Huitième Chapitre.

[Samedi 21 Octobre. 14h30. Après un entraînement magique intense, Heaven a suivi Jorah sans rien dire, et celui-ci l'a menée jusqu'à une auberge d'où Molly, son amie, sortait.]

_ _ _ _ _

— Mo... Molly... bafouillé-je.
— Heaven !

La bouche grande ouverte, elle s'approche de moi pour me serrer brièvement dans ses bras. Je reste pantoise, à la fois heureuse de la revoir et complètement décontenancée. Je savais qu'elle devait rejoindre le camp, mais étant donné que je l'avais toujours pas croisée, je pensais qu'elle avait réussi à rejoindre sa famille dans leur village.

— Tu as réussi à venir ici...
— Oui, j'ai trouvé le camp le soir même où je suis partie ! Merci Heaven, vraiment.

Je lui souris légèrement, ne pouvant m'empêcher de vouloir déchiffrer son regard pétillant. Elle est logiquement arrivée il y a neuf jours, et a donc dû déjà prendre parfaite connaissance de la situation. Maintenant, reste à savoir si elle s'est ralliée à la cause de Jorah, ou si je peux encore compter sur elle...

— Molly s'occupe du traitement des blessés, explique alors Jorah.
— Oui, je dois beaucoup pleurer mais c'est nécessaire, sourit l'intéressée.

Je fronce les sourcils en acquiesçant. Il est vrai que les larmes des Ondines ont un important pouvoir de guérison. Alors Molly aide Jorah, ne serait-ce qu'en prenant soin de ses petits soldats. Mais il y a encore espoir. Peut-être qu'elle fait profil bas pour l'instant.

— Pourquoi je ne t'ai pas vue plus tôt ? l'interrogé-je.
— J'étais au bal, tu ne m'as juste pas remarquée...
— Tu aurais dû venir me voir.

Un léger sourire étire les lèvres de la belle rousse, et elle lance un regard un biais à Jorah.

— Je devais attendre que Jorah t'accompagne pour te parler.

Je fronce les sourcils, et lève les yeux vers ce dernier. Il ne dit pas un mot, et se contente de nous considérer avec une mine inquisitrice.

— Tu sais tout ? m'enquiers-je auprès de mon amie, tentant d'être détachée.

Elle hoche lentement la tête, et je vois dans ses yeux tout le conflit qui se joue. On ne peut pas parler librement en compagnie de Jorah...

— Molly t'a aidé à aller mieux après ta brève évasion, m'annonce alors celui-ci.

Je hausse les sourcils, et l'Ondine sourit timidement.

— Tu aurais pu mourir, Heaven... souffle-t-elle.
— Heureusement qu'elle était là, ajoute Jorah.

Je reste muette, et leur lance un regard médusé.

— Alors Molly... tu as rejoint le combat ?
— Oui. Je serai la guérisseuse.

Mon cœur manque un battement, et je déglutis difficilement. Ça ne m'étonnerait finalement pas tant que ça que ce soit vrai. Jorah a un talent de persuasion, et si Molly n'était réellement au courant de rien, se rallier à la cause des Bannis comme elle semble assez logique... Moi qui pensais qu'elle serait notre alliée.

— Tu as soigné Jake et Thaniel aussi ? lancé-je brusquement d'une voix tremblante.

Elle acquiesce doucement, et son regard s'assombrit.

— Ils vont bien ?
— Oui, ça va aller, répond-elle en haussant les épaules. Jake m'a reconnue, il m'a demandé de tes nouvelles. Bon, t'étais encore inconsciente, alors bon...
— Tu sais où il est, alors ?

Elle hoche vivement la tête, et s'enquiert d'un regard à Jorah, qui secoue lentement le doigt. Je serre les dents en croisant brièvement son regard perçant.

— Il veut te voir, lui aussi... fait-elle alors.

Je frissonne, et soutiens son regard avec fermeté. Savoir que je suis si proche de Jake et que je ne peux toujours pas le voir est une véritable torture.

— Tu veux toujours rejoindre ta famille à Lustaj ?

Elle acquiesce.

— En atteignant Érédia, on atteint toutes les autres villes... Alors je pourrai y circuler sans problème...

Je lui adresse un bref sourire compréhensif. Elle a raison. Si elle est débarrassée de son statut de Bannie après la guerre, elle pourra retourner vivre avec sa famille. Alors elle est prête à laisser sacrifier des familles entières pour retrouver la sienne... Peut-être que les Bannis sont tous dans le même état d'esprit après tout. Faire subir à un peuple innocent les mêmes sévices que ceux qu'ils ont subi. Ils échangent simplement les rôles, et ils ne s'en rendent même pas compte.

— Je voulais juste te mettre au courant de la prise de position de ton amie, explique calmement Jorah.

Je lève les yeux, et plisse les paupières. Il veut me déstabiliser le plus possible, pour s'assurer de mon allégeance. Il n'est pas encore persuadé que je me suis jointe à lui, alors il veut me montrer que tout le monde l'a fait.

— D'accord, dis-je simplement.

Et je détache mon regard du sien, la gorge nouée.  Je reporte mon attention sur Molly, qui est soudainement interpellée. L'air alors un peu paniqué, elle se penche vers moi pour me serrer de nouveau contre elle. Et alors, je sens son souffle contre mon oreille

Je suis avec toi.

Je frissonne en croisant son regard la seconde d'après. Elle est avec moi ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Elle fait semblant ? Je lui souris et la regarde s'éloigner après qu'elle nous a salués.

— Elle est un atout de taille, fait alors Jorah en brisant le silence.

Je ne réponds pas à sa remarque, et me contente de fixer un point invisible au sol. Je devine un sourire sur le visage de l'ancien roi, et il se met de nouveau en marche. Je le suis, soupirant silencieusement.

— Dites moi, lancé-je, une fois que vous serez de nouveau roi, qu'est-ce que vous ferez ?

Il paraît surpris par ma question, et pose des yeux sombres sur moi.

— Je rétablirai la justice.

Je pouffe doucement, et secoue la tête.

— Sérieusement, insisté-je. C'est quoi, votre programme ?

Il fronce les sourcils, et j'ai du mal à soutenir son regard plus d'un instant. Il est plus intrigué que d'habitude, et je peux le comprendre. Mon air détaché lui donne de plus en plus l'assurance de ma fidélité, et il commence à baisser la garde.
Il se racle la gorge, et reporte son attention sur les allées du camp.

— Je changerai les lois quant aux Bannis. Je mettrai en place des institutions expérimentales pour faire avancer la science, et j'élargirai les échanges avec les autres villes. Je tenterai de développer une expansion de pouvoir sur le territoire, ainsi qu'une conquête des autres...

Il s'arrête brusquement, et je vois passer dans ses yeux une lueur étrange.

— Pourquoi tu me demandes ça, Heaven, exactement ?

Je déglutis, et tremble légèrement face au ton de sa voix.

— Je... Je veux juste comprendre vos objectifs, finis-je par répondre.

Il se raidit, puis pose un regard énigmatique sur moi.

— Dis moi, qu'est-ce que tu veux, Heaven ?

Je serre les dents, et n'ose pas arrimer mes yeux aux siens. S'il savait seulement ce que je souhaite au plus profond de moi en cet instant.

— Que les personnes auxquelles je tiens n'aient rien.

Il ricane doucement, et un frisson parcourt mon échine.

— Quoi ? me risqué-je à demander.
— Tu ne te rends pas encore compte de ce que tu vas devoir abandonner.

Je sens ma gorge se nouer brusquement, et dois canaliser tout mon sang-froid pour ne pas m'emporter. Je ne préfère pas répondre, trop prise par l'émotion pour pouvoir parler calmement.

— J'ai l'impression que tu es en train de changer, Heaven, déclare alors Jorah d'un ton posé. Et j'aime ça.

Entendre cela devrait être gratifiant, mais lorsque ces mots sortent de sa bouche, ils se transforment en une insulte qui me brûle la poitrine. Il aime ça. Et imaginer que je le satisfais, même si ça convient à mon plan, me dégoûte profondément. Je suis sa petite poupée qui fait bien comme on lui dit. Mais qu'il en soit ainsi. Si je dois me salir pour arriver à mes fins, je me salirai. De toute façon, je suis déjà souillée.

*  *  *

Je lâche un profond soupir. Jorah m'a laissé un peu de répit en cette fin d'après-midi, et je peux enfin me retrouver seule, dehors qui plus est. Il a accepté que j'aille prendre l'air quelques temps près de la cascade qui borde une partie du camp. Je sais qu'un Banni me surveille, mais être débarrassée de la présence de Jorah est amplement suffisante.

Je perds mon regard dans l'eau qui gronde jusqu'en bas de la vallée que nous surplombons, et tremblote. Jamais je n'aurais pensé qu'il y avait autant de paysages différents dans cette forêt, qui se révèle regorger de reliefs. D'ici, je peux voir les arbres s'étendre encore à l'infini, me faisant me sentir encore plus petite. Je ne sais pas où je suis...

En y réfléchissant, peut-être que je pourrais mieux m'organiser si j'avais une idée de ce que le territoire ressemble autour de moi. Je sais que la localisation du camp reste cachée aux habitants d'Érédia, mais je suis persuadée qu'il existe un moyen de le situer. Cette carte sur le bureau de Kali, elle avait l'air très détaillée, et je suis presque sûre qu'elle montre ce que je cherche. S'ils ont élaboré une stratégie aussi parfaite qu'ils le pensent, ils ont eu besoin de plans. Si je peux savoir comment ils comptent opérer, je pourrais moi-même savoir où attaquer. Car il va falloir que je sois assez rapide pour me retourner contre les Bannis efficacement. Au vu des effectifs qu'ils prévoient de chaque bord, il faut que tous soient neutralisés d'un seul coup.

Je sens une boule s'installer dans ma gorge. Je ne pourrais pas empêcher la guerre si j'agis pendant le combat. Je pourrais seulement donner l'avantage à Érédia. Mais ce que je veux, c'est bien empêcher que le plan de Jorah aboutisse, tout en évitant que les Bannis en soient victimes. Il faudrait alors que je m'y prenne plus tôt... Mais comment m'échapper avant que la guerre ne commence ?

J'appuie ma tête contre le tronc de l'arbre derrière moi, et souffle longuement en observant une nuée d'oiseaux s'échapper de la cime des arbres. Moi aussi, j'aimerais bien pouvoir m'envoler.

Je crois que je me suis surestimée. Je ne pourrais pas tout faire comme je le souhaite. Je voudrais aider Érédia, mais aussi aider les Bannis, sans guerre. Et en plus, je voudrais tuer une personne dont la puissance surpasse mon imagination. Peut-être que j'en demande un peu trop... "Tu ne te rends pas encore compte de ce que tu vas devoir abandonner." Peut-être qu'il avait raison.
Il faut impérativement que je sois plus réaliste. Je ne pourrai sûrement pas éviter qu'il y ait des victimes. Ça va être compliqué, mais je m'en sortirai.

Lentement, je pose les yeux sur le petit carnet sur mes jambes. Il renferme toutes les informations nécessaires pour comprendre les expériences de Jorah. C'est un bien précieux, mais honnêtement, je ne sais pas si le lire m'apportera beaucoup.
En prenant une profonde inspiration, j'ôte la cordelette qui l'entourait, et l'ouvre enfin. Mon cœur s'emballe dès que je commence à lire la première page.

« Aujourd'hui, je vais pouvoir tenter la plus grande expérience que j'ai jamais pensé.
OBJECTIF : créer une nouvelle espèce, la plus puissante jamais vue.

Première créature hybride : Silencieux de Sang Pur/Sylphe.
Pouvoirs : télépathie, contrôle des éléments (air renforcé), télékinésie, sens sur-développés, persuasion, force.

Érédia regorge de Silencieux de Sang Pur, c'est pour ça que c'est eux qui seront le support de ma tentative. Je pense pour le moment qu'une simple injection de sang régulière permettra la mutation progressive des gènes du sujet.
Une jeune fille à peine majeure semble le sujet le plus intéressant. Il est connu qu'elles sont plus robustes, et ainsi, elles donneront elles-même vie à des hybrides. Si l'une est un succès, toute sa descendance le sera.

Le sang à injecter sera le mien.

Il faudra tester au préalable les capacités physiques et psychiques du sujet.


RÉFLEXION À CREUSER  : parenté aux Anges approfondie ? créer un Ange ? Créature céleste ? »

Je frissonne violemment. Il avait déjà tout pensé. Même l'idée de la créature céleste. Alors, il semblerait que c'était bien dans ses plans. Je ne peux m'empêcher de me demander si cependant, il sait que c'est cela qui me permet l'accès aux limbes.

En tournant les pages, je suis de plus en plus heurtée. Une ou deux pages sont consacrées à chaque jeune fille. "Sujet 1 : Amanda Solis. Sujet 2 : Eliza Morel. Sujet 3 : Moira Hicks"
À chaque fois, de brutales ratures cachent la moitié du texte, comme si Jorah avait laissé sa frustration exploser sur chacun de ses échecs. Je parviens parfois à lire quelques mots :

« Exercices physiques réussis. Trop jeune. Trop faible. ÉCHEC DE L'EXERCICE PSYCHIQUE. Dois revoir standards. REJET DU SANG. REJET. REJET. Abandon : amnésie opérée avec succès. »

Chaque rapport paraît différent, je peux voir des annotations d'idée s'ajouter telles que "approfondir examens génétiques" "avant majorité ?" "aller plus doucement". Son travail de réflexion évoluait à chacun de ses échecs. Il était incroyablement déterminé, et l'état de ces pages en témoigne.

Alors que je parcours le carnet, mes mains tremblent de plus en plus et mon ventre se tord douloureusement. Et, quand j'arrive sur la page qui porte le nom de ma mère, ma tête me paraît exploser, et je suis obligée de détourner le regard pour reprendre mes esprits. Découvrir les preuves de toute l'expérience barbare confirme ce que je ne pouvais jusqu'alors qu'imaginer. Noir sur blanc est inscrite toute la folie d'un homme. Et savoir que cette folie s'est matérialisée en moi me fait encore plus froid dans le dos. Savoir que ce que je lis a fini par aboutir avec moi, et savoir que toutes ces femmes ont souffert pour que je sois finalement ce que je suis, fait naître en moi un sentiment inédit et indescriptible, qui m'enserre les entrailles, me blesse au plus profond, m'empêche de respirer.

« Sujet 8 : Teresa Caldwell.

Succès des examens physiques et psychiques. Sujet prometteur.
Injection des substances  : Aucun rejet.

Bilan sanguin satisfaisant.

Teresa semble tenir sans faillir. Elle est d'une force et d'une robustesse admirable. Elle est pour le moment la première à ne pas montrer de faiblesse.

Examens génétiques remarquables. Puissance sans précédent.

Intelligente, représenterait parfaitement projet.

Première tentative d'injection de sang de Sylphe : 17/04/1998
REJET DU SANG.
Deuxième tentative d'injection : 20/04/1998
REJET.

Injection plus lente : le sujet semble supporter le sang dans ses veines.

Pas d'observation de changement immédiat (à étudier : évolution dans le temps)

REJET DÉFINITIF. Le sujet semble réagir plus tardivement mais de la même manière.

Surveiller évolution de Teresa.

Abandon : amnésie opérée avec succès. »

Cette page est intacte. Pas une tâche, pas une rature, il suffit de la regarder pour comprendre que "Teresa" a tout changé.
Je sens un spasme gelé secouer mon corps, et dois prendre une profonde inspiration pour me calmer. Je sais que les pages suivantes sont remplies aussi, et je sais qu'elles présenteront tout ce que Jorah a compris après l'essai avec ma mère. Je sais qu'elles évoqueront tout son nouveau projet, qu'elles détailleront l'origine de mon existence. Mais j'ai besoin de l'affronter. J'ai besoin de comprendre.

« Aujourd'hui, tournant dans le projet. J'ai compris que j'avais tort sur toute la ligne. Prendre des jeunes filles majeures est une erreur. La puissance n'aide pas à l'assimilation du sang étranger, elle l'empêche. Le système immunitaire est renforcé, alors le rejet est plus effectif.

Teresa a été le déclencheur. J'ai observé une assimilation partielle, que j'ai lié premièrement à sa puissance incroyable. Cependant, elle a elle aussi rejeté le sang, de manière plus conséquente bien plus que plus tardivement. J'ai compris que sa puissance lui permettait de supporter un ADN et une source de pouvoir différents, mais que parce qu'elle était majeure et donc complète, l'absorption ne pouvait pas être totale.

Tenter avec mineures.

NON RECOMMENCER TOUT A ZERO »

« Puissance donc résistance acquises avec l'âge. Il faudrait donc qu'un Silencieux de Sang Pur grandisse en portant les gênes du Sylphe.

Injection sur le fœtus ?
Probablement peu concluant. Risques trop élevés.

Injection sur enfant ?

INJECTION SUR NOUVEAU NÉ.

PROJET A APPROFONDIR.

Naissance assure survie, et système encore trop faible pour résister.

Rituel cérémonial d'entrée : occasion parfaite. »

« J'avais besoin d'une mère pour l'enfant, je pense l'avoir trouvé. Le sujet 8 Teresa Caldwell semble être en couple, un enfant d'elle serait le support parfait. Il deviendrait probablement aussi fort que sa mère, et si ses capacités sont véritablement optimisées par mon sang, il sera ce que j'attends. »

Mes mains tremblent trop violemment, et je lâche brièvement le carnet pour serrer les poings. Je sens ma gorge me brûler, et mes tempes battre douloureusement. Ce sont les pages les plus dures à lire. Je me demande pourquoi lire tout ça me fait autant d'effet. Je n'apprends rien de nouveau, je savais déjà tout quant à ma... conception. Peut-être est-ce le fait que je me rends compte que chaque détail était pensé, et que lorsqu'il a écrit ses mots, je n'étais même pas encore née, je ne pouvais pas encore réagir, résister. Je n'étais même pas née que mon existence était déjà écrite, littéralement. C'est ce déterminisme qui fait mal. C'est comme si peu importe ce que j'aurais tenté de faire, j'étais faite pour me retrouver ici, aujourd'hui. Lire chacun de ces mots m'arrache à une liberté illusoire que je pensais être mienne pendant tant d'années.

« Teresa Caldwell est enceinte d'un mois. Le projet peut reprendre. Bébé prévu pour le 27 septembre.

Elle se porte bien, accouchement dans exactement deux mois.

ACCOUCHEMENT DANS UNE SEMAINE. »

La page que je tourne ensuite est celle qui m'achève, et je laisse échapper un sanglot irrépressible. Tremblante, je vois une larme s'écraser sur le papier, et essuie mon visage de gestes maladroits. Je ne contrôle plus mes réactions.

« Heaven Caldwell est née. 27 Septembre comme prévu.

Demain, rituel cérémonial.

JOUR J
J'ai rencontré la famille. Teresa ne se rappelle de rien. Heaven est un bébé agréable. L'injection s'est passé tranquillement, elle n'a émis presque aucune résistance. Alors que les précédents sujets montraient rapidement des signes d'insuffisance respiratoire, Heaven n'a rien montré d'anormal. Reste à voir dans quelques jours.

Rien à signaler au sujet de Heaven, cinq jours après la mutation. L'expérience a abouti.

SUCCES. »

« Il n'y a plus aucun doute, le projet est finalisé. Heaven grandira hybride. L'objectif a été rempli. À présent, la phase suivante peut s'opérer.

L'épuration est mise en place. Les Silencieux de Sang Pur périront dans exactement 3 jours. »

Je laisse échapper un sanglot guttural, et referme le carnet en un mouvement affreusement tremblant. Tout mon corps me brûle, et ma poitrine est si lourde que j'ai l'impression de suffoquer. Je ne sais pas pourquoi je réagis si brutalement. Je passe des mains tremblantes sur mon visage, me recroquevillant peu à peu sur moi-même. Je sais quel est le sentiment qui broie mes entrailles. C'est la culpabilité. Je me sens coupable. Coupable d'avoir été un succès, coupable d'avoir été la seule à avoir la chance de ne pas subir une torture sans but, coupable d'être celle qui satisfait Jorah, coupable de causer autant de problèmes et d'être au centre d'un conflit qui me dépasse. Je me sens coupable d'avoir mis fin aux tentatives de Jorah, et d'avoir donc lancé le massacre de ma propre espèce. Je me sens coupable d'avoir survécu. Je me sens coupable d'exister, parce que je sais que sans moi, rien de tout ça ne serait arrivé.

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Voilà pour le chapitre 8 ! J'espère qu'il vous a plu !

Il ne se passe peut-être pas grand chose, mais la lecture du carnet était importante, vous comprenez sûrement pourquoi :)

Que pensez vous de Molly dans ce chapitre ?

Et sinon.... ON A GAGNEEEEEEEE OUAAAIS, CHAMPIOOONS !!!!!!! J'espère que vous avez bien fêté ça hier soir (moi j'ai plus voix) ! Je me suis dit qu'un petit chapitre serait agréable en lendemain comme ça :')

À bientôt pour la suite, bisouus ♥

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