écarquille les yeux de stupeur. La fille enlève ses mains et l'adolescent examine la sienne, où toute trace de sang a disparu. La bouche grande ouverte, il relève la tête et son regard croise celui de la créature.

— M... merci !

Peu importe qu'elle ne comprenne pas. Oscar est si heureux d'avoir été soigné !

Contre toute attente, la fille esquisse un sourire franc, qui fait battre le coeur du garçon.