chapitre 15
Le soleil devait s'être levé à présent, enfin je n'en savais rien avec mes volets fermés, mais pour une fois, j'imaginais avoir été bien plus ponctuelle que le soleil. Réveillée depuis déjà un moment, je restais figée, là, sur mon lit, les mains jointes sur mon ventre et le regard fixant le plafond. Quelle activité de merde. Parcourant les murs gris et ternes des yeux, j'eus ,l'espace d'un instant, l'impression d'être hors de toute cette merde, hors du centre et loin de ces malades. Mais ce n'était qu'une impression de rient du tout. J'étais encore bien là. Et sûrement pour longtemps, au moins 2 ans, si je réussissais à ne plus me foutre dans les emmerdes . Mais non, j'étais bien là, et les échos de ma conversation la veille avec Amya me le rappelaient férocement. Amya Sholm, m'avait demandé de l'aide. A sa manière, en me menaçant, mais elle m'avait quand même demandé de l'aide. De l'aide, pour sauver son frère. Mais bordel quelle histoire de merde!
Je me passais les mains sur le visage en grommelant lorsqu'on vint toquer à ma porte. Trois petits coups, à peine audibles. Max?
<<-Heu ouais? Max c'est toi?
-Oui, c'est moi. Alésou, tu vas bien? Je, je peux entrer?
-Ouais ouais, tu peux.>>
La porte s'ouvrit d'abord sur quelques malheureux centimètres, ne laissant voir dans l'entrebâillement qu'une petite moitié du visage de Maxwell qui attendit quelques secondes avant d'entrer, refermant la porte derrière lui. Toujours allongée, je l'observais en silence tandis qu'il se tenait les mains en restant près de la porte. Il ne me regardait pas. Il observait ma chambre, comme s'il ne l'avait pas vu depuis longtemps et que j'aurais refait la déco. Ou comme s'il n'y était jamais entré. Il restait silencieux en se touchant les mains, observant le sol, les mur, l'armoire, la fenêtre et ses volets fermés... Mais il ne me regardait pas. Sans un mot, il s'approcha de la dernière chose sur laquelle il avait posé son regard, et ouvrit la fenêtre ainsi que les volets, laissant la lumière du soleil pénétrer violement dans la pièce jusque là obscure. Cette soudaine lumière me piquait les yeux, aussi je me retournai aussitôt dans mon lit en grognant.
<<-Arrggg, Maaax!
-Désolé, désolé. Mais ce n'est pas bon de rester dans le noir.
-c'est pas mieux de m'aveugler!
-Désolé!
Durant quelques secondes, un silence s'installa, et doucement je me retournai pour refaire face au brun à lunettes qui se tenait toujours droit près de la fenêtre qu'il avait refermée.
-Mais pourquoi t'es venus au fait?
-Ah, le petit-déjeuner... La cafétéria va bientôt fermer et comme t'étais pas descendue...
-Ah... Il est déjà si tard?
-Ouais... On a déjà déjeuné avec Tim et Marco.
-Marco? Oh, ah ouais, le gosse.
-Ouais... Si tu descend maintenant, tu devrais pouvoir encore manger je pense.
-... Pas la peine, j'ai pas faim. Vient, on sort.>>
Sans un mot de plus, nous quittâmes ma chambre pour descendre les marches en silence. Max était bien calme, alors que je m'attendais à ce qu'il me questionne sans arrêt pour savoir pourquoi je n'étais pas descendu. Mais il n'en fit rien, et seul le bruit de nos pas sur les marches résonnait en écho pour remplacer l'absence de conversation. Avançant en tête, les mains dans les poches je me fis la remarque que, les bleus sur mes poignets n'étaient pas prêt de disparaître. Cela faisait maintenant trois jours que j'avais découvert Gloria à l'infirmerie... Trois jours ... Le regard dans le vide, je m'avançais sans plus réfléchir dans le jardin commun, et plus précisément vers le banc occupé par Tim et Naëlle. Tous deux semblaient discuter, et notre arrivée mit un terme à leur conversation. Pauvre Tim-mini, il devait avoir raison au final: ma simple existence suffit pour le faire chier. Que c'est beau de voir que je n'ai pas besoin de me donner du mal pour ça.
Sans dire un mot, je vins m'asseoir sur le banc, laissant de l'espace entre moi et Tim. Max se plaça près de Naëlle, devant nous et tous trois commencèrent à discuter. Mais moi, je ne pouvais pas entendre ce qu'ils disaient. Pourtant, ils ne chuchotaient pas. Pourtant, j'étais au milieu de leur conversation. Pourtant, même en me concentrant, je ne décelai aucun son compréhensible. Aucun. Il ne restait que la voix de Amya, ses mots, son regard. Juste ça. Je ne voulais pas y repenser, mais comment faire? Cette fille était venue me demander de l'aider. Que nous l'aidions à sauver son frère. Et par le sauver, elle entendait, le faire sortir du trou, et du centre. Elle m'avait dit tant de chose si clairement. Pourtant, je ne pouvais plus me rappeler clairement que d'une chose. "Daniel n'est peut-être plus là, mais c'est pas pour ça que les gens ici ont arrêté de penser à s'évader."
<<-Hé!
-Hein? Je sursautai alors qu'on venait claquer des mains juste sous mon nez.
-Alésia? A quoi tu pensais comme ça?
Mon regard rencontra celui de Naëlle qui semblait analyser chacune de mes réactions.
-Faut que je vous raconte un truc... Hier... Amya Sholm est venue me voir dans ma chambre.
-Mais pourquoi? C'est un problème avec les seringues?
-Maxwell, laisse la parler.
-Oh, heu oui pardon Naëlle, enfin pardon Alésia!
-... Ouais bref... elle est venue me voir pour qu'on l'aide à faire s'échapper son frère du trou.
Un silence s'imposa de lui-même après mes paroles, et même sans les regarder, je pouvais parfaitement deviner qu'ils me regardaient tous les yeux grands ouverts comme si je venais de dire la chose la plus folle de tous les temps, ce qui, en réalité, n'est pas totalement faux: ce que veux Amya est totalement fou. Ce serait tous nous condamner. Faire sortir une personne du trou... On aurait pu réfléchir à ça, mais là faire partir une personne du centre... Autant se tirer une balle dans la tête pour sortir d'ici.
-Sérieux là? Mais pourquoi il l'ont foutu au trou?
Je relevai des yeux ronds de surprise sur Tim qui fronçait les sourcils à côté de moi.
-C'est tout ce qui te vient à l'esprit là? Sérieux? T'as capté ce que je viens de dire ou j'dois répéter?
-J'ai très bien entendu et j'ai compris oui. Mais il faut savoir pourquoi il l'ont foutu là-bas déjà, et après on pourra réfléchir.
Pas possible. Ce mec devait vraiment être con. Ou alors pressé de mourir. Comment expliquer sinon qu'il soit d'accord? Tim, le plus vieux d'entre nous, celui qui était là depuis le plus longtemps, qui avait perdu plus d'amis que nous, qui risquait plus gros que nous chaque jour... Pensait vraiment à jour au héro ? J'espérais le voir se mettre à rire, j'attendais qu'il se foute de ma gueule, qu'il dise qu'il rigolait, et qu'il ne comptait pas risquer sa vie, qu'il aimait trop vivre pour ça. Mais non, il se tenait le menton en ayant l'air de réellement réfléchir. Pourquoi? Ma voix sorti froidement de ma gorge qui se serrait, les mots sortaient douloureusement pour moi autant que pour lui.
-Mais t'es vraiment con alors? Tu penses quand même pas sérieusement à... Non, c'est pas possible. Même toi t'es pas con à ce point.
Il tourna les yeux vers moi, l'air bien trop calme pour ce qu'il se passait.
-Quoi? Parce que tu pensais à le laisser croupir là-bas? Jun est déjà majeur.
-Et alors?! Toi aussi tu l'es bientôt putain!
-Hé! Calme toi. Je le suis bientôt, pas encore.
-T'auras même pas le temps d'atteindre 18 ans si tu penses sérieusement à les aider! Merde quoi! Tu veux tant crever que ça?!
-Putain Ferme là! Tu voulais vraiment rester les bras croisés alors qu'on est au courant de ça?! On est tous dans la même merde ici! Si on se soutient pas, comment tu veux espérer vivre?! Tu pourrais vraiment te regarder en face si tu ne faisais rien pour aider quelqu'un qui a besoin de toi?!
Ma gorge, mon coeur, mes poings se serrèrent simultanément. Gloria. J'étais la seule à être courant, avec les jumeaux. Mais je n'ai rien dit. S'il savait, il serait vraiment capable de me cogner. Mais c'est mal de chercher à survivre? Comment peut-on vouloir aider les autres quand on est même pas capable de veiller sur nous-même? C'est si mal de vouloir vivre sans problème? Je dois me sentir mal, culpabiliser parce que moi je vis avec moins de soucis que d'autres? Putain, et quoi? C'est quoi son problème de conscience ? Il veut aider les autres? Mais qu'il aille jouer au bon Samaritain !
-J'vais certainement pas m'excuser de vouloir vivre moi! Merde! J'le connais même pas ! Pourquoi j'irais me foutre dans la merde, risquer ma vie pour eux!? J'ai pas déjà assez fait avec leurs foutues seringues?!
-Et James? Tu le connais encore moins que Jun. Pourtant tu l'as aidé.
-Bordel mais c'était pas pareil! Là c'était pour sauver ma peau!
-Bah alors, il pourrait très bien balancer pour les seringues. Et là, tu l'aiderais? T'es si égoïste que ça?
-Quoi? égoïste? Moi? Tu te fous d'ma gueule là pas vrai? En quoi c'est mal de vouloir vivre hein?! Je veux vivre moi! Vivre! Je veux quitter cet endroit, sortir, retourner chez moi, revoir le quartier où j'ai grandi, revoir ma grand-mère, avoir la chance de faire toutes ces putains de choses banales et oublier tout ça! Alors quoi?! Je suis égoïste de cherche à vivre?! De vouloir revivre tout ça?! T'en as pas envie toi?! Si t'as des putains de problème de bonne conscience et qu'tu te sent obligé d'les aider, très bien! Mais ne me mê-
Je fus coupée dans ma tirade par Tim qui se leva d'un coup pour me faire face. Depuis quand je m'étais levée aussi? Depuis quand je serrais mes poings si fort qu'ils en tremblaient? Depuis quand ma gorge me brulait-elle? Je n'en avais aucune idée. Mais toutes ces questions furent balayées aussitôt par le regard menaçant de Tim. Il me regardait... Avec dégout. Et cette fois, je pouvais voir qu'il ne blaguait pas. Je me sentis défaillir, intimidée par ce regard que je ne lui connaissais pas. Alors il était si en colère?
-Dis moi, quand Daniel était en vie pourtant, on aidait bien les autres non? Même ceux qu'on aimait pas particulièrement. Mais tu ne faisais pas de vague. Alors quoi? Daniel n'est plus là, donc t'as finis ? Tu vas chercher à l'oublier lui aussi? Après tout, il est du centre.
Tim s'en alla, les mains dans les poches. Je me sentais continuer à trembler, je voulais lui hurler encore tant de choses, je voulais le frapper si fort, mais... A l'évocation de Daniel... Je n'en étais plus capable. Je sentis des mains saisirent les miennes, Naëlle. Max s'agitait près d'un garde qui marchait droit vers nous, l'air implacable et sans prêter la moindre attention au brun qui marchait près de lui.
-Alésia. Tu vas te blesser. Arrête.>>
Ces quelques mot de Naëlle me firent prendre conscience de mon état si pitoyable et je retirai violement mes mains de celles de Naëlle, marchant droit vers le garde qui me regarda de haut en bas avant de se mettre à marcher à mes côtés. J'avançai les yeux rivés sur le sol, encore parcourut de tremblements incessants. Et avant que je ne le réalise, j'étais de retour à ma chambre, de laquelle on claquait la porte.
J'étais en colère. J'avais la haine. Je voulais hurler, me défouler, expulser tout ce que je ressentais. Tim est un vrai con. Un super méga con même! Il veut mourir? Mais qu'il aille tranquillement crever, c'est pas mon problème!
Mes mains se mirent à s'agiter toute seule, et sans que je ne le réalise vraiment je me mis à me défouler sur tout ce qui me passait sous la main. Mes cris fusèrent de ma gorge alors que j'envoyais le bureau au sol, y balançant des coups de pieds, j'envoyais mon lit glisser plus loin dans la pièce, et il se retrouva tout contre mon bureau renversé. Le matelas vola jusqu'à atterrir près de la porte. L'armoire. Je m'en saisit et la poussa au sol dans un énième cris de colère. Je montais dessus alors que ma gorge me faisait mal à force de hurler, et me mis à sauter dessus, comme si je piétinais tout ce qui m'avait tant mit en colère pendant tout ce temps. Et alors que je redescendais de l'armoire, mon regard se posa sur le sol, là, à l'endroit où se tenait droite l'armoire, il y a quelques minutes encore: le bracelet de Daniel. Je ne pouvais en détourner les yeux, comme s'il était là lui-même, m'observant pendant ma crise.
<<-Quoi? Toi aussi tu vas me faire la leçon? Toi aussi tu vas me critiquer?! Bah vas-y merde! J'men fout pas mal de ce que tu peux penser! T'es mort! Mort! Mort! Mort!
Je n'avais jamais était tant en colère. Je ne pensais que je pouvais finir dans de tels états. Pff, d'un côté, je me sentais pathétique. Comme un enfant capricieuse. Mais en même temps, j'avais raison. Ouais, c'est normal de vouloir vivre! Et l'Homme est naturellement égoïste, alors quoi!?
Je me saisît du bracelet et dans un énième cris mêlant peine et colère, j'envoyais de toutes mes forces le bracelet à gemme rouge contre un mur de la chambre. Un clac sonore ramena le silence dans la chambre, et essoufflée, je regardais le bracelet à présent retombé au sol. Pourquoi? Pourquoi Tim ne comprend pas? Je le connaissais depuis si longtemps. Avant que Max et Naëlle n'arrivent, on était que tous les trois. On était bien, on ne se disputait jamais sérieusement. On s'entraidait même, et il me comprenait, même quand je n'arrivais à trouver les mots. Alors pourquoi, alors qu'on se connait depuis si longtemps, il ne me comprend plus?
-Daniel...
Son prénom sortit dans un sanglot qui me serra encore la gorge, et lentement je me dirigeai vers le bracelet.
-Daniel... Je, je voulais pas...
A présent accroupi face au bracelet, je le pris dans le creux de ma main, secouée par une culpabilité étouffante.
-Pardon... Je voulais pas jeter le bracelet... Pardon...
Ma voix était secouée par des vagues de sanglots que je ne pouvais réprimer, tout comme les mots qui franchissaient mes lèvres.
-Daniel... Je suis désolée... Désolée... Alors, s'teu-plait... Reviens... S'teu-plait... Reviens, me laisse plus seule...
Assise contre le mur et le regard rivé sur le bracelet au creux de ma main, je le caressais du bout du doigt alors que ma vision se fit floue et que des larmes salées vinrent s'écraser en silence sur la gemme rouge du bracelet.
-Daniel... Tu me manques...>>
[...]
PDV Maxwell
C'était un moment bien agité... Alésia et Tim... Je ne les avais jamais vu se disputer comme ça... Et Alésia... Elle avait l'air de vouloir pleurer... Et Tim, lui... Je ne savais pas qu'il pouvait être si sérieux...
Je continuais à repenser à l'altercation entre mes deux amis en retournant à mon tour à ma chambre. Naëlle avait décidé de rester avec Tim. J'aurais voulu aller voir Alésia mais... Qu'est-ce que j'aurais pu dire? Ou même faire? J'aurais été plus gênant qu'autre chose pour elle... Je ne suis pas aussi calme que Naëlle... Je suis trop peureux... Comment je peux aider mes amis en étant comme ça? Arrivé à la porte, j'étais totalement déprimé de me rendre compte à quel point j'étais impuissant même si je voulais aider, et en ouvrant la porte, je découvris ma chambre, silencieuse. J'attendis durant quelques secondes, cherchant James des yeux. Il s'était sûrement caché. Il avait prit l'habitude de faire ça.
<<-James? C'est moi, Maxwell.
-Max? Oh c'est toi!
Il quitta l'armoire dans laquelle il s'était caché et me sourit en me voyant, mais son accueil tout sourire ne dura pas quand il vit mon air abattu.
-Max? Bah, ça va pas? Qu'est-ce qu'il se passe?
Restant silencieux je me contentai de baisser les yeux en soupirant. Après quelques secondes, ses pieds entrèrent dans mon champs de vision, et je sentis sa main me tapoter le dos.
-Allez viens, raconte moi tout d'accord? Je te ferai un esquimau d'acc?
Un petit rire franchit mes lèvres en l'entendant. Bon sang... Même maintenant, on s'occupait de moi comme un enfant... James m'accompagna pour m'asseoir sur le lit et il tira la chaise du bureau pour se poser face à moi. Sans me presser il me laissa souffler, et parler de moi-même.
-Je, je suis allé cherché Alésia parce qu'elle n'était pas descendue, et on ne l'avait pas vu. Et elle n'aime pas rater un repas, elle râle beaucoup quand ça arrive, c'est Tim qui me l'a dit... Alors, pour éviter ça je suis monté la chercher discrètement. Elle était dans le noir et elle n'a pas voulu déjeuner. On est directement descendu au jardin commun, et elle nous a dit que... Hier soir, Amya Sholm, celle dont je t'ai parlé, était venue la voir. Elle lui a demandé à ce qu'on l'aide à faire s'évader son frère, Jun. On sait pas pourquoi, mais il est au trou... Et Amya veut qu'on le fasse sortir du centre. Tim était tout de suite d'accord, mais Alésia... Non. Et ils se sont disputés...
-Ah, d'accord. Mais même si je les connais pas les deux, Alésia et Tim, ils s'entendent comme chien et chat de ce que j'ai vu, non? Ils ont l'air d'être souvent en conflit .
-Je sais qu'on dirait qu'ils ne s'entendent pas mais... Tim est au centre depuis 3 ans... Et Alésia depuis 2 ans. Ils se connaissent depuis plus longtemps, et trainaient déjà ensemble avant.
-Sérieux?! Mais comment? Pourquoi?
- Ahah... Daniel...
-Daniel? C'est qui ça?
-C'est... Daniel était l'ami de Tim. Il vivait dans la même ville avant et il est arrivé quelques mois après Tim. Ils sont vite devenus amis. Puis Alésia est arrivée, et Daniel disait avoir été attiré comme un aimant. Tim lui il disait que c'était plutôt comme les mouches attiré par le papier qui colle... Bref, c'était un trio... Grâce à Daniel.
-Mhh... Et donc, il est où ce Daniel? S'il leur parlait, ça serait réglé non?
-Si seulement... Mais... Daniel... Ne peux plus faire ça... Il ne pourra plus jamais...
Un silence suivit mes paroles, et je n'osais pas relever les yeux pour voir la réaction de James. Est-ce qu'il avait compris? Je ne me voyais pas dire aussi clairement que Daniel est... Enfin, qu'il... Ne pouvait plus intervenir. C'était une chose bien au delà de mes forces... Comme beaucoup de choses... Je me pris le visage entre les mains en soupirant.
-Et, et donc... Naëlle est allée voir Tim et Alésia est retournée à sa chambre... Mais... Moi, je voudrais aller la voir, c'est mon amie, alors je veux la soutenir comme elle elle le fait pour moi... Mais, c'est dur. Et ça me fait peur. Je ne sais pas ce que je devrais dire, ou faire. Je ne sais pas si elle voudrait que quelqu'un soit là ou si elle préfère se calmer seule... Je... Je suis un boulet, mais ils me traitent tous toujours bien. Et moi, je ne peux rien faire pour eux... Je suis tellement faible...
A nouveau, je sentis sa main se poser sur mon dos pour me le frotter. Sa gentillesse me rappela ma mère... Et sans plus pourvoir me retenir, mes larmes coulèrent sur mes joues pour finir ensuite au sol. J'étais secoué de spasmes, et malgré que je faisais de mon mieux pour ne pas pleurer, mes efforts étaient vainc, et James m'aida à m'allonger dans mon lit en continuant de me frotter le dos. Reniflant le plus silencieusement possible, je me recroquevillais sur moi-même, nostalgique de l'époque où ma mère s'occupait de moi ainsi...
-Tu sais, tu me rappelle beaucoup mon petit frère... T'en fais pas Max. T'en fais pas.>>
Et sans lui répondre, je fermai les yeux et me laissai bercer par ces caresses dans mon dos, jusqu'à finalement m'endormir.
[...]
PDV James
Maxwell endormit, je repensais à ce qu'il m'avait raconté alors que je remettais la chaise en place. Ce Daniel, j'entendais son nom pour la première fois. Mais d'après ce que je comprenais des mots de Max, il ne pouvait plus rien faire... Alors, était-il lui aussi au trou? Parce que sinon, je vois mal la femme asiatique laisser partir aussi simplement quelqu'un d'ici. Ou alors... Non, il ne pouvait pas être mort quand même! Nan, ils peuvent pas être des monstres à ce point. Mais, Max se sentait vraiment mal... Il faisait tant pour moi, et si j'allais bien, c'était grâce à lui. Il m'a aidé alors que les autres s'y opposaient et il risque gros en me cachant dans sa chambre... Il faut que je trouve un moyen de lui venir aide.
Et c'est ainsi que je me suis décidé à aller voir Alésia. Elle n'avait l'air du genre très sociable, mais elle Max avait raison, elle s'était montré assez gentille avec lui. Elle en doit pas être bien mauvaise. Marchant lentement et discrètement dans le couloir, j'avançais, collé aux murs. La porte de la chambre de Max était déjà loin derrière moi maintenant, et heureusement, je me souvenais du numéro de sa chambre. En tout cas, je ne devais pas me tromper. Concentré sur ma tache de ne pas me faire repérer, et de me souvenir du numéro de la chambre de Alésia, je me le répétais en avançant, longeant les murs à l'affut du moindre bruit. Quel sensation! J'avais l'impression d'être un agent secret en mission!
Le temps me paraissait bien long, comme le chemin jusqu'au côté du couloir pour les filles, mais j'y étais enfin. Je traversai en courant la zone du palier et passai enfin du côté des filles. Bon, plus qu'à rejoindre la bonne chambre. J'avançai jusqu'à un porte et m'y arrêtai. Là, c'était sûrement celle-là! La main sur la poignée je me préparais à entrer quand j'entendis un cris de rage venir de deux portes plus loin. Je m'écartai alors de la porte devant laquelle je me tenais, me mettant à douter. Alésia était parti en colère, alors... Il était plus probable que ce soit elle qui ait crié non? Je m'approchai à pas de loup de la porte et y colla mon oreille. Je n'entendais que le silence derrière. Et alors que je me décidais à m'écarter, je crus entendre des sanglots derrière la porte. Ces bruits de pleurs retenus... Mon petit frère pleurait de la même façon. Poussé par mon instinct, j'actionnai la poignée et poussai la porte. Celle-ci ne s'ouvrit même pas en entier, se cognant à un matelas qui reposait à moitié contre le mur. La chambre était sans dessus dessous, comme si une tornade était passée. Mais la tornade en question était sûrement Alésia, que je vis assise contre le mur. Cette vision n'allait tellement pas à comment je l'avais vu la première fois, brandissant un cintre pour se défendre et menacer . Elle semblait à ce moment si fragile et seule. Fermant la porte derrière moi, je m'approchai alors doucement, en silence et finit par m'asseoir à côté d'elle, m'appuyant contre le mur. Elle ne disait pas un mot, ne me regarda pas une fois. Elle se contentait de serrer ses poings contre son front en pleurant. Je comprenais Maxwell juste à cet instant. Juste parce que j'avais l'habitude de réconforter mon frère avant, je croyais être capable de le faire pour n'importe qui. Mais, en la voyant à cet instant... Que dire? Que faire? Je comprenais enfin les doutes de Maxwell...
<<-Hum, Alésia, tu serais sûrement redoutable dans un sport de combat.
Même si ses larmes coulaient jusque là en silence, une sorte de malaise me saisit à la gorge alors que j'eu l'impression qu'elle s'était arrêtée de pleurer. La regardant du coin de l'œil, je fus seulement rassuré qu'elle ne puisse pas se servir de ses pouvoirs, enfin capacités sur moi. D'ailleurs, c'est quoi ses capacités? Sentant que je ne pouvais laisser l'atmosphère ainsi, je rajoutai un peu hésitant en tournant la tête vers elle.
-Même avec un cintre.
-...
-Enfin, tu dois être redoutable avec n'importe quoi. Le grand roux là, Tim, tu l'avais cogné vachement fort. Il doit encore s'en souvenir.
-...
-Et, et sinon, ta chambre c'est un nouveau style de déco? Je connaissais pas.
-...
-Par contre pour dormir, je suis trop sûr là...
-Pff...
-Ah! t'as parlé!
-Nan j'ai soufflé.
-Mais là t'as parlé!
Son regard sévère et rougit rencontra le mien et je pu voir dans ses yeux à cet instant, toute la colère qui l'habitait encore. Comme un animal sauvage et blessé. Comment ce Daniel avait-il réussi à tenir cette fille? Nan pas possible. Mais à présent je ne pouvais pas juste laisser le silence reprendre le contrôle alors qu'elle m'avait enfin répondu.
-Max m'a raconté ce qu'il s'est passé.
-Et alors? T'es venu pourquoi déjà?! Ta tête me fait chier! Dégage! Tu comprends pas !? Merde Dégage! Dégage! Dégage!
Ses mots, sa voix... Tout était emplis d'une profonde tristesse. Ses paroles allaient totalement contre ce qu'elle pensait. Elle ressentait tant de peine. Mon p'tit frère aussi agissait comme ça. Quand il était à bout, il s'enfermait dans sa chambre et se mettait à pleurer en silence, en rejetant tous ceux qui s'approchaient. Alésia agissait comme lui. Elle devait se sentir seule... Et même si je risquai qu'elle m'étrangle avec un cintre, je me rapprochais doucement alors qu'elle serrait encore ses poings contre sa tête, le regard rivé sur le sol, me répétant de dégager comme une incantation ou un disque rayé.
-Tu peux pas rester seule...
Je passai mon bras derrière son dos et l'attira contre mon épaule. Aussitôt elle se tendit et je la sentais trembler entre mes bras. Le fait qu'elle ne me cogne pas en retour tout de suite m'encouragea et je déposai ma tête contre la sienne, en m'apprêtant à lui parler, mais son coup de tête dans mon menton qui me fit morde ma langue m'en empêcha... J'aurais du prévoir le coup... Je retirai mon bras de ses épaules et vint plaquer mes mains desquelles se dégageait de la fraicheur sur ma langue pour calmer la douleur. Alors que j'attendais en prenant mon mal en patience que ma langue soit moins douloureuse, je sentis son regard sur moi. Du coin de l'œil je pouvais voir qu'elle ne tremblait plus et en tournant la tête vers elle, pour m'en assurer totalement, une chose improbable se passe... Elle sourit. Alésia me souriait et se retenait même de rire. Tenant toujours ma langue entre mes mains, je restais silencieux en la voyant alors qu'elle continuait à se moquer doucement de moi.
-Putain t'as vraiment l'air con...
-Ah... ais et as i ah.
-Hein? Lâche ta langue déjà.
-Oh ouais, heu je disais, "mais c'est pas si mal".
-Ah? J'aurais pas trouvé.
De nouveau elle esquissa un sourire, en soupirant, ce qui me fit sourire à mon tour. Elle ne pleurait plus. Au moins avoir l'air con aura servi. Nous restâmes silencieux, assit côte à côte, moi la regardant et elle fixant son regard dans le creux de ses mains. Doucement je me rapprochais en penchant la tête pour voir ce qu'elle regardait avec tant d'insistance, et ma tête vint à nouveau se poser contre la sienne. Cette fois, elle ne me cogna pas. Heureusement. Dans ses mains se trouvait un bracelet de résident, ceux qu'ils portent tous. Celui d'Alésia avait une pierre verte et celui dans ses mains une rouge. A qui était-il? Je croyais qu'il ne pouvait pas retirer leur bracelet.
-Hé, c'est à qui?
-...Daniel.
-Daniel?
-Ouais. Daniel.
-... Ce serait pas mieux que lui soit là plutôt que son bracelet? Et surtout, comment-
Elle avait baissé la tête à nouveau. Et la voir faire m'empêcha de dire quoi que ce soit. Je lui laissais le temps de parler, restant silencieux. Mais elle ne dit rien. Alors, si elle ne pouvait pas parler, je n'avais qu'à le faire.
-Tu sais, c'est normal de pas aider tout le monde. Parfois on voudrait, mais on peut pas. Parce que déjà, faut pouvoir s'occuper de soi hein. Et, c'est une force de se rendre compte de quand on peut venir en aide et quand on peut pas. T'es pas en tort.
Du coin de l'oeil, je la vis redresser la tête et ouvrir de grands yeux. Je ne sais pas si c'était ce qu'elle voulait entendre, ou si c'était la meilleure chose à lui dire à cet instant, mais au moins, ça avait fait son effet, et elle s'était calmée. Donc, en quelque sorte, j'avais réussi, non? Pendant quelques secondes, nous restâmes silencieux, assis l'un contre l'autre à regarder le bracelet qu'elle tenait entre ses mains. Après un moment de silence, elle finit par parler.
-Au fait. T'as fait comment pour les caméras?
-... Hein?
-Ouais, les caméras. T'es venu de la chambre de Max, alors pour les caméras? T'as fais quoi?
-...>>
Merde.
[...]
PDV Tim
Alésia racontait que des conneries. Des merdes plus grandes qu'elle. Comment pouvait-elle ne pas vouloir les aider? C'est pas elle qui m'engueulait avant parce que je voulais pas aider les autres qui demandaient de l'aide à Daniel? Et quoi? Maintenant elle me tenait un tel discours? Comme si je ne voulais pas rentrer chez moi. Même là-bas, ça me paraissait mieux qu'ici. Tout était mieux qu'ici.
Des pas rapides me rejoignirent et je reconnus avec surprise les cheveux frisés de Naëlle. Je ne pensais pas qu'elle me suivrait. Et pourtant. Je l'observais en silence, continuant à avancer alors qu'elle regardait droit devant elle.
<<-Tim.
-Heu, ouais?
-Faut aller voir Amya.
Amya? Elle voulait qu'on aille voir... Amya? Par réflexe je regardai derrière nous, cherchant peut-être les autres . Mais bien-sûr ni Alésia ni Max n'étaient là. Après tout, la naine ne pouvait pas s'être déjà calmer.
-Alésia est retournée dans sa chambre, pareil pour Max.
Surpris par sa prise de parole, je baissai les yeux sur Naëlle qui me regardait déjà. Mon coeur en loupa un battement alors que j'opinais.
-Ah ok. Donc, on y va que nous?>>
Pour toute réponse elle opina du chef et se mit à parcourir le jardin des yeux. Amya passait tout son temps avec son frère. Et maintenant qu'il n'était plus là... Où serait-elle elle? Nous nous mîmes à sa recherche, questionnant de temps en temps des résidents. Le jardin commun n'était certes pas si grand que ça, mais y trouver une personne en particulier pouvait s'avérer long. Finalement, nous la trouvâmes, loin de l'agitation des autres, assise à quelques centimètres du grillage électrique.
Naëlle fut la première à prendre la parole, ne semblant absolument pas gênée par le regard sombre de la cadette Sholm.
<<-Amya, Alésia nous a raconté . On ne sait que les grandes lignes, donc on voudrait que tu nous racontes toute l'histoire.
-Toute l'histoire? C'est simple. Après que les trois soit partis, on a rassemblé nos affaires et quelqu'un à toqué. Jun avait un mauvais pressentiment, donc il m'a dit de me cacher sous le lit. Des gardes sont entrés, l'ont attrapés et ont dit que son soutien ne servait plus à rien, et qu'il l'embarquait au trou. Jun a riposté en disant qu'ils n'avaient pas de motif valable, et ils on dit que sa majorité était le plus parfait des motifs. Jun a dit qu'il n'avait rien pour prouver son âge... L'un des garde a rit en disant que trouver des papiers d'identité prouvant qu'il est majeur ne prendrait pas plus de deux jours. Et voilà, ils l'ont embarqué comme ça.
Jun Sholm s'était fait embarqué au trou. Bordel. Tout le monde savait que Jun avait 19 ans, mais il avait un soutien et une protection. Ainsi, dans les documents du centre il avait 16 ans. Ce soutien leur offrait bien plus de libertés ici. Et personne ne pouvait rien contre eux. Alors que son soutien mystère ne puisse plus rien pour lui ... Une période sombre s'annonçait au centre...
-Deux jours hein...
Les filles levèrent les yeux vers moi alors que je réfléchissais à ce que Amya venait de nous raconter.
-Au moins deux jours pour prouver qu'il n'a pas 16 ans... Donc, on a que deux jours pour réussir à le faire sortir d'ici c'est ça?
Amya opine du chef sans me quitter des yeux et Naëlle soupira. Faire sortir quelqu'un... ça paraissait déjà impossible. Alors faire l'impossible en deux jours...
-Alors, vous allez m'aider?
sa voix était agressive. Sûrement n'avait-elle jamais eu besoin de demander de l'aide avant. Naëlle opina pour toute réponse tandis que je lui répondis.
-Ouais, on va t'aider. On va faire sortir Jun de là. Je sais pas comment, mais on y arrivera.
Un court silence s'installa, durant lequel Naëlle s'accroupit face à Amya.
-Amya j'ai une question par contre.
Amya haussa un sourcil, méfiante en passant son regard entre nous. Elle semblait encore bien sur ses gardes malgré qu'elle nous demande de l'aider.
-Une question? Comment il peut y avoir une question dans le fait de sauver mon frère?
-Ecoute. On va devoir se serrer les coudes, s'entraider, bref bosser ensemble. Donc si on ne peut pas se faire confiance, se parler sans craindre que l'un ou l'autre ne nous dise pas tout, ça va pas le faire. Tu veux sauver ton frère? Très bien. Mais chaque chose que tu gardes pour toi, est une chose qui le condamnera.
Je savais déjà à quel point Naëlle pouvait être autoritaire et froide quand elle parlait. Mais c'est justement ce qui faisait son charme. Elle n'hésitait jamais, elle avait toujours réponse à tout, elle impose le respect si facilement... Quelle fille incroyable.
-Donc Amya, tu vas tout nous raconter. Votre soutien, ce que vous vouliez faire avec ces seringues, et tout ce qu'on ne sait pas.
Elle ne lui laissait pas le choix. Non, elle imposait ses règles pour que tout fonctionne. Et Amya semblait l'avoir compris.
-... On avait un plan. On avait trouvé un moyen de s'évader.>>
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