Ch1 : début des hostilités

- Asseyez-vous ! Nous avons une nouvelle élève.

Des murmures. Voilà ce que j'ai pu entendre derrière la porte de la classe. Je regardai la directrice de l'établissement. Avec un sourire, elle me dit :

- Vous allez voir, vous allez vous plaire, ici ! Cependant, je préfère vous prévenir. Il risque d'y avoir un vrai choc culturel ! Si vous avez le moindre souci, informez-en directement les professeurs, et le problème sera réglé. En ce qui concerne l'uniforme, voici l'adresse à laquelle vous pourrez en trouver un.

Au moment où je récupérais le morceau de papier qu'elle me tendait, la porte s'ouvrit, et je vis mon nouveau professeur de... français. J'entrai dans la classe à la suite de la directrice, et profitai du chamboulement que fit l'entrée d'une française dans une classe coréenne.

- T'as vu ??! Une occidentale !

- Une FILLE !

- Elle est grande !

- Pourquoi elle n'a pas d'uniforme ?...

Un « SILENCE !» monumental du professeur fit taire les commentateurs. Il se tourna vers moi, et se présenta.

- Je suis, comme tu le sais, ton nouveau professeur principal, Monsieur Kim. J'espère que ton séjour ici se passera bien. Je te laisse te présenter, mais en français ! Comme les élèves n'ont commencé les cours de français que depuis 2 ans, et qu'ils ont encore, pour la plupart, des difficultés, parle lentement.

Je n'en menais vraiment pas large, mais j'essayais de ne rien laisser paraitre, et, sur un ton plus ou moins neutre, j'entamai ma présentation, en essayant de ne pas parler trop vite, ce qui est, pour moi, un réel défi.

- Bonjour, je... je m'appelle Marie, et je suis donc française. J'espère que cette année ensemble se passera bien, et que vous m'accepterez.

Après ces brèves salutations, je me tournais vers mon professeur, qui, avec un sourire et un hochement de tête, m'indiqua la place que j'occuperais dans cette classe. Je me dirigeais donc vers la place libre indiquée, au fond, à côté d'un garçon affalé sur sa table. J'essayais d'oublier les regards qui me suivaient pendant que je m'avançais vers ma table. Alors que je m'asseyais, le professeur expliquait comment allaient se passer les cours en ma présence.

- Comme Marie débute à peine le coréen, elle ne sera pas présente à tous les cours de français. Pendant une partie de ces cours, elle va travailler le coréen avec un autre professeur. Cependant, elle assistera quand même à certains cours de français, et pendant vos examens elle sera présente, sauf qu'elle aura un sujet sur ses cours de coréen. Lors des cours où elle sera présente, son rôle sera de parler avec vous en français, et elle vous aidera pendant les travaux de groupes. Une des choses que vous pourrez faire, pendant les pauses, ou en extra-scolaire, c'est vous aider mutuellement. C'est-à-dire que Marie vous aidera en français, et que vous vous l'aiderez en coréen.

Murmures. Impossible de savoir si c'était des murmures d'approbation ou de désaccord. Le prof fit taire les commentaires et débuta son cours. Je jetai un coup d'œil à mon voisin, qui n'avait toujours pas relevé la tête. Je préférai ne pas le déranger, et reportai mon attention sur le discours du prof. « Bon ça devrait aller, je devrais pouvoir aider assez facilement ».

***

    1 heure plus tard, la cloche sonnait la fin du cours. Bizarrement, mon voisin s'est réveillé d'un coup. Il est sorti avec d'autres garçons de la classe, particulièrement agités, et les discussions ont recommencé. Je sentais les regards en coin, mais je décidai de prendre un air un peu hautain, de ne pas laisser montrer mes sentiments, et de passer outre. Je me levai à mon tour pour rejoindre mon casier, dans le couloir. Alors que je l'ouvrais, une main l'a violemment refermé, et un visage est apparu. Un sourire en coin sur les lèvres, un garçon me dévisageait. Je fronçai les sourcils et le dévisageait à mon tour.

- « Que puis-je pour toi ? Et...Ce n'est pas que je veux ouvrir mon casier, mais presque... Peux-tu enlever ta main s'il te plait ? »

Son sourire se durcit, ses yeux donnaient l'impression de vouloir me transpercer.

- « Ecoute, je vais pas supporter ta présence... » Il se rapprocha de moi, me fixa d'un regard glacial et murmura. « Ici, c'est MON bahut. Les européennes, on en veut pas, alors tu DEGAGES. »

Je relevai la tête et, murmurant sur le même ton :

- « Va te faire voir. »

Je poussai sa main, prenais mes affaires dans mon casier et le refermai d'un coup sec. Sans même me retourner, je me dirigeai vers la salle de classe en écartant les curieux. J'entrai dans la classe et allai m'asseoir à ma place. La cloche sonna, et les élèves regagnèrent leur place. Mon voisin revint, et je me permis de lui jeter un rapide coup d'œil. « Non... non non ! Pas lui ! L'abruti de tout à l'heure comme voisin de classe... ? Je vais pas tenir l'année... ! ». Il s'affala sur la table et fit mine de s'endormir. Au même moment, la prof de maths entra, et le cours commença.

***

L'heure du déjeuner. Ruée générale vers le réfectoire. Je me levai et m'y dirigeai à mon tour. Après avoir choisi mon repas, je m'arrêtai pour chercher une place. "Ah... Il y a une table vide, là-bas !" J'allais m'asseoir à la table en question, près d'une fenêtre. Au bout de quelques minutes, des garçons se dirigèrent vers ma table. Alors qu'ils me dévisageaient, j'entendis une voix désagréablement familière leur demander pourquoi ils ne s'asseyaient pas. Puis nos regards se croisèrent. Ma main se serra sur les baguettes, mon pouls s'accéléra. Je vis que ses mains étaient blanches tellement il serrait fort son plateau. Lèvres, pincées, il avança vers la table. Il me regarda, et décida de changer de tactique. Sourire aux lèvres, il se retourna.

- « Les gars, venez ! »

Il posa son plateau et me regarda.

- « T'as fini de manger ? Parfait. Tu peux partir. (Non, je n'avais pas fini) Min Kyung, aide-la à débarrasser ».

Je lui jetai un regard du style *tu touches à ça je te tue*. Bizarrement, il hésita, ce qui ne plut pas au chef de la bande. Il s'assit, et dit, d'un ton particulièrement agacé :

- « Fais bouger cette sal*** avant que je m'en charge moi-même, put*** ! »

Je lui jetai un regard noir... Puis une idée me vint. J'affichai mon plus beau sourire sur mon visage, attrapai mon plateau et me levai. Alors que je m'approchais de mon cher voisin de classe, je modifiai ma prise sur mon plateau de telle sorte de pouvoir le tenir d'une seule main. Arrivée à la hauteur de mon « cher ami », je m'arrêtai, et le fixai, toujours un sourire sur mes lèvres. Il se tourna lentement vers moi, et me fusilla du regard.

- « Tu veux quoi enc... »

Je ne le laissai pas finir. Je pris mon verre d'eau et le lui balançait à la figure, toujours avec le sourire. Je le saluai d'une vague inclinaison de la tête, et partis avant qu'il ne reprenne ses esprits, à grandes enjambées, pour mettre le plus de distance possible entre lui et moi. Voilà, la guerre était officiellement déclarée.

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