chapitre 16

PDV Nawel

Flippante. Cette femme est trop bizarre. Tout est bizarre, rien ne va en ce moment! Que ce soit cette histoire de maladie, de soin, et cet hôpital inconnu... Nan, il n'y a vraiment rien qui va là.

Les yeux rivés sur mes chaussures, je sentais le regard dérangeant de cette femme qui ne se détournait pas de moi. Quoi? Elle a dit que j'étais la 218ème personne dans ce centre... Donc elle devait s'être un minimum habitué à voir des gens incroyables. Mais plus que son regard, ce qui me dérange, c'est simplement elle. Elle en sait trop. Beaucoup trop. Elle est arrivée comme ça chez nous, donc elle connaissait notre adresse. Elle connait mon prénom, elle en sait beaucoup sur mon pouvoir... Elle en sait trop. Beaucoup trop, et ça, c'est ce qui est le plus flippant.

-Dis moi Nawel, tu aimes les animaux?

-Hein? Heu ouais j'aime bien...

Je reste méfiante dans ma réponse. En même temps c'est quoi cette façon de lancer la conversation?

-Quand j'étais petite, mon père avait un chien et ma mère un chat. Je les aimais beaucoup tout les deux, mais ce n'était pas le cas entre eux. Ils ne pouvaient pas rester ensemble dans la même pièce, ils se battaient tout le temps, et étaient en compétition permanente pour attirer l'attention. Un jour ils se battaient et j'ai voulu les séparer, mais je suis arrivée trop tard. Le chien avait brisé la nuque du chat et avait abandonné son cadavre comme si de rien n'était. Après ça, on a fait piquer le chien. 

Après sa petite histoire je continuais à la regarder les sourcils froncés, sans comprendre ce qu'elle attendait de moi. De la compassion? Bah c'est triste mais qu'est-ce j'y peux s'ils pouvaient pas gérer deux animaux? Sans dire un mot elle me regarda également et après un moment à s'observer je finis par m'exprimer.

-Heu, ouais, c'est triste. Mais j'comprends pas pourquoi vous me racontez ça .

Elle eut un rictus et repris aussitôt la neutralité qui régnait sur son visage, n'affichant plus qu'un sourire professionnelle, comme ceux qu'affichent les caissières après une longue journée éreintante.

-Quelques années après, j'ai eu un lapin. Il s'appelait Maximi. Il avait de très longues oreilles qui trainaient toujours au sol, et il restait toujours près de moi, c'était un lapin très calme, voir même timide. A cette époque, notre voisine avait également des lapins. Mais je ne m'y étais jamais intéressée, mais là, je voulais que Maximi rencontre d'autres lapins, qu'ils se fassent des amis... Et puis je voulais apprendre comment m'en occuper parfaitement, de mon lapin si mignon. Alors, un jour je suis allée chez cette femme, notre voisine avec Maximi... J'ai été dévastée. Elle avait 5 lapins, dont deux qui étaient identique à mon Maximi que je pensais si unique. Un marron et un blanc, comme Maximi. J'étais profondément blessée, mais je n'ai rien laissé paraitre. Mais, au moment de rentrer, je n'arrivais pas à savoir lequel était mon lapin. Il ne venait pas vers moi, il ne me collait pas, il restait avec les autres lapins. Et je n'arrivais pas à le différencier, alors que j'avais toujours été persuadée qu'il était unique. 

Sans comprendre où elle voulait en venir, je fronçais un peu plus les sourcils en l'observant, débiter sur son petit lapin d'enfance.

-Dis moi, tu aimes les lapins? Ils sont petits, mignon et si doux qu'on les prendrait pour des peluches.

-Ouais, au point de les confondre...  Avec des peluches.

Le regard qu'elle me lança cette fois était loin du regard courtois et commercial qu'elle me servait jusque là. Il était froid. Une lueur mauvaise passa dans son regard tandis qu'elle m'observait avec attention. J'étais allée trop loin avec ma petite blague? Peut-être qu'elle me laissera tranquille alors. 

-Oui... Tu n'imagines pas à quel point... Tu dis vrai. Mais les lapins posent un problème. Ils se reproduisent bien trop. Une portée peut amener jusqu'à 6 lapins pour la race des nain. Pour les autres c'est jusqu'à 10. Tu imagines? Enfin tu viens d'une grande portée toi aussi. Je veux dire, que ta famille est assez nombreuse.

Venait-elle vraiment... De comparer ma famille, à des lapins? Si je dois être comparée à un animal, au moins un truc classe, et surtout pas un truc qu'elle aime. Mais Pourquoi me comparer à un animal déjà?! Cette femme, c'est elle qui doit se faire soigner. Pas moi!

-6 bébés lapins... Mhh, ça en fait rapidement beaucoup trop. Pourtant, au début on se dit que ça ira, que ce n'est pas tant que ça. Puis on se rend compte qu'il y en a un peu partout, et un peu partout, ça fait énormément de lapins. Et comme ils sont si mignon, on ne veut pas leur faire de mal. Donc on s'arrange pour eux, même s'ils posent problème. Et dès qu'on propose une solution simple et radicale pour éviter qu'on soit surchargé de lapins, on nous regarde comme des fous, parce que, après tout: ce ne sont que... Des lapins.

Son regard lourd de sens se posa sur moi lors de sa dernière phrase, m'observant une fois encore de bas en haut. J'ai déjà vécu beaucoup de choses bizarre, mais ça, je crois que c'est sur le podium. Dans sa dernière phrase, je ne doutais plus qu'elle ne me parlait plus de lapin. Son regard, sa façon de parler... Non, elle ne pouvait pas simplement me parler de lapins. Il n'y avait de plus pour le moindre doute, cette femme, et sûrement tous ceux avec qui elle travaillait, tout le monde était fou.

Je me redressai sur mon siège alors que je commençai à avoir chaud, et en décollant mon dos du dossier, je sentis que la sueur s'y était accumulée. Est-ce que je me méfiais trop de l'autre folle pour me rendre compte d'à quel point il faisait chaud dans cette voiture? Ou bien, n'y avait-il que moi qui avait chaud? Personne d'autre ne semblait être dérangé, que ce soit Mme.Thian, ou le garde du corps assis à côté de moi et qui n'avait pas ouvert la bouche une seule fois depuis que je l'avais vu. 

-Mhh, ce serait possible d'ouvrir la fenêtre?

Mme.Thian se tourna vers moi en plissant les yeux, l'air étrangement satisfaite.

-Tu as chaud?

-Ouais... 

-Donnez lui une lingette qu'elle puisse se rafraîchir.

Et sans un mot ni même un regard, l'homme sortit une boite rectangulaire en plastique noir de laquelle il ouvra le couvercle rattaché, me montrant l'intérieur de celle-ci. Avant de plonger ma main, je jetai un regard à l'intérieur, me méfiant encore plus de ces gens. Mais il n'y avait bien que des lingettes. Pourtant, je n'avais pas trop envie d'en prendre. Je préférais baigner dans ma sueur plutôt que prendre un truc proposé par ces gens bien trop dérangés. 

-Heu, nan, c'est bon, juste ouvrir la fenêtre ça ira.

-C'est bien dommage, les vitres sont cassées. On ne peut pas les descendre.

-Et la clim alors?

-hors service. Elle a été trop utilisé et à présent elle ne fonctionne plus.

Je plissais les yeux à l'entente de cette excuse. Cassées? Les vitres de cette grosse berline noire? Quand on a un telle voiture, on ne fait pas attention à ne pas l'abîmer normalement? Je jetai un regard vers la fenêtre la plus proche de moi à ma gauche, puis à celle de droite. Cassées? Les vitres? Et elle n'avait pas les sous pour les réparer? Alors qu'il y avait tant d'amménagement dans cette voiture? La séparation entre le conducteur et les passagers, les 4 sièges plaçaient en face à face avec des tiroirs en dessous, et elle ne pouvait pas faire réparer des vitres?

-Mais... C'est pas un véhicule de fonction de votre hôpital spécial là? C'est pas à eux de s'occuper de ça?

Un silence suivit ma question alors que madame Tian se mit à sourire. Un sourire satisfait, comme si elle trouvait quelque chose d'amusant dans cette situation. 

-Tu m'as l'air d'une fille pleine de ressource et très maligne, Nawel. Prends donc une lingette, tu dégoulines.

En effet, je sentais les perles de sueurs dégringoler en cascade dans mon dos, collant le tissu de mon tee-shirt à mon dos . Je me sentais poisseuse alors que les goutes se mettaient à présent à s'agglutiner dans ma nuque et mon cou. Bon sang, la sensation d'être collante ne me quittait plus et je ne pouvais m'empêcher de maudire l'homme et la femme assis avec moi pour ne pas avoir l'air de ressentir une quelconque gêne à cause de la chaleur étouffante.

-Nan, c'est pas la pein-

Je n'eus le temps de dire quoi que ce soit que le molosse de garde du corps me collait déjà une lingette sous le nez, me regardant pour la première fois. Je saisis la lingette en m'écartant de cet homme et me contentai de tenir un moment entre mes doigts. Mme.Thian avait l'air bien pressé que j'utilise cette lingette, la sueur la dégoutait-elle?

-Tu n'as plus chaud Nawel? Nous n'arriverons pas avant un moment encore... Et nous n'avons que ces lingette pour te soulager de la chaleur.

-Et vous vous n'avez pas chaud?

-Non. Je suis habituée aux hautes températures, donc pour l'instant, je ne suis pas gênée.

Je me contentais de la regarder en silence. La lingette avait l'air fraiche... Je ne savais pas si je pourrais supporter encore de fondre ainsi et de me transformer en sueur mais que faire ? Je n'étais absolument pas à l'aise avec eux, aussi je me méfiais de cette lingette. Pourquoi, aucune idée, mais je ne voulais pas l'utiliser.

-Et on peut pas s'arrêter? Juste prendre l'air sur le bord de la route?

Proposais-je en tournant mon regard vers la fenêtre à travers laquelle on pouvait voir une route de campagne désertée et bordée par la forêt.

-S'arrêter? Oh on aurait pu, mais nous avons déjà pris beaucoup de retard. Nous avons un planning strict à respecter, et je ne peux pas laisser le Centre trop longtemps. Donc je suis désolée Nawel, mais non, on ne peut pas.

Je soupirai en écoutant son excuse, commençant à désespérer pour ce voyage qui s'annonçait bien long. Mme.Thian m'observait dans le plus grand des calme, affichant à nouveau ce sourire poli et professionnel qu'elle avait retrouvé.

-Dis-moi... Tu n'as quand même pas peur d'une lingette, si? Est-ce que les lingettes t'angoissent?

Je me retournai pour lui faire face sitôt qu'elle eut émit son questionnement. Peur d'une lingette? A quel point elle me croit tarée?

-Bien-sûr que non! Pff, c'est qu'une lingette hein, comment on peut en avoir peur?

-Oui, pourtant... Ce n'est pas pour ça que tu fais tout pour ne pas utiliser de lingette?

Je me tus, ne sachant pas à quel point je devais être honnête. Est-ce que lui balancer maintenant que je ne lui faisais pas le moins du monde confiance et qu'en conséquence, oui, je me méfiais d'une lingette qui venait de sa part étais à dire? Maintenant? Dans cet endroit inconnu et si éloigné de chez moi? Mais en même temps... Ce n'était qu'une lingette...

-Donnez-moi une lingette, je commence à avoir chaud aussi à force de parler.

L'homme n'hésita une seconde et sortit une seconde lingette qu'il tendit à l'asiatique. Celle-ci vint s'éponger le cou en me regardant. Mon dieu, j'ai psychoté sur une lingette donc? Me sentant très légèrement débile, je vins finalement à mon tour essuyer mon front puis le reste de mon visage. La lingette dégageait une odeur très prononcé de... Cannelle. Cette odeur me fit sourire, me rappelant les gâteaux que nous cuisinions à la maison. Oui, cette douce odeur de cannelle me chatouillait doucement les narines, et je finis par fermer les yeux pour ne plus me concentrer que... sur... ça...

-Elle est endormie madame.

[...]

C'est calme... Super calme... Tellement calme... émergeant tout juste de mon sommeil, je profitais du silence  qui m'entourait et du fait que personne n'est encore tenté de m'écraser dans mon sommeil. Comment est-ce que ça pouvait être si calme à la maison? Ni maman, ni aucun de mes sauvages de frères et soeurs n'avaient perturbé mon sommeil... Je m'étais même réveillée toute seule. Alors c'est ça qu'on ressent, quand on peut dormir tranquillement? 

Après encore quelques instant à profiter de la tranquillité, je finis par ouvrir les yeux. Mon regard rencontra aussitôt un mur gris . Gris? Quoi? Les murs de ma chambre ne sont pas gris... Alors que je me retournai dans mon lit pour regarder le reste de la pièce, je réalisai enfin pourquoi est-ce que tout était si calme. Je n'étais plus à la maison. Alors évidemment... Ni mes frères et soeurs ni ma mère ne pouvaient perturber mon sommeil... Je me redressai dans mon lit qui grinça légèrement et observai la pièce. Une armoire, un bureau, une chaise. Quelle déco. Je jetai alors un regard vers ma fenêtre, et vins me pencher pour apercevoir l'extérieur. Un grillage bien haut et une forêt derrière. Tout en passant mes mains sur mon visage je commençai à réaliser où j'étais à présent. Un soupir m'échappa et mon regard se posa de nouveau sur le bureau sur lequel je pouvais distinguer un vêtement plié gris. Je quittai le lit à contre coeur, sentant mon estomac se manifester. En m'approchant du bureau je pus remarquer qu'un petit mot avait été laissé sur le vêtement, celui-ci disait "change-toi tes vêtements sont sales" Un papier bien autoritaire hein. Je pris le vêtement et le dépliais sans ménagement pour découvrir une combinaison qui me fit grimacer. Je devais porter ça? Pourquoi pas simplement changer avec mes propres vêtements? Laissant la combinaison loin d'être à mon gout retomber sur le dossier de la chaise, je laissais mon regard se tourner vers un livre épais, tout aussi sobre que la combinaison.

-" Règlement du centre"... Woah, ils auraient pu trouver mieux hein...

Le livre ne donnant pas la moindre envie d'être lu, je me dirigeai ensuite vers l'armoire, préférant me changer avec mes propres affaires. Logiquement, si on m'avait conduit dans cette chambre pendant que je dormais, alors mes affaires devaient aussi être là. Pourtant la logique ne semblait pas de mise, puisque il n'y avait dans l'armoire que quelques débardeurs blancs et noirs, d'autres combinaisons grises, un tiroir avec des chaussettes elles aussi blanches ou noires, des sous-vêtements et une paire de basket. Je levais les yeux, espérant trouver une quelconque trace de mes propres affaires mais mes yeux ne trouvèrent qu'un petit miroir carré accroché l'intérieur de la porte droite de l'armoire. Je soupirai en refermant l'armoire, puis vins me poser sur le lit. Alors que je pestais en lançant de nouveau un regard sur la pièce, on toqua à la porte et celle-ci s'ouvrit sans attendre que je ne dise un mot. Bon, ça au moins c'est comme à la maison, mais ils toquent, c'est déjà ça.

-Patiente numéro 218, puisque vous êtes réveillée, changez-vous avec la tenue réglementaire, vous devez encore voir Mme.Thian.

Et sans attendre un mot de ma part à nouveau, l'homme portant une combinaison kaki referma la porte. Je me mis à froncer les sourcils et me levai pour à mon tour ouvrir la porte.

-Ouais mais nan en fait. J'ai pas mes vêtements, et je les préfère largement . En plus j'ai faim, donc j'vais manger, et on verra après. Et j'ai un nom hein! Je m'appelle Nawel! Pas "patiente numéro 218", je suis pas malade!

L'homme ne parut pas le moins du monde ouvert à la conversation et m'observa longuement avec un regard  emplit de jugement et de fatigue. Il me répliqua sèchement, ne laissant pas la moindre chance à une réponse de ma part.

- Tes vêtements sont ceux dans l'armoire. Une tenue réglementaire, c'est une tenue réglementaire. Y a quand même pas besoin de t'expliquer ça? Change toi vite, tu ne peux pas sortir tant que ne t'es pas changée, donc tu ne peux pas manger avant d'avoir enfilé une combinaison.

Il se retourna et agit comme si je n'étais pas là. Au ton qu'il avait employé, je pouvais assez facilement comprendre que faire la forte tête ne me ferait pas gagner à cet instant, et bordel j'ai faim maintenant! Je me mis à pester une fois de plus en refermant la porte pour aller me changer, balançant mes vêtements sur le sol, pour ensuite venir enfiler un débardeur, des chaussettes, une combinaison et la paire de basket. Tout était à ma taille. Comment est-ce qu'ils connaissaient ma taille? Je gardai cette interrogation dans un coin de ma tête et rouvris la porte. L'homme me lança un regard pour s'assurer que je m'étais changé et se mit aussitôt à marcher. J'avançai derrière lui en silence, profitant du moment pour observer le bâtiment. Tout avait l'air bien moderne, et entretenu. Il n'y avait personne dans les couloirs, à part quelques hommes portant la même combinaison kaki que l'homme qui me guidait. Nous descendîmes ensuite des escaliers pour rejoindre ce qui semblait être le hall du bâtiment. Il y avait beaucoup d'espace, vraiment beaucoup. En même temps, si j'étais la 218 ème "patiente", il fallait un minimum de place pour accueillir autant de monde.

-Ici.

-Hein?

-Là, c'est le bureau de Mme.Thian. Entre.

Sans un regard pour moi, il s'était positionné dos à la porte, scrutant les lieux du regard, à l'affut du moindre mouvement. N'ayant rien d'autre à faire, je poussai la porte de la pièce qui semblait être une salle s'attente. Quelques sièges étaient posés contre les murs, tous assez éloignés les uns des autres. Il y avait aussi 4 autres hommes en tenue kaki dans la pièce. Chacun avaient un regard dur et froid. En face de la porte que je venais d'emprunter il y avait une seconde porte, ainsi qu'un troisième au bout de la pièce. Laquelle menait au bureau de l'autre?

-Heu, du coup... Je dois aller où?

Pas la moindre réponse. Ni même le moindre regard. Cette ignorance m'irrita alors que m'approchai de la porte en face de moi. Mais après quelques pas seulement, l'homme qui se trouvait à côté de celle-ci me barra le passage avec son bras et m'indiqua la troisième porte d'un coup de tête. Woah, ils se foulent pas en politesse ici. A nouveau un soupire m'échappa et je me tournai vers la troisième porte. Ayant étais bien élevée, moi, je toquai à la porte, aussitôt une réponse fut émise par une voix féminine que je reconnu aussitôt comme celle de l'asiatique.

-Oui?

-C'est Nawel.

-Oh, entre.

Suivant donc son indication, j'ouvris la porte et la refermais derrière moi. Le bureau dans lequel nous étions devait bien faire deux fois la taille de la salle d'attente. Mais tout était terne . Un grand bureau au fond de la pièce, pile en face de la porte, derrière lequel se trouvait Mme.Thian, confortablement installée dans un fauteuil. Le mur à ma gauche était plein d'étagère présentant une multitude de livres, tous aux couleurs aussi terne que celui qui se trouvait sur mon bureau, à ma droite, une porte qui ressemblait presque à celles qui fermaient les coffres forts dans les banques. La femme me fit signe de venir m'asseoir sur le siège face à son bureau, ce que je fis après quelques secondes à rester debout.

-Alors, bien dormi?

-Elles sont où mes affaires? Et les gens ici ils ont pas été éduqué ou quoi? Et j'ai faim, pourquoi je peux pas manger maintenant?

-Je vois que tu as des questions. Tant mieux, c'est pour ça que je t'ai fais venir. Tout d'abord, les gardiens sont sous pression au centre, ils se doivent d'être toujours aux aguets, prêt à intervenir. Les jeunes du centre... Sont pour certain problématique,donc, il nous faut un personnel ferme.

-Mhh, et mes affaires?

-Oh oui, elles sont en désinfection. Ce sont tes affaires, donc elles sont chargées de beaucoup de choses, et d'ondes nocives. C'est pour ça que nous avons mis en place cette tenue réglementaire.

-Ah.

-Ne t'en fais pas, tu pourras manger bientôt, juste après notre conversation. En plus tu pourras rencontrer les autres résidents de ton bâtiment.

-Attendez... De mon bâtiment? Parce que il y en a plusieurs?

-Oui, deux. L'un pour les jeunes aux capacités cérébrales, et celui où tu es pour les jeunes aux capacités physique, qu'on appelle, les Cérébrals et les Anatomiques.

-Les cérébrals? Dans la langue française on dit "cérébraux".

-Je savais que tu étais une jeune pleine de malice, mais c'est ce nom là qui leur est donné. D'autres questions ou remarques? Vas-y, je suis là pour y répondre.

-... je peux décorer ma chambre au moins? Parce que c'est triste hein...

-Mhh, non tu ne peux pas... Comme les jeunes ne restent pas là indéfiniment, ils ne décorent pas leur chambre, et les décorations sont susceptible de remuer des souvenirs et des émotions, ce qui n'est pas toujours positif pour eux et leur santé. Aussi, il n'y a rien pour décorer les chambres.

-Ah... Super... Du coup, pour les cours?  Nos classe sont dans les bâtiments "Cérébral" et "Anatomique"? Ou y en a un autre?

-Mhh, il n'y a pas de cours.

-Hein?

-Tu as bien entendu, les jeunes ici doivent avant tout se concentrer sur leur santé, et les cours apportent trop de stresse, et le stresse est une des choses les plus néfastes.

-Pas de cours? Même si on en fait la demande? Heuu et le Bac? Je le joue au Loto après?

-Ne t'en fais pas pour tes études, nous développons un projet qui permet d'envoyer des données dans le cerveau. Un échange avec ce qu'occupait la place de tes... Capacités. De plus, l'Etat nous soutient en proposant des formations et prépa spéciales pour nos jeunes.

-... Ok... Mais genre c'est super pénalisant!

-Pas du tout.

-... Ouais... et du coup, on prend des médocs ici?

-Non, je m'occupe d'avoir un rendez-vous avec les pensionnaires du centre chaque semaine pour faire le point avec eux.

-Vous faites la psy? Donc, c'est ça le remède?

-Pas vraiment, mais ça en fait parti. Le plus gros du travail, c'est ce bracelet qui le fait.

Elle glissa vers moi un bracelet épais en cuir qui présentait une pierre polit de couleur verte.

-Ce bracelet est le fruit de longues années de travail et de recherche. Le cuir est très résistant, assez pour résister au temps et aux plus récalcitrants. Du côté intérieur du bracelet, il y a des fils électrique, relié à la pierre, ses fils se mettront directement en contact avec les vaisseau sanguin par dessus ta peau, et va s'accorder à ton rythme cardiaque. Tu ne le sais peut-être pas, mais quand tu utilises tes capacités, ton sang coule plus vite, ton rythme cardiaque s'accélère... C'est un autre danger, car le coeur pourrait lâcher. Ainsi, les fils électriques vont envoyer une décharge, certes c'est désagréable, mais la décharge va vous stopper dans votre lancé, et permettre à votre coeur de reprendre un rythme normal.

-Une décharge? De combien?

-C'est une faible décharge, vous voulez essayer?

-Heu, bah non. Mais, je suis pas obligée de mettre ça, si?

-Si. Comme il vous faut respecter plusieurs choses ici. Déjà, les horaires. L'heure du petit déjeuner, de 8:00 à 8:30 après ça, il sera trop tard. Pour le midi, c'est de 12:00 à 13:00  et le soir, de 19:00 à 20:00. 20:00 marque aussi l'heure du couvre-feu. Après ça, interdit de gambader des les couloirs ou dehors.

-Heu... Ok... Et Quand est-ce qu'on voit la famille? Le week-end, les vacances?

-Non, les visites ne sont pas autorisées, nous voulons que les jeunes se concentrent sur leur rétablissement, et voir les proches est trop compliqué. De plus, cela fournit une motivation aux jeunes pour faire de leur mieux pour leur rétablissement au centre.

-Hein? Mais on peut au moins envoyer des mails ou des lettres non?

-C'est un privilège réservé à ceux qui se sont le mieux débrouillé pendant le mois. D'autres questions?

-Heu... Du coup, j'imagine que nous, on a pas le droit à avoir des téléphones, ordi ou tablettes?

-Non, en effet.

-Ok... Par contre, j'ai pas compris comment votre bracelet va soigner quoi que ce soit.

-C'est très simple, il va régulariser ton rythme à celui que tu as en temps normal, ce qui agira pour que d'une part tu oublis comment utiliser tes capacités, et d'une autre, les décharges vont aller mhh "attaquer" la partie ou réside...

-Ok, ok, ok... Pff...

Alors que je me prenais la tête entre les mains, je tentais de réfléchir à tout ce qu'elle avait pu me dire sur le centre. On ne peut pas quitter cet endroit avant d'être guéri... Et on ne peut même pas communiquer avec l'extérieur... Comment ne pas devenir fou ici?

-Nawel, je vois que tu es très proche de ta famille... Alors, j'ai peut-être une solution pour que tu puisses... Garder contact avec eux.

-Laquelle?

Je relevai la tête dès qu'elle émit une possibilité pour moi de pouvoir communiquer avec ma famille. Au vu de son expression, elle n'a pas l'air convaincu de m'en parler... Mais, là, pour une fois, je voulais vraiment l'écouter.

-Je vous écoute allez-y.

-Mhh, hé bien, comme je te l'ai dit... Il y a des récalcitrants ici, ces jeunes à problèmes qui attirent souvent des ennuis aux autres, même à des bien plus jeunes qu'eux... Ils refusent de coopérer pour se soigner et sont même très violents... Et je crains pour la sécurité des pensionnaires ici et du personnel...

-Hein? Bah, y a pas un autre centre encore plus spécial pour eux ?

-Hélas... Je me suis engagée à les soigner, même s'ils ne me rendent pas la tâche facile... Mais je ne peux plus prendre le risque qu'ils s'en prennent aux pensionnaires...

-... Il y a, déjà eu des blessés?

-Malheureusement... Ils ont déjà causé de graves blessures, des dégâts considérables...

-Genre... Quoi?

-... Des locaux brulés... Du mobilier ravagé et utilisé comme arme... Comme des débris de verres, des pieds de chaises... A cause d'eux... Beaucoup de gardiens ont été blessés... Trente-quatre... Six grièvement blessés, brulés à des degrés différents. Douze avec de nombreuses fractures, les empêchant totalement de travailler... neuf intoxiqués, à cause de ces fameux locaux brulés... cinq  qui ont perdu l'usage d'un ou de plusieurs membres... un dans le coma, et un autre mort.

Je restais interdite face à ce tableaux désastreux. Comment avaient-ils pu blesser à ce point des gardiens? Ok, ils sont pas très amicaux et super mal élevé... Mais au point de se défouler sur des gens qui font leur travail... Mon dieu ils sont peut-être plus tarés que elle.

-Et... Ils s'en prennent aussi aux pensionnaires?

-Malheureusement... Ils ont déjà grièvement blessés plusieurs jeunes, qui pour certains ont succombés à leur blessures. Et... Ils ont aussi tué directement, ici dans ce centre un jeune... Qui était sensé être leur ami...

Je ne pouvais pas dire un mot. Ce qu'elle me disait me paraissait si énorme... Et pourtant, pour la première fois, je voyais autre chose que ces expressions factices sur son visage.

- Ce jeune... S'appelait Daniel. Il était le pensionnaire numéro 122 et était un Cérébral.

-Et pourquoi vous laissez des personnes aussi dangereuses ici?!

-Parce que, eux aussi doivent être soignés. Il n'y a pas d'autre endroit apte à s'occuper de gens comme eux, des gens dangereux qui peuvent faire des choses... Particulières. J'ai déjà tenté d'assigner un gardiens à chaque résident... Mais nous manquons d'effectif. Alors, j'ai cherché un autre moyen de surveiller ces jeunes... Toi.

-Moi?

-Oui. Toi. Ils font tout pour embobiner les nouveaux résidents, pour leur faire croire que, ici, ce sont eux, les gentils. Et malheureusement, certains les croient... Mais toi, tu as un fort caractère. Tu ne te laisse pas faire, et tu n'as pas l'air d'être facilement manipulable. Donc, je pense qu'on peut trouver un terrain d'entente.

-... Et ce terrain d'entente... C'est le moyen de contacter ma famille.

-En effet. Je te propose ça, tu surveilles ce groupe pour moi, en devenant proche d'eux, en devenant mon agent sur terrain, et en échange, tu peux contacter ta famille autant que tu veux. Alors?

-... Vous me dites de mettre ma vie en danger?

-Bien-sûr que non. Tu ne mettrais pas ta vie en danger comme ça. Tu es une fille intelligente et en plus, ne dit-on soit proche de tes amis, et de tes ennemis encore plus? Je te laisse le choix, mais sache, que tu dois prendre une décision.

-... J'en sais pas assez comme ça pour dire oui ou non. Ils sont combien déjà?

-Ne t'en fais pas, c'est un groupe de quatre. Deux filles, deux garçons.

Elle tapa rapidement sur le clavier de son ordinateur et tourna par la suite l'écran vers moi, me permettant de voir afficher en grand sur l'écran la photo d'une fille métisse à la chevelure folle.

-C'est la seule cérébrale du groupe. Naëlle, numéro 176, elle a 16 ans.

-16? Et les autres?

Tour à tour elle fit défiler les images, me donnant les mêmes informations concernant les autres personnes de leur petit groupe. Elle me présenta la seconde fille du groupe, Alésia le numéro 149 du même âge que la première fille, puis la photo d'un garçon à lunettes qui semblait même désolé d'exister du nom de Maxwell, appelé le plus souvent Max, comme le fameux lapin de madame Thian, portant le numéro 157 et également du même âge que les filles, même si il approchait bientôt des 17 ans, et pour finir ce petit diaporama, elle me présenta Tim, un Rouquin aux traits tranchés et à l'air presque colérique, numéro 109 et âgé de 17 ans et demi, se rapprochant de ses 18 ans, avec qui elle avait une séance aujourd'hui même, juste quelques minutes avant mon arrivée.

-Ils sont tous très unis. Leur groupe est néfaste pour le bien des autres pensionnaires. Mais... Avant de te dire autre chose, je dois savoir, est-ce que tu acceptes?

-... Ouais. J'vais pas laisser des fous malades comme eux m'empêcher de vite retourner chez moi.

-... Alors à présent, nous faisons équipe ma chère Nawel.

-... Vous vouliez dire quoi d'autre?

-Ah oui. Leur dernier acte... Voilà.

Après quelques cliques et manipulations, elle afficha sur l'écran toujours tourné en ma direction une vidéo, prise dans un couloir qui ressemblait à l'identique à ceux que j'avais traversé en quittant ma chambre.

-Heuu, y a des caméras ici?

-Oui. Depuis peu, on en a rajouté pour pouvoir surveiller les pensionnaires... Mais ce n'est jamais suffisant. Enfin... Celui que tu vois là, de dos, c'est un pensionnaire spécial. Qui demande encore d'attention que d'habitude.

-Pourquoi?

-Il est ce qu'on appelle... Un double.

-Un double?

-Oui... Il a deux capacités. Et malheureusement, il s'est apparemment lié d'amitié avec ce groupe à problème... Ce qui n'est définitivement pas une bonne chose.

-Ils ont quoi de particulier les "doubles"? Je veux dire, ça change quoi réellement d'avoir deux pouvoirs?

-Beaucoup de choses... Nous ne savons pas si notre traitement actuel est suffisant pour les gens comme lui. Et surtout, ils sont encore plus instable, et plus dangereux. Sa propre mère nous a contacté pour venir le chercher. Il était devenu réellement dangereux pour sa famille. Et si tous ensemble ils décidaient de s'en prendre une nouvelle fois sérieusement aux gens ici... Il y aurait encore plus de blessés qu'avant...

-Bah, allez le chercher alors!

-Nous ne pouvons pas.

-Pourquoi?!

-Ils ne savent pas, que nous savons que ce double est avec eux. Ils on tenté de nous faire croire qu'il s'était évadé... Et surtout, on ne sait pas dans quelle chambre il se cache.

-Et en le suivant grâce aux caméras?

-Nous ne pouvons pas prendre le risque d'envoyer des gardiens pour l'appréhender... Il n'a pas de bracelet. Ils l'ont pris avec eux avant que nous ne puissions lui mettre son bracelet...

-Donc... Là... Il peut... Utiliser ses deux pouvoirs?

-Nous ne savons pas comment cela fonctionne exactement, mais il en pleine possession de ses capacités oui...

-Putain... J'étais pas sensé ne pas être en danger ici?

-Tu ne le seras pas quand on aura réglé ce soucis. Grâce à toi.

[...]

Jouer aux espions... Je ne pensais pas que ça arriverait à nouveau après toutes ces années, et surtout pas dans un endroit comme le centre... Et pourtant... J'étais bien là, plateau en main dans la cafétéria à scruter la salle à la recherche de ces fameux éléments perturbateurs. Je ne sais pas vraiment si Mme.Thian m'a tout dit, et je sais que je ne vais pas lui faire soudainement confiance à 100% mais pour l'instant, elle n'est plus au sommet de ma liste des dangers. Non, la première place était à ces jeunes complément fous... Qui avaient déjà ôté la vie. Naëlle, Alésia, Tim et Maxwell... Et ce nouveau mec, James.

Plantée au même endroit depuis plusieurs minutes, personne ne faisait pourtant attention à moi. J'avais beau connaitre les visages de ceux que je cherchais, mes yeux ne parvenaient pas à les retrouver dans cette salle pleine de jeunes. Un gardien finit par s'approcher de moi, et me demanda tout bas pourquoi je n'allais pas m'asseoir. Je n'avais quitté le bureau de Thian depuis seulement une dizaine de minutes et cela avait déjà suffit pour qu'elle parle de de moi à tout le personnel. Je lui répondis sur le même ton que je cherchais les emmerdeurs, et sans que je n'eus besoin de préciser qui cela impliquait, il m'indiqua que le numéro 149, Alésia était à une table du fond de la salle, et ainsi sûrement les deux autres gars avec elle. Après cette précieuse information, je me mis en marche, avançant entre les tables, cherchant à reconnaitre le visage de cette Alésia, quand je l'aperçus enfin. Elle était là, à une table, seule. Oui seule. Où étaient les deux autres? Je n'en avais pas la moindre idée mais au moins, j'en tenais une dans mon champs de vision, et sans attendre une seconde de plus, je me dirigeais à sa table et y posais mon plateau.

-Salut, moi c'est Nawel. Je peux m'asseoir? Fin, y a pas vraiment d'autre place et flemme de chercher donc je vais m'asseoir.

Pas de réponse. Donc finalement, ce n'était peut-être pas forcément que les gardiens qui n'avaient pas reçu d'éducation ici. Je finis par m'asseoir, sans réussir à obtenir ne serait-ce qu'un simple regard de sa part.

-Hum, et sinon, comment tu t'appelles toi?

Cette fois non plus, je n'obtins rien de sa part. Pas un regard, pas un mot, rien.

-... T'es pas très sociable on dirait... Sérieux, tu veux pas essayer de me parler , au moins ton nom quoi. Je débarque ici moi, c'est pas facile de changer d'environnement comme ça .

Et de nouveau rien. Elle se contentait de manger son steak en fixant son plateau, avachis sur la table.

-Pff... T'es pas facile toi... On parle la même langue non? Hé ho, bonjour, guten tag! Non rien?

-Ferme là, je mange.

-Heu, je sais pas depuis combien de temps t'es là, mais ça n'excuse pas un manque d'éducation et de politesse hein.

Elle plaqua violemment ses couverts contre la table et releva les yeux vers moi, me fixant froidement comme un animal sauvage. Putain, j'ai l'impression qu'elle pourrait se jeter sur moi là.

-Je t'ai pas d'mandé de venir bouffer à cette table donc si tu veux discuter barre toi, je mange, c'est encore trop compliqué à comprendre pour toi ?!

Elle se releva brusquement sans me quitter des yeux un instant alors qu'elle se mettait à serrer les poings.

-Heu, c'est bon, c'est bon, faut pas s'énerver hein, détend-toi .

Elle se redressa cette fois totalement et commença à s'approcher de moi alors que je fronçais les sourcils en la voyant faire. Elle comptait me frapper? Là? Devant tout le monde? Bordel, Madame Thian avait raison, ils sont super dangereux! 

Un des hommes aux extrémités de la salle s'empressa de venir vers nous pour s'interposer . Il attrapa le bras de Alésia sans retenu et lui ordonna de remonter à sa chambre pour se calmer. Elle se mit à pester en soutenant son regard et envoya son plateau au sol en faisant demi tour, droit vers une porte du réfectoire. L'homme la suivit de près, aussitôt imiter pas un second gardien. Et moi je restais là, silencieuse, tendue sur mon siège . Evidèmment, la scène avait attiré les regards curieux dont j'étais à présent l'unique cible. Je pris une inspiration en balayant la salle des yeux. A deux tables de la mienne, il y avait ce garçon à lunettes tourné vers moi qui me fixait avec cet air inquiet qu'il avait aussi sur sa photo. Maxwell. Il me sourit et d'un signe de main de présenta une place juste à côté delui. Je repris mon plateau en main pour rejoindre ma nouvelle destination, laquelle semblait bien plus calme.

-Heu, salut.

-Salut. Je m'appelle Maxwell, mais on m'appelle Max! Heu, je, je suis désolé pour le comportement de Alésia... D'habitude... Elle est vraiment pas comme ça tu sais...

-Vous vous connaissez?

-Oui, on est ami!

-Nan. C'est qu'une naine, ultra conne et emmerdante.

Alors que je m'assayais tout juste, la voix grave qui s'éleva à ma gauche attira aussitôt mon regard, comme celui de Maxwell et du jeune garçon au crâne chauve assit en face de moi. Celui qui avait réagit n'était autre que Tim.

-Tim! Dis pas ça devant Marco! C'est un enfant! Marco, ne l'écoute pas d'accord? Il ne faut pas répéter ce qu'il a dit, ce sont de vilains mots!

-Alésia est conne, conne, conne!

-Mar-Marco! Non, c'est pas des choses à dire ça! Oh lala...

Je doutais réellement de la dangerosité du binoclard mais, il ne faut pas se fier aux apprences après tout. Tim releva les yeux vers moi et je me mis à mon tour à le regarder. Même assit, il me dépassait d'un peu plus d'une tête... Il devait être vraiment grand.

-Tu lui as dit quoi pour qu'elle pête les plombs?

-Heu... Rien de spécial... Comme je suis nouvelle, je cherchais à discuter avec des gens, à sociabiliser un peu quoi. Et elle s'est nervée parce que j'ai dit que c'était pas cool et malpoli d'ignorer quelqu'un et elle s'est encore plus énervée quand je lui ai dit de se détendre.

-Pff, ouais je m'en doutais. Elle a totalement vrillée.

-Mais, mais non... Alésia ne supporte juste pas qu'on lui dise de se calmer, on qu'on lui dicte les choses... Et elle a du mal aussi avec les gens qu'elle ne connait pas... Mais elle n'est vraiment pas méchante tu sais, heu...

-Nawel. Je m'appelle Nawel.

-Enchanté! Je me suis présenté tout à l'heure, donc voici Marco, le petit frère d'un garçon qui est dans le bâtiment Cérébral. Et lui, c'est Tim. Il a pas l'air très aimable, mais il est gentil aussi.

-Oh, je vois... Mais du coup vous êtes amis ou pas? Je veux dire, avec Alésia.

-Non.

Tim répondit sans perdre une seconde, remuant ses petits-poids dans son assiette. Maxwell s'empressa de reprendre .

-Si! Bien-sûr nous sommes amis, depuis un moment maintenant, Tim et Alésia se connaissent depuis longtemps, et ils ont quasiment toujours agit comme ça, ils s'entendent comme chien et chat on peut dire...

-Mhh, genre quoi, ils sont fachés?

-Y a pas besoin de parler de moi comme si j'étais pas là hein.

-Ah donc tu vas me répondre?

-... Pas envie.

Après cette courte intéraction, Tim ne pipa plus le moindre mot, et je me retournai donc vers Maxwell qui commençait à s'agiter nerveusement sur son siège.

-Hum... Hé bien... Ils se sont disputés...

-Ah? Pourquoi?

-Heum... A cause... D'avis, disons, opposés.

Ce fut les dernières informations que je pus obtenir de Max à propos d'Alésia. Après ça, il se mit à parler de tout et n'importe quoi, s'intéressant sérieusement à moi, ce qui m'a fait assez plaisir. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser que la mission de madame Thian s'annonçait aussi facile que complexe. 

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