Sixième Chapitre.

[Une bataille a éclaté dans la forêt, et Heaven est sortie du camp. Elle était sur le point de mourir, et Jake est arrivé pour combattre Jorah avec Thaniel. Ils se sont tous fait vaincre, et Heaven a perdu connaissance.]

_ _ _ _ _

Je sens le froid perler sur mon nez, et je mets du temps à entrouvrir les paupières. Au début, je ne vois rien et n'entends rien. La première chose qui me vient à l'esprit est que je ne suis pas morte. Et je ne sais pas encore si je dois m'en réjouir ou non. Puis, alors que la pluie commence à me réveiller, un sifflement strident assène mes tympans. Et j'ouvre les yeux. Ce n'était pas de la pluie, mais un simple mécanisme du plafond, sûrement censé me réveiller. Je déglutis en sentant tous mes membres retrouver leurs sensations, et grimace en me redressant. Je découvre alors des menottes à mes poignets, bien plus conséquentes que les premières. Je réprime alors un sanglot et manque de peu de fondre en larmes. C'est reparti. Et cette fois ci, j'ai peur que ça soit encore pire. Parce que j'ai fait naître en Jorah ce qu'il ne fallait pas faire naître.

Je me tire difficilement jusqu'au mur, et m'y laisse tomber en lâchant un soupir tremblotant. Je lève les yeux et observe la pièce. C'est une vaste salle aux murs blancs, épais et matelassés. Le mur en face de moi est différent, et ressemble plus à une vitre ou un miroir. Je remarque déjà une minuscule caméra dans un coin, et alors que je m'apprête à lui adresser un doigt d'honneur, je me ravise. Peut-être que j'aurais dû être moins audacieuse auparavant. Parce que maintenant, ça va être bien plus compliqué de m'en sortir.

En fermant les yeux, mes derniers souvenirs reviennent avec violence dans mon esprit. Je repense à Jake, à ces brèves retrouvailles déchirantes, à sa vulnérabilité face à Jorah. Je repense à mon état, à la façon dont j'ai laissé exploser toute ma puissance alors que j'étais persuadée de mourir au bout du compte, au combat enragé avec Jorah.
Je porte difficilement ma main à ma mâchoire, et grimace. J'ai été violemment vaincue.
Je n'aurais pas dû franchir la barrière protectrice du camp...

Je sursaute en entendant la caméra bouger légèrement, et quelques secondes plus tard, le mur face à moi se fend en deux et s'ouvre sur une silhouette floue. Je tremble et me remets brutalement sur pieds, réprimant un gémissement sur la douleur aiguë qui irradie mon corps.
Et en voyant Jorah se dessiner lorsque le mur se referme, j'oublie ma douleur et serre les dents en me jetant sur lui, ne répondant plus que de mon instinct. Mais d'un geste de la main, il me fait pivoter et je heurte un mur adjacent. Je ravale difficilement ma salive, et redresse le menton pour le fusiller du regard, immobilisée.

— Grâce à ces nouvelles menottes, j'ai un bien meilleur contrôle sur toi, affirme-t-il alors calmement.

Je fronce les sourcils, et il abandonne son emprise avant de s'adosser au mur opposé.

— Tu es restée inconsciente quatre jours, m'annonce-t-il alors.

Je réprime ma surprise, et déglutis. Lorsque j'ai perdu connaissance, j'ai premièrement pensé me retrouver dans les limbes, et quand je me suis réveillée, je me suis dit que je n'étais finalement restée inconsciente que quelques heures. Quatre jours...

— J'ai été morte à un moment ? hésité-je.

Il plisse les yeux, médusé.

— Non.

Je hoche la tête. Pour aller dans les limbes, il faut que je meure. Alors pour sauver ma mère, il faudra que je meure.
J'écarte cette pensée de ma tête, et écoute Jorah lorsqu'il croise les bras.

— Ça m'a laissé le temps pour élaborer ton entraînement, tes petites menottes, et d'attendre que ton corps se remette.

Je ne réponds pas, et en voyant que je triture machinalement mes poignets, il ajoute :

— Tu peux utiliser la magie avec, c'est pratique pour l'entraînement. Mais seulement selon les limites que je fixe.

Je ne pose pas de question, mais je comprends rapidement que ça veut dire qu'il a le contrôle. Alors il vaut mieux que j'obéisse, que je fasse profil bas... quelques temps au moins.

— Tu as été impressionnante, lance alors Jorah.

Je laisse échapper un hoquet moqueur. Jamais je ne pourrais avoir une conversation sérieuse avec lui, c'est à croire qu'il compte ignorer mon opposition jusqu'au bout.

— Quand est-ce qu'on pourra réellement parler ? osé-je articuler.

Il plisse les paupières.

— Il n'y a rien à dire. Tu as désobéi, tu as failli mourir, et tu t'es déchaînée sur moi. Tu l'as très bien fait, d'ailleurs, ça allait au delà de toutes mes espérances.

Je sens mes lèvres trembler sous la rage, et soupire un long moment.

— Qu'est-ce que vous avez fait des autres ? l'interrogé-je en le fusillant du regard.
— Les autres ?
— Vous savez très bien de qui je parle. Thaniel... Jake, ils sont où ?
— Ils se reposent, sourit-il alors.

Lorsqu'il marque une pause, je serre les dents, observant son regard briller intensément.

— Je ne pensais pas que tu allais réussir à retourner le cerveau de Thaniel aussi vite, souffle-t-il. Il semblerait qu'il soit plus faible qu'il ne paraissait. Mais... si tu veux savoir, il va bien, il est enfermé jusqu'à nouvel ordre, mais bien traité.
— Et Jake ?

Je me maudis intérieurement d'avoir parlé avec une voix aussi tremblante, et je détourne les yeux en voyant les lèvres de Jorah s'étirer en un sourire moqueur.

— Lui... On se le garde sous le bras.

Je fronce les sourcils, et inspire difficilement.

— Il était prisonnier, hein ? J'avais raison.
— Oui, tu avais raison.
— Pourquoi ?
— À ton avis ?

Mes yeux me piquent, alors je serre les paupières pendant une seconde.

— C'est lui, votre moyen de pression ?
— Oui, si on veut, répond-il en haussant les épaules. Et il est plus malin que je ne le pensais. Il a suffi d'un instant, et pouf ! (Il claque des doigts.) Enfui !

Il sourit alors, et je sens ma gorge se serrer.

— Évidemment, il aurait pu partir et rejoindre Érédia, mais il a encore fallu qu'il vienne à ta rescousse. À chaque fois, hein ?

Mon ventre se tord, et je baisse les yeux.

— Il va bien aussi, ajoute Jorah. Un peu amoché, mais... les loups-garous se remettent vite.

Je hoche lentement la tête, et soupire après un instant d'hésitation.

— Vous avez encore gagné, pas vrai ?

Il sourit légèrement, et je réprime une grimace.

— Vous voyez que vous êtes parfaitement capables de nous vaincre sans mon aide.
— Ah, Heaven, pouffe-t-il. On a vaincu deux fois des petits effectifs. Mais une fois que toutes leurs forces seront mobilisées, ça sera bien différent. Et on sera prêts.
— Et vous comptez faire ça quand ?
— Mardi, si possible. Et on est Vendredi, pour information.

Mon cœur bondit dans ma poitrine, et je déglutis. Quatre jours. Il me reste quatre jours pour m'en sortir ou trouver une solution, sans quoi nous serons tous condamnés à la guerre.

— Et comment ça va se passer, maintenant ?

À ma question, le visage de Jorah s'illumine d'une expression affreusement réjouie. Il voit que je me suis résignée. Il croit, que je me suis résignée.

— Chaque matin, tu auras un entraînement physique intense, puis l'après-midi on explorera plus en profondeur tes pouvoirs. Ici, d'ailleurs, parce que c'est un endroit spécialement conçu pour qu'on puisse expérimenter autant qu'on veut.
— D'accord.

Un lourd silence s'abat sur nous. Je soutiens fermement le regard de Jorah, sans laisser transparaître mon angoisse grandissante. Mais à chaque instant, à chaque regard, je suis de plus en plus convaincue. Je le tuerai, quoi qu'il en coûte.

— Alors tu as fini de te rebeller ? souffle Jorah. Tu acceptes enfin ?

J'inspire, et redresse le menton en serrant les poings.

— Oui. S'il faut que je vous aide pour vivre, alors je vous aiderai.

Le sourire qui barre à ce moment son visage restera sûrement toujours dans mon esprit, ce sourire rassénéré, peint d'une rage carnassière, ce sourire que je souhaiterais arracher plus que tout.
Lentement, il s'avance vers moi, et me tend sa main avec un air satisfait. Je regarde sa paume avec un indéfinissable dégoût intérieur, avant de l'empoigner sans sourciller.

— Parfait, acquiesce-t-il.

Je serre la mâchoire, et il délie nos mains en reculant.

— Mais je veux voir Jake, ajouté-je brusquement.

Jorah rit brièvement, et penche la tête sur le côté.

— Tu le verras quand je l'aurais décidé. Avant, j'ai quelques trucs à mettre au clair avec lui.

Et il détache son regard du mien avant de sortir de la pièce, me laissant dans un silence de mort.

Je me laisse glisser au sol, et fixe mon reflet dans le mur face de moi. Je pourrais parier que de l'autre côté, on peut me voir. Alors je ne le quitte pas des yeux, sentant mon esprit s'organiser peu à peu. Je pense à tout en même temps, à tout ce qui s'est passé depuis mon arrivée, à tous mes amis, à toutes mes incertitudes, et à la stratégie que je dois élaborer. Il faut que je me décide, et je crois qu'il va falloir que je prenne sur moi. Parce que la meilleure façon de vaincre Jorah, c'est de le prendre à son propre jeu. Lui faire croire à ma vulnérabilité, à ma docilité, devenir plus forte de jour en jour, plus experte, devenir plus puissante que lui, et le terrasser lorsqu'il s'y attendra le moins. Si j'ai échoué jusqu'alors c'est parce que je laissais mes émotions prendre tout le contrôle. Mais cette fois, je laisse le pouvoir à ma raison. J'attendrai patiemment, dans l'ombre comme il l'a fait, et je me retournerai contre lui juste avant la guerre. C'est tout ce qui compte à présent.

* * *

— Bon, eh bien on dirait que tu es en forme ! lance Jorah quand nous sortons de la pièce.

Je me suis endormie rapidement hier soir, alors oui, j'ai toute mon énergie.
Ce matin, en me réveillant, je me suis rendue compte qu'une semaine s'était déroulée depuis le début de la guerre avec les Bannis, et qu'à cette heure là il y a une semaine, nous nous préparions à vivre notre dernière journée de paix sans même nous en rendre compte. C'est triste...

Nous parcourons un petit couloir, et je me retrouve directement dans la salle d'armes que j'ai visité la dernière fois, dans l'endroit que gèrent Kali et Derek, et où je me suis battue la dernière fois. Alors c'est ici que je suis depuis quatre jours... intéressant. On dirait que c'est le centre de "préparation", dans lequel je vais passer le plus clair de mon temps à partir de maintenant.

Je reste silencieuse quand Jorah me tend une dague en cristal, que j'empoigne avec fermeté en reconnaissant l'arme des Silencieux de Sang Pur. La lame, comme à son habitude, s'anime d'un halo bleu, et je retiens ma respiration un instant. C'est différent. Peut-être parce que ce n'est pas celle que je possède réellement, celle qui m'a suivie pendant mon initiation... mais c'est différent.

Dans la salle d'entraînement, il n'y a que nous, et rapidement, Derek et Kali débarquent à leur tour dans la pièce. Je n'ouvre toujours pas la bouche. Être docile, voilà ce qui me permettra d'éviter les ennuis, même si je dois me mordre les lèvres pour ne pas hurler.

— Bon, alors aujourd'hui, on va être un peu plus sérieux ! lance Derek en faisant virevolter son sabre.

Je prends une grande inspiration, et nous voilà partis.

Pendant de longues minutes que je ne compte plus, je m'acharne sur lui, je mets à l'œuvre tout le savoir faire que j'ai acquis, et garde mon sang froid avec brio. Le but est de montrer que je peux toujours être meilleure que Jorah, de montrer que si je m'entraîne, il aura de quoi me redouter. Imperceptiblement, je veux installer le doute dans son esprit, je veux qu'il ait peur de moi avant même que je n'ose me confronter à lui. Je sais ce que je vaux, je sais de quoi je suis capable, et il ne va que m'aider à devenir bien plus redoutable. Je déteste écouter ces gens qui me qualifient d'incroyable et de surpuissante, mais je veux bien les croire pour vaincre cet homme infect.
Au début, Jorah me regarde avec attention m'entraîner, puis il s'isole dans une pièce adjacente avec Kali.

Je m'épuise sans m'en rendre compte, et j'arrive à voir que Derek peine de plus en plus à me suivre. La dernière fois, avec le sabre, je n'avais aucun contrôle, mais là, je suis dans mon élément, et je peux sentir que la force en moi est différente car les menottes ne bloquent réellement aucune de mes capacités.

— Tu te débrouilles vraiment bien, souffle Derek lorsque nous faisons une pause. Tu es aussi douée avec les autres armes ?

Je secoue la tête.

— OK, acquiesce-t-il. Et j'ai vu que tu avais toutes les techniques de base. Mais j'ai l'impression que tu manques de réflexivité et d'agilité. Est-ce que tu sais utiliser les acrobaties pour les combats ?

Je lui lance un regard médusé. Qu'entend-il par acrobaties ?

Alors, il me répond en quelques secondes. Je le vois sauter et effectuer un salto au dessus de moi que j'ai à peine le temps de voir, avant qu'il ne pivote et parvienne à arrêter sa lame à quelques centimètres de ma gorge.

— Ce genre de trucs, lâche-t-il. Tu sais faire ?
— Non, hoqueté-je. T'es malade.
— Eh bien je vais t'apprendre. C'est important pour te battre, tu sais. Si tu perfectionnes ça, ton ennemi sera bien plus simple à vaincre. Viens.

Il m'emmène lentement dans la clairière qui est directement accessible d'un côté ouvert de la pièce.

— J'aurais vraiment besoin de me battre ? marmonné-je. Je croyais que le but c'était que je mette tout le monde à terre avec mes pouvoirs.

Derek rit légèrement, et à cet instant, il paraît beaucoup plus doux et innocent qu'il ne l'est.

— Tu ne peux pas échapper au combat, Heaven. Bien sûr que tu devras te battre.

Je fronce les sourcils. J'ai l'impression qu'ils sont vraiment naïfs, à croire que je vais obéir proprement et tuer mon peuple sans qu'ils n'aient aucun contrôle sur moi. C'est presque trop beau...

— Bon, on s'y met ? lance Derek.

Je hoche la tête, et il commence à dicter ses conseils. J'ai alors la très perturbante impression de me retrouver lors de mon entraînement avant ma majorité, seule dans cette clairière avec Zac qui m'initiait. Et lorsque ces brusques souvenirs me reviennent, mon cœur se serre douloureusement, et une vague de nostalgie m'emplit. À ce moment, j'étais encore pleine d'émerveillement pour ce monde, je profitais de chaque enrichissement, je vivais en respirant, et je ne réalisais que très peu la chance que j'avais. J'avais tout, j'avais tout le monde, j'avais Zac. Et je ne sais pas si j'en récupérerai ne serait-ce qu'une partie en revenant...
Ma gorge se serre sous un sanglot, et je secoue la tête en me concentrant. La raison, pas les émotions, la raison, pas les émotions.

L'apprentissage de toutes ces prouesses physiques s'avère aussi compliqué que je m'y attendais. Je suis cependant fière de réussir des saltos avant et arrière que jamais je n'aurais pensé réaliser auparavant. Sauter aussi haut que Derek, je m'en pense incapable, mais il semblerait que je devrai quand même essayer. Le sorcier m'assure que dans quatre jours, je serais une bien meilleure guerrière qu'aujourd'hui, et j'en frissonne malgré moi. J'ai l'impression qu'ils veulent que je devienne une réelle machine à tuer, et rien que de penser à la totalité de gens que je risque de blesser me fait froid dans le dos. En y songeant, je me dis que je n'étais peut-être pas si mal que ça dans mon petit appartement terrien.

L'entraînement se poursuit tout le reste de la matinée, et nous terminons aux alentours de midi, tous deux complètement épuisés. Malgré l'enjeu et toute ma réticence, cette séance était... réconfortante. Peut-être parce que j'ai pu respirer sans Jorah, sans être enfermée... Ou peut-être parce que je retrouve espoir.

Lorsque nous allons reposer nos armes, Derek s'adosse au mur.

— Alors comme ça, on écoute pas les conseils.
— Quoi ?

D'un signe de tête, il désigne mes menottes.

— J'ai juste pris la chance qui se présentait à moi, marmonné-je.
— Alors tu étais prête à mourir pour ne pas être avec nous ?

Je reste silencieuse pendant une seconde, osant à peine garder mes yeux accrochés aux siens.

— J'étais prête à mourir pour être avec les miens, rectifié-je.
— Et qu'est-ce qui t'a fait changé d'avis ?

Je pouffe doucement.

— Je crois que je n'ai plus trop le choix, là. Et je ne sais pas si mon corps supporterait une nouvelle décharge d'énergie aussi importante, ajouté-je.
— Alors tu es avec nous pour de bon, cette fois ?

Je ne réponds pas tout de suite, trop perturbée par son regard électrisé qui traduit son propre espoir. Je sais qu'ils veulent retourner à Érédia, je peux le comprendre, mais le prix à payer est trop cher, beaucoup trop cher.

— Je vous aiderai, oui, réponds-je.
— C'est pas ce que j'ai demandé, sourit-il.

Je déglutis et soutiens son regard, avant de me mordre la lèvre inférieure.

— Est-ce que tu es avec nous ? insiste-t-il. Est-ce que tu vas vraiment rester à nos côtés jusqu'au bout, et t'investir dans la lutte ?
— Oui, lâché-je alors.

Pendant quelques instants, aucun de nous ne parle, et nous nous contentons de nous fixer. Je réprime difficilement l'envie de lui dire la vérité, autant pour mon bien que pour le sien, et serre les poings sous la nervosité. Je vais tous les trahir. Mais est-ce vraiment de la trahison si jamais mon engagement n'a été honnête ?
Derek soupire alors longuement, et se redresse pour quitter la pièce. Je le suis lorsqu'il gagne celle où Kali et Jorah sont isolés. Il ouvre la porte à la volée et je découvre alors un immense bureau, rempli de livres et d'armes, de cadres et d'objets insolites. Jorah et Kali, qui sont penchés au dessus de ce que je devine être une carte, se redressent et lance un regard médusé à Derek.

— Frappe avant d'entrer, râle Kali en rangeant rapidement la carte.

Je fronce les sourcils en remarquant le regard insistant de Jorah, qui semble attendre de moi une quelconque réaction. Je ne peux m'empêcher de me questionner sur l'air sérieux qu'ils ont ici. Cette carte... révélerait-elle les plans d'attaque des Bannis ?

— On a fini, déclare Derek, dont l'agacement s'entend.
— Nous aussi, souffle Kali.

Elle s'approche de nous pour sortir de la pièce, et je découvre alors sur sa nuque dégagée le petit tatouage blanc d'un arbre, brillant sur sa peau noire. Alors c'est une sorcière. Et pas n'importe laquelle, si l'on en juge par le rôle qu'elle semble tenir ici.

— Je te trouve bien silencieuse aujourd'hui, Heaven, remarque Jorah lorsque nous retrouvons seuls après quelques minutes.

Je lui lance un bref regard, sans répondre.

— Heaven, répète-t-il, j'espère que tu n'as pas abandonné tout ton caractère, ça serait triste.
— Vous n'êtes jamais content, c'est fou. Vous voulez que je vous obéisse ou que je vous insulte ?

Il rit doucement, et je serre les dents pour ne pas griffer son visage si lisse.

— Je veux que tu sois toi-même, répond-il alors.
— Je ne peux pas l'être ici.
— Mais si, si tu acceptes ta vraie nature. Tu as déjà compris quel était ton vrai rôle, il est temps de t'accepter toi-même.
— Comment ça ?
— Eh bien, après tout, mon sang coule dans tes veines, tu ne crois pas que tu devrais penser à ça aussi ?

Je tremble malgré moi, prise d'un brusque haut-le-cœur. Dès que je pense au lien qui nous unit, une nausée haineuse m'empêche de penser clairement.

— Tout ça, fait Jorah en désignant son cœur, c'est littéralement dans tes veines.

Je sens ma gorge se nouer, et secoue lentement la tête.

— Si j'ai accepté, c'est uniquement parce que j'ai abandonné, pas pour vous.

Jorah plisse les paupières, et je baisse les yeux en retenant l'émotion qui enserre ma poitrine.

— Abandonné, hein ? souffle lentement Jorah.

Je ne bouge pas. Il faut qu'il pense que je me suis vraiment résignée, c'est important.
Sans un mot, je le suis hors de cet endroit, sachant que l'on va passer à la phase d'entraînement plus complexe, qui me demandera beaucoup plus de volonté que ce matin. Il faudra que je m'oblige à ne pas utiliser mes pouvoirs contre Jorah, et ça, ça ne va pas être facile. Mais il le faut. Dans quatre jours, je le vaincrai, parce que maintenant, j'ai une stratégie.

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Voilà le chapitre 6 ! J'espère qu'il vous a plu !

Bon, comme prévu, il arrive un peu tard mais ça va, je trouve que j'ai réussi à gérer ! Comme vous le savez, j'étais en plein bac, alors l'écriture était un peu, même carrément INEXISTANTE dans ma vie... Mais maintenant je suis en vacances, et tout ce temps libre me perturbe énormément alors je pense écrire pas mal, héhé !

Dites moi ce que vous pensez de l'avancement de l'histoire, et de Heaven. Est-ce que vous pensez que son plan est réalisable, par exemple ?

Dans les prochains chapitres, qu'est-ce que vous aimeriez voir ? (pas qui, ça on le sait, ahah)

À bientôt pour la suite, bisouus ♥

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