chapitre 13

Avec Nawel

Je claquais la porte derrière moi pour être directement agressée par les cris habituels de mon chez moi. Je retirai mes chaussures à l'entrée, on va pas dégueulasser le sol hein... Un coussin vola du bout du couloir jusque sur la porte derrière moi pour retomber par terre. Je l'observais un moment et reconnus bien vite mon oreiller. Qui était le con qui avait pris mes affaires? Je relèvais les yeux en fronçant les sourcils déjà prête à engueuler un membre de ma tribus de sauvage quand j'aperçus mon jeune frère me dévisager. Le vacarme habituel de l'appartement ne nous atteignait plus tandis que nous nous toisions comme des bêtes prêtent à bondir l'une sur l'autre. Au bout d'un moment j'haussai un sourcil, déterminée à remporter cette bataille et lui rappeler sa place de petit frère.

<<-Quoi?

-Ta gueule!

-Alors toi, déjà tu fais l'fou en prenant mes affaires et tu me parle comme ça? Viens ramasser déjà et après on verra si j'te tabasse fort ou très fort.

-Ta gueule! J'vais dire à maman si tu me tapes!

-Ah ouais? Et moi j'vais lui dire que c'est toi qui a cassé la télécommande. >>

Il se tut en ouvrant de grands yeux, ne s'attendant sûrement pas à ce que je sois au courant.

Au bordel quel jeu de mots! J'suis trop forte.

Enfin, au comment ne pas être "au courant" quand j'ai un putain de pouvoir d'électricité?

Mon petit frère serra les poings en me lançant un mauvais regard que je ne pris pas un instant au sérieux en le regardant hautainement tandis que je me relevais après avoir enfin enlevé mes chaussures. Le petit cria une dernière fois vers moi et s'enfuit dans sa chambre. Je soupirais en avançant à mon tour vers ma chambre pour déposer mon sac quand j'entendis mon nom résonner dans l'appartement. Le silence s'installa un instant. Quelques têtes sortirent pour, je le sentais, tourner vers moi des regards interrogateurs. Je répondis rapidement et déposai mon sac à l'entrée de la chambre, pour aller rejoindre ma mère dans la cuisine qui tenait la petite dernière de la famille. Je les saluais en entrant dans la pièce et un sourire vint ourler mes lèvres à la vue du petit corps endormis aux creux des bras de notre mère. Je m'approchai d'elle pour venir déposer un petit baiser sur son front alors que ma mère m'expliquait que l'ampoule avait grillé. Encore. Je soupirai en levant les yeux vers celle-ci, imaginant bien mon chieur de petit frère lanceur de coussin et casseur de télécommande accompagnée de l'une de mes soeurs tout aussi casse-pied, utiliser l'interrupteur à répétition pour s'amuser.

<<-Nawel, tu répares?

-Bah ouais. Je soufflai ces mots en tirant une chaise de la table pour la placer sous l'ampoule et monter dessus.

Je me levai avec précaution, et tendis une main vers l'ampoule. Quand je l'eus entre les doigts je concentrai mon attention dessus et sentis mes doigts picoter pour finalement les voir émettre une faible lueur doré. Peu à peu l'illumination s'intensifia à tel point que je pouvais deviner la forme des os de mon index, mon pouce et mon majeur qui tenaient l'ampoule. Quelques secondes passèrent durant lesquelles, comme à chaque fois que je faisais appel à ce pouvoir, beaucoup trop classe d'ailleurs, plus rien des perturbations extérieures ne pouvaient me déconcentrer de ma tâche. Comme hypnotisée par le phénomène se passant au bout de mes doigts, la lumière qui irradiait de ceux-ci se faisait à chaque instant un peu plus vive pour qu'ensuite, l'électricité se forma un chemin vers le filament de l'ampoule en partant de l'intérieur de mes doigts. Quelques secondes passèrent avant que je ne retire mes doigts et que toute la lumière doré qui s'était faite voir ne disparaisse. Un silence s'installa durant lequel, ni moi ni ma mère ne dirent un mot. Finalement je baissai les yeux vers elle, lui faisant signe d'allumer, ce qu'elle s'exécuta de faire pour nous permettre de voir la lumière qui se dégageait de l'ampoule. La lumière qui nous éclairait me picota les trois doigts que j'avais utilisé pour réparer l'ampoule comme un rappel.

-Ah, merci! Tu peux y aller, je vais terminer de cuisiner.

-T'es sûre? J'peux t'aider.

-Non c'est bon.

-Ok.>>>

Comme demandé, je la laissai seule pour retourner dans ma chambre. A chaque pas, la boucan auquel nous étions habitué me revint aux oreilles, m'assurant que j'avais bel et bien quitté ma bulle imperturbable.

En retournant vers ma chambre partagée avec l'une de mes petites sœurs, je ramassais mon sac, délaissé dans le couloir, pour ensuite pousser la porte avec à l'aide de mon pied attirant vers moi les yeux bruns de ma cadette.

<<- 'lut. La saluais-je .

-'Lut. Durant le temps où je rejoignis mon bureau accolé à mon lit plus un mot ne se fit entendre dans notre chambre, contrairement à l'extérieur où je pouvais entendre les bruits de bagarre entre les casseurs d'ampoules.

-Hé Nawel.

-Quoi?

-Pourquoi t'as des pouvoir toi?

-Heu déjà j'en ai un de pouvoir.

- Ouais bah quand même... T'en as un. Nous aucun.

-Bah j'sais pas hein. Pourquoi, t'aurais voulu en avoir un?

-Bah c'est stylé d'avoir un pouvoir, ça te rend unique au monde! C'est pas comme si il y a avait des dizaines d'autres personnes comme toi... >>

Je gardais le silence durant un moment, m'asseyant sur mon lit tout en observant ma jeune sœur. Mon pouvoir s'était manifesté il y a 2 ans, en sauvant mon frère d'une fin à la Claude François... J'avais 13 ans, et ma sœur avait le même âge aujourd'hui. Elle qui avait toujours voulu marquer l'histoire du monde, refusant de n'être qu'une personne comme une autre sur cette terre... Je ne pouvais cacher ma peine en la voyant si... Terne. Oui, terne. Elle avait une joie de vivre à toute épreuve, et elle avait d'ores et déjà décidé que sa destinée était d'être quelqu'un de différent. Quelqu'un dont on dirait le nom encore dans des milliers d'années. Mais depuis qu'elle avait eu 13 ans, 3 mois avait passé, et sa déception et son amertume ne pouvait être du qu'a ça... L'arrivée d'un pouvoir.

Notre mère nous avait raconté que sa mère avait également eu un pouvoir. Le même que le mien, à son époque elle s'était faite une réputation de doctoresse incroyable. On la prenait pour une magicienne, sa spécialité était la réanimation. Elle restait seule avec un patient et en seulement 2 heures, elle ressortait avec un patient sonné mais en vie. Si elle est pas géniale ma grand-mère! Mais bon, quand elle est tombée enceinte, elle s'est retiré du métier pour mener une vie tranquille. Ses enfants n'avaient pas de pouvoirs, mais à leur 13 ans, deux se s'étaient démarqués par leur capacité à résister aux électrocutions: ma mère et un de mes oncles.

Depuis, ma sœur avait attendu ses 13 ans avec impatience... Mais rien ne laissait paraitre une quelconque capacité supérieur à la normal, et encore moins un pouvoir...

J'entrouvris les lèvres pour lui répondre, lui dire qu'avec un pouvoir ou non, si elle voulait devenir incroyable et marquer l'histoire, alors elle le pouvait. Mais je fus devancée par ma mère qui nous signala que le repas était prêt. Elle quitta la chambre en première, et je la suivis après un énième soupire. Bon sang, je lui dirais après le repas.

[...]

Le repas s'était passé dans... Le bruit. Et les cris. Les cris des plus jeunes se battant pour les plus gros samosas, les cris de ma plus jeune sœur réveillée durant sa sieste, les cris de ma mère sur tous ses "idiots de gosses", les cris de ma sœur ainée, rentrée pile pour le repas, qui râlait du fait qu'elle ait moins de samosas que nous... Quelle bonne ambiance.

A présent assises sur le canapé entre mon ainée et ma mère, nous profitions de ce rare instant de calme dans l'appartement.

<<-Nawel, alors c'est comment le lycée?

-Bien. C'est pas vraiment dur hein, suffit d'un peu écouter en classe et de bosser si tu comprends pas le cours.

-Woah... On dirait un parent.

-N'importe quoi. Et toi? Ça va au boulot?

-Ouais... Mes collègues sont cool... Mais comme je suis la plus jeune, ils me prennet pour une stagiaire. Ça me saoule ça. Mais t'as finit les cours?

-Ouais, normalement j'aurais du avoir encore 2 heures, mais ma prof est pas là. >>

Nous discutâmes un moment en regardant la télévision, changeant de chaine à la recherche d'un programme à regarder. Notre mère imposa son droit de veto quand nous passâmes sur une émissions de femmes s'invitant à leur mariage pour se noter. Que de vipères là-dedans.

La discussion s'arrêta d'elle-même, si on peut dire que les "chut!" à répétition de notre mère étaient un moyen naturelle pour que nous cessions de discuter. Sans faire attention au temps, l'alarme de mon ainée résonna dans la pièce, la faisant aussitôt sursauter. Elle s'affola en récupérant ses affaires et nous salua à la volée en claquant la porte, déclenchant un soupir d'exaspération à notre génitrice. Seules quelques minutes passèrent avant que l'on ne sonne à la porte, faisant de nouveau pester ma mère qui se leva, prête à voire ma sœur sûrement revenue pour récupérer une chose qu'elle avait oublié. Alors que ma mère s'approchait de la porte, je me mis à chercher des yeux ce que ma sœur aurait bien pu oublier ici. Porte-monnaie, carte de tram, clés ou autre. Mais je ne trouvai rien dans le canapé ni autour. Continuant à chercher, je tendis l'oreille en entendant ma mère ouvrir la porte.

<<- Mais qu'est-ce que tu! Oh, heu bonjour?

Tiens. Bizarre. C'est donc quelqu'un d'autre? Je me relevai en fronçant les sourcils, curieuse de savoir qui venait ici et pourquoi. Si ça avait été pour des pubs, ma mère aurait déjà envoyé balader la personne, mais je n'avais pas entendu de porte claquer.

-Bonjour madame. Je suis désolée de venir vous déranger chez vous, mais nous sommes là pour une certaine raison très importante.

Mais... Qui est-ce? J'avançais vers le couloir tout en tentant de comprendre ce qu'il se passait.

-Heu, je comprends... Mais de quoi voulez-vous parler?

J'arrive enfin à l'extrémité du couloir, et tourne les yeux vers la porte d'entrée, où mon regard rencontra aussitôt celui d'une femme asiatique qui semblait savoir que je me montrerai.

-De votre fille.>>





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