Quatrième Chapitre.

[Dimanche 15 octobre. 19h. Après une journée riche en émotions, Heaven s'est rendue à une cérémonie en son honneur, et pendant qu'elle répondait à des questions, a aperçu son ami Thaniel dans la foule.]

_ _ _ _ _

Je serre les poings en sentant mes mains trembler affreusement, alors que je croise le regard de Thaniel. Il est bien là. Et les questions et suppositions dans ma tête à cet instant sont si nombreuses et effroyables que j'en ai des vertiges.

— Alors ? insiste-t-il. Pourquoi elle est encore menottée ?

Je me retourne brusquement vers Jorah, et le fusille du regard. Si je pouvais, je me jetterai sur lui pour lui demander ce que mon ami fait ici. Un sourire narquois étire brièvement ses lèvres lorsqu'il remarque mon air hébété, et il s'éclaircit la voix.

— Heaven a encore besoin d'un peu d'adaptation.

Un murmure passe alors dans la foule, et j'en profite pour pester contre Jorah.

— Qu'est-ce que Thaniel fait là ? Vous l'avez capturé aussi ?
— Tu es bien naïve, Heaven.

Son ton inquisiteur me foudroie, et je me sens vaciller. Thaniel, mon premier ami à Érédia, celui qui m'a tant appris sur Nyplel, celui qui a été le premier à me montrer de la tolérance, lui, n'a aucune raison d'être ici, chez les Bannis. Il n'a aucune raison... Non...

— Est-ce qu'elle est vraiment aussi puissante qu'on le dit ?

Je me retourne vers la foule, et la personne qui a posé la question. C'est une femme, dans les premiers rangs devant l'estrade.
Je la regarde sans un mot, et me retourne vers Jorah pour écouter sa réponse.

— Elle est plus puissante que cent d'entre vous réunis. Elle a les pouvoirs des Silencieux de Sang Pur et des Sylphes, elle peut contrôler les éléments et vous soumettre à sa volonté d'un claquement de doigt. Elle a le pouvoir de tous vous foudroyer de sa puissance, de tuer n'importe lequel d'entre vous en un instant. Elle est bien plus puissante qu'on ne le dit.

Je frissonne violemment, sentant tous mes muscles se tendre. Il a l'air si sûr de lui que je suis obligée de le croire. Je suis incroyablement puissante, et je n'ai découvert encore qu'une partie de mes capacités. Si seulement je pouvais me défaire de ces menottes...
Je sens les regards s'intensifier sur moi, et déglutis. Ma gorge est sèche, et mon cœur bat bruyamment dans mon crâne, je ne sais pas combien de temps je le supporterai.

— Dans combien de temps pourrons nous nous battre ? demande quelqu'un.
— Quand elle sera prête, répond Jorah. D'ici... une semaine, disons. Ça te va, Heaven ?

Sa question me paralyse, et je me contente de hocher frénétiquement la tête. Une semaine. J'ai une semaine pour m'enfuir.
À cet instant, une idée me vient à l'esprit. Serait-ce possible pour moi de prétendre m'allier aux Bannis, et au moment de la guerre, de simplement changer de camp ?

Je n'écoute pas les questions qui suivent, soulagée que Jorah s'occupe d'y répondre, et me perds dans mes pensées malgré moi. Il faut que je m'en aille. Il faut que je confronte Thaniel. Il faut que je retrouve Jake.
J'inspire lentement, prise d'une vague d'émotions mêlées. Je ne sais pas comment m'y prendre, et j'ai bien peur de ne pas parvenir à être assez efficace. Jamais je n'ai eu à gérer de telles choses, et prendre ma situation en pleine face dès que j'y pense est un luxe dont je me passerais bien.

— Heaven ? m'interpelle alors Jorah.

Il pose sa main sur mon épaule, et je lève brusquement les yeux en me dégageant instinctivement de sa main. Je le fusille du regard, et il me sourit d'un air faussement compatissant, puant l'hypocrisie.

— Cette personne vient de te demander ce que tu penses d'eux et de leur combat.

Je déglutis et arrime mes yeux à ceux de la femme qui a posé la question. Je frissonne lorsque je peux lire dans son regard une émotion si forte et indéchiffrable que j'en suis paralysée. Et je mets de longues secondes à trouver quoi dire.

— Je peux dire que... Je comprends.

Ma réponse est accueillie par un long silence, et tous les Bannis se regardent. Puis, un des leurs lève le poing en me fixant. Il est bientôt imité par d'autres, puis d'autres. Tout le monde brandit à présent son poing en me scrutant, le menton relevé et l'air déterminé, dans un silence absolu. Je sens mon cœur bondir dans ma poitrine, mes veines pulser. Ils brandissent leur poing pour moi, qu'ils pensent leur alliée, leur arme fatale, la porte parole de leur victoire. Ils pensent que je vais guider leur combat et abattre tout sur mon passage. S'ils savaient...
En jetant un coup d'œil à Jorah, je découvre son air rasséréné, son regard éclatant d'une lueur sauvage, et la rage me prend à la gorge. Tout va exactement comme il l'avait prévu.

— Tu vois ? me glisse-t-il à l'oreille.

Je soutiens son regard, le souffle court, puis reporte mon attention sur la foule conquérante. Et à cet instant, je me dis que je vais en tuer, durant la bataille, alors qu'ils auront pensé que j'étais avec eux. Mais ce n'est pas de ma faute...
Je pose mes yeux sur Thaniel, que j'ai à présent repéré, et qui me fixe avec intensité. Il lève le poing. Il n'est pas forcé d'être ici... il est avec eux ? Il s'est allié aux Bannis ? Mais depuis quand ?
Un sanglot étrangle ma gorge en imaginant cette trahison. « J'ai encore deux trois alliés à Érédia. » C'est ce que Jorah a dit... est-ce que Thaniel en fait partie ? Pas lui...

— Sur ce, je déclare le bal ouvert ! lance l'ancien roi.

Alors, les instruments se mettent à jouer derrière nous, les portes s'ouvrent et la pièce semble s'agrandir tant elle est illuminée. Sans attendre les instructions de Jorah, je dévale rapidement les marches de l'estrade et m'élance dans la foule pour rejoindre Thaniel. Je suis arrêtée plusieurs fois, mais ignore tout le monde, sentant mes tempes battre sous la tension.
Lorsque j'aperçois enfin mon ami, je m'arrête brutalement et il me voit aussi. Les gens bougent autour de nous, immobiles et tous deux désemparés. Je sens ma gorge se serrer. Il n'a pas de menottes, lui. Il n'est vraiment pas prisonnier...
C'est lui qui s'avance vers moi le premier. Instinctivement, je recule d'abord, tremblant de tout mon long. Lorsqu'il approche encore, je me contente de le regarder, d'un air sûrement désespéré.

— Dis moi que tu n'es pas avec eux.

Ma voix est étranglée, presque inaudible dans le bruit de la foule et de la musique. Et Thaniel ne répond pas. Il plonge son regard dans le mien, et agrippe doucement mes poignets. Je secoue la tête.

— S'il te plaît...
— Je peux t'expliquer.

À ses mots, je me raidis, et me dégage de son emprise. Il s'est allié aux Bannis. Mon cœur me fait affreusement mal, et mon ventre est si tordu que j'en ai la nausée. Pourquoi ?
Sans réfléchir, je pose mes mains sur son torse pour le pousser, et il ne réagit pas, comprenant sûrement. Je le pousse encore, avec plus de force.

— Comment tu as pu ?! Tu nous a tous trahis ! Pourquoi ? Depuis combien de temps ?

Il ne répond pas, et je vois dans son regard qu'il est incapable de me parler dans de telles conditions. Autour de nous, je peux voir que certaines personnes nous dévisagent sans comprendre. Bien. Qu'ils voient.

— Tu m'as espionnée, hein, c'est ça ? pesté-je. Tu étais sa source, tu m'as surveillée ! On s'est pas rencontrés par hasard à ce bal, pas vrai ?

Ma vue commence à se brouiller, alors j'arrête de le frapper et passe mes mains sur mon visage avec un grognement de rage. Je serre les dents pour contrôler mes émotions, et attends qu'il parle. Nous restons pendant longtemps à simplement nous regarder. C'est assez ironique. Je l'ai rencontré à un bal, le premier auquel je me suis rendue, et c'est au deuxième que je découvre qui il est vraiment, comme si je le rencontrais de nouveau.
Alors, Thaniel secoue la tête, et il prend mon avant bras pour me tirer à l'écart. Il me fait finalement sortir du bâtiment, et nous nous retrouvons tous deux dans la pénombre du début de soirée.

— Alors ? craché-je. Parle, bordel !
— Calme toi, s'il te plaît.

J'inspire profondément, et hoche la tête en tentant de me détendre.

— Depuis combien de temps tu es avec eux ? lâché-je alors.
— Pas longtemps.

Je hausse les sourcils. Alors c'est vrai. Il est avec les Bannis. Quel cauchemar...

— Tu étais son espion ? Notre rencontre...
— Non, me coupe-t-il brusquement. Notre rencontre, c'était le hasard. Je ne t'ai jamais espionnée...
— Vraiment ? Alors tu vas me dire que tu ne savais pas qui j'étais avant notre soirée dans la forêt ?

Il hésite.

— Tu savais déjà... soufflé-je.
— Non, non, je n'étais pas certain. Mais je savais que ça paraissait logique que ce soit toi, j'avais juste besoin d'une confirmation.
— Alors tu n'avais rien deviné, on te l'avait juste dit. Bordel, Thaniel !

Je tremble, et il entrouvre la bouche sans en sortir un mot.

— Depuis quand tu es avec eux ? hésité-je. Depuis quand tu donnes des infos à Jorah ?
— La forêt. Depuis que tu m'as montré qui tu étais...

Un frisson parcourt la nuque. À ce moment, je me suis dévoilée, je lui ai accordé toute ma confiance, j'ai accepté d'être vulnérable parce que j'étais persuadée de ne rien risquer. Quelle naïveté...

— Alors tu m'as espionnée. Tu te rends compte que tout le monde croit que tu es avec Érédia ? Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi, Thaniel ?

Il se mord les lèvres, le regard empli de panique. Je le dévisage sans rien dire, attendant sa réponse en tremblant. Alors, il prend une profonde inspiration et prend enfin la parole.

— Je les ai rencontrés le soir du feu...
— Le soir du bal ? Mais...
— Oui. Je suis tombé sur l'un d'eux près de la forêt et j'ai voulu le poursuivre, mais d'autres sont arrivés. Ils me connaissaient déjà, apparemment quelqu'un leur avait parlé de ma puissance... alors ils m'ont emmené.
— Et tu as donc accepté de les suivre bien gentiment ?
— Non. Heaven, bien sûr que j'ai résisté au début. Mais...
— Quoi ?
— J'ai des proches qui ont été bannis, Heaven.

À cet instant, passe dans son regard la sincérité que je lui connais, et je suis prise de court. Je n'avais pas pensé à ça.

— Ils ont beau vivre dans de belles conditions, tu ne te rends pas compte de ce qu'ils subissent. Chaque jour, ils ont l'impression que leur cœur leur est arraché de la poitrine, c'est une torture perpétuelle, pour une seule erreur.
— Mais Thaniel...
— Non, me coupe-t-il sèchement.

Je me raidis face à son ton sévère. Je ne l'ai jamais vu comme ça.

— Ils ont souffert pendant trop longtemps, je te promets qu'ils ne méritent pas autant.
— Je n'ai jamais dit le contraire, Thaniel, répliqué-je amèrement. Mais au lieu de trahir tes amis, tu ne pouvais pas simplement nous en parler ?
— Je sais... Mais c'est difficile d'expliquer la situation, surtout à des gens qui sont si persuadés qu'Érédia est irréprochable.
— Tu te fous de moi ?

Ma voix est étouffée tant je suis décontenancée.

— Comment tu peux savoir ce que je pense ? Tu crois que maintenant je suis ici je n'ai pas réfléchi à leur situation ? Tu crois que je suis si conne que je n'essaie pas de comprendre leur combat ? Je suis censée être leur seule garantie de la victoire, je te rappelle.
— Je sais, arrête !

Je serre la mâchoire, et secoue la tête.

— J'ai mis du temps à y réfléchir, fait alors Thaniel. C'est pour ça que je n'en ai parlé à personne. C'était une occasion pour sauver des gens à qui je tiens, mais je risquais d'en trahir d'autres.
— On aurait pu en discuter.
— Non. Si j'en avais discuté avec eux, si je vous avais tout dit, si je vous avais dit que l'ancien roi d'Érédia dirigeait les Bannis, tu crois que vous m'auriez écouté ?

Je déglutis. Je ne sais pas quoi lui répondre. Il a raison...

— Tu as su tout de suite que Jorah était leur chef ? l'interrogé-je la gorge nouée.
— Oui... Mes amis m'ont expliqué, et m'ont parlé de toi, sans beaucoup d'informations. Alors je n'étais pas sûr que c'était toi, j'avais besoin d'être fixé. Et quand je l'ai été, ça m'a fait réfléchir et je les ai rejoints.
— Pourquoi ?
— Parce que j'ai réalisé que tu comprendrais. On doit les aider...
— Thaniel.

Ma voix est dure, parce que je suis dans un tel état émotionnel que j'ai peur de hurler. Depuis notre rencontre, il sait ce que préparent les Bannis, il m'épie.

— Tu te rends compte de qui est Jorah ? articulé-je. De ce qu'il a fait ? Comment tu as pu t'allier à lui ?
— Je sais... Mais les Bannis ont besoin de lui.
— Et ça le pardonne de tout ?
— Non, pas du tout...
— Tu lui as parlé au moins ? l'interromps-je.

Il hoche simplement la tête.

— Il t'a dit quoi ?
— Qu'il voulait les aider, qu'il voulait remonter sur le trône et redorer Érédia.
— Et tu crois à ses belles paroles, comme ça ?
— Heaven...
— C'est un malade. Je pensais pas que tu étais aussi abruti.
— Heaven !

Son regard s'anime de sévérité, et je fronce les sourcils.

— Il me retient de force, ça te fait pas réfléchir ?

Il contracte la mâchoire. Je ne sais même pas quoi penser. Je suis si choquée, si déçue, que je ne réagis plus.

— Il faut que tu essaies de prendre du recul, me dit-il alors.
— Pardon ? m'étranglé-je.

Je recule, sidérée.

— Il te fait chanter, ou quoi ?
— Non...
— Alors quoi ? C'est impossible que tu aies accepté comme ça. Il t'a promis quelque chose pour te décider ?

Aussitôt, une lueur apparaît dans ses yeux, et je hausse les sourcils.

— C'est ça, hein... Il t'a promis quoi ?

Thaniel ne répond pas, visiblement de plus en plus tendu. Je sens la colère dans mon ventre.

— Il t'a promis quoi, pour que tu abandonnes aussi facilement ? Dis le moi, Thaniel !
— Que je serai son conseiller.

Je hoquette, et le considère en silence pendant une seconde, pantoise.

— Il m'a promis que je serai son conseiller une fois qu'il sera remonté sur le trône, réexplique-t-il.

Je secoue la tête, les yeux presque brouillés de larmes.

— Et tu le crois ? soufflé-je. Tu crois vraiment qu'il va attribuer ce poste à un mec de dix-sept ans qui a montré qu'il n'était absolument pas fidèle ?
— Tu ne te rends pas compte des étapes que je sauterai, tu sais à quel point j'en rêve. Il a vu mon potentiel. Si je suis conseiller aussi tôt, je n'aurai pas à subir un apprentissage inutile et je pourrai avoir une vraie place.
— Thaniel...
— Tout me poussait à le suivre, Heaven. J'aide une population qui le mérite et je m'assure un poste prestigieux. Pourquoi est-ce que j'aurais refusé ?
— Parce que tes putains d'amis n'étaient au courant de rien !

Je tremble, et serre les poings pour me ressaisir.

— Je ne parle même pas de moi. On se connaît depuis un mois, tu profites de moi et me trahis, pas de problème, je n'aurais juste pas dû te faire confiance. Mais est-ce que tu penses à Isis, Tyssia, Kaleb, à Joyce ? Est-ce que tu penses à eux ? Zac est peut-être mort à cause de ceux que tu soutiens dans leur dos depuis des semaines !

Ma voix se brise, et je sens des larmes glisser au coin de mes yeux. Je les essuie d'un geste rageur, et lance un regard à Thaniel. Ses lèvres tremblent, et son regard brille d'incompréhension. Il ne savait pas pour Zac.

— Je sais que les Bannis ne méritent pas ce qui leur arrive, déclaré-je alors, la voix tremblante malgré moi. Mais c'est le fait que ce soit Jorah qui les dirige qui est inacceptable. Lui, il faut le faire tomber. Tout ce à quoi il pense, c'est sa gloire. Il y a d'autres moyens de régler la situation que de faire la guerre, bordel. Tu serais prêt à tuer tes amis, toi ?

Il ne répond pas, et je vois ses mains trembler.

— La question que tu as posé, fais-je, elle montrait que tu doutais. Eh bien, je te le confirme, je ne suis pas avec vous. Il est hors de question que je m'allie aux Bannis pour la guerre, et je peux te jurer que je vais me barrer d'ici et que je tuerai Jorah. Il ne montera pas sur le trône, et s'il y a une guerre, je suis désolée mais ce ne seront pas les Bannis qui la gagneront. Pas sans moi.

Il tremble de nouveau, et ses yeux jaunes brillent étrangement.

— Sans Jorah, je ne serai pas conseiller, hésite-t-il.
— Et alors ?! Tu attendras, tu parleras au roi, j'en sais rien. Mais pense aux autres ! Avec Jorah, Érédia court à sa perte.

Il fronce les sourcils, et je vois qu'il est en vrai conflit intérieur.

— Sans Jorah, ils n'y arriveront pas, lâche-t-il alors.
— Mais...

Je secoue la tête, hébétée.

— Je sais ce que Jorah a fait, dit Thaniel. Mais il est actuellement le seul à promettre un avenir aux Bannis. Il est le seul à pouvoir faire pression sur le roi, à pouvoir assurer un nouveau gouvernement.
— Comment tu peux être aussi aveugle ?
— Je ne le suis pas, justement. Je vois la situation de plus loin. Il faut que les choses changent, et il faut faire des concessions pour que ça arrive. Garder Jorah en fait partie.

Je frémis en entendant ses mots. Jamais je n'aurais pensé entendre de tels mots sortir de la bouche de Thaniel. Je passe les mains sur mon visage.

— Tu es retourné à Érédia ?
— Non. Pour l'instant, je reste ici pour me préparer avec les autres.

Mes yeux se remplissent de nouveau de larmes. Il est vraiment avec eux, c'est presque encore inimaginable...

— Tu as conscience que si ça continue vous allez tous mourir ? articulé-je difficilement.

Je soutiens son regard avec fermeté, et il reste silencieux. Puis, il s'approche de moi et prend mes mains sans me quitter des yeux.

— Je suis désolé, souffle-t-il.

Une larme roule sur ma joue, et il contracte la mâchoire.

— Je n'ai jamais menti sur notre amitié. Je n'ai jamais donné d'informations personnelles sur toi à Jorah. Je l'aidais juste dans son organisation. Je ne veux pas qu'on soit ennemis.
— Et les autres ?
— Je ne sais toujours pas quoi faire...
— Tu leur a menti alors que tu les connais depuis toujours.
— Je sais. Mais parfois, la cause est plus importante.

Je déglutis, et fixe ses yeux pétillants, la gorge nouée.

— Il y a des Bannis qui sont importants pour toi, non ?

Il hoche la tête.

— Tous les Bannis le sont. Certains ont toujours de la famille à Érédia, beaucoup même.

Je frissonne. Je n'avais jamais réellement pensé au fait que finalement, les Bannis et les habitants d'Érédia appartiennent au même peuple. Et ils vont se faire la guerre. Mon cœur se serre. Il faut régler la situation, mais comment ? Comment empêcher la guerre, comment neutraliser Jorah, comment s'assurer que tout le monde soit satisfait ?

— Je dois partir d'ici, affirmé-je. Je trouverai une solution pour les Bannis.
— Il n'y en a pas d'autre que celle là.

À présent, je peux lire de la tristesse sur le visage de Thaniel. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il ressent à cet instant, ni à parfaitement cerner sa position. Je ne peux plus lui faire confiance, c'est certain, mais est-ce que ça veut pour autant dire qu'il ne s'alliera jamais à ma propre cause ?
Je délie nos main, sans détourner mon regard du sien, et inspire lentement.

— J'espère que tu comprendras vite que tu as tort.

Il reste muet, et je secoue la tête.

— Je ne suis pas près de me laisser faire, sache le.

Le bel elfe redresse le menton, et acquiesce imperceptiblement. Je ne sais pas quoi penser. Mais j'espère qu'il réfléchira.

— Heaven... souffle-t-il.

Mais il est subitement interrompu par le son brutal d'une explosion. Je sursaute, et m'avance dans la rue. Je n'ai pas le temps de me demander ce qu'il se passe que tout le monde commence à sortir du bâtiment et se précipite dans la rue également.
Une seconde explosion retentit, et cette fois ci, je vois au dessus de nous se dessiner une sorte de dôme, qui s'irradie une seconde de orange, avant de disparaître. C'est comme à Érédia. Ce doit être le charme protecteur dont parlait Jorah. Mais que se passe-t-il ?

_ _ _ _ _

Voilà pour le chapitre 4 ! J'espère qu'il vous a plu !

Il ne s'y passe pas grand chose, désolée, mais il fallait mettre les choses au clair avec Thaniel, j'espère que vous n'êtes pas trop déçus !

À vôtre avis, qu'est-ce qu'il se passe à la fin ?

Il est plus court du coup, j'ai compris que vous préfériez ça mais plus souvent :)

À bientôt pour la suite, bisouus ♥

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top