chapitre 14

Avec Madame Thian

Les jours passent... Et j'aimerai qu'ils se ressemblent. Mais c'est sûrement trop demander...

<<-Madame Thian! Un problème dans le bâtiment Cérébral! 

- Ah... Ne peuvent-ils pas se tenir tranquille une heure? Résumez moi .

-Résident numéro 179 s'est blessé avec un morceau de verre qu'il avait cassé, et il est devenu fou.

-Et donc?

-Heu... Je... Pardon?

-Oui, vous faites bien de vous excuser. Vous me dérangeait pour une telle chose... Tasez le tout simplement et envoyez le se calmer au trou. Dites au docteur de jeter un œil à ce résident.

-Bien madame.>>

Quoique... En un sens, les jours se ressemblaient , avec tous les soucis que causaient ces gosses, mais pas dans le sens où je le voudrais. 

Alors que le garde ressortait en s'inclinant, je me retournai pour revenir à ma lecture du nouveau dossier m'ayant été transféré. Une jeune fille de 15 ans avec un pouvoir d'electricité. Une autre Anatomique. Mh tiens? En voilà des choses intéressantes... Donc sa grand-mère, était médecin... Oh elle se faisait appeler la magicienne? Mh. Ils seraient plus proches des monstres. Mais bon.

Ainsi donc, ce serait une capacité... Transmissible? Tiens, je ne crois pas qu'on ait déjà eu ça avant. Que de problèmes. Ah et en plus elle a des frères et sœurs qui n'ont pas encore eu 13 ans? Mais que de problèmes...  

Je me passai la main sur le front en me laissant tomber sur le dossier rembourré du siège qui me portait. Cette enfant, était de sa fratrie la seule a avoir des pouvoirs... Son arrière-grand-mère avait un pouvoir, sa mère ainsi que ses oncles et tantes, et à présent elle. Au vu de ces données, il est clair qu'il fallait garder un œil sur le reste de sa fratrie.  Quittant ensuite ce dossier que je jugeais avoir assez étudié, je passais ensuite à celui de mon cher patient n°157: Maxwell Vertun. Je ne m'attendais évidemment pas à ce qu'il revienne me voir seulement un jour après ma proposition. Mais planifier une piqure de rappel n'est pas une mauvaise idée. Disons, demain ou après-demain. 

<<-Bon, ça c'est noté. Et maintenant, voyons ce qu'on a... Des mails de parents, poubelle. Mhh Mes prochaines séances avec les résidents... Mouais, mhh? Oh, des nouveautés dans l'affaire de ce double...>>

Bien plus intéressée par ce sujet que par les autres, je me penchai vers l'écran de l'ordinateur, sortant en même temps du double fond de mon bureau mes dossiers secrets. D'une main distraite j'en sortis le dossier de ce... James. Ce spécimen à la double capacité. Là-dedans était consigné toute sa vie, celle de ses proches, et même des choses que lui-même ignore. Tout ce savoir... Que je possédais entre mes mains, et pour chaque résidents! C'en était si satisfaisant. Un rictus aux lèvres, j'entrepris la lecture silencieuse du dossier.

James Corvic, né le 16 septembre 2004 dans un petit village de l'est de la France. Des parents divorcés à cause de  violences conjugales ayant menées la mère aux urgences plusieurs fois. Il avait 6 ans quand ses parents se sont séparés et que la mère est parti se réfugier chez sa sœur avec ses trois enfants, tous des garçons. L'aîné, Antoine a aujourd'hui 18 ans et c'est lui qui a convaincu la mère de nous appeler. Mhh, il connaissait notre existence grâce à une tante éloignée dont le fils avait été emmené ici. Brave petit. James est le cadet et le petit dernier Loïc a à présent 14 ans. A noter qu'il a une très faible constitution. Quand on est venu le chercher, il ne s'est pas débattu et n'a pas cherché un instant à résister. Par contre après deux jours au trou, il s'est enfui.

Refermant le dossier, je laissais un soupir se perdre dans ce bureau si silencieux qui était le mien, dépourvu de toutes décorations ou effets personnels. Bien trop risqué avec ces montres fous furieux... 

A présent réfléchissons... Il s'était enfui du trou en simulant un malaise pour que le garde entre, et là il lui a brûlé le bras et gelé la langue... Mhh, ne pas lui mettre de bracelet était une terrible erreur en fait. Bon sang, suis-je une débutante pour faire ce genre d'erreur?! Un nouveau soupire m'échappa alors que je repris le fil de ma pensée. On a cherché dans les sous-sols aux quels  il aurait pu avoir accès, on a fouillé les chambres, l'infirmerie, les toits, le jardin avant et hier, on trouve une caméra de la cour arrière gelée, et un trou dans le sol près du grillage... Mhh

<<-Ah. Idiot. Il n'a jamais quitté le centre. Il est encore là, j'en suis sûre. Comment négliger un tel détail? Juste un trou à devant le grillage mais pas derrière? Et vu la taille du trou... Il n'est pas passé par là. Impossible. C'est pour ça qu'il y avait des flaques d'eau près du trous et des prises de glaces sur le grillage... Et même des traces dehors... Donc la personne à l'origine de ce plan a même pensée à ça, faire des trace à l'extérieur, pour que ce soit encore plus réaliste. Pauvre enfant. Je sais très bien qu'il est encore là. Et sûrement avec ce groupe... Mon pauvre petit Max, tu n'as décidemment pas choisi les bons amis ici. Alésia a participé, c'est sûre. Elle a occupé les gardes pendant que le sujet double faisait ces fausses pistes. S'il était vraiment parti, pourquoi prendre le temps de détruire chaque caméra? Mhh, il était accompagné par des résidents qui se sont sûrement baladés dans les couloirs avec lui et qui ont pensé effacé leur trace. Ah lala. Si Alésia est impliquée, les autres aussi. D'elle-même elle n'aurait pas aidé ce gosse. Mais... Maxwell, si. Mhh à coup sûr, tout le petit groupe est mêlé à ça. >>

Après un moment a laisser le silence envahir de nouveau le bureau, je pivotai sur le fauteuil à roulette pour ensuite quitter celui-ci. Max était sûrement impliqué. Comment le faire craquer pour en faire mon espion? Mais... Peut-être n'avais-je pas besoin de lui? Cette Nawel... En lui proposant de me fournir des informations sur tout ce qu'il se passait dans le centre, en lui demandant de devenir mes yeux et mes oreilles, pour qu'en échange elle puisse vite retourner chez elle... Je n'aurais pas besoin de lui. Et dans le meilleur des cas, il acceptait après que cette fille soit arrivée, et je me retrouverais avec deux pions! Ce serait... Parfait.

[...]

A présent dans la voiture pour me rendre chez cette fameuse Nawel, je parcours de nouveau les informations à son sujet et celui de ses proches . La mère a toujours fait en sorte qu'elle n'utilise jamais son pouvoir à l'exterieur, donc peut-être connait-elle les risques possible, et nous.

La voiture se gara devant un immeuble assez haut aux couleurs discrètes. Observant les environs, mes yeux tombèrent bien vite sur le véhicule de la famille.  Alors que nous nous approchions de l'etrée, une jeune femme sortit précipitamment du bâtiment, laquelle je reconnu immédiatement pour être la grande-soeur de notre futur résidente. Empruntant les escaliers, et accompagnées par deux hommes en costumes, nous arrivâmes finalement devant la porte de leur appartement. Observant celle-ci durant quelques secondes, je me permis de sourire, sachant pertinemment que nous repartirons avec elle. Chaque jeune que nous sommes allés chercher, et reparti avec nous.  Cette fois ne serait pas une exeption. 

J'armais mon poing avant de toquer à la porte, laquelle s'ouvrit sur une femme d'âge mûre qui s'arrêta dans son élan en nous voyant. Ce regard surpris et décontenancé, cette gêne palpable de ne pas savoir qui nous étions et ce que nous voulions. Je me délectais de tout ça. 

<<-Bonjour madame. Je suis désolée de venir vous déranger chez vous, mais nous sommes là pour une certaine raison très importante.

Derrière elle, dans l'entrebâillement de la porte que la mère de famille tenait fermement je pouvais distinguer un corridor.

-Heu, je comprends... Mais de quoi voulez-vous parler?

Elle arrivait enfin dans le couloir, comme je m'en doutais, sûrement tirée par sa curiosité. Je relevai mon regard pour rencontrer presque immédiatement le sien, qui semblait encore plus perdu que celui de sa mère.

-De votre fille.>>

[...]

Les minutes avaient passé, silencieuses, comme la mère et la fille qui m'observaient d'un oeil curieux. Les minutes passaient et depuis que nous étions entrés, la mère n'osait nous regarder directement. Au contraire de la fille qui n'hésitait pas à nous toiser, moi et mes gardes, d'un œil suspicieux, à la limite de l'hostilité. 

<<-Donc... Vous êtes? 

Quelle enfant courageuse. Je dirigeai mon regard vers elle, laquelle n'était clairement pas intimidée comme sa mère.

-Je suis madame Thian. Et je dirige un centre médical faisant également office de centre de recherche.

-Oh, et en quoi cela concerne ma fille? Vous avez dit être là pour elle...

Mhh, elle savait déjà, pourquoi j'étais là, et en quoi cela concernait sa fille. Tiens, à noter qu'elle n'a pas essayé de dire à sa fille de partir, et qu'elle avait comprit que je parlais de Nawel. Enfin, elle ne devait pas se douter que je connaissais l'existence de ses autres enfants. 

-Cela concerne aussi Nawel car, nous pouvons l'aider. 

Leurs deux paires d'yeux se fixèrent sur moi à cette annonce qui devait les prendre de court.

-L'aider? Mais elle va bien, elle n'a pas besoin d'aide.

-Heu ouais, zéro allergie, zéro problèmes, rien! J'vais bien moi.

-Voyons, je n'ai jamais dis que ce que votre fille était capable de faire était une maladie. C'est plus du ressort... Du dysfonctionnement. 

-Vous... Vous savez...? 

-En effet, je sais. Mais comme je vous le disais, si votre fille peut faire de telles choses, c'est à cause d'un problème interne. Les ions dans le corps de votre fille sont bien plus nombreux que chez quelqu'un de normal, de plus leur activité est en continue, cause ce... Ces capacités hors normes. 

A présent que toute son attention est focalisée sur moi, je peux voir sur son visage qu'elle comprend que ce que je m'apprête à lui dire est mauvais.

-Madame, votre fille est en danger. Un danger mortel. 

Sa tasse lui glissa entre les doigts, rebondissant sur le sol alors que son visage devenait pâle. Elle était si atteinte par la nouvelle que ses épaules en tramblèrent. En bonne fille, le sujet, se précipita vers sa mère, la soutenant de ses deux mains. Parfait. Ouvrant grand les yeux je me redressai en tendant les mains vers elles.

-Non surtout pas, ne la touche pas! 

A nouveau leurs regards horrifiés se levèrent sur moi.

-Ce problème... Même si tu pense pouvoir contrôler ce que tu peux faire de l'électricité dans ton corps, c'est faux! En étant trop souvent en contact direct avec une personne, tu pourrais se faire agiter les ions dans le corps des autres, et provoquer des dommages irréversibles, comme des crises cardiaques...

Dans un sursaut elle retira ses mains de sa mère alors que celle-ci observait les mains de sa fille, les yeux luisants de larmes prêtent à couler.

L'adolescente resta silencieuse alors que je m'apprêtais à reprendre et pivota pour  me faire face.

-Mais moi j'y résiste, alors pourquoi ma mère ne pourrais pas? J'ai 15 ans, ça fait 15 ans que je touche librement ma famille avec câlins, des bisous ou des tapes. Et jamais il n'y a eu de problèmes.

Je lisais dans ses yeux le doute et la méfiance. A présent elle cherchait à discréditait mes paroles. Malin. Elle ne se laisse pas subir la situation. Mais, qu'importe, j'ai derrière moi des années d'expérience. 

-C'est normal. La réaction est longue. Toi-même, ces... Capacités ne se sont pas manifestés dès ta naissance, n'est-ce pas?

Silence. Elle ne trouve rien à redire et la mère est encore sous le choc. Il faut en profiter.

-C'est pour ça que je suis là. Pour soigner votre fille et vous la ramener en parfaite santé. Le centre que je dirige est inconnu au grand public, il est donc normal que vous ne le connaissiez pas, Leur dis-je tout en déposant une brochure du centre, présentant les activités et programmes, sur la table nous séparant, Mais sachez, qu'elle n'est pas la seule. Nous nous occupons déjà de 217 jeunes. Et ce sera 218 avec votre fille. 

Pas de réponse. Elle se contenta de fixer la brochure, laquelle finit rapidement entre les doigts pressés de l'adolescente qui parcourait le papier les sourcils froncés.

-Et... Et vous êtes sûre, de pouvoir la soigner?

-Maman!

Nawel regardait sa mère, ne s'attendant apparemment pas à cette réponse, tandis que sa génitrice me jugeait du regard, se triturant les mains. Avec sa mère décédée d'une crise cardiaque il y a 4 ans, la pression et la peur de perdre réellement son enfant est encore plus palpable. L'amour, la plus grande faiblesse. Mais continuez de portez tant d'amour aux gens autour de vous, ça m'aide.

-Bien-sûr. Nous avons un taux de réussite au soin incroyablement bon. Tous les jeunes entrant dans notre centre peuvent rester pour un moment, mais c'est ce qu'il faut pour les soigner. Madame, je vous promets de soigner votre fille, mais il faut vous préparer à la laisser partir pour peut-être plusieurs années. Mais rappelez-vous, c'est pour son bien.

Enchainant les arguments, jouant la corde sensible d'une mère, je la sentais craquer. Je la sentais se faire déjà à l'idée de me voir partir avec sa fille. Par contre, il semblait que Nawel, elle n'était absolument pas prête à partir.

-Maman, j'ai pas besoin d'aller là-bas! J'vais très bien, regarde moi! Maman? Maman, allez, regarde- moi... 

Le regard rivé sur sa mère, l'enfant tenta de prendre ses mains dans les siennes, geste que la mère rejeta en serrant ses poings, refusant de quitter ses pieds des yeux. Nawel, je t'embarque.

-... Viens avec moi un moment.

La mère se leva, sans vérifier un instant si sa fille la suivait, et se dirigea vers la cuisine. Il n'y avait nullement besoin d'avoir une ouïe particulièrement fine pour savoir que la mère devait en ce moment être en train d'expliquer à sa fille qu'il valait mieux qu'elle parte. 

Leur retour dans le salon se fit après quelques minutes, et à la vue de la mine, déconfite pour l'une, et abattue pour l'autre, le résultat de leur conversation ne laissait nul place au doute.

-Madame Thian, quand est-ce que... Qu'elle pourrait venir?

-Le plus rapidement serait qu'elle vienne aujourd'hui même. Nous sommes toujours prêts à accueillir de nouveaux jeunes.

-Oh, mais c'est pas trop rapide? Aujourd'hui?

-Le plus rapide est souvent le mieux. Surtout pour ces traitements. De plus, vous savez ce qu'on dit: "plus vite on part et plus vite on revient".

-J'imagine...

-Oui, faites moi confiance. Le mieux est qu'elle vienne dès maintenant. Ne vous en faites pas, on vous laisse le temps de faire les bagages.

Plus un mot ne se fit entendre alors que matriarche déposait sa main sr l'épaule de sa fille tout en donnant un coup de tête en direction de portes fermées. L'adolescente, sans un mot pour exprimer son avis tourna les talons, faisant lourdement claquer une porte derrière elle.

-Vous avez bien choisi madame. 

Derrière son air accablé, elle ne semblait plus rien entendre, comme déconnectée du monde en fixant la porte qui avait fouetté l'air. Après un moment de silence, la mère s'en alla à son tour, murmurant des paroles nous étant inaudibles. Au travers de la porte, on pouvait entendre des éclats de voix aiguës. Des enfants. Le fameux reste de la fratrie. Il semblait qu'une dispute faisait rage dans la pièce. Pourtant le calme revint aussitôt qu'un bruit d'objet lancé contre un mur retenti, comme un signal pour le retour du silence. La porte se rouvrit. Mère et fille quittant la pièce, une grosse valise violette en main. Ne perdant pas plus de temps que nécessaire,  je quittai le canapé dans lequel je me trouvais et regagna le vestibule, pressant les adieux familiaux. La mère semblait retenir ses larmes tout en embrassant sa fille et lui murmurant des paroles au creux de l'oreille. Mais rien ne venait de la gamine. Sûrement déçue. Sûrement en colère. Ouais, sûrement.

-Allons-y maintenant.

Elle tourna les talons, passant devant moi pour quitter l'appartement familial, duquel sortit à son tour la mère. Marchant vers l'escalier, je remarquai ses lèvres trembloter et ses mains tenant fermement sa valise. Pas de peur, de la colère. Pour moi? Quel compliment. Pour sa mère? Ce ne serait pas si étonnant.

A présent dans l'ascenseur, une voix s'éleva, nous hélant avant que les portes ne se referment. A quelques mètres, une poignée d'enfants tous plus jeune que l'adolescente se tenaient autour de la mère, certains laissant échapper des larmes et reniflements, comme le petits garçon. Tous la regardaient partir, tous sauf une enfant. Une fillette, sa fameuse sœur de 13 ans, celle qui n'avait pas eu de manifestations d'aptitude. Elle fixait le sol, les poings serrés. Et tandis que les portes se refermaient, je glissai ma main dans son dos et, affichant mon sourire professionnel le plus solaire, saluai à mon tour la famille de la main en me penchant vers la nouvelle pensionnaire.

-Dis leur au revoir, Nawel.>>  

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